Les ateliers médiévaux de poterie grise en Uzège et dans le Bas-Rhône
|Étude du matériel céramique
Texte intégral
- 1 Pour cette étude, près de 86 000 tessons pour le four 91B et 125 000 pour le four 128E ont été trié (...)
1Les recherches effectuées sur les ateliers de potiers ont permis de rassembler une masse importante de matériel issue des fours dégagés. Leur étude n’a pu être menée à terme malgré son importance et sa spécificité. Un essai de typologie a été tenté sur les productions de deux fours et doit être considéré comme une première étape dans la recherche sur les centres producteurs1.
3.1. Intérêt de l’étude de la production précise d’un atelier
2Deux grandes catégories de sites apportent des connaissances sur la céramique médiévale. La comparaison des apports respectifs montre l’intérêt complémentaire de ces deux voies de recherche (Démians d’Archimbaud 1980b).
Cas des centres utilisateurs
3Les tessons qui y sont découverts proviennent de formes multiples utilisées localement pour des besoins précis. Leur origine de production est souvent très variable et presque toujours inconnue. Leur datation est très étalée si l’occupation du site a été longue. Généralement, les tessons, par type de produit, sont toujours en assez faible nombre pour une période donnée permettant parfois des reconstitutions mais rendant très difficile une interprétation statistique.
Cas des centres producteurs
- 2 À partir des douze sacs de matériel recueilli dans la couche 2 du four 91B fouillé en demi‑volume, (...)
4Les informations sont ici généralement plus précises et abondantes. La masse documentaire y est très ponctuelle (tel four de tel atelier) dans le temps et l’espace. Les renseignements apportés sont d’autant plus intéressants que l’officine a fonctionné longtemps et a eu un rayonnement à l’échelle régionale. La grande quantité de tessons recueillis, de l’ordre de cent à cent cinquante mille au minimum pour un four fouillé en demi‑volume du type de Saint‑Victor‑des‑Oules, autorise l’étude statistique des productions. La typologie issue de cette étude reflète sans doute la production de l’atelier à condition que les cuissons ne soient pas spécialisées. La période chronologique considérée est précisée par les datations de laboratoire, sujettes à caution il est vrai, du four lui‑même. Malheureusement la trop grande masse de tessons interdit matériellement tout essai de reconstitution qui est toutefois possible2. L’étude des détails de forme apporte donc des informations partielles sur la production d’un four dans un lieu donné. Une recherche complémentaire est nécessaire pour tester sa possible valeur régionale en étudiant le matériel de même datation dans les lieux utilisateurs. De nouvelles études sont également nécessaires sur les productions de datation complémentaire.
3.2. Technologie des poteries grises médiévales étudiées
5Avant d’étudier la typologie de forme des poteries produites à Saint‑Victor‑des‑Oules à partir du matériel de deux fours des xiie et xiiie s., quelques aspects de leur fabrication sont abordés ici. Dans l’état actuel des connaissances, malgré les découvertes effectuées, il s’agit plus d’hypothèses que de faits établis. Bon nombre de ces considérations restent à vérifier par une étude plus systématique des poteries grises découvertes sur tous les sites de la région. Une expérimentation est également indispensable en ce qui concerne le tournage et la cuisson. Des fouilles complémentaires sont nécessaires pour mieux définir les techniques de préparation des argiles.
3.2.1. Argiles utilisées. Extraction
Argiles employées
- 3 Se reporter au paragraphe 221.
6À Bollène (Desoignies 1971), les argiles utilisées appartiennent au Crétacé supérieur (Santonien et Coniacien supérieur) et sont concentrées au lieu‑dit « Les Noyères » dans le vallon débouchant à Saint‑Blaise‑de‑Bauzon3. Leur exploitation se poursuit actuellement.
- 4 D’après la carte géologique « Arles‑Cap Couronne » au 1/80 000.
7Les argiles qui semblent avoir été utilisées à Saint‑Gilles‑du‑Gard sont au nord de Saint‑Gilles dans les niveaux du Plaisancien situés près du mas Briquet et près de Broussan. Des sédiments argileux existent dans les alluvions récentes post‑wurmiennes mais ne semblent pas avoir été employés4.
- 5 Notice de la carte géologique au 1/50 000, Uzès, XXIX, 41, 1968.
- 6 Un programme d’analyse des compositions des argiles a été réalisé au laboratoire que dirige M. Pico (...)
8À Saint‑Victor‑des‑Oules5, ce sont essentiellement les argiles kaolinitiques du Cénomanien (Ucétien d’E. Dumas) qui ont dû être utilisées au Moyen Âge6. Leur exploitation s’est poursuivie jusqu’en 1960 environ. Ces argiles se trouvent à proximité immédiate des ateliers de potiers découverts (fig. 15).
Extraction
9À Bollène, comme à Saint‑Victor‑des‑Oules, l’extraction plus ou moins artisanale existait encore récemment. On y procédait par puits de 1 m de diamètre et de 14 à 16 m de profondeur, puis par galeries de 2,50 m de hauteur (Dumas 1876 : 306 et 436).
10L’extraction de l’argile en période médiévale était moins poussée sans aucun doute. Elle devait se limiter à l’exploitation des veines superficielles à l’aide de trous en forme de cratère. Le sol des sites de Bollène et Saint‑Victor‑des‑Ouies, actuellement truffés de trous remplis d’eau à la mauvaise saison, présente un tel état de chaos qu’il est difficile d’y retrouver toute trace ancienne de cette activité. Le paysage qui s’y développait était sans doute comparable.
3.2.2. Travail de l’argile
11Après extraction, l’argile devait être préparée assez longuement afin de la rendre propre au tournage. Deux techniques sont possibles. Après tri sommaire et concassage des mottes, la terre est mise à tremper dans un bassin profond rempli d’eau puis déversée (après tamisage ?) dans un bassin de « décantation » (fig. 17 et 18). À partir d’une argile très pure concassée et triée finement, celle‑ci peut être préparée par « mouillage » en y mêlant une quantité adéquate d’eau permettant l’obtention de la plasticité recherchée (fig. 17, 18 et 27 b).
- 7 Se reporter au paragraphe 5421 : interprétation des vestiges découverts à Saint‑Victor‑des‑Oules.
- 8 On peut imaginer, sans en avoir la preuve, un processus classique de préparation de l’argile pour c (...)
12Diverses installations découvertes à Saint‑Victor‑des‑Oules semblent témoigner surtout de l’emploi de la technique du mouillage7. L’argile était‑elle entreposée pour le pourrissage ? Aucune indication formelle n’a été recueillie en fouille à ce sujet. Avant utilisation, l’argile était piétinée puis pétrie pour la rendre très homogène et chasser les bulles d’air emprisonnées dans la pâte8.
3.2.3. Tournage
3.2.3.1. Le tour
- 9 Quelques observations sont présentées ici. Pour une connaissance théorique du tournage actuel, se r (...)
- 10 Fig. 35 b (Serre 1961 et Lombard‑Dumas 1878). C’est à ce dernier article que la description de la r (...)
13Toutes les poteries étudiées ont été tournées9. L’emploi jusqu’à une période très récente du tour à bâton, ou roue de potier (fig. 35 b), à Saint‑Quentin‑la‑Poterie semble très significatif d’une gronde tradition10. « La roue horizontale en bois dur, appelée anneau, de 1,20 mètre de diamètre, est reliée par de fortes traverses à angle droit formant rayons. Au‑dessus et au centre de l’anneau se trouve une pièce de bois, la rodelle de 15 cm de diamètre : c’est la girelle du tour moderne. La rodelle est supportée par 4 petits montants assemblés sur les quatre traverses. Au‑dessous (de la rodelle) est fixée une grenouille en pierre froide qui repose et joue sur un pivot en bois de chêne solidement fixé en bas dans une pierre maçonnée dans le sol. Ce pivot passe dans un trou ménagé au centre des 4 traverses. L’ouvrier assis en face du tour, à une très petite élévation au‑dessus du sol, a les jambes écartées, enjambant l’anneau. Il imprime un fort mouvement de rotation à l’aide d’un bâton tenu solidement à deux mains. Cette impulsion dure assez longtemps pour permettre de façonner même les plus grandes pièces ».
- 11 Cf. Synthèse : paragraphe 5421.
14Une miniature de Jean Fouquet du milieu du xve s. présente un potier à l’ouvrage dans son atelier. Des poteries terminées sont mises à sécher sur le sol ou sur plusieurs étagères contre le mur. Le potier enfourche une roue. Le bâton est posé contre le mur (fig. 35 c). Cette permanence d’emploi est confirmée par la trace d’un tour à bâton (fig. 27 d) dans les ateliers étudiés ici11.
3.2.3.2 Rectification des fonds
15Les fonds de la plupart des poteries grises médiévales étudiées étaient assez larges et très légèrement bombés. Après séchage partiel, la poterie ébauchée était placée le fond en l’air sur le tour ou sur une tournette (?). Un racloir était alors utilisé pour enlever de l’épaisseur sur le fond et le bas de la panse. Le mouvement donné à la poterie devait être assez lent car les traces de rectification sur le bas de la panse ne sont pas régulières (fig. 33 w). Les traces sur le fond ne sont pas concentriques et prouvent que l’opération était effectuée sur la poterie à l’arrêt.
3.2.3.3. Pose des accessoires
16Les anses étaient généralement rubanées. Leur section était obtenue par étirement entre les mains d’un boudin d’argile qui était sectionné ensuite à la longueur voulue et fixé de manière classique sur la poterie avec, parfois, une digitation à la base.
17Les becs pontés du four 91B (fig. 32 c) étaient réalisés à partir d’une ébauche tournée en forme de tuyau. Assemblé sur le haut de la panse en écrasant largement la pâte, sur la paroi de la poterie, ce tuyau était ensuite évasé dans sa moitié supérieure ; d’où le ressaut caractéristique à Saint‑Victor‑des‑Oules au milieu du bec (fig. 30 c). Après assemblage du tuyau, la poterie était percée d’un orifice débouchant dans le bec. La pâte de la paroi crevée était donc rabattue à l’intérieur du bec et l’orifice modelé suivant un cercle grossier d’environ 20 mm de diamètre (fig. 30 c : détail du bec ponté et de son orifice). La paroi du bec était alors rapprochée de la lèvre en la recouvrant très légèrement ; la partie étirée était ensuite rabattue latéralement et verticalement en‑dessous de la lèvre formant deux pattes consolidant l’accrochage du bec et rétrécissant du même coup le petit vide subsistant entre le bec et la poterie (fig. 32 c au centre). Ce petit vide semble disparaître de plus en plus. Dans le four 91B environ un quart des becs étudiés sont sans trou sous la lèvre (fig. 30 e). La finition permettait de donner à la corolle du verseur sa forme caractéristique en bec de canard (fig. 32 c, vue de dessus).
18Le bec ponté de la période intermédiaire, présenté à la figure 31 a, était réalisé de la même manière à partir d’un tube. Seule l’attache du bec sur la lèvre varie ici. La partie étirée de la corolle était rabattue latéralement sur les côtés de la lèvre déterminant ainsi un grand triangle aux faces courbes. Les parties rabattues cachaient presque complètement la trace du tuyau d’origine encore légèrement visible (fig. 31 a : détail en haut et à droite). Le petit vide existant sur les becs légèrement antérieurs n’existe plus ici. L’opération devait s’achever par la mise en forme définitive de ce bec large et triangulaire (fig. 31 a : détail en haut et à gauche).
- 12 Un essai récent de tournage expérimental réalisé avec la collaboration de M. Wohlfahrt potier de Di (...)
19La technique de fabrication des becs pontés du four SVO 128E (fig. 32 d) n’était pas simplifiée comme nous avons pu l’écrire jusqu’à présent12. L’ébauche tournée et coupée en deux avait le profil d’une coupelle peu profonde à lèvre triangulaire peu marquée. Repliée en forme d’étrave, elle était appliquée largement sur le haut de la panse et sur la lèvre. La panse était alors percée d’un orifice débouchant dans le bec. La pâte de la paroi crevée était ensuite rabattue à l’intérieur du bec et l’orifice modelé suivant un dessin allongé. Les parois latérales des becs étaient ensuite bien lissées sur la panse et la lèvre puis modelées légèrement pour leur donner leur profil définitif dépassant le plan de l’ouverture de la poterie.
3.2.4. Effet de la cuisson sur la couleur des poteries
- 13 Les différentes techniques de cuisson sont envisagées dans le chapitre 5 où les modes de cuisson on (...)
20La cuisson (au sens large : s.l.) en mode B (Réductrice, Réductrice) entraîne une coloration grise de la pâte dans toute son épaisseur13. Si la post‑cuisson réductrice s’effectue à l’abri total de l’air, la teinte peut atteindre le noir. Certains phénomènes non expliqués entraînent une coloration bleutée avec craquelure de l’épiderme de la poterie. La variation très faible du volume d’air entrant dans le four en fin de cuisson (s.l.) est donc d’une importance capitale pour l’aspect extérieur des poteries. Il semble que cette atmosphère ait été bien variable puisque les poteries issues d’une même fournée sont de couleurs très changeantes (fig. 33 x, y et z). La couleur à cœur est également variable pour les mêmes raisons sans que l’on ait un changement radical de mode de cuisson. Quelques exemples :
21— cuisson (s.l.) en mode B avec assez d’air pour produire une coloration gris clair à cœur ; l’obturation totale avec atmosphère saturée en carbone produit une coloration noire en surface (fig. 33 x).
