Les ateliers médiévaux de poterie grise en Uzège et dans le Bas-Rhône
|Fouilles et résultats
Texte intégral
1Comme pour le chapitre précédent, seule l’expérience acquise au cours des recherches des ateliers de l’Uzège et du Bas‑Rhône a fait l’objet d’une analyse. Cette présentation n’a pas été orientée dans le sens d’un « manuel du parfait fouilleur de fours de potiers ». L’attitude changeante adoptée vis‑à‑vis des problèmes de fouille a été indiquée ici pour la réflexion et l’explication des résultats obtenus exposés à la suite. Il n’y a pas, en ce domaine, de recette universelle ; seul le terrain, toujours particulier, commande une réflexion particulière d’autant plus fructueuse certes que l’expérience du fouilleur est importante.
2.1. Techniques employées sur les sites
- 1 Il vaudrait mieux parler d’attitude que de technique, de manière d’approche plutôt que de méthode q (...)
- 2 Fouilles d’ateliers de potiers de période abbasside et ayyubide à Meskene dans la vallée de l’Euphr (...)
2Les « techniques » ont été mises au point au fur et à mesure des difficultés rencontrées et de l’expérience acquise1. Cette expérience de recherche sur les fours de potiers essentiellement situés dans une aire géographique assez restreinte a bénéficié du fruit de plusieurs missions au Proche‑Orient2,
2.1.1. Choix des terrains dans les sites
3Dans plusieurs cas, la fouille a été précédée d’une découverte fortuite de four à la suite de travaux d’engins mécaniques (cas de Bollène, Jonqueirolle, de Saint‑Gilles‑du‑Gard et Saint‑Quentin‑la‑Poterie). Pour Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon, le terrain indiqué par S. Gagnière présentait en surface de très nombreux tessons de datation apparemment homogène. D’autres vestiges plus épars autour de la butte de Saint‑Blaise ont entraîné le choix du premier terrain.
4Pour Saint‑Victor‑des‑Oules, les recherches au départ ont permis de définir approximativement les limites des zones d’épandage de tessons, leur situation par rapport au relief, aux chemins actuels, témoins d’anciens chemins et l’essai d’interprétation à priori de l’organisation de base du terroir s’articulant sur une butte centrale un peu désaxée vers le nord (fig. 16 a et b). À partir de cet espace, il a été décidé d’effectuer les recherches à priori sur un terrain à peu près au centre des installations (terrain 128) et un autre en zone marginale (terrain 91 et 89) afin de tester l’interprétation.
2.1.2. Choix des indices de prospection magnétique et implantation des sondages
5Lorsque les prospections ont été cartographiées, plusieurs attitudes ont été retenues :
- 3 Fig. 5 b. La structure 187C à l’est du terrain n’a pas été fouillée en 1974. Menacée par l’élargiss (...)
6— fouille de la plupart des fours s’il y avait menace de destruction : cas de Saint‑Gilles‑du‑Gard et Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon3 ;
7— fouille de plusieurs fours dons un site nouveau pour obtenir des informations se recoupant : cas du terrain 91 de Saint‑Victor‑des‑Oules ; sur ce site, deux fours voisins, faisant partie d’un groupe de sept, ont permis l’étude de la structure et de la stratigraphie ;
- 4 Se reporter au Chapitre 1.
8— fouille d’un ou deux fours dans un même terrain à des emplacements différents par rapport au réseau de communication : cas du terrain 128 de Saint‑Victor‑des‑Oules (four 128 E au centre, four 128 L au bord d’un chemin) ; dans ce cas également, le choix du four 128 E a été guidé par l’indice de prospection le mieux marqué en intensité, surface et forme4.
9Dans tous les cas, le choix du four à dégager a été réalisé à partir des cartes de prospection magnétique en fonction des buts fixés à la fouille et de l’importance de l’anomalie.
10En règle générale, la fouille a été ponctuelle et un sondage de départ de 3 x 3 m a été implanté à partir de la position de l’indice magnétique. La position du carré de fouille a été arbitrairement décalée vers le nord d’environ 0,5 m afin de corriger l’erreur de positionnement systématique mais variable en fonction de la grosseur, du volume géométrique et de la profondeur du four ainsi que de l’intensité du champ qui le caractérise.
2.1.3. Technique de la fouille stratigraphique (Boüard 1975 : 204 et suiv.)
2.1.3.1. Les fours
11Pour les fours, les tâtonnements initiaux ont permis de mettre sur pied une certaine méthode d’approche qui est à moduler suivant les sites et les types de fours rencontrés.
12L’enlèvement des couches cultivées, presque toujours en contact avec la structure, fait apparaître le four ou centre du sondage. La paroi du four, atteinte rapidement, est plus ou moins visible selon les matériaux employés. La fouille de l’espace intérieur du four à ce niveau s’accompagne généralement d’un changement de qualité de terre et de matériel : terre cendreuse avec souvent des charbons de bois et surtout une très forte densité de tessons. Cette dernière zone doit être circonscrite pour permettre la phase suivante.
13L’ensemble de la paroi étant visible, la recherche s’effectue vers l’extérieur afin de retrouver l’emplacement de la porte du foyer. Les fours dégagés pour cette étude étaient tous (sauf celui de Saint‑Victor‑des‑Oules 128 E) construits dons le sol géologique jusqu’à la surface arasée par les labours. La paroi délimitait donc le remplissage de terre tirant sur le noir et contenant beaucoup de tessons, du sol géologique de roche ou d’argile. Le cas le plus typique concerne les fours de Saint‑Victor‑des‑Oules construits en argile dans un sol géologique d’argile jaune sableuse. La cuisson réductrice a entraîné une coloration grise de la paroi du four et la rubéfaction d’une frange plus ou moins large de l’argile géologique en place. La situation de la porte du foyer est marquée en dehors du cercle gris bordé de rouge par une nouvelle fosse remplie de tessons dont la bordure est rougie par l’action de la chaleur des flammes sortant par la bouche.
- 5 Cette attitude a eu des conséquences fâcheuses pour le four SVO 128E dont la coupe stratigrahique n (...)
14À partir du décapage général du four et du repérage de l’aire d’accès, il est possible de déterminer l’axe de la structure. La fouille consiste alors à dégager couche par couche le remplissage de l’intérieur. Lorsque la sole était faiblement recouverte, l’implantation de la coupe n’a eu lieu qu’après complet dégagement de sa surface afin d’obtenir le maximum de renseignements sur son plan et sa constitution. La fouille des différentes strates comblant le foyer a été menée avec le plus de précision possible. En règle générale, chaque changement de couleur ou de qualité de terre ou de cendre a été délimité sur la coupe ; chaque couche recevant un numéro particulier. Pour les couches de cendres souvent très fines et incomplètes, le matériel a été recueilli sur un groupe de couches dont les extrêmes étaient bien définis. Le relevé de la coupe axiale sur le foyer a été généralement effectué après dégagement total du demi‑volume du four afin d’avoir un certain recul permettant une meilleure observation surtout pour les niveaux inférieurs5.
15Le dégagement de l’aire d’accès en demi‑volume était effectué en second lieu en essayant d’obtenir la correspondance des couches dans les deux fosses (accès et foyer). Assez souvent, cette fouille a été limitée aux abords très immédiats de la bouche à feu pour en déterminer l’organisation, économiser le temps de fouille et restreindre la quantité de tessons ramassés,
- 6 En limitant la fouille des fours au demi‑volume de leur foyer, et surtout en limitant les fouilles (...)
16La fouille en demi‑volume des fours a permis de constituer une coupe axiale tout en conservant la moitié du remplissage comme témoin dans le four. L’économie de temps a été appréciable. L’avantage le plus important a été la limitation de la masse de tessons recueillie ; le remplissage des foyers étant constitué d’un volume de terre ou de cendres pour 2 à 3 volumes de tessons très morcelés6. Toutefois, ne pas avoir tout le matériel est un inconvénient majeur pour l’étude des formes des productions (recollage trop partiel).
2.1.3.2. Silos, fosses et bâtiments
- 7 Les tranchées 89.1, 89.2, 89.3, dont l’emplacement a été défini par Mme Lemercier (prospection magn (...)
17À Saint‑Victor‑des‑Oules, après vérification des indices de prospection magnétique à l’aide de longues tranchées7, un quadrillage de 10 m a été implanté sur le terrain et matérialisé par des bornes en béton profondément ancrées (fig. 17). À l’intérieur de cette grande trame, l’unité de fouille choisie a été le carré de 2 x 2 m sans berme. Ce système permettait d’obtenir des coupes stratigraphiques ou plutôt des profils continus (les labours répétés ayant presque partout atteint le sol géologique dons la partie est du site fouillé).
18Chaque silo ou fosse a été entièrement fouillé en notant la profondeur, par rapport à l’ouverture dans le sol géologique, de chaque changement de couche de remplissage (fig. 17).
19Pour les bâtiments, le même système de carré de fouille a été adopté (fig. 18). Il a été implanté après décapage mécanique des couches cultivées. La fouille a été réalisée dans un carré sur deux afin de conserver temporairement le témoin des couches enlevées. Le caractère difficile des fouilles sur ce site en dehors des fours a été vérifié à chaque campagne. En effet, la stratigraphie dans cet ensemble existe mais nécessiterait les moyens de la fouille préhistorique afin d’en permettre la lecture. Ces différentes couches de couleur et de texture quasi identiques, se superposent et s’interpénétrent. Elles comportent toujours un matériel fort abondant mais peu varié malheureusement : tessons gris exclusivement et aucun objet de métal. Des efforts particuliers de dégagement des sols successifs (définis pendant la fouille grâce à la surface de pose des petits cailloux, à la position des racines et quelques rares fois à la position des tessons) ont été faits surtout dans le sondage 89.57 pour un résultat très décevant et assez contestable (fig. 18 : bâtiment C). Pour cette raison, les sondages dans la zone construite ont été dégagés jusqu’à un niveau de sol à peu près homogène mais arbitraire dans chaque carré (Thiriot a).
2.1.4. Enregistrement des données
2.1.4.1. Système d’identification des différentes structures
20Pour chaque site, on a adopté arbitrairement un sigle composé de trois majuscules : Bollène, Jonqueirolle : BOJ ; Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon : BSB ; Saint‑Gilles‑du‑Gard : SGG ; Saint‑Quentin‑la‑Poterie : SQP ; Saint‑Victor‑des‑Oules : SVO.
21La dénomination des fours peut être précédée du sigle du site. En général, ce n’est pas obligatoire car leur numéro varie suffisamment d’un site à un autre. Pour les fours, on a utilisé systématiquement le numéro de fa parcelle cadastrale (sans référence à la section) suivi d’une lettre majuscule propre à chaque four. Cette dernière correspond à celle figurée sur les cartes de prospection magnétique (par ex. : four SVO 91A : four A de la parcelle 91 du site). Les fosses d’accès au foyer ont généralement été indiquées en faisant suivre la dénomination du four du chiffre 1. Toute autre fosse annexe d’assez grande surface a été numérotée à la suite. Par exemple, SVO 91B2 : four à pain greffé sur le four 91 B.
- 8 Fig. 17. Pour les sondages et les structures, en dehors des fours, le numéro de la parcelle n’a pas (...)
22Étant donné l’extension non prévisible des fouilles sur ce secteur, une numérotation systématique et ordonnée des sondages à maille de 2 m8 n’a pas été installée. C’est bien entendu un défaut majeur de la numérotation continue adoptée ici. Les numéros ont été distribués en fonction des surfaces fouillées pendant chaque compagne (fig. 17). Chaque carré de fouille est numéroté à l’aide de deux nombres dont le premier est le numéro de la parcelle cadastrale et le second le numéro d’ordre en série continue.
23Les structures autres que les bâtiments (fosses maçonnées, fosses ou silos creusés dans le substrat) sont en général incluses dans un carré de fouille. Le numéro du carré complété par une lettre minuscule sert de dénomination à chacune d’entre elles (fig. 17).
24Les bâtiments n’ont pas reçu de numérotation particulière pour la fouille. Pour cette étude, une grande lettre leur a été assignée pour faciliter leur repérage sur le plan (fig. 17).
2.1.4.2. Conservation du matériel
25Les tessons ont été mis en sacs par structure et par couche. Les informations de localisation et de date de découverte ont été inscrits sur support plastique au feutre indélébible, La fouille des fours « produisant » beaucoup de tessons, les sacs employés sont des sacs d’engrais récupérés auprès des agriculteurs.
2.1.4.3. Techniques de relevé
- 9 Pour un exposé plus général (Boüard 1975: 226 et suiv.).
26Toutes les structures ont été relevées systématiquement à l’échelle du 10e. Leur implantation dans le carroyage à maille de 10 m matérialisé par les bornes en béton a été réalisée par triangulation9. Sur les structures à dessiner ont été implantés des points de dessin disposés tous les 50 cm environ sous forme de trois petits triangles opposés par la pointe marqués au feutre indélébile noir. Ce maillage triangulé par rapport au carroyage de 10 m a servi de trame pour les relevés de détail réalisés plus ou moins complètement selon le temps disponible sur le terrain. La photographie des sondages à la verticale à partir du sommet d’une échelle de 4 à 5 m permettait de compléter le relevé différé sous agrandisseur, La prise à cette hauteur limite sérieusement les déformations sur un carré de fouille de 2 m de côté même avec l’emploi d’un objectif de 50 mm. De toute manière, les marques tous les 50 cm permettent un recalage de la photographie et une correction des déformations éventuelles.
2.1.4.4. Photographies
- 10 Pour un exposé plus général et complet (Boüard 1975: 233 et suiv.).
27En plus des photographies d’ensemble ou de détail, les prises de vues verticales ont été systématiquement réalisées10. Ces dernières sont également utiles pour une observation générale grâce à la position constante de l’appareil photographique par rapport au carré.
2.1.4.5. Cahier de fouille
- 11 Pour une définition au sens large du journal de fouille (Boüard 1975 : 245 et suiv.).
28Aucun enregistrement particulier n’a été effectué dans le journal de fouille. Toutes les informations issues de la fouille y ont été consignées de manière classique11.
2.2. Monographie du site de Bollène, Saint‑Blaise‑de‑Bauzon (Vaucluse)
- 12 Ce site m’a été obligeamment indiqué par M. S. Gagnière. Pour les fouilles de 1982‑1983 (Thiriot e)
29Saint‑Blaise‑de‑Bauzon (fig. 5 et 6 a) est surtout renommé pour sa chapelle romane remarquable de pureté architecturale et décorative (Thiriot 1975 a). Cette chapelle à nef unique et corps latéral défensif, perchée sur une butte fort restreinte, est en fait, avec les vestiges d’une tour et du rempart conservé sur les deux tiers de sa longueur, l’un des derniers témoins d’un habitat médiéval qui a sans doute existé assez longtemps puisque certains endroits livrent en surface des tessons de marmites glaçurées. C’est au pied de cette colline, à l’est, qu’ont été dégagés plusieurs fours de potiers12.
2.2.1. Le site : relief, géologie, hydrologie, végétation
- 13 (Desoignies 1971). Renseignements complémentaires de M. Prat sur les qualités d’argile rencontrées (...)
30La butte de Saint‑Blaise‑de‑Bauzon est à l’extrémité est de la colline du Turonien (calcaire gréseux) qui longe au nord le synclinal de Noyères. La butte est entourée par les alluvions anciennes du Würm constituées de galets, graviers et sables. L’étude de la carte géologique montre que les gisements les plus importants sont situés au sud et au sud‑est de Bollène dans les niveaux de l’ère secondaire13. Les couches les plus importantes, couches du Santonien et du Coniacien supérieur, se trouvent aux lieux‑dits Desoulières et Noyères. C’est dans ces gisements que puisent actuellement les usines de produits réfractaires de Bollène. On y rencontre plusieurs qualités et couleurs d’argile réfractaire : blanche, gris clair et tigrée, beige, jaune, rose, rouge et violette. De ces couches proviennent également des sables jaunes siliceux. D’autres gisements de l’ère secondaire, datant du Cénomanien, ont eu sans doute beaucoup d’importance dès les temps anciens si l’on en croit les toponymes leur correspondant : l’Argilas, Argelier. A cette période correspondent également deux zones à l’ouest et au nord de Saint‑Blaise‑de‑Bauzon très proches des zones de production de poteries médiévales dont il est question ici. On y trouve de l’argile verte. Enfin les niveaux plaisanciens de l’ère tertiaire ont pu fournir une argile jaune et grise sableuse à l’est de Bollène sur le versant sud de la vallée du Lez et au sud de Bollène (près de la chapelle Saint‑Ariès).
- 14 (Prombsault 1887 : 13 et 14 et Thiriot c). La présence de potiers est attestée sur les deux versant (...)
- 15 Les fours dégagés à l’est de la chapelle Saint‑Blaise sont situés dans la parcelle 187 (cadastre de (...)
31Ce sont ces argiles, sans doute exploitées uniquement dans leurs affleurements qui ont été utilisées par les potiers de Saint‑Blaise mais aussi par leurs prédécesseurs et contemporains de la vallée de Noyères dès l’époque antique14. Plus récentes sont les installations de potiers qui ont existé au pied de la butte de Saint‑Blaise, à l’est, au sud et à l’ouest de celle‑ci15. La masse de tessons à pâte grise visibles en surface montre bien la présence de fours producteurs. L’exploitation des filons argileux, affleurant ou peu profonds, et la présence d’eau dans les ravins de Saint‑Blaise et du Devés serpentant à proximité de Saint‑Blaise avant de se jeter dans le Lez ont permis cet artisanat.
- 16 Aucune analyse de charbon n’a été effectuée sur ce site.
- 17 Cf. notes de prospections réalisées par S. Gagnière et L. Germand le 16 avril 1955 que ce dernier a (...)
32La végétation devait être assez proche de celle du synclinal des Noyères mis à part les essences croissant dans les milieux humides16. Les chênes verts, les chênes blancs et les genévriers sont encore présents sur la butte en friche à proximité immédiate des fours dégagés17.
2.2.2. Four BSB 187A
33La fouille de ce four n’a pas été complètement effectuée en raison de l’existence d’un chemin passant sur les vestiges. D’autre part, la faible hauteur des parties conservées limitait l’intérêt d’une fouille complète. Il était plus profitable de concentrer les efforts sur les fours 187B et 187D mieux conservés. Tout en vérifiant le type d’installation, la position exacte du four a été définie par rapport à la prospection magnétique. L’orientation a pu être précisée et apporter quelques données complémentaires pour l’organisation de cet atelier.
2.2.2.1. Implantation du sondage
- 18 Se reporter à l’étude de la prospection magnétique (fig. 2 a et b).
34Un sondage de 1,5 m de large sur 3 m de long d’orientation nord/sud a été ouvert (fig. 5 b). Son centre a été décalé de 0,5 m vers le nord par rapport à l’indice d’intensité maximum du champ magnétique18.
2.2.2.2. Stratigraphie
35Son étude présentait assez peu d’intérêt étant donné le caractère restreint de la fouille. Les labours récents avaient atteint le rocher qui apparaît sur la plus grande partie du sondage au sud. La couche 2 de dépotoir de potier a été trouvée en dessous de l’horizon cultivé. Ce dépotoir est constitué de terre noire charbonneuse comportant de nombreux tessons.
2.2.2.3. Structure
- 19 Seules les données de fouilles sont examinées ici. Pour une meilleure compréhension de cette struct (...)
- 20 La surface conservée de la sole a été affectée par les labours.
- 21 Voir le four 995D de Saint‑Gilles‑du‑Gard (Thiriot 1975 b).
