Versión clásicaVersión móvil

L’île de Tatihou (Manche) à l’âge du Bronze

 | 
Cyril Marcigny
, 
Emmanuel Ghesquière

Chapitre 3. L’occupation de l’âge du Bronze

Cyril Marcigny, Emmanuel Ghesquière y Jean-Pierre Camuzard

Resumen

Objet d’étude principal de l’opération, l’occupation datée de l’âge du Bronze est caractérisée par l’implantation de nombreuses structures (fossés, silos, bâtiments, structures de combustion). Les structures datées de l’âge du Bronze couvrent l’ensemble de l’île, mais seul le clos du lazaret a fait l’objet en 1996 d’une approche archéologique globale sur 2,5 ha. Dans cette étude, seules ces découvertes font l’objet d’un examen approfondi. Les données issues des sondages de 1997 et 1998 sont mentionnées sous la forme de notes courtes à l’exception de la structure de barrage et des enclos qui, par leur caractère exceptionnel, ont imposé une présentation plus complète.

Composante essentielle de la structuration de l’espace, les fossés ont fait l’objet d’une attention particulière lors des travaux. Ils dessinent un réseau de parcelles (correspondant au minimum à trois phases de constructions) qui semble s’interrompre dans la partie orientale de l’île sur une structure de barrage constituée de trois profonds fossés parallèles. Cet ensemble paraît délimiter et fortifier une étendue de terre de moins de 10 ha qui correspond actuellement à toute la partie ouest de l’île.

Plusieurs plans de bâtiment ont été identifiés. Chacun des plans est parfaitement lisible et aucun recreusement de structure n’a été mis évidence. L’ensemble n’est toutefois pas synchrone et résulte de la superposition des occupations de l’âge du Bronze de la première à la dernière phase d’occupation (phases 1 à 3).

Six structures de combustion ont aussi été découvertes (fours à sole suspendue et fours à sole creusée dans le limon). Elles sont toutes situées au niveau des angles des parcelles, sur les couches de comblement des fossés, à une époque où ces derniers avaient atteint leur profil d’équilibre.

Enfin, au nord et à l’est du clos du lazaret, les sondages de 1997 et 1998 ont révélé un ensemble de structures évoquant une fonction funéraire de ces deux zones. Il s’agit de sept enclos circulaires ou rectangulaires de petite taille dont deux ont fait l’objet d’une fouille exhaustive.

Texto completo

1Objet principal de l’opération, l’occupation datée de l’âge du Bronze est caractérisée par l’implantation de nombreuses structures (fossés, silos, bâtiments, structures de combustion, fig. 8). Se succèdent ensuite une occupation datée de la fin de l’âge du Fer et du début de la Conquête, et des aménagements s’étageant du xiiie s. à l’Époque moderne. Ces structures, plus récentes, présentaient systématiquement dans leurs remplissages des strates sableuses et de nombreux coquillages qui ont permis de les différencier des ensembles de l’âge du Bronze uniquement comblés de limon.

FIG. 8. Plan des structures rattachées à l’âge du Bronze.

2Les structures datées de l’âge du Bronze couvrent l’ensemble de l’île, mais seul le clos du lazaret a fait l’objet d’une approche archéologique globale sur 2,5 ha en 1996. Dans cette étude, seules ces découvertes font donc l’objet d’un examen approfondi (fig. 9). Les données issues des sondages de 1997 et 1998 sont mentionnées sous la forme de notes courtes à l’exception de la structure de barrage et des enclos qui, par leur caractère exceptionnel, ont imposé une présentation plus complète.

FIG. 9. Clos du lazaret, plan des structures attribuées à l’âge du Bronze.

3.1 Évolution des sols lœssiques

3Pour comprendre la mise en place et le contexte pédosédimentaire des structures fossoyées et de manière à avoir une connaissance aussi précise que possible du paysage pédologique, il est utile de revenir sur la définition des principales étapes de l’évolution des sols lœssiques de l’île à l’Holocène (fig. 10).

FIG. 10. Les principales étapes de l’évolution des sols lœssiques de l’île de Tatihou à l’Holocène.

4Les sols de l’île de Tatihou se développent sur un matériel sédimentaire éolien de type lœss carbonaté. Bien que plusieurs phases d’apports lœssiques aient été mises en évidence, le substrat des sols de l’île est principalement constitué de lœss weichsélien post-nagelbeek, déposé au Pléniglaciaire supérieur (22500 à 12000 BP). Celui-ci constitue donc le dernier apport pédosédimentaire évoluant dès le Tardiglaciaire et au cours de l’Holocène, en sol complexe, brunifié, rapidement dégradé par l’intense activité anthropique développée sur ce territoire encore non insulaire.

5Ce complexe pédologique va évoluer par la suite sous la couverture sableuse éolienne qui s’installe dès la fin de l’âge du Fer et à l’époque gallo-romaine. Les sols actuels sont subordonnés à la présence de cette couverture dont l’épaisseur tend à diminuer progressivement sous la pression anthropique et la bioturbation (l’île fut longtemps envahie de lapins).

6Nous distinguerons arbitrairement cinq étapes dans l’évolution des sols, pendant l’Holocène.

Étape 1 : brunification

7À l’Holocène inférieur (9500 à 7000 BP environ), installation du néoluvisol (sol brun lessivé de la classification CPCS 1967) avec organisation en trois horizons : A, organo-minéral ; E, modérément appauvri et BT, argilluvial sur roche-mère ; C, lœssique.