22— cuisson en mode B avec obturation totale donnant une couleur noire à cœur. L’ouverture plus ou moins accidentelle (fuite dans le bouchage des ouvertures, fissure dans la voûte...) produit une couleur claire en surface (fig. 33 y).
23— cuisson avec assez d’air pour produire une coloration gris clair à cœur. L’obturation totale en fin de post‑cuisson entraîne une couleur noire sur une certaine épaisseur. L’accident de l’exemple précédent se produisant à la fin du refroidissement éclaircit la surface de la paroi (fig. 33 z : face interne). Pour ce dernier cas, il ne semble pas que la couleur noire en frange intermédiaire soit due à une composition d’argile riche en matière organique carbonisée à la cuisson comme cela pourrait être le cas dans le deuxième exemple (Picon 1973 : 64‑71).
3.2.5. Permanence de la production de « poteries noires »
- 14 (Brongniart 1877 : 486 à 489). La fabrication des poteries noires de Saint‑Pourçain‑de‑Bort (ancien (...)
- 15 (Sempere 1982). Notre recherche d’octobre 1983 dans le nord de l’Espagne doit se poursuivre avec la (...)
24La production de poteries noires correspond à un certain besoin. Elle semble moins en rapport avec une limitation technologique des potiers qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Cette céramique commune et bon marché est d’usage très courant. La cuisson réductrice qui permet de l’obtenir a surtout pour effet de l’imperméabiliser. Cette qualité lui a sans doute valu sa longue utilisation au cours de l’histoire. Il n’est pas étonnant dans une économie pauvre de retrouver ces productions ; au xixe ou au xxe s. A. Brongniart dans son Traité les signale dans de nombreuses contrées de France ou d’Espagne, sans parler des régions extra‑européennes14. Cet artisanat est encore vivant en Roumanie (Banateanu 1966) ou en Espagne du Nord15 par exemple où les productions de céramiques noires sont variées.
3.3. Limitation de l’étude des céramiques
25Les recherches entreprises depuis 1972 sur les ateliers de potiers de l’Uzège et du Bas‑Rhône ont fourni plus de dix tonnes de tessons en stratigraphie. L’exploitation de tout ce matériel demandait un travail de longue haleine pour plusieurs personnes. Le manque de crédits, de personnel et de temps ont obligé à restreindre l’étude. Les matériels des sites de Bollène et de Saint‑Gilles‑du‑Gard ont fait l’objet d’une présentation sommaire (Thiriot 1975 b. Thiriot c et d). Quelques pièces de ces derniers sites servent ici de point de comparaison aux productions de Saint‑Victor‑des‑Oules.
26À Saint‑Victor‑des‑Oules, deux fours ont été choisis à cause de leur datation archéomagnétique différente afin de pouvoir mettre en évidence d’éventuelles évolutions. (Le four 91B a été choisi dans le groupe des fours du xiie s. à cause de la possibilité ultérieure de subdivision dans les couches de cendres. Le four 128E a été le seul fouillé pour le xiiie s.).
3.3.1. Type de matériel à étudier
- 16 Se reporter au paragraphe 421.
- 17 Se reporter à la note 177.
27Dans les fours dégagés en demi‑volume, la stratigraphie précise et la datation par archéomagnétisme permettent l’identification d’une partie du matériel avec la période de production (couches de cendres) avant abandon16. La grande masse de tessons recueillis interdit le lavage systématique et le marquage ainsi que les reconstitutions de forme17. Seule l’étude des tessons ‑ détail de forme ou décor ‑ a été matériellement possible. Ce matériel très fragmenté et partiel contenu dans un espace clos autorise une étude poussée dans certaines conditions et certaines limites.
3.3.2. Méthode de travail et critères retenus à priori
- 18 Ce travail très absorbant a été mené à bien par F. Philibert en ce qui concerne la typologie, le co (...)
28Le tri a été effectué par couche dans chaque four. Les différentes catégories de tessons ont été séparées de la grande masse des tessons de panse ne comportant ni détail de forme ni décor (75 à 80% des tessons). Ce premier travail a été recommencé plusieurs fois afin de réduire les possibilités d’oubli. L’étude a été ensuite poursuivie sur les tessons présentant un détail de forme. À ce stade toutes les recherches ont été effectuées par une seule et même personne afin de réduire au minimum les interprétations18.
29Les fragments de fond, d’anse, de bec ponté ou de lèvre, ont été tour à tour comptés et triés en fonction de la typologie mise en place. Les éléments suffisamment bien conservés ont fait l’objet de mesures. Toutes ces informations ont été notées sur des fiches, sous forme de tableaux, par couche et par four. Les décors éventuels sur ces « tessons de forme » ont été déterminés. Enfin, les fragments de panse ayant un décor ont été classés. Les opérations de tri ont été effectuées dans les deux fours à la fois afin de bien avoir les critères en tête. Le souci de la plus grande homogénéité du travail nous a contraint à reprendre plusieurs fois certains tris, celui des lèvres par exemple, afin d’obtenir des comptages plus rigoureux. Malgré tout cela, des imperfections sont apparues au moment de l’interprétation des données qui nécessitent maintenant la reprise de certaines parties du travail.
3.4. Typologie des formes
3.4.1. Aspect des productions de Bollène et Saint‑Gilles‑du‑Gard
30Quelques poteries issues des ateliers de Bollène (Jonqueirolle et Saint‑Blaise‑de‑Bauzon), et de Saint‑Gilles‑du‑Gard ont été présentées sommairement ici afin de permettre une première comparaison avec le matériel de Saint‑Victor‑des‑Oules qui a fait l’objet d’une étude plus précise.
3.4.1.1. Bollène, Jonqueirolle
- 19 Ce matériel a été présenté au Colloque international de Sienne, 1984 : (Thiriot c).
31Les poteries grises de ce four sont relativement frustes. Les parois sont assez épaisses et présentent quelques traces de tournage. Les fonds de petit diamètre sont généralement repris après tournage. Leurs formes sont très peu nombreuses et ne comportent pratiquement aucun décor19. Les principales sont présentées ici (fig. 28 a).
Forme ouverte
32Ces genres de bols ou mortiers (fig. 28 a 1) rappellent la forme des mortiers gallo‑romains, aux parois très évasées à partir d’un petit fond, lèvre à peu près horizontale légèrement creusée et légère saillie vers l’intérieur. Quelquefois, quelques groins durs de silice sont incrustés dans la paroi interne du fond ne laissant aucun doute sur leur emploi.
Forme à carène
33Le premier type (fig. 28 a 3) de grand diamètre a presque toujours une lèvre en bandeau. La panse assez bombée se termine par un épaulement à la base d’un col très court. La lèvre est retombante à l’extérieur et présente une gorge à l’intérieur. Le deuxième type (fig. 28 a 2), plus petit, de facture assez fine à lèvre légèrement évasée, présente une très faible carène.
Forme fermée
- 20 (Thiriot c). production à comparer également avec les poteries des sites utilisateurs : (Associatio (...)
34Ces pièces (fig. 28 a 4) à panse globulaire sont montées sur un petit fond. Un léger col précède la lèvre en bandeau légèrement retombante à l’extérieur et avec gorge à l’intérieur. La datation proposée actuellement et sujette à caution semble pouvoir être située fin Ve s.20.
3.4.1.2. Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon
35La découverte sur la sole du four BSB 187D d’une partie de la charge cassée sur place a permis la reconstitution de nombreuses poteries (Thiriot 1975 a. Thiriot d). La plupart présentent des parois extérieures striées de nombreuses raies de tournage légèrement atténuées après coup par lissage à la main (fig. 28 b). Les fonds larges et très légèrement bombés sont repris, après tournage. Les lèvres sont assez variées, très souvent arrondies (fig. 28 b 5 et 6) ou à gorge intérieure (fig. 28 b 1 à 3). Les formes sont très globulaires, munies d’une anse rubanée et quelquefois d’un bec ponté large. Une grande variété existe dans les dimensions. Les couvercles fabriqués également sont à emboîtement (fig. 28 b 4). Leur forme générale légèrement conique se termine par un bouton de préhension. Ces poteries, dépourvues de décor, sont de très belle facture, à parois assez fines et régulières dénotant une technique très au point contrastant un peu avec le type de four particulier utilisé pour leur cuisson. La datation archéomagnétique les situe au milieu du XIIIe s..
3.4.1.3. Saint‑Gilles‑du‑Gard
36Le matériel des fours dégagés à Saint‑Gilles‑du‑Gard est assez hétérogène (fig 29). À côté de productions assez fines existent de nombreuses poteries très grossières d’aspect très primitif. Les poteries à bec pincé sont assez nombreuses (fig. 29 a à d) par rapport à celles possédant un bec ponté. Leur taille est assez variable. Leur panse, sans raie de tournage apparente, est très globulaire avec le plus grand diamètre un peu au‑dessus de la moitié de la hauteur. Le col se retrécit un peu pour se terminer par une lèvre arrondie et fine, déversée vers l’extérieur et souvent pincée. Les becs pontés sont très développés (fig. 29 f). Plusieurs formes sont exceptionnelles. Une tirelire piriforme à fond plat et bouton de préhension est fendue en haut de la panse (fig. 29 g). Son fond et la base de la panse ne sont pas rectifiés. Une grande cruche (fig. 29 e) est de facture très grossière. De forme presque sphérique à fond bombé, elle est munie d’un bec tubulaire légèrement pincé posé en oblique sur le haut de la panse. Une anse verticale certainement rubanée était fixée de biais sur le haut de la poterie. Généralement les formes de ce type sont agrémentées d’une anse en poulie. Ces céramiques assez frustes étaient quelquefois décorées de cordons lisses ou digités rapportés ou de décors de molette simple (petits carrés superposés). La datation archéomagnétique des productions prises globalement est envisagée vers le milieu du xiiie s. Une étude complète du matériel découvert dans l’ensemble des fours devrait permettre une étude plus précise et soulever les problèmes de l’association sur un même site producteur de poteries d’assez belle facture avec des poteries qui semblent modelées.
3.4.2. Études sur les fonds trouvés dans les fours SVO 91B et SVO 128E
3.4.2.1. Types de données recueillies
Mesure du diamètre
37Sur les tessons assez grands, le diamètre estimé à 5 mm près a été mesuré à l’aide de séries de cercles tracés sur un calque ou avec des gabarits découpés. Si la mesure au millimètre près eut été préférable (facilitant d’éventuels calculs statistiques), cette précision est certainement trop grande compte tenu de la rectification des fonds qui introduit en théorie une grande variabilité du diamètre (Arcelin‑Pradelle 1985. Thiriot c). L’examen a toutefois de l’intérêt s’il porte sur une grande masse d’informations.
Mesure de l’angle
- 21 Les valeurs calculées (d’une précision trop importante : le 10e de degré) de l’angle moyen prennent (...)
38L’angle, mesuré à l’aide d’un compas d’angle gradué en degrés, est celui formé par le départ du fond et le départ de la panse. Cette mesure trop précise d’un angle, qui peut varier sur une même poterie de quelques degrés, rend difficile l’interprétation. Le très grand nombre de mesures effectuées permet toutefois la réflexion21.
Mesure des épaisseurs
39Ces mesures ont été réalisées à l’aide d’un pied à coulisse au bas de la panse et sur le bord du fond. Le caractère fort variable de ces mesures est à mettre en rapport avec la technologie de fabrication : le tournassage des fonds entraîne automatiquement une grande dispersion.
Définition du type de fond
40Quatre types théoriques de fonds ont été définis : type 1 : fond plat ; type 2 : fond légèrement concave ; type 3 : fond légèrement convexe (arête vive sur le bord) ; type 4 : fond bombé à bord arrondi.
Rectification des fonds et des bas de panse
41L’éventuelle rectification des fonds et des bas de panse après tournage a été réalisée par enlèvement de matière suivant un certain ordre. L’examen de la variation de cet ordre n’apporte aucune précision concernant la technologie de fabrication.
Décors éventuels
42Ils ont fait l’objet d’une description complète sur la fiche car ce signe particulier a été très rarement observé sur les fonds des poteries étudiées ici,
3.4.2.2. Aspect général des données recueillies pour le four SVO 91B
- 22 Cette masse a été limitée du fait de la fouille en demi‑volume et du rejet systématique des tessons (...)
- 23 Cette distinction est importante car elle fait intervenir une notion chronologique dans le rempliss (...)
- 24 Par exemple, pour les fonds de la couche 2 du four SVO 91B : 2 600 observations ou mesures ont été (...)
