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La terre sigillée gallo-romaine

 | 
Colette Bémont
, 
Jean-Paul Jacob

En Germanie Supérieure. Problèmes de relations soulevés par quelques ateliers de Suisse et l’Allemagne

Premiers fabricants trévires de sigillée ornée et leurs relations avec d’autres ateliers

Ingeborg Huld‑Zetsche

Texte intégral

  • 1 HULD‑ZETSCHE (I.). — Trierer Reliefsigillata Werkstatt I. Materialen zur Römisch‑Germanischen Keram (...)
  • 2 HULD‑ZETSCHE (note 1 ) p. 114 et sq ; les types comparables et éventuellement leur provenance figur (...)

1Que savons‑nous de l’atelier I de Trèves ? Qu’un groupe de potiers avec un répertoire d’au moins 228 poinçons a produit environ 450 moules ; 317 se trouvent mentionnés dans ma publication1. L’origine des potiers est inconnue ; leurs motifs décoratifs proviennent de différents ateliers (du sud, du centre et de l’est de la Gaule), mais ce sont les ateliers de Saturninus‑Satto 2qui en fournissent le plus grand nombre (32). Toutefois la facture des poinçons est relativement homogène, ce qui veut dire qu’ils ont en général été copiés par un même potier d’après des modèles différents.

  • 3 HULD‑ZETSCHE (n. 1), p. 78.

2En se fondant sur l’utilisation continue de poinçons détériorés on peut distinguer quatre stades parmi les décors, c’est‑à‑dire quatre groupes de moules produits successivement (A‑D). Ces quatre séries se distinguent par les combinaisons d’oves, de cordons et de frises inférieures, ce qui signifie qu’il y a quatre variétés. Dans tous les groupes les décors sont organisés très régulièrement : ainsi les petites doubles feuilles se présentent toujours la pointe à droite. Selon toute vraisemblance plusieurs potiers de l’atelier I ont produit aussi de la sigillée lisse, mais seul le nom du potier Drappus est attesté par une petite coupe estampillée, ornée sur le bord de reliefs figurés. La datation est fixée entre 130 et 1503.

  • 4 FISCHER (C.). — Die Terra‑Sigillata‑Manufakturen von Sinzig am Rhein. Rheinische Ausgrabungen 5, Dü (...)
  • 5 FISCHER (n. 4), catalogue des types : M16, M34, M38, 015, 016, 021.
  • 6 Ibid., catalogue des types : M11, M13, M17, M27, T16, T17, T20.

3Après le stade, ou groupe, D de l’atelier I, 93 poinçons réapparaissent à Sinzig. Et avec 26 autres poinçons, nouvellement ajoutés à Sinzig, 225 moules décorés ont été fabriqués sur place4. Les rapports de succession entre Trèves et Sinzig sont garantis par les poinçons mutilés : 6 des poinçons figurés de Sinzig présentent les mêmes détériorations qu’à Trèves dans les séries C et D5, au moins 6 autres n’ont été détériorés qu’à Sinzig6. On peut également identifier des doubles de poinçons : ce sont avant tout des motifs de frises (013 et 14 à Sinzig) et des oves (l’ove de Trèves E6c apparaît aussi bien à Sinzig — E2 — que dans la série B de l’atelier II).

  • 7 C. Fischer date le premier groupe de Sinzig un peu plus tôt, cf. p. 68.
  • 8 FISCHER (n. 4), p. 10.

4Charlotte Fischer a dénommé le groupe de potiers dépendant de Trèves et issu directement de l’atelier I, « groupe de Sinzig » ; groupe dont l’activité de courte durée peut être datée entre 150 et 1707 (cf. fig. 4). Les décors sont réguliers, semblables à ceux de Trèves et aisément reconnaissables à l’ove rectangulaire qui est employé presque constamment. Malgré cette situation apparemment simple la vaisselle de Sinzig réservait de nombreuses surprises. Car C. Fischer établit que dans les frises (décors) quatre motifs de séparation (cercles, arceaux, et groupes de deux anneaux) s’excluaient les uns les autres et divisa la production en deux ateliers successifs. La répartition des poinçons paraît donc la suivante : 33 poinçons furent communs aux deux ateliers, tandis que le premier avait la propriété exclusive de 28 motifs, le second de 598. Comme le premier atelier utilisait presque uniquement El et parfois E2 (deux poinçons de Trèves), le second utilisait le plus souvent E3, rarement El, et aussi les nouveaux oves de Sinzig E4‑E6 ; par ailleurs trois poinçons mutilés n’apparaissent que dans le second atelier. Nous pouvons conclure de ces observations que le transfert des potiers de Trèves à Sinzig se fit en deux fois : quelques potiers restèrent à Trèves avec au moins 59 poinçons, et plus tard gagnèrent Sinzig après un délai relativement court (C. Fischer est, il est vrai, d’avis que tous les poinçons ont pris ensemble le chemin de Trèves à Sinzig, malgré la succession chronologique des deux ateliers).

