1 « Wutbürger » en allemand, néologisme consacré « mot de l’année 2010 » outre-Rhin et employé la première fois par le journaliste du Spiegel Dirk Kurbjuweit avec une coloration plutôt péjorative pour désigner, dans le « jargon journalistique », un « citoyen qui manifeste de façon véhémente sa déception face à certaines décisions politiques dans des protestations et des rassemblements » (définition du Duden) (N.d.T.).
2 Dans les grandes villes, dont notamment Berlin, ont lieu quotidiennement et en même temps plusieurs petites manifestations ou actions. En 1997 déjà, Wilhelm Hietmeyer voyait l’Allemagne glisser de « la société du consensus à la société du conflit », mais sur des polémiques tournant autour du mépris social et racial (Wilhelm Heitmeyer, Bundesrepublik Deutschland. Auf dem Weg von der Konsens- zur Konfliktgesellschaft, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1997).
3 E. P.Thompson, « The Moral Economy of the English Crowd in the 18th Century », Past and Present, 50, 1971, p. 76-136.
4 Barrington Moore, Injustice: The Social Bases of Obedience and Revolt, Londres, Routledge, 1978.
5 Axel Honneth, La lutte pour la reconnaissance, trad. de l’all. par Pierre Rusch, Paris, éditions du Cerf, 2000.
6 Voir Frances Fox et Richard A. Cloward, Poor People’s Movements: Why They Succeed, How They Fail, New York, Random House, 1971.
7 Voir Thomas Welskopp, Das Banner der Brüderlichkeit, Bonn, Dietz, 2000. De par sa politique axée sur son identité et son mode de vie, le mouvement ouvrier présentait à ses débuts nombre de caractères que l’on pourrait aujourd’hui attribuer aux nouveaux mouvements sociaux (voir Craig Calhoum, « “New Social Movements” of the Early Nineteenth Century », Social Science History, 17/3, 1993, p. 385-427).
8 Voir sur le sujet des racines chrétiennes des revendications pour un « salaire juste », Michael Kittner, Arbeitskampf. Geschichte – Recht – Gegenwart, Munich, C.H. Beck, 2005, p. 33 sqq., 228 sqq. Marx et Engels ont d’abord soutenu la devise « naturelle » du mouvement ouvrier. Ce n’est que plus tard qu’ils s’engagèrent à ne plus l’utiliser, à cause entre autres de son caractère intrinsèquement réformiste ; voir à ce sujet les écrits de Marx, Salaire, prix et profit (1865) et d’Engels, Un salaire équitable pour une journée de travail équitable (1881).
9 Dietmar Süß, « „Ein gerechter Lohn für ein gerechtes Tagewerk“? Überlegungen zu einer Geschichte des Mindestlohns », Archiv für Sozialgeschichte, 54, 2014, p. 125-145.
10 Voir Stephan Voswinkel, Anerkennung und Reputation. Die Dramaturgie industrieller Beziehungen, Constance, UVK, 2011, p. 16 ; Walther Müller-Jentsch, Soziologie der industriellen Beziehungen. Eine Einführung, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1997, p. 202 ; Axel Honneth, « Moralbewußtsein und soziale Klassenherrschaft. Einige Schwierigkeiten in der Analyse normativer Handlungspotentiale », in : idem, Das Andere der Gerechtigkeit. Aufsätze zur praktischen Philosophie, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1999, p. 112. Ce qui ne veut pas pour autant dire que tous les conflits syndicaux s’opèrent à l’intérieur de la logique institutionnelle (voir Michael Kittner, Arbeitskamp. Geschichte – Recht – Gegenwart, Munich, C.H. Beck, 2005), que l’on songe par exemple à la campagne « Papa est à moi le samedi », à la lutte pour la semaine de 35 heures ou à la grève qui permit de garder la continuité du salaire en cas de maladie : alors que le gouvernement Kohl entendait l’abroger en 1996, il se heurta à la résistance des salariés (Wolfgang Streeck, « No longer the Century of Corporatism. Das Ende des „Bündnisses für Arbeit“ », MPIfG Working Paper , 03/4, Cologne, 2003).
11 En font également partie les protestations contre la guerre du Vietnam, les mouvements de décolonisation, etc. (voir à ce propos Chris Harman, The Fire Last Time: 1968 and After, Londres, Bookmarks, 1988).