43Sur 11 810 tessons de fonds reconnus dans la masse recueillie en fouille22, 65 à 67% sont avec bord de fond. Les différents comptages sont rassemblés dans le tableau no III en trois étapes23. Le matériel examiné a donné lieu à des tableaux couche par couche où ont été rassemblées toutes les observations et mesures24.
3.4.2.3. Aspect général des données recueillies pour le four SVO 128E
- 25 Le travail sur les fonds de ce four, toujours dégagé en demi‑volume, représente une somme d’environ (...)
44Comme pour le four 91 B, les bords de fonds représentent 62 à 66% de l’ensemble des fragments de fonds (8 283 tessons de fonds). Un pourcentage un peu plus élevé que dans le four précédent a pu faire l’objet d’une étude précise. Là encore, le pourcentage des tessons mesurés est inférieur. Les mêmes types de mesures et d’observations ont été tentés dans les mêmes conditions d’examen sur ce matériel du four SVO 128E. Les différents comptages sont rassemblés sur le tableau no IV25. On constate un très faible pourcentage de mesures sur les fonds appartenant aux couches de cendres : un facteur de morcellement plus important des tessons est à avancer. Cette fragmentation plus importante en général dans le four 128E est ici très accentuée.
3.4.2.4. Étude de répartition des mesures par diamètre
- 26 Les études suivantes sont basées sur les très nombreuses mesures réalisées et leur répartition en f (...)
- 27 Cf. paragraphe 3421 et en particulier : mesures du diamètre.
45Cet essai de répartition26 est basé sur les mesures consignées sur les fiches par four et par couche27. Ces mesures ont été regroupées en classes centrées sur la valeur moyenne estimée en centimètres. Les pourcentages de mesure sur chaque classe par rapport à l’ensemble des mesures dans chaque groupe de couche (cendres, abandon) permettent des comparaisons entre les différents groupes. Le total des mesures dans chaque groupe, important à connaître pour définir la fiabilité de la courbe, a été indiqué chaque fois.
■ Examen des graphes correspondant au four SVO 91B (fig. 38 c)
Couches de cendres = productions du four
46Plusieurs diamètres privilégiés correspondant à des productions particulières sont à noter. Leur caractère plus ou moins marqué peut indiquer des productions principales ou secondaires définies ici uniquement à partir du diamètre du fond des poteries. Les diamètres 130 et 150 mm représentent des dimensions types sur les fonds de la majeure partie des poteries produites (deux formes particulières ou deux grandeurs d’une même forme). L’irrégularité au diamètre 170 mm n’est pas très significative. Une autre irrégularité au diamètre 200 mm est plus difficile à interpréter.
Couches d’abandon
47Les diamètres suivants peuvent être retenus : 130 et 150 mm apparaissent ici très nettement ; l’irrégularité de la courbe au diamètre 170 est légèrement marquée ; l’irrégularité au diamètre 200 mm est nette.
Comparaison des deux groupes de couches
- 28 Ce n’est sans doute qu’après l’application de cette expérience à d’autres fours que cette question (...)
48Le problème majeur de l’interprétation des deux groupes de couches (cendres et abandon) par rapport à leur chronologie relative est assez difficile à résoudre28. De faibles différences de répartition sont quand même observables dans les « diamètres privilégiés ». Les diamètres 130 et 150 mm sont dans les deux cas très majoritaires (Les produits ayant ces diamètres de fond sont d’ailleurs plus nombreux en couches d’abandon). Le diamètre 110 mm n’apparaît que dans la couche 2 prise seule (abandon) où il est très marqué (trace d’une production ? ). Le diamètre de 170 mm est légèrement marqué sur toutes les courbes. Le diamètre de 200 mm est difficile à définir. En dehors des diamètres 130 et 150 mm, il n’y a pas lieu de retenir de productions bien marquées.
■ Examen des graphes correspondant au four SVO 128E (Fig. 38 d)
Couches de cendres = productions du four
49Le maximum, correspondant au diamètre de 140 mm, est ici assez large pour inclure peut‑être les diamètres 130 à 160. Les irrégularités à 100, 180 et 200 mm ne sont pas très significatives.
Couches d’abandon
50À 140 mm, très grande proportion de produits (production plus centrée). L’irrégularité à 170 mm qui subsiste n’est pas très significative.
51Sans traiter ici du problème de chronologie relative des couches de cendres par rapport aux couches d’abandon, la comparaison des deux groupes décrits précédemment suggère une gamme de produits centrée sur le diamètre 140 mm. Pour cette catégorie de poterie, il semble possible d’élargir la gamme des diamètres de fond de 130 à 160 mm. Toute autre observation semble peu significative.
■ Tendances de l’évolution des diamètres de fonds
- 29 La poterie (fig. 30 c) en est un bel exemple.
- 30 La datation de l’apparition de la glaçure en France méridionale n’est pas encore définie de façon t (...)
52On ne peut avancer ici que des hypothèses à partir des courbes étudiées dans les paragraphes qui précèdent. En prenant le critère retenu (pourcentage des diamètres mesurés), il semble y avoir un resserrement de l’éventail des diamètres de fonds pour le four 128E : signe d’une plus grande précision dans le geste ou d’une standardisation du fond au xiiie s. ou abandon d’une variation plus grande au xiie s. de multiples produits (étalement important des diamètres de fonds)? Il peut paraître paradoxal de voir diminuer par exemple des produits de grand modèle (diamètre 200 à 210 mm) destinés sons doute au stockage alors que la poterie glaçurée fait son apparition. Doit‑on voir ici une préférence des modèles de gabarit moyen (diamètre des fonds: 130 à 150 mm) qui sont des structures assez grandes pour le stockage29 ? Peut‑on voir là un signe de plus grande spécialisation de ces produits de terre grise poreuse au moment où la glaçure fait, en théorie30, son apparition et relègue la céramique grise à des besoins plus essentiellement de cuisine et de conditionnement des denrées alimentaires ?
3.4.2.5. Étude des types de fonds. Gamme de produits
- 31 Cf. paragraphes 3422 et 3423.
5316 à 21% de l’ensemble des fonds a pu être examiné dans ce sens. L’indétermination de type, estimée de 11 à 25%, est certainement plus importante à cause de la trop grande fragmentation rendant difficile le classement envisagé31. Par diamètre et par couche ou groupe de couches (cendres et abandon), les pourcentages des fonds de type 1 et de type 3 ont été calculés par rapport au nombre total des fonds examinés dans le même diamètre.
■ Types de fonds dans le four SVO 91B
- 32 Le remontage systématique de la grande masse de tessons et l’étude des formes complètes permettraie (...)
54Le nombre d’observations pour les couches de cendres est suffisant pour cerner le phénomène (250 pour T1, 246 pour T3). Malgré une variation très irrégulière les pourcentages presque comparables des deux types de fonds semblent le reflet soit d’une indétermination totale de cet élément dans les poteries correspondantes, soit au contraire la marque de deux formes différentes ayant des fonds particuliers32.
55Pour les couches d’abandon, les courbes sont définies par un très grand nombre de points (770 pour T1, 494 pour T3). Les courbes de variation (toujours très irrégulières) de T1 et T3 en fonction du diamètre sont bien distinctes. Les fonds plats varient entre 50 et 60% alors que les fonds légèrement convexes varient entre 30 et 40%.
■ Types de fonds dans le four SVO 128E
56Pour les couches de cendres et compte tenu du très faible nombre d’observations pour le type 3 (48 points) par rapport au type 1 (332 points) et du fort pourcentage d’indétermination (25%), on peut constater une grande différence de pourcentage entre les fonds plats très majoritaires (T1 variant entre 70 et 90% par diamètre) et les fonds légèrement bombés très peu nombreux (de l’ordre de 10%). La variation des différents types de fonds en fonction du diamètre est toujours très irrégulière.
57Pour les couches d’abandon (346 pour T1, 102 pour T3), malgré une légère sous‑définition de la courbe de variation de T3, la grande différence de pourcentage entre les fonds plats et les fonds légèrement bombés est toujours très nette mais moins importante que précédemment : fonds plats entre 60 et 70% ; fonds légèrement bombés de 10 à 20%.
3.4.2.6. Étude de dispersion des données concernant les diamètres et angles de fonds
- 33 Cette couche est choisie ici encore à cause du grand nombre d’observations recueillies. 781 mesures (...)
58Un essai (fig. 38 a) a été effectué sur les fonds de la couche 2 d’abandon du four SVO 91B33. Chaque petit carré sur le graphe représente un tesson, soit un couple de mesure (diamètre et angle). Pour chaque diamètre de fond, l’angle moyen a été calculé. La représentation de toutes les mesures montre une grande dispersion. Celles‑ci sont toutefois assez concentrées à proximité des valeurs de l’angle moyen. Lorsque le nombre des mesures est inférieur à 10 pour un diamètre, la valeur de l’angle moyen est assez peu représentative. En supprimant les mesures uniques (dans un diamètre et un angle) et en réalisant un nouveau graphe à partir des mesures d’au moins deux tessons, le calcul de l’angle moyen n’est pas affecté. Le seuil minimal du nombre de mesures à réaliser pour obtenir une courbe fiable est donc bien atteint ici. Cette observation nous autorise à étudier de façon précise la variation de ce critère dans les différents groupes de couches.
3.4.2.7. Étude de la variation de l’angle moyen en fonction du diamètre sur les deux fours
■ Problème de la chronologie relative entre couches de cendres et couches d’abandon dans un même four
59Les couches de cendres s’installent dans le four pendant sa période productrice. La dernière couche, au contact de la couche d’écroulement de la sole, correspond à l’arrêt du four. Les couches d’abandon viennent ensuite combler le vide et peuvent provenir soit d’un autre four voisin en activité dont on vide le foyer (tessons postérieurs aux produits du premier four), soit de dépotoirs antérieurs au four étudié (tessons antérieurs aux productions). Dans le cas de la présente étude, il est pour l’instant impossible de trancher entre ces deux possibilités. Cela ne sera possible que lorsque de nombreux fours fouillés auront été datés de périodes assez proches.
■ Composantes du graphe (fig. 38 b)
60Par diamètre estimé à 5 mm près, l’angle a été (fig. 38 b) calculé à partir de tous les couples de mesures. Dans les deux fours 91B et 128E, les couches de cendres ont été séparées des couches d’abandon introduisant ainsi un élément chronologique supplémentaire. La dispersion importante des valeurs lorsque le nombre des mesures est inférieur à 10 est toujours observable. Les quatre courbes de variation de l’angle moyen en fonction du diamètre du fond sont distinctes pour les quatre périodes retenues. Pour chaque four la courbe « cendres » est légèrement différente de la courbe « abandon ».
61Pour le four 91 B, est observée une même inflexion des deux courbes vers le bas avec une progression différente. L’angle moyen varie beaucoup plus sur la courbe « cendres » (de 129 à 138o environ). La variation est moindre sur la courbe « abandon » (132‑135o environ) avec une tendance sensible à la diminution de l’angle pour les grands diamètres (due au petit nombre de mesures ?). En tenant compte de l’imprécision des mesures mais aussi de la faible variation de l’angle sur une même poterie, la variation de l’angle moyen est presque nulle pour la courbe « abandon ».
62Pour le four 128E, les inflexions des courbes semblent différentes. On note une très faible variation de l’angle moyen dans les cendres (environ 128o). Compte tenu de l’imprécision des mesures, l’angle semble constant quels que soient les diamètres. La variation est très légère pour l’abandon (122 à 127o environ) avec une inflexion de courbe assez nette vers le bas. L’angle devient quasi constant pour des diamètres supérieurs à 170 mm environ.
3.4.2.8. Conclusion
- 34 Se reporter au paragraphe 42.
- 35 Pour l’application de ce résultat au matériel découvert dans les lieux d’utilisation et pour sa fia (...)
63L’incertitude de datation des couches d’abandon par rapport aux couches de cendres entraîne à ne prendre en considération que ces dernières. Celles‑ci, bien datées par la dernière cuisson du four, permettent l’étude précise de l’évolution du critère retenu ici34. La variation de l’angle moyen par rapport aux diamètres des fonds est très différente dans les deux fours 91B et 128E. Mis à part une indétermination possible pour les diamètres de 70 à 100 mm environ où les nappes de points sont communes, les courbes de variation au‑dessus de 100 mm de diamètre pourraient être utilisées comme critère de datation entre les deux fours35.
3.4.3. Étude des accessoires : anses et becs
3.4.3.1. Étude des anses
■ Données recueillies
- 36 Environ 3 600 informations ont été collectées pour les anses du four 91B et 2 300 environ pour le f (...)
64Plusieurs tris répétés ont permis le dénombrement des anses dans chaque couche. Plusieurs comptages ont recensé les anses entières, les fragments, les attaches hautes et le type de lèvre associé. Les éventuels décors ont également été notés. Toutes ces informations ont été cumulées sur des fiches par four et par couche36.