36Les parties construites19 dans une excavation préalable du rocher sont conservées sur environ 0,30 m de hauteur (fig. 6 d). Deux murs approximativement parallèles, distants d’environ 1,70 m, constituent les parois latérales du four orienté ouest/est. Ils se resserrent légèrement à l’est autour du foyer. La bouche de celui‑ci se trouve donc orientée vers l’est. À mi‑distance des murs latéraux (partie occidentale de l’espace construit) se trouve la sole large d’environ 0,50 m. Il n’y a pas de trace apparente de pilier à son extrémité20. Deux couloirs sont ménagés de part et d’autre de la sole. Ceux‑ci sont en légère pente vers l’est. Ces différentes parties sont construites en pierres calcaires locales liées à l’argile sableuse. Plusieurs points particuliers sont à noter. Des pierres ont été posées verticalement contre les parois verticales de la sole afin d’élargir la surface supérieure et surtout de protéger la maçonnerie contre les effets de la chaleur. Plusieurs pierres plates ont été posées à l’entrée du couloir nord au niveau de l’extrémité est de la sole (fig. 6 d). Ces pierres ont pu servir à retenir des cendres dans le couloir les empêchant ainsi de retomber dans le foyer. Ce type d’aménagement a été rencontré dans d’autres fours21.
2.2.3. Four BSB 187B
37Ce four, bien conservé mais sur une faible hauteur, a été fouillé intégralement. D’autre part, les réparations dont il a été l’objet nous ont incité à détruire partiellement ce four afin d’en comprendre les raisons.
2.2.3.1. Implantation du sondage
38Deux sondages imbriqués de 3 x 3 m ont été implantés sur le four et son accès (fig. 5 b). Le centre du sondage sur le four a été décalé de 0,5 m vers le nord par rapport à l’indice maximum du champ magnétique (fig. 3 b).
2.2.3.2 Stratigraphie
391. Terre cultivée comportant quelques tessons. À l’est de l’accès au foyer : trace de plantation récente d’un arbre fruitier (fig. 8 b et c).
2. Terre noire très charbonneuse renfermant beaucoup de tessons, d’assez nombreux cailloux et fragments de terre cuite de placage. Quelques traces d’argile rouge non cuite sont les rares témoins de la couche d’écroulement du four ; cette dernière a disparu lors des différents labours.
3. Cendres très peu épaisses fouillées globalement et comportant d’assez nombreux tessons.
4. Cendres sur lesquelles ont été faits les empierrements successifs à l’extrémité des couloirs.
5. Mortier constituant la deuxième paroi à l’extrémité des couloirs.
6. Cendres entre la première et la deuxième paroi à l’extrémité des couloirs.
7. Mortier constituant la première paroi à l’extrémité du couloir.
Fosse d’accès au foyer. La couche 2 est présente sur toute la Surface de l’accès. La couche 3 ne se rencontre qu’à proximité de la bouche du foyer. En dehors de cet accès, le rocher non entaillé est recouvert d’une fine couche de terre brun jaune clair avec gravier.
2.2.3.3. Structure et réparations
40L’accent est essentiellement mis sur les différentes périodes de réparation qui présentent ici, un grand intérêt. Par contre, l’étude de la structure est moins poussée que celle du four 187D,
- 22 La présence de tels blocs a été relevée uniquement sur le four 187D. À Saint‑Gilles‑du‑Gard, ce poi (...)
41L’excavation préalable (fig. 8 a et b) est en forme de « fer à cheval » dont les branches légèrement courbes sont orientées vers le sud‑ouest. Sa profondeur maximum est de 1 m par rapport à la surface actuelle du rocher. L’espace central est taillé en réserve. Le « fer à cheval » s’ouvre au nord‑est sur une fosse d’accès assez largement développée. La majeure partie de sa surface est creusée dans le rocher sur une faible profondeur (environ 0,30 m) et permet une descente lente vers l’orifice du foyer. Quelques dizaines de centimètres en avant de la porte, le sol a été un peu plus entaillé afin d’atteindre le fond du foyer. C’est à l’endroit de cette rupture de pente que devaient être placés les blocs destinés à l’obturation de la bouche du foyer en période de post‑cuisson réductrice22.
- 23 ) 27 prélèvements ont été effectués sur les pierres de construction et de réparation du four ainsi (...)
- 24 C’est pour cette raison que la numérotation des différentes réparations est arbitraire et ne corres (...)
42Toutes les parties construites sont réalisées à l’aide de pierres calcaires locales liées au mortier d’argile et de sable23. Plusieurs réparations ont affecté le plan d’origine. Leur chronologie relative n’a pas toujours pu être définie de façon rigoureuse. Ces différents états sont examinés successivement suivant l’interprétation qui semble la plus plausible24. Les autres possibilités sont envisagées ensuite (fig. 7 a). Ces modifications sont presque toujours réalisées à l’aide de pierres calcaires liées au mortier d’argile et de sable (couleur grise lorsqu’il est cuit, rouge lorsqu’il a seulement chauffé). Seules les réparations numérotées 3 et 8 sont réalisées en pierres sèches (remplissage des vides avec de la terre noire charbonneuse avec tessons).
■ État I
- 25 L’excavation n’a jamais été reprise par la suite puisque les transformations ont toujours été faite (...)
43L’excavation est faite comme précédemment25. Le plan ovale de cette partie construite s’étend sur 3,30 m de long pour une largeur inférieure maximum de 1,90 m et une largeur moyenne des couloirs de 0,70 m (le grand axe étant orienté sud‑ouest/nord‑est). Une paroi de plan concave est construite au nord et au sud (fig. 7 a et b). Ces parois butent au sud‑ouest contre le rocher non entaillé. Au nord‑est, l’ouverture du foyer (largeur : 0,80 m environ) est couverte en bâtière à l’aide de deux grondes pierres plates (fig. 7 c).
44La paroi sud n’est construite que sur la moitié de sa hauteur car elle prend appui sur le rocher qui a été entaillé en escalier. Le rocher étant ici en strates à pendage vers le sud, elle a pu être construite de cette façon à partir du fond (fig. 8 d et e). La face nord est construite à partir de la base de l’excavation des couloirs afin d’éviter tout glissement des strates géologiques.
- 26 Fig. 8 c. Cette coupe 5.6, coupe axiale sur le couloir sud, n’est pas exactement dans l’axe car ce (...)
45Le centre du four est également construit sur une très faible largeur dans ce premier état (fig. 8 d : relevé en pointillés). La partie construite ici est minime parce que le rocher a été largement conservé lors de l’excavation (fig. 8 b et d). Ce mur central est très long et d’orientation sud‑ouest/nord‑est comme la structure (fig. 8 b). Le fond des couloirs ménagés entre les parois et la sole est en légère pente vers l’est (fig. 8 c). L’extrémité ouest est enduite de mortier (couche 7) suivant une pente plus rapide amorçant ainsi la paroi verticale de fond du four26. C’est dans cette paroi de fond que devait s’ouvrir la porte d’accès à la sole dont on n’a retrouvé aucune trace sur ce four (voir le four 187D à ce sujet). La paroi sud surtout présente des traces d’usure dues aux nettoyages répétés du foyer.
46La façade (fig. 8 a et 7 c) est de ce four semble avoir été permanente. Elle ne présente aucune retouche dans la partie dégagée au nord. Cette partie nord est pratiquement orientée nord/sud. Elle repose sur la surface d’une strate rocheuse en pendage à 30o environ vers le sud. Comme le reste de la construction, cette partie est réalisée en lits horizontaux de pierres plates calcaires liées à l’argile. Une pierre horizontale plus épaisse que les autres sert de support à l’une des pierres obliques de la bâtière formant la couverture de la porte du foyer.
47La partie sud de la paroi présente les mêmes caractères. Elle est toutefois moins développée car le rocher y a été peu entaillé (sans doute à cause des problèmes de stabilité relatifs au pendage naturel du rocher : voir plus haut la construction de la paroi sud du four). La différence d’orientation de la façade avec le grand axe du four est à remarquer (fig. 8 a). Doit‑elle s’expliquer par l’existence d’une façade non rectiligne, c’est à dire d’une façade dont les parties nord et sud forment un léger angle rentrant vers le four ? Cette disposition permettrait une meilleure stabilité de la construction en quelque sorte « talutée » (voir à ce sujet le four 187D).
■ État II
48Après utilisation du four (couche 6 de cendres), l’extrémité des couloirs est à nouveau enduite de mortier d’argile (couche 5) scellant une pierre plate oblique (fig. 8a et c). Cette nouvelle cloison (fig. 7a : 2) rétrécit la longueur des couloirs. C’est, semble‑t‑il, un phénomène constant dans les fours de ce type.
■ État III
- 27 Ces blocs ne sont pas issus du substrat sur lequel sont construits les fours. En outre, les interst (...)
49La réparation ou amélioration du four est de même type que précédemment. Ici encore, elle est effectuée après utilisation du four (couche 4 de cendres). Cette fois le rétrécissement de la longueur des couloirs est plus important (fig. 7 a : 3). Il est réalisé à l’aide de blocs calcaires apportés de la campagne environnante27. Ce remplissage de pierres sèches est réalisé en escalier (fig. 8 c).
■ État IV
50À ce stade de l’utilisation du four, il semble que la structure ait subi de graves dégâts rendant obligatoire un grand programme de travaux. Ici la chronologie est d’ailleurs très difficile à établir et, en tout cas, ne peut l’être de façon formelle. Un chemisage total des parois est entrepris en plusieurs étapes (fig. 8 a, 7 a et 7 d).
- 28 Toutes ces opérations de réparation ont été numérotées séparément sur la figure 7 a à laquelle on s (...)
- 29 Fig. 8 e (coupe 2.8) : partie pointillée : extrémité de la sole numérotée 4.
51Chemisage de l’extrémité de la sole28 : numéroté 4. Il a pour effet d’élargir la sole sans toutefois la surélever. Le volume de construction est plus grand au nord qu’au sud et pratiquement minime à l’est. Au sud, la paroi initiale de la sole a été détruite en partie (traces de parties ayant subi le feu) afin de pouvoir accrocher le nouveau parement. À l’est, l’extrémité a été conservée uniquement en partie basse ; les parties hautes étant reconstruites29. Enfin, on peut remarquer l’utilisation d’argile maigre de couleur verte à la base de cette réparation.
- 30 Un léger intervalle existe entre la paroi d’origine et le chemisage ; il est rempli de terre noire (...)
52Chemisage de la paroi nord : numéroté 5 et 6 au nord. Ce doublage de la paroi s’appuie sur la réparation 3 en escalier et recouvre toute la paroi jusqu’à la bâtière de la porte du foyer. Une coupure oblique, approximativement au milieu de la longueur, indique l’établissement en deux étapes (partie est 5 puis partie ouest 6, car la coupure est en pente vers l’ouest) de cette nouvelle paroi. Cette coupure n’a pas subi le feu. Les deux parties ont donc été faites immédiatement l’une après l’autre30.
- 31 La figure 7 d montre la paroi sud après les différentes étapes de démolition partielle. Le chemisag (...)
- 32 Se reporter au paragraphe 5315.
53Chemisage de la paroi sud : numéroté 5 et 6 au sud 31. L’édification de 5 a nécessité la destruction par endroits de la première paroi (état I) redégageant ainsi le rocher : cette opération ayant pour but un meilleur accrochage de la nouvelle paroi et l’alignement de son parement interne avec la paroi intérieure au niveau de l’empierrement 3. La même numérotation a été adoptée car il semble que la réparation a dû être effectuée symétriquement. Malgré tout, on peut remarquer que la coupure entre 5 et 6 au sud n’a pas la même configuration que celle du nord. Ici, la partie ouest 5 a été élevée et a subi le feu avant l’édification de la partie est 6, qui, de plus, recouvre l’extrémité est de 5 sud. On constate donc une sorte de dissymétrie puisque le four a fonctionné alors que la paroi sud n’était pas totalement chemisée. Il y a ici un point difficile à expliquer, qui ne peut sans doute se limiter à une simple volonté de changer l’orientation du four. Ce quatrième état présente d’importantes transformations peut‑être dues à une reconstruction des parties hautes sur de meilleures bases. Le fait que la coupure entre 5 et 6 ou nord et au sud se trouve juste dans l’alignement de l’extrémité de la sole 4 semble lié à la reconstruction de ces parties hautes32.
54La surface intérieure du four est fortement réduite : longueur : 2,50 m ; largeur maximum : 1,50 m ; largeur moyenne des couloirs : 0,40 m au nord et 0,50 m au sud; largeur de l’ouverture du foyer rétrécie : 0,60 m.
■ État V : 7
55La chronologie entre les réparations 7 et 8 ne peut être établie (fig. 7 a). Toutefois, il semble que la réparation 7 doit être placée avant le rétrécissement 8 de la longueur des couloirs. On remarque, à ce sujet, que les transformations dans l’état précédent réduisent toutes les dimensions intérieures du four sauf la longueur des couloirs et du foyer, et qu’il y a une différence de largeur dans les couloirs depuis les réparations de l’état IV (au nord : 0,40 m et au sud : 0,50 m). Ces deux derniers points vont être légèrement corrigés par une construction 7 à l’avant de la sole 4. Cette construction prend largement appui sur le rocher, d’où son empattement important par rapport à la surface de la sole supplémentaire (fig. 8 a et 7 b). Cette construction 7 est réalisée légèrement de biais par rapport à l’axe de l’ancienne sole : ce qui a pour effet de réduire légèrement l’ouverture du couloir sud (largeur ramenée à 0,40 m).
- 33 Dans l’état IV on a remarqué au nord la construction de 5 puis de 6 sans utilisation du four. Par c (...)
56Si l’avant de la sole est constitué par un pilier qui supporte le voûtement, il faut alors envisager dans ce cinquième état la réfection du voûtement au moins sur le foyer33.
■ État VI : 8
57La longueur des couloirs est raccourcie par un nouveau blocage de pierres sèches (comblement des interstices à l’aide de terre noire avec tessons). Cet empierrement annule la surface en escalier de l’état III et ne reprend pas cette formule : la paroi offerte au feu est presque verticale. Comme pour la précédente transformation des couloirs, le remplissage de cendres 4 n’a pas été totalement enlevé et passe au‑dessous des pierres.
■ Autres chronologies possibles entre les différentes réparations
- 34 M. R. Poli a effectué le calcul de permutations à ce sujet.
58Les états I, II et III sont valables dans tous les cas. À partir du nombre de réparations et sachant que certaines sont réalisées obligatoirement après d’autres (8 après 6 nord, 5 nord et 5 sud ; 8 après 4 ; 7 après 4 ; 6 sud après 5 sud ; 6 nord suivant immédiatement 5 nord), le nombre d’arrangements possibles est de 6634.
59Il est bien évident que l’étude de ces différents cas ne peut être envisagée ici. Elle apporterait peu de renseignements supplémentaires. Si nous groupons dans une même étape les réparations 5 et 6 nord et 5 sud (soit les obligations suivantes : 8 après 6 nord, 5 nord et 5 sud ; 8 après 4 ; 7 après 4 ; 6 sud après 6 nord, 5 nord et 5 sud), le nombre d’arrangements possibles est de 16.
60Enfin, si on envisage comme cela est suggéré dans l’état V que la voûte du foyer a été refaite, on peut rassembler les réparations 7 et 6 sud. Avec cette nouvelle condition qui s’ajoute aux précédentes, quatre arrangements sont possibles :
-
1,2,3,4, (6 nord, 5 nord et 5 sud), (7,6 sud), 8 ;
-
1,2,3,4, (6 nord, 5 nord et 5 sud), 8, (7,6 sud) ;
-
1,2,3, (6 nord, 5 nord et 5 sud), 4, (7, 6 sud), 8 ;
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1,2,3, (6 nord, 5 nord et 5 sud), 4,8, (7, 6 sud).
61Ceux‑ci nous ramènent à des successions de réparations importantes dont l’ordre assez peu variable peut être logique. Ce n’est pas l’étude des quelques rares tessons recueillis lors de la fouille (destruction partielle des réparations) dans le bourrage arrière des réparations qui permettra de choisir dans ces chronologies possibles. En effet, les réparations doivent s’y succéder dans un laps de temps assez court de l’ordre de la décennie, peut‑être moins : ce qui permet difficilement une mise en évidence de l’évolution des formes sur un temps aussi court et surtout à l’aide de quelques tessons (la typologie ne peut s’effectuer qu’à partir d’une masse importante de tessons).
62Ce four présente un grand intérêt pour l’étude des réparations dues à des accidents ou à l’usure des constructions. Ces transformations sont, peut‑être également, la preuve de la recherche d’une structure idéale fonctionnant suivant les besoins du potier. À la fin, l’espace intérieur de ce four 187B a été fortement réduit, facilitant le voûtement mais aussi agrandissant beaucoup la surface d’enfournement des poteries à cuire. Les empierrements successifs aux extrémités des couloirs ont‑ils pu faire office de sole supplémentaire ? Pour se faire une opinion plus complète, il nous aurait fallu une structure conservée un peu plus en élévation. C’est le cas du four 187D examiné un peu plus loin : un autre type d’évolution de la structure y apparaît.
2.2.4. Four BSB 187 C
63Le dégagement de 1974 n’a concerné que des couches superficielles noires. Faute de temps, ce four a été gardé en réserve. L’agrandissement de la route passant aux pieds de ce dernier a rendu la fouille obligatoire en 1982 et 1983 et a révélé un ensemble de cinq fours à chaux à peu près contemporains des fours de potiers (81).
2.2.5. Four BSB 187D
- 35 (Thiriot 1975 a ; Aujourd’hui 1981 : 71, fig. 249). La numérotation de la stratigraphie a été repri (...)
64Parmi les fours découverts sur ce site, l’état de conservation exceptionnel du four 187D et le fait que sa voûte se soit écroulée sur la charge de poteries en fin de cuisson, ont permis de le présenter comme un four défini presque intégralement35.
2.2.5.1. Implantation des sondages
65Le centre du sondage principal de 3 x 3 m a été implanté avec 0,50 m de décalage vers le nord par rapport à l’indice d’intensité maximum du champ magnétique (fig. 2 a et 5 b). L’ensemble initial a été dégagé entièrement en 1982 permettant une meilleure définition de l’accès au foyer.
2.2.5.2. Stratigraphie
- 36 Toutes les couches de remplissage du four et de son accès comportent une grande quantité de tessons (...)
- 37 Cette observation de fouille pourrait expliquer le caractère fragmentaire des reconstitutions de po (...)
661. Terre cultivée comportant quelques tessons. Sous cette couche apparaît à l’extérieur du four une surface de terre plus ou moins argileuse brun jaune avec graviers : sol à la surface du rocher (fig, 10 b et 12 a).
2. Terre noire charbonneuse d’abandon du four. Cette couche présente des aspects différents dans le four et dons l’accès au foyer36.
Intérieur du four : Ici la couche est numérotée 2 uniquement cor il n’y a pas de limite bien définie entre les différentes parties. En surface : terre noire avec beaucoup d’argile jaune et rouge assez dure et très nombreux cailloux, fragments d’argile cuite de placage et pratiquement pas de tuiles. En dessous, l’empierrement est plus aéré dans une terre plus brune avec de nombreux gros fragments.
Sur la sole : Très nombreuses poteries cassées sur place surtout à l’ouest. On remarque également de nombreuses poteries cassées dans les couloirs surtout dans celui du nord. Dans la partie inférieure de cette couche très épaisse, la terre devient plus fine (infiltrations ?) avec moins de poteries mais toujours la même quantité de pierres qu’au‑dessus. Un fragment de tegula romaine appartient à cette partie basse de remplissage. En surface, on constate une densité plus faible de pierres et de gros tessons en son centre par rapport à la périphérie. D’autre port, la terre noire renferme à ce niveau outre de nombreux tessons, quelques ossements non calcinés d’animaux. Ceci tend à prouver que le four a été visité après son abandon pour la récupération des poteries intactes et a ensuite servi de dépotoir37. Un empierrement particulier existe dans la bouche du foyer (fig. 11 e) : il a pour but d’obturer cette ouverture au moment de la phase réductrice en fin de cuisson des poteries.
