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La terre sigillée gallo-romaine

 | 
Colette Bémont
, 
Jean-Paul Jacob

Les ateliers de l’est de la France

Ateliers d’Alsace

Erwin Kern, Michel Rilliot et Xavier Lafon

Texte intégral

Dinsheim ‑ Heiligenberg

1Les vestiges de l’atelier sont situés dans la commune de Dinsheim, département du Bas‑Rhin, arrondissement et canton de Molsheim, au lieu‑dit Brüschfeld‑Ziegelrain. Le site, qui se trouve à la limite du territoire de la commune, est dominé par la colline de Heiligenberg, commune voisine, ce qui explique que les historiens aient préféré donner à l’atelier le nom « d’officine de Heiligenberg » qui leur semblait plus évocateur. L’atelier est situé à flanc de coteau, à 208 m environ d’altitude.

■ Circonstances de la découverte et état du site

2Au xviiie s., des travaux effectués sur la route allant de Strasbourg à Schirmeck et Saint‑Dié avaient révélé la présence de fours de potiers. Ce sont probablement les mêmes fours que l’élargissement de la route en 1818 permit de retrouver fortuitement. Schweighaeuser en fit alors une description détaillée qui, plus tard, rendit le site célèbre lorsque Brongniart l’eut prise pour exemple dans son Traité des arts céramiques (1854). En 1909, R. Forrer profita du creusement d’un canal d’irrigation qui entailla le site pour faire des observations sur un important dépotoir. En 1910, il organisa une fouille qui amena la découverte d’une batterie de fours. Au mois de janvier 1983, des travaux touchant le bas‑côté de la RN 392, entrepris par l’Équipement, ont entraîné le dégagement des « fours de Schweighaeuser » et l’intervention du Service des fouilles. Une fouille de sauvetage portant sur les vestiges d’un atelier et sur un grand dépotoir fut poursuivie durant l’année. Une demande de subventions pour l’année 1984 n’a pas abouti.

3Le site se trouvant dans une zone agricole, le terrain qui contient le complexe de fours dégagé par Forrer a été recouvert après la fouille et rendu au labour. Le terrain contenant les fours de Schweighaeuser actuellement dégagés ayant été racheté par l’Equipement, il pourrait être aménagé pour la visite du public ; mais le projet semble compromis en raison de la proximité de la route. Une demande de protection par classement a été engagée. D’après les prospections de surface, on peut estimer à 3 ha la superficie de l’officine.

■ Contexte historico‑géographique

4Le site faisait partie de l’ancienne cité des Triboques, en Germanie supérieure. Mais cet endroit de la vallée de la Bruche est si reculé qu’on y trouve peu de traces de la romanisation : une nécropole près de Molsheim (à l’entrée de la vallée) et deux stèles funéraires à Oberhaslach. À Dinsheim même, au centre du village, de faibles témoins (monnaies, tessons de céramique) auraient été recueillis mais ces indices ne permettent pas de préciser le caractère de l’occupation. La situation du village aurait pu convenir à l’installation d’un relais à mi‑chemin entre Strasbourg et le Donon, sorte de sanctuaire fédéral de trois anciennes cités : triboque, médiomatrique et leuque (ces deux dernières ayant fait partie de la Gaule Belgique). L’atelier semble donc avoir été relativement isolé. Des recherches concernant la cadastration antique de la région ont rencontré des difficultés à partir de l’entrée de la vallée de la Bruche (Molsheim). Cependant, les fouilles ont dernièrement fait ressortir la parfaite ordonnance des installations de l’officine.

5Il est probable qu’une voie romaine longeant la vallée passait à proximité de l’atelier de céramique. L’échange commercial pouvait donc se faire assez commodément, d’une part à travers les Vosges vers la cité leuque et par le Donon vers la cité médiomatrique, d’autre part vers la vallée rhénane. C’est exactement à la hauteur de l’officine que la Bruche s’élargit et perd son caractère torrentiel ; ce changement de régime rendait possible le flottage jusqu’à Strasbourg et peut‑être certains chargements de céramique furent‑ils transportés de cette façon.

6Les matières premières nécessaires aux potiers existaient sûrement sur place mais nous n’avons pas encore de données précises concernant les carrières d’extraction des argiles. L’eau ne manque pas sur le site : la Bruche coule à quelques mètres et une source suinte tout près de l’atelier. La couverture forestière de la vallée devait être, à l’époque romaine, beaucoup plus importante que de nos jours (peut‑être est‑ce une raison pour laquelle les traces de centuriation sont si fugitives). Les charbons de bois recueillis proviennent généralement de résineux.

7La production couvre une période allant sensiblement de la fin du ier à la deuxième moitié du iie s. En l’absence, dans l’atelier, d’autre mobilier archéologique en relation avec le matériel céramique, la datation est essentiellement fondée sur l’étude des formes, des signatures et des décors de la sigillée. Dans certains cas aussi il est possible d’établir des comparaisons avec du matériel trouvé en statigraphie sur des sites urbains (par exemple Strasbourg ou Ehl).

8On ne connaît aucune autre activité artisanale à proximité de cette officine. La fabrication de vaisselle sigillée y était associée à une industrie de matériaux de construction (briques et tuiles) dont les estampilles connues correspondent à des signatures de fabricants civils. Il est actuellement difficile de définir les raisons de l’arrêt des productions de l’atelier de céramique. Il semble qu’elles n’aient pas de relation avec les destructions violentes causées en 160 et 175 par les incursions germaniques, destructions dont témoignent les stratigraphies, particulièrement à Ehl, Brumath et Strasbourg.

■ Activité céramique

9Il semble que l’activité de l’officine ait été exclusivement orientée vers les productions simultanées de céramique sigillée et de matériaux de construction.