Mesures sur les anses (fig. 39 a : schéma)
65Sur les anses entières, les cotes d’encombrement ont été mesurées en prenant soin de replacer celles‑ci dans leur position exacte par rapport à la verticale : H représente la hauteur hors tout à partir de l’attache basse jusqu’au sommet de l’anse ; L représente la largeur, lèvre comprise. La section de l’anse a été mesurée également : l : largeur, e : épaisseur totale.
Examen de la section de l’anse
- 37 Pour la définition des types de décor se reporter au paragraphe 345.
66La poterie étant dans sa position conventionnelle (anse à gauche, bec éventuel à droite) l’observateur est placé à gauche et regarde l’anse. La face interne de celle‑ci peut présenter un bourrelet de pâte à droite ou à gauche ou pas de bourrelet du tout. La face externe (vue) de l’anse peut présenter des cannelures qui ont été dénombrées, L’éventuel décor a été noté à la fin du| tableau37.
Attache haute et type de lèvre associé
- 38 Pour la définition des types de lèvres se reporter au paragraphe 344, fig. 32 a.
67La position de l’anse par rapport à la lèvre a permis de dégager plusieurs types d’attaches hautes : sur la panse (l’attache haute étant très éloignée de la lèvre), sous la lèvre, à cheval sur la lèvre, sur la lèvre (au‑dessus). Lorsque cela a été possible le type de lèvre a été défini38.
■ Aspect général des données recueillies pour le four SVO 91B
68Une quantité appréciable de fragments d’anses a pu être étudiée mais bien peu permettent une étude poussée. Sur les 2 763 au total (toutes couches confondues), 19 seulement sont entières (soit 0,6% de l’ensemble) dont 7 dans les couches de cendres qui sont ici les plus importantes. Leur très faible nombre interdit toute étude statistique sur leurs dimensions. Quant à la grande masse de fragments d’anses sur lesquels il a été possible de mesurer la section, il est bien difficile d’en utiliser ici les informations sans avoir d’indications sur la grandeur des anses. Les données, heureusement plus nombreuses sur les différents types d’attaches hautes, permettent une étude en fonction du type de lèvre. Là encore les informations par type de lèvre sont réduites. Quelques décors enfin ont pu être identifiés mais représentent 12 tessons sur l’ensemble
■ Aspect général des données recueillies pour le four SVO 128E
69La proportion d’anses entières sur l’ensemble est ici aussi très minime. Elle représente 1 % de l’ensemble des 2 381 tessons. Les données recueillies sur les types d’attaches sont à peu près comparables à celles du four 91 B. Toutefois les décors sont beaucoup plus nombreux. Un type particulier d’anse apparaît également.
■ Étude des types d’attaches hautes
- 39 Il s’agit de poterie (dont l’axe de tournage reste vertical) ayant une toute petite ouverture et de (...)
70Dans le cas du four 91 B, l’étude de la position de ’attache haute peut être effectuée à partir des observations rassemblées dans le tableau no VII. Compte tenu de ’indétermination du type d’attache d’environ 4 à 5%, la majeure partie des attaches sont faites sous la lèvre (environ 85%). Un nombre appréciable d’anses s’attachent directement sur la panse nettement en‑dessous de la lèvre (7 à 8%). Les anses sont assez peu rattachées à cheval ou sur la lèvre. Malgré son caractère minoritaire, une catégorie particulière a été mentionnée ici : les attaches sur bec vertical. Elle correspond à un type assez précis de production qui peut toutefois regrouper des formes sensiblement différentes39.
71Dans le cas du four 128E, la position de l’attache haute de l’anse par rapport à la lèvre peut être étudiée à partir des données du tableau no VIII. Les fragments indéterminés sont ici assez nombreux (environ 20%). Le type classique pour 91 B est encore très nettement majoritaire (68 à 74%). Les attaches sur la panse deviennent très minoritaires 0,3 à 0,6% (grande diminution par rapport à 91 B). L’absence d’attache sur lèvre (?) est‑elle due au grand nombre d’indéterminations ? Les attaches sur bec vertical sont assez nombreuses (6 à 7%) en très nette augmentation par rapport à 91 B. Peut‑on voir ici la marque d’une spécialisation dans les produits du milieu du xiiie s. au moment de l’apparition de la glaçure : multiplication des récipients non glaçurés conservant l’eau au frais par évaporation ? Un type particulier d’anse fait son apparition : l’anse verticale au‑dessus de l’ouverture de la poterie (type de la dourque provençale). L’anse dans ce cas a un profil en poulie simple ou double ou encore rectangulaire retaillé au couteau.
■ Rapport entre type d’attache haute et type de lèvre (fig. 39 b et c)
72Deux graphes sont superposés et correspondent aux deux fours étudiés. Dans chacun d’eux, les observations concernant les couches de cendres et les couches d’abandon sont juxtaposées pour chaque type de lèvre (couches de cendres à gauche du trait vertical, couches d’abandon à droite).
73Les informations sur le matériel sont encore trop peu nombreuses pour permettre une interprétation poussée du graphe : pour certains types de lèvres une seule anse a été indiquée, ce qui est loin d’être suffisant. Il est donc difficile d’indiquer que certains types de lèvres correspondent à certains types de poteries démunies d’anses (sur le graphe absence d’information). Les graphes, tout en donnant une première idée de la fréquence des types de lèvres, montrent certaines affinités entre les anses et quelques types de lèvres ; affinité qui est variable suivant les fours. Là encore une étude plus poussée semble nécessaire pour permettre d’en dégager des règles valables. Le point le plus intéressant est sans doute l’association des types d’attaches hautes particuliers (attache sur la panse surtout) avec certaines lèvres (type 13, 14 et surtout 11). Le manque de matériel fait défaut ici aussi pour étudier ce genre d’association pour les autres types d’attaches d’anses.
■ Cannelures et décors
Cannelures
74Le nombre de fragments à cannelures observés à ce titre est assez important et permet quelques observations. Mis à part les cannelures observées sur les anses demi‑circulaires en poulie simple ou multiple exclues du tableau no IX, la grande majorité des anses sont plates ou très légèrement incurvées. Les pourcentages des différentes sections d’anses pour les deux fours sont très comparables. Les cannelures sont à peu près de même facture.
Décors sur les anses du four 91B
- 40 Se reporter au paragraphe 3233,
75Les digitations sur l’attache haute ou l’attache basse ont été classées dans cette catégorie bien que n’ayant pas cet objectif40. L’étude de certaines poteries grises a apporté la preuve que les digitations régulières décorent la panse (fig. 30 a). Pour le four 91 B, 11 tessons de ce type ont été répertoriés (tableau no X). Une anse présente un véritable décor. Cette onde verticale qui occupe la partie centrale de l’anse est unique. Mis à part les digitations, aucun décor ne vient agrémenter la surface des anses dans le four 91 B.
Décors sur les anses du four 128E
- 41 Se reporter au paragraphe 345.
76Quelques digitations apparaissent ici aussi mais en nombre très restreint : trois fragments avec simple digitation sur l’attache basse. De nombreuses incisions verticales scandent la surface de ces anses. 68 fragments d’anses présentent des incisions simples ou parallèles (jusqu’à 7 incisions sur une même anse). Le cas le plus courant est la double incision. Il semble qu’elles soient réalisées uniquement sur les anses sans cannelures peut‑être pour les remplacer dans un souci esthétique. Cinq fragments d’anses sont décorés de cordons rapportés verticaux avec digitation. L’un d’eux est surchargé de trois traits lissés se croisant deux à deux à la base du cordon. Enfin une incision peu profonde de trois traits se croisant d’un type unique a été relevée sur un autre fragment d’anse. Ces quelques exemples montrent bien qu’il n’est pas de règle de décorer les anses des poteries grises mais que, l’inspiration aidant, les potiers de Saint‑Victor‑des‑Oules ne s’en sont pas privés. La multiplication toute relative des décors pour le four 128E doit être mise en rapport avec le décor de panse des poteries41.
■ Étude de variation des dimensions des anses (fig. 39 a)
77Seules les anses entières mesurables dans les couches de cendres des fours 91B et 128E ont été reportées ici. L’angle de chaque rectangle en haut et à droite donne par sa position les dimensions d’encombrement de l’anse. La grandeur du rectangle indique les dimensions de la section de l’anse.
78La quantité bien faible d’anses du four 91B (7 anses entières) permet toutefois de constater que les dimensions des anses sont assez groupées. Les plus grandes anses ont des sections légèrement plus allongées que les petites et doivent correspondre à des poteries plus importantes, sans avoir de rapport évident avec les différents types de produits fabriqués. Une anse se détache nettement du groupe par ses grondes dimensions d’encombrement. D’après le tableau d’informations réalisé au tri, l’attache haute de cette anse est collée sur la panse de la poterie et non sous la lèvre comme c’est le cas pour toutes les autres : cette anse appartient donc à un type différent de poterie certainement beaucoup plus grande.
79Le nombre des anses du four 128E (11 anses entières) est toujours peu important mais permet les observations suivantes. Un groupe d’anses se caractérise par des dimensions très proches où les plus petites au point de vue encombrement (L et H) ont des sections également moins allongées ; ces anses s’attachent sous la lèvre. L’anse qui se détache de ce groupe vers le bas (peu haute par rapport à sa largeur d’encombrement) a une section allongée et doit correspondre à un type particulier de poterie très pansue et très grande (l’attache haute s’effectue sur la panse). L’autre anse qui se détache vers le haut du groupe correspond également à un type particulier de poterie puisque l’attache haute s’effectue sur un goulot vertical (fig. 30 a).
80Le peu d’anses complètes dans les deux fours (couches de cendres) ne permet pas une comparaison bien poussée des productions des deux fours à partir de ce critère. Toutefois, on remarque dans les ensembles groupés une tendance d’évolution assez nette des dimensions des anses des deux fours. Les anses du four 91B sont assez trapues par rapport aux anses du four 128E plus élancées (différence de position des groupes dans le graphe). La section des anses semble également évoluer vers un élargissement de la section pour le haut de gamme et dans le sens inverse pour le bas de gamme. Ce qui semble apparaître comme une uniformité de la section des anses du four 91B évolue vers une diversification en fonction sans doute de la grandeur des poteries auxquelles elles se rattachent dans le four 128E. Cette évolution des dimensions des anses reste tout de même très floue et nécessite une étude sur un matériel plus abondant pour confirmation.
3.4.3.2. Étude des becs pontés
■ Données recueillies
- 42 Seuls les becs pontés ont été étudiés car ils sont souvent conservés intacts et permettent une étud (...)
- 43 Environ 1 500 informations ont été collectées pour les becs pontés du four 91B et 1 100 environ pou (...)
- 44 (Gagnière 1965 : 97, fig. 43). La typologie du pégau fondée, entre autres critères, sur l’évolution (...)
- 45 Pour la définition des types de lèvres se reporter au paragraphe 344, fig. 32 a.
81Une étude aussi poussée que sur les anses a été effectuée sur les becs pontés42. Toutes les informations ont été recueillies sous forme de tableau43. Sur les becs entiers, les cotes d’encombrement ont été mesurées en prenant soin de replacer ceux‑ci dans leur position exacte par rapport à la verticale (fig. 39 d) : L représente la largeur lèvre comprise ; H : hauteur hors tout à partir du bas de l’attache sur la panse; l 1 : largeur de l’attache du bec sur la lèvre ; l 2 : largeur du rétrécissement du bec à sa partie supérieure; l 3 : largeur de l’arrondi du bec verseur à son extrémité ; orifice (l et h) : largeur et hauteur de l’ouverture faite dans la panse de la poterie pour l’écoulement des liquides par l’intermédiaire du bec ponté. Pour les becs pontés du four 91B ayant conservé même partiellement leur structure tubulaire, un vide existe parfois entre la panse et le tube juste en‑dessous de la lèvre à laquelle ils se rattachent. Ce trou diminue de grosseur et tend à disparaître44. Pour le four 91 B seule sa présence ou son absence a été notée. Lorsque cela a été possible, le type de la lèvre sur laquelle le bec s’accroche a été défini45.
■ Forme des becs pontés46
- 46 Cf. paragraphe 3233 : technologie de fabrication des becs pontés.
82Le bec verseur ponté est installé sur le haut de la panse en‑dessous de la lèvre sur laquelle il s’appuie. La paroi de la poterie est percée en‑dessous de la lèvre qui « enjambe » le bec à la manière d’un pont.
83Les becs pontés du four 91B sont constitués d’un tuyau encore visible après son écrasement contre la lèvre. Vus de dessus, ils présentent l’aspect caractéristique d’un bec de canard s’élargissant après le rétrécissement proche de l’attache sur la lèvre. Ils s’ouvrent dans la poterie par l’intermédiaire d’un orifice approximative ment circulaire d’environ 20 mm de diamètre percé sous la lèvre.

Tableau XI. Dimensions de l’orifice verseur des becs pontés. (fig. 30 c : l’orifice est dessiné à l’arrière de la coupe du bec ponté).