5La seconde surprise réservée par Sinzig ce sont les deux noms maintenant attachés à la sigillée décorée : Virtus et Primigenius. Les deux potiers ont également signé des sigillées lisses, du moins à Sinzig ; les estampilles trouvées à Trèves sont‑elles des produits de Trèves ou de Sinzig ? des analyses de pâtes le diront.

  • 9 Ibid., pl. 1, la, 1b, 2a, 3.
  • 10 Ibid., pl. 34, 211.
  • 11 Ibid., pl. 44,3 et 45,1.
  • 12 Ibid., p. 54 et sq.

6Virtus a signé des moules du premier atelier (la première phase de Sinzig)9. Primigenius a estampillé un bol Drag. 30 du second atelier10. Or le potier Virtus a sans doute travaillé à La Madeleine et Mme Fischer, en outre, a découvert dans le « troisième groupe non localisé »11 un tesson portant sa signature : je voudrais donc ajouter un mot sur l’itinéraire et le style de ce potier, questions que Mme Fischer a largement exposées dans son ouvrage sur Sinzig12.

  • 13 RICKEN (H.). — Saalburg Jahrbuch, 8, 1934, pl. IX, 15 ; FISCHER (n. 4), pl. 1, 1a.
  • 14 FISCHER, ibid., pl. 1, 1b, 4.
  • 15 Ibid., p. 5, fig. 11.
  • 16 RICKEN (n. 13), pl. XIV, 7 ; FISCHER (n. 4), pl. 44, la ‑ lc.
  • 17 BEMMAN (H.). — Eine neue Ware des VIRTVS von La Madeleine. Saalburg Jahrbuch, 40‑41, 1984/85, p. 5  (...)

7Virtus a travaillé au moins dans trois ateliers et changé chaque fois son répertoire de poinçons. Au premier abord, il semblerait que nous ne puissions reconnaître un potier, en l’absence de signature, s’il compose de nouveaux décors avec de nouveaux poinçons. On trouve de tels décors également chez Virtus car il travaillait naturellement à la manière des potiers contemporains. Pourtant certaines particularités stylistiques sont chez lui évidentes. Ainsi il manquait du sens de l’ordonnance, de l’architecture et de l’équilibre. Tant à Sinzig qu’à La Madeleine, il advient que des colonnes ne se dressent pas sur le sol mais sur des fleurons, ou au‑dessus d’un rinceau, ou sur la pointe de doubles feuilles13. De même les êtres animés ou les arbres se balancent sur des spirales ou des feuilles14 ; souvent aussi des feuilles sont accrochées à des spirales15, ou des personnages posés sur des calices16. Dans les trois ateliers ont été produits des décors avec filet qui s’organisent au‑dessus de rinceaux et d’arceaux, de manière là encore à ne donner aucune impression de stabilité. Dans de nombreux décors de Virtus on peut observer des caractères semblables17.

  • 18 H.‑Z. (n. 1), pL 39 ; le nouvel ove de VIRTVS : La Madeleine N (cf. Bemman (n. 17), pl. 22, 2) se r (...)
  • 19 HULD (I.). — Saalburg Jahrbuch, 23, 1966, p. 104 et sq ; FISCHER (n. 4), p. 50, fig. 9.

