La prospection archéologique
| ,La prospection géophysique: applications à des recherches extensives
Pour une contribution possible des méthodes géophysiques à la découverte des sites
Résumé
La mécanisation et l’automatisation du relevé de certaines mesures géophysiques (résistivités électriques notamment) et l’utilisation de procédures à large maille permettent d’étendre les méthodes de prospection à l’exploration rapide de grandes surfaces à l’échelle des inventaires régionaux, éventuellement le long d’axes routiers en construction. La prospection thermique élargit encore ces possibilités.
Texte intégral
1Il est d’usage de distinguer très formellement en prospection archéologique les deux niveaux d’approche que constituent d’une part la reconnaissance et l’identification des sites à l’échelle d’un inventaire régional, d’autre part la recherche plus détaillée et limitée dans l’espace du contour et des structures internes de chacun de ces sites. Au cours des vingt dernières années, les méthodes géophysiques ont démontré leur aptitude à répondre aux questions du deuxième type et s’y sont pour l’essentiel consacrées, en raison notamment de la lenteur relative d’exécution des couvertures à maille fine : une mesure tous les mètres dans les deux directions du plan : 10 000 mesures par hectare. De ce fait, les méthodes utilisables en prospection régionale sont restées assez conventionnelles (reconnaissance à vue, aérienne ou au sol, dépouillement des documents d’archives, carottages...) malgré une évolution très sensible grâce à des mises en œuvre systématiques telles que celles qui nous ont été présentées au cours des deux journées du 14 et 15 mai 1982 à Paris.
2De fait, l’application des méthodes géophysiques à la prospection archéologique a beaucoup évolué aussi dans le sens de la rapidité d’exécution des couvertures de mesure, et les surfaces appréhendées, d’année en année, ont été en croissance constante : elles atteignent couramment désormais plusieurs hectares pour les procédures applicables au sol (Hesse et al. 1978). L’amélioration de l’exécution et du traitement des mesures y est pour beaucoup, mais la possibilité d’explorer les sites avec une maille beaucoup plus large (1 mesure pour 60 m2) que celle utilisée dans la reconnaissance à maille fine permet aussi dans certains cas d’identifier la nature archéologique d’une partie d’un terrain par la seule mesure de sa susceptibilité magnétique (ou quelquefois de sa résistivité) apparente, indépendamment de la reconnaissance effective des structures archéologiques (ateliers céramiques de Jaulges ‑ Villiers ‑ Vineux, Yonne ; de Bigny, Cher ; ferriers et ateliers métallurgiques du Cher).
3Les perspectives ouvertes par la mécanisation, l’automatisation de l’enregistrement et du traitement des mesures de résistivité (fig. 1) (Hesse, Jolivet 1981), qui d’ailleurs devrait devenir la règle pour pratiquement tous les équipements géophysiques existants, laissent également espérer leur application aux explorations régionales à la recherche de nouveaux sites. Dans le cas particulier des tracés autoroutiers, on pourrait imaginer par exemple un profilage systématique sur l’axe du tracé et un ou deux axes parallèles puisque l’opération est rapide (fig. 2). Une interprétation immédiate des anomalies sur le terrain sans report cartographique ni traitement conduirait à sonder systématiquement sur ces anomalies par carottage. Cette procédure, qui pour autant ne supprimerait pas l’intérêt des carottages méthodiques à intervalle régulier dans les zones où aucune anomalie n’apparaîtrait, présente évidemment l’avantage, du fait de sa continuité le long du profil, de diminuer le risque de « manquer » des sites dont le diamètre ou l’intersection avec le profil seraient inférieurs à l’intervalle entre carottages. Une expérience de ce type en comparaison avec des résultats obtenus antérieurement est d’ailleurs envisagée avec la Direction Régionale des Antiquités Historiques du Centre pour l’année 1983 dans le cadre de la R.C.P. 509 du Centre National de la Recherche Scientifique (Méthodes de reconnaissance et d’analyse sur l’espace archéologique).

• 1. Vue arrière du « rateau » en position d’enregistrement des résistivités, attelage en position basse sur la roue support ; l’attelage porte un compresseur et quatre pompes d’injection du liquide conducteur assurant sous haute pression le contact et la découpe du couvert végétal. Devant le conducteur sont visibles les quatre réservoirs isolés de liquide et le pupitre d’enregistrement.

• 2. Un profil continu de mesures géophysiques (en haut) fait apparaître un certain nombre d’anomalies dont l’exploration systématique par carottage (en bas, points noirs) a plus de chances de rencontrer et de cerner des structures significatives du sous-sol que dans une procédure régulière méthodique (points clairs).
4Cette perspective ne doit pas faire oublier non plus une méthode géophysique que le Centre de Recherches Géophysiques du Centre National de la Recherche Scientifique expérimente depuis plusieurs années déjà avec de nombreux succès en découverte de sites : la prospection thermique est une méthode géophysique aéroportée qui couvre très rapidement de mesures de température des surfaces de plusieurs kilomètres carrés à maille de l’ordre de 1 m2 ! Cette méthode qui n’a pas pour autant la prétention de découvrir tout le détail des structures d’un site permet cependant de voir souvent des fosses, des murs, des enclos... ou au moins de détecter des accidents localisés qui, même non identifiés sur la thermographie, s’avèrent pertinents lors des vérifications effectuées au sol (Perisset, Tabbagh 1981).
5Toutes ces observations incitent donc fortement à ne pas cloisonner trop arbitrairement les méthodes d’exploration dans un état donné de leurs aptitudes reconnues, mais à toujours rechercher ou imaginer des variantes de procédure ou une évolution technologique susceptible de répondre à la variété des problèmes posés par la reconnaissance des sites archéologiques.
Bibliographie
Bibliographie
Hesse et al. 1978 : HESSE (A.) et al. Succès de l’archéologie prospective à Saint‑Romain en Gal. Archéologie, 122, 1978, pp. 7-17.
Hesse. Jolivet 1981 : HESSE (A.), JOLIVET (A.). — Présentation d’un prototype de résistivimètre tracté enregisteur. In : 3eme Colloque National d’Archéométrie. Centre de Recherches Archéologiques, Valbonne, 1981.
Perisset. Tabbagh 1981 : PERISSET (M.-C.), TABBAGH (A.). — Interprétation of thermal prospection on bare soils. Archaeometry, vol. 23-2, 1981, pp. 169-188.
Table des illustrations
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Légende | • 1. Vue arrière du « rateau » en position d’enregistrement des résistivités, attelage en position basse sur la roue support ; l’attelage porte un compresseur et quatre pompes d’injection du liquide conducteur assurant sous haute pression le contact et la découpe du couvert végétal. Devant le conducteur sont visibles les quatre réservoirs isolés de liquide et le pupitre d’enregistrement. |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/31783/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 27k |
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Légende | • 2. Un profil continu de mesures géophysiques (en haut) fait apparaître un certain nombre d’anomalies dont l’exploration systématique par carottage (en bas, points noirs) a plus de chances de rencontrer et de cerner des structures significatives du sous-sol que dans une procédure régulière méthodique (points clairs). |
URL | http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/31783/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 17k |
© Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1986