Accès au foyer : la coupe axiale montre une succession de couches d’abandon assez intéressantes qui se prolongent dans le foyer :
2a. Terre noire charbonneuse comportant de nombreux tessons et assez peu de cailloux.
2b. Terre brune sans tessons.
2c,d,e. Terre jaune argileuse avec cailloux. Témoins de l’écrouler ment périodique de la façade du four (pierres liées à l’argile jaune).
2f. Partie basse du remplissage en période d’abandon : terre noire charbonneuse comportant de nombreux tessons et surtout beaucoup de cailloux déversés à partir de l’est. Trace d’argile rouge non homogène. Cette couche est déversée sur la surface de la couche 4 qui précède l’abandon du four.
3. Cendres noires charbonneuses avec tessons uniquement dans le foyer.
4. Cendres gris clair avec tessons recouvrant tout l’accès au foyer. La surface de cette couche présente un assez large palier horizontal devant la bouche du foyer. Sa dureté n’est pas assez grande pour avoir servi longtemps de sol.
5. Cendres grises retenues par quelques cailloux dans la partie est de l’accès. Sa surface présente de nombreux tessons cassés en tout petits morceaux avec graviers : elle a donc servi de sol (dureté faible toutefois sans doute due au fait que le passage régulier s’effectue plus bas). Ces deux couches 4 et 5 reposent par contre sur une surface très dure ayant servi de sol pendant un certain temps.
6. Cendres gris clair.
7. Cendres noires charbonneuses.
8,10,12,14. Cendres gris clair entrecoupées de traces de cendres noires charbonneuses.
9,11,13,15. Cendres noires charbonneuses. Gros charbons de bois dans les couches 13 et 15.
16. Cendres gris clair dont la surface est très dure. Cette couche recouvre l’empierrement du fond des couloirs (elle bute contre deux cailloux barrant l’entrée du couloir). Elle est également rencontrée dans le foyer recouvrant l’empierrement du fond du foyer. Ici, elle a servi de sol dans la partie extérieure au foyer.
17. Terre cendreuse noire avec beaucoup de tessons recouvrant un sol (surface de la couche 22) dans l’accès. Elle présente des traces de couches de cendres grises.
18. Cendres noires charbonneuses dans lesquelles a été établi l’empierrement du fond des couloirs. Cet empierrement est postérieur à l’empierrement du foyer (cf. couches suivantes) et plus irrégulier (fig. 11 c).
19,20,21. Cendres grises, noires charbonneuses et gris clair dans le fond des couloirs et venant buter contre l’empierrement du foyer (fig. 12 a).
22. Cendres noires charbonneuses englobant l’empierrement du foyer. De nombreux fragments d’argile cuite de placage ont été placés dans l’empierrement à l’entrée du foyer. Les pierres sont posées en oblique (pendage vers l’ouverture du foyer) et montrent bien qu’il s’agit d’un aménagement volontaire des parties basses de la structure (fig 10 b et 11 e). Cette transformation se fait d’ailleurs en deux temps à des niveaux légèrement différents dans le foyer et dans les couloirs (fig. 12 a et 11 c: la différence de niveau apparaît clairement entre les deux empierrements). La surface de la couche 22 à l’extérieur du foyer est très dure et a servi de sol.
23. Cendres grises dures.
24. Terre cendreuse brun noir avec traces d’argile rougie et beaucoup de tessons. Cette couche recouvre toute la surface du rocher suivant une épaisseur très variable.
25. Cendres gris clair.
67Les couches de cendres d’utilisation du four comportent toutes un très nombreux matériel céramique et quelques fragments d’argile cuite de placage à l’exclusion de tout ossement d’animal.
2.2.5.3. Structure
- 38 Cette constatation a été faite sur les fondements du four 187D mais surtout sur le four 187B, égale (...)
68La roche géologique a été entaillée en vue d’installer le four solidement sur cette base. L’orientation et la forme de l’excavation ont été définies dès le départ en accord avec le type de four à construire38. C’est ainsi que l’entaille d’orientation générale ouest/est avec un léger décalage vers le sud‑est se présente sous forme d’un « fer à cheval » aplati dont les branches parallèles orientées vers l’ouest (fig. 10 ; 12 a, b et c) ont leur fond en pente douce vers le foyer. L’espace entre ces deux couloirs est réservé permettant une assise plus intéressante pour la sole qui y est aménagée. Le « fer à cheval » débouche sur une aire d’accès également entaillée dans le rocher.
- 39 L’argile verte est celle du Cénomanien. Ce mélange argile‑sable est appelé la madrague : terme sans (...)
- 40 Un échantillonnage a été réalisé sur les pierres en place de la construction afin de mieux définir (...)
- 41 Fig. 12 d : schéma représentant les différentes étapes de la construction.
- 42 L’excavation dans le rocher a été retrouvée au cours d’un sondage effectué après parution de la pre (...)
69À partir de cette appropriation du sol rocheux, les parois du four ont été montées en pierres locales maçonnées abondamment à l’argile verte mêlée de sable (fig. 11 b) qui a été cuite totalement lors de la première chauffe39. L’espace construit est défini à la base par un rectangle de 1,80 m de large (largeur inférieure) sur 1,80 m de long dont le tiers central de la surface est occupé par la sole, prolongé par un trapèze de 1,50 m de haut (soit 3,30 m de longueur totale intérieure pour le four) à parois latérales légèrement concaves ouvrant par une porte d’environ 0,90 m de large sur la fosse d’accès. Les parois verticales sur la partie arrière rectangulaire sont édifiées avec des pierres calcaires40 de faible épaisseur par rapport à leur longueur. Ces parties latérales41 ont été bâties avec un parement bien appareillé et un blocage de l’espace laissé jusqu’à l’entaille du rocher, réalisés avec le même matériau lié à l’argile jaune sur une largeur d’environ 0,55 m. Le parement de ces faces latérales ne présente aucun accrochage d’un voûtement éventuel sur les couloirs longeant la sole qui aurait pu agrandir la surface de celle‑ci. Le fond du four, face ouest, est également bâti avec les mêmes matériaux sur une base rocheuse aussi profonde que celle des faces latérales42. Il a été construit après les parois latérales (le mur de fond bute contre elles). La partie inférieure de ce mur, en dessous du seuil de la porte d’accès à la sole, possède un léger fruit.
70La porte d’accès à la sole y a été aménagée (fig. 11 a). Ses piédroits verticaux à bord intérieur arrondi sont appareillés. La sole, réservée par l’entaille du rocher, est aménagée en surface horizontale par une maçonnerie de même type recouverte d’une couche d’argile cuite mêlée de très nombreux tessons de petite taille (fig. 9 a). Son extrémité orientale surplombant le foyer porte une pile carrée appareillée en gros moëllons calcaires (fig. 9 a). Ce pilier qui s’incurve au‑dessus du foyer est destiné à porter la voûte ainsi que les parties supérieures de la construction couvrant la sole et les couloirs.
- 43 Cf. note 88.
- 44 fig. 11 f : fragments d’anses pris dans le mortier,
- 45 Voir les hypothèses de reconstitution dans l’essai de synthèse de ce type de four.
71Les forces latérales de la voûte sur le foyer43 sont montées en même temps que les murs latéraux leur correspondant (murs latéraux du rectangle arrière] à l’aide de pierres d’une épaisseur identique pour une longueur beaucoup plus grande. Ces pierres sont montées en encorbellement permettant un voûtement plus aisé de l’espace (fig 11 f). Les massifs de blocage correspondant à la voûte du foyer comprennent une portion construite d’une manière identique aux murs latéraux complétée par une masse de pierres posées en oblique contrebutant les reins de la voûte (fig. 10 a et 9 b). La partie centrale orientée de la voûte a été bâtie de façon fort différente (une coupure oblique de part et d’autre de la porte sépare cette partie des faces latérales : fig. 11 f). Construite sur la porte du foyer couverte d’un linteau en bâtière, cette portion de voûte a été montée à l’origine, et peut‑être souvent refaite, à l’aide de petites pierres plates liées dans un mortier fort abondant d’argile et de sable. Ce mortier a été également utilisé pour renforcer la face interne de cette portion de voûte où il a été armé avec de très nombreux fragments de poteries grises44. Cette dernière phase de construction se termine à l’est par un mur de façade réalisé à l’aide de longues pierres plates liées à l’argile jaune (fig. 9 b). Cette façade présente un angle légèrement rentrant vers le four, permettant une meilleure stabilité puisque la maçonnerie s’appuie sur le rocher entaillé (dans le four 187B, la partie nord de la façade dégagée présente le même caractère). D’autre part, cette murette constituant la façade n’est peut‑être pas conservée sur toute sa hauteur45.
72La fosse d’accès entaillée dans le rocher en avant de la façade orientale du four est grossièrement circulaire. Elle est bordée à l’est par une petite murette composée d’un ou deux lits de pierres empilées sans liant servant à retenir à l’extérieur de celle‑ci les cendres mêlées de tessons provenant des rebuts de cuisson et du nettoyage du four (fig. 10 et 9 b).
- 46 La reconstitution du voûtement est envisagée dans l’essai de synthèse de ce type de four. Son écrou (...)
- 47 Fig. 6 a, 10 b, 11 d et 12 d : la destruction partielle de la sole (partie nord‑ouest au contact de (...)
73Les modifications apportées à l’édifice initial montrent que l’utilisation du four ainsi construit devait présenter des inconvénients : modification et ajustement du système de cuisson ou réparation due à l’écroulement d’une partie du four ? Il semble bien difficile de se prononcer sur ce problème. Il est probable que l’écroulement accidentel de la voûte sur les parties arrière du four soit à l’origine de certaines de ces transformations46. Parmi les causes possibles de ces changements, l’amélioration des conditions de cuisson n’est pas à négliger. Les différentes modifications apportées à cette structure sont examinées dans l’ordre chronologique. L’interprétation de ces travaux successifs ne peut trouver confirmation qu’après la fouille minutieuse de nombreuses autres structures de ce type47.
■ État I48
- 48 La numérotation des soles successives apparaît en chiffres gras sur la coupe 1.2 (fig. 10 b). Les d (...)
74D’après l’examen précédent, la paroi de fond du four (façade ouest) a été construite après les faces latérales. Ce mur de fond, comme l’excavation dans le rocher à cet endroit, présente une légère pente vers l’intérieur du four. Seule la partie supérieure du mur est verticale (fig. 12 d). La première sole a été construite en même temps que ce mur. Elle est constituée d’une série de lits de pierres plates horizontales liées à l’argile vert jaune reposant sur un éperon rocheux taillé en réserve. La surface supérieure est enduite d’un mortier d’argile qui recouvre également le mur de fond. Seule cette partie supérieure a été cuite. Il n’y a pas eu de cuisson du four avant la construction de cette première sole. Cette sole (numérotée Id), qui se développe assez largement, semble toutefois un peu basse par rapport au niveau du foyer.
■ État II
75Après utilisation du four sur une durée qui reste inconnue (traces de cendres grises très fines entre la sole 1 et la sole 2), une paroi vient doubler le fond du four. Ce nouveau mur (numéroté 2a), penché lui aussi, est construit en moëllons liés à l’argile. Son sommet, environ à mi‑hauteur de la construction conservée, est réalisé à l’aide d’un lit de pierres plates posées de chant (fig. 6 a). Ceci montre bien qu’il n’a pas été conçu pour être élevé plus haut. Si cette murette sert à faciliter la circulation des gaz dans le fond du four, elle semble avoir surtout permis un meilleur accès à la sole en servant de marche d’escalier. Dans cette phase de transformation, une nouvelle sole a été édifiée en haussant légèrement la précédente (numérotée 2b). Pour cela, on y a déposé des pierres presque de chant liées à l’argile (fig. 10 b).
■ État III
76Un nouvel étage (sole 3) peu épais est ajouté à la sole. Il est composé de cailloux d’assez petite taille maçonnés sans ordre à l’aide d’argile (fig. 11 d et 6 a). Sa surface comporte de nombreux fragments de poteries pris dans l’argile cuite. La surface de la sole tend à diminuer surtout à cause d’une largeur moindre. La marche que constitue le mur 2a (fig. 12 d) perd de sa hauteur.
■ État IV
77Une couche d’argile grossière (numérotée 4) avec graviers mais sans cailloux permet d’élever à nouveau la hauteur de la sole. Cette couche étant assez faible, elle est cuite sur pratiquement toute son épaisseur. Là encore, la surface d’empilage des poteries est réduite par rapport à la précédente. Deux tessons ont été trouvés dans cette quatrième sole. L’effet conjugué des soles 3 et 4 est de supprimer presque totalement la murette 2a qui subsiste presque uniquement au fond des couloirs (fig. 11 d).
■ État V (état définitif de la sole)
- 49 Fig. 9 a. Afin de conserver son aspect au four, seule une très faible surface à l’ouest de la sole (...)
78Cette dernière couche (sole 5) est très épaisse et comporte de nombreuses pierres posées en lits horizontaux ou obliques. Ces pierres sont soigneusement posées sur les bords de la sole; le remplissage du centre étant fait en blocage avec beaucoup plus d’argile. On a employé ici de l’argile très grossière de couleur vert jaune et surtout rouge violacé. Quelques tessons sont mêlés à cette argile de remplissage. Le mur 2a a maintenant totalement disparu sous cette nouvelle sole élargie grâce au porte‑à‑faux des pierres de bordure. C’est à l’extrémité est de cette sole qu’un fragment de pilier appareillé a été construit49.
- 50 Fig. 12 a, en particulier : stratigraphie sur le couloir nord,
- 51 Les données de fouille sont exposées ici avec le strict minimum d’interprétation. Les raisons possi (...)
79Les aménagements successifs du foyer et des couloirs par empierrement (numérotés 5b et 5c) ne peuvent être rattachés à l’un ou l’autre état faute d’indice chronologique sûr50. Cette transformation volontaire et soignée surélevant le fond du foyer et des couloirs doit être mise en relation avec l’élévation progressive de la sole (et peut‑être avec la cinquième et dernière étape où la sole a été très fortement élevée51.
- 52 Fig. 12 d : opération numérotée 1 b.
- 53 Se reporter à la description de la structure.
80Avant de terminer la revue des différentes transformations et réparations, il fout signaler pour mémoire la reprise possible, maintes fois peut‑être, de la partie orientale de la voûte sur le foyer52. Ceci est une hypothèse fondée sur la grande différence de construction des diverses parties de cette voûte53.
2.3. Monographie du site de Saint‑Victor‑des‑Oules (Gard)
2.3.1. L’Uzège : limites, relief, paysage, hydrologie, végétation, vents
81Le terme d’Uzège est issu du diocèse rattaché après la Révolution à ceux de Nîmes et Alès pour former le département du Gard (Chabaud 1966). Actuellement cette microrégion recouvre le bassin d’Uzès et ses garrigues encadré par les vallées de la Cèze et du Gardon (fig. 1 et 15). L’Uzège, de par sa position entre la vallée du Rhône à l’est et la partie orientale du Languedoc, est une terre de passage aux influences multiples.
82L’orientation est/ouest des plissements géologiques y est particulière par rapport au Languedoc et se rapproche beaucoup de la Provence (Alpilles par exemple). Son relief est accidenté et très varié par opposition à la plaine languedocienne. Le paysage Uzègeois est essentiellement la garrigue calcaire coupée de dépressions marneuses, de crêtes et des vallées riches de la Cèze, de la Tave et du Gardon. L’aspect de la garrigue est très changeant : sur un relief en légère pente, peu accidenté ou très plat, les amas de pierrailles parsèment ces surfaces dénudées ou légèrement boisées de‑ci de‑là et parfumées d’herbes odorantes. Des dépressions accidentent ce relief (Belvezet, Valliguières...) offrant une terre cultivable. Le village s’y tient sur une surface réduite.
83Les eaux courantes ont partout taillé leur chemin dans le calcaire (l’Alzon à Uzès, le Gardon au Pont‑du‑Gard) constituant des gorges profondes aux nombreuses grottes. Les crêtes « taviennes » du type de celle qui sépare Saint‑Victor‑des‑Oules de La Capelle, dont l’un des aboutissements est le Montaigu, dominent les garrigues de leurs formes plus ou moins dentelées et étroites portant d’énormes blocs ruiniformes. Ces différentes formes de paysages s’accompagnent de dépressions porteuses d’argiles aux couleurs très variées et très vives (Cénomanien).
- 54 ) Se reporter au paragraphe 234.
84Les aspects du paysage végétal sont issus d’un certain nombre de composantes liées au substrat rocheux et sa structure, aux formations résiduelles provenant d’aplanissement des couches plissées, aux climats sans négliger la part importante des interventions humaines. La végétation naturelle couvre partout en Uzège la majeure partie des terres laissant une moindre place aux cultures (pour le canton d’Uzès : 54%). L’aspect actuel est une forme plus ou moins dégradée de la végétation primitive. La garrigue uzétienne est très abîmée par les incendies et les pâtures. Seuls subsistent quelques chênes verts et chênes pubescents au‑dessus de l’étage des genévriers, cistes et buis. Les termes de Bois de Saint‑Quentin, Bois de Saint‑Victor... montrent l’origine forestière du plateau et l’abus des écobuages et des coupes ayant ruiné la végétation arborescente. Les potiers de la région ne sont pas étrangers à cet état de fait54.
- 55 (Chabaud 1966, T. 1 : 94 et 95). La « rose des vents » a été composée à partir de 549 observations (...)
85Le climat de l’Uzège est étroitement lié aux vents qui renouvellent l’atmosphère. Leur direction ensoleille ou assombrit le paysage, arrose ou dessèche les cultures. La « rose des vents » ci‑dessous résume la périodicité des vents55. Leur répartition durant toute l’année est très variable mais avec une certaine tendance saisonnière. Le mistral par exemple a son maximum de fréquence en décembre (période couvrant novembre à mars) et son minimum d’avril à octobre.
2.3.2. Le relief à Saint‑Victor‑des‑Oules. Localisation du site
- 56 (Chabaud 1966, T. 1 : 35 et suiv., 59 et suiv.).
86Le site de Saint‑Victor‑des‑Oules fait partie du synclinal dirigé est/ouest, issu du plissement pyrénéo‑provençal de la fin du Barrémien ou Turonien, qui passe par Saint‑Quentin‑la‑Poterie, Saint‑Victor‑des‑Oules et Pouzilhac où il se termine56. La dépression y a favorisé la constitution de dépôts argileux. La phase de plissement alpin à la fin de l’Oligocène a provoqué le soulèvement du plateau de Saint‑Victor‑des‑Oules constitué par l’Oligocène sannoisien.
- 57 C’est à cet endroit qu’a été découvert le four médiéval le plus ancien du bassin (vie‑viie s. ?), à (...)
