Étude chronologique

1Les chronologies archéologiques se construisent, traditionnellement, à l’aide des sépultures. Cette catégorie de structures s’y prête de façon privilégiée parce qu’elles constituent des ensembles clos par excellence. Une observation soignée, au moment de leur mise au jour, permet d’acquérir la certitude que l’on se trouve devant un groupe d’objets et un ensemble de pratiques, contemporains lors de la fermeture de la tombe. Des ensembles clos de cette qualité ne ressortent qu’exceptionnellement de la documentation issue des fouilles d’habitats. A cette difficulté méthodologique s’ajoute, pour la région étudiée ici, la faiblesse de cette documentation (Brun 1981). Dans les complexes funéraires se trouvent rassemblés des objets de nature différente : des récipients céramiques, des parures obtenues à partir de diverses matières premières, des armes, etc. Le métal a servi de fondement pour l’établissement des chronologies pan‑européennes, cependant il est logique de penser que la durée de vie d’un produit métallique s’oppose à l’établissement d’une périodisation suffisamment précise. C’est pourquoi les nombreux dépôts, bien que représentant aussi des ensembles clos, ne seront utilisés que secondairement. On considère les objets céramiques comme plus pertinents en raison de leur fragilité, donc de leur durée d’existence globalement beaucoup plus courte ; on a pu déterminer que la moyenne de vie des poteries fabriquées et utilisées par une population africaine est de cinq années (fourchette statistique : entre trois et huit ans) (Gallay 1981). La prééminence accordée à la céramique repose, de plus, sur la facilité de sa mise en œuvre et sa plasticité quasi illimitée. Chacun peut la fabriquer. Elle est un support potentiellement très sensible à l’expression du goût esthétique, et ainsi à ses variations dans le temps comme dans l’espace.

Chronologie régionale

2On dispose de nombreuses tombes dans le Bassin parisien. Toutefois, les nécropoles regroupant une quantité de sépultures suffisante pour se livrer à une analyse des associations sont rares. Pour cette raison, on choisit de regrouper les sépultures selon une unité spatiale plus large; on postule que, dans un rayon de trente kilomètres centré sur une unité géographique, les sépultures renferment les dépouilles d’individus appartenant à une même communauté humaine. Deux zones répondent à ces conditions : les marais de Saint‑Gond (Marne) et le confluent Yonne‑Seine (Seine‑et‑Marne, Yonne). Pour chacune on peut projeter les informations sur une matrice d’association de types ; la « diagonalisation » permet de mettre en évidence d’éventuelles ruptures. Cette méthode possède des défauts connus : les documents sont traités de manière qualitative, en termes de présence ou d’absence ; de ce fait, la construction repose sur une hypothèse forte selon laquelle une association de types apparaît puis disparaît à jamais, caractérisant une phase chronologique spécifique. On reprendra concrètement ce problème lors de l’examen des résultats.

◼ Le Confluent Yonne‑Seine

3Une cinquantaine de tombes peut être mobilisée dans cette zone. Deux nécropoles en regroupent environ les deux tiers : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », et Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons ». Toutes s’étendent sur les basses terres des vallées. Bien qu’il soit difficile d’en apporter la preuve, on s’accorde pour considérer les grandes vallées comme des voies de circulation privilégiées ; a fortiori, un confluent représente un carrefour où convergent logiquement les échanges. Ainsi paraît‑il acceptable de regrouper les structures d’une zone restreinte autour de ce confluent qu’une communauté humaine a tout intérêt à contrôler. Il convient pourtant de rappeler l’impact de la recherche sur la densité exceptionnelle des vestiges archéologiques. Depuis une vingtaine d’années, cette zone est le lieu d’une activité de fouilles intensive de la part d’une équipe réunie autour de C. et D. Mordant.

◼ La matrice d’association des types

4Les ensembles clos doivent, pour être retenus ici, renfermer au moins un type que l’on retrouve dans un autre. Les ensembles écartés provisoirement seront réintégrés après comparaison avec les régions voisines. Les récipients céramiques sont codés selon la typologie présentée au chapitre 4 et les autres objets de la façon suivante.

5Objets non céramiques (chiffres) :

  • 1 : perle en tôle de bronze spiralée ;
    2 : collier massif torsadé en bronze ;
    3 : rivet en bronze à calotte hémisphérique ;
    4 : perle en ambre ;
    5 : épingle à tête en crosse ;
    6 : anneau en bronze ;
    7 : cylindre en tôle de bronze ;
    8 : parallélépipèdes en grès ;
    9 : épingle côtelée à tête sphérique en bronze ;
    10 : rasoir en bronze à manche formé de deux anneaux ;
    11 : bracelet en bronze à section polygonale ;
    12 : épingle en bronze à tête enroulée ;
    13 : poignard en bronze à deux rivets ;
    14 : rasoir en bronze à manche ajouré ;
    15 : plaque emboutie en or ;
    16 : hache polie en roche verte ;
    17 : épingle côtelée en bronze à tête plate évasée ;
    18 : pince à épiler en bronze ;
    19 : poignard en bronze à un rivet ;
    20 : bracelet en lignite ;
    21 : couteau en bronze à dos ondulé et soie à deux rivets ;
    22 : épingle à tête pseudo‑vasiforme en bronze ;
    23 : valve d’unio perforée ;
    24 : hameçon en bronze ;
    26 : emmanchement en bois de cerf ;
    27 : canine de porc perforée ;
    28 : épingle en bronze à tête discoïdale biconvexe à sommet orné d’un bouton ;
    29 : étui ;
    30 : bracelet incisé en bronze à section polygonale.

6Objets céramiques (lettres) :

  • A : disque convexe à perforations (couvercle probable).

7Tableau de correspondance des numéros d’ordre et des tombes concernées (Gravon : Mordant 1966 ; Marolles‑sur‑Seine : Mordant 1970 ; Châtenay‑sur‑Seine : Bontillot, Mordant, Paris 1975 ; Misy‑sur‑Yonne : Mordant, Bontillot, Paris 1977 ; Champagne‑sur‑Seine : G.A.R.F. 1971 ; Villeneuve‑la‑Guyard : Mordant, Coudray, Parruzot 1979) :

  • 1 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 6 (pl. 1 : 2)
    2 : Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », incin. 8 (pl. 5 : 1)
    3 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, incin. 5 (pl. 16)
    4 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, incin. 3 (pl. 13 : 1)
    5 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 15 (pl. 13 : 4)
    6 : Gravon, chantier 2, inhum. (pl. 12 : 3)
    7 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 13 (pl. 14 : 3)
    8 : Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », incin. 5 (pl. 12 : 2)
    9 : Gravon, enclos D, incin. (pl. 12 : 5)
    10 : Gravon, enclos C, incin. (pl. 12 : 4)
    11 : Pont‑sur‑Yonne, « Beaujeu » inhum. (pl. 19)
    12 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 27 (pl. 17 : 1)
    13 : Villeneuve‑la‑Guyard « Terres‑de‑Prépoux », inhum. 14 (Pl. 18)
    14 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 5 (pl. 14 : 2)
    15 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 10 (pl. 13 : 5)
    16 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 14 (pl. 14 : 4)
    17 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 22 (pl. 17 : 2)
    18 : Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », incin. 1 (pl. 12 : 1)
    19 : Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », incin. 2 (pl. 9 : 3)
    20 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 11 (pl. 15 : 1)
    21 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 16 (pl. 1 : 3)
    22 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, incin. 6 (pl. 15 : 2)
    23 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 1 (pl. 11 : 4)
    24 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 18 (pl. 14 : 1) 
    25 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 9 (pl. 9 : 2)
    26 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 4 (pl. 1 : 4)
    27 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 3 (pl. 9 : 1)
    28 : Villeneuve‑la‑Guyard « Terres‑de‑Prépoux », incin. 6 (Pl. 1 : 1)
    29 : Villeneuve‑la Guyard « Terres‑de‑Prépoux », incin. 2 (pl. 11 : 1)
    30 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole I, inhum. 8 (pl. 11 : 2)
    31 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 21 (pl. 27 : 1)
    32 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 18 (pl. 27 : 2)
    33 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 0 (pl. 37)
    34 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 3 (pl. 28 : 3)
    35 : Gravon, chantier 3, enclos E, incin. (pl. 32 : 1)
    36 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 1 (pl. 28 : 2)
    37 : Villeneuve‑la‑Guyard « Terres‑de‑Prépoux », incin. 9 (pl. 35)
    38 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole 2, incin. 1 (pl. 28 : 1)
    39 : Champagne‑sur‑Seine « Les Basses‑Godernes », incin. D (pl. 36)
    40 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 19 (pl. 27 : 3)
    41 : Champagne‑sur‑Seine « Les Basses‑Godernes », incin. B (pl. 43)
    42 : Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », nécropole 2, incin. 2 (pl. 42 : 1)
    43 : Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », incin. 23 (pl. 28 : 4)

8La matrice se compose de quarante‑trois lignes et quatre‑vingt‑dix‑huit colonnes. Les cercles vides signifient que l’objet est incomplet, ainsi son attribution au type reste seulement probable. Les cercles pleins indiquent la présence d’un type dans une tombe ; les chiffres indiquent le nombre d’objets du même type figurant dans chaque case (fig. 20 et pl. 71 à 75).

● 20. Matrice ordonnée des sépultures de la zone du confluent Yonne‑Seine, Les numéros d’ordre des types (colonnes) renvoient aux codes typologiques, tableau de correspondance p. 86.

9La matrice, ordonnée sous la forme d’une diagonale, fait apparaître deux groupes de tombes. Le sens de l’évolution est assuré par les deux sépultures, placées évidemment en haut à gauche, qui renferment des récipients céramiques porteurs d’un décor excisé présent dans des ensembles typiques du Bronze moyen des Tumulus, la phase principale des nécropoles de la forêt de Haguenau.

10Entre le premier groupe et le second, une rupture nette existe, entre les tombes 30 et 31. Cette dernière débute le second groupe pour deux raisons qui demeurent des hypothèses à justifier plus tard : parmi ce groupe, c’est la seule dont la fosse présente une forme rectangulaire analogue à celle de quelques‑unes appartenant au groupe précédent; bien que relativement abondante, la céramique est peu décorée, et notamment les incisions linéaires ou complexes manquent totalement, tout comme antérieurement. Deux types du premier groupe existent dans le second ; il s’agit d’objets métalliques : un bracelet en bronze à section polygonale, incertain parce que très déformé par le feu (pl. 42 : 1,2) et un anneau en bronze.

11Toutes les tombes entretiennent, à l’intérieur de chaque groupe, des relations étroites. Pour le premier, l’homogénéité est conférée, essentiellement, par les types C423e, C421e, 7, 4, et 1. Les types céramiques qui, ainsi, le caractérisent se révèlent très proches morphologiquement ; ce sont des récipients de faible contenance, à petit bord évasé, panse arrondie et fond soit rond, soit légèrement creux, et dont le décor se compose de cannelures verticales ou faiblement obliques, surmontées de cannelures horizontales. Les autres types caractéristiques se regroupent dans une catégorie des éléments de parures : cylindre en tôle de bronze, perle biconique tronquée en ambre et perle en tôle de bronze spiralée. Quelques cas de parures pas trop dispersées montrent que ces pièces composent fréquemment un ensemble unique, une sorte de pendentif. Ceci est confirmé par la fréquence des associations entre elles ; ce que met en lumière la matrice de co‑occurrence des types (fig. 21).

● 21. Matrice de co‑occurrence des types (zone du confluent Yonne‑Seine).

12Dans le second groupe, le type A233k assure l’homogénéité globale. Ces récipients, souvent appelés « assiettes », possèdent un profil tendu et un décor interne formé d’incisions linéaires, nommées en typologie traditionnelle « guirlandes ». Les types C122k et D122k caractérisent aussi ce groupe ; ce sont les fameux « gobelets à épaulement » de la terminologie classique, ornés d’incisions linéaires souvent obtenues à l’aide d’un peigne souple.