Étape 2 : troncature

8Au début du Néolithique (7000 à 6500 BP), suite aux premiers défrichements et à la mise en culture, les horizons supérieurs (A et une partie de l’horizon éluvial E) disparaissent (érosion par déflation).

Étape 3 : lessivage

9Pendant le Néolithique, sous le climat atlantique pluvieux et relativement doux (optimum climatique), les sols subissent un lessivage important facilité par l’activité anthropique. Un nouvel horizon de type Eg (horizon lessivé à tendance hydromorphe) se forme aux dépens de l’horizon E et du sommet de l’horizon BT du sol brun précédemment formé. Vers 3800 BP, le sol est perturbé par le creusement de fossés dont les déblais recouvrent le sol préexistant. Des figures de ruissellement s’observent à la base des profils.

Étape 4 : dégradation et deuxième troncature

10Le processus de dégradation se poursuit sous un climat tempéré sec (de type subboréal). Pendant l’âge du Bronze, l’aménagement de fossés à des fins agricoles (3800 à 3200 BP) et les perturbations provoquées par les creusements constituent des bouleversements importants qui, superposés à l’existence d’une intense déflation en période sèche, entraînent une deuxième troncature des horizons dégradés éluviques superficiels.

Étape 5 : dégradation et déferruginisation

11À l’âge du Fer (2400 à 2000 BP), puis à l’époque gallo-romaine, sous un climat subatlantique humide et frais, les processus de dégradation du sol se poursuivent, accompagnés de la déferruginisation des horizons Btgd avec déstabilisation des nodules ferrimanganifères, témoins de l’hydromorphie acquise sous le climat atlantique. Une couverture éolienne sableuse s’installe rapidement et contribue à intensifier les processus d’altération des structures pédologiques préexistantes (acidification superficielle du milieu). L’île acquiert la morphologie que nous lui connaissons.

3.2 Les fossés

12Composante essentielle de la structuration de l’espace, les fossés ont fait l’objet d’une attention particulière. Ils couvrent la totalité de la surface décapée lors de la fouille de 1996 (clos du lazaret) et dessinent un réseau en « arête de poisson » prenant appui sur un fossé orienté N-S (fig. 9).

13Les coupes stratigraphiques pratiquées systématiquement ont mis en évidence une grande variété de profils et de natures de comblements (coupes débordantes réalisées à la pelle mécanique de manière à valider les coupes obtenues par la fouille manuelle) (fig. 11). La restitution de l’évolution de ces structures tout au long de leur histoire s’est donc révélée ardue à plus d’un titre, tant et si bien que la finalité de certains fossés échappe encore aujourd’hui complètement à l’analyse (fossés « ouverts », tranchées de fondation pour une ou des palissades...). Pourtant cette variété peut se rapporter à deux dynamiques de comblements invariablement liées à deux profils types.

FIG. 11. Coupe stratigraphique des fossés 13, 13’ et 155.

3.2.1 Les fossés « ouverts »

14Le premier type de fossé, le plus courant à Tatihou, est caractérisé par un profil en U ou en V évasé, ce dernier terme descriptif étant capital. En effet, l’évasement des structures semble être le résultat de phénomènes d’érosion à l’air libre, symptomatiques d’une fonction « ouverte » du fossé. Cette lecture est confortée sur quelques coupes stratigraphiques par le caractère asymétrique des profils résultant d’une érosion spécifique des parois taillées dans le limon (fig. 12). En effet, la dissymétrie des parois peut être expliquée par la présence d’un talus en rive : érosion convexo-concave à l’emplacement du talus dont le réseau de racine a protégé et stabilisé les formations superficielles.

FIG. 12. Les fossés « ouverts ». a coupes stratigraphiques de ce type de fossés (fossés 61 et 13) ; b proposition de restitution de l’évolution du fossé 61. Le caractère asymétrique du fossé est expliqué par la présence d’un talus.

15Les travaux d’archéologie expérimentale de M. Bell et P.-J. Fowler (Bell, Fowler 1996) et de l’équipe coordonnée par P.‑J. Reynolds (Reynolds 1974 ; 1976 ; 1979) à Buster Farm, sur des substrats composés de graves calcaires, ont bien mis en évidence ce type de profil associé à des fossés bordés d’un talus constitué des déblais du creusement.

16Malheureusement, dans le cas de Tatihou, le caractère asymétrique des profils est extrêmement variable, ce qui interdit une restitution fiable de l’emplacement du talus. Il est d’ailleurs possible que deux talus bordiers aient existé dans certains cas.

17Le mode de comblement de ces fossés témoigne de leur fonction « ouverte ». Ils peuvent être grossièrement subdivisés en deux ensembles. Les couches basales sont généralement constituées de fins liserés de limon de couleur gris blanchâtre ou rouge à caractère hydromorphe (couche d des figures 18 à 20) attestant de l’envasement de la structure juste après son creusement lors du ruissellement des eaux de pluie sur les pentes du fossé. Ces niveaux sont scellés par une accumulation de couches disposées en cuvettes emboîtées résultant de l’érosion des parois du fossé et/ou de l’effondrement du (ou des) talus bordier(s) (couches c, e et f des figures 18 à 20). Dans la plupart des cas, ces niveaux ne sont pas visibles à l’œil nu et ont été réunis en une seule couche de limon gris marquée ponctuellement de rejets anthropiques ou de bioturbation (couche b des figures 18 à 20).

18Le manque de données concernant les parties hautes des structures n’a pas permis de mettre en évidence de couches de condamnation (si celles-ci avaient été constituées de pierres, elles auraient cependant pu être observées).

19L’ensemble de ces considérations permet de proposer une évolution type des fossés « ouverts » qui peut être découpée en trois mouvements principaux.