10On peut considérer que l’atelier exerça un rôle de jalon de la production sigillée dans la mesure où les potiers qui s’y installèrent avaient suivi le mouvement de migration vers le nord‑est, vraisemblablement pour se rapprocher du débouché constitué par l’extension militaire en Germanie. La production d’un des plus importants potiers de Dinsheim, le Maître F., probablement parmi les premiers venus dans l’officine, présente des décors d’un style transitoire encore imprégné de celui de La Graufesenque ; et l’on retrouve dans l’officine de Rheinzabern (Polatinat) les productions de nombreux potiers de Dinsheim, tels que lanus, Reginus et Firmus pour la sigillée ornée par exemple.

11L’étude physico‑chimique des produits sigillés est en cours sous la responsabilité de MM. Mussard et Heitz, à l’institut de minéralogie et de cristallographie, 1, rue Blessig, à Strasbourg. L’analyse d’un premier échantillon a donné les résultats suivants, qui n’ont qu’une valeur indicative : pâte, composants principaux : SiO2, AI2O3, CaO, K2O ; composants détectés : P, Fe, Ti, Mg ; engobe, composants principaux : SiO2, AI2O3, K2O, Fe plus important que dans la pâte, traces : Ca, Mg.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

12Pour la plupart des tessons, la pâte est de couleur rouge orangé clair (plus rouge que 11 clair du tableau Steiger : ETTLINGER (E.), STEIGER (R.). — Formen und Farbe römischer Keramik. Augst, Römermuseum, 1971) ; l’engobe est de couleur rouge orangé (plus clair que 18 foncé de Steiger) et légèrement brillant.

13Les estampilles épigraphiques sont toutes formées d’un cartouche rectangulaire contenant une seule ligne inscrite qui peut être rétrograde. Une estampille qui fait exception est de forme circulaire. Quelques estampilles sont anépigraphes. On n’a pas relevé de graffites.

14Les principales formes de sigillée lisse sont les Drag. 18, 18/31, 27, 32, 33, 35/36, 38, 40, 46 ; Curle type 15. Par ailleurs les gobelets sont des variantes de Déchelette 72, les formes décorées à la roulette, des variantes de Drag. 30 et 37 ; les rebords des Drag. 35/ 36 sont ornés à la barbotine. Les potiers producteurs, au nombre de 85, sont recensés par R. Forrer (bibliographie).

15Les principales formes de sigillée ornée sont de type hémisphérique Drag. 37 ou une variante du type Déchelette 64. Quelques formes Drag. 29/37 remontent probablement à la première période d’activité de l’officine. Les vases ornés de type Drag. 37, 29/31 et Déchelette 64 furent obtenus par moulage, les moules ayant été eux‑mêmes ornés en creux à l’aide de poinçons. La plupart des structures de décor connues sont présentes : résilles, rinceaux et festons, compositions en zones, à métopes, compositions figuratives dans le style dit « semi‑libre ». Les thèmes souvent repris sont les vendanges, la chasse, les scènes de cirque et les scènes mythologiques. On a dénombré 5 ou 6 potiers producteurs, dont 4 particulièrement féconds. Leurs signatures sont généralement deux fois plus grandes que celles des formes lisses. Elles sont toutes intradécoratives. Les estampilles de Cerialis et Reginus présentent des caractères en creux dans un cartouche rectangulaire en relief, celle de lanus (fig. 1), de grands caractères en relief, sans cartouche visible. Les signatures du Maître F. (fig. 2) et de Gemelus, elles aussi en relief, ont été gravées à main levée dans le moule. La production du Maître F. se distingue par le caractère de ses décors qui semblent avoir été obtenus au moyen de poinçons découpés dans des pièces d’orfèvrerie.

• 1. Dinsheim‑Heiligenberg. IANVS : décors sur vases (1 : festons et signature ; 2 : rinceau ; 3 : métopes) et sur moule Drag. 37 (4).

• 2. Dinsheim‑Heiligenberg. Le Maître F. : décors sur vases. 1 : noter les petits médaillons, caractéristiques du potier, à la place des oves ; : exemplaire signé ; 3 : les putti vendangeurs, propres à cet atelier, paraissent directement repris de la vaisselle métallique.

■ La fabrication

16R. Forrer signale qu’une petite hache néolithique en pierre polie a été trouvée sur le site. Huit fours « à canaux » ont été décelés et fouillés : deux petits fours circulaires, deux grands fours circulaires, deux grands fours carrés, un grand four rectangulaire, un four de forme indéterminée. On a dégagé également sur le site un chemin empierré menant à une batterie de quatre fours et des fondations maçonnées, peut‑être celles d’un atelier couvert desservant une autre batterie de fours.

■ Les potiers

17Il est possible qu’au moins deux estampilles émanent d’esclaves ou d’affranchis qui auraient travaillé pour lanus : Q.ALP.IANF (Quintus Alpinus lani fecit ?) et SACIANTRI (Sacer lani fecit ?). D’autre part on pourrait considérer comme signes d’association ou du moins de collaboration entre potiers deux contremarques ajoutées sur le bord de vases moulés déjà signés dans le décor par un autre potier.

■ La diffusion

18L’aire de répartition de la production de Dinsheim est très large : la diffusion s’est surtout faite en Germanie supérieure mais aussi dans les provinces limitrophes, au nord et au sud.

■ Bibliographie

19BRONGNIART (A.). — Traité des arts céramiques ou des potiers. Paris, 1854, t. I, p. 427 et pl. 4, fig. 1 à 3.

20FORRER (R.). — Die rômischen Terrasigillata‑Töpfereien von Heiligenberg‑Dinsheim und Ittenwiller im Elsass. Mitteilungen der Gesellschaft für Erhaltung der geschichtlichen Denkmäler im Elsass, t. XXIII, 1911, pp. 528‑768, 40 pl.