13Le mobilier de quatre tombes de Châtenay‑sur‑Seine ne s’intègre dans aucun de ces groupes. Ces ensembles ne figurent pas sur la matrice car ils n’entretiennent pas non plus de relations entre eux selon la typologie utilisée. Ils seront analysés lors des comparaisons inter‑régionales.

◼ La stratigraphie horizontale

14Une première vérification de la valeur discriminante des groupes mis en évidence peut s’effectuer par l’étude de la répartition spatiale des tombes ou chorologie. Trois nécropoles recèlent des sépultures d’au moins deux groupes différents : Villeneuve‑la‑Guyard « Terres‑de‑Prépoux », Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons » et Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (fig. 22).

● 22. Répartition des tombes. A. Villeneuve‑la‑Guyard — B. Châtenay‑sur‑Seine — C. Marolles‑sur‑Seine — a. Groupe 1 ‑ b. Groupe 2 ‑ c. Groupe 3.

15A Villeneuve‑La‑Guyard, deux groupements apparaissent nettement. Si, dans le plus occidental, une seule tombe est utilisable, elle n’infirme pas la partition obtenue à partir de la matrice ; elle appartient au groupe 2 et se trouve bien séparée des autres, toutes classées dans le groupe 1.

16A Châtenay‑sur‑Seine, deux sépultures voisines sont attribuées au groupe 1 et constituent, en quelque sorte, le noyau de la nécropole ; selon un arc de cercle du nord‑est au sud‑ouest, contournant les premières par le sud, se développe ensuite l’occupation du second groupe, avant ( ?) le dépôt de quatre tombes sur la frange nord‑ouest. Attribuons‑les provisoirement à un groupe 3.

17A Marolles‑sur‑Seine, l’organisation spatiale offre si peu d’ambiguïté que les fouilleurs ont immédiatement distingué une nécropole 1 et une nécropole 2 qui correspondent respectivement aux groupes 1 et 2.

◼ Les marais de Saint‑Gond

18De nombreuses sépultures sont connues autour des marais de Saint‑Gond, région écartée des grandes vallées du Bassin parisien, mais dont l’hydrographie singulière assure une stricte unité. On réunit ces tombes comme précédemment. Le site principal de cette zone, celui d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », a été fouillé par A. Brisson, archéologue amateur qui a prospecté toute cette région. Là encore, la densité particulière des vestiges s’explique par une recherche locale intensive.

◼ La matrice d’association des types

19Les objets qui n’entrent pas dans la catégorie des récipients en céramique sont codés de la façon suivante (les objets communs aux deux régions sont codés avec la même numérotation, ceux qui sont propres aux marais de Saint‑Gond, en chiffres romains) :

  • I: rasoir en bronze à manche ajouré en croix de Saint‑André ;
    Il : épingle en bronze à tête discoïdale biconvexe incisée ;
    III : collier a pendeloques en forme de trou de serrure ;
    IV : cylindre côtelé ;
    V : bracelet en bronze incisé, à tampons ; 6 : anneau en bronze ;
    VII : anneau en bronze côtelé ;
    VIII : crochet en bronze ;
    IX : couteau en bronze à dos ondulé et soie perforée ;
    X : épingle en bronze à tête sphérique et tige incisée ;
    11 : bracelet en bronze à section polygonale ;
    XII : plaque de ceinture en bronze à décor au repoussé ;
    XIII : épingle en bronze à tête vasiforme et tige incisée ;
    XIV : bracelet en bronze à section creuse, incisé, à tampons ;
    XV : poinçon en bronze ;
    B : « nacelle » : fragment de vase retaillé ;
    C : fusaïole.

20Tableau de correspondance des numéros d’ordre et des tombes concernées (Aulnay‑aux‑Planches : Brisson, Hatt 1953 ; les autres : Chertier 1976) :

  • 1 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe B13 (pi. 44 : 6)
    2 : Broussy‑le‑Grand « Le Champ‑de‑l’Aulne », tombe 1 (pl. 40 : 1)
    3 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe 1 (pl. 40 : 2)
    4 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe 7 (pl. 40 : 4)
    5 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Z7 (pl. 31 : 6)
    6 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Z9 (pl. 31 : 7)
    7 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Z13 (pl. 31 : 2)
    8 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe A (pl. 31 : 3)
    9 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Z10 (pl. 31 : 4)
    10 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe‑enclos A (pl. 40 : 5)
    11 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Y3 (pl. 44 : 2)
    12 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe B7 (pl. 44 : 5)
    13 : Bannes « Le Blanc‑Fossé », tombe 1 (pl. 45 : 2)
    14 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe 13 (pl. 45 : 1)
    15 : Broussy‑le‑Grand « On‑perd‑le‑Mont‑Août‑de‑Vue », tombe 2 (pl. 29)
    16 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Y1 (pl. 31 : 5)
    17 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Z2 (pl. 31 : 1)
    18 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Y4 (pl. 44 : 1)
    19 : Bannes « La Haie‑de‑Genièvres », tombe 1 (pl. 45 : 3)
    20 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons ». tombe B2 (pl. 47 : 1)
    21 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe B6 (pl. 47 : 2)
    22 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe 4 (pl. 55 : 1)
    23 : Bannes «La Haie‑de‑Genièvres », tombe 3 (pl. 54 : 1)
    24 : Bannes «La Haie‑de‑Genièvres », tombe 6 (pl. 55 : 2)
    25 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tumulus N (pl. 58 : 1)
    26 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe B14 (pl. 47 : 12)
    27 : Aulnizeux «La Chapelle », tombe 2 (pl. 55 : 3)
    28 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe b1 (pl. 47 : 3)
    29 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe C (pl. 47 : 7)
    30 : Broussy‑le‑Grand « Le Pralat », tombe 6 (pl. 55 : 4)
    31 : Bannes «La Haie‑de‑Genièvres », tombe 5 (pl. 53 : 1)
    32 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe a2 (pl. 47 : 10)
    33 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe a8 (pl. 47 : 4)
    34 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe B8 (pl. 47 : 9)
    35 : Aulnizeux «La Chapelle », tombe 1 (pl. 53 : 2)
    36 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Bl (pl. 47 : 8)
    37 : Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », tombe Y2 (pl. 58 : 2)

21Toutes les tombes sont des incinérations. La matrice se compose de trente‑sept lignes et soixante‑dix‑neuf colonnes (fig. 23) (pl. 75 à 78).

● 23. Matrice ordonnée des sépultures de la zone des marais de Saint‑Gond. Les numéros d’ordre des types (colonnes) renvoient aux codes typologiques, tableau de correspondance p. 86.

22La matrice met en évidence deux groupes de tombes. Le type C123k donne son homogénéité à ce qu’on interprète comme une phase 1 ; il s’agit des récipients fermés, biconiques à col (« gobelets à épaulement »), décorés d’incisions linéaires. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, du type A232a ; récipients — analogues à nos assiettes — au profil tendu au bord horizontal et dépourvus de décor. La tombe 19 assure la transition d’une phase à l’autre; y voisinent, notamment, un récipient du type C123k et un autre du type B113a typique de la phase suivante. Ce dernier type correspond à des récipients identiques à nos bols. D’autres types se retrouvent de façon répétée à l’intérieur de cette phase : C423k, A332d, C433k. La matrice de corrélation des types (fig. 24) traduit la nette individualisation de ces deux groupes.

23Seules trente‑sept tombes respectent les conditions strictes imposées pour figurer sur la matrice. Par exemple, la moitié seulement des sépultures d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » est utilisée. On réintégrera par la suite les autres ensembles.

◼ La stratigraphie horizontale

24On ignore le plan des nécropoles fouillées par B. Chertier (Chertier 1976). Celle d’Aulnay‑aux‑Planches, par contre, est bien publiée (Brisson, Hatt 1953). Les deux groupes issus de la matrice se lisent aussi clairement dans la répartition spatiale. Quelques tombes du groupe 1 se situent toutefois sur une portion marginale de l’espace occupé par celles du second (fig. 25). Ici, comme pour les cimetières du confluent Seine‑Yonne, on a supprimé les structures périphériques, les fossés circulaires ou quadrangulaires. Leur présence et leur localisation conditionnent vraisemblablement, en partie, la dispersion générale ; cet aspect sera évoqué plus loin.

  • ● 25. Répartition des tombes dans la nécropole d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons ». a: Phase 1 ‑ b: Phase 2.

Le système régional

25Deux groupes apparaissent dans chacune des zones. Ces dernières s’isolent d’une part à cause de la documentation disponible, et d’autre part en fonction de leurs caractéristiques géographiques. Il convient maintenant d’observer les relations que les matrices entretiennent entre elles, avant d’élaborer la périodisation globale du Bronze final dans le Bassin parisien.

◼ Les relations entre les deux matrices

26La comparaison de la matrice du confluent Yonne‑Seine et de celle des marais de Saint‑Gond fait ressortir des types communs. Les huit types communs se répartissent en six types céramiques et deux types métalliques. Les premiers appartiennent tous au groupe 2 du confluent Yonne‑Seine dans l’une, et au groupe 1 des marais de Saint‑Gond dans l’autre. On y trouve des types fréquents : C123k, A232a, C123d, C122k, et d’autres qui n’apparaissent que sporadiquement : C442k et E112d. Les types métalliques sont présents dans le groupe 1 du confluent Yonne‑Seine, cependant il s’agit précisément de ceux qui persistent dans le groupe 2 : 6 et 11. Ainsi les indices convergent ; on peut émettre, à ce stade du raisonnement, l’hypothèse selon laquelle les groupements de sépultures représentent des phases chronologiques. La vérification sera opérée par une analyse comparative élargie. Aussi peut‑on synchroniser la phase 2 du confluent Yonne‑Seine et la phase 1 des marais de Saint‑Gond.

27Une remarque s’impose : six des types communs existent dans une même sépulture, la tombe 7 de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » ; toutefois, trois ne lui sont pas exclusifs et, au contraire, assurent l’homogénéité globale de la phase ; les objets métalliques lui sont propres. L’éventuelle signification chronologique de cette caractéristique, ce que confirmerait la position haute de cette tombe dans la matrice, sera approfondie dans les prochains chapitres.

◼ Le schéma intrinsèque

28Au terme de ce raisonnement, on propose le schéma régional intrinsèque présenté figure 26. Cette construction reste fragile. Elle se fonde sur un nombre relativement réduit d’ensembles clos : respectivement quarante‑trois et trente‑sept, soit quatre‑vingts tombes. Une seule phase se révèle commune, selon le corpus retenu, aux deux zones sélectionnées. Ces deux zones occupent des espaces voisins qui, réunis, demeurent très localisés à l’échelle du Bassin parisien ; aussi ne permettent‑elles pas à ce stade de l’analyse d’extrapoler la périodisation obtenue.

● 26. Chronologies relatives comparées.

29La valeur chronologique de ces trois groupes de sépultures demeure, à ce stade, une hypothèse. Après l’intégration des autres documents du Bassin parisien dans ces groupes respectifs, il conviendra d’affermir ce schéma et de le replacer dans la séquence chronologique générale de la Protohistoire.

L’étape 1 dans le bassin parisien

30Le classement des principaux ensembles s’effectue, pour la région, selon un découpage géographique en quatre zones. Les vestiges de l’est du bassin sont partagés entre Bourgogne et Champagne‑Ardenne ; à l’ouest, on distingue également une partie sud et une partie nord de part et d’autre de la Seine. Par commodité, et parce qu’elle se situe dans le prolongement naturel de la Bourgogne par la Seine et surtout par l’Yonne, la zone du confluent est incluse dans ce chapitre.