20Dès le creusement du fossé achevé, l’érosion naturelle de ces parois commence, facilitée par l’absence de végétation sur les deux versants de la structure. Le colmatage du fond du fossé se fait donc assez rapidement et parfois sur plusieurs centimètres (couche d). La morphologie de la paroi originelle de la structure est alors préservée permettant de proposer une restitution du creusement initial (fig. 12). Le colmatage est achevé lorsque le fossé atteint son profil d’équilibre (inclinaison d’environ une trentaine de degrés).

21La structure atteint alors une phase de stabilité marquée par le développement de la végétation et la formation d’horizons humifères sur ses parois et au sommet de la couche de colmatage. Le profil du fossé a alors quasiment son aspect définitif et son érosion est fortement limitée sauf à l’emplacement du talus où il est encore possible d’avoir des effondrements sous la forme de véritables loupes d’arrachements.

22La fin du remplissage du fossé est ensuite due à l’activité anthropique (déversements de terre et/ou de déchets divers à proximité des bâtiments par exemple ou véritable comblement par des « colluvions » liées au labour). Dans plusieurs cas, ce dernier mouvement est ponctué de phases de recreusements particulièrement fréquents sur le site. En effet, on observe de nombreuses traces de réfections, soit sous la forme de creusements reprenant l’axe du fossé, soit sous la forme de petits tronçons de fossés le long des structures à restaurer. Ces traces, généralement peu observables, ont cependant été mises en évidence sur la plupart des coupes stratigraphiques du site. Elles sont matérialisées par de fines couches hydromorphes bordant les nouveaux creusements. La mise en phase du site repose en partie sur ces indices de réfection des fossés.

3.2.2 Les fossés « fermés »

23Le deuxième type de coupe stratigraphique est, à l’opposé du précédent, marginal sur le site. Les profils de fossé sont en V étroit avec des parois rectilignes et les couches de comblement ne sont pas stratifiées (seul le fossé 85 présente ce type de profil ; fig. 13, 14). La conservation visiblement intégrale du profil initial de creusement et le comblement homogène des structures témoignent d’un comblement rapide qu’il serait séduisant d’associer au calage d’une palissade. Toutefois, les coupes longitudinales du fossé 85 n’ont livré aucun indice stratigraphique permettant de confirmer cette hypothèse. De même, aucune « empreinte » de poteau n’a été décelée sur le fond des structures, ni aucune pierre de calage observée dans les couches de comblement.

FIG. 13. Les fossés « fermés » (tranchées de fondation), a coupe stratigraphique du fossé 85 ; b proposition de restitution de l’évolution du fossé.

FIG. 14. Coupe stratigraphique du fossé 85 (éch. : 40 cm).

3.2.3 Les fossés à caractère défensif : le système de barrage

24Cet ensemble est situé dans la partie orientale de l’île, dans un secteur où les fossés « ouverts en épis » semblent s’interrompre. Il est composé de trois fossés parallèles (fig. 15) identifiés lors des sondages de 1998. Une coupe mécanique perpendiculaire, incluant les trois fossés, a été entreprise mais n’a pu être menée à terme pour des raisons évidentes de sécurité. Les profils et les remplissages des fossés n’ont pu être appréhendés que partiellement. On ne dispose d’un profil complet que pour le fossé ouest. En l’absence de véritable fouille, la description de l’ensemble reste pour l’heure limitée et la stricte contemporanéité des structures sujettes à caution.

FIG. 15. Plan et coupe schématique de la structure de barrage.

25D’est en ouest, les fossés sont respectivement espacés de 27 puis 12 m. Ils présentent tous une largeur d’environ 4 m au niveau du décapage. L’ensemble, orienté selon un axe S-O/ N-E, forme un léger arc de cercle incurvé vers le côté occidental de l’île. Les deux fossés à l’est ont un tracé continu alors que le fossé ouest est discontinu. Ce dernier est composé de tronçons d’environ 20 m de longueur qui se terminent tous par une butée rectiligne observée dans quatre tranchées. À l’est de chacun des fossés, sur toute leur longueur et sur une largeur de 4 m, des restes de talus arasés, de 20 à 30 cm de hauteur, ont été mis en évidence.

26Seul le remplissage et le profil du fossé ouest ont été observés dans leur intégralité. Le profil est celui d’un V très refermé à sa base, formant ainsi une sorte de « goulotte ». Le comblement est relativement homogène puisque seulement deux couches se distinguent. Dans sa partie sommitale, le fossé est comblé de limon brun-gris. Ce niveau a livré quelques silex taillés, de très rares vestiges céramiques n’excédant pas le centimètre (aucun élément de datation n’a été reconnu) et de nombreux blocs de granite et arkose provenant probablement du talus. Sous cette couche et jusqu’au fond du fossé, une couche hydromorphe d’une quarantaine de centimètres d’épaisseur a été mise en évidence. Elle témoigne du fonctionnement en mode ouvert du fossé.

27L’ensemble paraît délimiter et fortifier une étendue de terre de moins de 10 ha qui correspond actuellement à toute la partie orientale de l’île. Ce type de structuration de l’espace par des fossés se rencontre assez fréquemment en Normandie, particulièrement en contexte de promontoire rocheux ou de bras de rivière. C’est à cette seconde situation topographique que semble se rattacher la zone délimitée par le fossé triple de Tatihou. Il est probable que les fossés talutés ont eu une vocation défensive, ces derniers assurant une limite possible entre le continent et une avancée de terre fortifiée dominant la mer.