12 Roland Inglehart, « Changing Values among Western Publics from 1970 to 2006 », West European Politics, 31/1-2, 2008, p. 130-146.
13 Voir Dieter Rucht, Modernisierung und neue soziale Bewegungen. Deutschland, Frankreich und USA im Vergleich, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1994 ; Joachim Raschke, Soziale Bewegungen. Ein historisch-systematischer Grundriss, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1987.
14 Voir Nancy Fraser et Axel Honneth, Redistribution or Recognition? A Political-Philosophical Exchange, Londres, Verso, 2003.
15 Voir Seymour M. Lipset et Stein Rokkan (dir.), Party Systems and Voter Alignments. Cross-National Perspectives, New York, The Free Press, 1967.
16 Axel Honneth, Le droit de la liberté, esquisse d’une éthicité démocratique, trad. de l’allemand par Frédéric Joly et Pierre Rusch, Paris, Gallimard, « NRF essais », 2015, p. 347 sqq.
17 Oliver Nachtwey, « Zur Remoralisierung des sozialen Konflikts », Westend. Neue Zeitschrift für Sozialforschung, 10/2, 2013, p. 69-80.
18 Danny Michelsen et Franz Walter, Unpolitische Demokratie. Zur Krise der Repräsentation, Berlin, Suhrkamp, 2013 ; Markus Linden et Winfried Thaa (dir.), Krise und Reform politischer Repräsentation, Baden-Baden, Nomos, 2011.
19 Jürgen Habermas, Raison et légitimité, Paris, Payot, 1978 ; Claus Offe, Strukturprobleme des kapitalistischen Staates, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus, 2006 [1972].
20 Oliver Nachtwey, « Legitimationsprobleme im Spätkapitalismus revisited », in : Karina Becker et al., Grenzverschiebungen des Kapitalismus, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2010.
21 Voir Alex Demirović, Demokratie in der Wirtschaft. Positionen – Probleme – Perspektiven, Münster, Westfälisches Dampfboot, 2007. Les droits de cogestion furent étendus par les amendements de la loi de 1972 et 2001. Certaines critiques des syndicats, telles que le caractère dual de la cogestion allemande (les syndicats ne disposent que de moyens de cogestion relativement peu efficaces dans les entreprises), sont toujours d’actualité.
22 En 1996, quelque 350 000 personnes avaient manifesté dans le Hofgarten de Bonn contre la casse sociale en général et pour le maintien du salaire en cas de maladie. Mais si la mobilisation avait été un succès, c’était grâce à la mobilisation des syndicats de la DGB (Gérard Bökenkamp, Das Ende des Wirtschaftswunders. Geschichte der Sozial-, Wirtschafts- und Finanzpolitik in der Bundesrepublik 1969-1998, Stuttgart, Lucius, 2010).
23 Dieter Rucht et Mundo Yang, « Wer protestierte gegen Hartz IV », Forschungsjournal Neue Soziale Bewegungen, 17/4, 2004, p. 21-27 ; Christian Lahusen et Britta Baumgarten, Das Ende des sozialen Friedens? Politik und Protest in Zeiten der Hartz-Reformen, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2010. Il n’y a pas de lien naturel entre discrimination et contestation surtout dans les classes inférieures. Car c’est justement là qu’une concurrence fait rage – concurrence devenue entre-temps plus rude encore – pour les biens positionnels (voir Klaus Dörre et al. [dir.], Bewährungsproben für die Unterschicht? Soziale Folgen aktivierender Arbeitsmarktpolitik, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2013).
24 Oliver Nachtwey et Tim Spier, « Günstige Gelegenheit? Die sozialen und politischen Entstehungshintergründe der Linkspartei », in : Tim Spier et al. (dir.), Die Linkspartei. Zeitgemäße Idee oder Bündnis ohne Zukunft?, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2007.
25 Ulrich Brinkmann et Oliver Nachtwey, « Industrial Relations, Trade Unions and Social Conflict in German Capitalism », La Nouvelle Revue du Travail, 2/3, 2013, nrt.revues.org (consulté en février 2016).
26 Walther Müller-Jentsch, Soziologie der industriellen Beziehungen. Eine Einführung, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus, 1997 , p. 212 ; Heiner Dribbusch (dir.), « Streik-Bewegungen. Neue Entwicklungen im Arbeitskampf », Forschungsjournal Neue Soziale Bewegungen, 22/4, 2009, p. 56-66.