21HATT (J.‑J.). — L’Atelier du maître F. de Heiligenberg. R.A.E., 1965, t. XV, fasc. 5, pp. 313‑327.

22KERN (E.). — Dinsheim ; « F (maître) » ; « Heiligenberg » ; « Janus ». In : Encyclopédie de l’Alsace. Éd. Publitotal, 1983, vol. 4, p. 2381 ; vol. 5, p. 2900 ; 1984, vol. 6, pp. 3804‑3805 ; vol. 7, pp. 4310‑4311.

■ Collections principales et lieux de conservation connus en 1984

23Le matériel archéologique fourni par les fouilles de Forrer est conservé au musée archéologique de Strasbourg. Le matériel fourni par les fouilles en cours est en dépôt pour étude à la Direction des Antiquités historiques d’Alsace à Strasbourg.

■ Responsables actuels du site

24Responsable du site : Erwin Kern, ingénieur à la Direction des Antiquités historiques de la région d’Alsace.

25Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Alsace.

Ittenwiller

26Les vestiges de l’atelier sont situés dans la commune de Saint‑Pierre, département du Bas‑Rhin, arrondissement de Sélestat, canton de Barr, au lieu‑dit Ittenwiller, dans le parc du château des comtes d’Andlau‑Hombourg ; l’atelier est situé à environ 190 m d’altitude.

■ Circonstances de la découverte et état du site

27On avait relevé depuis longtemps sur le domaine d’Ittenwiller les traces d’une industrie de céramique sigillée quand, en 1822, Schweighaeuser publia une description des échantillons qu’il avait pu voir au château. En 1910, R. Forrer profita du creusement d’un drain d’irrigation dans le parc du château pour recueillir de nombreux tessons et accessoires de cuisson propres à la fabrication de la céramique sigillée. L’emplacement présumé de l’atelier se situe dans un terrain arboré interdisant la recherche archéologique.

■ Contexte historico‑géographique

28Le site faisait partie de l’ancienne cité des Triboques, en Germanie supérieure. On connaît des témoins matériels laissés par la romanisation près de cet atelier, mais ils sont insuffisants pour qu’on puisse définir d’après eux l’importance de l’occupation. Toutefois, à 3 km au nord se trouvait l’officine de céramique commune de Bourgheim (vicus, burgus ou quadriuium ?) ; et de récentes recherches de cadastration antique ont fait ressortir des traces correspondant à des limites de centuriation.

29Près de l’atelier passait une importante voie romaine, axe nord‑sud qui longeait la basse terrasse vosgienne. Les communications étaient encore accrues par la proximité de Bourgheim qui était situé au carrefour des axes nord‑sud et est‑ouest. La rivière Andlau, affluent de l’Ill, traverse le site. Outre l’eau, les matières premières nécessaires aux potiers existaient sûrement sur place, mais rien ne signale actuellement la présence de carrières antiques d’extraction d’argile. Par ailleurs l’officine était située entre deux forêts, les forêts vosgienne et rhénane.

30D’après les données actuelles, la période de production se situe vers le milieu du iie s. ; cette datation est essentiellement fondée sur l’étude des formes, des signatures et des décors de la sigillée. Dans certains cas, il est possible d’établir des comparaisons avec du matériel trouvé en stratigraphie sur des sites urbains (par exemple Strasbourg et Ehl). Un vase Drag. 37 de Cibisus, découvert à Kempten (Bavière), est orné, entre autres motifs, des impressions alternées du droit et du revers d’une monnaie de Marc‑Aurèle de la fin de l’année 170. L’officine de Bourgheim, qui fonctionna à la même époque, est la seule industrie connue d’Ittenwiller.

■ Activité céramique

31Il semble que la production de sigillée ait été exclusive ; et l’on peut considérer que l’atelier exerça un rôle de jalon dans la mesure où les potiers qui s’y installèrent avaient suivi le mouvement de migration vers le nord‑est, vraisemblablement pour se rapprocher du débouché constitué par l’extension militaire en Germanie.

32Parmi les signatures on relève une quarantaine de noms de potiers dont près de la moitié exercèrent aussi, par exemple, à Dinsheim‑Heiligenberg et à Rheinzabern (Palatinat).

33L’étude physico‑chimique des produits sigillés est en cours, sous la responsabilité de MM. Mussard et Heitz à l’institut de minéralogie et de cristallographie, 1, rue Blessig, à Strasbourg. L’analyse d’un premier échantillon a donné les résultats suivants : AI2O: 16,83 ; SiO: 59,54 ; K2O : 3,55 ; CaO : 8,89 ; TiO2 : 0,85 ; Fe2O3 : 5,44 ; MgO : 4,40.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

34Pour la plupart des tessons, la pâte est de couleur ocre rosé clair (entre 11 clair et 17 clair du tableau de Steiger : cf. ETTLINGER (E.)., STEIGER (R.). — Formen und Farben römischer Keramik. Augst, Römermuseum, 1971). L’engobe est de couleur terre de Sienne naturelle (plus clair que 17 foncé de Steiger) et légèrement brillant.

35Les estampilles épigraphiques sont toutes formées d’un cartouche rectangulaire contenant une seule ligne inscrite qui peut être rétrograde. Une estampille qui fait exception est de forme circulaire. Quelques estampilles sont anépigraphes. On n’a pas relevé de graffites.