28La datation de l’ensemble reste conjoncturale (mobilier rare, exploration du dispositif très limitée). Cependant une seule hypothèse semble pour l’instant envisageable si l’on se fie à la répartition des structures et en particulier les fossés qui s’arrêtent au contact de la structure de barrage. Celle-ci peut être alors considérée comme l’occupation la plus ancienne sur le site (contemporaine ou antérieure à la phase 1).

3.2.4 Relations stratigraphiques et chronologie relative

29La chronologie relative repose essentiellement sur l’examen par plans successifs des comblements des fossés au niveau de leurs intersections (fig. 16). La lecture des structures s’est révélée extrêmement facile ; les recoupements stratigraphiques ont donc été définis dès le décapage et/ou après un rapide nettoyage de surface. Il a tout de même été décidé de pratiquer un second examen sous la forme d’une fouille en quart des intersections ; certaines différences parfois ténues entre les diverses teintes de terre s’observent ainsi mieux sur les stratigraphies verticales. Cette étude s’est avérée positive dans la totalité des cas.

FIG. 16. Mise en phase et relations chronologiques des fossés de la phase 1 (à gauche de la figure) à la phase 3 (à droite) : diagramme stratigraphique dressé à partir des différents recoupements ou intersections de fossés (observation en plan et en coupe).

30Les recoupements entre structures sont particulièrement nombreux sur le site et plus d’une cinquantaine de coupes permettent d’établir la chronologie relative du gisement (fig. 16). Très rapidement, un diagramme stratigraphique a pu être dressé. Cinq « carrefours de fossés » et 8 coupes se sont révélé être particulièrement discriminants lors de la mise en place de ce diagramme. Ces différents recoupements stratigraphiques sont représentés sous la forme de « zooms » référencés par rapport au plan de masse et au diagramme stratigraphique du site sur la figure 16.

31Sept fossés ont ainsi pu être attribués à une première phase, correspondant aux premiers creusements sur le site (structures 61, 85, 68, 76, 145, 13 et 101). Quatre d’entre eux sont recoupés :

  • le comblement du fossé 61, rattaché à la structure 85, est recoupé par les fossés 270, 62, 157 et 158 (ce dernier est contemporain des fossés 155 et 248) ;

  • le fossé 145 est recoupé par le fossé 145’ qui reprend en partie son tracé et par la structure 15 ;

  • le fossé 101 est antérieur aux structures 121,108, 114 et 143 ;

  • le fossé 13, qui forme l’ossature du réseau de fossés, est recoupé par une dizaine de fossés (structures 155, 248, 96, 14, 309, 210, 249, 400, 13’, 435 et 215). Les fossés 155 et 248 permettent de faire le lien avec le bloc de structures postérieures à la structure 61, alors que les structures 96, 14 et 309 sont liées au fossé 15 qui recoupe la structure 145 et la structure 215 est contemporaine du fossé 121 qui recoupe l’axe de la structure 101.

32De ces nombreux fossés qui peuvent être attribués à une deuxième grande phase, trois sont recoupés par des fossés rattachés à une dernière période. Les structures 310 et 145’ sont antérieures au fossé 32 et le fossé 13’ est coupé par le fossé 281, contemporain de la structure 250.

33L’analyse de la répartition spatiale du mobilier archéologique permet d’affiner la mise en phase de l’occupation (fig. 17). En effet, les zones de rejets, céramiques et lithiques, observées en vis-à-vis des bâtiments sont un témoin direct des activités domestiques réalisées à proximité des fossés. Il a ainsi été possible d’insérer plusieurs zones bâties dans le phasage (tabl. III).

FIG. 17. Répartition du mobilier céramique en poids.

Bâtiment

Rejet de mobilier dans st.

Phase

11
10
1
25
14
24
5
13
16
17
18
19
20
21
15
9

101
101
101
13
13
68
76
155
155
155
155
155
155
155
270
102

1
1
1
1
1
1
1
2
2
2
2
2
2
2
2
3

TABL. III. Mise en phase des bâtiments à partir des rejets de mobilier.

34La dernière étape de ce travail de mise en phase repose sur un rapprochement analogique des tronçons de fossés (similitude dans les profils et le mode de comblement des structures sans contact stratigraphique avéré). Cette méthode d’approche qui peut être sujette à caution semble cependant fiable dans le cas de Tatihou. Les sections de fossés recoupant le fossé 13 en sont un parfait exemple (249, 400, 434, etc.). Ces fossés présentent tous un profil en U évasé et un comblement homogène constitué de limon gris. Ils ont été rattachés à la phase 2 de l’évolution du site car certains de ces tronçons ont livré des petits rejets liés au bâtiment de cette phase. Quant aux fossés situés au nord du site (68, 76 et 251), ils ont été associés à la phase 1 car ils sont le pendant du système mis en évidence au sud et bien daté par recoupement stratigraphique.

35Les découvertes de 1997 et 1998 ne trouvent, bien entendu, pas leur place dans cette périodisation, aucun contact stratigraphique avec l’ensemble du clos du lazaret n’ayant été mis en évidence.

3.2.5 Organisation et évolution

36Les coupes stratigraphiques des différents fossés, l’étude de leurs recoupements et l’analyse spatiale de la répartition du mobilier ont donc permis d’établir une mise en phase de l’évolution du site, sous la forme de trois phases principales probablement subdivisées en de nombreuses sous-phases difficiles à définir (la continuité d’occupation semble en effet importante).

3.2.5.1 Phase 1
fig. 18

37Cette première phase d’installation est caractérisée par l’implantation ex nihilo de la structure de barrage (si les hypothèses proposées dans le § 3.2.3. sont valides) et d’un réseau de fossés dessinant un système complexe d’enclos que l’on peut qualifier de « parcelles » (dans le sens de forme au caractère structurant).