27 Ulrich Brinkmann et al. (dir.), Strategic Unionism. Aus der Krise zur Erneuerung?, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2008.
28 Thomas Haipeter, « Sozialpartnerschaft in und nach der Krise: Entwicklungen und Perspektiven », Industrielle Beziehungen, 19/4, 2012, p. 387-411 ; Heiner Dribbusch, « Sozialpartnerschaft und Konflikt: Gewerkschaftliche Krisenpolitik am Beispiel der Automobilindustrie », Zeitschrift für Politik, 59/2, 2012, p. 123-143 ; Klaus Dörre, « Funktionswandel der Gewerkschaften. Von der intermediären zur fraktalen Organisation », in : Klaus Dörre et Thomas Haipeter (dir.), Gewerkschaftliche Modernisierung, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2011 ; idem, « Überbetriebliche Regulierung von Arbeitsbeziehungen », in : Fritz Böhle et al. (dir.), Handbuch Arbeitssoziologie, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2010.
29 Heiner Dribbusch et Peter Birke, Die DGB-Gewerkschaften seit der Krise. Entwicklungen, Herausforderungen, Strategien, Friedrich-Ebert-Stiftung, Berlin, 2014.
30 Acronyme pour Vereinte Dienstleistungsgewerkschaft, littéralement « Syndicat unifié des services » [N.d.É.].
31 Heiner Dribbusch et Peter Birke, Die DGB-Gewerkschaften seit der Krise. Entwicklungen, Herausforderungen, Strategien, Berlin, Friedrich-Ebert-Stiftung, 2014, p. 13 sq.
32 Wolfgang Streeck, « The strikes sweeping Germany are here to stay », The Guardian, 22 mai 2015, www.theguardian.com (consulté en février 2016).
33 La fréquence des conflits augmente au niveau des entreprises dans tous les secteurs qui ne sont plus conventionnés (Voir Axel Hauser-Ditz et al., « Verbetrieblichung und betrieblicher Konflikt », Kölner Zeitschrift für Soziologie und Sozialpsychologie, 64/2, 2012, p. 329-359).
34 Torsten Bewernitz et Heiner Dribbusch, « Kein Tag ohne Streik: Arbeitskampfentwicklung im Dienstleistungssektor », WSI-Mitteilungen, 67/5, 2014, p. 393-401.
35 Pour ses bons et loyaux services, l’ancien président du syndicat, Norbert Hansen, fut même promu à la direction de la Deutschen Bahn AG.
36 Oliver Nachtwey, « Zur Remoralisierung des sozialen Konflikts », Westend. Neue Zeitschrift für Sozialforschung, 10/2, 2013, p. 69-80.
37 La Poste avait ajouté un cadeau empoisonné à son offre : un CDD – pour les bas salaires – attendait les employés des filiales.
38 Voir Oliver Nachtwey, « Legitimationsprobleme im Spätkapitalismus revisited », in : Karina Becker et al., Grenzverschiebungen des Kapitalismus, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2010 ; Oliver Nachtwey et Marcel Thiel, « Chancen und Probleme pfadabhängiger Revitalisierung. Gewerkschaftliches Organizing im Krankenhauswesen », Industrielle Beziehungen, 21/3, 2014, p. 257-276.
39 Ulrich Brinkmann et Oliver Nachtwey, « Krise und strategische Neuorientierung der Gewerkschaften », Aus Politik und Zeitgeschichte, 60/13-14, 2010, p. 21-29. En Allemagne de l’Est, les organisations salariales qui se heurtaient à des réserves et des difficultés après la chute du mur, sentent qu’elles ont de nouveau « le vent en poupe » (Thomas Goes et al., Gewerkschaften im Aufwind? Stärkung gewerkschaftlicher Organisationsmacht in Ostdeutschland, Arbeitsheft der Otto-Brenner-Stiftung, 82, Francfort-sur-le-Main, 2015).
40 Graham Turner, No Way to Run an Economy: Why the System Failed and How to Put It Right, Londres, Pluto, 2009. Les syndicats dans le secteur du service misent souvent sur une orientation plus conflictuelle. On a ainsi vu des campagnes agressives dans la sécurité, les télécommunications, la vente par correspondance, la santé et le commerce au détail.