87L’étang de La Capelle (fig. 15 : au sud‑est du village) occupe le fond du synclinal recouvert d’argiles imperméables paulétiennes. À l’ouest de Masmolène, l’Alzon a entaillé profondément le substrat57. À l’ouest de l’étang de La Capelle, les deux crêtes de Tavien se resserrent sur le synclinal et s’élèvent progressivement pour atteindre 260 m au Montaigu (fig. 15 entre Saint‑Victor‑des‑Oules et Saint‑Hippolyte) et 272 m à Bruges (fig. 15 entre Vallabrix au nord et Saint‑Victor‑des‑Oules au sud). À l’ouest les crêtes disparaissent et le synclinal en « fond de bateau » s’ouvre sur le bassin miocène d’Uzès. C’est à cet endroit, sur le flanc sud de la pointe de Brugas, que se trouve, sur une petite butte légèrement détachée de la crête et sur ses flancs, le site de Saint‑Victor‑des‑Oules réputé depuis plus d’un siècle pour ses fabriques de poteries médiévales (fig. 16 b). Le nom maintenant disparu de cette contrée, les Oulières, n’était pas passé inaperçu pour E. Dumas qui notait en 1876 (Dumas 1876 : 435, note 1) : « On voit, près du village, un monticule couvert de débris de vases qui décèlent évidemment l’existence en ce lieu d’une ancienne fabrique de poteries [...] les débris [...] remontent donc tout au plus au viiie ou ixe siècle [...] ils ne doivent pas être confondus avec la poterie gauloise [...] ni avec la poterie romaine ou gallo‑romaine ».
88Les niveaux constatés à Saint‑Victor‑des‑Oules ne sont pas à la même altitude à Saint‑Quentin‑la‑Poterie à cause de l’érosion marine du Miocène à cet endroit combinée à une surélévation du synclinal de Saint‑Victor. À l’ouest de Saint‑Quentin, ce synclinal réapparaît au sud‑est de Serviers.
89Le site, dont le relief est défini précédemment, est situé au lieu‑dit Mas de Nivard et Jasse Tombade au nord/nord‑ouest du village de Saint‑Victor‑des‑Oules (fig. 16 a). L’aire d’occupation maximale semble pouvoir être délimitée :
90— à l’est par le ruisseau des Combes : tracé en diagonale sur la figure 16 a ;
91— au sud par la route de Saint‑Quentin à Saint‑Victor marquée « chemin d’intérêt commun » sur le cadastre en contournant le lieu‑dit Dourquier par le nord ;
92— à l’ouest par le chemin d’orientation nord/sud allant aux carrières actuelles marqué « chemin de Saint‑Hippolyte‑de‑Montaigu » sur le cadastre ;
93— au nord par la carrière elle‑même : en dehors de la fig. 16 a.
2.3.3. Les argiles et leur exploitation
- 58 Une lettre d’U. Dumas datée du 12 janvier 1904 signale la découverte « en creusant la terre » d’un (...)
- 59 (Dumas 1876 : 303 et suiv.) : les grandes lignes du tableau des couches rencontrées au « Grand Terr (...)
94Les argiles kaolinitiques du bassin de Saint‑Victor‑des‑Oules correspondent au Cénomanien moyen. Ces couches de sables argileux (partie supérieure bien représentée à Rouziganet58 à l’est de Saint‑Victor) et d’argiles réfractaires sont bien délimitées : à la base par les grès du Cénomanien inférieur à faciès tavien, au sommet par les assises marno‑calcaires du Cénomanien moyen à faciès paulétien. Ces argiles réfractaires du synclinal de La Capelle ‑ Saint‑Victor‑des‑Oules ont une pâte fine de couleurs très variées. Leur épaisseur totale est variable suivant les gisements : 9 m au sud de l’étang de La Capelle ou 14 à 16 m au Grand‑Terrier au nord‑est de Saint‑Victor. E. Dumas a dénombré 24 couches de terre ou Grand‑Terrier qui ont une épaisseur variable de 0,25 à 1,25 m et sont de nature assez différente (en couleur et en qualité). Leur nom local reflète ces qualités59.
95L’exploitation récente s’effectuait par puits et galeries. L’extraction des catégories utilisables a été très intense sur tout le territoire des villages jouxtant le gisement jusqu’aux environs de 1960. Au Moyen Âge, l’extraction n’a dû affecter que des affleurements dont la composition devait être légèrement différente (Vallauri 1980). Les ateliers médiévaux n’avaient aucun problème de ravitaillement sur ce plan puisqu’ils se trouvent sur ou à proximité immédiate des gisements d’argile kaolinitique.
2.3.4. La végétation : réglementation et combustible
- 60 Cf. Document sur l’abus des coupes dans les garrigues d’Uzès, Archives Communales, Uzès, C. 48.
- 61 (Devèze 1961, T. Il : 127) : mesure appliquée dès le milieu du xvie s. En fait, la réglementation s (...)
- 62 Rouis 1896 : 8 citant Venel 1775.
96L’essentiel de la végétation arbustive de la garrigue est composé de chênes verts en taillis auxquels s’associent quelques chênes kermès, genévriers, buis et cistes au‑dessus de l’étage des plantes odoriférantes telles que lavande, thym et romarin (Chabaud 1966, T. 1 : 148 et suiv.). Mis à part la nature du sol, l’aspect actuel montre l’influence dévastatrice de l’homme : incendies répétés, pacage des moutons, artisanat de la poterie. Cette dégradation est antérieure au xviiie s.60. Les coupes répétées et abusives ont entraîné une régression rapide de la végétation qui se limite à l’étage bas des broussailles et des plantes odorantes. Depuis le début du xxe s., le recul des cultures laisse la place à une végétation spontanée à base de chêne vert évoluant lentement. La protection des forêts est très ancienne (Buffault 1936). Dès la fin du xiiie s., la réglementation des usages limite aux bois morts et aux morts bois le bois de feu. Par exemple, la Charte aux Normands consentie en 1315 par Louis X le Hutin définit déjà le mort bois (Devèze 1961) : le saule, le marsault, les épines, le sureau, l’aulne, le genêt, le genévrier et la ronce. Certaines essences sont parfois ajoutées : le pin, le coudrier, le fusain, le troène, le houx à l’exclusion de tous les fruitiers quels qu’ils soient. La réglementation concernait également les matériaux que l’on peut extraire des forêts : argile, marne, sable, grès, cailloux, métaux. Les artisans devaient obtenir des autorisations d’exploitation pour l’alimentation de l’atelier ou acheter le bois de vente aux marchands61. Dans le Gard en particulier et pour l’époque moderne, les abus d’exploitation ont été nombreux et ont abouti à la dégradation quasi irréversible des forêts (Rouis 1896). En 1775 : « Il est de notoriété publique qu’en Languedoc la disette des bois à brûler est extrême [...] les manufactures en dévorent d’immenses quantités ; on détruit les arbrisseaux et broussailles [...] Dans plusieurs cantons, on cuit la tuile et la poterie avec de la paille, quoiqu’elle y manque pour la nourriture des bestiaux »62.
- 63 Analyses du Centre technique du bois.
97Les potiers du Moyen Âge ont certainement eu une influence comparable sur la forêt environnante. Des essences utilisées par les potiers de Saint‑Victor‑des‑Oules ont été identifiées63 : chêne vert, chêne blanc, merisier ? (genre Cerasus), nerprun alatern, aubépine, genévrier. Cette végétation est typique de la garrigue et de la chênaie (vert et pubescent) avec marque de dégradation (genévrier). Correspond‑elle au couvert actuel des terrains aujourd’hui abandonnés par les cultures (fig. 16 b) ? Les traces, malheureusement très rares, des végétaux sur les pièces d’argile montrent l’existence de fougères à proximité des ateliers (fig. 33 t et v). Ces quelques indications sont pourtant incomplètes. Il apparaît bien nécessaire d’entreprendre des études plus qualitatives et quantitatives sur les charbons recueillis dans les fours.
2.3.5. Hydrologie du secteur étudié
98La partie orientale du bassin d’Uzès (fig. 15) est drainée par trois ruisseaux principaux (Ricolvi 1968) : l’Alzon qui prend naissance à Masmolène et collecte la source du Moulin Neuf (5 à 10 l/s) ; le ruisseau de Rouziganet (le Merlançon) qui se jette dans l’Alzon au sud du Moulin Neuf (10 l/s) ; le ruisseau de Vallorgues qui prend sa source au nord‑ouest de Saint‑Quentin‑la‑Poterie et collecte la source d’Ayran (3 l/s).
- 64 Un puits a été foré il y a quelques années à moins de cent mètres du site étudié.
99À ce réseau principal qui alimente la Fontaine d’Eure, il faut ajouter un ruisseau, à sec depuis peu, qui prend naissance ou nord‑ouest de Saint‑Victor et longe le site étudié sur sa rive droite : le ruisseau des Combes (fig. 16 a). C’est certainement ce dernier qui a permis l’implantation des potiers dans cette zone boisée et argileuse. De plus, l’étude des eaux souterraines montre que celles‑ci sont très abondantes dans tout le bassin et qu’il devait être facile de la capter par des puits assez peu profonds64. Cette éventualité n’a pas eu de vérification dans les découvertes réalisées autour de l’atelier du xiie s.
2.3.6. La tradition potière du bassin d’Uzès
- 65 (Espérandieu 1934 : 76). Une erreur de localisation de ce lieu‑dit a fait placer celui‑ci dans la c (...)
- 66 (Espérandieu 1934 : 76). Les « notes d’Estève » dont s’est servi E. Espérandieu pour cette découver (...)
- 67 (Espérandieu 1934 : 76 et Reinach 1897). La correspondance déposée au Musée de Saint‑Germain‑en‑Lay (...)
- 68 (Espérandieu 1934 : 80) citant Reinach, Bulletin Archéologique, 1896, p. 121.
100Dans sa partie orientale, elle remonte certainement comme à Saint‑Quentin‑la‑Poterie à une époque antérieure à la conquête romaine. Au quartier d’Endourquier (fig. 16 a), au sud du site étudié ici, on a découvert en 1864 un four rectangulaire de potier romain65 : « Ce four formé d’une seule voûte en petites briques carrées [...] mesurait environ 4m50 de côté ». Cette trouvaille fut accompagnée de la mise au jour de poteries et d’urnes entières « et d’un cercueil qui contenait une épée et d’autres ornements ». Tout a malheureusement disparu. Non loin de là sans doute, d’après les recherches effectuées au cadastre et sur les propriétés de M. Barnier, « Près d’un torrent à sec [...] on a mis à jour [sic], vers 1890, [...] un creuset de 0 m 24 de haut et des débris d’autres creusets semblables »66. Les poteries découvertes à Saint‑Quentin en 1897 et acquises par Rousset d’Uzès n’ont pas été localisées67. La lecture de E. Espérandieu nous apprend également qu’un « four romain de potier, de forme circulaire, a été mis au jour, en 1893, au lieu‑dit "Carrignargue" un peu au‑dessus du Moulin de Bargeton [...] le diamètre du four est de 2m70 »68.
- 69 (Louis 1941) citant (Mazauric 1912 : 323).
- 70 (Louis 1941) citant (Mazauric 1911 : 575).
- 71 (Charmasson 1978). Voir en particulier l’essor économique p. 169 et 170. Ses références : F.O.R. Ga (...)
- 72 (Perrin 1972 : 620 et suiv.) : la mention en 1392, 1405 et 1411 de Sancto Quintino et de Santa Vict (...)
- 73 (Serre 1961 : 310). Il semble qu’une erreur de date ait été introduite concernant le registre des c (...)
- 74 ) (Chobaut 1926). À propos de l’arrêt des fabriques à Saint‑Victor‑des‑Oules (Borias 1978 : 12) don (...)
101À Saint‑Victor comme à Saint‑Quentin, F. Mazauric indique l’existence de « fabriques de tuiles et de poteries » qu’il ne situe pas69. Sur la commune de La Capelle‑Masmolène, au lieu‑dit « Serre‑d’Allia », Mazauric signale un ensemble de vestiges de différentes périodes : une enceinte néolithique ; au pied de la colline : sépultures gallo‑romaines ; un four de potier gallo‑romain de basse époque parfaitement conservé70. C’est certainement l’un d’eux qui m’a été indiqué par M. Duret (four MAS 1331 A). Enfin sur son étude sur les origines d’Uzès, M. J. Charmasson indique : « À Saint‑Victor‑des‑Oules, La Capelle‑Masmolène et Saint‑Quentin‑la‑Poterie, les bancs d’argile étaient déjà connus et exploités par des industriels gallo‑romains uzétiens »71. Cet artisanat semblait donc être assez fortement développé dans la région d’Uzès pendant l’Antiquité. L’existence de fours de période intermédiaire près de La Capelle‑Masmolène pour l’instant montre que la production de la poterie dans cette zone s’est poursuivie sans discontinuité jusqu’à nos jours. Les fours médiévaux découverts à Saint‑Victor‑des‑Oules (fig. 16 a) précèdent les ateliers qui ont dû exister à l’actuel Saint‑Victor ou à Saint‑Quentin72. Cet artisanat en période moderne et contemporaine était encore assez actif à Saint‑Victor‑des‑Oules. A. Serre indique qu’en 1709 (ou plutôt 1789?) quatre potiers y travaillaient73. H. Chobaut indique pour sa part qu’à Saint‑Victor‑des‑Oules existaient 18 fabriques à la veille de la Révolution et 7 fabriques avec 48 ouvriers en 1807. Ces productions ont cessé en ce lieu vers 188674.
102Ces différentes mentions, encore trop brèves, montrent l’importance sans doute très grande de Saint‑Victor dans la production des céramiques communes au Moyen Âge. Cette primauté semble avoir basculé vers Saint‑Quentin lors du grand essor économique lié à l’installation des papes en Avignon au début du xive s. Le nombre des installations semble toujours inférieur à Saint‑Victor dans les périodes récentes. L’économie moderne a été fatale en fin de compte à ces deux centres. Le dernier, Saint‑Quentin, a dû se maintenir quelque temps grâce à la grande variété de ses produits.
2.3.7. Fouille des différents fours
2.3.7.1. Four 91A
- 75 Se reporter au paragraphe 213.
103Ce four a été le premier fouillé à Saint‑Victor‑des‑Oules. D’un type nouveau à l’époque par rapport aux fours dégagés dans le Bas‑Rhône et l’Uzège, celui‑ci a été fouillé en demi‑volume. Les observations recueillies au cours du dégagement ont permis de mettre au point une méthode d’approche de ce type de four75.
■ Implantation des sondages
104Le centre du sondage principal de 3 x 3 m a été implanté avec 0,50 m de décalage vers le nord par rapport à l’indice d’intensité 52 800 unités du champ magnétique (fig. 17 et 3 a). Un petit sondage restreint au strict minimum à cause des plantations d’arbres fruitiers a été ouvert dans l’angle sud‑ouest du précédent afin de dégager la porte du foyer.
■ Type de fouille76
- 76 Ce four, redégagé en septembre 1977 pour la visite des participants au Colloque international du C. (...)
105Après dégagement de la couche cultivée sur la totalité du sondage de 3 x 3 m, la coupe 1.6 a été mise en place sur le four et orientée dans l’axe de la zone d’écroulement de la sole au nord‑est et du dépotoir au sud‑ouest du sondage (fig. 20 b). La moitié est du remplissage du four a été fouillée (fig. 20 a et 19). La partie ouest a été conservée comme témoin et a permis, tout en limitant la quantité de tessons recueillis, de dresser la stratigraphie du remplissage.
106Le dépotoir n’étant pas exactement à l’emplacement de la porte du foyer, cette coupe n’est pas dans l’axe du four. La position de la bouche à feu découverte ultérieurement plus à l’ouest a entraîné l’implantation d’un petit sondage sur lequel une coupe dans l’axe de l’entrée du foyer a été relevée (Thiriot 1980a : fig. 4). La partie au sud de la coupe 2.8 a été fouillée en premier lieu. Après dessin, la fouille de la partie nord a permis de dégager toute la surface des abords très immédiats de la bouche à feu et de dresser la coupe transversale 3.4 dans cette entrée. En dernier lieu, le four a été scié en trois emplacements différents afin de préciser sa technique de construction et son évolution. Le four a fait l’objet d’un essai de datation archéomagnétique.
■ Stratigraphie77
- 77 Fig. 20 b. Voir également (Thiriot 1980 a : fig. 4 et 6).
- 78 Cette couche de cendres noires est matérialisée sur la coupe 1.6 (fig. 20 b), Sur les coupes, les c (...)
- 79 Seule la surface supérieure des couches grises est très dure. Les parties inférieures sont pulvérul (...)
1071. Terre cultivée comportant quelques tessons. Les labours n’ont généralement pas atteint la surface de la sole.
2. Terre noire charbonneuse d’abandon du four. Cette couche présente quelques différences suivant son emplacement dans le four ou dans l’entrée du foyer.
Sur la sole : la surface de la sole n’a pas subi de destruction au moment du labour. Quelques centimètres au‑dessus de celle‑ ci, ont été préservés de nombreux tessons, fragments de tuiles ou d’argile cuite constituant la sole. Ils ne présentent aucun ordre apparent. Aucun autre indice n’a pu être observé à cet endroit.
Dans le four : les mêmes constituants s’y retrouvent approximativement dans les mêmes proportions.
Dans l’accès au foyer : la couche noire de même composition est divisée en deux parties (couches 2a et 2c) par une couche d’argile géologique locale de couleur jaune (couche 2b) pratiquement vierge. À la base de la couche noire inférieure 2c apparaît une murette de pierres posées en arc de cercle autour de la porte du foyer.
3. Argile jaune géologique locale (3a) surmontant une couche de couleur jaune brun d’argile mêlée à de la terre (3b). Ce niveau très homogène ne comportait pratiquement aucun corps étranger (cailloux, tessons). Ces matériaux proviennent peut‑être du creusement d’une structure à proximité du four abandonné. Ils ont été déversés dans celui‑ci par la brèche dans la sole. La partie inférieure de cette couche comportait quelques tessons.
4. Terre noire charbonneuse avec très nombreux tessons dont certains sont très gros, fragments de la sole, fragments de tuiles, quelques tessons non cuits. De nombreux charbons de bois ont été prélevés. Cette couche de dépotoir de potier a été déversée dans le foyer du four par l’orifice formé par l’écroulement de la sole.
5. Argile jaune (géologique locale) comportant peu de tessons. Une poterie à demi‑conservée était cassée sur place (profil complet, fig. 31 b). Cette couche avait un pendage général vers le sud‑ouest et commençait le comblement du foyer après abandon du four. Cette couche n’a pas été observée dans l’entrée du foyer.
6. Cendres noires charbonneuses comportant de très nombreux tessons et fragments d’argile cuite constituant la sole. Ces fragments de sole cuits en atmosphère réductrice sont gris en surface et rouge à cœur. Cette couleur donne une coloration vive au bas de la couche. Plusieurs fragments d’une poterie non cuite (dont une lèvre) ont été découverts au bas de cette couche sous les débris de la sole. Cette couche qui marque la destruction de la sole, forme un tas. Ce caractère est très net sur la coupe 3.4. Elle n’a pas été séparée à la fouille d’une couche de cendres noires constituée sur la couche 7 avant l’écroulement de la sole78.
7. Cendres gris clair dont la surface supérieure est très dure79. Cette couche, ainsi que les suivantes, comporte de très nombreux tessons.
8. Cendres noires charbonneuses.
- 80 Certaines de ces couches très partiellement conservées ou trop fines n’ont pas été numérotées à la (...)
108À partir de ce niveau, il a été impossible d’obtenir une concordance entre les stratigraphies relevées dans le foyer et l’entrée du four. D’autre part, bon nombre d’entre elles ne sont conservées que partiellement par suite de nombreux nettoyages du foyer80.
1099. Cendres gris clair avec surface très dure. À partir de ce niveau, les couches ont été tamisées et fouillées en groupes. La plupart des couches claires ont leur surface supérieure durcie.
10 et 11. Cendres noires puis cendres gris clair, fouillées ensemble.
12,13 et 14. Cendres noires encadrant une couche de cendres gris clair.
15 et 16. Cendres gris clair puis cendres noires.