◼ En Bourgogne

31A Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », quelques tombes n’ont pas été utilisées pour l’élaboration de la matrice. Dans l’inhumation 19 (Mordant 1970 : fig. 11, 2‑6) (pl. 9 : 4*), un récipient orné de cannelures horizontales qui s’interrompent à l’endroit où se trouve appliqué un bouton, se compare, pour le décor, à un vase de l’incinération 6 de la même nécropole (Mordant 1970 : fig. 32,2) (pl. 15 : 2), ou à un autre de l’incinération 16 de Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons » (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 12,1) (pl. l : 3). Son classement dans l’étape 1 est renforcé par la présence d’une perle hélicoïdale en bronze. L’inhumation 20 (Mordant 1970 : fig. 11,1) (pl. 11 : 5) renferme un récipient du type C421 bien représenté dans cette étape ; l’absence de décor l’isole de ses homologues, mais il appartient sans aucun doute à l’étape 1. Les incinérations 4 et 4b (Mordant 1970 : fig. 21) soutiennent la même datation, avec les fragments d’un grand vase à base rugueuse, et une perle hélicoïdale en bronze.

32A Villeneuve‑la‑Guyard « Les Terres‑de‑Prépoux », l’incinération 4 (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 19, 1‑2) (pl. 13 : 2) renferme un récipient de forme analogue à des exemplaires de l’inhumation 11 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » par exemple (Mordant 1970 : fig. 8, 8‑11) (pl. 15 : 1), et les fragments d’un vase à col évasé qui ne contredit pas une attribution à l’étape 1.

33A Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », le mobilier de l’incinération 6 (Mordant, Bontillot, Paris 1977 : fig. 28, 1‑4), malgré sa grande fragmentation, peut se classer dans l’étape 1, par la forme de la lame du couteau qui se rapproche d’un exemplaire de l’inhumation 14 de Villeneuve‑la‑Guyard « Les Terres‑de‑Prépoux » (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 13, 10) (pl. 18).

34A Châtenay‑sur‑Seine « Les Godillons », deux tombes à incinération numéros 12 et 13 (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 11) posent un problème de datation ; pour chacune le mobilier consiste en une urne du même type E213b que le fond creux contraint à écarter de plusieurs types proches de l’étape 1. Cette caractéristique se retrouve dans l’étape suivante ; le profil presque caréné, le bord facetté orienteraient dans ce sens. Il se pourrait que ces tombes fassent transition entre les deux étapes, ce qu’appuierait leur position sur le plan de la nécropole (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 1).

35Dans la vallée de l’Yonne, plusieurs sépultures sont bien connues et datées du Bronze final I ou du Bronze final IIa à l’aide de bonnes comparaisons.

36A Auxerre « Moulin‑Rouge » (Anonyme 1868 ; Corot 1924 ; Sandars 1957) (pl. 6 : 2), une tombe à incinération renferme, outre une épingle déformée et une petite calotte en Bronze, deux bracelets identiques à section « sub‑rectangulaire » dont il est dit qu’ils « sont difficilement datables avec précision : on en trouve depuis le Bronze moyen jusqu’au Bronze final II » (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : 156) ; ce qui correspond bien à la thèse défendue ici.

37A Champs‑sur‑Yonne « Le Petit‑Vaux » (Brézillon 1962), une tombe à inhumation recélait des éléments typiques de l’étape 1 : une perle cylindrique en tôle de bronze, une autre en fil de bronze spiralé et des tessons d’un récipient décoré de mamelons. Sur ce dernier site, une tombe découverte plus anciennement (Kimmig 1951 : 81, note 3) renferme une perle hélicoïdale, une épingle à tête évasée, à sommet conique et tige renflée, incisée et cannelée, et des tessons du même horizon chronologique (Gaucher 1978 : fig. 139A).

38A Charmoy « Le Bois‑Burat », une sépulture à inhumation (Parruzot 1957) se compose d’un mobilier céramique évoquant nettement le faciès de Haguenau ; une sorte d’assiette creuse révèle une grande similarité avec une partie de l’abondante céramique de la tombe à incinération de Mengen, dans le Wurtemberg (Dehn 1967 : 29‑32), dans laquelle on ne compte pas moins de six vases ornés de mamelons ; elle est datée du Hallstatt Al.

39A Escolives‑Sainte‑Camille « Le Pré‑de‑la‑Planche », une sépulture à inhumation (Joly 1970 : fig. 27) ne déparerait pas dans la phase C.Y.S. 1, avec ses trois vases du type C423c présent par exemple dans l’inhumation 27 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 16, 2) (pl. 17 : 1), ou dans l’inhumation 14 de Villeneuve‑la‑Guyard « Les Terres‑de‑Prépoux » (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 14, 12) (pl. 18).

40A Evry, toujours dans l’Yonne (Anonyme 1878‑ 1880), dans une tombe se cotoyaient un probable rasoir et un poignard en très mauvais état, une épingle, et une épée du type de Rixheim qui date précisément l’ensemble (Gaucher 1978 : fig. 140B).

41A Guerchy, quelques restes d’une importante nécropole sont connus (Horsin‑Déon 1889). Dans une tombe à inhumation sont associés, entre autres, un récipient du type C421m, orné de losanges en fausses excisions, et un bracelet torsadé ; des tessons et vases très typiques suggèrent l’existence d’autres sépultures de cette étape (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig. 8) (pl. 5 : 2).

42A Monéteau « Saint‑Quentin », une tombe (à incinération ?) (Anonyme 1860) renferme trois bracelets identiques entre eux et à celui de Guerchy, associés à des perles hélicoïdales, des petits tubes cylindriques en bronze, une épingle, sans sa tête, à tige ornée d’incisions et de cannelures, un poignard à languette, à un trou de rivet, une épingle à tête en crosse, un récipient du type C423a et une agrafe de ceinture ; le tout est daté du Bronze final I ou du début du Bronze final II (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig. 7. (pl. 7).

43A Sens « Chambertrand », dans une sépulture à incinération (Perrin 1931‑1933), on trouve un riche mobilier dont un bracelet analogue à ceux des deux tombes précédentes, un couteau peu arqué, à soie à un trou de rivet, un bracelet proche de celui de l’inhumation 3 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 4, 1) (pl. 9 : 1) et deux épingles à tête sphérique creuse identiques à celle du dépôt métallique voisin de Sens « Chambertrand », dont l’essentiel est daté du Bronze final IIa (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig. 15‑16) (pl. 22). Ces épingles présentent une grande analogie avec celles du type des « Champs d’Urnes » classées, pour la plupart, dans l’étape suivante ; on tend ainsi à placer cet ensemble à la transition entre l’étape 1 et l’étape 2, ce que confirment les deux récipients céramiques (Gaucher 1978 : fig. 145).

44A Auxerre « Faubourg Saint‑Gervais », une tombe à incinération (Quentin 1878, Sandars 1957) (pl. 6 : 1) recèle un mobilier métallique bien classé dans le Bronze final I ; la céramique comporte, entre autres, un vase à registres cannelés horizontaux et verticaux et à mamelons qui s’apparente, malgré une plus grande complexité de l’organisation de son décor, à des exemplaires de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 32, 1; Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig : 5 et 6, 28‑33).

45La nécropole de Champlay (Yonne) « La Colombine », fournit des ensembles clos qui s’intégrent très clairement dans l’étape 1 (Lacroix 1957 ; Mordant 1975) (pl. 2, 3, 4). Plus encore peut‑être que d’autres tombes, certaines de celles‑ci peuvent être comparées avec des exemples de la forêt de Haguenau, ce sur quoi l’auteur de la monographie a justement insisté. On observe dans la sépulture 101, entre autres, un lot de parures (Lacroix 1957 : fig. 28‑30) bien représentées à Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » : perles bitronconiques en ambre, cylindres en tôle de bronze, bracelets torsadés à extrémités enroulées, anneaux... On souligne, par exemple dans les tombes a et b, la présence de cannelures horizontales qui s’interrompent à l’accrochage de l’anse dont la forme en x est très fréquente au Bronze moyen (Mordant 1975 : fig. 5 : 1 ; fig. 6 : 1 ) (pl. 4 : 3, 2).

46En Côte‑d’Or, quelques sépultures sous tumulus renferment des objets comparables à ceux des ensembles plus occidentaux que l’on vient d’évoquer. C’est le cas d’une tombe d’Is‑sur‑Tille avec, notamment, une épingle à collerette du type de Vers (Sandars 1957 : pl. 9), d’une autre à Magny‑Lambert « La Combe‑Bernard » où l’on trouve l’association : jambière à spirales, bracelet torsadé et épingle à tige côtelée (Henry 1933). A Veuxhaulles, a été exhumé un mobilier de composition similaire : jambière à spirales, bracelet torsadé, épingle à collerettes et agrafe de ceinture (Henry 1933 ; Beck 1980) (pl.10 : 2).

47Les dépôts métalliques de Prégilbert (Yonne) (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975) et de Sermizelles (Yonne) (Joly 1959) sont datés du Bronze final I; leur intérêt, pour le présent propos, réside en ce qu’ils recèlent des objets bien attestés déjà à la fin du Bronze moyen. Plusieurs dépôts sont en revanche d’interprétation délicate ; ils présentent l’association d’objets figurant dans les deux précédents, d’autres classés dans le Bronze final IIa, enfin de quelques‑uns attribués au Bronze final IIb. Le flou qui émane de certaines publications semble provenir de l’inadéquation du système chronologique utilisé. On trouve fréquemment un découpage en chapitres intitulés Bronze final I, Bronze final II, etc. Or les sériations mettent clairement en évidence une rupture majeure entre le Bronze final IIa et le Bronze final IIb. S’il est peu intéressant de chercher à effectuer une partition entre le Bronze final I et le Bronze final IIa (on mentionne souvent une transition insensible), on s’est insuffisamment attaché, pour le métal, à raisonner en fonction de la profonde mutation prouvée par la céramique. Les dépôts les plus importants qui permettent de clarifier le problème sont ceux de Cannes‑Ecluse I (Seine‑et‑Marne) (Gaucher, Robert 1967) (pl. 21 : 2) et de Villethierry (Yonne) (Mordant, Prampart 1976) (pl. 23). A Cannes‑Ecluse, on identifie le couteau à soie recourbée et dos décoré bien daté du Bronze final IIb, largement répandu dans le groupe Rhin‑Suisse‑France orientale. Les épingles à tête sub‑biconique à décor en étoile de Villethierry s’associent, à Fort‑Harrouard, à de la céramique du même groupe (Audouze 1971). Cependant, en majorité, les objets contenus se classent dans l’étape 1. Cette question est discutée avec pertinence dans un article récent (Mordant 1980‑ 1981) et on le rejoint pour dater l’enfouissement de ces dépôts de la transition entre l’étape 1 et l’étape 2, c’est‑à‑dire au moment de la mise en place du groupe Rhin‑Suisse‑France orientale. Sur cette base typochronologique, on peut identifier un horizon de dépôts qui s’inscrit, très logiquement, autour de cette rupture nette de l’évolution historico‑culturelle : Longueville « Monneron » (Seine‑et‑Marne) (Lamarre 1945), Marolles‑sur‑Seine « PrésMadame » (Seine‑et‑Marne) (Gaucher 1974) et Sens « Champbertrand » (Yonne) (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975).

48Des fosses de caractère domestique ont été fouillées à Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges ». L’une a livré un intéressant mobilier du Bronze moyen des Tumulus orientaux, l’autre de la céramique datée de la fin du Bronze final (Mordant, Bontillot, Paris 1977). Cette dernière, appelée F2, renferme un mobilier que l’on peut comparer, pour l’essentiel, avec des récipients de l’étape 1. La présence d’un mamelon (fig. 32 : 17) et de grands cols évasés (fig. 35 : 70‑74) va dans ce sens. Les formes (fig. 31 : 2‑3) et les décors (fig. 32 : 30 et 35) peuvent être considérés comme caractéristiques de cette étape ancienne. Il est certain que la céramique grossière (fig. 34) s’avère moins précisément datable. Toutefois, certains fragments peu connus dans la région possèdent des analogies ; le fragment (fig. 31 : 10) avec un homologue d’Algolsheim (Haut‑Rhin) (Zumstein 1964‑1965 : fig. 12 : 10). Aucune forme n’est véritablement comparable à des exemplaires du Bronze final IIIb ou du Hallstatt ancien.