FIG. 18. Phase 1. Coupes des fossés, a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.

38Dans le clos du lazaret, la trame parcellaire prend appui sur le fossé 13. Ce dernier, orienté N-S, s’arrête au nord sur un affleurement de granite. Les parcelles sont délimitées par des fossés s’interrompant au niveau du fossé 13 (fossés 145 et 251 à l’ouest et fossés 101, 61 et 68 à l’est). Deux tronçons de fossés, 85 et 76, sont parallèles au fossé 13 et perpendiculaires respectivement aux fossés 61 et 68.

39Ce qui frappe, c’est la grande régularité du système fossoyé. Les parcelles, bien que de modules différents, s’organisent suivant une certaine symétrie.

40Les profils des fossés, malgré les différences stratigraphiques observées, résultent du même processus d’érosion. Les fossés sont demeurés ouverts et ont été peu à peu comblés avec un mélange de matériaux provenant des probables talus et de rejets anthropiques. L’absence de profil caractéristique et les variations entre les coupes stratigraphiques d’un même fossé ne permettent pas de connaître l’emplacement du ou des talus bordiers. L’analyse sédimentologique du comblement des fossés permettra sûrement de compléter les observations macroscopiques (programme en cours sous la direction de J.-P. Camuzard).

Inventaire

41Fossé 13 : orienté N-S, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,80 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V asymétrique. Son comblement est hétérogène, il présente une densité très variable de pierres ou de tessons de céramiques. On peut cependant distinguer sur les coupes stratigraphiques deux couches principales ; une première de limon gris-blanc à caractère hydromorphe et un niveau sommital de limon gris.

42Fossé 145 : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,70 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement hétérogène présente une alternance de couches à caractère hydromorphe de couleur gris-blanc, plus rarement rouge, et un niveau de limon de teinte bigarrée.

43Fossé 251 : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,40 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son mode de comblement est semblable au fossé 13.

44Fossé 101 : orienté S-O/N-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement est de même nature que le fossé 145.

45Fossé 61 : orienté S-O/N-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,70 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V asymétrique. Son mode de comblement, relativement complexe, est constitué d’une première couche formée de fins liserés de limon gris-blanc à caractère hydromorphe et de limon orangé et d’un niveau sommital de limon gris d’une épaisseur importante.

46Fossé 68 : orienté S-O/N-E, ce fossé d’une profondeur-moyenne de 1,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué d’une première couche de limon gris-blanc à caractère hydromorphe et d’un niveau sommital de limon gris.

47Fossé 85 : orienté N-S, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,10 m, au‑dessous du niveau du sol actuel, présente un profil variable (tronconique ou en U). Son comblement homogène est formé d’une couche unique de limon gris.

48Fossé 76 : orienté N-S, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,10 m, au‑dessous du niveau du sol actuel, présente un profil variable (tronconique ou en U). Son comblement homogène est formé d’une couche unique de limon gris parfois entrecoupée de rejets domestiques mêlés à un limon gris-noir.

3.2.5.2 Phase 2
fig. 19

49Une partie du parcellaire est visiblement abandonnée durant la phase 2 (partie nord du clos du lazaret). Les fossés 68, 76 et 251 sont entièrement comblés. La trame générale est cependant conservée (peut-être sous la forme de microreliefs) et les fossés 13 et 145 sont recreusés (en particulier le fossé 13 au niveau des angles de parcelles à l’est). Les axes des fossés 13, 61 et 145 sont « soulignés » de petits tronçons de fossés (62 et 270 pour le fossé 61 par exemple). Deux autres fossés, 310 et 91, dessinent une nouvelle parcelle à l’ouest. Le fossé 101 est prolongé à l’est par un nouveau creusement (structure 143).

FIG. 19. Phase 2. Coupes des fossés. a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.

50À l’exception de sa partie nord, le système parcellaire de l’état initial est conservé. La partie ouest est aménagée de manière à accueillir un espace bâti entre les fossés 310 et 91 qui forment ainsi un véritable enclos dont l’accès est aménagé à l’aide de petits tronçons de fossés (14 et 277) qui recoupent partiellement le fossé 13. Ces derniers sont interprétés comme des structures visant à l’extraction de matériau pour la recharge des talus affaissés durant la phase 1. Comme pour l’occupation précédente, il est impossible de déterminer l’emplacement des talus.

Inventaire

51Fossé 13’ : orienté N-S, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,60 à 1,70 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V asymétrique. Son comblement est identique au fossé 13 de la phase précédente.

52Fossé 155 : orienté N-S et parallèle à la structure 13, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est hétérogène, il présente une densité très variable de pierres ou de tessons de céramiques suivant les secteurs (véritables dépotoirs). On peut cependant distinguer sur les coupes stratigraphiques deux couches principales ; une première couche de fin liseré de limon gris-blanc à caractère hydromorphe et un niveau sommital de limon gris à gris-noir.

53Fossé 145’ : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,20 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement homogène est constitué de limon gris.

54Fossé 310 : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,80 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

55Fossé 91 : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué d’une première couche de limon gris et d’un niveau sommital de limon orange.

56Fossé 143 : orienté S-O/N-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,60 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement est constitué de limon gris.