17 et suivantes. Ces couches étaient peu épaisses et partielles en atteignant le fond. Plus ou moins tassées à la fouille, elles étaient difficiles à dissocier.
110L’ensemble des couches de couleurs alternativement claires et noires a été fouillé globalement pour atteindre le fond du foyer.
111Dépotoir. Une fosse au sud‑ouest du sondage initial était comblée à l’aide de terre noire charbonneuse avec de très nombreux tessons, fragments de tuiles et quelques gros fragments d’ossements animaux.
■ Sections sur le four (fig. 20 a, 21 a et b)
112L’examen des différentes sections du four situées à des endroits bien définis, permet de préciser la structure des éléments constitutifs du four (parois, soles, trous de chauffe). La qualité et la couleur des matériaux utilisés peut également apporter des informations importantes pour la redécouverte des méthodes de construction, d’utilisation et de réparation des fours. Trois sections ont été pratiquées sur ce four 91A donnant des indications à l’emplacement des trous de chauffe, de l’accrochage de la sole sur la paroi et à l’endroit où la sole s’est écroulée. Une scie égoïne a été utilisée pour obtenir une coupe franche et régulière. Aucun autre traitement de la surface sciée n’a été nécessaire pour l’étude envisagée.
Section C
113Elle a été réalisée à l’emplacement de l’écroulement de la sole au nord‑est du four et entre deux trous de chauffe, là où, en théorie, devait s’appuyer la sole.
114La paroi ne montre pas de trace de départ de voûte. Sa surface est assez irrégulière, Elle est peut‑être le résultat de l’écroulement de la sole à cet endroit ayant entraîné une partie de la paroi par effet de cisaillement (cf. section B).
115Sur cette section étudiée, aucune fente apparente n’existe dans l’argile. Au‑dessus du rocher calcaire gréseux, l’argile géologique jaune est conservée jusqu’à la paroi du four. La texture de l’argile est identique sur toute la surface sectionnée. Il ne semble pas y avoir d’apport d’argile pour « chemiser » la paroi cylindrique du four.
116L’ensemble de la frange superficielle de la paroi est cuite en atmosphère réductrice et présente une couleur gris soutenu. Toute la paroi semble donc avoir été en contact avec le feu. L’arrière a rougi sur une profondeur assez importante sous l’action de la chaleur. Les parties basses sont beaucoup plus rubéfiées au niveau du foyer que dans les parties supérieures. Le fond de l’entaille présente des traces de galeries de vers (ou de petits escargots) réutilisées par des racines. La portion inférieure de cette section montre une usure assez importante de la paroi (à cheval sur l’argile et le rocher) en cours d’utilisation.
Section B
117Elle a été pratiquée à l’emplacement d’un départ de voûte entre deux trous de chauffe. L’argile sectionnée a une texture homogène sur toute la surface de la section. Il n’y a pas d’apport d’autre argile ou d’argile géologique jaune locale plus tassée à l’emplacement du départ de voûte.
118Une grande fente existe sur toute la hauteur de la section. Cette fente irrégulière, en zig‑zag, prouve qu’elle s’est produite après construction du four (effort important au cisaillement dû au poids de la voûte sur la paroi en surplomb plus effet de dilatation). La partie supérieure de la paroi, au‑dessus de la surface de la première sole, est déversée vers l’extérieur dès la construction initiale. Est‑ce la marque de l’existence d’une murette autour de la sole ?
Section A
- 81 Fig. 21 a : sole no 7 : bouchon. Bien que la surface de la sole ne semble pas avoir été affectée pa (...)
- 82 La structure de cette partie doit être comparable à celle examinée sur les sections B ou C.
119Cette section quasi axiale sur le four a été pratiquée à l’emplacement de deux trous de chauffe dont le plus intérieur a été obturé lors de la constitution de la dernière sole en place81. Seuls les éléments constitutifs de la sole ont été sciés. La paroi externe du four a été conservée ici82.
- 83 Ces parties sont les plus soumises à la violence du feu et aux plus grandes différences de températ (...)
- 84 Vu la grande pénétration de la cuisson réductrice sur les parties inférieures de la première sole, (...)
120La partie inférieure de la section (sole 1) présente une structure constante. La texture de l’argile avec traces de cheminement de vers ou de petits escargots semble prouver que l’argile qui constitue la voûte à cet endroit n’a pas été rapportée pour sa construction. La première sole est donc aménagée dans l’argile géologique en place. De nombreuses fentes apparaissent également dans toute l’épaisseur. Certaines verticales ou légèrement obliques témoignent d’un important effort au cisaillement. Les autres horizontales, également constatées sur la section B, sont peut‑être en rapport avec les dilatations thermiques83. La cuisson a été très forte à la partie inférieure et dans les trous de chauffe puisque l’argile est devenue presque verte (à la limite de la fusion) aux endroits les plus cuits. En allant à cœur, l’argile devient lentement brun noir puis brun plus clair. La partie supérieure qui constitue la première sole est très légèrement grise84.
121Sole 2. Cette couche d’argile rapportée a une structure plus compacte. La cuisson réductrice a entraîné une coloration grise sur une épaisseur assez importante latéralement. L’effet de cette cuisson sur la surface supérieure est moins important. Ce phénomène est‑il en rapport avec le premier cas évoqué à la note 131 ?
Sole 3. Cette couche d’argile rapportée présente une couleur grise plus soutenue en surface supérieure. Un tesson pris dans sa masse confirme l’apport d’argile.
Sole 4. Couche d’argile rapportée plus mince ayant perdu ses parties latérales au contact des trous de chauffe. La couleur grise très bien marquée mais de faible épaisseur ne subsiste qu’à la surface supérieure.
Sole 5. Couche importante débordant largement sur les précédentes dans le trou de chauffe externe. La couleur grise est bien marquée en surface supérieure. Dans le trou de chauffe, la couleur est beaucoup moins noire et plus profonde.
Sole 6. Couche importante avec couleur grise bien marquée en surface supérieure, plus soutenue au contact du trou de chauffe.
Sole 7. Couche supérieure qui obture le trou de chauffe interne.
- 85 Se reporter à l’étude du four 89B qui présenté des couches très irrégulières et parfois partielles (...)
122L’étude des différentes sections sur la paroi et des différentes parties constituant la sole montre bien que la sole initiale est aménagée dans l’argile géologique en place et que les couches supérieures sont des apports généralement cuits séparément. Un doute subsiste au sujet de la composition de la première sole : a‑t‑elle été aménagée uniquement dans l’argile en place ou bien rehaussée d’une mince couche d’argile rapportée ? Il semble bien difficile de se prononcer sur ce point. La section A montre sept couches bien distinctes. D’autres sections réalisées à d’autres endroits de la sole auraient pu révéler un nombre différent de couches85.
■ Structure (fig. 20 a et 19)
- 86 Le mode de construction est examiné dans l’essai de synthèse. Le présent exposé ne concerne que la (...)
- 87 Fig. 20 a; voir également (Thiriot 1980 a : fig. 4): partie droite de chaque coupe.
- 88 Se reporter à l’essai de synthèse de ce type de four, paragraphe 523.
- 89 Fig. 20 a : plan du foyer à + 3,67 représenté en pointillé (Thiriot 1980 a : fig.4 et fig. 6).
123La roche géologique de calcaire gréseux en plaquettes et l’argile jaune sableuse qui le recouvre ont été entaillées très profondément pour donner une gronde résistance aux parties inférieures du four86. L’excavation principale est grossièrement circulaire, d’un diamètre variant entre 2,10 m et 2,30 m pour une profondeur maximale de 2,40 m par rapport à la surface actuelle de l’argile. Le fond est concave et parfois irrégulier à cause de certains bancs de roche plus durs que les autres et moins faciles à tailler. Le profil de cette première fosse est assez régulier sur les coupes axiales 1.6 et 8.287. Le surcreusement des parties basses indiqué sur la coupe 1.6 et un peu moins sensible sur la coupe 8.2 semble dû à l’utilisation du four88. Au sud‑ouest, la fosse apparaît ovalisée uniquement dans sa partie inférieure. Le fond de cette zone y est moins profond qu’au centre89.
- 90 Cette chronologie relative est reprise au chapitre des datations archéomagnétiques (paragraphe 421) (...)
- 91 La fouille des fours du terrain 91 a été réalisée uniquement à l’aide de sondages restreints sur le (...)
124Un espace d’environ 0,50 m est ménagé entre l’excavation « sphérique » et une autre fosse moins profonde, de plan sans doute plus irrégulier. Cette dernière a été creusée au sud‑ouest de la première à une profondeur moyenne de 1 m (fig. 19). Elle semble avoir été pratiquée dans une fosse déjà existante qui servait d’accès au four 91B sans doute abandonné à cette époque90. Cette deuxième fosse au plan partiellement relevé91 permettait l’accès à la bouche du foyer. Dans la partie nord‑est, un orifice d’environ 1 m de large sur 0,90 m de haut débouche dans l’excavation « sphérique » avalisée dans l’axe sud‑ouest/nord‑est. Le plan de l’ouverture est en oblique à environ 45o par rapport au plan vertical. Une troisième fosse au sud du four semble avoir appartenu à l’aire d’accès du four voisin 91 B.
125La sole en argile est située au‑dessus de l’espace central. La première voûte semble avoir été réalisée d’une seule traite. On y a ménagé plusieurs séries concentriques de trous de chauffe (fig. 20 a et 19). Quatorze trous peuvent être restitués en périphérie. Huit à neuf trous ont dû exister dans la partie médiane et plusieurs ou centre.
- 92 Fig. 21 a. Cet examen complète l’étude des différentes sections pratiquées dans les parois et la so (...)
- 93 Il y a donc eu au moins neuf états successifs de la sole de ce four. La sole montant d’environ 5 cm (...)
- 94 Il n’y a pas sur ce four le caractère « feuilleté » de la paroi du four SVO 128E.
126L’examen de la cassure de la sole montre la structure de celle‑ci dans son état initial et ses différentes réfections92. La partie inférieure de la sole montre, à l’endroit où a été réalisé le trou de chauffe, une surface lisse et homogène sur environ la moitié de son épaisseur. Au‑dessus, on dénombre par endroits au moins huit couches d’argile d’une épaisseur moyenne d’environ 5 cm93. Ces couches de réfection de la sole ont préservé la position des différents trous de chauffe à l’exception d’un seul qui a été annulé, lors de la dernière réparation, par un « bouchon » d’argile (fig. 21 a : A, sole 7). Chaque couche d’argile nouvelle est lissée à la main. La position de chaque trou de chauffe est maintenue à l’aide du lissage et présente une ouverture à bords arrondis en surface. La dernière sole en place montre la trace de ces lissages (fig. 20 a et 19). Celle‑ci est approximativement au niveau du sol d’argile. La paroi verticale du four n’est conservée ici que sur 1 à 2 cm. Elle possède une épaisseur d’environ 5 à 7 cm. Aucune trace de superstructure n’a été découverte pendant la fouille ni sur la sole (partiellement affectée par les labours) ni dans le foyer. L’examen de la paroi montre qu’elle est réalisée en une seule étape94.
127L’aire d’accès au foyer a été équipée d’une petite murette de pierres sèches sur plan demi‑circulaire en avant de la bouche à feu (fig. 20 a et 22 b). Celle‑ci, très grossièrement réalisée avec des pierres de récupération, servait à retenir les cendres enlevées du foyer à l’extérieur de celui‑ci. En outre, elle était destinée à porter les; pierres empilées devant la bouche à feu pendant la phase réductrice de la fin de la cuisson (s.l.).
2.3.7.2. Four 91B
128La fouille a été réalisée immédiatement après celle du four 91 A. Une approche un peu plus rigoureuse y a été possible.
■ Implantation des sondages
129Le centre du sondage principal de 3 x 3 m a été implanté avec 0,50 m de décalage vers le nord par rapport à l’indice d’intensité 52 800 unités de champ magnétique (fig. 17 et 3 a). Un petit sondage restreint a été ouvert dans l’angle nord‑ouest du précédent afin d’y dégager la porte du foyer.
■ Type de fouille
130Après dégagement de la couche cultivée sur le sondage initial de 3 x 3 m, la couche 2 de dépotoir de potier a été enlevée sur une profondeur d’environ 0,50 m dans le four. Ce premier dégagement a permis de constater que la sole était en très grande partie détruite.
- 95 Cette trace de rubéfaction n’a été exploitée qu’en 1979 à l’occasion du redégagement de ces fours, (...)
131Le décapage total de l’argile géologique à l’extérieur du four et dans les limites du sondage a fait apparaître une dépression au sud‑est du four avec une légère rubéfactions de l’argile95. Une zone comblée de terre charbonneuse et de tessons apparaissait également au nord‑ouest du four. Sa surface était bien délimitée par une trace d’argile rubéfiée bien dans l’axe du four. Elle matérialisait la position de la porte du foyer. La position de cette dernière a permis la mise en place d’une coupe axiale sur le foyer et son accès (fig. 24 a : coupe 1.2) et la fouille de la partie nord. Une coupe supplémentaire, parallèle à la coupe 1.2, a été implantée dans le foyer afin de limiter le volume à fouiller et la quantité de tessons recueillis (fig. 19). Ce four a fait l’objet d’un essai de datation archéomagnétique.
■ Stratigraphie (fig. 24 b et 19)
Intérieur du four
132En dessous de la couche d’humus cultivée 1 contenant beaucoup de tessons apparaissaient la sole assez faiblement conservée et les différentes couches de remplissage.
- 96 L’ensemble des couches de cendres à partir de la couche 6 est numéroté 6 sur la fig. 24 b.
1332. Terre noire de dépotoir de potier, recouvrant très légèrement la partie de sole conservée. Très nombreux tessons, fragments de tuiles, nodules d’argile rouge violacé. À la base de cette couche un amas de pierres blanches ou rouges, d’éléments de four, de galets et de fragments de tuiles semble être déversé dans le four à partir du sud‑est. Cet empierrement légèrement mêlé de terre brune est en pente vers l’entrée du four au nord‑ouest.
3a. Terre brune avec beaucoup de fragments d’argile rouge et d’éléments de fours, de tuiles et de tessons.
3b. Couche partielle de cendres grises en pente vers le nord‑ouest, Ce tas de cendres n’existe qu’au sud‑est du four.
4. La surface supérieure de cette couche de terre brune a dû servir de sol. Couche contenant à peu près les mêmes éléments que la couche 3a.
5. Couche de cendres noires avec beaucoup de tessons, nombreux fragments de tuiles et d’éléments de four dont certains sont moulés sur des tuiles. Quelques tuiles portent des traces de vitrification. Cette couche, qui forme tas, marque l’écroulement de la sole. À la base de cette couche : petite couche partielle de couleur blanche près du mur, au sud‑est.
6. Cendres gris noir avec beaucoup de tessons96.
7 et 8. Cendres gris clair très dures en surface puis cendres noires. Au bas de 8, gros amas de charbons provenant surtout de végétaux très fins. Ces deux couches ont été fouillées ensemble.
9. Cendres gris clair dures en surface surtout au sud.
10. Cendres de couleur foncée avec à la base de la couche un amas de charbons très fins. Une assez grosse quantité de ces charbons a été prélevée pour la détermination des essences des bois.
11. Cendres gris clair dures.
12. Cendres foncées. La base de cette couche correspond à la base de fondation du mur de réparation au sud‑est du foyer. Le pied de la maçonnerie repose sur un épais talon d’argile rougie. Au nord‑ouest, près de l’entrée, plusieurs blocs de pierre gisent sur la couche inférieure. Le matériel des couches 9 à 12 a été recueilli globalement.
13 et suivantes. L’ensemble des couches suivantes, très mêlées et souvent partielles, a été fouillé globalement jusqu’au fond du foyer. Dans la partie nord‑ouest, une couche d’argile rougie à la chaleur sert de fondation à la murette qui barre l’entrée du foyer.
Stratigraphie de l’entrée
134La fosse d’accès au foyer était essentiellement remplie de dépotoirs de potier dont il est possible toutefois de préciser la composition :
1351. Humus avec quelques tessons.
2. Terre noire de dépotoir de potier. Beaucoup de tessons.
4. Couche argileuse de couleur jaune avec nombreux tessons,
6. Couches de terre noire avec beaucoup de tessons. La stratigraphie exacte à ce niveau était assez difficile à définir étant donné la couleur, la texture et le mobilier identiques sur toute la hauteur.
■ Structure et aménagements (fig. 24 et 19)
- 97 Se reporter à l’examen de la structure du four 91A et aussi à l’essai de synthèse concernant ce typ (...)
136Ce four est conçu sur le même principe que le four 91 A97. Le foyer a un diamètre de 2,20 m à 2,30 m au niveau de la sole pour une profondeur maximale par rapport au niveau du sol actuel de 2,60 m. Le foyer à fond concave a subi plusieurs aménagements dont la chronologie relative a pu être précisée grâce à la stratigraphie relevée sur les couches de cendres.
- 98 La même constatation a pu être faite pour le four 91 A.
- 99 C’est certainement cette aire qui apparaît au sud du four 91A et qui a été recoupée par l’aire d’ac (...)
- 100 Se reporter au paragraphe suivant.
137Une murette de pierres liées à l’argile a été constituée dans la bouche du foyer et descend assez profondément dans le foyer (fig. 24 b : réparation R1). Un lit d’argile rougie par la chaleur sert de fondation à ce mur qui a sans doute servi à retenir les cendres à l’extérieur du foyer. Il a pu également réduire l’ouverture initiale de la porte tout en servant de point d’appui pour la fermeture de l’orifice en phase de cuisson réductrice (fig. 21 c). Une murette plus soignée de pierres liées également barre l’arrière du foyer (au sud‑est). L’espace compris entre l’arrière du mur et la paroi du foyer a été comblé de terre noire de dépotoir de potier et ne présente pas de trace de cuisson (fig. 21 d). Seule la face donnant sur le foyer a subi des cuissons réductrices répétées. Ce mur a dû être bâti pour soutenir la sole défaillante (fig. 24 b : réparation R2 ; fig. 21 d). La sole est très partiellement conservée. Elle n’apparaît qu’au nord du four. Au sud, seule la paroi verticale présente encore la trace des aménagements. La voûte sur ce four était constituée de couches multiples d’argile dans lesquelles ont été aménagées plusieurs rangées de trous de chauffe concentriques. Quatorze trous ou leurs traces sont encore visibles à la périphérie et quatre à l’intérieur. On peut estimer à dix‑sept le nombre des trous de chauffe de la couronne externe. Les axes des trous obliquent tous vers l’extérieur du four à chaque couche d’argile constituant la sole98. Aucun élément de la paroi de la salle de cuisson n’a été conservé. Au nord‑ouest du four la porte du foyer s’ouvre sur une aire sans doute assez vaste et peu profonde taillée dans l’argile géologique99. Le sol de cet accès est en pente douce vers le foyer. Au bas de la dépression, une bande d’argile rougie et disposée en demi‑cercle recouvre les pierres de la murette soulignant la bouche du foyer. La zone de destruction de la sole correspond à une zone de passage qui apparaît déjà dans la stratigraphie de remplissage de l’aire d’accès du four (base de la couche 2). Au nord‑ouest du four, au‑dessus de la porte du foyer, l’argile géologique constituant le linteau de celle‑ci forme une dépression (fig. 21 c). À l’opposé, ou sud‑est du four, l’argile géologique est entaillée profondément. Ce passage est cantonné par deux pierres plates (fig. 24 a). Au sud de ces pierres plates une nouvelle excavation assez importante a été pratiquée dans l’argile géologique qui a subi une rubéfaction100.
- 101 L’examen complet de cette structure sera présenté dans une publication ultérieure rassemblant tous (...)