49La même incertitude pèse pour le site d’Hermé « Les Grèves ». Ici, une partie du mobilier (Mordant 1977‑ 1978 : fig. 1) ne déparerait pas dans l’étape 3, mais le reste (fig. 2 et 3) s’inscrit plutôt dans l’horizon de l’étape 1. On note cependant quelques bords facettés qui orienteraient vers l’étape 2 et l’on est soulagé de pouvoir écarter cette collection des ensembles clos.

◼ En Champagne‑Ardenne

50Un grand nombre de sépultures ont été fouillées à Barbuise‑Courtavant depuis le siècle dernier. Beaucoup restent très mal connues du fait de la dispersion du mobilier dans plusieurs musées ou collections privées. De surcroît, la littérature qui les a révélées est empreinte d’une invraisemblable confusion. La tombe découverte en 1875 au lieu‑dit « Les Grèves » regroupe un ensemble absolument caractéristique, avec une épingle à tête plate évasée et tige renflée cannelée, un couteau à manche plein et anneau terminal, et une épée du type de Rixheim (Gaucher 1978 : fig. 17).

51Au même lieu‑dit, une tombe exhumée en 1928 se classe dans la même étape grâce à quelques objets caractéristiques : une épingle à tête de pavot et tige à collerettes, deux brassards du type de Magny‑Lambert et une défense de sanglier qui rappelle la tombe 101 de Champlay « La Colombine » (Lacroix 1957 ; Gaucher 1978 : 96).

52De la tombe IV (Vaché 1962) sont publiés notamment une épingle à tête plate et tige renflée à collerettes et un rasoir semblable à celui de l’incinération 5 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 ; fig. 31,9 ; Gaucher 1978 : fig. 18A) (pl. 16).

53Dans la tombe VIII (Vaché 1962), un poignard à languette à un trou de rivet voisine avec un récipient qui, hormis son fond plat, ressemble à des homologues contenus, par exemple, dans l’inhumation 11 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 8, 9‑11) ; une épingle, seulement décrite, confirme par la présence d’une tige à collerettes dite du type « de Courtavant » le classement dans l’étape 1 (Gaucher 1978 : fig. 18 B). Une tombe, fouillée par Brisson et Loppin en 1944 (Sandars 1957) se classe avec les précédentes grâce à une tige d’épingle incisée et cannelée et à deux bracelets en fausse torsade comparables à ceux de Guerchy et de Monétau (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig. 8 et 9) (pl. 5 : 2 ; pl. 7).

54Toujours à Barbu se‑Courtavant « Les Grèves » ou « Les Planches » (Lemoine, Sénéchal 1964), une tombe recélait une épingle à tête plate évasée à tige renflée et cannelée déjà attestée dans l’étape 1, un rasoir identique à celui de la tombe IV (Vaché 1962 ; Gaucher 1978 : fig. 18 A). Le vase, à part le fond qui est creux, s’apparente à celui du type C321a de l’inhumation 15 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 9, 2 ; Lemoine, Sénéchal 1964 : VIII, 2; IX, 2 bis; X, 1) (pl. 13 : 4, 2).

55La tombe VIII (Anonyme 1965) ne présente non plus aucune ambiguïté pour sa datation, avec ses perles spiralées en bronze, ses perles bitronconiques en ambre et ses rivets ; association identique à celle de l’inhumation 10 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 6, 15‑22) (pl. 13 : 5) par exemple, et ses fragments de jambières à « fil contournant » et spirales, tout à fait dans la tradition du Bronze moyen des Tumulus orientaux (Gaucher 1978 : fig. 20C).

56Dans la tombe IX (Anonyme 1965), on trouve près du squelette, entre autres, un récipient à décor excisé (Anonyme 1965 : pl. XI, 1‑2 et pl. X, 3), comme à Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », dans l’inhumation 6 (Mordant 1970 : fig. 6, 1) (pl. 1 : 2, 1) et comme à Misy‑sur‑Yonne « Le Bois‑des‑Refuges », dans l’incinération 8 (Mordant, Bontillot, Paris 1977 : fig. 25, 1‑2) (pl. 5 : 1, 1‑2).

57A Barbuise‑Courtavant « Les Grèves‑de‑Frécul », ont été fouillées récemment deux tombes à inhumation (Joffroy 1970) (pl. 8). La sépulture no 1 renferme un probable rasoir unique en son genre dans l’état actuel des connaissances, mais aussi trois récipients : l’un, du type C423d, est très proche de celui de l’inhumation 9 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 5, 3) (pl. 9 : 2, 2), un autre ressemble à un exemplaire de l’incinération 2 de Villeneuve‑la‑Guyard « Les Terres‑de‑Prépoux » (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 18,  3 ; Joffroy 1970 : fig. 1, fig. 2, fig. 3 : A‑B) (pl. 11 : 1,3). A 200 m de celle‑ci, la sépulture no 2 montre l’association des rivets en bronze, des perles spiralées en bronze et des perles en ambre fréquents dans la nécropole de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970), avec une épingle à tête évasée, sommet conique, tige incisée et cannelée, et une défense de sanglier enchâssée qui ressemble beaucoup à celle de la tombe 101 de Champlay « La Colombine » (Lacroix 1957) ; tous éléments qui la situent clairement dans l’étape 1 (Joffroy 1970 : fig. 3, 1‑12).

58Sur la commune voisine de La Villeneuve‑au‑Châtelot « Les Grèves », une autre tombe à inhumation doit appartenir au même vaste complexe funéraire ; son rasoir à manche ajouré et anneau terminal analogue à ceux évoqués plus haut, et son poignard à languette et trous de rivets axiaux ne prêtent à aucune ambiguïté.

59A Vinets (Aube) « Les Grèves » (Le Clert 1980) (pl. 10 : 1), une tombe à inhumation offre un ensemble clos composé d’une épingle très proche de celle de la sépulture no 2 de Barbuise‑Courtavant « Les Grèves‑de‑Frécul » (Joffroy 1970 : fig. 3, 10) (pl. 8 : 2, 10), d’un bracelet torsadé, de jambières, de perles hélicoïdales, de rivets déjà bien classés, et d’un bracelet côtelé et incisé en deux arcs de cercle opposés (Gaucher 1978 : fig. 24 ; Beck 1980).

60A Conflans‑sur‑Seine, un ensemble, peut‑être une tombe, renferme une épingle classée par A. Beck dans la « forme Yonne » avec plusieurs de celles passées en revue ci‑dessus (Beck 1980), et un poignard à languette et trous de rivets axiaux (Gaucher 1978 : fig. 37).

61Dans la zone des marais de Saint‑Gond (Marne), A. Brisson a recueilli une céramique abondante à l’intérieur de structures interprétées comme des fonds de cabanes. On s’est immédiatement aperçu du mélange chronologique dont témoignent ces pseudo‑habitations ; l’hypothèse de groupes de silos successifs dont les parois se sont effondrées rend mieux compte tant du profil et du remplissage de ces fosses (Brun 1981 ; Villes 1982) que de la coexistence de poteries de périodes radicalement différentes. On reconnaît, dans l’importante publication qui leur est consacrée (Brisson, Hatt 1966‑1967), des objets dont la comparaison est aisée avec les ensembles clos déjà passés en revue.

62A Ecury‑le‑Repos « Le Pithois », le large fragment de la panse d’un récipient (fig. 18 : 5) ressemble à un vase de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 32, 1). Quelques bords possèdent des analogies dans la phase confluent‑Yonne‑Seine 1 à Normée (Brisson, Hatt 1966‑1967 : fig. 3 : 1 et 3), à Normée « Les Ruisseaux » (fig. 8 : 1‑4), à Ecury‑le‑Repos « Le Clos » (fig. 6 : 2 et 3).

63Il en est de même des exemplaires suivants : Clamanges « Les Vaudières » (fig. 7 : 1‑3), Ecury‑le‑Repos « Le Chemin‑de‑Connantray » (fig. 9 : 13‑16, fig. 10 : 1,2 et 16), Normée « Les Tremblots » (fig. 11 : 2).

64A Pierre‑Morains « La Terre‑Grasse », un récipient (fig. 4 : 2) se rapproche, par sa forme et son cordon plastique incis é, de celui de l’incinération 5 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 29, 21.

65A Cohons « La Vergentière » (Haute‑Marne), on a reconnu une occupation de cette étape (Lepage 1981 : fig. 9, 1).

66Le corpus actuellement disponible, lié à ce faciès culturel, montre une dispersion géographique qui n’excède pas au nord le cours de la Marne.

◼ Dans le Centre et le Centre‑Ouest

67On sait que l’ouest du Bassin parisien souffre de nettes carences de la recherche, ce qui provoque un déséquilibre nuisant aux interprétations historico‑culturelles. Quelques documents permettent cependant de tracer une esquisse.

68A Chissay‑en‑Touraine « L’Etourneau » (Loir‑et‑Cher), une tombe à incinération fournit des tessons dont ceux d’un récipient décoré de mamelons séparés par des panneaux de cannelures verticales, surmontés de deux cannelures horizontales périphériques (Cordier 1961).

69A Azay‑sur‑Cher « Le Grand‑Closeau‑des‑Roguets » (Loir‑et‑Cher), un récipient portant le même type de décor, associé à un poignard à un trou de rivet, se trouve dans une tombe à incinération ; un « plat » n’a pas été conservé (Cordier 1961).

70A Couffi « La Folie », trois urnes en cistes et deux couteaux en bronze auraient été découverts ; seuls des tessons d’un même vase sont connus (Cordier 1977 : 29). Il s’agit d’un récipient tout à fait analogue à plusieurs individus du confluent Yonne‑Seine ; on remarque toutefois la stricte verticalité du col, caractère qu’on observe plutôt dans l’étape suivante.

71A Gièvres « Le Perreux » (Loir‑et‑Cher), des tessons indiquent une occupation de cet horizon chronologique avec leurs registres superposés de cannelures verticales et horizontales (Cordier 1977 : 28).

72Sur la même commune, au lieu‑dit « Claveau », une nécropole est attestée, mais les conditions de la trouvaille interdisent la reconstitution des ensembles (Cordier 1977 : 27). On relève notamment un récipient semblable à celui de Chissay‑en‑Touraine (Cordier 19611, une épingle à tête évasée plate et à tige renflée cannelée, une autre à tête massive bitronconique identique à des exemplaires du dépôt de Villethierry (Mordant, Prampart, Bourhis, Briard, Mohen 1976), ainsi que des bracelets côtelés à petits tampons.

73Pour le site d’Aulnay‑la‑Rivière « Echainvillier » (Loiret), deux sépultures sont publiées (Cordier 1977 : 23). La seconde se compare étroitement à des sépultures du confluent Yonne‑Seine (Cordier 1977 : fig. 12, 2a et 2b) (pl. 20 : 2).

74A Férolles « Le Parterre » (Loiret), des fosses écrêtées par les labours livrent un mobilier homogène de cette phase (Cordier 1977 : 12) ; un fragment apparaît cependant intrusif (Cordier 1977 : fig. 3 : 19).

75Sur cette commune, au lieu‑dit « Le Martroi », la sépulture no 3 (Cordier 1977 : fig. 2, 3a‑f) (pl. 20 : 3) contient un grand récipient du type E212d et des fragments de bracelets déformés, probablement identiques à ceux de Gièvres « Claveau » (Cordier 1977 : fig. 15, 7 et 11).

76Des anfractuosités issues de chaos de blocs, à Videlles « Les Roches » (Essonne) (Bailloud 1958 ; Bailloud, Coiffard 1967), recèlent aussi de la céramique de l’étape 1 (Mohen 1977 : 115).

◼ Dans le Nord et le Nord‑Ouest

77On a vu que l’étape 1 est définie sur un mobilier dont la répartition spatiale se révèle nettement localisée au sud de la Marne. L’ignorance reste grande pour cette étape en Picardie et dans la région Nord/Pas‑de‑Calais. La céramique issue des fosses de Cuiry‑les‑Chaudardes « Le Champ‑Tortu » (Aisne), pour laquelle l’association avec un moule d’enclume du type de Porcieu‑Amblagnieux oriente la datation vers la fin du Bronze moyen, laisse émettre l’hypothèse d’une persistance de communautés dont les vestiges matériels participent des faciès culturels de la façade atlantique.