8C. Fischer admet que c’est après avoir travaillé à La Madeleine que Virtus a produit la vaisselle du « troisième groupe non localisé ». La question est de savoir s’il séjourna aussi à Trèves avant de débuter à Sinzig. Ses moules signés de Sinzig ont été certainement décorés avec des poinçons de Trèves et il se pourrait qu’il ait participé au travail de l’atelier I. Mais on ne peut le prouver clairement et montrer, par exemple, que le décor D10 de la série D pourrait être de lui18. De plus il ne reste que bien peu de décors du groupe D. Je tiens pour possible en revanche que VIRTVS soit le potier du « premier groupe non localisé ». Le fabricant de ces produits possédait deux poinçons qui ne pouvaient lui venir que de l’atelier I de Trèves ou de Sinzig : l’ove à deux dards qui se cassa lors de l’impression dans un moule et une spirale à crochet qu’il n’a utilisée que mutilée (sans crochet)19. Comme sur cette vaisselle réapparaissent également des motifs de La Madeleine, qu’en outre des feuilles, à nouveau, se balancent au bout de spirales, je tiens pour possible que Virtus, encore une fois, se soit séparé de ses collègues — en l’occurrence à Sinzig — et, avec deux poinçons de Sinzig et quelques nouveaux, ait entrepris une petite production dans un lieu encore inconnu. Un des résultats les plus importants de l’étude de l’atelier de sigillée de Sinzig par C. Fischer fut la localisation à Sinzig du « deuxième groupe non localisé » de H. Ricken. Il s’agit d’après C. Fischer du deuxième groupe de Sinzig à propos duquel on peut citer le nom Lipuca et une estampille pseudoalphabétique. Dans ce cas encore la plupart des types iconographiques sont en relation avec l’atelier de La Madeleine, entre autres avec les types utilisés par Virtus.

  • 20 FISCHER (n. 4), p. 68.

9J’en termine avec Sinzig en précisant que des estampilles de 23 potiers y furent connues et que, bien entendu, certaines d’entre elles venaient de La Madeleine et de Trèves ; mais 10 des potiers avaient travaillé aussi à Lavoye et 9 à Rheinzabern. Sinzig n’est donc pas une petite fabrique inconnue20.

10Au cours de l’étude de l’atelier II de Trèves j’ai été frappée encore par la migration de poinçons dans une autre fabrique : 38 poinçons originaux de l’atelier II réapparaissent chez le potier L.At.At. à Eschweilerhof. Pour mieux comprendre ce cheminement et cette époque il me faut aller plus loin.

  • 21 Cf. H.‑Z. (n. 1), catalogue des types, p. 144 et sq: M8a etc.
  • 22 Cf. les poinçons fig. 1 et 2 : M33b = M102 ; M64a = M130 ; 061 b = 0131 etc.
  • 23 H.‑Z. (n. 1), catalogue des types : M2, M14, O21, O55, K2, K9, K10.
  • 24 Ibid., catalogue des types : M53, 052, E6c (inédit).

11L’atelier II fut sensiblement plus important que l’atelier I : on y fabriqua à l’aide de 241 poinçons environ 1 000 moules répartis en six séries de décors ; dans mon catalogue 640 à peu près sont publiés. Dans la série A on utilisa 137 poinçons parmi lesquels 83 environ sont absolument indépendants de l’atelier I ; mais un certain nombre sont sans conteste dérivés de motifs de l’atelier I21 (fig. 1 et 2), en particulier de poinçons qui furent réutilisés après détérioration22. Il y a aussi 7 poinçons originaux qui passèrent de l’atelier I à l’atelier II : comme ces 7 poinçons dans l’atelier I ne furent employés que dans les séries A et B, ils doivent donc avoir été repris, juste après, par les potiers de l’atelier Il23. Une confirmation indirecte me semble apportée par les profils des moules : ils sont très comparables dans les premières séries des deux ateliers, tandis que leur forme se modifie ensuite et, cela aussi, de façon simultanée. Enfin, 3 poinçons de l’atelier I (dont 2 de la série D) réapparaissent dans les séries B et E de l’atelier II24 ; et même si alors l’ove E6c et la grosse double feuille 052 sont des doubles, ils sont vraisemblablement parvenus dans l’autre atelier après la dissolution de l’atelier I. Sur la base de cette intrication typologique j’ai fait coïncider le début des séries B et E à peu près avec la fin de l’atelier I (fig. 4).

• 1. Trèves. Poinçons de l’atelier I.

• 2. Trèves. Poinçons de l’atelier II dérivés du répertoire de l’atelier I et ensuite cédés au potier L.At.At.

  • 25 Cf. fig. 2 et H.‑Z. (n. 1 ), catalogue des types : 055 et K9.

12Revenons au potier L.At.At. Des 38 poinçons de Trèves qu’il emploie, 35 proviennent de la série A de l’atelier II, 27 d’entre eux appartiennent aux motifs indépendants de l’atelier I, 12 aux motifs dépendants (fig. 2) et 2 de ces derniers sont des poinçons originaux de l’atelier I25. Il semblerait donc évident que le potier L.At.At. n’ait pas emporté ces motifs d’Eschweilerhof à Trèves — le cheminement fut inverse.