84Les becs pontés du four 128E sont totalement différents d’aspect. Ces becs sont beaucoup plus amples et élancés. Leur développement dépasse très nettement l’ouverture de la poterie. Vus de dessus, ils forment un triangle aux côtés concaves, très largement implanté sur la lèvre. Un vaste orifice est percé sous la lèvre.
■ Association becs pontés‑types de lèvres (fig. 39 e et f)
- 47 Cf. note 220.
85Pour chaque four, on a cherché à identifier les différents types de lèvres associés aux becs. Les observations concernant les couches de cendres et les couches d’abandon sont juxtaposées pour chaque type de lèvre47. Trop peu d’informations ont pu être recueillies pour permettre une interprétation poussée des graphes. Toutefois la répartition des becs par rapport aux types de lèvres identifiés révèle certaines affinités.

Tableau XII. Pourcentage des associations becs pontés/types de lèvres (les valeurs supérieures à 10% ont été encadrées pour les couches de cendres : C = couches de cendres ; A = couches d’abandon).
86Pour les couches de cendres, le type de lèvre no 3 très nettement majoritaire pour le four 91B n’est plus représenté dans le four 128E. Par contre les types 1, 2 et 8 plus ou moins importants sont plus souvent employés dans le four 128E. De nouveaux types sont associés aux becs pontés sur le four 128E : no 6, 7 et 22. Il y a multiplication des associations dans le four 128E par rapport au four 91 B sans tenir compte des types de lèvres représentés par une ou deux associations. Il y a enfin transfert d’associations de certains types de lèvre à d’autres sans retrouver le caractère nettement majoritaire du type 3 dans le four 91 B.
■ Variation de la dimension des becs pontés (fig. 39 d)
87Seuls les becs entiers appartenant aux couches de cendres ont été étudiés ici. L’angle de chaque rectangle en haut et à droite donne par sa position les dimensions d’encombrement du bec. La grandeur du rectangle donne les dimensions de largeur d’attache « l 1 » et d’arrondi « 13 » du bec verseur.
88Les dimensions générales des becs pontés du four 91B (27 becs entiers) sont assez bien groupées à une exception près. Tous les becs étudiés se répartissent suivant une courbe d’évolution assez lente en fonction sans doute de la grandeur de la poterie. Les dimensions des rectangles figurés sur le graphe (largeur d’attache et d’arrondi du bec) varient beaucoup et sans critère apparent pour l’instant.
89Le nombre des becs étudiés du four 128E (13 becs entiers) est assez faible. L’examen des dimensions générales (L x H) montre une évolution des becs pontés de ce four totalement différente du four antérieur. Les dimensions d’encombrement varient très vite sans doute en relation avec la grosseur des poteries. Les becs deviennent beaucoup plus hauts que larges pour les grandes pièces. Par contre, les largeurs 11 et l 3 d’attache et d’arrondi des becs ne semblent pas, ou peu, varier. La faible quantité des becs étudiés ne permet pas une étude poussée de leur répartition dans le graphe en différents groupes de dimensions distinctes.
3.4.4. Étude des lèvres
90Plusieurs tris successifs sur le matériel des deux fours ont permis la mise au point d’une typologie de lèvres assez détaillée pour couvrir le plus possible toutes les variations de section. Tous les types définis initialement n’ont pas été conservés (fig. 32 a). Certains regroupements ont été réalisés par la suite. Les comptages ont été effectués dans chaque couche et pour chaque type de lèvre en notant, lorsque cela a été possible, le diamètre extérieur de la lèvre (à 5 mm près) et les associations éventuelles à une anse, un bec ou un décor.
3.4.4.1. Aspect général des données recueillies dans le four SVO 91B (couches de cendres)
- 48 Pour les attaches hautes d’anse et les becs pontés : se reporter au paragraphe 343.
91La présente étude a été limitée aux productions du four à l’exclusion de tout matériel provenant des couches d’abandon. 2 591 fragments de lèvres ont été examinés pour les couches de cendres et répartis suivant la typologie établie. Environ 2% de ces tessons sont indéterminables. Moins de 20% seulement ont donné lieu à une mesure de diamètre extérieur de l’ouverture (soit 510 mesures). Les fragments de lèvres présentant une attache d’anse, de bec ponté ou un départ de bec pincé ont été décomptés48. Pour ces derniers, la fragmentation poussée des lèvres à ce niveau ne permet pas un comptage bien précis. La même observation peut d’ailleurs être faite à propos de l’association de certains types de décors avec les lèvres.
3.4.4.2. Aspect général des données recueillies pour le four 128E (couches de cendres)
92Cette étude s’est limitée aux productions du four 128E. 2 696 fragments ont été classés dans les différents types de lèvres retenus. L’indétermination a été ici beaucoup plus grande que précédemment et dépasse 13% des tessons de lèvres. Près de 23% des tessons de lèvres ont pu être mesurés pour déterminer le diamètre extérieur de l’ouverture (soit 635 mesures).
93L’étude réalisée dans le four 91 B pour les attaches d’anses, de becs pontés et de becs pincés a été faite ici aussi. La grande fragmentation des tessons dans les couches de cendres n’a pas permis une étude bien poussée de ces points particuliers ni de l’association éventuelle avec un décor sur la panse.

Tableau XVI. Four 128E (cendres): associations types de lèvres/becs pincés et décors (les chiffres à cheval sur deux colonnes indiquent le nombre d’associations. (*) association d’une molette, d’un cordon vertical et d’un cordon en arc).
3.4.4.3. Différents types de lèvres
- 49 Fig. 32 a. L’ensemble des types et sous‑types a été conservé sur ce tableau malgré les difficultés (...)
94Le tri de l’ensemble des lèvres sur la totalité des couches (cendres et abandon) a permis de dégager 24 types de lèvres (fig. 32 a) avec certaines variantes49. Afin d’obtenirdes informations comparables, le tri a été effectué par une seule personne dans un laps de temps assez court réduisant au minimum les interprétations différentes. À l’étude, certains regroupements ont été opérés.
95type 1 : Profil supérieur arrondi continu ; profil inférieur arrondi extrémité anguleuse ou arrondie. Ce type est bien marqué pou les lèvres épaisses et les grands diamètres. Pour les petits dia mètres, difficulté d’identification avec les types 2 et 3.
type 2: Profil supérieur arrondi continu ; profil intérieur plat oblique. Type assez mal défini, sans doute intermédiaire entre le groupes 1 et 3.
type 3a : Profil supérieur arrondi continu de plus petit diamètre (d’où une lèvre plus épaisse); profil inférieur léger arrondi ou plat oblique. Le bourrelet de la lèvre se développe assez largement vers l’intérieur.
type 3b : Même type de profil mais avec un angle de la paroi par rapport à l’horizontale plus fermé. Ce sous‑type généralement peu abondant est à rapprocher du type 3a.
type 4 : Grosse lèvre épaisse à profil assez carré, légèrement anguleux. Les plus petites lèvres ont été confondues avec le type 2.
type 5a : Profil supérieur arrondi continu assez ample ; profil inférieur à bourrelet arrondi avec centre courbe.
type 5b : Même profil supérieur ; profil inférieur à bourrelet aplati oblique avec fente proche de la panse.
type 6a : Ce type est une variante des types 1 et 2 avec très léger bourrelet en dessous, les lèvres de ce type ont été reclassées surtout dans le type 1 (pour l’étude des anses et des becs pontés, ce type est noté 6).
type 6b : Son épaisseur est à peu près constante à la suite de la panse. Bord enroulé formant un bourrelet assez prononcé. Type assez rare. Bien marqué surtout sur les lèvres fines.
type 7 : Profil supérieur arrondi continu ; profil inférieur plat oblique ne se raccordant pas à la panse par un arrondi. Peut se confondre avec un type 2 si ce dernier caractère est mal marqué.
type 8 : Lèvre très fine assez verticale au profil légèrement courbe. Ce type était difficile à identifier par rapport au type 1 lorsque celui‑ci avait une tendance verticale ou au type 21 pour les lèvres les plus fines.
type 9 : Lèvre totalement arrondie et à tendance verticale. Risque de mélange avec le type 3 lorsque celui‑ci a son extrémité arrondie accidentellement.
type 10 : Type très rare avec un profil inférieur plat. Ce type est mal défini.
type 11 : Profil supérieur plat, horizontal généralement étroit. Son attache sur la panse se fait suivant un angle droit ou légèrement refermé vers l’intérieur (lèvre éversée).
type 12 : Lèvre dont l’épaisseur à peu près constante correspond 6 celle de la panse. Profil supérieur plat horizontal ; angle d’attache avec la panse à peu près droit. Ce type peu nombreux est une variante du type précédent.
type 13a : Profil supérieur plat horizontal ou légèrement concave. Angle de l’attache sur la panse par rapport à l’horizontale inférieur à 90o.
type 13b : Même profil que le précédent mais profil supérieur légèrement oblique. En fait, ces deux types 13a et 13b semblent faire partie du même groupe auquel on peut sans doute joindre les types 11 et 12.
type 14 : Lèvre épaisse à profil général triangulaire et plat supérieur horizontal ou très légèrement oblique vers l’intérieur.
type 15 : Reporté dans le type 11. Sous‑type avec bourrelet arrondi en‑dessous.
types 16 et 17 : Ces deux sous‑types de lèvre en poulie, avec raccord de la courbe extérieure à la panse à l’aide d’une courbe de petit diamètre ou d’une rupture de courbe, sont à mettre dans le même type.
type 18 : Poulie très haute par rapport à sa largeur.
type 19 : Type rare de lèvre de couvercle ou de couvre‑feu avec bourrelet interne.
type 20 : Type rare de lèvre de couvercle ou de couvre‑feu avec lèvre évasée vers l’extérieur.
type 21a : Grosse lèvre oblique très étroite en haut. Profil inférieur plat oblique ou grand arrondi avec ressaut au contact de la panse.
type 21b : Grande lèvre sans renflement en haut. Épaisseur de la lèvre à peu près constante avec arrondi continu. Pour les lèvres de grosseur moyenne, il y a quelques problèmes d’identification avec le type 2.
type 22a : L’angle formé par la lèvre et le haut de la panse est inférieur à 90o. Lèvre oblique très large, plate ou légèrement creuse, dont l’épaisseur est à peu près constante.
type 22b : Même lèvre que 22a mais beaucoup plus courte. Un problème d’identification subsiste avec 22a concernant la largeur limite de la lèvre.
type 23 : Lèvre très oblique dans le prolongement de la panse avec bourrelet externe peu développé mais bien marqué. Surface supérieure plane horizontale.
type 24 : Même définition que le type précédent. L’angle y devient plus aigu. La lèvre n’est pratiquement plus marquée par rapport à la panse. Le bourrelet disparaît ou est très légèrement marqué. Un cordon rapporté longe souvent horizontalement ce type de lèvre.
96Les recherches effectuées à partir des comptages permettent de tempérer cette classification trop détaillée des types de lèvres. Seules les couches de cendres des deux fours étudiés ici ont été prises en considération.
3.4.4.4. Étude de répartition des types de lèvres par diamètre d’ouverture
■ Pourcentage des différents types de lèvres (fig. 40 a)
97Pour cette première étude, toutes les lèvres identifiables ont été utilisées sans tenir compte des mesures de diamètre. Près de 2 600 tessons ont été utilisés pour le four 91B (2% d’indéterminés) et près de 2 700 pour le four 128E (13% d’indéterminés). Si on excepte tous les comptages Inférieurs à 10 (soit environ 0,5%), les types de lèvres majoritaires apparaissent très nettement. Une certaine évolution est également visible et varie suivant les types de lèvres. Les trois premiers types restent très importants. Le type 1 semble se développer dans le four 128E au détriment des types 2 et 3a qui régressent. Certains types assez peu représentés régressent (type 9 et 14) ou progressent (types 7, 8) de manière sensible. Les types 13a et 13b ont une évolution différente et bien marquée. Enfin plusieurs types nouveaux apparaissent nettement. L’étude suivante en fonction des diamètres mesurés permet une approche différente de l’évolution des lèvres pour les deux fours étudiés.
■ Étude de répartition des types de lèvres par diamètre d’ouverture50
Pourcentage dans les couches de cendres du four SVO 91B (fig. 40 b)
98Pour chaque type de lèvre, on a calculé le pourcentage de mesures de diamètre par diamètre estimé en centimètres Les types de lèvres représentés par 15 mesures ou moins n’ont pas été représentés sur le graphe. Pour le four 91B (couches de cendres), 5 types de lèvres sont comparés. Leur courbe est définie par un nombre de mesures assez important. On constate tout d’abord le groupement assez compact de toutes les courbes par rapport à des diamètres d’ouvertures proches de 120 / 130 mm. La distribution des lèvres semble correspondre à des types bien précis dont les dimensions sont fixes et peu nombreuses. Quelques courbes présentent des accidents peut‑être en rapport avec des productions légèrement différentes. Le développement de la courbe relative au type 3a pour les grands diamètres semble assez mal défini par ce mouvement en dents de scie.