41 Voir Detlef Wetzel, Organizing. Die Veränderung der gewerkschaftlichen Praxis durch das Prinzip Beteiligung, Hambourg, VSA, 2013.
42 D’importantes questions de parité entre les sexes rejoignent ce sujet ; voir à ce propos Jürgens Kerstin, « Deutschland in der Reproduktionskrise », Leviathan, 38/4, 2010, p. 559-587, et Gabriele Winker, Care Revolution. Schritte in eine solidarische Gesellschaft, Bielefeld, Transcript, 2015.
43 Alexander Herzog-Stein et al., Der Mindestlohn: Bisherige Auswirkungen und zukünftige Anpassung, WSI Policy Brief 24/04/2018.
44 Voir David Harvey, Villes rebelles. Du droit de la ville à la révolution urbaine, trad. de l’anglais par Odile Demange, Paris, Buchet-Chastel, 2015 [2013].
45 Alexander Gallas et Jörg Nowak, « Agieren aus der Defensive. Ein Überblick zu politischen Streiks in Europa mit Fallstudien zu Frankreich und Großbritannien », in : Alexander Gallas et al. (dir.), Politische Streiks im Europa der Krise, Hambourg, VSA, 2012. Les grèves économiques ont quant à elles dans l’ensemble reculé ces dernières années.
46 Voir Kerstin Hamann et al., Striking Concessions from Governments: The Success of General Strikes in Western Europe, 1980-2009, 2013, ssrn.com/abstract=2313413 (consulté en février 2016).
47 Stefan Schmalz et Nico Weinmann, « Zwei Krisen, zwei Kampfzyklen. Gewerkschaftsproteste in Westeuropa im Vergleich », in : Stefan Schmalz et Klaus Dörre (dir.), Comeback der Gewerkschaften? Machtressourcen, innovative Praktiken, internationale Perspektiven, Francfort-sur-le-Main, Campus, 2013.
48 Voir Tony Judt, Après-guerre : une histoire de l’Europe après 1945, trad. de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Librairie Arthème Fayard-Pluriel, 2010. Quand nous parlons d’Europe, nous parlons des quinze pays européens sans compter les pays de l’Est qui dépendaient encore du bloc soviétique à l’époque de la modernité sociale.
49 Hartmut Kaelble, Histoire sociale de l’Europe de 1945 à nos jours, trad. de l’allemand par Dominique Tassel, Paris, Belin, 2013 [2007] ; Göran Therborn, Les sociétés d’Europe du xxe au xxie siècle : la fin de la modernité européenne ?, trad. de l’anglais par Mathieu Zagrodzki, Paris, Armand Colin, 2009 [1995]. Il est moins question d’un processus uniforme que de la formation de différents types de modernité sociale comprenant diverses formes de protection sociale et d’État social (voir Gøsta Esping-Andersen, « Die drei Welten des Wohlfahrtskapitalismus », in : Stephan Lessenich et Ilona Ostner (dir.), Welten des Wohlfahrtskapitalismus. Der Sozialstaat in vergleichender Perspektive, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus, 1998, p. 19-58.
50 Voir Steffen Mau et Roland Verwiebe, Die Sozialstruktur Europas, Constance, UVK, 2009.
51 Hartmut Kaelble, Histoire sociale de l’Europe de 1945 à nos jours, trad. de l’allemand par Dominique Tassel, Paris, Belin, 2013 [2007] ; Göran Therborn, Les sociétés d’Europe du xxe au xxie siècle : la fin de la modernité européenne ?, trad. de l’anglais par Mathieu Zagrodzki, Paris, Armand Colin, 2009 [1995].
52 Armin Schäfer, « Liberalization, Inequality and Democracy’s Dis-content », in : Armin Schäfer et Wolfgang Streeck (dir.), Politics in the Age of Austerity, Cambridge, Polity Press, 2013.
53 L’Espagne était moins endettée que l’Allemagne avant la crise.
54 Voir Isabel Ortiz et al., World Protests 2006-2013, New York, Initiative for Policy Dialogue et Friedrich-Ebert-Stiftung New York, 2013.
55 Voir Oliver Nachtwey, « Großbritannien: Riot oder Revolte », Blätter für deutsche und internationale Politik, 56/9, 2011, p. 13-16 ; Carl-Ulrik Schierup et al., « Reading the Stockholm Riots – A Moment for Social Justice? », Race and Class, 55/3, 2014, p. 1-21.