57Fossé 114 : orienté S-O/N-E et soulignant le fossé 101 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

58Fossé 15 : orienté S-O/N-E et soulignant le fossé 13 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

59Fossé 14 : orienté S-O/N-E et recoupant le fossé 13 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

60Fossé30 : orienté S-O/N-E et soulignant le fossé 13 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

61Fossé 270 : orienté S-O/N-E et soulignant le fossé 61 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris et de limon gris-noir.

62Fossé 62 : orienté S-O/N-E et soulignant le fossé 61 (phase 1), ce fossé d’une profondeur moyenne de 0,50 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en U. Son comblement est constitué de limon gris.

3.2.5.3 Phase 3
fig. 20

63Durant cette dernière phase, la trame parcellaire jusque-là conservée est en partie abandonnée. L’axe formé par le fossé 13 est gardé mais l’orientation générale des parcelles change pour prendre une ligne directrice S-S-O/N-N-E. Les fossés parallèles 32 et 102 conditionnent la mise en place de ce nouveau réseau parcellaire.

FIG. 20. Phase 3. Coupes des fossés, a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.

64Il est difficile de comprendre la mise en place de ce nouveau système parcellaire. Le changement de direction de la trame et la « condamnation » par le fossé 250 de l’espace bâti, situé dans la phase 2 entre les fossés 310 et 289, témoigne d’une volonté de changement peut-être due au déplacement de l’habitat ou à des modifications écologiques ?

Inventaire

65Fossé 32 : orienté S-S-O/N-N-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,40 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement est hétérogène et complexe. Il est constitué d’une première couche alternant des fins liserés à caractère hydromorphe et des niveaux de limon orange ou bigarré et d’un niveau sommital de limon gris.

66Fossé 102 : orienté S-S-O/N-N-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,40 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement est identique à celui du fossé 32.

67Fossé 250 : orienté N-O/S-E, ce fossé d’une profondeur moyenne de 1,80 m, au-dessous du niveau du sol actuel, présente un profil en V. Son comblement hétérogène est constitué d’une première couche de limon gris-blanc à caractère hydromorphe et d’un niveau sommital de limon gris.

3.3 Les bâtiments

68Contrairement à de nombreux sites protohistoriques, le gisement n’offre pas l’image d’une nébuleuse de trous de poteaux. Les plans des bâtiments sont parfaitement lisibles et aucun recreusement de structure n’a été mis évidence (fig. 21). L’ensemble n’est toutefois pas synchrone mais résulte de la superposition des occupations protohistoriques de la première à la dernière phase d’occupation (phases 1 à 3). L’attribution chronologique précise des structures s’est rapidement révélé être la pierre d’achoppement de l’étude du gisement et ce malgré la présence quasi systématique de zones de rejets en vis-à-vis des bâtiments (et donc la mise en phase d’une grande partie des secteurs bâtis). Il a donc semblé plus judicieux d’examiner les constructions dans leur ensemble.

FIG. 21. Plan de situation des bâtiments.

3.3.1 Définition des classes typologiques

69La définition des classes typologiques repose sur la mise en corrélation des principales caractéristiques (surface, plan, nombre de trous de poteaux, etc.) des 25 plans de bâtiments observés lors de la fouille du clos du lazaret. Quatre grandes classes ont ainsi pu être déterminées. Une cinquième catégorie associe les éléments ne trouvant par leur place dans les quatre principales (tabl. IV).

TABL. IV. Les différents types de bâtiments.

70La première est constituée d’un plan unique de bâtiment circulaire d’une quarantaine de mètres carrés (fig. 22). La seconde correspond, elle aussi, à un seul plan de bâtiment quadrangulaire à deux nefs (ou à rangée axiale de supports) d’un peu moins de 20 m2 (fig. 24). La troisième classe regroupe les bâtiments à plan rectangulaire à 5 poteaux avec un poteau décentré. La quatrième est constituée des plans quadrangulaires, qu’ils soient formés de 6, 5 ou 4 poteaux.

FIG. 22. Phase 1 : le bâtiment à plan circulaire (bât. 25). b limon gris ; d limon gris-blanc ; f limon bigarré.

71Les trous de poteaux ou fosses de calage qui délimitent les plans de bâtiments sont relativement semblables. Ils sont circulaires, avec un diamètre, au niveau du décapage, compris entre 0,40 et 0,60 m. Leurs profils sont généralement en U à fond arrondi ou plat, pour une profondeur moyenne de 0,30 m. Ils sont comblés, le plus souvent, d’un limon gris (exempt de restes mobiliers ou de sable et coquillage à l’opposé des structures plus récentes). Plus rarement, les fosses présentent dans leurs comblements des pierres de calage (bât. 21, fîg. 24) ou la trace des poteaux, sous la forme de poches de limon plus sombre (bât. 2, 6, 7, 16 et 18). Le caractère diffus de la limite des « fantômes » de poteaux n’a pas permis de déterminer la forme et les dimensions des pièces de bois utilisées. Cependant, on peut noter que ces traces ont, en plan, une forme circulaire à ovalaire.

3.3.2 Inventaire et hypothèses de restitution

3.3.2.1 Plan circulaire (bât. 25)
fig. 22

72Onze trous de poteaux dessinent le plan d’un bâtiment circulaire. Les nombreuses hypothèses de plans quadrangulaires ou de plans circulaires ne prenant pas en compte la totalité des creusements ont été abandonnées au fur et à mesure de l’étude. Les phénomènes de tassements dus aux passages des engins mécaniques et au stockage de matériaux à l’emplacement de la structure n’ont pas permis la réalisation d’un décapage fin. Une partie de ces trous a donc été détruite lors du décapage.