36Les principales formes de sigillée lisse sont les Drag. 18/31, 27, 32, 33, 35/36, 38, 40. Les potiers producteurs, environ une trentaine, sont recensés par R. Forrer (bibliographie). La principale forme de sigillée ornée est le type hémisphérique Drag. 37. Deux potiers (Verecundus et Cibisus) puisèrent leur inspiration dans les récits mythologiques : un thème favori de Verecundus fut la représentation des travaux d’Hercule ; dans le répertoire de Cibisus dominent les figures illustrant les avatars de la Déesse‑Mère. Il semble qu’en plus de ces potiers au moins un troisième, encore anonyme, ait travaillé dans l’officine. Les signatures sont généralement deux fois plus grandes que celles des formes lisses. Elles sont toutes intradécoratives. Les estampilles présentent des caractères en creux dans un cartouche en relief.

■ Les potiers

37Parmi les fragments de moules et de vases de Cibisus trouvés à Mittelbronn (Moselle), certains présentent une signature barrée ; ce qui semble indiquer que Cibisus ne travailla pas lui‑même dans cette officine et qu’un autre potier se servit de ses moules.

■ La diffusion

38C’est surtout vers la Rhétie qu’aurait été acheminée la céramique. La prochaine étape à l’est de Bourgheim était le vicus d’Ehl, point stratégique et commercial menant au passage du Rhin. Ehl était doté d’un port sur l’Ill d’où l’on pouvait acheminer, directement par voie fluviale, vers Strasbourg toute marchandise (particulièrement une marchandise fragile comme la céramique). C’est à Ehl qu’on a découvert ce qui semble avoir été un dépôt de vente de céramique de Cibisus.

■ Bibliographie

39SCHWEIGHAEUSER. — Annuaire du Département du Bas‑Rhin pour l’année 1822.

40FORRER (R.). — Die rômischen Terrasigillata‑Töpfereien von Heiligenberg‑Dinsheim und Ittenwiller im Elsass. Mitteilungen der Gesellschaft für Erhaltung der geschichtlichen Denkmäler im Elsass, t. XXIII, 1911, pp. 528‑768, pl. 40.

41LUTZ (M.). — La Céramique de Cibisus à Mittelbronn. Gallia, XVIII, 1960, fasc. 1, pp. 111‑161.

42LUTZ (M.). — Catalogue des poinçons employés par le potier Cibisus. Gallia, XXVI, 1968, fasc. 1, pp. 55‑117 .

43HELMER (L.)., LUTZ (M.). — Découverte à Ehl (Bas‑Rhin) d’un lot important de sigillée de Cibisus. Cahiers Alsaciens d’Archéologie, d’Art et d’Histoire, 1971, t. XV, pp. 55‑69.

44KERN (E.), HELMER (L.). — Nouveaux décors et poinçons du potier Cibisus. R.A.E., t. XXXIII, 1982, fasc. 2‑3‑4‑, pp. 202‑203.

45KERN (E.). — « Cibisus » ; « Ittenwiller ». In : Encyclopédie de l’Alsace. Éd. Publitotal, 1983, vol. 3, pp. 1726‑1727 ; 1984, vol. 7. p. 4299.

■ Collections principales et lieux de conservation connus en 1984

46Une partie du matériel archéologique fourni par les prospections effectuées sous l’impulsion de R. Forrer par M. G. Heintz est conservée au musée archéologique de Strasbourg. Une autre partie de ce matériel est restée dans la collection privée de M. G. Heintz, à Strasbourg.

■ Responsables actuels du site

47Responsable du site : Erwin Kern, ingénieur à la Direction des Antiquités historiques de la région d’Alsace.

48Le Directeur des Antiquités historiques de la région d’Alsace.

Offemont

49L’atelier se trouve dans la commune d’Offemont, département Territoire de Belfort, canton de Valdoie, au lieu‑dit La Cornée, à une altitude de 365 m.

■ Circonstances de la découverte et état du site

50L’érudit belfortain Ferdinand Pajot publia en 1908 dans le Bulletin de la société belfortaine d’émulation un article sur les ruines romaines d’Offemont dans lequel il mentionne la découverte, faite en 1907, près de l’étang des Forges d’un site sur lequel il donne des renseignements. Pajot avait remarqué de nombreux fragments de vases rassemblés en un espace restreint et des tuileaux dont il envisageait la fabrication sur place. En 1962, Jean‑François Piningre effectua un sondage très limité qui donna de nombreux fragments de vases ovoïdes (gobelets) décorés à la roulette et ayant subi des accidents de cuisson, mais surtout cinq fragments de moules de céramique sigillée. Cette découverte redonna de l’intérêt au site et laissa entrevoir l’existence d’une officine inconnue. Cette perspective avait été envisagée par le céramologue allemand Knorr mais R. Forrer, en examinant la céramique sigillée entrée au musée de Colmar en 1841, supposa que le matériel en question pouvait provenir des fouilles d’Heiligenberg. En fait, comme l’a montré une étude récente sur Offemont, les deux avaient raison. Il faut ajouter que les tessons du musée provenaient de l’établissement secondaire fouillé en 1839 et 1841 par l’abbé Froment et R. Charlier.

51En 1966 le groupe départemental d’études archéologiques du Territoire de Belfort entreprit à l’emplacement d’un dépotoir les premières fouilles programmées. La mise au jour du premier four de l’atelier eut lieu au cours de l’année 1971. Situé à proximité de l’étang des Forges sous une ligne à haute tension, le site n’est pas protégé malgré son intérêt évident. Actuellement les travaux entrepris sur l’aire de production sont arrêtés sur instructions du Conseil supérieur. Il est difficile d’envisager la superficie exacte de cet atelier qui ne doit pas être inférieure à cinquante ares.