56 Voir Robert Castel, La discrimination négative, Paris, Éditions du Seuil, 2007.
57 Ferdinand Sutterlüty, « Riots – Moralische Eskalationen? », Westend. Neue Zeitschrift für Sozialforschung, 10/2, 2013, p. 3-23. En Grande-Bretagne, elles venaient aussi après une « économie (a)morale », qui comprenait les manquements moraux des élites. Juste avant que des jeunes ne se mettent à piller des écrans plats, on venait d’apprendre que les politiciens britanniques s’étaient octroyé des privilèges pendant des années – dont des écrans plats – de façon irrégulière sur le compte des contribuables (Oliver Nachtwey, « Großbritannien: Riot oder Revolte », Blätter für deutsche und internationale Politik, 56/9, 2011, p. 13-16).
58 Wolfgang Kraushaar, Die Aufruhr der Ausgebildeten. Vom arabischen Frühling zur Occupy-Bewegung, Hambourg, Hamburger Edition, 2012.
59 Sur ces chiffres et les suivants en lien avec le mouvement Occupy en Allemagne, voir les études empiriques de l’auteur (Ulrich Brinkmann, Oliver Nachtwey et Fabienne Décieux, Wer sind die 99 %? Eine empirische Untersuchung der Occupy-Proteste, Arbeitspapier der Otto-Brenner-Stiftung, 06, Francfort-sur-le-Main, 2013 ; Fabienne Décieux et Oliver Nachtwey, « Postdemokratie und Occupy », Forschungsjournal Soziale Bewegungen, 27/1, 2014, 75-89).
60 Voir Andy Durgan et Joel Sans, « “No One Represents Us”: The 15 May Movement in the Spanish State », International Socialism, 132, 2011, p. 23-34.
61 Voir Ruth Milkman et al., Changing the Subject: A Bottom-Up Account of Occupy Wall Street in New York City, New York, The Murphy Institute, 2012 ; Craig Calhoun, « Occupy Wall Street in Perspective », British Journal of Sociology, 64/1, 2013, p. 26-38.
62 La même chose vaut pour l’occupation de la place Syntagma à Athènes.
63 Étonnante était en revanche l’absence de conception claire du monde, observable dans la relative indifférence aux grands modèles politiques : si la majorité trouvait que le « socialisme » était une bonne idée, ils étaient tout aussi nombreux à vouloir un renouvellement de l’« économie sociale de marché ». Occupy se complaisait dans le contre, sans très bien savoir pour quoi il était.
64 Dieter Rucht, « Gesellschaft als Projekt – Projekt in der Gesellschaft », in : Ansgar Klein, Hans-Josef Legrand et Thomas Leif (dir.), Neue Soziale Bewegungen – Impulse, Bilanzen und Perspektiven, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1999.
65 Ce qui transparaissait dans le diagnostic qu’ils dressaient de la crise et dans leur critique des causes systémiques (avec la question des raisons de la crise financière), contre les causes sous-systémiques ou mettant en cause des individus.
66 Wolfgang Streeck, Re-Forming Capitalism: Institutional Change in the German Political Economy, Oxford, Oxford University Press, 2009, p. 93-105. Si ce changement s’accomplit dans le système institutionnel spécifique au capitalisme allemand, la plupart des États européens ne l’ont pas moins rejoint en principe.
67 Parmi le noyau des activistes qui dormaient sur les places, une majorité aurait voté pour le parti pirate.
68 Voir Isabell Lorey et al. (dir.), Occupy! Die aktuellen Kämpfe um die Besetzung des Politischen, Vienne, Turia+Kant, 2012.
69 Herbert Blumer, « Collective Behavior », in : Robert Park (dir.), An Outline of the Principles of Sociology, New York, Barnes & Noble, p. 166-222, 1951 [1939].
70 La corruption est (notoirement) immense en Espagne. Pratiquement personne en politique ne fait exception, des partis conservateurs aux syndicats.
71 Le théoricien argentin Ernesto Laclau et son populisme progressiste sont une référence intellectuelle centrale de la stratégie de Podemos. Laclau évacue la distinction traditionnelle entre « gauche » et « droite » et propose à la place de dessiner une ligne entre « haut » et « bas », « élites » et « peuple » (non pas au sens ethnique, mais peuple entendu comme une majorité subalterne de la population) (voir Ernesto Laclau, La raison populiste, trad. de l’anglais par Jean-Pierre Ricard, Paris, Éditions du Seuil, 2008 [2005]).