78Les seuls ensembles disponibles dans cette zone, des dépôts métalliques, accréditent cette impression. Dans le dépôt de Saint‑Just‑en‑Chaussée (Oise), peu d’objets trouvent leur origine dans l’entité culturelle sud‑orientale : une lame d’épée proche du type de Rixheim, des haches à ailerons médians, une épingle à tige cannelée (Blanchet, Mohen 1977) ; tous éléments qui permettent une synchronisation avec les dépôts de Rixheim/Stockheim. Comme l’a montré J.‑P. Mohen, la région parisienne se partage en deux zones d’influence pour ce qui concerne les productions métalliques ; la composition mixte des dépôts et, pour l’étape évoquée présentement, la prééminence dans ces ensembles des objets « occidentaux » apparaissent dans le Val‑de‑Marne, à Choisy‑le‑Roi (Mohen 1977), c’est‑à‑dire très près du confluent Yonne‑Seine et surtout du site de Videlles « Les Roches » (Essonne) (Bailloud 1958 ; Bailloud, Coiffard 1967).

79De nombreuses associations ont permis, de longue date, la mise en parallèle avec le groupe de Rosnoën (Briard 1965) dont certains composants caractéristiques sont présents dans l’horizon des dépôts du type de Cannes‑Ecluse qui pose un point final à l’étape 1, et montre l’apparition de nouveaux types métalliques.

L’étape 2 dans le bassin parisien

◼ En Bourgogne

80Pour la zone du confluent Yonne‑Seine, faible est le nombre des tombes qui n’ont pu figurer sur la matrice (fig. 20).

81A Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons », l’incinération 20 recèle un mobilier très fragmenté (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 13) : un récipient, probablement du type D123d, s’apparente nettement à des homologues de la même nécropole, un bord d’« assiette » outrepassé et un autre orné d’une cannelure interne sont exclusivement datables de l’étape 2.

82A Champagne‑sur‑Seine, la sépulture C, avec son grand récipient à col (G.A.R.F. 1971), dont la moitié inférieure manque, est probablement du type E112c et trouve comparaison dans l’incinération 9 de Villeneuve‑la‑Guyard « Les Terres‑de‑Prépoux » (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 22,2) (pl. 35).

83A Fontaine‑la‑Gaillarde « Propriété Wolf » (Yonne), l’objet le plus caractéristique, un récipient du type A222j, ressemble avec son décor de « guirlandes » à des exemplaires de la même tombe que précédemment (Mordant, Coudray, Parruzot 1979 : fig. 23, 8‑11) (pl. 42 : 3).

84A Guerchy (Yonne), une seconde tombe, à incinération celle‑là, n’est connue qu’incomplètement (Nicolas, Duval, Eluère, Mohen, Mordant 1975 : fig. 14, 93‑96) ; pourtant les deux récipients conservés ne prêtent à aucune ambiguïté car ces « gobelets à épaulement » strict n’apparaissent que dans cette étape, dans l’ensemble du groupe Rhin‑Suisse (pl. 42 :2).

85A Sainte‑Pallaye (Yonne), l’incinération 3 contient, notamment, un récipient du type A décoré des « guirlandes » si caractéristiques de cette étape (Joly 1965 : fig. 27) (pl. 32 : 2).

86A Pougues‑les‑Eaux (Nièvre), l’incinération 6 renferme un récipient du type C122 (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 20, D) qui est fréquent dans l’étape 2, bien que rarement dépourvu de décor comme celui‑ci. Des types de la famille des récipients à col contiennent également les restes incinérés des tombes 7 et 8 (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 21, B).

87Dans l’incinération 9, un gobelet du type C122k (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 21, C), l’un des types communs aux phases C.Y.S. 2 et M.S.G. 1, est associé à un récipient du type A, à pied orné de cannelures internes.

88Enfin, une dernière sépulture pour cette nécropole se classe aussi dans cette étape, avec son récipient (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 21, D) apparenté à celui de la tombe 13 de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » (Chertier 1976 : 116, 1) (pl. 45 : 1).

89A Noyers (Yonne), un ensemble très intéressant réclame un commentaire plus nourri. L’incinération 3 contient un grand récipient du type E212e, bien représenté dans la phase C.Y.S. 1, et un gobelet biconique à fond pointu et à décor envahissant (Poitout, Mordant 1979 : fig. 4, 4 et 2) (pl. 26 : 3). C. Mordant discute de façon très pertinente le problème que pose cette association. Il souligne les analogies qui existent entre cette urne et des homologues de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions », et de Pont‑sur‑Yonne « Beaujeu ». Il signale bien que « un exemplaire non décoré mais de forme proche provient de Singen où il se trouve associé à des vases décorés au peigne du Bronze final IIb (Kimmig 1940) » ; mais il poursuit par un raisonnement trop intuitif : « Cette forme dérive probablement d’un vase bitronconique à fond plat exigu qui disparaît dans une ultime évolution régressive » (Poitout, Mordant 1979 : 60). Il date finalement cette tombe du Bronze final IIIa. Des récipients à fond pointu sont certes attestés au Bronze final IIIb, par exemple à Aulnay‑aux‑Planches, tombe B14 (Brisson, Hatt 1953 : 9) (pl. 47 : 12,5) ; mais cela ne permet pas d’établir une coupure entre le Bronze final IIb et le Bronze final IIIa durant lequel se développerait le fameux décor « riche ». Un tel décor, on ne peut plus envahissant, couvre la totalité d’un récipient à fond pointu associé à un vase biconique, classiquement considéré comme caractéristique du Hallstatt A2, dans une sépulture de Berndorf en Sarre (Kolling 1968 : pl. 2, 1‑5). Il convient de répéter que, non seulement dans le Bassin parisien, mais aussi dans et autour de la vallée du Rhin, il est impossible, avec la documentation actuelle, d’effectuer une partition nette à l’intérieur de ce qu’on appelle ici l’étape 2. Il reste que coexistent dans cet ensemble de Noyers des critères de l’étape 1 et d’autres de l’étape suivante. C. Mordant discerne fort justement sur l’urne cannelée des éléments absents, par exemple à Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » : des incisions à la pointe mousse près de la zone de contact de la panse avec le col et des facettes bien marquées sur le bord. Cette dernière caractéristique, présente aussi sur les urnes des incinérations 1 et 2 de ce cimetière (Poitout, Mordant 1979 : fig. 3) (pl. 26 : 1‑2), indique la probable contemporanéité de ces trois tombes. Ainsi, on les classe dans l’étape 2. On discutera plus loin les implications de la persistance de caractères anciens dans cette étape interprétée typologiquement comme étant en rupture nette avec ce qui la précède.

90A Norges‑la‑Villes (Côte‑d’Or), l’ensemble, issu d’une sépulture à incinération et constitué d’une urne à cannelures horizontales, d’un bracelet peu ouvert à renflements, et de deux récipients du type A dont le bord est outrepassé et le décor complexe (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 29, 1‑4), ne présente aucune difficulté pour s’intégrer à l’étape 2. L’un des décors internes se retrouve presque identique dans la tombe Y3 d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Chertier 1976 : 112 fig. 7) (pl. 44 : 2,1).

91Des restes d’habitats, on ne citera que les plus importants. La grotte de Nermont (Yonne) (Sandars 1957 : fig.38 et 49) et la grotte des Fées à Arcy‑sur‑Cure (Yonne) (Sandars 1957 : fig. 43,2) montrent des vestiges intéressants qui mériteraient une publication plus complète. Fort bien datées du Bronze final IIb‑IIIa, des fosses ont livré un mobilier abondant : Ancy‑le‑Franc « Sous‑Paule‑Yvaut » et « Les Fontenottes » (Yonne) (Mordant, Thévenot, Ferdin, Biton 1976) ; Vinneuf (Yonne) (Carré 1970).

◼ En Champagne‑Ardenne

92Selon le même processus que précédemment, on commence par l’intégration des ensembles clos des marais de Saint‑Gond (Marne) qui n’ont pu figurer sur la matrice d’association, en raison de la sélection rigoureuse à laquelle on les a soumis.

93A Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », l’incinération E3, malgré la grande fragmentation de son mobilier, montre la présence caractéristique d’un récipient du type C122c (Brisson, Hatt 1953 : fig. 51, 11‑14) (pl. 44 : 4,2). Au même type, hormis sa contenance supérieure, appartient l’urne de la tombe B10 de cette nécropole (Chertier 1976 : 133,2) (pl 44 : 3). De la tombe 21, on ne connaît qu’un couteau à soie recourbée et dos décoré d’incisions, daté unanimement du Bronze final IIb ou Hallstatt A2 (Brisson, Hatt 1953 : fig. 43, 7) (pl. 31 : 8).

94A Broussy‑le‑Grand « Le Champ‑de‑l’Aulne », l’urne de la tombe 3 du type C122a ne suscite non plus, on l’a vu plus haut, aucun doute (Chertier 1976 : 119,3). Le bord outrepassé des deux récipients du type A contenus dans la tombe 9 de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » incite à un classement dans l’étape 2 (Chertier 1976 : 106,8 et 108,12).

95A Morains (Marne), les poteries publiées se rangent dans la même étape; deux sont du type C123k (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 27, D).

96Plus au nord, à Bétheniville « Le Chemin‑de‑Fond‑Thierry » (Marne), trois sépultures s’inscrivent dans le même horizon (Dupuy 1931). La tombe 1 renferme une urne dont la morphologie se compare étroitement avec celle de son homologue de la tombe B13 d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Chertier 1976 : 119,2). La base de l’urne de la tombe 3 se superpose à celle d’un récipient de la tombe 1 de Broussy‑le‑Grand « Le Champ‑de‑l’Aulne » (Chertier 1976 : 119,7) (pl. 40 : 1). La forme de la céramique de la tombe 2 est identique à celle d’un exemplaire de l’incinération 1 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 34,4) (pl. 28 : 1).

97Du mobilier de cette phase se distingue dans les « fonds de cabanes » de la zone des marais de Saint‑Gond. C’est le cas à Ecury‑le‑Repos « Les Longues‑Raies » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 11, 3‑4), à Bannes « Les Noues » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 19, 1 et 3), à Bannes « Les Blés‑Gelés » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 15, 1‑5), à Ecury‑le‑Repos « Le Pithois » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 4, 7 et fig. 18, 4), à Pierre‑Morains « La Terre‑Grasse » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 4, 1‑4), à Sézanne « Retortat » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 4, 6‑8‑9 et fig. 17, 2‑3), à Ecury‑le‑Repos « Les Terres‑Grasses » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 13, 1‑10), et à Ecury‑le‑Repos « Le Popelin » (Brisson, Hatt 1966 : fig. 16). Les caractères très typiques de la céramique de cette étape sont en général bien datés et l’on ne notera que les traces d’occupation qui apportent des informations sur la répartition spatiale. L’horizon traité maintenant est attesté bien au nord de la Marne. Dans les Ardennes, on trouve par exemple des « gobelets à épaulement » à Hauviné « Le Terme‑Badaud » (Lambot1980 : fig.18,2), et à Remilly‑Aillicourt « Bonne‑Fache » (Lambot 1980 : fig. 29 et fig. 30 ; Marolle 1970 et 1983).

◼ Dans le Centre et le Centre‑Ouest

98Quelques ensembles clos de caractère funéraire apportent d’intéressantes informations.

99A Orval « Le Champ‑des‑Arondes » (Cher), une sépulture, la tombe 2, présente une association incertaine ; un des récipients, biconique à col vertical, orné de cannelures et d’incisions, se classe clairement dans l’étape 2 (Abauzit, Vannier 1965 : fig. IV, C et peut‑être fig. II, B). Sur le même site la tombe 3 est contemporaine ; le vase biconique à col, porteur de larges cannelures obliques à la hauteur du plus grand diamètre, rappelle des exemplaires de Barbuise‑Courtavant (Piette 1971) et le récipient du type A (Abauzit, Vannier 1965 : fig. III, 1 et 2) se révèle très proche de son homologue de la tombe A d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Marne) (Chertier 1976 : 112,3) (pl. 31 : 3). Il en est de même pour la tombe 4 (Abauzit, Vannier 1965 : fig. IV, A), avec un récipient du type C123d fréquent dans cette étape.