■ Contexte historico‑géographique

52Offemont se trouve semble‑t‑il dans la Séquanie comme vraisemblablement l’ensemble du département sauf la partie sud appartenant à la Rauracie. Si, sous Auguste, les Séquanes sont rattachés à la Gaule Belgique, la réorganisation des provinces de l’Est effectuée sous les Flaviens les plaça dans la Germanie supérieure, province militaire. Dans l’état actuel des recherches, il est difficile sinon utopique de prétendre à plus de précisions. L’atelier n’est pas très éloigné de la frontière naturelle du Rhin, d’Augst, de Windisch, de Strasbourg, de Luxeuil‑les‑Bains, de Besançon et de Mandeure. D’après de récentes études l’atelier doit être dans la dépendance directe du vicus de seconde importance que constituaient, sans doute, les constructions gallo‑romaines de la commune, y compris le sanctuaire de tradition gauloise.

53Le département du Territoire de Belfort est, par référence aux auteurs anciens, riche en voies romaines. À ce jour, il n’a pas été fait de recherche globale sur ce problème ; il est généralement admis que le sud du département était traversé par une voie de Mandeure au Rhin et le nord par une voie qui, passant aux pieds des Vosges, rejoignait d’une part un axe vers Langres et d’autre part un axe vers le Rhin. Les nombreux établissements gallo‑romains du secteur étaient reliés entre eux par des chemins de type vicinal constitués de matériaux trouvés localement. Ils sont difficilement identifiables et datables.

54Situé géographiquement dans la Porte de Bourgogne et d’Alsace entre deux mondes géologiques différents, les Vosges avec leurs ballons d’une part et le Jura et ses collines d’autre part, Offemont est plus précisément installé au bord d’une dépression dans le lias‑trias et au pied des môles du socle dévono‑dinancien. Au bout de l’étang, un lieu‑dit des Mines est riche en marnes grises et pourrait être la source d’approvisionnement de l’atelier. Il convient d’ajouter que dans le secteur les marnes sont nombreuses mais ne se trouvent pas en gisements importants, du moins pour le moment car aucune recherche n’a été faite à ce sujet. La dépression est aujourd’hui occupée par un vaste étang alimenté par des sources, dont certaines sont situées à proximité de l’atelier, et par de petits ruisseaux qui descendent du massif vosgien. La calcite abondante, se présentant le plus souvent sous forme de nodules, a servi au potier pour en faire un dégraissant à l’intérieur des mortiers. Il ne semble pas qu’elle fût employée comme adjuvant à la marne utilisée pour les vases, alors que la texture des tuiles montre la présence d’impuretés. Il paraît délicat de vouloir localiser exactement les bois qui, à l’époque gallo‑romaine, ont fourni le combustible au potier d’Offemont ; on peut sans crainte de se tromper affirmer qu’ils se trouvaient à proximité immédiate. Si l’on se réfère aux espèces actuelles, ils sont constitués de charmes, trembles, bouleaux, chênes et hêtres, ces derniers situés plus au nord sur les premiers contreforts des Vosges.

55La datation de l’atelier a été faite uniquement par référence aux formes des gobelets dont le col présente l’aspect d’un jonc. Il ne semble pas qu’il ait fonctionné au‑delà de 175 ap. J.‑C. Sur le site même les fouilles n’ont livré aucun objet susceptible de conforter cette hypothèse. La présence dans le vicus d’Offemont de céramique faite à l’atelier est réelle mais, les fouilles datant du début du xixe s., les statigraphies font défaut, de même que les textes anciens ou antiques.

56On connaît peu de choses sur les activités artisanales d’autre nature dans la région limitrophe. La présence de culots de fonderie au vicus d’Offemont n’est pas une certitude, pas plus que les déchets de fonderie sur un site situé aux confins des communes de Belfort, Essert, Cravanche. La diffusion de la production (non sigillée) de l’atelier est attestée dans le vicus, à Bavilliers, à Bourogne et à Mathay (Doubs). La sigillée fabriquée sur place ne semble pas avoir dépassé le lieu de production. L’arrêt de l’activité de cette officine, inconnue jusqu’alors, est‑elle directement liée aux événements signalés par J.‑J. Hatt dans la région de Strasbourg, les incursions germaniques de 162 et 174, ou avec les soulèvements des Séquanes à la même époque ? On ne peut l’affirmer.

■ Activité céramique

57La fabrication des moules de céramique sigillée, ainsi que celle des positifs, semble se limiter à un essai et ne constitue pas au sens strict du terme une production. L’atelier était plus spécialisé dans les cruches, marmites, assiettes, gobelets. Cette activité diversifiée était complétée par la fabrication de tuiles plates et demi‑rondes et peut‑être de conduits de chaleur et de briques. Les fragments de moules et positifs représentent environ le millième des tessons de toute nature et sont groupés sur une quarantaine de mètres carrés. Il faut ajouter que les assiettes et les mortiers présentent l’aspect d’une sigillée dont la teinte est inégale. Précisons qu’un four a livré une coupe de forme Drag. 32 manifestement faite sur place.

58Le problème des relations d’Offemont avec d’autres ateliers reste posé. Néanmoins une énigme non résolue à ce jour subsiste, il s’agit de la présence, dans les fossés extérieurs aux bâtiments de l’officine, de céramique sigillée de Luxeuil (groupe OMM) et d’un autre tesson à rapprocher du style du Maître X2 des Martres‑de‑Veyre (Puy‑de‑Dôme) aux côtés de céramiques non cuites, de gobelets sablés à dépression, ou décorés de bandes à la roulette alternées avec des bandes unies, ou, enfin, recouverts d’un décor en épingles à cheveux. Le tout est attribuable à une période comprise entre 90 et 110 ap. J.‑C. Existe‑t‑il à Offemont au même endroit un atelier plus ancien ? On serait tenté de répondre par l’affirmative si l’on considère la sigillée découverte dans le vicus et dont la moitié est constituée de tessons de l’est de la Gaule et un tiers d’Heiligenberg. Cela montre une prédominance des liens commerciaux avec cette partie de la Gaule.