72 Voir Raul Zelik, Mit Podemos zur demokratischen Revolution? Krise und Aufbruch in Spanien, Berlin, Bertz+Fischer, 2015.
73 Voir Franz Walter et al. (dir.), Die neue Macht der Bürger. Was motiviert die Protestbewegung?, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2013.
74 Projet pharaonique de rénovation ferroviaire de la gare de Stuttgart et de réagencement urbain. Débutés en 2010, les travaux sont toujours en cours à l’heure où ce livre part à l’impression (N.d.T.).
75 Voir Wolfgang Kraushaar, « Protest der Privilegierten? Oder: Was ist wirklich neu an den Demonstrationen gegen „Stuttgart 21“? », Mittelweg 36, 20/3, 2011, p. 5-22. Une comparaison historique, notamment chiffrée, fait encore défaut.
76 Voir Franz Walter et al. (dir.), Die neue Macht der Bürger. Was motiviert die Protestbewegung?, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2013, p. 321 sqq., Thymoan Bussemer, Die erregte Republik. Wutbürger und die Macht der Medien, Stuttgart, Klett-Cotta, 2011.
77 Franz Walter et al. (dir.), Die neue Macht der Bürger. Was motiviert die Protestbewegung?, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2013, p. 307.
78 Franz Walter et al. (dir.), Die neue Macht der Bürger. Was motiviert die Protestbewegung?, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2013, p. 309.
79 Armin Schäfer et Harald Schoen, « Mehr Demokratie, aber nur für wenige? Der Zielkonflikt zwischen mehr Beteiligung und politischer Gleichheit », Leviathan, 41/1, 2013, p. 94-120.
80 Ingolfur Blühdorn va jusqu’à affirmer (avec des accents réactionnaires et, de mon point de vue, des fondements empiriques plutôt ténus) que le sujet rationnel est à ce point marchandisé et liquéfié dans son identité qu’il ne peut plus être suffisamment représenté – se satisfaisant finalement d’un simulacre de démocratie (Ingolfur Blühdorn, Simulative Demokratie. Neue Politik nach der postdemokratischen Wende, Berlin, Suhrkamp, 2013).
81 Niklas Luhmann, Protest. Systemtheorie und soziale Bewegungen, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1996, p. 11.
82 Aaron Sahr et Philipp Staab, « Bahnhof der Leidenschaften. Zur politischen Semantik eines unwahrscheinlichen Ereignisses », Mittelweg 36, 20/3, 2011, p. 23-48, p. 29.
83 Franz Walter et al. (dir.), Die neue Macht der Bürger. Was motiviert die Protestbewegung?, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2013, p. 323 sqq.
84 Dans le concept weberien de « démocratie plébiscitaire des leaders », l’homme charismatique surmonte la laborieuse recherche du compromis et l’appareil bureaucratique de la démocratie avec l’assentiment du peuple (voir Wolfgang J. Mommsen, Max Weber und die deutsche Politik. 1890-1920, Tübingen, Mohr, 2004).
85 Cette partie reprend le raisonnement que j’ai développé ailleurs (Oliver Nachtwey, « Rechte Wutbürger. Pegida oder das autoritäre Syndrom », Blätter für deutsche und internationale Politik, 60/3, 2015, p. 81-90).
86 Olaf Groh-Samberg et Florian F. Hertel, « Ende der Aufstiegsgesellschaft? », Aus Politik und Zeitgeschichte, 65/10, 2015, p. 32.
87 Heinz Bude, Gesellschaft der Angst, Hambourg, Hamburger Edition, 2014.
88 Franz Neumann, « Angst und Politik », Wirtschaft, Staat, Demokratie. Aufsätze 1939-1954, édition dirigée par Alfons Söllner, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1978 [1954], p. 424-459.
89 Renvoie à un mot célèbre de la chancelière allemande prononcé lors d’une conférence de presse de 2011 où il était notamment question de rendre les décisions parlementaires en matière budgétaire « marktkonform », autrement dit conformes au marché (N.d.T.).