Pourcentage des mesures dans les couches de cendres du four SVO 128E (fig. 40 c)
99Les types 8 et 22b s’ajoutent ici aux types représentés dans le four 91 B. Les courbes sont définies par un nombre de mesures important. Le groupement constaté pour le four 91B n’existe plus pour le four 128E. Quatre grands pics apparaissent maintenant et doivent correspondre à des diamètres privilégiés de l’ouverture à 100, 130, 160 et 200 mm. Les types de lèvres se répartissent de façon particulière entre ces quatre diamètres.
100À 100 mm, correspond essentiellement le type 8 qui n’est pratiquement pas représenté ailleurs (lèvres fines associées à des petits diamètres d’ouverture).
101À 130 mm, quatre types de lèvres sont plus ou moins largement représentés. Le type 2 est très majoritaire (l’essentiel des poteries ayant une lèvre de ce genre possède un diamètre d’ouverture de 130 mm). Les types 1 et 3 présents ici ont l’essentiel de leur production autour du diamètre d’ouverture de 160 mm. Le type 22b enfin y est très minoritaire par rapport aux diamètres supérieurs.
102À 160 mm, plusieurs des types précédents sont représentés. Deux types de lèvres supplémentaires semblent caractéristiques de ce grand diamètre d’ouverture. Les types 13a et 13b présentent pour ce diamètre des courbes tout à fait parallèles et semblent correspondre à d’autres productions. Le type 22b présente une courbe en dents de scie sans doute liée à une difficulté d’identification ou un manque de tessons (51 mesures seulement ont permis de calculer cette courbe). Le type 2 est nettement figuré sur cette courbe. Le type 3a présente également une inflexion dans sa courbe de variation pour un diamètre de 170 mm. Enfin le type 1 s’étend largement au‑delà de ce grand diamètre sans toutefois présenter d’inflexion caractéristique d’une production particulière à ce diamètre.
103Le dernier diamètre, situé entre 190 et 200 mm n’est représenté que par le type 22b nettement majoritaire et peut‑être le type 2.
■ Conclusions
- 51 En cours d’examen des lèvres, le type 6 a a déjà été assimilé aux types 1 et 2, surtout au type 1 ( (...)
- 52 Ce type de lèvre est d’ailleurs associé de manière préférentielle aux becs pincés d’après le tablea (...)
104Plusieurs grands types de lèvres regroupent la grande majorité des productions des fours. L’étude détaillée de la typologie montre qu’il faut certainement opérer certains regroupements déjà suggérés à l’examen des différents types. En effet, les profils des lèvres sont très variables et aucune limite de type n’a pu être définie de façon très précise et valable. Les graphes (fig. 40 b et c) montrent également certaines similitudes de courbes de variation en fonction du diamètre d’ouverture. De ce fait des regroupements semblent s’imposer, comme, par exemple, les types 13a et 13b dont le parallélisme des courbes (fig. 40 c) est caractéristique. Le regroupement des premiers types est sans doute plus nuancé (types 1, 2 et 3) puisque les courbes montrent une évolution un peu différente entre les lèvres. Les types de lèvres non représentés sur les graphes et très faiblement présents dans les comptages ne semblent pas très significatifs d’une production particulière et doivent, sans doute en grande partie, se rattacher à des types plus importants au profil voisin. C’est le cas par exemple des lèvres de type 5 ou 6b à rattacher au premier type51. Plusieurs types de lèvres minoritaires sont bien caractéristiques d’une production particulière. C’est sans doute le cas des lèvres du type 8 très fines qui se cantonnent dans des diamètres d’ouverture assez faibles52. C’est surtout le cas des lèvres si particulières de couvre‑feu (types 19 et 20) ou des lèvres de grandes formes des types 23 et 24.
- 53 Cette étude des éléments de forme ne permet pas malheureusement de définir ces formes particulières
105La comparaison des graphes composés pour les types majoritaires montre une évolution assez importante dans la conception même des poteries. Le graphe (fig. 40 c) pour le four 128E (couches de cendres) présente d’abord deux types de lèvres supplémentaires par rapport au graphe (fig. 40 b : four 91 B). Le type 8 très faiblement représenté dans le four plus ancien devient important dans le four 128E. Enfin le type 22b qui n’existe pas précédemment se développe ici avec plusieurs diamètres préférentiels. Le fait le plus caractéristique de l’évolution des poteries, du point de vue des types de lèvres et des diamètres d’ouverture, est certainement la multiplication des premiers et l’étalement des seconds. Les lèvres semblent se diversifier. Certains types s’affirment. Les diamètres d’ouvertures très groupés dans le four 91B sont beaucoup plus variables. Le diamètre principal, d’environ 130 à 140 mm est conservé dans le four 128E plus récent. Le diamètre 100 apparaissant légèrement dans le four 91B (fig. 40 b) devient très nef dans le four 128E (fig. 40 c). D’autres diamètres sont particulièrement bien marqués à 160 et à 190‑200 mm dans le dernier four. En même temps que la multiplication des types de lèvres et des diamètres d’ouvertures, il y a une certaine spécialisation des types de lèvres vis à vis des diamètres. Si des types de lèvres présents dans les deux fours (tel le type 2 couvrent plusieurs diamètres préférentiels et doivent correspondre à des formes de poteries classiques produites suivant plusieurs grosseurs, d’autres types de lèvres sont plus spécialisés (type 8 par exemple) et doivent correspondre à des poteries à usage bien défini53.
3.4.4.5. Problème des becs pincés
- 54 La grande fragmentation des lèvres munies d’un bec pincé rend assez difficile l’estimation de ces p (...)
- 55 Un bec pincé est réalisé, par définition, par pincement de la lèvre généralement sur le côté diamét (...)
106L’ouverture supérieure des poteries peut être simplement circulaire ou munie d’un bec verseur ponté ou pincé. L’accent a été mis précédemment sur les becs pontés car c’est certainement dans l’évolution de sa forme qu’on peut y voir un critère de datation possible. Toutefois, toutes les poteries ne sont pas munies d’un tel bec. Il est d’ailleurs assez difficile, à partir des comptages réalisés, de définir la proportion des poteries à ouverture circulaire ou munies d’un bec ponté ou pincé54. Lo technologie même de fabrication des becs pincés montre bien qu’il est difficile de trouver dans son éventuelle évolution un quelconque critère de datation55. Son aspect est changeant surtout à cause du type de lèvre existant sur la poterie. L’évolution est donc à chercher dans l’association des becs pincés avec les types de lèvres. Les tableaux XIV et XVI illustrent ce rapport. Dans le four 91B (couches de cendres), les quelques becs pincés recensés correspondent aux lèvres rondes (type 1, 2, 3a et 9). Ce comptage ne semble pas complet et ne donne qu’une idée partielle de cette variation. Pour le four 128E, le phénomène semble mieux perçu grâce aux nombreux becs pincés notés en cours d’examen des lèvres. Leur association avec des lèvres rondes est ici encore très majoritaire. Aux types vus précédemment dans le four 91B s’ajoutent les lèvres de type 7, 8, 9 et 21b où le type 8 a une position privilégiée. Pour ces productions plus récentes du four 128E, certains types de lèvres plus anguleux sont associés aux becs pincés : type 13b et 22b. Ces derniers types à lèvre oblique s’associent bien avec un bec pincé. Par contre les lèvres plates horizontales (types 11 à 13a, 14 à 17) ne sont pas en liaison avec des becs pincés.
3.4.4.6. Association entre lèvres et décors
107Les lèvres sont très rarement décorées. Seuls quelques types de lèvres plates horizontales permettent ce décor. Il présente donc un caractère très exceptionnel tel ce décor d’ocelles sur la partie supérieure d’une lèvre de type particulier dans le four 128E. Le décor des poteries est généralement réservé aux parties supérieures de la panse. La fragmentation plus ou moins grande des céramiques ne permet pas une étude précise des rapports entre type de lèvre et décor. Pour le four 91 B, sept associations ont été notées ce qui est très insuffisant (tableau XIV). Pour le four 128E, les observations sont beaucoup plus nombreuses (tableau XVI), mais leur répartition vis‑à‑vis des types de lèvres n’offre pas de règle d’association bien précise. Si les types de lèvres les plus courants sont représentés ici, les décors leur correspondant sont multiples. Par contre, l’association des cordons rapportés avec les types de grandes lèvres 22 et 24 semble caractéristique d’une production particulière déjà définie dans l’étude des lèvres. Ces grandes formes, sans doute réservées à la conservation des produits, sont consolidées et décorées par des bandes d’argile rapportées et digitées horizontales pour renforcer l’ouverture et verticales ou arquées pour la panse.
3.4.4.7. Conclusions
- 56 Les précédentes études montrent que d’autres critères peuvent être retenus.
- 57 Se reporter au chapitre 4.
108L’étude des lèvres reste certainement le point essentiel de toute typologie de poterie56. L’examen d’une masse considérable de tessons a permis ici la mise au point d’une variation des profils de la lèvre pour deux fours datés scientifiquement par ailleurs57. L’étude statistique sur plus de 5 000 lèvres reste à faire pour confirmer une certaine évolution des formes et des dimensions des poteries vers une multiplication des types de produits fabriqués et sans doute une plus grande spécialisation dans leur utilisation.
3.4.5. Étude des décors
109Elle a été limitée aux tessons appartenant aux couches de cendres des fours SVO 91B et 128E. Aux tessons de panse ont été ajoutés les fragments d’anses ou de lèvres comportant un décor. Les différents types de décors étudiés ici ne représentent pas la totalité des motifs. L’examen très rapide des couches d’abandon a permis d’en déceler d’autres dont l’utilisation a pu être légèrement différée dans le temps.
3.4.5.1. Définition des différents types de décors observés
■ Décors repoussés
110Ils sont réalisés après tournage de la poterie et sans doute très léger séchage. La paroi de la poterie est repoussée vers l’intérieur ou vers l’extérieur.
Digitation
111La paroi est repoussée vers l’intérieur à l’aide du pouce pour former une dépression grossièrement circulaire. Cette pression est répétée sur toute la circonférence dans la partie haute de la panse et souvent en plusieurs rangées concentriques (fig. 30 e). Ce type de décor est à différencier des digitations réalisées sur les attaches d’anses afin de les rendre plus solidaires de la poterie.
Décors en relief
112Dans ce cas, la paroi est repoussée vers l’extérieur. Ce décor, généralement vertical, est réalisé à l’aide d’un doigt placé à l’intérieur de la poterie et se déplaçant en mouvement ascendant. Il est accompagné à l’extérieur de la poterie par deux doigts écartés modelant ainsi un bourrelet creux (fig. 30 c). Ce décor semble réalisé sur les grandes pièces de part et d’autre des éléments rapportés (anse et bec) afin de servir de raidisseur pour une meilleure solidité de la paroi.
■ Décors lissés
Traits ou surfaces lissés
- 58 Le fait également que le matériel n’a pu être lavé avant l’étude, à cause de la trop grande masse d (...)
113Ils sont réalisés à l’aide d’un outil qui comprime très légèrement la pâte déjà sèche sur son passage sans enlèvement de matière. La pression plus ou moins forte entraîne des marques plus ou moins affirmées qu’il est difficile, dans certains cas, d’identifier. C’est ce qui explique sans doute la faible proportion des tessons décorés avec cette méthode dans les tableaux de comptage58. Les décors lissés se développent surtout sur le haut de la panse ou sur les anses (fig. 30 a et 33 a). Les traits sont généralement parallèles et obliques mais peuvent également dessiner des figures géométriques par croisement des lignes. Dans certains cas, de grandes zones sont lissées introduisant un certain contraste avec les surfaces brutes de tournage. Ce type de décor est à différencier des zones de rectification des bas de panse.
Ondes
114Ces décors sont réalisés sur la poterie tournée et en partie séchée à l’aide d’un outil qui imprime un sillon peu profond dans la pâte. La poterie posée sur une tournette ou la girelle du tour est mise en rotation lente tandis que l’outil décrit un va‑et‑vient vertical (fig. 33 c). La variation de la vitesse du déplacement de la poterie et de l’outil entraîne un dessin différent de l’onde définie par ses mesures (fig. 33 d et c). Afin de rendre sensible ce problème, les caractéristiques des ondes ont été mesurées chaque fois que cela était possible. On a ainsi défini la hauteur de l’onde et l’épaisseur du trait imprimé. La position relative de plusieurs ondes sur une même poterie a été également envisagée. Les cas suivants ont été retenus ; onde simple, onde double (distinctes, imbriquées ou sécantes).
■ Décors incisés
- 59 Quelques fonds seulement ont été incisés, il ne semble donc pas que cette marque soit à mettre en r (...)
115Ces décors sont réalisés à l’aide d’un outil pointu qui imprime un sillon vif dans l’argile séchée de la poterie. Ce mode décoratif est assez peu employé ici (fig. 33 b). On le trouve parfois sur les fonds sous forme d’étoile sans qu’il soit possible de définir son but décoratif59. Quelques rares fessons présentaient des raies de tournage assez marquées qui contrastaient avec l’aspect lisse et régulier de la majeure partie des tessons (4 tessons pour les couches de cendres du four 91B et 7 pour les couches de cendres du four 128E). Ils ont été comptés primitivement dans les tessons de panses décorés mais doivent très certainement être mis à part. Il ne semble pas que ces raies de tournage particulières aient une signification décorative.