  • 26 HAALEBOS (J.K.). — Zwammerdam. Nigrum Pullum. Cingula III, Amsterdam, 1977, pl. 67, no 595 ; KNORR  (...)
  • 27 FÖLZER (E.). — Die Bilderschüsseln der ostgallischen Sigillata‑Manufakturen. Bonn, 1913, pl. 23, 17
  • 28 ORLB39 (Walldürn), pl. 3, 1.
  • 29 KNORR‑SPRATER (n. 26), pl. 67, 6, 9.
  • 30 ORLB38 (Miltenberg), pl. 4, 11 ; ORLB38a (Miltenberg‑Est), pl. 1, f ; ORLB39 (Walldürn), pl. 3, 1 ; (...)
  • 31 BAATZ (D.). — Kastell Hesselbach. Limesforschungen 12, Berlin, 1973, p. 80.

13Deux poinçons mutilés rendent plus net encore le cheminement de Trèves à Eschweilerhof : le grand cerf à droite a, à Trèves, d’abord sa queue ; plus tard, dans les décors de la série A il l’a perdue. À mon avis le dessin de Knorr ne reproduit pas la queue originelle et c’est un poinçon mutilé de Trèves qui a été emporté26. Un second poinçon, le paegniarius avec un gourdin brandi et un fouet, est à Trèves27 encore entier mais il perd son bâton après son utilisation à Eschweilerhof ; il est ensuite utilisé par L.At.At. aussi bien sans bâton28 qu’avec une couronne imprimée pour combler le vide29. On rencontre les produits de L.At.At., entre autres, dans les fortins avancés du limes de Germanie supérieure30 qui ne furent édifiés qu’après 150 ap. J.‑C.31. L’activité de L.At.At. commença donc vers 150 ou peu après car dans les fortins, antérieurs, du limes de l’Odenwald on ne rencontre pas encore ses produits.

  • 32 L’étude sur l’atelier II de Trèves est encore inédite, aussi est‑il impossible de donner des référe (...)

14Si nous plaçons dans ces cadres chronologiques la reprise des poinçons de l’atelier II de Trèves, nous aboutissons aux conclusions suivantes : en dehors des poinçons de la série A, L.At.At. dispose de 3 poinçons qui n’apparaissent qu’à partir de la série B (et 9 des poinçons de la série A apparaissent aussi, parfois, dans les décors des séries parallèles B, C, D et B/E)32. Il semble évident que L.At.At. peu après le début de ces nouvelles séries de l’atelier II s’en alla avec les poinçons de Trèves ou du moins se les procura (cf. fig. 4). Peut‑être s’installa‑t‑il à son compte à Eschweilerhof surtout parce qu’il avait entendu parler des nouveaux projets d’aménagement des lignes avancées du limes et qu’il pensait ainsi s’être rapproché de ses clients. Autre argument en faveur de l’acquisition des poinçons à Trèves c’est qu’il n’avait aucun talent personnel : ses autres poinçons viennent aussi d’autres potiers, tels Auitus, Cambo et L.A.L. de Blickweiler.

  • 33 MÜLLER (G.). — Römische Einzelfunde aus Neuss. In : Beiträge zur Archäologie des römischen Rheinlan (...)
  • 34 STILLER (G.), MÜLLER (H.), ZUMSTEIN (H.), HATT (J.J.). — Découverte d’une officine de céramique gal (...)
  • 35 Ibid., fig. VI, 30.