90 Voir Priska Daphi et al., « „Montagsmahnwachen für den Frieden“ Antisemitisch? Pazifistisch? Orientierungslos? », Forschungsjournal Soziale Bewegungen, 27/3, 2014, p. 24-31.
91 Voir à ce sujet les études de l’institut de Göttingen de recherche sur la démocratie (Lars Geiges et al., Pegida. Die Schmutzige Seite der Zivilgesellschaft?, Bielefeld, Transcript, 2015) et de l’institut de recherche sur les mouvements (Priska Daphi et al., « Protestforschung am Limit. Eine soziologische Annäherung an Pegida », ipb working paper, Berlin, accessible en ligne à l’adresse suivante : {https://protestinstitut.files.wordpress.com/2015/03/protestforschung-am-limit_ipb-working-paper_web.pdf} (consulté en février 2016).
92 Voir Axel Honneth, « Verwilderung des sozialen Konflikts. Anerkennungskämpfe zu Beginn des 21. Jahrhunderts », in : Axel Honneth et al., Strukturwandel der Anerkennung. Paradoxien sozialer Integration in der Gegenwart, Francfort-sur-le-Main/New York, Campus, p. 17-39.
93 Theodor Wisengrund Adorno, Études sur la personnalité autoritaire, trad. de l’anglais par Hélène Frappat, Paris, Allia, 2007 [1950].
94 Dans la recherche, on désigne ce phénomène par le néologisme « fémonationalisme » (Sara Farris, « Die politische Ökonomie des Femonationalismus », Feministische Studien, 29/2, p. 321-334.
95 L’« anti-genrisme » a récemment gagné en importance dans les milieux conservateurs au-delà de Pegida (voir Sabine Hark et Paula-Irene Villa [dir.], Anti-Genderismus. Sexualität und Geschlecht als Schauplätze aktueller politischer Auseinandersetzungen, Bielefeld, Transcript, 2015).
96 Theodor Wisengrund Adorno, Études sur la personnalité autoritaire, trad. de l’anglais par Hélène Frappat, Paris, Allia, 2007 [1950], p. 264.
97 Theodor Wisengrund Adorno, Études sur la personnalité autoritaire, trad. de l’anglais par Hélène Frappat, Paris, Allia, 2007 [1950], p. 266.
98 Max Horkheimer, « Autorität und Familie », in : Schriften 1931-1936, Gesammelte Schriften, tome III, édité par Alfred Schmidt, Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1988 [1936], p. 336-422, p. 372. Leo Löwenthal avance le même raisonnement dans son étude sur l'autoritarisme (Leo Löwenthal, Falsche Propheten, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1990 [1949]).
99 Ingolfur Blühdorn, Simulative Demokratie: Neue Politik nach der postdemokratischen Wende, Berlin, Suhrkamp, 2013, p. 158.
100 Andreas Zick et Anna Klein, Fragile Mitte – Feindselige Zustände. Rechtsextreme Einstellungen in Deutschland 2014, Bonn, Dietz, 2014.
101 Wilhelm Heitmeyer, Deutsche Zustände. Folge 1-10, Francfort-sur-le-Main/Berlin, Suhrkamp, 2002-2012.
102 Voir Elias Canetti, Masse et puissance, trad. de l’allemand par Robert Rovini, Paris, Gallimard, 1966.
103 Voir OCDE, Growing Income Inequality in OECD Countries. What drives it and how can policy tackle it?, Paris, 2011 ; Thomas Piketty, Le capital au xxie siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2013.
104 François Dubet, Injustices. L’expérience des inégalités au travail, Paris, Éditions du Seuil, 2006, p. 451 ; Stephan Voswinkel, Was wird aus dem „Fahrstuhleffekt“? Postwachstum und Sozialer Aufstieg, der DFG-Forscher-gruppe Postwachstumsgesellschaften, 08/2013, Friedrich-Schiller-Universität Iéna.
105 Voir Klaus Dörre et al., Das Gesellschaftsbild der LohnarbeitInnen. Soziologische Untersuchungen in ost- und westdeutschen Industriebetrieben, Hambourg, VSA, 2013 ; Klaus Dörre, « Funktionswandel der Gewerkschaften. Von der intermediären zur fraktalen Organisation », in : Klaus Dörre et Thomas Haipeter (dir.), Gewerkschaftliche Modernisierung, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2011.