■ Décors rapportés : cordons lisses ou digités (fig. 33 r et s)
116Ils sont appliqués sur la poterie partiellement séchée. Un fin boudin d’argile est placé sur la partie à décorer et rendu solidaire de la poterie par pression continue ou discontinue. Dans les couches étudiées ici, les cordons sont généralement à section aplatie. La plupart ont reçu un décor de digitations plus ou moins espacées. Toutes les positions (oblique, verticale, horizontale) sont possibles. Beaucoup se développent en arc de cercle. Les cordons décorent rarement les anses. Ils se trouvent le plus souvent sur le haut de la panse.
■ Décors par impression (fig. 32 b)
Décor d’ocelles
117Ce décor, très rare, est réalisé à l’aide d’un bambou de petit diamètre dont on impressionne la poterie en partie séchée. Les cercles ainsi produits se répartissent généralement en ligne. Le seul tesson décoré de cette manière (seules les couches de cendres ont été étudiées ici) présente une série d’ocelles sur la partie supérieure d’une lèvre de type particulier (lèvre plate verticale).
Décor de molettes
118Le potier utilisait un outil particulier composé d’une petite roue cylindrique montée sur un manche fourchu. La bande de roulement de celle‑ci était taillée de motifs décoratifs en réserve à l’aide d’un couteau. Réalisées sans doute dans un matériau périssable tel que le bois, ces molettes pouvaient être changées très souvent. Leurs motifs décoratifs étaient très variables puisque liés à l’inspiration du potier. L’impression de la surface cylindrique sur la paroi des poteries en partie séchées entraînait le report des dessins de la molette sur l’argile.
119Dans les couches de cendres des fours SVO 91B et SVO 128E plusieurs types de décors moletés ont été définis. Des variantes de forme et surtout de dimension ont également été retenues pour la typologie (fig. 32 b). La répétition périodique de motifs strictement identiques permet de définir la longueur de la circonférence de la molette utilisée par le potier (d’où la possibilité de calculer son diamètre). Très souvent, la mauvaise rotation de la molette entraînait des déformations importantes dans les motifs imprimés dans l’argile. Quelquefois elles interdisent toute identification avec les types de molettes définis ici.
120type 1 : Bâtons verticaux. Leur impression plus ou moins bien soignée peut donner lieu à des déformations. Les bâtons verticaux deviennent alors légèrement obliques ou courbes (fig. 33 g).
type 2 : Bâtons obliques à droite (fig. 32 B : 2).
type 3 : Bâtons verticaux coupés en deux portions égales (fig. 32 b: 3).
type 4 : Bâtons verticaux coupés en trois fragments dont celui du centre est plus long que les autres (fig. 33 i et 32 b: 4).
type 5: Petits carrés sur trois rangs et alignés verticalement (fig. 33 h et j).
type 6 : Petits carrés déformés légèrement en losanges sur quatre rangs et alignés en oblique (fig. 32 b : 6).
type 7 : Grands losanges entre triangles opposés par la pointe (fig. 33 e, l et m).
type 8 : Petits losanges multiples entre triangles opposés par la pointe et alignés en oblique (fig. 33 n).
type 9 : Rangées obliques de losanges très irréguliers et de triangles (fig. 32 b : 9).
type 10 : Dessin assez irrégulier en losanges, rectangles et triangles en rangées obliques avec motif de triangle en étoile (fig. 32 b: 10).
type 11 : Dessin totalement irrégulier de losanges et de triangles (fig. 32 b : 11 ).
type 12 : Bâtons dont l’obliquité varie. Chaque bâton se développe sur toute la largeur de la molette (fig. 32 b: 12).
type 13 : Bâtons de longueur variable dont l’obliquité est contrariée (fig. 32 b : 13).
type 14 : Bâtons de longueur variable dont l’obliquité est contrariée associés à des rangées obliques de losanges et triangles (fig. 32 b : 14).
type 15 : Bâtons disposés en chevron (fig. 32 b: 15).
type 16 : Petits bâtons en deux registres bien séparés dont l’obliquité contrariée forme chevron (fig. 32 b: 16).
3.4.5.2. Aspect général des données recueillies pour le four SVO 91B (couches de cendres)
- 60 Dans ces comptages la distinction a été faite entre décors de l’élément étudié (fond, anse...) et d (...)
121L’examen des décors sur les tessons découverts dans les couches de cendres de ce four a été décomposé en plusieurs phases. Les décors associés dans choque catégorie ont été recensés : décor sur fond, sur anse, sur bec, sur lèvre ou sur tessons de lèvres60. Les différentes grandes catégories de décors ont été comptabilisées par couche en notant, chaque fois que cela était possible, les caractéristiques mesurables. Ces dernières informations n’ont pas été exploitées pour cette étude car trop peu nombreuses.

Tableau XVIII. Four 91 B (cendres): comptage des décors (chiffre entre parenthèses : nombre d’associations du type de décor avec un autre décor).
122Les décors associés entre eux sur un même tesson ont été étudiés séparément afin d’être comptabilisés dans les différentes catégories de décors. L’étude de l’association a eu également pour but de définir l’ordre de réalisation de leurs constituants.
3.4.5.3. Aspect général des données recueillies pour le four SVO 128E (couches de cendres)
123Comme pour le four 91 B, le même type d’information a été noté sur les fiches correspondant à chaque couche de cendres. L’ensemble des informations a été rassemblé sur le tableau no XX.

Tableau XX. Four 128E (cendres): comptage des décors (a : nombre d’associations du type de décor avec un autre décor. b : incisions sur les fonds dont un motif en croix et deux étoiles à huit bronches, c : incisions imitant les cannelures).
124Les associations de plusieurs décors sont très fréquentes dans ce four. Elles sont résumées par le tableau no XXI.

Tableau XXI. Four 128E (cendres) : comptage des associations de décors (a : ordre indéfini pour la réalisation des décors successifs. b : association molette à cordon digité vertical et cordon en arc).
3.4.5.4. Décor des céramiques produites dans le four SVO 91B
125Le matériel assez abondant (814 tessons décorés pour les couches de cendres) a permis une étude assez précise de la distribution des décors (fig. 40 d). Les associations de décors sont très peu nombreuses dans le matériel de ce four. La technique du repoussé est assez bien représentée (27% de l’ensemble). Les décors en relief sont les plus nombreux. Il n’a malheureusement pas été possible de déterminer sur quel type de forme il se développait le plus. Les décors digités, mis à part les digitations sur les anses qui ont essentiellement un but technologique, sont réellement employés mais toujours en petit nombre (fig. 30 e). Les décors lissés sont assez peu nombreux. Les problèmes d’identification rendent difficile l’appréciation de leur quantité relative. Les décors ondés sont majoritaires (près de 21% de l’ensemble) et constituent pour une très grande part l’essentiel du décor de haut de panse. Les cordons rapportés sont très rares pour ce four (2 tessons). Les molettes représentent ici près de la moitié des fragments décorés.
126La plupart des 404 molettes (fig. 40 e) sont simples et constituées d’une suite de bâtons verticaux ou obliques, découpés ou non en plusieurs fragments superposés. Les bâtons simples représentent près de 12% des molettes (bâtons verticaux et obliques cumulés). Les bâtons coupés en deux parties égales (près de 5%) sont bien représentés. Les bâtons découpés irrégulièrement (partie centrale plus longue que les autres : type 4) sont très nettement majoritaires puisqu’ils représentent près de 61% de l’ensemble. Les molettes de petits carrés superposés verticalement (type 5) sont peu nombreuses en comparaison des molettes à petits carrés obliques (type 6 : 4,4%). Les types losangés sont assez nombreux (4,2%). Le dernier type présenté (type 13) est assez rare.
127Les productions du four 91B sont assez peu décorées (814 tessons pour près de 47 000 tessons étudiés dons les couches de cendres, soit 1,7% environ). Beaucoup de céramiques grises sont donc brutes de tournage. De plus, le décor, lorsqu’il existe, est cantonné dans une faible portion de la panse dans sa partie haute.
128La décoration peut se résumer aux trois grandes catégories des décors repoussés verticaux (fig. 30 c), des décors ondés (fig. 31 c et 33 c) et surtout des décors de molettes (fig. 30 b; 33 h, g et i). Celles‑ci ont généralement des dessins d’une grande simplicité. Les motifs de bâtons entiers ou fragmentés et de carrés représentent 82% de l’ensemble. Deux autres types plus complexes de petits losanges multiples ou de bâtons obliques et assez peu nombreux complètent ce vocabulaire décoratif,
3.4.5.5. Décor des céramiques produites dans le four SVO 128E
1291 878 tessons y ont été étudiés dons les couches de cendres avec les mêmes préoccupations que pour l’étude précédente (fig. 40 d).
130Les associations représentent 2,4% de l’ensemble des tessons décorés. La technique du repoussé est faiblement représentée. Les digitations ne semblent pas exister à cette période. Les décors lissés ou incisés sont très rares si on excepte les incisions réalisées sur les anses afin, sans doute, d’imiter les cannelures. Les ondes représentent une forte proportion du décor : 37,5% des tessons décorés. Les cordons rapportés généralement digités sont assez nombreux. Leur pourcentage reste toutefois inférieur à celui des décors en relief repoussé. Enfin les décors de molettes restent très nettement majoritaires.
131890 tessons décorés à la molette (fig. 40 e) ont fait l’objet d’une identification. Le taux d’indétermination est assez élevé (16,5%). Les décors de bâtons sont pratiquement inexistants et représentent moins de 1%. Les motifs réguliers à base de carrés (près de 15%) ou de grands losanges (50%), ou de tout petits losanges multiples (11%), sont très employés ici. C’est le décor essentiel des molettes des couches de cendres du four. Beaucoup de molettes au décor irrégulier très variable sont employées ici mais représentent toutes cumulées 8%.
132Les productions du four 128E sont nettement plus décorées (1 878 tessons pour environ 54 000 tessons étudiés dans les couches de cendres, soit 3,5% environ). Deux grands types de décor sont utilisés ici : les décors d’onde et les molettes (fig. 33 l, p et j). Les reliefs verticaux, les décors incisés sur les anses ou les cordons rapportés sont également employés ici mais dans de beaucoup plus faibles proportions. En dehors de motifs simples de molettes (environ 75%), apparaissent beaucoup de molettes au décor irrégulier difficile à identifier surtout lorsque l’empreinte est mauvaise. La mauvaise qualité des décors semble importante dans ce four.
3.4.5.6. Évolution des techniques et des motifs décoratifs
133Les grandes catégories fortement représentées dans le four 91B se retrouvent généralement dans le four 128E (ondes et molettes) à l’exception des décors en relief qui diminuent très fortement (fig. 40 d et e). Les catégories minoritaires varient dans des proportions moindres sauf les cordons digités rapportés qui se multiplient nettement dans le four 128E. Les molettes sont aussi variées dans un four que dans l’autre. Les types employés dans le four 91B ne sont pratiquement pas utilisés dans l’autre à l’exception du type 5 (carrés superposés) qui, très minoritaire dans le four 91 B, est très employé dans le four 128E, et du type 8 dont l’emploi se multiplie également dans le dernier four. Les autres types, généralement à décor de bâtons, disparaissent dans le four 128E au profit des molettes à décor losangé ou à décor irrégulier.
3.5. Conclusions
134Les typologies présentées ne concernent que les détails de forme. Cette étude n’a pas cherché à définir les formes entières et leur évolution. Si la tâche est difficile, elle est néanmoins réalisable en investissant beaucoup de temps pour peu de résultats. Les résultats exposés ici sont le fruit d’un essai de typologie au sens strict du terme. On a cherché à partir du matériel de deux fours d’un même site, datés des xiie et xiiie s. (valeur de la datation à définir), à mettre en évidence une certaine évolution dans les formes (détails) et les décors, un certain esprit qui prend appui sur des critères le plus possible mesurables donc vérifiables.
135Que les tessons à étudier proviennent de centres producteurs ou de centres utilisateurs, ils doivent être assez nombreux dans chaque couche pour qu’une confrontation avec cette typologie soit envisagée. Le tri et les mesures doivent être exécutés avec des méthodes identiques et les données recueillies comparées avec chaque courbe d’évolution. Les conclusions que l’on peut tirer de cette comparaison sont à mettre en rapport avec le nombre important ou faible de points de concordance pour chaque critère retenu, mais également avec les remarques indiquées ici concernant le domaine de fiabilité des courbes, la qualité de leur définition et la valeur représentative des critères. La comparaison avec des tessons d’autres sites reste difficile et en rapport avec la valeur « régionale » à définir des typologies présentées dans cette étude.