138Four à pain 91 B2 (fig. 23 d et 17). L’existence d’une paroi rubéfiée se développant au sud‑est du four 91B (fig. 24 a) a entraîné la découverte d’un four à pain creusé dans le sol géologique. Ce dernier y a été installé après abandon des fours de potiers 91A et B voisins101.
2.3.7.3. Four 91C
- 102 D’après la carte magnétique (fig. 3 a), celle‑ci pourrait être au sud‑ouest du four en tenant compt (...)
139La fouille réalisée sur ce four a été très réduite. Le sondage de 3 x 2 m a été implanté avec 0,50 m de décalage vers le nord par rapport à l’indice d’intensité 52 800 unités du champ magnétique (fig. 17 et 3 a). Le sondage restreint était destiné à reconnaître la position du four et son état de conservation. Le four 91C étant très dégradé dans ses parties sud‑est, il a été jugé inutile de le dégager sur la totalité de sa surface et en demi‑volume. Seul un décapage partiel de la surface a été réalisé ici. Sous la couche d’humus, un niveau de remblai a été atteint : grosses pierres calcaires, fragments de tuiles, éléments de sole et tessons de poterie. La fouille a permis de dégager une partie de la paroi du four sur environ 20 cm de hauteur. Seul un tronçon de la paroi sud du four a été dégagé. À l’est, celle‑ci semble détruite plus profondément. L’aspect de la paroi conservée semble indiquer que la sole a été complètement détruite au moment de l’abandon de ce four. L’emplacement de la porte du foyer n’a pas été localisé dans le sondage restreint102.
2.3.7.4. Fours 89A, B, C et D
- 103 La totalité des installations a subi les destructions répétées des labours. La saignée 16 b dans l’ (...)
140L’ensemble des fours situés dans le terrain 89 (fig. 25) a fait l’ob|et d’une fouille de surface (fig. 17 : sondage 16). Ce grand décapage devait mettre en évidence les relations entre plusieurs fours et les éventuelles installations annexes repérées par la prospection magnétique. Après enlèvement mécanique de la couche d’humus cultivée, le décapage de la surface laissée par les labours répétés a été réalisé manuellement103. Plusieurs sondages partiels ont été implantés sur des fosses d’accès (fours 89A et C). Les petites fosses réparties à la périphérie du four 89A ont été dégagées entièrement à cause de leur faible surface et de leur organisation spatiale.
■ Structure des différents fours
Four 89A
141Seule la paroi du foyer de ce four qui avait 1,90 m à 2 m de diamètre est conservée. Un petit sondage effectué au sud‑ouest dans le foyer a permis de noter l’absence totale de sole en place et de repérer la position au sud‑ouest de la porte d’accès au foyer. L’aire d’accès ou foyer a été installée dans le foyer abandonné du four 89D (fig. 17 et 25). Les parois de ce dernier four ont été détruites au nord‑est afin de réduire la distance entre la fosse d’accès et le foyer. La fouille partielle de cette fosse montre un sol en pente douce jonché de tessons aboutissant à une murette de pierres liées à l’argile à proximité de la porte du foyer. De nombreuses couches sablonneuses scandent la stratigraphie et semblent prouver l’intermittence du fonctionnement par abandon temporaire. À l’extérieur du four plusieurs aménagements du sol sont distribués assez régulièrement (fig. 25 et 22 e). D’une profondeur n’excédant pas 10 cm pour une surface d’environ 50 à 70 cm de long pour 40 cm de large, ils montrent l’empreinte répétée de bois de section carrée légèrement obliques qui ont pu supporter une couverture temporaire de protection du four entre deux cuissons.
Four 89B
- 104 Leur taille montre l’emploi d’enfants dans les ateliers de potiers à cette époque.
142L’état de conservation de ce four est comparable aux fours 91A et B (fig. 25). La sole à demi‑conservée avait un diamètre de 2 à 2,20 m. Dix‑huit trous de chauffe sont disposés en périphérie. La rangée concentrique médiane en a conservé dix sur les treize possibles. Une rangée supplémentaire devait exister au centre de la sole. L’entrée du foyer était au nord‑ouest et débouchait sur une aire d’accès grossièrement circulaire. L’examen de la structure de la sole présente les mêmes caractères particuliers. L’aspect « feuilleté » de la sole y est beaucoup plus complexe. De très nombreuses couches se superposent. Huit couches successives ont pu être notées sur le plan et suivies de manière discontinue (fig. 26 a). Beaucoup de couches ne recouvrent qu’une partie de la sole et comblent une dépression peu étendue de la surface précédente. Les surfaces supérieures de ces différentes couches sont rarement horizontales. Les couches d’argile ont été étendues sur la surface à réparer et lissées avec les mains : de nombreuses traces de doigts ont pu être relevées ainsi que l’empreinte d’un pied gauche au bord de la paroi au nord‑est. Une autre empreinte de talon est visible à l’est104. Ce four a fait l’objet d’une datation par archéomagnétisme.
Four 89C (fig. 17 et 25)
- 105 Cf. paragraphe 51 concernant les procédés de cuisson.
143Ce four est dans un état de destruction comparable au four 89A. Seule la paroi circulaire du foyer est conservée. Au sud‑est s’étend une aire d’accès au foyer qui a été dégagée en demi‑volume [fig. 22 d). Plusieurs petites excavations s’étagent pour en faciliter l’approche. Un amas de pierres obturait entièrement la porte du foyer. Ces blocs étaient empilés sans grand soin. Des pierres de grosseur moyenne comblaient les vides entre les gros blocs posés debout. Tout cet amas reposait sur un lit de pierres mieux disposées qui devait correspondre au sommet de la murette constatée à cet endroit dans les autres fours dégagés à Saint‑Victor‑des‑Oules. En place au moment de l’abandon du four, ce blocage semble en rapport avec son mode d’utilisation. La cuisson des poteries grises exigeant l’obturation des ouvertures en fin de cycle, il semble que ce four ait été abandonné au cours de cette dernière phase105.
Four 89D (fig. 16 a, 17 et 25)
144Seule la paroi circulaire du foyer est conservée. Toute trace de sole y a disparu. Après remplissage partiel en période d’abandon, ce four a été recreusé pour servir d’accès au four 89A voisin. À cette occasion, toute la paroi au nord‑est a été détruite. L’accès au four est situé au nord‑ouest et s’étend largement en éventail vers le four 89B. Vu l’élargissement de cette aire au nord‑ouest, l’accès a pu avoir lieu de part et d’autre du four 89B,
■ Structures annexes à proximité des fours 89A à D (fig. 17)
- 106 Denier melgorien de Raimond, évêque de Maguelonne (1129‑1158) : Cf. Poey d’Avant no 3843.
145En marge des différents fours et de leur aire d’accès légèrement creusée dans le sol, plusieurs fosses dépotoir ont été reconnues. La destination d’origine de ces dernières n’a pas été définie car la fouille n’a eu pour but que leur repérage et leur organisation par rapport aux fours. Toutes les fosses découvertes sont situées au sud, à l’ouest ou au nord‑ouest des fours. L’une d’elles (fosse 16f) s’étend sur le four 89C détruit et com‑| ble une dépression au contact de la voie juste en face de la porte d’accès à la cour de l’atelier. Quelques petites dépressions (16a, j, k) montrent une très faible partie du sol conservé dans cette zone. Une des rares monnaies découvertes sur ce site provient du remplissage de la fosse 16k106. Plusieurs silos (16d et c) ont été localisés surtout au nord‑est du four 89C. Leur fouille n’a pas apporté d’éléments en rapport avec l’artisanat de la poterie. Un petit empierrement (16s) au sud‑est du four 89A semble être la marque d’abandon d’un autre silo. Ces structures sont à mettre en rapport avec la zone plus au nord‑est où les silos sont très nombreux.
2.3.7.5. Les fours du terrain 128
- 107 Cf. paragraphe 1444 relatif aux prospections magnétiques (fig. 4 et microfiche, fig. 2).
146Dans ce terrain pratiquement situé au centre du site archéologique, de très nombreux fours ont été localisés107. Deux seulement ont fait l’objet de fouilles.
■ Four 128L
147Ce four a été choisi à cause de son emplacement en bordure d’un chemin d’accès au village. Un sondage restreint a été implanté à partir de la carte magnétique (courbe de 52 800 unités). Seule la moitié sud de la sole a été dégagée (fig. 26 c). Le diamètre moyen de ce four est de 2,30 m. La sole est apparue très dégradée par les labours successifs qui ont fait disparaître les couches supérieures d’argile et toute trace de parois latérales. La sole est constituée de couches successives d’argile assez mal cuite (couleur jaune brun). Sur la portion conservée sont percées plusieurs rangées concentriques de trous de chauffe : 10 pour la rangée extérieure et quatre pour la rangée médiane. Deux couches d’argile ont été distinguées. Elles portent toutes deux des traces de lissage à la main avant cuisson. La partie centrale de la sole a été détruite assez largement. Un dépotoir de potier a suivi l’écroulement partiel de la voûte.
■ Four 128E (fig. 26 b)
Type de fouille
- 108 Paragraphe 1444 et fig. 4 : la traînée magnétique est orientée au sud‑est.
148Le sondage principal a été implanté à partir des données de prospection magnétique. Après dégagement de la surface du sondage principal, une coupe a été implantée dans l’axe de la position théorique de la porte du foyer108. Après fouille en demi‑volume de la partie ouest du remplissage jusqu’au fond du four, un autre sondage a été ouvert à l’est du précédent afin de définir d’une manière précise l’aspect et la position de la porte du foyer.
Stratigraphie intérieure109
- 109 (Thiriot 1980 a : fig. 5). La coupe stratigraphique axiale réalisée dans ce four au cours des deux (...)
- 110 Obole de Raimond, évêque de Maguelonne (1129‑1158) : Cf. Poey d’Avant no 3846.
1491. Couche d’humus.
2. Terre noire recouvrant la sole, avec de très nombreux tessons, beaucoup de fragments de paroi de la salle de cuisson, cailloux, éléments d’argile cuite ayant une courbure convexe. Dans la zone sud‑est, amas de cailloux en pendage vers le centre du four. Dans cette couche a été découverte une monnaie en argent : obole melgorienne110.
3. Couche à peu près identique à la précédente mais à l’intérieur du four.
4. Couche d’argile jaune géologique locale pratiquement stérile.
5. Terre grise moins noire que 3, avec lentilles d’argile jaune. Peu de charbons. Nombreux tessons.
6. Couche d’écroulement de la sole. Nombreux fragments de sole et de parois mêlés d’argile jaune au‑dessus. À la base de la couche : amas très aéré.
7. Terre grise avec très nombreux fragments de sole.
8. Couche d’écroulement de la sole. Même qualité que la couche 6.
9 et 10. Cendres noires puis cendres grises contenant beaucoup de tessons. C’est à ce niveau qu’apparaît une maçonnerie de pierres liées à l’argile dans l’angle sud‑est du foyer.
11 et suivantes. Jusqu’à une couche de cendres grises très dures passant en avant de la maçonnerie à environ 30 cm. Couches de cendres alternativement gris clair et noires plus ou moins complètes comportant beaucoup de tessons.
Avant‑dernier groupe de cendres (entre la couche grise dure en avant de la maçonnerie et la couche grise dure à la base de la maçonnerie). Couches de cendres gris clair et noires, plus ou moins complètes contenant beaucoup de tessons.
Dernier groupe de cendres (toutes les couches en‑dessous de la couche dure grise passant à la base de la maçonnerie). Couches de cendres gris clair et noires plus ou moins complètes, contenant beaucoup de tessons. Le fond du foyer est atteint à la profondeur de quatre mètres.
Stratigraphie extérieure
150Le dégagement de surface effectué à l’extérieur du four montre que celui‑ci a été implanté dans une terre noire de dépotoir de potier. Au sud, un sol est matérialisé par un lit de petits cailloux et de tessons très fragmentés. Au nord, la terre noire n’apparaît pas : elle est remplacée par de l’argile jaune géologique locale.
Stratigraphie sur l’accès
1511. Humus.
2. Terre noire de dépotoir de potier, beaucoup de tessons, fragments de sole, lentilles d’argile jaune, quelques fragments d’argile rougie, nappe de gros cailloux à la base.
3. Argile jaune géologique locale rapportée. Très peu de matériel de plusieurs périodes mélangées. Couche très épaisse au nord et pratiquement inexistante au sud du sondage.
4. Dépotoir de terre cendreuse noire ou gris foncé avec beaucoup de tessons. Sa surface supérieure est en fort pendage vers le nord. Multiples couches de couleur plus ou moins foncée difficiles à distinguer. Par endroits, amas d’argile jaune. Quelques blocs d’argile rougie. Nombreux cailloux, surtout à l’ouest (côté four).
Structure (fig. 26 b)
- 111 Le même caractère a été également noté sur les fours 91A et B.
152La sole circulaire est très bien conservée. Elle a un diamètre intérieur variant entre 2,20 m et 2,40 m. Elle est composée de couches successives d’argile correspondant, pour les dernières couches, à des parois successives dans la salle de cuisson (fig. 23 a). Les vestiges actuels de la sole (la partie est est écroulée) présentent une série de neuf trous de chauffe en périphérie. Les trois trous sur le reste de la sole sont dispersés sans ordre apparent. Les axes de ces trous de chauffe sont obliques vers l’extérieur du four111. La paroi support de la voûte de la salle de cuisson est conservée par endroits sur environ 30 cm de hauteur (fig. 23 a). Elle est composée de plusieurs épaisseurs d’argile cuite dans les parties supérieures. Ces différentes parois sont en rapport avec les couches successives d’argile composant la sole. Au sud‑est, la dernière paroi a fait l’objet d’une réparation de fortune avec des fragments d’une poterie grise décorée, appliquée avec de l’argile sur la paroi que l’on avait entaillée auparavant (fig. 22 c).
153La paroi cylindrique du four ne s’appuie pas ici sur l’argile géologique en place comme pour les fours 91 A et B. Le terrain proche étant composé, tout au moins pour les parties hautes, de dépotoirs de potiers assez peu compacts, une murette d’argile rapportée d’environ 25 cm d’épaisseur armée par endroits d’amas de pierres ceinture le four et rend sa paroi plus stable (fig. 26 b). Sur la sole, en différents endroits et plus particulièrement au nord, ont été trouvés des éléments de four en argile ayant une courbure différente de tous les autres fragments découverts. D’aspect convexe, ils ne semblent pas appartenir à une voûte. Ils pourraient faire partie d’une petite murette entourant la sole dont le rôle de ceinture de la base de la charge et de support du voûtement pourrait être envisagé.
154Le fond du foyer, sous la sole, est très profond. L’examen des parois montre que celles‑ci ne sont pas tout à fait identiques à celles des fours 91A et B. À mi‑hauteur du foyer, la surface de la paroi devient irrégulière et présente périodiquement des cavités qui pourraient avoir été l’emplacement de trous de chauffe d’une sole très basse par rapport à la sole actuelle. La paroi au‑dessus de cette zone s’évase de plus en plus vers l’extérieur, ce qui donne une meilleure stabilité à la masse d’argile qui constitue la sole.
- 112 Le sondage 128E1 sur l’entrée montre que le niveau du sol est monté beaucoup pendant l’existence de (...)
155La fouille du sondage à l’est du four a révélé une partie de la structure d’accès à la porte du foyer. Une tranchée creusée dons le sol géologique à une profondeur de 3 m permet d’accéder à la porte qui est située à l’est du four112. Percée dans le sol géologique, elle se présente de la même façon que pour les fours 91A et B. Une petite murette de pierres disposées en arc de cercle en souligne la position.
156L’existence d’une murette de pierres liées à l’argile contre la paroi du foyer au sud‑est semble prouver une grande transformation ou réparation du four. C’est également dans cette direction qu’une petite murette de pierres destinée à retenir les terres a été dégagée en surface. Sans que l’on ait pu obtenir de preuve formelle, il semble bien que la porte du foyer ait eu cette position à la fin de l’existence du four, à une période où la sole, réparée maintes fois, aurait atteint son dernier niveau à 4 m au‑dessus du fond du foyer.
2.3.8. Les autres vestiges du terrain 89
- 113 Prospections du C.E.A. de Grenoble. Se reporter au paragraphe 1445 (fig. 3 b et microfiche, fig. 1)
157Les recherches d’abord orientées essentiellement sur l’étude des fours de potiers ont pu être largement étendues aux autres vestiges existants grâce aux prospections magnétiques113. Les découvertes sont analysées ci assez succintement afin de ne pas trop alourdir l’étude de l’atelier de potiers (fig. 17 et 18).
2.3.8.1. Les fosses et les silos
- 114 De ce fait la datation relative de ces fosses est rendue bien difficile. Seul le matériel recueilli (...)
158Ces structures, de petites dimensions généralement, n’ont pu être reliées entre elles par la stratigraphie car les labours ont bouleversé toutes les couches jusqu’au rocher sur la majeure partie du terrain114.
■ Fosses et silos de l’est (fig. 17)
- 115 Cf. note 148.
159L’ensemble qui compose plusieurs grappes à l’est de la fouille (groupe de fosses au sud de la tranchée 3 ; silos, fosses et trou de poteau dans la tranchée 2 et les carrés 4, 5 et 13) est sans doute à relier à un habitat de potier proche115.
■ Grandes fosses du nord‑est (fig. 3 b, 17)
Fosse 89.3g
160Cette fosse a une orientation sud‑ouest/nord‑est (largeur: 0,80 à 1 m ; longueur : 3,50 m; profondeur: environ 0,20 m). Elle est comblée par de très nombreux cailloux et moellons mêlés de terre noire charbonneuse et de très nombreux tessons dont certains semblent tardifs. Un certain nombre d’entre eux sont mal cuits. Une poterie à pâte rose a été trouvée cassée sur place à l’extrémité ouest de la fosse (fig. 31 c).
Fosse des sondages 7,14 et 15
161Le rocher est largement entaillé suivant une direction sud‑ouest/nord‑est. Cette entaille est complétement remplie de pierraille assez semblable aux vestiges rencontrés en 89.3 g. L’empierrement lié à l’aide de terre gris noir comportant beaucoup de tessons tardifs a été enlevé. Le fond de l’entaille dans le rocher est à environ 0,20 m de profondeur par rapport au niveau supérieur du rocher. Après abandon de la fosse, un mur d’orientation sud‑ouest/nord‑est, légèrement incurvé, avait conservé un maximum de deux assises de moëllons de différentes grosseurs. Cet appareil irrégulier était lié à l’aide de terre noire comportant de nombreux tessons (pas d’argile ni de mortier). Le milieu du mur était rempli en blocage de petits cailloux. La très forte destruction due aux labours ne permet pas de définir le bâtiment correspondant.
Fosse des sondages 10 et 153
162Dans l’angle nord‑ouest du sondage 10 un foyer était matérialisé par un amas circulaire de cailloux avec traces de rubéfaction. Une couche cendreuse assez importante a été dégagée au centre recouvrant certains lambeaux d’argile rougie par le feu. Il semble que se soit organisé ici un foyer dont les cendres s’étendaient jusqu’au sondage voisin 89.153. La couche de cendres reposait sur une couche très tassée de déchets de tri d’argile granuleux avec quelques petits tessons et graviers mêlés à de l’argile rouge violet. Ces déchets comblaient une fosse partiellement dégagée dont la profondeur et sans doute l’organisation sont à comparer aux fosses précédentes.
■ Fosses, silos ou trous isolés à proximité des bâtiments artisanaux (fig. 17)
Trou de poteau 89.1a
- 116 Cette structure F, dégagée en 1980, est étudiée plus loin.