106 Christoph Deutschmann, Kapitalistische Dynamik, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2008.
107 Wolfgang Streeck, Du temps acheté : la crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, trad. de l’allemand par Frédéric Joly, Paris, Gallimard, 2018.
108 Voir Göran Therborn, « New Masses? Social Bases of Resistance », New Left Review, II/85, 2014, p. 7-16.
109 Voir à ce sujet, bien que dans des perspectives diamétralement opposées, Ralf Dahrendorf, Classes et conflits de classes dans la société industrielle, Paris/La Haye, Mouton, 1972 [1957] et E. P. Thompson, « The Moral Economy of the English Crowd in the 18th Century », Past and Present, 50, 1971, p. 76-136.
110 Thomas Piketty, Le capital au xxie siècle, Paris, Éditions du Seuil, 2013.
111 Ces normes pèsent d’autant plus lourd que leur « excès de validité » dépasse de loin leur propre réalisation (voir Nancy Fraser et Axel Honneth, Redistribution or Recognition? A Political-Philosophical Exchange, Londres, Verso, 2003).
112 Oliver Marchart, Die Prekarisierungsgesellschaft. Prekäre Proteste – Politik und Ökonomie im Zeichen der Prekarisierung, Bielefeld, transcript, 2013.
113 Voir Costas Douzinas, Philosophie und Widerstand in der Krise: Griechenland und die Zukunft Europas, Hambourg, Laika Verlag, 2014.
114 Craig Calhoun, « Occupy Wall Street in Perspective », British Journal of Sociology, 64/1, 2013, p. 26-38.
115 Miguel Abensour, La démocratie contre l’État : Marx et le moment machiavélien, Paris, Presses universitaires de France, 1997.
116 Étienne Balibar, La proposition de l’égaliberté : essais politiques 1989-2009, Paris, Presses universitaires de France, 2010, p. 347, c’est l’auteur qui souligne.
117 Voir Étienne Balibar, La proposition de l’égaliberté : essais politiques 1989-2009, Paris, Presses universitaires de France, 2010 ; Pierre Rosanvallon, La société des égaux, Paris, Éditions du Seuil, 2011.
118 Voir Wolfgang Streeck, Du temps acheté : la crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, trad. de l’allemand par Frédéric Joly, Paris, Gallimard, 2018 ; Frank Deppe, Autoritärer Kapitalismus. Demokratie auf dem Prüfstand, Hambourg, VSA, 2013 ; David Salomon et Oliver Eberl, « Die Soziale Frage in der Postdemokratie », Forschungsjournal Soziale Bewegungen, 27/1, 2014, p. 17-26.
119 Pierre Rosanvallon, La société des égaux, Paris, Éditions du Seuil, 2011, p. 11.
120 Mais ce n’est pas non plus sans présenter quelque danger : sur Internet, qui n’exige que peu de contrôle des affects et n’est civilisé ni par des récits rationnels ni par des structures communicationnelles, poussent toutes sortes d’herbes folles – comme les théories du complot. Le « mouvement pour la paix » des « protestations silencieuses du lundi » l’a clairement montré.
121 Herfried Münkler, Mitte und Maß. Der Kampf um die richtige Ordnung, Reinbek près de Hambourg, Rowohlt, 2010, p. 54 sq.
122 Pour Axel Honneth, les circonstances dans lesquelles la protestation n’est pas accompagnée d’une croyance en un monde meilleur sont quelque chose de complètement nouveau dans l’histoire des sociétés modernes. Aussi entend-il revitaliser la vieille idée de socialisme, vue comme « liberté sociale » (Axel Honneth, L’idée du socialisme : un essai d’actualisation, trad. de l’allemand par Pierre Rusch, Paris, Gallimard, 2017 [2015]).
123 Voir Wolfgang Streeck, « How will capitalism end? », New Left Review, 87, p. 35-64 ; Immanuel Wallerstein et al., Does Capitalism Have a Future?, New York, Oxford University Press, 2014 ; David Harvey, Seventeen Contradictions and the End of Capitalism, Londres, Profile Books, 2014.
124 Voir Dirk Jörke et Oliver Nachtwey, « Die rechtspopulistische Hydraulik der Sozialdemokratie. Zur politischen Soziologie neuer Arbeiterparteien », Leviathan Sonderband 32, « Das Volk gegen die liberale Demokratie », 2017, p. 161-186.