15Il existe également à Neuss‑am‑Rhein un moule33 qui présente un rapport avec l’atelier II de Trèves, et aussi avec Eschweilerhof et le Potier mosellan de Haute‑Yutz (fig. 3). 4 des poinçons — trépied avec un oiseau, grappe, chevreuil et chien — proviennent de l’atelier II, où 3 ne furent utilisés que dans la série A et le dernier (trépied), que dans la série B. Si alors des poinçons changèrent de propriétaire, ce dut être au même moment que pour L.At.At. — après le début de la série B. 2 des poinçons — le chevreuil et le chien — parvinrent aussi entre les mains de L.At.At. Il y eut donc des poinçons en double, à moins que la fabrication du moule de Neuss ne soit survenue à Trèves avant le départ de L.At.At. Le fait le plus intéressant me paraît être que le cordon ondulé soit un poinçon du Potier mosellan de Haute‑Yutz34 et peut‑être aussi la figure du potier qui, ici, n’est pas entièrement conservée35. Le large cordon ondulé apparaît par ailleurs sur un bol signé de L.At.At. à Eschweilerhof. Il se pourrait donc qu’un potier emportant quelques poinçons de Haute‑Yutz se soit rendu à Trèves, y ait travaillé dans l’atelier II et ait produit quelques moules décorés, par exemple celui de Neuss, et l’ait vendu. Le potier L.At.At. fit alors l’acquisition des poinçons de Trèves et de l’un des poinçons de Haute‑Yutz et gagna Eschweilerhof.

• 3. Empreinte d’un fragment de moule de Neuss (éch. 1 : 1).

• 4. Chronologie des ateliers de Trèves, Sinzig et Eschweiler Hof.

16Les oves du décor de Neuss n’ont pas pu être identifiés, il en existe de semblables en Argonne.

  • 36 H.‑Z. (n. 1), p. 81 et sq ; HULD‑ZETSCHE (I) . — Glotte Sigillaten des Massenfundes aus Trier. R.C. (...)
  • 37 HULD‑ZETSCHE (I.), Spät ausgeformte römische Bilderschüsseln. Bonner Jahrbücher, 178, 1978, p. 135  (...)

17Un mot sur la qualité des produits de Trèves et Eschweilerhof. Aussi bien l’atelier II que le potier L.At.At. ont encore produit de la bonne sigillée avec des pieds bas, très comparable voire identique à la vaisselle de l’atelier I. Mais le grand dépôt (Massefund) de Trèves36 prouve que dans la grande fabrique on continuait à utiliser des moules anciens, si bien que la datation de tessons isolés n’est guère facile. Ces particularités ont été mises en évidence par les analyses de pâtes de M. Picon : les tessons du grand dépôt ont une composition tout à fait différente de celle des sigillées du milieu du iies.37.

18Les transferts de poinçons Trêves‑Sinzig et Trèves ‑ Eschweilerhof nous permettent de tirer quelques conclusions.

191°) On peut prouver que de nombreux poinçons n’ont existé qu’en un exemplaire.

202°) On a également la preuve qu’on disposait de plusieurs poinçons produits à l’aide du même moule (surtout les oves et les frises).

213°) La situation n’était pas telle que les potiers produisent les poinçons en double et en vendent chaque fois un jeu à des concurrents; au contraire il y eut à Trèves deux cas où une phase déterminée de la production s’acheva et où l’on ne fut qu’alors disposé à céder des poinçons à d’autres potiers: dans le cas de l’atelier I les poinçons, après la fin de la série D, émigrèrent à Sinzig, dans le cas de l’atelier II il advint qu’à la fin de la série A, et dans une seconde phase de production (séries B, C, D, E), on acquit de nouveaux poinçons; ce n’est qu’alors que L.At.At. put se procurer des poinçons qui, en majeure partie, restaient encore de la série A.

Notes

1 HULD‑ZETSCHE (I.). — Trierer Reliefsigillata Werkstatt I. Materialen zur Römisch‑Germanischen Keramik 9. Bonn, 1972, p. 114 et sq, pl. 1‑44.

2 HULD‑ZETSCHE (note 1 ) p. 114 et sq ; les types comparables et éventuellement leur provenance figurent au catalogue des types.

3 HULD‑ZETSCHE (n. 1), p. 78.

4 FISCHER (C.). — Die Terra‑Sigillata‑Manufakturen von Sinzig am Rhein. Rheinische Ausgrabungen 5, Düsseldorf, 1969, p. 6 et sq, pl. 1‑35. Cf. H‑Z. (n. 1), p. 25 et sq.