■ Définition archéologique du matériel sigillé

59En règle général la pâte est rouge orangé, rouge ou rouge brique, parfois chocolat suivant le degré de cuisson. Il ne faut pas oublier que cette description est faite d’après des ratés de cuisson. L’engobe présente parfois un aspect foncé, dans certains cas également chocolat. Aucune marque n’a été décelée à l’examen attentif des fragments.

60La sigillée lisse est variée : assiettes à bord droit ou incliné, dont les formes s’apparentent à celles de la céramique gallo‑romaine sous les Flaviens et les Antonins (J.‑J. Hatt) ; mortiers dont le rebord est proche de celui qui apparaît dans la céramique commune de 160‑260 ap. J.‑C., ou du type Curie 21. Il est difficile de préciser si le Drag. 32 de fabrication locale est le seul exemplaire fabriqué à Offemont. Cette dernière catégorie de vases, abondante dans les forts du limes germain, a également été produite par les ateliers de l’est de la Gaule dont Heiligenberg et Rheinzabern. Des éléments de petites coupes à lèvre débordante et plate ont également été ramassés sur le site. Il n’a pas été possible de restituer avec précision la forme exacte ; une seule certitude : il s’agit de coupes d’un petit diamètre.

61La sigillée décorée ne dépasse pas à Offemont le stade de l’essai. Les moules Drag. 37 sont de petite taille : hauteur 7 à 8cm, diamètre supposé 17 à 23cm. Le répertoire du potier, relativement pauvre, est essentiellement constitué de 14 poinçons: 1 ove sans bâtonnet employé en bordure supérieure et, dans un cas, de bordure inférieure (technique semblable à Trèves d’après Marcel Lutz), en remplissage dans un cercle ou sur l’ensemble de la surface du vase; 1 lion marchant à gauche; 1 bâtonnet employé comme ornement vertical ; 2 cercles fermés (l’un d’un diamètre de 16 mm, l’autre de 27 mm — diamètres intérieurs); 1 cercle composé de perles (diamètre 19 mm); 1 pelte ; 1 demi‑cercle festonné qui, sur un fragment de moule, a été utilisé à la bordure supérieure en remplacement de l’ove ; 1 petite rosace, cercle divisé en quadrants, servant au remplissage suivant la fantaisie du potier; 1 décor « à échelle » ; 1 rosace à 4 pétales dont le centre présente un cercle non fermé (employée en remplissage, elle fut également trouvée sur un fond et sur la lèvre d’un vase) ; 4 rectangles à bout arrondi formant un seul poinçon ; 1 arcade de perles; 1 épi employé pour le remplissage intégral de la frise sous la rangée d’oves. Tous ces motifs, absents de l’Index d’Oswald, se retrouvent sur les vases ; et à cet inventaire il faut ajouter deux fragments plats dont l’un, biseauté, a un décor en relief : deux personnages (?) et un autel. Pour l’instant il est difficile de donner une explication de ces motifs encore inconnus sur les moules. Un seul potier devait se servir des différents poinçons cités ci‑dessus, malheureusement il n’a pas signé sa production ou son essai.

■ La fabrication

62L’installation de l’atelier d’Offemont semble s’organiser autour d’une unité de cuisson avec hangars, comme le laisse supposer la présence de nombreux blocs de grès qui devaient soutenir une charpente. Sept fours furent découverts dont un grand rectangulaire et six autres de forme ronde d’un diamètre inférieur à 1 m. Une chambre de chauffe était commune au grand four et à trois fours circulaires. Deux autres sont groupés et le dernier est isolé ; ces trois fours ne semblent pas appartenir à la même période sans qu’il soit possible d’en préciser la datation et bien entendu la succession. Les outils sont pratiquement absents du site à l’exception d’une hache néolithique ayant servi de lissoir et de débris de scie groupés au nord de l’escalier. Les supports de cuisson sont nombreux et constitués d’anneaux de faibles diamètre et épaisseur et de coupes percées au centre ; l’une d’elles était munie de pieds. En règle générale les fours ronds ont une sole percée de nombreux carneaux et soutenue par une murette centrale. Un seul a été fouillé sur la moitié de sa surface : la sole était tombée. Une vitrification importante a été observée contre la murette de ce four.

■ Les potiers

63Il est impossible de donner le nombre des personnes employées sur l’atelier d’Offemont et principalement ceux qui ont fabriqué les moules. Il est plausible qu’un seul potier se soit exercé à la sigillée. De même les relations ou filiations avec d’autres officines restent problématiques.

■ La diffusion

64En l’état actuel des travaux et des recherches aucune diffusion n’est envisageable, étant donné qu’il doit s’agir en l’occurrence d’un essai dont les motifs de l’insuccès échappent à l’archéologue.

■ Bibliographie

65PAJOT (F.). — Les Ruines romaines d’Offemont. Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, no 27, 1908, pp. 170‑172.

66FORRER (R.). — Die römischen Sigillata‑Töpfereien von Heiligenberg‑Dinsheim und Ittenwiller in Elsass. Mitteilungen der Gesellschaft für Erhaltung der geschichtlichen Denkmäler im Elsass, t. XXIII, 1911, pp. 528‑768, 40 pl.

67Gallia, XXII, 1964, pp. 375‑376 ; XXIV, 1966, p. 345 ; XXVI, 1968, p, 435 ; XXVIII, 1970, p. 345 ; 30, 1972, p. 421 ; 32, 1974, pp. 425‑426 ; 34, 1976, p. 436 ; 36, 1978 p. 387 ; 40, 1982, p. 387.

68RILLIOT (M.). — Fouilles archéologique à Offemont (Territoire de Belfort). R.A.E., fasc. 1‑4, 1969, pp. 247‑270.

69RILLIOT (M.). — Recherches archéologiques dans le Territoire de Belfort. Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, no 69, 1972‑1973, p. 115.