163Un empierrement d’axe nord‑ouest/sud‑est recouvrait un trou de poteau creusé dans le rocher constitué de calcaire en plaquettes. Ce trou a un diamètre de 30 cm pour une profondeur de 40 cm. Des tessons comparables aux productions des fours 91A et B et quelques ossements ont été recueillis dans le cailloutis. Ce trou de poteau peut être rattaché à la structure F116.
Silo 89.16c
164À l’ouverture, un cercle de couleur légèrement plus foncée que l’argile jaune géologique définit la position du silo. Le remplissage, de couleur et de consistance assez proches du substrat, a rendu la fouille difficile. Cette couche supérieure était pratiquement stérile. Sous un amas de cailloux, la terre était plus jaune et contenait quelques tessons dont un bec ponté large semblable aux productions du four 128E. Une couche jaune stérile recouvrait une terre brune très riche en tessons, charbons de bois et petits cailloux reposant sur le fond du silo à 1,20 m de profondeur par rapport à l’ouverture.
Fosse 89.24a
165L’ouverture de cette petite fosse était matérialisée par un amas de tessons dans une terre très noire charbonneuse contrastant avec l’argile géologique jaune. Cette fosse, antérieure au mur qui borde la rue, était remplie de terre noire puis brune avec beaucoup de tessons.
Silo 89.27a
166L’ouverture du silo était presque totalement recouverte par le mur longeant au sud‑est la voie d’accès à l’atelier. Sonremplissage était presque essentiellement composé de terre d’infiltration de couleur brune puis brun jaune avec d’assez nombreux tessons très fragmentés. Une couche jaune d’argile sableuse stérile recouvrait une fine couche de cendres grises au contact du fond à 1,35 m de profondeur par rapport à l’ouverture dans le rocher.
Fosse 89.27b
167L’excavation a été réalisée uniquement dans l’argile géologique jaune et n’a pas entaillé le rocher. Cette ébauche de silo (?) est antérieure à la construction du mur longeant la rue.
Silo 89.37a
- 117 En 1980, le nettoyage des structures dégagées précédemment a fait apparaître un nouveau dépôt argil (...)
168Ce silo était presque entièrement comblé de loses de calcaire gréseux en plaquettes et de quelques blocs de calcaire ayant pu servir à la construction. Cet amas très aéré avec très peu de matériel recouvrait une fine couche d’argile foncée. Le fond de la fosse était rempli de terre sableuse sur quelques centimètres d’épaisseur. Les parois du silo présentaient sur une certaine hauteur une trace continue d’argile comparable à celle qui se développait sur le fond. Cette argile provenant sans doute du lessivage de la surface des sols au moment des grandes pluies, cette fosse comme la suivante n’a pas servi de bac de pétrissage de l’argile avant passage de la boue argileuse dans les bacs de décantation117.
Silo 89.61a
169Un empierrement très lâche comblait à moitié ce silo. Une couche argileuse jaune recouvrait de la terre brune charbonneuse comportant quelques tessons. Le fond plat de ce silo était à une profondeur de 1,20 m par rapport à l’ouverture dans le rocher.
■ Fosse ou aire de marchage (fig. 17, 18 et 27 a)
170Une petite aire dallée, partiellement dégagée, est construite contre le mur longeant la rue. Installée dans une fosse légèrement creusée, elle est dallée de pierres plates dont une partie s’est effondrée (partie ouest). Ces dalles sont liées et même recouvertes par de l’argile très pure prête à tourner. C’est sans doute sur cette surface que le potier ou son aide « marchait » l’argile jaune ou rosée qu’il utilisait ensuite pour tourner les poteries. La chronologie relative entre la fosse et le mur longeant la rue n’a pu être établie.
2.3.8.2. La voie d’accès
- 118 Ce point est d’une importance capitale pour la compréhension de l’ensemble des installations de dif (...)
171L’ensemble des vestiges découverts dans cette zone s’organise par rapport à l’axe d’orientation sud‑ouest/nord‑est qu’est la voie d’accès à cet atelier (fig. 17 et 18). Ce tronçon de rue (situé en limite sud de la corne nord‑ouest du terrain 89) s’aligne avec un certain nombre de limites de parcelles qui perpétuent l’ancienne organisation médiévale du site118.
- 119 La structure G (fig. 17) dégagée en 1980 (cf. paragraphe 2385) prolonge cette voie vers l’est. L’em (...)
172Le rocher, assez régulier et sans doute à nu, a servi de lieu de passage et s’est progressivement recouvert de terre brun foncé très tassée. Aucune ornière n’y est présente. L’écroulement partiel du mur nord est matérialisé par quelques pierres encombrant le passage surtout sur les bords où elles ont été progressivement recouvertes de terre. En période d’abandon, les pierres provenant de la destruction des murs longeant la voie ont envahi celle‑ci (tous les sondages recouvrant partiellement la rue présentent une stratigraphie similaire). La découverte de tessons glaçurés s’est renouvelée dans la plupart de ces sondages et surtout dans le sondage 89.27. Pratiquement aucun tesson de ce type n’a été découvert en dehors de la voie d’accès. Ceci indique sans doute la survivance de la rue après abandon des unités de production. La limite sud de la voie est matérialisée par des murs de facture différente119.
■ Sondage 89.27
- 120 La chronologie relative entre cette construction et le four 89C n’a pas pu être définie catégorique (...)
173Le mur est conservé sur une assise seulement. Il passe au‑dessus de l’ouverture d’un silo. De gros blocs calcaires grossièrement taillés constituent les deux parements du mur. L’intervalle entre ces pierres est comblé à l’aide de cailloux et de terre comportant beaucoup de tessons. Ce mur possède un retour à angle droit vers le sud où il s’interrompt très rapidement au contact du four 89C qui semble postérieur120.
■ Sondage 89.17
174La murette est ici beaucoup plus fruste, Elle n’est pas construite dans l’alignement du mur précédent. De plus, elle est réalisée avec des pierres de petit module et d’assez nombreuses pierres plates assemblées en épi avec blocage plus important à l’intérieur des deux parements. Ce dernier mur semble postérieur.
- 121 Ils sont étudiés dans les paragraphes suivants.
- 122 Une seule assise de pierre existe à cet endroit, ce mur n’a laissé aucune trace plus au nord. Au mo (...)
175Au nord de la voie, plusieurs murs semblables à celui qui est construit au sud‑est appartiennent à des constructions entourant la cour121. À l’ouest d’une porte ménagée au contact du bâtiment est, plusieurs murs de même facture ont été construits bout à bout. Un embryon de retour vers le nord existe à proximité de la fosse à marcher122. Les murs longeant la voie semblent être postérieurs aux installations proches (fosse à marcher, silo 89.24a). Leur chronologie relative n’a pu être définie avec précision.
2.3.8.3. La cour
176Un grand espace sans doute non couvert existait entre la voie d’accès et les bâtiments artisanaux du nord (fig. 17 et 18). Les quelques sondages qui y ont été pratiqués montrent que le sol était en constante formation par rejets répétés de cendres et de tessons mais aussi de déchets de tri d’argile sans doute à proximité d’aires de préparation qui n’ont pas été découvertes. Le sol géologique semble présenter une légère dépression naturelle parallèle à la rue. L’aire de marchage (fig. 27a) qui s’y trouve semble antérieure au mur sud de clôture.
2.3.8.4. Les bâtiments du nord
177Un très vaste décapage mécanique de la surface a permis une approche globale de cette zone riche en vestiges construits (fig. 17 et 18). Malheureusement, le caractère difficile des fouilles sur ce site en dehors des fours s’est encore vérifié. La stratigraphie dans cet ensemble existe mais nécessiterait les moyens de la fouille de préhistoire afin d’en permettre la lecture. Les différentes couches de couleur et de texture quasiment identiques se superposent et s’interpénétrent. Elles comportent toujours le même matériel fort abondant mais malheureusement peu varié : la céramique grise est uniquement représentée (aucun objet ou fragment de métal). Des efforts particuliers de dégagement des sols successifs (définis pendant la fouille grâce à la surface de pose des petits cailloux, aux positions des racines et quelques rares fois à la position des tessons) ont été faits sans grand succès surtout dans le sondage 89.57 (fig. 17). C’est pour cette raison que la présentation qui suit ne tient pas compte du remplissage des bâtiments. On ne peut dans ces conditions que tenter une analyse imparfaite des structures puisque la totalité des bâtiments n’est pas dégagée.
- 123 Le four 89E est situé en dehors des prospections magnétiques de 1974. La découverte fortuite est du (...)
178Au nord‑est de la zone construite, l’angle d’un bâtiment apparaît dans les sondages 89.81 et 89.82 (fig. 17 : bâtiment B). Orienté à 45o par rapport à l’axe nord/ sud comme les outres, celui‑ci abrite un foyer installé sur des dalles de calcaire gréseux en plaquettes. À l’est des traces du bâtiment B a été découvert un four de potier 89E dont la chronologie relative avec les constructions proches n’a pas été établie123.
179Se greffant sur l’angle du bâtiment B, un appentis C de pierre sèche se développe au sud‑ouest (sondages 89.69, 70, 57, 58). Une partie de son mur sud‑est a disparu : les pierres ont été récupérées au Moyen Âge comme le montre la trace de son fantôme [fig. 17: sondage 89.58). À cheval sur le mur nord‑est et à l’extérieur de cet appentis est construite une petite fosse très intéressante. Conservée sur peu de hauteur, celle‑ci est enduite de nombreuses couches d’un mortier fin à la chaux. La destination d’une telle fosse de dimensions réduites est mal définie. Elle a été annulée après son emploi par la reconstitution du parement externe du mur (fig. 18, 27b et c).
180Un autre mur légèrement oblique par rapport à cet ensemble n’a été dégagé que sur quelques mètres vers l’est. Il doit définir un autre appentis D appuyé sur le premier bâtiment et son appentis. Le mur est de cette construction D sert de point d’appui à une fosse maçonnée, comparable à la précédente, qui se développe vers l’est.
- 124 Se reporter au paragraphe 54 pour l’argumentation de cette hypothèse.
181À l’ouest de cet ensemble complexe et encore partiellement fouillé, apparaît un assez vaste bâtiment A d’orientation sud‑ouest/nord‑est. Une porte dans l’angle nord‑est contre l’appentis C vu précédemment permet d’y accéder. Trois de ces murs sont conservés ainsi que le témoin, semble‑t‑il, d’une cloison intérieure. La consistance des sols repérés (traces de déchets de tri d’argile) et leur aménagement font penser à un atelier de tournage. Cette hypothèse s’appuie sur la découverte d’une fosse à profil de calotte sphérique (située dans le sondage 89.55, fig.17) à proximité du mur sud du bâtiment et non loin de sa porte d’entrée124. Une fosse maçonnée est sans doute construite à cheval sur le mur nord et à l’intérieur du bâtiment (fig. 17).
182S’articulant à l’extérieur du mur sud de ce bâtiment A, un petit muret sert de support à une autre fosse maçonnée de même type que celles décrites plus haut. Ici elle n’est conservée qu’en partie mais présente les mêmes caractéristiques de dimensions et de matériaux.
2.3.8.5 Les bâtiments de l’est
- 125 Se reporter au paragraphe 2381.
183Le grand bâtiment E est très partiellement conservé (fig. 17 et 18). l’extrémité est du mur sud longeant la voie d’accès n’a plus son parement interne et laisse une certaine marge d’erreur quant à son aspect d’origine (mur simple ou retour vers le nord?). Le mur ouest, grossièrement perpendiculaire au précédent, est interrompu dans son milieu pour constituer une porte. Celle‑ci est bien définie malgré les dégradations importantes entraînées par la récupération médiévale de pierres de construction dans la partie nord de la façade. Le mur nord partiellement dégagé sert de point d’appui au bâtiment D. Seul un petit tronçon du mur est a été découvert. Au sud, dans le prolongement de celui‑ci, aucune tranchée de fondation n’a été pratiquée. Il ne semble pas y avoir eu de mur à cet endroit où un large tas de déchets de tri d’argile se développe en direction des grandes fosses du nord‑est. Deux silos ont été dégagés dans ce bâtiment E125.
- 126 Cet enlèvement important est exceptionnel sur ce site, il pourrait indiquer de profonds remaniement (...)
- 127 Fig. 17 au nord du bâtiment F ont été découverts un silo (158a) et deux fours à pain 89F et G (non (...)
- 128 Fig. 27 d. Se reporter au chapitre 5 de synthèse pour l’argumentation de cette hypothèse et la desc (...)
184Le bâtiment F très faiblement conservé au nord de E (fig. 17 et 18) apparaît sous une couche de terre brune très épaisse comportant relativement peu de tessons126. Un amas de pierres assez informe s’aligne sur le trou de poteau la suivant une orientation nord‑ouest/sud‑est (assez proche des structures précédentes) et forme un retour vers le nord. Installé dans une dépression du sol sans doute entaillé, il est le témoin d’un bâtiment de mauvaise qualité qui se développe vers le nord127. À l’intérieur de ce médiocre témoin, l’argile géologique est entaillée suivant un cercle de 1,20 m de diamètre jusqu’au rocher qui est par endroits recouvert d’argile de tournage mêlée à de la terre noire et des tessons (fig. 27 d). Au centre de cette entaille de faible profondeur (quelques centimètres) se trouve un trou dans le rocher (diamètre : 10 cm, profondeur par rapport à la surface du rocher : 20 cm). Ce trou est dépourvu de toute trace d’usure par rotation. Il faut très certainement voir ici l’emplacement d’un tour à bâton128.
185Au sud‑est du bâtiment E, un appentis G longe au sud la voie d’accès à l’atelier (fig. 17 et 18). Malgré une fouille (similaire à celle des autres bâtiments) difficile en raison des dégradations dues aux labours, les murs sont assez bien localisés grâce aux bribes d’une seule assise encore en place et aux témoins « fantômes ». L’emplacement d’une porte au sud est assez bien marqué. Au nord, dans une partie assez peu conservée, une autre porte conservait encore, posée à même le sol, la crapaudine en calcaire gréseux local où la trace de la rotation de l’axe était bien marquée. Sur le mur ouest et à l’intérieur de l’appentis s’appuie une nouvelle fosse maçonnée à la chaux dont le fond intact et les parois présentent de multiples reprises.
2.4. Conclusions
186L’exposé concerne surtout les deux sites majeurs de Bollène (Saint‑Blaise‑de‑Bauzon) et Saint‑Victor‑des‑Oules à l’exception des centres moins privilégiés par cette étude et publiés en d’autres lieux. La longue litanie de l’analyse des différents vestiges et des stratigraphies, si fastidieuse qu’elle soit, nous a paru indispensable pour plusieurs raisons. L’examen des structures aussi frustes et mal conservées d’un artisanat, qui peut être considéré comme connu au vu de l’activité traditionnelle récente, reste capital pour mieux assurer cette connaissance. Chaque détail peut avoir son importance. Celui‑ci ne peut être révélé, relevé qu’à la condition d’une formation spécialisée sérieuse du fouilleur. Son expérience tous azimuts en la matière est capitale. L’examen des fours en particulier cherche à structurer les données nécessaires à l’étude ultérieure. Cette démarche devrait être à l’avenir largement développée lors de toute fouille de ce type. L’essai de synthèse présenté à la suite s’appuie largement sur ces données.
187Grâce à nos expériences réalisées très tôt à l’étranger surtout sur des ateliers islamiques ou sur des lieux actuels de production traditionnelle, expériences qui ont pu apparaître très dispersées et décousues, notre acharnement a permis de découvrir pour le première fois l’ensemble des installations d’un atelier médiéval. Le handicap de la méconnaissance des moyens de production de la céramique médiévale au début des années 1970 et surtout de notre inexpérience s’est petit à petit estompé, même si le manque de recherche similaire en d’autres régions nous privait de points de comparaison. C’est le fruit d’une recherche assez ancienne qui est présenté ici. Les résultats sont donc à remettre dans le contexte de la recherche similaire de l’époque. Des améliorations très sensibles peuvent être maintenant apportées au vu des découvertes récentes...
188Cette masse documentaire permet la réflexion dans plusieurs directions complémentaires. Une réflexion qui, vu la complexité des problèmes et les difficultés d’étude, n’en est qu’à ses débuts mais peut présenter quelque intérêt...
Notes
1 Il vaudrait mieux parler d’attitude que de technique, de manière d’approche plutôt que de méthode qui implique une valeur quasi universelle. Pour une information plus générale et détaillée concernant les problèmes de fouilles mais aussi le contexte historique, la bibliographie générale et les sciences annexes (Boüard 1975).
2 Fouilles d’ateliers de potiers de période abbasside et ayyubide à Meskene dans la vallée de l’Euphrate syrien en 1973 et 1974. Étude des ateliers de potiers actuels de la banlieue du Caire en 1976 et 1977 (Golvin 1982).
3 Fig. 5 b. La structure 187C à l’est du terrain n’a pas été fouillée en 1974. Menacée par l’élargissement de la route, elle l’a été en 1982 puis détruite.
4 Se reporter au Chapitre 1.
5 Cette attitude a eu des conséquences fâcheuses pour le four SVO 128E dont la coupe stratigrahique non encore dessinée a été détruite par un fouilleur clandestin.
6 En limitant la fouille des fours au demi‑volume de leur foyer, et surtout en limitant les fouilles au profit des dégagements de surface, plus de dix tonnes de tessons ont été rassemblés pour l’ensemble des fours mis au jour pour cette étude.
7 Les tranchées 89.1, 89.2, 89.3, dont l’emplacement a été défini par Mme Lemercier (prospection magnétique, C.E.A. Grenoble), recoupaient plusieurs indices (Fig. 17 et 3 b).
8 Fig. 17. Pour les sondages et les structures, en dehors des fours, le numéro de la parcelle n’a pas été noté. Il faut donc ajouter le no 89 en avant de chaque nombre indiqué à l’intérieur de chaque sondage ou à proximité de chaque structure.
9 Pour un exposé plus général (Boüard 1975: 226 et suiv.).
10 Pour un exposé plus général et complet (Boüard 1975: 233 et suiv.).
11 Pour une définition au sens large du journal de fouille (Boüard 1975 : 245 et suiv.).
12 Ce site m’a été obligeamment indiqué par M. S. Gagnière. Pour les fouilles de 1982‑1983 (Thiriot e).
13 (Desoignies 1971). Renseignements complémentaires de M. Prat sur les qualités d’argile rencontrées dans les exploitations actuelles.
14 (Prombsault 1887 : 13 et 14 et Thiriot c). La présence de potiers est attestée sur les deux versants du synclinal de Noyères. Des habitats semblent avoir existé sur le versant sud avant l’établissement de la chapelle romane Saint‑Didier. De nombreuses tegulae et des fragments de poteries sigillées claires y ont été ramassés en surface.
15 Les fours dégagés à l’est de la chapelle Saint‑Blaise sont situés dans la parcelle 187 (cadastre de Bollène révisé en 1963, section G, site de Bauzon, 1ère feuille).
16 Aucune analyse de charbon n’a été effectuée sur ce site.
17 Cf. notes de prospections réalisées par S. Gagnière et L. Germand le 16 avril 1955 que ce dernier a eu l’extrême amabilité de me communiquer. L’environnement des gisements visités a été relevé dans des croquis de L. Germand qui m’ont permis de reconnaître plusieurs d’entre eux près de vingt ans plus tard.
18 Se reporter à l’étude de la prospection magnétique (fig. 2 a et b).
19 Seules les données de fouilles sont examinées ici. Pour une meilleure compréhension de cette structure, se reporter aux exposés concernant les autres fours de Saint‑Blaise‑de‑Bauzon.