100A Olivet « Rue‑de‑la‑Source » (Loiret), une sépulture à incinération trouve la meilleure comparaison, pour son urne dépourvue de bord et ornée de cannelures sur son diamètre maximum, dans la tombe 1 de Bannes « Le Blanc‑Fossé » (Chertier 1976 : 122,7) (pl. 45 : 2) ; de plus, le récipient du type A, utilisé comme couvercle, confirme parfaitement ce classement, avec son bord légèrement outrepassé et facetté (Ferdière, Richard 1974 : fig. 1).

101A Mormant « Moissy » (Loiret), la sépulture 3, malgré l’état fragmentaire de la céramique, est datable de l’étape 2 grâce aux tessons d’un récipient biconique à col, orné d’incisions linéaires (Cordier 1977 : fig. 14) (pl. 38 : 5).

102Sur le site proche de Villemandeur « Le Chesnoy » (Loiret) (pl. 38 : 2), une tombe ne prête non plus à aucune confusion, avec un couteau à soie à un trou de rivet et dos incisé, presque identique à celui de la tombe Z2 d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Brisson, Hatt 1953 : fig. 43, 1) (pl. 31 : 1) ; le reste du mobilier confirmerait l’homogénéité globale de l’étape 2 (Cordier 1977 : fig. 13), si l’on était certain d’avoir affaire à un ensemble clos.

103A Tigy « Le Bois‑des‑Hauts » (Loiret), on retrouve dans la sépulture 7 (Cordier 1977 : fig. 10) (pl. 33) les « gobelets à épaulement », l’« assiette à guirlandes » et à bord outrepassé, bien attestés dans cette étape. Les mêmes critères se présentent dans la sépulture 6 de cette nécropole (Cordier 1977 : fig. 9) (pl. 34). Malgré la présence de ces critères, la sépulture 5 (Cordier 1977 : fig. 7 et 8) (pl.30 : 3) mérite un commentaire particulier ; d’une part, un récipient à col se compare à certains exemplaires de l’étape 1 en raison de ses cannelures verticales, d’autre part le décor d’un autre du type A, obtenu par estampage, apparaît extrêmement rare dans cette étape, et s’apparente plutôt à certains décors en fausses excisions connus dans les étapes antérieures et postérieures (pl. 30 : 6). La composition du mobilier de la tombe 4 (Cordier 1977 : fig. 6, 4a et 4b) (pl. 39) est parfaitement classique, de même que celle des sépultures 2 (Cordier 1977 : fig. 6, 2a et 2b), et 1 (Cordier 1977 : fig. 6, Ia et 1b). La « sépulture » 3, incertaine en ce qui concerne sa fonction, l’est aussi du point de vue chronologique (Cordier 1977 : fig. 6, 3a‑c) (pl. 46 : 1) ; les trois tessons peuvent, comme on le verra plus loin, appartenir aussi bien à cette étape 2 qu’à la suivante.

104A propos de la sépulture 1 de Férolles « Le Martroi » (Loiret), G. Cordier évoque avec pertinence la rareté du décor de cannelures formant des triangles emboîtés et, à l’aide de comparaisons dans le sud de la France, le date du Bronze final IIa (Cordier 1977 : 33) ; il faut remarquer toutefois qu’un autre récipient de cet ensemble se placerait plutôt dans l’étape 2, à cause du col rectiligne rentrant (Cordier 1977 : fig. 2, 1 a‑c) (pl. 20 : 1) ; on y reviendra.

105A Buno‑Bonnevaux (Essonne), une nécropole est en cours de publication (Tarrête 1981 : fig. 34) ; le mobilier se classe aisément dans l’étape 2.

106On peut signaler au passage que rien dans la céramique de la fosse d’habitat de Guillonville « Bourne‑ville » (Eure‑et‑Loir) ne contredit son classement dans cette étape (Cordier 1977 : fig. 11), ce que confirme l’épingle.

107Du site très occidental de Saint‑Hilaire‑Saint‑Florent « L’Alleu », ne sont publiés que quelques formes et décors (L’Helgouach 1979 : 572,21) ; les récipients du type A, décorés de « guirlandes », indiquent une occupation durant l’étape 2 mais certaines formes rappellent davantage l’étape antérieure. On ajoute que certains éléments semblent locaux. Il est probable que la publication plus complète de Fort‑Harrouard à Sorel‑Moussel (Eure‑et‑Loir) apportera des informations précieuses à cet égard.

◼ Dans le Nord et le Nord‑Ouest

108Contrairement à ce qui a été constaté pour l’étape précédente, celle‑ci se trouve bien attestée en Picardie.

109Quelques sépultures ont fait l’objet de sauvetages dans la vallée de l’Aisne à Vieil‑Arcy «La Boise » (Aisne). L’incinération no 1 livre un récipient biconique à col légèrement évasé, orné de cannelures et d’incisions horizontales (Boureux 1974 : fig. 5) (pl. 41 : 6). Un exemplaire de même forme mais dépourvu de décor constitue le mobilier de l’incinération no 3 (Boureux 1974 : fig. 4) (pl.41 : 7). Un gobelet conservé de l’incinération no 5 se rapproche des précédents ; toutefois, l’épaulement est là arrondi, et une anse s’accrochait probablement sur le col rectiligne et légèrement rentrant (Boureux 1974 : fig. 6) (pl. 41 : 8). C’est aussi ce type de récipients qui permet de dater sans aucun doute les tombes 4 (Chevalier 1960 : fig. 1, 2) (pl. 41 : 2), 5 (Chevallier 1960 : fig. 1, 3) (pl. 41 : 3), et 7 (Chevallier 1960 : fig. 4 et 5) (pl. 41 : 4) du même lieudit. Plus à l’ouest, des habitats renfermant un mobilier céramique de cet horizon caractéristique donnent la limite de la répartition actuellement connue. C’est le cas de Catenoy « Camp‑de‑César », en cours de fouille.

110A Vieux‑Moulin « Saint‑Pierre‑en‑Chastres » (Oise), les fouilles du siècle dernier ont produit d’intéressants objets. Ceux qui sont publiés (Kimmig 1951 à 1954 ; Blanchet 1976 b) s’inscrivent dans l’étape 2. Cependant, ce mobilier est le produit de fouilles non méthodiques et les informations principales qu’il offre sont d’ordre géographique.

111On considère le dépôt de Caix (Somme) (Gaucher 1978 : fig. 117‑9) (pl. 25) comme caractéristique du Bronze final II. Bien homogènes, les dépôts métalliques qui présentent des associations similaires renferment les premiers types de haches à douille, de nouveaux types d’épées (pistilliformes) et des bouterolles à section losangique ; tous ces caractères permettent d’individualiser le groupe de Saint‑Brieuc‑des‑Iffs (Briard 1965). Ces critères s’avèrent présents dans les dépôts de l’horizon de ceux du type de Cannes‑Ecluse I, horizon qui marque l’issue de l’étape 1. C’est pourquoi ils se synchronisent avec l’étape 2.

L’étape 3 dans le bassin parisien

◼ En Bourgogne

112Dans un chapitre précédent (p. 32), on a attribué provisoirement l’étiquette « groupe 3 » à des sépultures qui n’entretiennent de relations typologiques ni avec les ensembles mobilisés pour l’élaboration des matrices, ni entre elles.

113A Châtenay‑sur‑Seine, « Les Godillons », l’incinération 5 renferme deux récipients et une épingle en fer peu caractéristique typologiquement (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 10, 1‑3) (pl. 52 : 2). Le vase no 2 possède un goulot et on n’en connaît pas de réplique exacte; son profil existe cependant à Ossingen, « Im Speck », dans le tumulus 8 (Ruoff 1974 : pl. 4, 14) pour un exemplaire décoré au graphite. On relève dans le même ensemble une forme proche du récipient no 1 (Ruoff 1974 : pl. 4, 1) ; une épingle à petite tête vasiforme situe cet ensemble à la fin du Hallstatt B (Ruoff 1974 : pl. 5, 11).

114Le récipient de l’incinération 9 de la même nécropole, analogue au précédent, permet de synchroniser les deux sépultures (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 10) (pl. 52, 4).

115Pour l’incinération 10, la reconstitution graphique du vase globuleux est très incertaine ; le récipient qui lui est associé (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 10, 1‑2) (pl. 52 : 1) se révèle très proche d’un exemplaire d’une tombe à inhumation de Saint‑Prex, « Gravière Chiavazza » (Ruoff 1974 : pl. 11 : 6) datée du Hallstatt B3 ou du Hallstatt ancien selon Vogt, Ruoff et Primas.

116Bien que très incomplète, la céramique issue de l’incinération 27 se rapproche, grâce au décor très particulier de cercles concentriques estampés et au bord haut (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 19 : 1‑2) (pl. 52 : 5) d’homologues d’une sépulture de Singen « Am Hohentwiel » (Kimmig 1949‑1950 : fig. 3 : 6‑10) qui contient une épingle à petite tête vasiforme, ainsi que du tumulus du Mont‑Lassois, à Vix (Joffroy 1960 : pl. 79) associés également à une épingle à petite tête vasiforme.

117A Gravon, l’urne de l’incinération de l’enclos B (Mordant 1966 : fig. 4) (pl. 52 : 3) possède une panse presque identique à celle d’un récipient de la tombe 5 de Bannes « La Haie‑des‑Genièvres » (Chertier 1976 : 126, 9) ; le bord éversé et aminci avec ses cannelures internes existe dans la tombe 1 d’Aulnizeux « La Chapelle » (Chertier 1976 : 126, 8). Mais la meilleure comparaison s’établit avec des récipients du tumulus de Chaumes‑les‑Baigneux (Côte‑d’Or) (Ratel 1970 : fig. 9 et fig. 10 à droite), bien datés du Bronze final IIIb.

118Dans la vallée de l’Yonne, un ensemble d’un très grand intérêt a été récemment mis au jour.

119Il s’agit d’une sépulture à inhumation qui, à Soucy « Mocque‑Bouteille » (Gaj 1982 : fig. 66) (pl. 50 : 1) offre l’association d’un récipient à panse galbée, à fond très étroit et à haut bord aminci (semblable à maints exemplaires de l’horizon Gündlingen‑Ossingen‑Singen), d’un récipient du type B123a que l’on rencontre fréquemment dans la phase M.S.G. 2, et d’un petit vase bien attesté dans cette phase pour sa forme, mais plus rarement sans décor comme ici et dans une tombe à incinération de Singen (Kimmig 1981 : fig. 3, 8) comprenant aussi une épée en fer et une épingle à petite tête vasiforme. On constate l’absence totale de décor, tant sur la céramique que sur le métal, ce qui peut laisser émettre l’hypothèse d’une caractéristique locale.

120Local également paraît être le pied plein d’un de ces récipients (Gaj 1982 : fig. 66, f) (pl. 50 : 3), présent aussi dans une incinération à Fontaine‑la‑Gaillarde (Yonne), sur un vase portant trois cannelures étroites et profondes, associé à un autre orné de méandres incisés (Sarrazin 1982 : fig. 65).

121Une forme proche du dernier récipient évoqué provient d’une sépulture à incinération de Serbonnes, « Le Champ‑Rabault » (Yonne) dont le décor se compose de cannelures (Prampart 1982 : fig. 63, C) (pl. 50 : 2). Au même lieu‑dit, une seconde sépulture, celle‑ci à inhumation (Prampart 1982 : fig. 62) (pl. 51), s’inscrit aussi sans difficulté dans l’étape 3 avec un grand récipient analogue à celui de Soucy, « Mocque‑Bouteille » (Gaj 1982 : fig. 66, f) et quatre autres du type A, bien attestés dans les marais de Saint‑Gond.