70RILLIOT (M.). — Offemont : atelier de potier au lieu‑dit « La Cornée ». R.A.E., t. XXVII, fasc. 1‑2, 1976, pp. 171‑195.

71RILLIOT (M.). — Les Recherches archéologiques depuis 1972. Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, no 70, 1974‑1977, p. 85.

72RILLIOT (M.). — Un Bilan archéologique du Territoire de Belfort (1966‑1980). Revue d’Alsace, no 107, 1981, pp. 3‑18.

73RILLIOT (M.). — Offemont — atelier de potier gallo‑romain. Cinq années de fouilles archéologiques en Franche‑Comté (1975‑ 1980). Direction des antiquités préhistoriques et historiques de Franche‑Comté, 1982, pp. 105‑107.

74RILLIOT (M.). — De l’Origine d’Offemont. Offemont‑Réalités, no 3, juin 1972.

75RILLIOT (M.). — Archéologie régionale... une inconnue. Belfort Notre Ville, no 35, décembre 1974.

76RILLIOT (M.). — Où en sont les fouilles archéologiques. Offemont‑Réalités, no 9, juin 1975.

77RILLIOT (M.). — Découvertes archéologiques dans le Territoire de Belfort. C.I.P.E.S. (Centre Interprofessionnel de Promotion Economique et Sociale de la région de Montbéliard), Exincourt 1975, pp. E10‑E12.

78RILLIOT (M.). — Les Recherches archéologiques. Offemont‑Réalités, no 11, juillet 1976.

■ Collection principale et lieu de conservation connu en 1984

79Les découvertes d’Offemont sont déposées au musée du Château de la ville de Belfort.

■ Responsables actuels du site

80Michel Rilliot, correspondant de la Direction des antiquités de Franche‑Comté et Yves Jeannin, conservateur à la Direction.

81Le Directeur des Antiquités de la région de Franche‑Comté.

82Le Maire d’Offemont (le terrain est communal).

Ateliers alsaciens secondaires

83Ces ateliers mentionnés pour la plupart dans l’ouvrage de R. Forrer Die rômischen T.S. Töpfereien von Heiligenberg‑Dinsheim und Ittenwiller im Elsass (1911) n’ont jamais fait l’objet de fouilles systématiques et leur existence même reste dans de nombreux cas problématique aux yeux de cet auteur. Quelques découvertes récentes (postérieures à la Seconde Guerre mondiale) complètent ce premier inventaire. Elles ont été signalées dans la chronique « Informations archéologiques de la circonscription Alsace » rédigée par J.‑J. Hatt de 1950 à 1970 (par F. Petry à partir de 1972) et reprises dans le tome I de l’Histoire de l’Alsace (Colmar, 1978) du même auteur.

Altenstatt (Bas‑Rhin)

84Arrondissement de Wissembourg, canton de Wissembourg ; altitude environ 150 m.

85Découvert au xixe s., un moule du style de lanus fut déposé au musée de Strasbourg (Forrer, fig. 115) et daté de 140‑150 par Forrer (pp. 193‑194) qui parle « d’atelier où semble avoir travaillé à la fin du iie siècle une succursale du Maître F. d’Heiligenberg » (J.‑J. Hatt, Histoire…, p. 91).

86Le pagus de Concordia était situé en Germanie supérieure dans la cité des Némètes. L’atelier aurait été implanté dans un vicus, près de postes militaires défensifs remontant au règne de Claude, comme Seltz. Sur la Lauter, affluent du Rhin, situé à 20 km, Concordia est également un carrefour routier.

Bibliographie

87FORRER (R.). — o.c., pp. 193‑194.

88HATT (J.‑J.). — Histoire…, p. 91.

Bourgheim (Bas‑Rhin) ?

89Arrondissement de Sélestat, canton de Barr ; altitude environ 150 m.

90Des fouilles d’urgence de la Direction des antiquités (E. Kern) ont été menées depuis 1978. Tous les vestiges sont détruits, les fouilles, rebouchées et le matériel est conservé à la Direction.

91Il s’agit d’un site anonyme de Germanie supérieure appartenant, comme tous les suivants, à la ciuitas des Triboques. Ce vicus artisanal, devenu au ive s. poste fortifié, est situé dans une plaine loessique, à un carrefour routier vers Ehl et le mont Sainte‑Odile et le col des Braques (J.‑J. Hatt, Histoire…, p. 63) et s’étend sur plusieurs centaines de mètres de long. De très nombreux ateliers céramiques y ont fonctionné depuis La Tène III : plusieurs dizaines de fours y sont connus et ont donné de la terra nigra, des vases à riche décor barbotiné (scènes de chasse) autour de 160, des gobelets décorés à la barbotine ou à dépression et des « imitations de céramique sigillée lisse » (Gallia, 40, 1982, pp. 358‑365). Dans un même vicus sont attestés un four à chaux et la pratique artisanale du fer, de La Tène III à la fin du ier s. ap. J.‑C. au moins.

Bibliographie

92Informations. Gallia, 38, 1980, pp. 447‑451 ; 40, 1982, pp. 358‑ 65.

Reichshoffen (Bas‑Rhin)

93Arrondissement d’Hagenau, canton de Niederbronn ; altitude environ 180 m.

94Deux fours circulaires furent découverts en 1866 dans les déblais d’un chemin communal qui aboutit à la gare (De Morlet, Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 1866, p. 135) accompagnés d’un fragment de moule à sigillée (Forrer, p. 193). Pour J.‑J. Hatt (Histoire…, p. 61), Reichshoffen fait partie d’une série de stations ou vici appartenant aux Triboques et qui possédaient un sanctuaire à Mercure. La capitale locale (à 3 km) est Niederbronn, vicus industriel, sanctuaire de source, dominé par l’important sanctuaire de hauteur dédié à Mercure et à Vosegus... de la Wasenbourg. Reichshoffen est situé sur la rivière Zinsel du nord, à proximité de plusieurs massifs forestiers (forêt de Haguenau à 5 km, etc.), en milieu loessique comme les sites suivants.