20 La surface conservée de la sole a été affectée par les labours.
21 Voir le four 995D de Saint‑Gilles‑du‑Gard (Thiriot 1975 b).
22 La présence de tels blocs a été relevée uniquement sur le four 187D. À Saint‑Gilles‑du‑Gard, ce point n’a pu être vérifié car les destructions avaient fait disparaître totalement l’avant des fours de ce type.
23 ) 27 prélèvements ont été effectués sur les pierres de construction et de réparation du four ainsi que du rocher en place.
24 C’est pour cette raison que la numérotation des différentes réparations est arbitraire et ne correspond pas exactement aux différents états dont la définition est une interprétation.
25 L’excavation n’a jamais été reprise par la suite puisque les transformations ont toujours été faites par ajout de construction.
26 Fig. 8 c. Cette coupe 5.6, coupe axiale sur le couloir sud, n’est pas exactement dans l’axe car ce couloir est dévié par les différents rajouts.
27 Ces blocs ne sont pas issus du substrat sur lequel sont construits les fours. En outre, les interstices entre les pierres sont remplis de terre noire charbonneuse avec quelques tessons.
28 Toutes ces opérations de réparation ont été numérotées séparément sur la figure 7 a à laquelle on se reportera pour leur localisation.
29 Fig. 8 e (coupe 2.8) : partie pointillée : extrémité de la sole numérotée 4.
30 Un léger intervalle existe entre la paroi d’origine et le chemisage ; il est rempli de terre noire avec quelques tessons. Ce caractère de construction se retrouve dans toutes les réparations de ce four, La paroi est très bien liée à la porte du foyer dont la partie nord de la batière a été conservée.
31 La figure 7 d montre la paroi sud après les différentes étapes de démolition partielle. Le chemisage 6 S a été enlevé sauf un témoin à l’entrée du foyer. On a ensuite démoli une partie de la paroi I d’origine afin de découvrir le profil du rocher à cet endroit (se reporter aux figures 8 d et 8 e pour les profils du rocher et des parois successives).
32 Se reporter au paragraphe 5315.
33 Dans l’état IV on a remarqué au nord la construction de 5 puis de 6 sans utilisation du four. Par contre au sud, la construction de 5 est suivie d’une chauffe avant l’édification de 6. La partie 6 au sud correspond au parement du foyer envisagé dans l’état V.
34 M. R. Poli a effectué le calcul de permutations à ce sujet.
35 (Thiriot 1975 a ; Aujourd’hui 1981 : 71, fig. 249). La numérotation de la stratigraphie a été reprise pour harmoniser les différents sondages. Les fouilles de 1982‑83 apportent quelques Compléments d’information.
36 Toutes les couches de remplissage du four et de son accès comportent une grande quantité de tessons. Leur étude permettra la mise au point de la typologie des productions de ce four.
37 Cette observation de fouille pourrait expliquer le caractère fragmentaire des reconstitutions de poteries qui ont été réalisées. En effet, ces poteries recueillies sur la sole et dans les couloirs sont toujours incomplètes. Les fragments manquants ont dû être dispersés lors de cette visite du four par le potier.
38 Cette constatation a été faite sur les fondements du four 187D mais surtout sur le four 187B, également fouillé intégralement et partiellement détruit, qui a montré cette orientation et cette forme d’excavation préalable à toute construction,
39 L’argile verte est celle du Cénomanien. Ce mélange argile‑sable est appelé la madrague : terme sans doute d’emploi local indiqué par M. Prat.
40 Un échantillonnage a été réalisé sur les pierres en place de la construction afin de mieux définir les variétés de roches employées pour l’édification des fours de Saint‑Blaise‑de‑Bauzon.
41 Fig. 12 d : schéma représentant les différentes étapes de la construction.
42 L’excavation dans le rocher a été retrouvée au cours d’un sondage effectué après parution de la première publication (Thiriot 1975 a). Ce sondage destiné à préciser les différentes étapes de la transformation de la sole a montré que ce mur de fond descend aussi profondément que les parois latérales.
43 Cf. note 88.
44 fig. 11 f : fragments d’anses pris dans le mortier,
45 Voir les hypothèses de reconstitution dans l’essai de synthèse de ce type de four.
46 La reconstitution du voûtement est envisagée dans l’essai de synthèse de ce type de four. Son écroulement semble obligatoire vu la technique de construction de la voûte envisagée. Montée en encorbellement et subissant des dilatations et des contractions fort importantes pendant un cycle de cuisson, les pierres plates de la voûte sont descellées, jouent sur le plan horizontal et ne peuvent reprendre leur position initiale. L’édifice est donc fragile. Cet empilage atteint très vite le seuil de l’instabilité entraînant la destruction de la voûte par le haut. Cela se ferait moins sentir sur une voûte classique où les pierres forment claveaux. L’avantage majeur d’une construction en encorbellement est sa facilité de construction ne nécessitant aucun coffrage comme dans le cas d’une voûte classique.
47 Fig. 6 a, 10 b, 11 d et 12 d : la destruction partielle de la sole (partie nord‑ouest au contact de la paroi du fond du four) a permis de compléter notre connaissance de la vie de ce four (Thiriot 1975 a).
48 La numérotation des soles successives apparaît en chiffres gras sur la coupe 1.2 (fig. 10 b). Les différentes étapes de construction ont été repérées à l’aide de chiffres et de lettres (fig. 12 d).
49 Fig. 9 a. Afin de conserver son aspect au four, seule une très faible surface à l’ouest de la sole a été détruite pour vérifier son évolution. Ayant la volonté de ne pas la détruire totalement, il n’a pas été possible de faire le même travail sur l’extrémité est. Pour cette raison, on ne peut affirmer la présence d’un pilier dès le départ et à chaque étape dans la partie orientale de la sole. Toutefois il semble logique de penser qu’un tel élément a existé dès le départ (fig. 12 e et f : essai de reconstitution). Se reporter à l’essai de synthèse sur ce type de four pour le développement. La destruction irraisonnée (par les constructeurs de la route actuelle) du four en 1983 nous prive maintenant de cette structure importante.
50 Fig. 12 a, en particulier : stratigraphie sur le couloir nord,
51 Les données de fouille sont exposées ici avec le strict minimum d’interprétation. Les raisons possibles de ces transformations sont examinées dans l’essai de synthèse sur ce type de four.
52 Fig. 12 d : opération numérotée 1 b.
53 Se reporter à la description de la structure.
54 ) Se reporter au paragraphe 234.
55 (Chabaud 1966, T. 1 : 94 et 95). La « rose des vents » a été composée à partir de 549 observations réalisées en 1955‑1956.
56 (Chabaud 1966, T. 1 : 35 et suiv., 59 et suiv.).
57 C’est à cet endroit qu’a été découvert le four médiéval le plus ancien du bassin (vie‑viie s. ?), à côté de fours plus récents (Thiriot c).
58 Une lettre d’U. Dumas datée du 12 janvier 1904 signale la découverte « en creusant la terre » d’un four romain très bien conservé. Il est situé « à Rouziganet cote no 246 ‑Carte État Major entre la Capelle‑Vallabrix et Saint‑Victor. Le croquis joint montre un four circulaire d’environ 1,50 m de diamètre à une rangée de trous de chauffe périphérique. La copie de cette lettre m’a été aimablement communiquée par M. Duret, Président de l’Association des Amis du Musée d’Uzès.
59 (Dumas 1876 : 303 et suiv.) : les grandes lignes du tableau des couches rencontrées au « Grand Terrier » sont reprises ici. (Brongniart 1877, T. 3 : tableau VA., no 159 à 163) : quelques qualités d’argiles de Saint‑Victor‑des‑Oules y sont analysées succintement.
60 Cf. Document sur l’abus des coupes dans les garrigues d’Uzès, Archives Communales, Uzès, C. 48.
61 (Devèze 1961, T. Il : 127) : mesure appliquée dès le milieu du xvie s. En fait, la réglementation semble très rare en Provence pour les périodes antérieures (Amouric).
62 Rouis 1896 : 8 citant Venel 1775.
63 Analyses du Centre technique du bois.
64 Un puits a été foré il y a quelques années à moins de cent mètres du site étudié.
65 (Espérandieu 1934 : 76). Une erreur de localisation de ce lieu‑dit a fait placer celui‑ci dans la commune de Saint‑Quentin alors qu’il se trouve sur celle de Saint‑Victor. Ce four n’a pu être localisé malgré plusieurs prospections dans tout ce secteur.
66 (Espérandieu 1934 : 76). Les « notes d’Estève » dont s’est servi E. Espérandieu pour cette découverte n’ont pas été retrouvées au Palais du Roure à Avignon où sont conservées ses archives.
67 (Espérandieu 1934 : 76 et Reinach 1897). La correspondance déposée au Musée de Saint‑Germain‑en‑Laye est très imprécise quant au lieu de découverte. Le matériel dont la datation semble hasardeuse n’y est pas conservé contrairement aux indications de la lettre du 29 novembre 1897.
68 (Espérandieu 1934 : 80) citant Reinach, Bulletin Archéologique, 1896, p. 121.
69 (Louis 1941) citant (Mazauric 1912 : 323).
70 (Louis 1941) citant (Mazauric 1911 : 575).
71 (Charmasson 1978). Voir en particulier l’essor économique p. 169 et 170. Ses références : F.O.R. Gard, p. 171, no 205, 206, 207.
72 (Perrin 1972 : 620 et suiv.) : la mention en 1392, 1405 et 1411 de Sancto Quintino et de Santa Victore de Oleriis semble montrer une importance plus grande de la poterie à Saint‑Victor au Moyen Âge par rapport à Saint‑Quentin.
73 (Serre 1961 : 310). Il semble qu’une erreur de date ait été introduite concernant le registre des capitations du diocèse d’Uzès.
74 ) (Chobaut 1926). À propos de l’arrêt des fabriques à Saint‑Victor‑des‑Oules (Borias 1978 : 12) donne la date de 1878.
75 Se reporter au paragraphe 213.
76 Ce four, redégagé en septembre 1977 pour la visite des participants au Colloque international du C.N.R.S. de Valbonne, a subi les exactions d’un fouilleur clandestin. La coupe stratigraphique laissée en place a été totalement détruite rendant inutilisable le témoin du remplissage du four.
77 Fig. 20 b. Voir également (Thiriot 1980 a : fig. 4 et 6).
78 Cette couche de cendres noires est matérialisée sur la coupe 1.6 (fig. 20 b), Sur les coupes, les couches de cendres gris clair n’ont pas été tramées. Les couches de cendres noires charbonneuses ont été marquées à l’aide de hachures verticales. Sur les relevés, les couches de cendres à partir de la couche 7 ont été numérotées globalement « 7 ».
79 Seule la surface supérieure des couches grises est très dure. Les parties inférieures sont pulvérulentes et souples.
80 Certaines de ces couches très partiellement conservées ou trop fines n’ont pas été numérotées à la fouille. Le relevé de la coupe 1.6 (fig. 20 b) réalisé après le dégagement des couches donne une idée de la succession des couches. Le caractère fortement remanié de certaines zones aux couleurs moins franchement contrastées n’a pas permis un relevé exhaustif surtout dans la partie inférieure du foyer. Ces impossibilités d’étude précise ont été notées au cours de la fouille et rendent difficiles ou imparfaites les interprétations qui ont pour objet la reconstitution de l’utilisation du four (cf. paragraphe 523 : nombre de chauffes et nettoyages).
81 Fig. 21 a : sole no 7 : bouchon. Bien que la surface de la sole ne semble pas avoir été affectée par les labours récents, il est difficile d’affirmer que la surface supérieure du four est bien la dernière sole puisqu’aucune paroi verticale n’a été conservée au‑dessus.
82 La structure de cette partie doit être comparable à celle examinée sur les sections B ou C.
83 Ces parties sont les plus soumises à la violence du feu et aux plus grandes différences de température. Les fissures qui interviennent au cours des changements de température entraînent à plus ou moins long terme une rupture et la chute des parties inférieures. Pour cette raison, il est pratiquement impossible, sur ce type de four, de connaître l’aspect initial de la voûte sur le foyer.
84 Vu la grande pénétration de la cuisson réductrice sur les parties inférieures de la première sole, il est assez étonnant de constater le peu d’emprise de celle‑ci sur la surface supérieure. Deux cas ont été envisagés : D’une part, une cuisson réductrice entraîne une couleur grise plus ou moins profonde. Une nouvelle cuisson de la surface de la sole recouverte d’une couche d’argile à cuire peut‑elle provoquer, sur cette surface à l’abri de l’atmosphère du four, une couleur plus brune et perdre sa couleur grise ? Dans ce cas, seule la surface de la première sole devrait être grise, ce qui n’est pas observé ici. D’autre part, si aucune coloration grise n’apparaît à la surface de la première sole, celle‑ci a dû être recouverte d’une couche d’argile avant la première cuisson. Dans ce cas la surface de cette couche additive doit être grise. C’est le cas de la sole no 2. Se reporter à l’essai de synthèse de ce type de four.
85 Se reporter à l’étude du four 89B qui présenté des couches très irrégulières et parfois partielles dans les parties supérieures de la sole.
86 Le mode de construction est examiné dans l’essai de synthèse. Le présent exposé ne concerne que la description des volumes.
87 Fig. 20 a; voir également (Thiriot 1980 a : fig. 4): partie droite de chaque coupe.
88 Se reporter à l’essai de synthèse de ce type de four, paragraphe 523.
89 Fig. 20 a : plan du foyer à + 3,67 représenté en pointillé (Thiriot 1980 a : fig.4 et fig. 6).
90 Cette chronologie relative est reprise au chapitre des datations archéomagnétiques (paragraphe 421) et dans l’essai de synthèse sur les ateliers (paragraphe 54).
91 La fouille des fours du terrain 91 a été réalisée uniquement à l’aide de sondages restreints sur les structures repérées. Ce type de fouille exclut toute possibilité de relevé complet de toutes les installations. Malgré tout la fouille du four 91B voisin permet une interprétation (fig. 17 et 19).
92 Fig. 21 a. Cet examen complète l’étude des différentes sections pratiquées dans les parois et la sole du four.
93 Il y a donc eu au moins neuf états successifs de la sole de ce four. La sole montant d’environ 5 cm à chaque étape. Chaque nouvelle couche d’argile a en fait une épaisseur très variable, et on peut, dans certains cas, ne couvrir qu’une partie du four.
94 Il n’y a pas sur ce four le caractère « feuilleté » de la paroi du four SVO 128E.
95 Cette trace de rubéfaction n’a été exploitée qu’en 1979 à l’occasion du redégagement de ces fours, fouillés en 1973, pour le Colloque international du C.N.R.S. de Valbonne. La dépression matérialisait l’entrée d’un four à pain.
96 L’ensemble des couches de cendres à partir de la couche 6 est numéroté 6 sur la fig. 24 b.
97 Se reporter à l’examen de la structure du four 91A et aussi à l’essai de synthèse concernant ce type de four.
98 La même constatation a pu être faite pour le four 91 A.
99 C’est certainement cette aire qui apparaît au sud du four 91A et qui a été recoupée par l’aire d’accès au foyer de ce dernier.
100 Se reporter au paragraphe suivant.
101 L’examen complet de cette structure sera présenté dans une publication ultérieure rassemblant tous les vestiges domestiques découverts à Saint‑Victor‑des‑Ou les.
102 D’après la carte magnétique (fig. 3 a), celle‑ci pourrait être au sud‑ouest du four en tenant compte de la déformation des isanomales dans cette direction. Une déformation bien moindre est également visible à l’est.
103 La totalité des installations a subi les destructions répétées des labours. La saignée 16 b dans l’axe du terrain le montre bien (fig. 17). Pour cette raison, il est difficile de se faire une idée de ce qu’a pu être le sol à proximité des fours.
104 Leur taille montre l’emploi d’enfants dans les ateliers de potiers à cette époque.
105 Cf. paragraphe 51 concernant les procédés de cuisson.
106 Denier melgorien de Raimond, évêque de Maguelonne (1129‑1158) : Cf. Poey d’Avant no 3843.
107 Cf. paragraphe 1444 relatif aux prospections magnétiques (fig. 4 et microfiche, fig. 2).
108 Paragraphe 1444 et fig. 4 : la traînée magnétique est orientée au sud‑est.
109 (Thiriot 1980 a : fig. 5). La coupe stratigraphique axiale réalisée dans ce four au cours des deux campagnes de fouille n’avait pu être relevée lorsqu’un fouilleur clandestin l’a détruite à la recherche d’une poterie intacte ou d’un quelconque trésor. La perte est très importante puisqu’aucun relevé ne peut illustrer la stratigraphie notée en cours de fouille.
110 Obole de Raimond, évêque de Maguelonne (1129‑1158) : Cf. Poey d’Avant no 3846.
111 Le même caractère a été également noté sur les fours 91A et B.
112 Le sondage 128E1 sur l’entrée montre que le niveau du sol est monté beaucoup pendant l’existence de ce four. L’orientation de l’entaille dans le sol géologique n’a pas pu être déterminée.Au sud du sondage apparaissait une ancienne excavation dirigée vers le sud et comblée à l’aide de terre brune et de pierres.
113 Prospections du C.E.A. de Grenoble. Se reporter au paragraphe 1445 (fig. 3 b et microfiche, fig. 1).
114 De ce fait la datation relative de ces fosses est rendue bien difficile. Seul le matériel recueilli en fouille pourrait être utile pour la datation de leur abandon à condition que celui‑ci en soit contemporain.
115 Cf. note 148.
116 Cette structure F, dégagée en 1980, est étudiée plus loin.
117 En 1980, le nettoyage des structures dégagées précédemment a fait apparaître un nouveau dépôt argileux sur le fond et les parois de ce silo et de son voisin 81.61a. Il s’agit bien d’un dépôt après abandon. Le type d’utilisation de ces deux structures ne peut être précisé.
118 Ce point est d’une importance capitale pour la compréhension de l’ensemble des installations de différentes périodes qui s’organisent sur les 10 ha du village de potiers médiévaux de Saint‑Victor‑des‑Oules. Il facilitera sans doute l’interprétation des prochaines prospections et l’organisation des recherches futures qu’il faudra envisager sur ce site.
119 La structure G (fig. 17) dégagée en 1980 (cf. paragraphe 2385) prolonge cette voie vers l’est. L’embryon de mur construit après abandon de la grande fosse du nord‑est (sondages 7, 14 et 15) pourrait être la trace extrême dégagée de cette voie.
120 La chronologie relative entre cette construction et le four 89C n’a pas pu être définie catégoriquement.
121 Ils sont étudiés dans les paragraphes suivants.
122 Une seule assise de pierre existe à cet endroit, ce mur n’a laissé aucune trace plus au nord. Au moment de sa construction, la fosse à marcher n’existe plus. Cette chronologie n’est pas assurée en ce qui concerne les murs longeant la voie.
123 Le four 89E est situé en dehors des prospections magnétiques de 1974. La découverte fortuite est due à un empierrement de surface très aéré dans l’angle du sondage 89.83. Un sondage très restreint y a été ouvert afin de préciser uniquement la nature de cette nouvelle structure très fortement détruite.
124 Se reporter au paragraphe 54 pour l’argumentation de cette hypothèse.
125 Se reporter au paragraphe 2381.
126 Cet enlèvement important est exceptionnel sur ce site, il pourrait indiquer de profonds remaniements des installations et sans doute l’antériorité de cette structure F par rapport aux autres bâtiments.
127 Fig. 17 au nord du bâtiment F ont été découverts un silo (158a) et deux fours à pain 89F et G (non décrits ici) pour lesquels aucune chronologie relative n’a été établie.
128 Fig. 27 d. Se reporter au chapitre 5 de synthèse pour l’argumentation de cette hypothèse et la description de ce type de tour.
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© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1986