136Cet essai de typologie a été échafaudé à partir du comptage de plusieurs centaines de milliers de tessons. Les opérations réalisées ont été uniquement des pourcentages. Les courbes d’évolution des différents critères retenus ont toujours été tracées à partir de plusieurs centaines d’observations, ce qui, en théorie, rend le tracé assez sûr. Toutefois, il est nécessaire d’y adjoindre une étude statistique au sens mathématique du terme pour vérifier la fiabilité des courbes d’évolution et leur domaine d’application. Les typologies concernent deux fours particuliers de Saint‑Victor‑des‑Oules. Au sens strict, cette recherche n’est valable que pour les productions de ces deux fours retrouvées à d’autres endroits. La question est posée de savoir si cet essai peut être appliqué régionalement. Cette étude n’a malheureusement pas été confrontée aux typologies déjà existantes sur les lieux d’utilisation. De cette confrontation découleraient de nombreux enseignements et une réorientation des interprétations. À l’échelle de l’étude des centres producteurs, deux types d’expériences seraient bonnes à tenter pour tester la valeur des typologies présentées ici. L’analyse dumatériel d’un four de datation voisine permettrait la comparaison de deux typologies proches et préciserait l’évolution de certains critères. La même analyse pourrait être tentée sur des fours de datation voisine découverts dans des lieux différents (Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon ; Saint‑Gilles‑du‑Gard ; four 128E de Saint‑Victor‑des‑Oules). Leur confrontation permettrait de juger de la valeur régionale des critères retenus.
- 61 Ce sont des tonnes de tessons qu’il faut traiter pour effectuer les remontages indispensables. Peut (...)
137Cette typologie est très théorique. Le besoin se fait sentir d’une réflexion sur les méthodes employées, le choix des critères retenus et la figuration de leur évolution, Il est indispensable de réaliser des remontages de formes sur ce matériel afin de donner une véritable image des productions et relier entre eux les différents critères étudiés ici61. Il est nécessaire également de la confronter au travail réel du potier par l’expérimentation. Toute autre démarche semble assez utopique.
Notes
1 Pour cette étude, près de 86 000 tessons pour le four 91B et 125 000 pour le four 128E ont été triés et mesurés.
2 À partir des douze sacs de matériel recueilli dans la couche 2 du four 91B fouillé en demi‑volume, plusieurs sacs ont été pris au hasard. L’essai de reconstitution des poteries à partir d’environ 4 000 fragments a été positif.
3 Se reporter au paragraphe 221.
4 D’après la carte géologique « Arles‑Cap Couronne » au 1/80 000.
5 Notice de la carte géologique au 1/50 000, Uzès, XXIX, 41, 1968.
6 Un programme d’analyse des compositions des argiles a été réalisé au laboratoire que dirige M. Picon à Lyon (URA 3 du CRA).
7 Se reporter au paragraphe 5421 : interprétation des vestiges découverts à Saint‑Victor‑des‑Oules.
8 On peut imaginer, sans en avoir la preuve, un processus classique de préparation de l’argile pour cette phase.
9 Quelques observations sont présentées ici. Pour une connaissance théorique du tournage actuel, se reporter aux ouvrages de Colbeck et Leach.
10 Fig. 35 b (Serre 1961 et Lombard‑Dumas 1878). C’est à ce dernier article que la description de la roue de potier est empruntée. Cette roue était encore employée au début du xxe s.. à Bort‑L’Étang ou Lannilis (cf. paragraphe 5421).
11 Cf. Synthèse : paragraphe 5421.
12 Un essai récent de tournage expérimental réalisé avec la collaboration de M. Wohlfahrt potier de Dieulefit (Drôme) a permis de déterminer avec plus de sûreté la technologie de fabrication de ces becs (Thiriot d).
13 Les différentes techniques de cuisson sont envisagées dans le chapitre 5 où les modes de cuisson ont été définis en s’inspirant de l’ouvrage de Picon (1973). Se reporter à l’examen des modes de cuisson pour leur définition.
14 (Brongniart 1877 : 486 à 489). La fabrication des poteries noires de Saint‑Pourçain‑de‑Bort (ancien nom de Bort‑l’Étang) est confirmée au début du xxe s. par Fabre (1929).
15 (Sempere 1982). Notre recherche d’octobre 1983 dans le nord de l’Espagne doit se poursuivre avec la collaboration de l’U.R.A. 3, de l’Université de Barcelone, de l’école de potiers de Gérone pour compléter l’enquête auprès des potiers encore en activité et procéder à des cuissons expérimentales.
16 Se reporter au paragraphe 421.
17 Se reporter à la note 177.
18 Ce travail très absorbant a été mené à bien par F. Philibert en ce qui concerne la typologie, le comptage et la mesure de tous les « tessons de forme » ou « de décor ».
19 Ce matériel a été présenté au Colloque international de Sienne, 1984 : (Thiriot c).
20 (Thiriot c). production à comparer également avec les poteries des sites utilisateurs : (Association C.A.T.H.M.A.).
21 Les valeurs calculées (d’une précision trop importante : le 10e de degré) de l’angle moyen prennent ici leur valeur du fait même du grand nombre de mesures réalisées.
22 Cette masse a été limitée du fait de la fouille en demi‑volume et du rejet systématique des tessons trop petits (de l’ordre du cm2). Le tri difficile dans cette masse impossible à laver, ne peut être qu’imparfait.
23 Cette distinction est importante car elle fait intervenir une notion chronologique dans le remplissage du four ; se reporter à l’essai de synthèse paragraphe 5223.
24 Par exemple, pour les fonds de la couche 2 du four SVO 91B : 2 600 observations ou mesures ont été réalisées. On peut estimer à environ 6 600 observations ou mesures pour l’ensemble des fonds du four SVO 91 B.
25 Le travail sur les fonds de ce four, toujours dégagé en demi‑volume, représente une somme d’environ 3 500 observations.
26 Les études suivantes sont basées sur les très nombreuses mesures réalisées et leur répartition en fonction de variables choisies de façon préférentielle afin de mettre en exergue une éventuelle variation suivant les périodes chronologiques étudiées ici.
27 Cf. paragraphe 3421 et en particulier : mesures du diamètre.
28 Ce n’est sans doute qu’après l’application de cette expérience à d’autres fours que cette question de chronologie relative pourra être réglée.
29 La poterie (fig. 30 c) en est un bel exemple.
30 La datation de l’apparition de la glaçure en France méridionale n’est pas encore définie de façon très précise. Aucun atelier de ces périodes n’a été découvert pour l’instant (Démians d’Archimbaud 1980 b).
31 Cf. paragraphes 3422 et 3423.
32 Le remontage systématique de la grande masse de tessons et l’étude des formes complètes permettraient une analyse plus précise. Ces remontages sont possibles mais demanderaient un travail considérable.
33 Cette couche est choisie ici encore à cause du grand nombre d’observations recueillies. 781 mesures ont été réalisées.
34 Se reporter au paragraphe 42.
35 Pour l’application de ce résultat au matériel découvert dans les lieux d’utilisation et pour sa fiabilité, se reporter au paragraphe 35.
36 Environ 3 600 informations ont été collectées pour les anses du four 91B et 2 300 environ pour le four 128E.
37 Pour la définition des types de décor se reporter au paragraphe 345.
38 Pour la définition des types de lèvres se reporter au paragraphe 344, fig. 32 a.
39 Il s’agit de poterie (dont l’axe de tournage reste vertical) ayant une toute petite ouverture et deux anses : sorte de bouteille très pansue ou, de gourde (l’axe de tournage devient horizontal) ayant une face plate et l’autre bombée, fig. 30 a.
40 Se reporter au paragraphe 3233,
41 Se reporter au paragraphe 345.
42 Seuls les becs pontés ont été étudiés car ils sont souvent conservés intacts et permettent une étude assez précise. Les becs pincés existant également sur les poteries grises n’ont pas fait l’objet d’une étude particulière car trop fragmentés et peu définissables en dehors du type de lèvre.
43 Environ 1 500 informations ont été collectées pour les becs pontés du four 91B et 1 100 environ pour le four 128E.
44 (Gagnière 1965 : 97, fig. 43). La typologie du pégau fondée, entre autres critères, sur l’évolution des becs pontés, introduit cette notion. Fig. 30 c et 30 e.
45 Pour la définition des types de lèvres se reporter au paragraphe 344, fig. 32 a.
46 Cf. paragraphe 3233 : technologie de fabrication des becs pontés.
47 Cf. note 220.
48 Pour les attaches hautes d’anse et les becs pontés : se reporter au paragraphe 343.
49 Fig. 32 a. L’ensemble des types et sous‑types a été conservé sur ce tableau malgré les difficultés d’identification et les changements ultérieurs.
50 L’étude a été limitée aux couches de cendres des 2 fours 91A et 128E. Tous les types de lèvres n’y sont pas représentés. Fig. 32 a, 40 b et 40 c.
51 En cours d’examen des lèvres, le type 6 a a déjà été assimilé aux types 1 et 2, surtout au type 1 (fig. 32 a).
52 Ce type de lèvre est d’ailleurs associé de manière préférentielle aux becs pincés d’après le tableau no XVI du paragraphe 3442. Cf. Paragraphe 3445.
53 Cette étude des éléments de forme ne permet pas malheureusement de définir ces formes particulières.
54 La grande fragmentation des lèvres munies d’un bec pincé rend assez difficile l’estimation de ces proportions compte tenu de cette différence de solidité avec les becs pontés très résistants,
55 Un bec pincé est réalisé, par définition, par pincement de la lèvre généralement sur le côté diamétralement opposé à l’anse. Le bourrelet de la lèvre ainsi déformée facilite l’écoulement des liquides.
56 Les précédentes études montrent que d’autres critères peuvent être retenus.
57 Se reporter au chapitre 4.
58 Le fait également que le matériel n’a pu être lavé avant l’étude, à cause de la trop grande masse de tessons recueillis, peut être dans une faible mesure, un facteur minimisaient pour ce type de décor.
59 Quelques fonds seulement ont été incisés, il ne semble donc pas que cette marque soit à mettre en rapport avec un potier particulier.
60 Dans ces comptages la distinction a été faite entre décors de l’élément étudié (fond, anse...) et décor de la partie de panse attachée à cet élément. Ce point est assez important en ce qui concerne les lèvres qui ne sont pratiquement jamais décorées.
61 Ce sont des tonnes de tessons qu’il faut traiter pour effectuer les remontages indispensables. Peut‑on espérer des crédits à la mesure ?
Table des illustrations
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Légende | Tableau III. Four SVO 91B : comptage des fonds, |
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Légende | Tableau IV. Four 128E : comptage des fonds. |
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Légende | Tableau V. Four SVO 91B : comptage des anses. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32723/img-3.jpg |
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Légende | Tableau VI. Four 128E : comptage des anses. |
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Légende | Tableau VII. Four SVO 91 B : types d’attaches d’anses. |
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Légende | Tableau VIII. Four SVO 128E : types d’attaches d’anses. |
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Légende | Tableau IX. Cannelures sur les anses (pourcentages). |
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Légende | Tableau X. Four SVO 91B (cendres) : digitations. |
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Légende | Tableau XI. Dimensions de l’orifice verseur des becs pontés. (fig. 30 c : l’orifice est dessiné à l’arrière de la coupe du bec ponté). |
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Légende | Tableau XII. Pourcentage des associations becs pontés/types de lèvres (les valeurs supérieures à 10% ont été encadrées pour les couches de cendres : C = couches de cendres ; A = couches d’abandon). |
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Légende | Tableau XIII. Four SVO 91B (cendres) : diamètre d’ouverture par type de lèvre. |
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Légende | Tableau XIV. Four SVO 91B (cendres): associations types de lèvres/becs pincés et décors. |
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Légende | Tableau XVI. Four 128E (cendres): associations types de lèvres/becs pincés et décors (les chiffres à cheval sur deux colonnes indiquent le nombre d’associations. (*) association d’une molette, d’un cordon vertical et d’un cordon en arc). |
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Légende | Tableau XV. Four 128E (cendres) : diamètre d’ouverture par type de lèvre. |
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Légende | Tableau XVII. Variation des pourcentages de types de lèvres. |
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Légende | Tableau XVIII. Four 91 B (cendres): comptage des décors (chiffre entre parenthèses : nombre d’associations du type de décor avec un autre décor). |
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Légende | Tableau XIX. Four 91B (cendres) : comptage des associations de décors. |
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Légende | Tableau XX. Four 128E (cendres): comptage des décors (a : nombre d’associations du type de décor avec un autre décor. b : incisions sur les fonds dont un motif en croix et deux étoiles à huit bronches, c : incisions imitant les cannelures). |
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Légende | Tableau XXI. Four 128E (cendres) : comptage des associations de décors (a : ordre indéfini pour la réalisation des décors successifs. b : association molette à cordon digité vertical et cordon en arc). |
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Légende | Tableau XXII. Four 91B (cendres): types de molettes. |
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Légende | Tableau XXIII. Four 128E (cendres) : types de molettes. |
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© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1986