Koenigshoffen (Bas‑Rhin) ?

95Commune de Strasbourg, arrondissement et canton de Strasbourg ; altitude : 140 m.

96Deux fours circulaires à sigillée du même type que ceux d’Heiligenberg ont été découverts dans cette localité (Forrer, pp. 190‑193, fig. 111‑114). Il s’agit du vicus canabarum du camp voisin de Strasbourg, implanté sur une route d’accès à la ville et en bordure de la rivière de la Bruche.

97Königshoffen est présenté par J.‑J. Hatt (Histoire…, p. 68) comme « un long vicus routier [6 km] où de grands ateliers céramiques […] occupèrent bientôt la moitié de la surface » (ibid., p. 90). Les fouilles récentes (depuis 1954) ont révélé en particulier l’existence de plusieurs ateliers de tuiliers et de céramique de la VIIIe légion dont les fours furent installés non loin de là, près de la Chartreuse, à partir du règne de Trajan, remplaçant les ateliers proprement urbains de la rue de l’Ail à Strasbourg. Ils restèrent prospères jusqu’à la fin du iiie s. Mais si pratiquement toutes les formes de céramique ont été fabriquées sur place (lampes, terra nigra, céramique militaire peinte en rouge, gobelets décorés à la barbotiné, cruches, etc.), les découvertes récentes n’ont révélé aucune preuve de fabrication sur place de sigillée proprement dite.

Bibliographie

98Informations. Gallia, XII, 1954, p. 496 ; XVIII, 1960, 2, p. 241 ; 36, 1978, pp. 363‑365 ; 38, 1980, p. 455 ; 40, 1982, pp. 365‑ 366.

Schiltigheim (Bas‑Rhin)

99Arrondissement de Strasbourg, canton de Schiltigheim, au lieu‑dit Quatre‑Vents; altitude 140 m.

100La découverte d’un moule est signalée par Forrer (pp. 189‑190, fig. 110), découverte que J.‑J. Hatt (Histoire…, p. 75) présente comme la trace d’un atelier « vraisemblablement une succursale des ateliers de Rheinzabern ». Plus loin (p. 92) il précise : « il est certain que des ateliers de sigillée ont fonctionné à Strasbourg à partir de la 2e moitié du iie s., en particulier à Schiltigheim ». Le moule, conservé au musée archéologique de Strasbourg, est signé VICTORINVS F, potier de l’époque d’Antonin à Commode. L’objet serait de la période 150‑160. Schiltigheim est présenté comme un autre faubourg de Strasbourg‑Argentorate (dont il n’est séparé que de 3 km) sur la route de Brumath, capitale des Triboques.

Jebsheim (Haut‑Rhin)

101Arrondissement de Colmar, canton d’Andolsheim ; altitude de 180 m.

102Un fragment de moule signalé par Forrer (pp. 194‑195, fig. 116), conservé depuis 1845 au musée de Colmar, est le seul indice « prouvant » l’existence de cet atelier. Il est signé IVLIVSE, nom connu également à Rheinzabern pour l’époque de Marc‑Aurèle/Commode. Par ailleurs selon J.‑J. Hatt (Histoire…, p. 91), « il y avait certainement à Jebsheim une officine importante d’époque tardive (iiie s.). Mais cette dernière n’est ni bien localisée, ni même bien individualisée dans ses productions ». Jebsheim est situé à 9 km du vicus d’Argentouaria (Horbourg), à 4 km de l’Ill et à 6,5 km du Rhin, dans le Ried.

Horbourg (Haut‑Rhin)

103Arrondissement et canton de Colmar ; altitude 180 m.

104Ce site, connu sous le nom antique d’Argentouaria, ne figure pas dans l’ouvrage de Forrer. Ce n’est que récemment que l’on y a découvert des moules de Luxeuil « sans que l’on puisse savoir précisément si des poteries sigillées y étaient effectivement fabriquées » (J.‑J. Hatt, Histoire…, p. 91). Mais des installations importantes de potiers échelonnées du ier au ive s. ap. J.‑C. ont été trouvées dans ce vicus, situé sur les bords même de l’Ill, à côté de l’enceinte (Castrum) du ive s.

105Ces différents ateliers sont tous installés dans des vici ; si la chronologie proposée par J.‑J. Hatt est exacte, leur caractère urbain semble les avoir plus que d’autres « protégés » des destructions des années 160‑170. Leur étude paraît donc capitale pour expliquer la survie des techniques de la sigillée entre la sigillée « classique » et celle d’Argonne.

■ Bibliographie

106JEHL (M.J, BONNET (C.). — Horbourg, un centre artisanal aux iie et iiie siècles. Cahiers Alsaciens d’Archéologie, d’Art et d’Hisfoire, XIII, 1969, pp. 59‑72 (moules à sigillée : fig. IV, 9‑10).

107BONNET (C.). — Où en sont les données stratigraphiques d’Horbourg ? Cahiers..., XVII, 1973, pp. 49‑60.

Table des illustrations

Légende • 1. Dinsheim‑Heiligenberg. IANVS : décors sur vases (1 : festons et signature ; 2 : rinceau ; 3 : métopes) et sur moule Drag. 37 (4).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32538/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 204k
Légende • 2. Dinsheim‑Heiligenberg. Le Maître F. : décors sur vases. 1 : noter les petits médaillons, caractéristiques du potier, à la place des oves ; : exemplaire signé ; 3 : les putti vendangeurs, propres à cet atelier, paraissent directement repris de la vaisselle métallique.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/32538/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 243k

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