122A Saint‑Père‑sous‑Vézelay (Yonne), des sépultures sont connues depuis longtemps (Louis 1943). C’est essentiellement la hauteur de leur bord qui permet de les attribuer à cette étape, car ils montrent des caractères typiques de l’étape 1 ; par exemple, le registre de cannelures verticales et horizontales. On retient toutefois que l’organisation des cannelures verticales en panneaux séparés par des zones lisses est plus spécialement présente dans cette étape tardive de l’âge du Bronze et, pour ne citer qu’un exemple, à Singen (Kimmig 1949‑1950 : fig. 4, 7‑8).

123En Côte‑d’Or, l’ensemble de Vix, qui a déjà été mis à contribution en raison de la présence d’une épingle à petite tête vasiforme, excellent indice de datation, n’est pas isolé dans la région du cours supérieur de la Seine (pl. 48).

124A Châtillon‑sur‑Seine, « Tumulus‑Accouplés‑des‑Essarts », le tumulus sud abrite une incinération renfermant un récipient (Wamser 1975 : pl. 17, 4) (pl. 61 : 4) analogue à des exemplaires de Liptingen (Kimmig 1940 : pl. 30, 2).

125Très proche, un vase de Chamesson « Tumulus du Bois‑Bouchot » (Côte d’Or) (Wamser 1975 : pl. 17, 5) (pl. 61 : 5,1) trouve des homologues sur le site de Zürich « Alpenquai » (Ruoff 1974 : pl. 16, 12 et pl. 22, 11).

126A Nolay « Tumulus des Chaumes d’Auvenay A » (Côte‑d’Or), on signale dans une tombe à inhumation une épingle à petite tête vasiforme, un rasoir, un grand récipient à col évasé contenant une petite « terrine » (Wamser 1975 ; Henry 1933).

127Dans le tumulus voisin des « Chaumes d’Auvenay B », c’est aussi une épingle à petite tête vasiforme qui avec un couteau à manche aménagé date cette inhumation, réputée pour avoir renfermé deux bracelets semblables, l’un en bronze, l’autre en fer, une chaînette en bronze et plusieurs vases (Wamser 1975 ; Henry 1933 ; Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 25, 1‑2).

128A Pommard (Côte‑d’Or), le « Tumulus de la Chaume 1 » aurait couvert une. incinération avec cinq récipients à col évasé et cannelures sur l’épaulement (Wamser 1975) ; dans le « Tumulus de la Chaume 2 », en revanche, une sépulture offre, outre une épingle à petite tête vasiforme, des fragments de céramique dont un est bien connu (Kimmig 1951‑1952‑1954 : fig. 25, D) avec son décor identique à celui du tumulus à incinération de Vix, « Le Mont‑Lassois » (Joffroy 1960 : pl. 79) (pl. 48) (Wamser 1975 : pl. 16 : 3 ; Henry 1933).

129A PrusIy‑sur‑Ource « Tumulus du Bois‑de‑Langres » (Côte‑d’Or), un vase au décor de grecques bien attesté au début de l’étape 3, par exemple à Elgg dans la tombe 1 (Ruoff 1974 : pl. 12 : 31) (pl. 61 : 3), se trouve associé à une épée en fer dite hallstattienne et à un rasoir semi‑circulaire ajouré et gravé, habituellement classés au Hallstatt ancien.

130A Salives « Larçon » (Côte‑d’Or), sous le tumulus Bourrachot, une incinération fournit, entre autres, un récipient à col évasé et cannelures sur l’épaulement (Ratel 1967).

131Enfin, on peut citer encore à Villecomte « Tumulus Jean‑Jacques » (Côte‑d’Or) (pl. 61 : 6), la présence, dans une sépulture à inhumation, d’un récipient quasi identique à celui du tumulus sud de Châtillon‑sur‑Seine (Wamser 1975 : pl. 17 : 4), d’un tesson graphité, d’un anneau fermé en bronze et d’un bracelet en lignite (Wamser 1975 : pl. 17 : 7 ; Ratel 1964).

132Il est regrettable que l’immense majorité de la documentation de cette région résulte de « fouilles » anciennes. Il n’en reste pas moins que l’étape 3 y est largement attestée ; lui sont encore attribués des tumulus, à Concoeur‑et‑Corboin, « Derrière‑Cours » (Thévenot 1978), à Flacey et à Norges‑la‑Ville (Millotte 1963).

133Des vestiges de nature domestique, bien datés par leurs inventeurs, ne réclament pas qu’on s’y arrête car ils n’apportent pas d’informations supplémentaires. Il convient pourtant de signaler la fosse F1 de Misy‑sur‑Yonne « Les Refuges », dont le mobilier est classé dans le Hallstatt ancien (Mordant, Bontillot, Paris 1977 : fig. 36) ; son appartenance à l’étape 3 ne fait aucun doute et on reviendra sur l’ambiguïté généralisée qui se présente pour attribuer un corpus soit au Bronze final IIIb, soit au Hallstatt ancien. En témoignent aussi les fosses d’Hermé « Les Grèves » (Mordant 1977‑1978) et la fosse 2 de Marolles‑sur‑Seine « Les Gours‑aux‑Lions » (Mordant 1970 : fig. 40 et 41).

134Un dépôt de bronze est intéressant à évoquer. Celui d’Alise‑Sainte‑Reine (Côte‑d’Or), où l’on note le couteau à douille, la hache à ailerons sub‑terminaux et à anneau latéral et l’épée du type de Tachlovice (Kimmig 1954), montre (’influence conjointe des aires orientales et occidentales et contribue à la synchronisation du complexe des épées en langue de carpe avec l’étape de Wallstadt grâce, en particulier, à l’ensemble de Hochstadt en Hesse (Müller‑Karpe 1948) qui recèle, outre les objets classiques de cette étape, la hache à douille et anneau latéral, et l’épée proto‑hallstattienne.

◼ En Champagne‑Ardenne

135Plusieurs sépultures de la zone des marais de Saint‑Gond (Marne) viennent s’intégrer dans l’étape 3 à l’aide de la méthode comparative visuelle classique.

136L’urne de la tombe 5 de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » (Chertier 1976 : 124, 11) (pl. 53 : 4) ne s’écarte de celle de la tombe B1 d’Aulnay‑aux‑Planches, « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Chertier 1976 : 135, 2) (pl. 47 : 8) qu’en raison d’infimes détails dont, surtout, la légère concavité du fond.

137Sur le même site, le récipient de l’enclos B (Chertier 1976 : 127, 3) (pl. 53 : 3) ressemble beaucoup à un exemplaire du tumulus C d’lhringen (Kimmig 1940 : pl. 25, 8).

138Celui de l’enclos D (Chertier 1976 : 125, 10) (pl. 54 : 4) ne diffère de nombreux homologues que par son décor d’incisions au poinçon ; cette technique décorative est, par ailleurs, largement répandue, y compris dans cette étape.

139Pour le récipient de l’enclos E (Chertier 1976 : 116, 12) (pl. 54 : 2), le décor d’incisions contournant l’anse existe aussi dans la sépulture du tumulus d’Ensisheim (Haut‑Rhin), associé, en plus d’autres céramiques très caractéristiques, à un rasoir semi‑circulaire échancré (Zumstein 1964 : fig. 38 215 et 214).

140Pour la tombe 3 d’Aulnizeux « La Chapelle » (Chertier 1976 : 116, 13) (pl. 54 : 3), on ne connaît pas de comparaison proche ; toutefois, la panse globuleuse et l’étroit fond ombiliqué ne laissent aucun doute sur son classement dans la phase M.S.G. 2.

141A Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons », nombreuses sont les sépultures qui échappent au corpus utilisé dans les matrices.

142La tombe a9 renferme un fragment (Brisson, Hatt 1953 : fig. 46, 6) (pl. 47 : 5) qui se superpose exactement avec le récipient de l’enclos D de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » (Chertier 1976 : 125, 10) (pl.54 : 4).

143La tombe a10, malgré la grande fragmentation du mobilier (Brisson, Hatt 1953 : fig. 46, 8‑9) (pl. 47 : 11), s’inscrit bien dans l’étape 3 avec les panses bulbeuses, les fonds ombiliqués et surtout le fragment de panse galbée orné de cannelures horizontales et de grecques, très semblable à celui du tumulus d’Ensisheim (Zumstein 1964 : fig. 38, 210).

144Pour la tombe B11 (Chertier 1976 : p. 104, 10 ; p. 116 : 6 et p. 125 : 11) (pl. 58 : 6), on trouve le décor cannelé de l’attache d’anse de la tasse sur une homologue d’une incinération de Mülheim « Pützgewand », « Grube Zils » (Dohle 1970 : pl. 16, B7) associée à un récipient bien daté du Hallstatt B ; de plus, bien que faiblement caractéristique, le récipient du type A est analogue à celui de l’incinération 27 de Châtenay‑sur‑Seine « Les Gobillons » (Bontillot, Mordant, Paris 1975 : fig. 19, 2) (pl. 52 : 5).

145Le vase très particulier de la sépulture E1 (Chertier 1976 : 125, 7) a été parfaitement daté et comparé à des exemplaires du bassin de Neuwied (Brisson, Hatt 1953) (pl. 58 : 3).

146De même, en ce qui concerne le tumulus F (Chertier 1976 : 124, 8) (pl. 58 : 3), J.‑J. Hatt localise avec pertinence des analogies sur le Kestenberg à Möriken (Ruoff 1974 : pl. 33, 10, 23) ; cependant, le récipient témoigne de traits probalement locaux : épaisseur du bord, convexité du fond.

147Le récipient du tumulus D (Chertier 1976 : 105, 11) (pl. 58 : 5) se révèle bien peu caractéristique; on constate simplement la très grande fréquence de la classe fonctionnelle B dans cette phase M.S.G. 2, critère dont la validité se retrouve dans les ensembles contemporains d’Allemagne, par exemple dans une incinération d’Ilvesheim « Flur Atzelberg » (Kimmig 1940 : pl. 14, C 14) bien datée par la présence d’un vase dont le contact entre le bord et la panse proprement dite est assuré par un méplat.

148La forme du type B du récipient de la sépulture Pl ne diffère du précédent que par sa taille (Chertier 1976 : 105, 15) (pl. 58 : 8) ; des exemplaires de comparaison existent, totalement décorés au graphite, dans le tumulus 12 d’Ossingen « Im Speck », par exemple (Ruoff 1974 : pl. 7, 1 et 7), daté de l’extrême fin du Hallstatt B. Le problème devient plus délicat avec quelques tombes de cette nécropole. Elles seront discutées plus loin.

149A Semoutiers (Haute‑Marne), une inhumation révèle l’intéressante association d’une épée du type de Gündlingen et d’une bouterolle du type de Mindelheim (Lepage 1980 : pl. 26, 5).

150Des récipients trouvés dans le fossé périphérique de probables tumulus arasés s’intègrent également dans l’étape 3.

151A Frignicourt, un récipient peut être comparé, grâce au méplat décoré de la partie haute de la panse et aux cannelures courant sur la face interne du haut bord, à celui de Gravon, sépulture de l’enclos B (Mordant 1966 : fig. 4).

152A Hallignicourt, « Le Brésil », dans l’enclos I, un récipient du type A, décoré de triangles en creux, se rapproche d’un homologue du tumulus 4 d’Ensisheim (Haut‑Rhin) (Gerhart, Voegtling 1975‑1976 : pl. 7) (pl. 56 : 1) bien daté, notamment par un vase globuleux à fond ombiliqué orné de grecques ; le même genre de décor en excisions triangulaires situe en contemporanéité l’autre récipient très galbé de l’enclos I. Le vase exhumé de l’enclos II, avec ses grands triangles excisés, ressemble beaucoup à celui d’une tombe de Kaiserslautern (Kolling 1968 : pl. 69 : 3) malheureusement isolé et que l’auteur classe au Hallstatt C ; par sa forme et ses incisions linéaires, l’exemplaire d’Hallignicourt ne s’oppose pas à un classement au Hallstatt B3 ou au Bronze final IIIb (Lepage 1981 : fig. 9 : 2).

153Au sud de la Champagne, sur la vallée de la Seine, quelques ensembles clos apportent de précieuses informations.