5 FISCHER (n. 4), catalogue des types : M16, M34, M38, 015, 016, 021.

6 Ibid., catalogue des types : M11, M13, M17, M27, T16, T17, T20.

7 C. Fischer date le premier groupe de Sinzig un peu plus tôt, cf. p. 68.

8 FISCHER (n. 4), p. 10.

9 Ibid., pl. 1, la, 1b, 2a, 3.

10 Ibid., pl. 34, 211.

11 Ibid., pl. 44,3 et 45,1.

12 Ibid., p. 54 et sq.

13 RICKEN (H.). — Saalburg Jahrbuch, 8, 1934, pl. IX, 15 ; FISCHER (n. 4), pl. 1, 1a.

14 FISCHER, ibid., pl. 1, 1b, 4.

15 Ibid., p. 5, fig. 11.

16 RICKEN (n. 13), pl. XIV, 7 ; FISCHER (n. 4), pl. 44, la ‑ lc.

17 BEMMAN (H.). — Eine neue Ware des VIRTVS von La Madeleine. Saalburg Jahrbuch, 40‑41, 1984/85, p. 5 et sq, surtout fig. 1, 7, 8, 13, 14.

18 H.‑Z. (n. 1), pL 39 ; le nouvel ove de VIRTVS : La Madeleine N (cf. Bemman (n. 17), pl. 22, 2) se rencontre également associé à des poinçons de Trèves I ou de Sinzig: H.‑Z. (n. 1), pl. 44, D42.

19 HULD (I.). — Saalburg Jahrbuch, 23, 1966, p. 104 et sq ; FISCHER (n. 4), p. 50, fig. 9.

20 FISCHER (n. 4), p. 68.

21 Cf. H.‑Z. (n. 1), catalogue des types, p. 144 et sq: M8a etc.

22 Cf. les poinçons fig. 1 et 2 : M33b = M102 ; M64a = M130 ; 061 b = 0131 etc.

23 H.‑Z. (n. 1), catalogue des types : M2, M14, O21, O55, K2, K9, K10.

24 Ibid., catalogue des types : M53, 052, E6c (inédit).

25 Cf. fig. 2 et H.‑Z. (n. 1 ), catalogue des types : 055 et K9.

26 HAALEBOS (J.K.). — Zwammerdam. Nigrum Pullum. Cingula III, Amsterdam, 1977, pl. 67, no 595 ; KNORR (R.), SPRATER (F.). — Die Westpfâlzischen Sigillata‑Töpfereien von Blickweiler und Eschweilerhof. Spire, 1927, pl. 64, 6.

27 FÖLZER (E.). — Die Bilderschüsseln der ostgallischen Sigillata‑Manufakturen. Bonn, 1913, pl. 23, 17.

28 ORLB39 (Walldürn), pl. 3, 1.

29 KNORR‑SPRATER (n. 26), pl. 67, 6, 9.

30 ORLB38 (Miltenberg), pl. 4, 11 ; ORLB38a (Miltenberg‑Est), pl. 1, f ; ORLB39 (Walldürn), pl. 3, 1 ; ORLB42 (Oehringen), pl. 4, C6 et 7.

31 BAATZ (D.). — Kastell Hesselbach. Limesforschungen 12, Berlin, 1973, p. 80.

32 L’étude sur l’atelier II de Trèves est encore inédite, aussi est‑il impossible de donner des références. Après la parution on trouvera aisément ces exemples dans le catalogue des types.

33 MÜLLER (G.). — Römische Einzelfunde aus Neuss. In : Beiträge zur Archäologie des römischen Rheinlands II. Rheinische Ausgrabungen 10, Düsseldorf, 1971, p. 368 et sq, fig. 3.

34 STILLER (G.), MÜLLER (H.), ZUMSTEIN (H.), HATT (J.J.). — Découverte d’une officine de céramique gallo‑romaine à Haute‑Yutz (Moselle). A.S.H.A.L., LX, 1960, p. 1 et sq, fig. V, 18.

35 Ibid., fig. VI, 30.

36 H.‑Z. (n. 1), p. 81 et sq ; HULD‑ZETSCHE (I) . — Glotte Sigillaten des Massenfundes aus Trier. R.C.R.F. Acta XIII, 1971, pp. 21‑39.

37 HULD‑ZETSCHE (I.), Spät ausgeformte römische Bilderschüsseln. Bonner Jahrbücher, 178, 1978, p. 135 et sq surtout 332‑334.

Table des illustrations

Légende • 1. Trèves. Poinçons de l’atelier I.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32578/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 133k
Légende • 2. Trèves. Poinçons de l’atelier II dérivés du répertoire de l’atelier I et ensuite cédés au potier L.At.At.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32578/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 89k
Légende • 3. Empreinte d’un fragment de moule de Neuss (éch. 1 : 1).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32578/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 58k
Légende • 4. Chronologie des ateliers de Trèves, Sinzig et Eschweiler Hof.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32578/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 85k

© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1986

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