73Le plan général peut cependant être reconstitué avec un diamètre d’environ 7 m. L’espacement entre les trous de poteaux est irrégulier, il varie entre 1,5 et 3 m. Les fosses d’implantation des poteaux sont de forme circulaire ou subcirculaire (structures 421, 422, 423, 426, 427, 428, 430, 431, 432, 433 et 436). La profondeur moyenne des creusements est de l’ordre du mètre, aucune pierre de calage n’a été retrouvée. L’absence de trou de poteau central indique que les poteaux porteurs devaient être reliés par des linteaux formant un cercle à leur sommet (sablière haute). Un second dispositif, identique mais de moindre diamètre, pouvait être situé à 1 m environ plus haut de manière à soutenir la toiture. L’accès du bâtiment, développé sous la forme d’un porche large de plus de 2 m, est constitué des couples de poteaux 430/436 et 426/428 (ce dernier est renforcé par la fosse 427, probable réfection ?). Son orientation au S-O (dos au vent dominant) est relativement proche de ses homologues britanniques généralement orientés au sud ou au S-E (fig. 23). De même, son plan irrégulier est semblable aux bâtiments excavés de Black Patch (fig. 23, Parker Pearson 1993).

FIG. 23. Les bâtiments circulaires : les exemples de Black Patch et Trethellan Farm, a Black Patch, plan de situation ; b Black Patch, hutte 3 ; c Trethellan Farm, reconstitution de la maison 222.

3.3.2.2 Plan quadrangulaire à deux nefs (bât. 21)
fig. 24

74Trois rangées parallèles constituées chacune de trois cavités (structures 312, 313, 314, structures 305, 306, 311 et structures 303, 304, 247) forment un plan quadrangulaire à deux nefs. Les dimensions de ce bâtiment sont de 6,5 m pour les côtés nord et sud et 3 m pour les côtés est et ouest. La totalité des trous de poteaux, de forme circulaire, présentaient dans leurs comblements des pierres de calage en granite ou en arkose (seuls les creusements de ce bâtiment ont livré des pierres de calages) (fig. 25). Les creusements sont relativement semblables, ils ont un profil en U et une profondeur moyenne, au-dessous du niveau du sol actuel, de l’ordre du mètre.

FIG. 24. Phase 2 : le bâtiment 21. a limon gris ; b limon gris-noir ; c granité ; d microgranite.

FIG. 25. Un des trous de poteaux du bâtiment 21 (éch. : 30 cm).

75La restitution architecturale du bâtiment est possible. La ligne des poteaux axiaux supportait une poutre faîtière sur laquelle devait reposer la toiture. La couverture était soutenue par des chevrons accrochés à cette faîtière dont les extrémités inférieures s’appuyaient sur deux sablières hautes portées par les rangées latérales de poteaux.

3.3.2.3 Plan rectangulaire à cinq poteaux avec un poteau décentré
fig. 26

76Trois plans de ce type sont attestés sur le gisement (bât. 15, 16, 19). Ils sont tous situés dans la partie centrale du décapage. Les bâtiments 16 et 19 ont leurs poteaux décentrés orientés vers le sud. Le bâtiment 15, isolé, montre un poteau décentré dirigé vers le nord-est. Ces bâtiments sont tous constitués d’un plan simple formé de quatre fosses déterminant un carré, d’une superficie comprise entre 2,2 et 5 m2, auquel est adjoint un cinquième poteau dessinant avec la base du carré un triangle. Les surfaces totales des structures varient alors de 3,5 à 7,5 m2.

FIG. 26. Les bâtiments à 5 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c granité.

77La restitution en élévation de ce type de plan est intimement liée à la fonction que l’on veut lui attribuer. Les sols d’occupation ayant disparu, il ne semble pas possible de déterminer avec exactitude l’emprise de ces bâtiments. Cependant, il est important de noter que deux bâtiments possèdent des poteaux décentrés peu implantés (bât. 15 et 19).

3.3.2.4 Plan quadrangulaire
fig. 27-30

78Cette catégorie regroupe des plans dont la surface entre les poteaux oscille entre 1,3 et 10,5 m2. Ce sont les plus fréquents sur le site, on en comptabilise 18. Ces bâtiments possèdent 4 poteaux (bât. 1, 3, 5, 7, 8, 9, 13, 17, 18, 20, 22, 23 et 24), 5 poteaux (bât. 10 et 14) ou 6 poteaux (bât. 2, 4, 6 et 11). La mise en corrélation de la surface des bâtiments et de leur superficie fait apparaître deux tendances :

  • les plans à 5 et 6 poteaux ont une superficie supérieure à 6,5 m2 ;

  • le diagramme des surfaces met en évidence deux pics de fréquence, le premier, entre 4 et 5 m2, uniquement pour des plans à 4 poteaux (8 plans) et le second, entre 6,5 et 8 m2, pour 3 bâtiments à 6 poteaux, un bâtiment à 5 poteaux et 4 bâtiments à 4 poteaux. Le bâtiment 8 fait figure d’exception avec une surface de 1,3 m2. Cette structure a cependant été nettement différenciée lors de la fouille.

79La répartition des plans quadrangulaires ne trahit aucune concentration particulière. Toutefois quatre d’entre eux, les bâtiments à 4 poteaux 13, 17, 18 et 20, sont regroupés autour du bâtiment 21. On peut remarquer aussi certaines associations, en particulier des couples de plans à 4 et 6 poteaux (bât. 1 et 2, bât. 3 et 4 et bât. 6 et 7 ; fig. 21).

FIG. 27. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d limon orangé.

FIG. 28. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d granité.

FIG. 29. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; d granité.

FIG. 30. Les bâtiments à 6 trous de poteaux. a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d limon orangé ; e granité.