154A Barbuise‑Courtavant « Les Grèves‑de‑la‑Villeneuve » (Aube), l’incinération 1 fournit des récipients analogues à ceux des marais de Saint‑Gond (Piette 1971 : fig. 46 et 47) (pl. 49 : 1). Un vase (fig. 47 : 3) se rapproche d’un exemplaire de Bannes, «La Haie‑des‑Genièvres », tombe 3 (Chertier 1976 : 126 : 5) (pl. 54 : 1,1), sépulture très caractéristique de la phase M.S.G. 2 avec son épingle à tête vasiforme et son agrafe de ceinture du type de Sieding‑Szeged (Kilian‑Dirlmein 1975) ; et les récipients du type A (Piette 1971 : fig. 46 : 3‑4) existent, quasi identiques, dans la tombe a2 d’Aulnay‑aux‑Planches « Au‑dessus‑du‑Chemin‑des‑Bretons » (Chertier 1976 : 106, 1 et 3) (pl. 47 : 10). Sur le même site, une inhumation de La Tène avait perturbé une sépulture (Piette 1971 : fig. 52 et 53R) (pl. 49 : 3) contenant trois récipients du type A (fig. 52 : L, M, N,), comparables à ceux de la tombe 6 de Bannes « La Haie‑des‑Genièvres » (Chertier 1976 : p. 106, 2 et 7) (pl. 55 : 2).

155On sait que dans les pseudo « fonds de cabanes » des marais de Saint‑Gond se posent des problèmes de datation. On va tenter, à la lumière de comparaisons avec des ensembles clos, de reclasser cet abondant matériel céramique. On suit J.‑J. Hatt (Brisson, Hatt 1966‑1967) pour ce qui concerne ce qui suit :

156— Ecury‑le‑Repos « Au‑dessus‑du‑Pont » (fig. 19 : 5, 6 et 8 et fig. 22 : 1‑13) ;
— Bergère‑les‑Vertus « La Noue‑Abdon » (fig. 20 : 1, 2, 5, 6, 9, 10 ; fig. 21 : 1‑4).

157Par contre, on se trouve en désaccord avec cet auteur à propos du classement au Hallstatt ancien de la poterie d’Euvy « Les Pointes‑Roger » ; on a vu un décor de triangles excisés et de profonds sillons (fig. 33 : 8) à Hallignicourt « Le Brésil » (Lepage 1981 : fig. 9, 2) et le décor interne de larges rayons existe dans le tumulus C d’Ihringen (Kimmig 1940 : pl. 26, 24 et surtout 28) bien classé au Hallstatt B3.

158A Aulnay‑aux‑Planches « Les Fermes » (fig. 36), si l’on pouvait considérer le mobilier comme sortant d’un ensemble clos, on posséderait une preuve manifeste de l’absence de rupture entre le Hallstatt B et le Hallstatt C ; quoi qu’il en soit, la totalité de la céramique s’intègre sans problème à l’étape 3. Pour les autres fosses, on ne parvient plus à comparer l’essentiel de la céramique avec des ensembles du Bronze final IIIb ou Hallstatt B3 ; ce point sera traité plus loin.

159Plus au nord, à partir de l’Aisne, la rivière, aucun ensemble rigoureusement clos ne permet d’asseoir les comparaisons ; aussi est‑ce à une démarche très hypothétique que l’on va devoir se livrer. A Charleville‑Mézières « Cimetière Saint‑Julien » (Ardennes), une fosse livre un vase globuleux à fond étroit, des fragments de récipients du type A à bord oblique et cannelures internes, des décors d’incisions profondes ; tous critères bien attestés dans la phase M.S.G. 2 (Lambot 1980 : fig. 9).

160Le site de Nanteuil‑sur‑Aisne (Ardennes) est riche d’une très abondante céramique (Lambot 1977). Quatre fosses ont été fouillées : « Le remplissage est identique pour toutes les fosses et est constitué d’une terre noirâtre, d’origine détritique, truffée de tessons, de pisé et de torchis, de cendres et d’ossements d’animaux. Aucune stratigraphie véritable n’a pu être mise en évidence. Seules des anomalies bien localisées perturbaient ces remplissages. Elles correspondent toutes à des vidanges de foyers » (Lambot 1980 : 39). Ainsi, cet auteur considère le mobilier comme rigoureusement homogène chronologiquement, au point qu’il n’indique pas, fosse par fosse, la provenance exacte des individus céramiques publiés.

161De petits vases bulbeux à fond étroit et ombiliqué rappellent des exemplaires plusieurs fois rencontrés dans les sépultures plus méridionales et qui se comparent avec des homologues d’Allemagne du sud‑ouest et de Suisse. Des récipients du type B, à fond ombiliqué, orientent dans le même sens. Il en va de même des récipients du type A au décor interne d’incisions rayonnantes ou de triangles hachurés. On discerne toutefois la qualité inférieure de l’exécution des décors. De plus, de sérieuses différences distinguent ce corpus des ensembles précédemment étudiés. Le profil des vases fermés présente une sinuosité globalement moins marquée ; la hauteur relative du bord est nettement plus accentuée et le bord moins éversé. Enfin, des thèmes décoratifs, lignes périphériques superposées d’impressions au poinçon, paraissent bien originaux.

162Si on peut synchroniser ce site avec la phase M.S.G. 2, les meilleures comparaisons se découvrent au nord, dans la nécropole de Court‑Saint‑Etienne (Belgique). Malgré la pauvreté des associations dans ce pays et les mauvaises conditions de trouvaille dans ce cimetière, la seule présence de certaines pièces est précieuse. Des récipients de Nanteuil‑sur‑Aisne et de Court‑Saint‑Etienne se révèlent presque exactement superposables (Mariën 1958 : fig. 29 : 49, 50, 55, 56 et fig. 34 : 68, 60, 9, 70, 57, 59, 42, 58). Comme dans les fosses ardennaises, on retient des éléments présents dans les marais de Saint‑Gond ; par exemple un vase (Mariën 1958 : fig. 29, 48) présente une forme identique à celui de la tombe 5 de Broussy‑le‑Grand « Le Pralat » (Chertier 1976 : 124, 11) (pl. 53 : 4). On peut ainsi conclure que, dès la latitude de la vallée de l’Aisne, on entre, au nord du Bassin parisien, dans une zone où l’on a reconnu un groupe de Moyenne Belgique (Desittere 1968).

◼ Dans le Centre et le Centre‑Ouest

163La sépulture de Sublaines « Petit‑tumulus » (Indre‑et‑Loire) est la seule bien fouillée et publiée ; elle se révèle assez exceptionnelle.

164Le rite de l’incinération sous tumulus a été plusieurs fois rencontré au cours de l’étude détaillée de cette étape ; la morphologie de l’urne avec le fond étroit, la panse très galbée, le méplat et le haut bord éversé, de même que le décor de cannelures sur la face interne du bord, se comparent aisément avec ce qui a déjà été vu. La frise au décor varié et sophistiqué, au contraire, reste unique dons le Bassin parisien (Cordier 1975‑1976) (pl. 57).

165Des tessons provenant d’une tombe à inhumation sous tumulus, à Villement (Indre), présentent les mêmes caractéristiques (Willaume 1978 fig. 5) : la frise anthropomorphe trouve des analogies dans le sud ; et on note un bord de récipient du type A sur lequel se développe un décor de grecques qui permet de synchroniser cet ensemble avec le précédent.

166Les décors de grecques et de triangles hachurés se montrent fréquents en Suisse et en Allemagne du sud‑ouest, au Hallstatt B2 de V. Rychner, ou Hallstatt ancien d’E. Vogt, U. Ruoff et M. Primas, ou Hallstatt B3 de H. Müller‑Karpe, et non au Hallstatt C dans le style pourtant exubérant de l’Alb‑Hegau (Zürn 1975 ; Kossack 1959). Les représentations figuratives ne sont pas attestées à l’est. Il faut chercher au sud de la France pour établir les comparaisons les plus proches, hormis le Centre‑Ouest.

◼ Dans le Nord et le Nord‑Ouest

167Quelques ensembles clos se classent dans l’étape 3.

168A Cuiry‑les‑Chaudardes « La Croix‑Blanche » (Aisne), la structure 26 est une fosse rectangulaire allongée renfermant outre une poche charbonneuse, mais sans une seule esquille osseuse, un vase entier orné de cannelures horizontales, et des tessons de plusieurs récipients (pl. 63). La plupart des formes existent dans les fosses du site de Nanteuil‑sur‑Aisne, « L’Entrée‑des‑Ecouaires » (Ardennes) (Lambot 1980) ; seul le vase entier (pl. 63 : 13) se révèle sans comparaison absolue, toutefois, son décor, son fond creux et bien dégagé rappellent des critères observables dans cette phase, plus au sud (Brun, Le Bolloch 1981).

169A La Croix‑Saint‑Ouen, « Le Prieuré » (Oise), plusieurs sépultures à incinération anciennement fouillées ont été publiées (Blanchet 1976 b ; Freidin 1982). Formes et décors (pl. 62) montrent des affinités marquées avec ceux du mobilier de nombreux cimetières à incinérations de l’ouest de la Belgique (De Laet, Nenquin, Spitael 1958), cependant, certains caractères paraissent locaux (pl. 62 : 2‑3).

170Il est sûr que dans cette zone, durant l’étape 3, un horizon culturel d’influence occidentale réapparaît.

171Ceci est confirmé par des incinérations de Villeneuve‑Saint‑Germain, « Les Grandes‑Grèves » (Aisne) (Constantin, Coudart, Démoulé, llett 1977) et de Longuesse, « La Gâtine » (Val‑d’Oise) (Toupet 1979 ; Tarrête 1981 ; Toupet 1982). Sur ces deux sites, plusieurs sépultures se révèlent dépourvues de mobilier. Certaines, par contre, fournissent de petits anneaux en bronze, parfois recouverts d’une feuille en or. Ces objets trouvent des analogies, non seulement dans les Iles britanniques, mais aussi en Belgique, à Borsbeek (Van Impe 1972 : fig. 10, 2), et à Herstal (Alenus‑Lecerf 1974 : fig. 8, 3) dans la tombe 9 par exemple. Les associations céramiques orientent pour une datation au Hallstatt C. On peut noter que des parures semblables, interprétées comme des boucles d’oreilles, sont attestées dans la grotte de Han (Mariën 1968‑1970) en contexte Hallstatt B.

172A Longuesse, on a décelé la présence pour quelques tombes d’un tertre initial parfois cerné d’un petit fossé circulaire ; ces éléments se rapprochent également de structures funéraires bien connues en Belgique, dans les nombreuses nécropoles dont la durée d’utilisation s’étale précisément sur une période couvrant la fin du Bronze final et une grande partie du premier âge du Fer.

173On attend impatiemment une publication complète du site de Choisy‑au‑Bac (Oise) qui offre une séquence stratigraphique de cette même période (Blanchet 1984). On pourra alors savoir si l’on a affaire dans cette zone à une partie du groupe des Flandres, ou s’il est justifié de créer un groupe culturel propre.

174De gros dépôts métalliques contribuent à bien asseoir la synchronisation entre l’horizon des épées en langue de carpe et des haches à douille armoricaines et l’étape de Wallstadt. Aux deux extrémités ouest et est de cette zone, on trouve ce type de dépôts d’influence mixte ; par exemple à Amiens « Le Plainseau » (Somme] (Gaucher 1978 : pl. 103‑14) (pl. 60) et à Juvincourt‑Damary (Aisne) (Jockenhövel, Smollą 1975) (pl. 59).

175Au terme de cette revue des principaux documents du Bassin parisien, on note qu’ils s’intègrent sans grande difficulté dans le schéma tripartite élaboré à partir de l’analyse des zones restreintes du confluent Yonne‑Seine et des marais de Saint‑Gond. Ceci constitue un indice supplémentaire de la valeur chronologique des trois groupes. Afin d’assurer définitivement cette hypothèse dont la formulation précoce permettait d’alléger l’exposé, on va maintenant procéder à une analyse comparative avec les associations en ensembles clos disponibles dans une vaste zone périphérique, incluant les pays limitrophes.