80Pour ce type de bâtiments, dépourvus de poteaux intérieurs, plusieurs reconstitutions architecturales peuvent être proposées. Les plans à 4 et 6 poteaux ne posent pas de problèmes : les poteaux de chaque rangée, disposés en vis-à-vis, peuvent être réunis à leur sommet par un entrait ; une sablière haute les relie aux supports de la même rangée. Les chevrons sont alors posés sur les sablières et liés par couple sur le faîtage. L’ensemble peut être surélevé ou au niveau du sol.

3.3.2.5 Plan indéterminé ou douteux
fig. 31

81Deux assemblages de trous de poteaux forment deux possibles bâtiments (bât. 12 et 26).

82Le bâtiment 12 est constitué de 4 poteaux disposés en Y (136, 137, 138 et 139) et espacés d’un peu plus d’1 m. Le creusement des avant-trous n’excède pas 0,20 m au niveau du décapage, soit plus de 0,60 m à partir du sol actuel. La position des poteaux suggère une petite emprise au sol (de l’ordre de 3,5 à 4,5 m2). La reconstitution de l’ensemble reste cependant très hypothétique et ne peut faire l’objet d’une interprétation fonctionnelle.

FIG. 31. Les bâtiments à plan indéterminé, a limon gris ; d granité.

83Le bâtiment 26 est constitué de 3 trous de poteaux profonds d’une soixantaine de centimètres par rapport au niveau topographique (43, 58 et 59) et d’un éventuel quatrième qui a peut-être été détruit par un chemin moderne. L’ensemble de ces fosses forme un plan quadrangulaire de 4 m de longueur sur 2,5 m de largeur (soit une superficie de 10 m2). La configuration du plan et la distance entre les poteaux du plus grand côté ne permettent pas d’imaginer un bâtiment à élévation haute, mais plutôt un assemblage léger de type abri.

3.3.3 Synthèse : fonctions, comparaisons, organisation spatiale

84Comme l’ont déjà signalé de nombreux auteurs (Audouze, Buchsenschutz 1989 : chap. 5), en l’absence de niveau de sol conservé, il est difficile d’attribuer une fonction précise aux éléments bâtis. Les classes typologiques à plan rectangulaire à 5 poteaux avec un poteau décentré et à plan quadrangulaire appartiennent à la même classification fonctionnelle, que l’on peut regrouper sous le terme de « greniers » ou « d’épiers ». Les groupes constitués des « grands bâtiments » (plan circulaire et plan quadrangulaire à deux nefs) posent plus de problèmes. Il semble aujourd’hui admis que la superficie, donnée par l’emprise au sol des supports, n’est pas un critère discriminant. Cependant, les deux plans respectivement de 40 m2 et 18 m2 ont des surfaces au sol relativement proches des espaces domestiques des maisons mixtes de l’est de la France et des Pays-Bas (20 à 40 m2 en moyenne) datées de l’âge du Bronze ancien et moyen (Blouet et al. 1996). De plus, le plan circulaire présente de fortes affinités avec des exemples britanniques qui ont livré de nombreux vestiges liés à des activités domestiques et culinaires (Drewett 1990 ; Parker Pearson 1993 : 105, 106). L’absence de sol d’occupation ne permet pas de trancher véritablement la question. L’attribution d’une fonction domestique pour ces plans paraît cependant tout à fait envisageable à titre d’hypothèse. On regrettera toutefois l’absence d’analyse des sols et de la mesure des teneurs en phosphates à l’emplacement des zones bâties. Cette technique s’est avérée impossible suite à l’utilisation du clos du lazaret au cours des deux derniers siècles (stockage de fumier et culture intensive en jardin). Les autres plans sont caractérisés par leurs surfaces réduites. Ils peuvent être interprétés, par comparaison avec des exemples ethnologiques, comme les bases de bâtiments probablement surélevés, affectés au stockage des réserves alimentaires du bétail et de l’homme (Villes 1981).

85La documentation concernant les structures bâties de l’âge du Bronze est relativement modeste. L’ouest de la France a livré peu de plans exploitables et les comparaisons doivent être recherchées dans tout le nord de la France et hors de nos frontières.

86Les bâtiments de plan circulaire sont restés pendant longtemps une exclusivité britannique. Aujourd’hui, ce type de plan trouve de nombreux équivalents dans les sites d’habitats de la façade atlantique. On citera pour mémoire les sites de la Grosse Roche à Saint-Jacut-de-la-Mer en Bretagne (Briard et al. 1990), les deux cabanes de Roeux/Le Château d’eau dans le Nord-Pas-de-Calais (Desfossés et al. 1992), et les nombreux bâtiments de Grande-Bretagne généralement rattachés au complexe Deverel-Rimbury (Brun 1981 ; Audouze, Buchsenschutz 1989 : 86-87). Ces dernières années, deux sites présentant ce type de structure ont été fouillés en Basse-Normandie (Calvados) : à Cagny (San Juan et al. 1996) où a été découvert un bâtiment circulaire associé à une fosse et à un petit grenier, et à Cahagnes où a été mis au jour un site comprenant une vingtaine de plans circulaires et plus de soixante plans quadrangulaires (Jahier 1996). Ces deux derniers gisements sont attribués à la fin du Bronze final ou au début du premier âge du Fer.

87Le bâtiment de plan rectangulaire à deux nefs est classique à l’âge du Bronze. Il est fréquent sur les sites de l’âge du Bronze moyen et final dans l’est de la France (Blouet et al. 1996). On le rencontre aussi à Dampierre-sur-le-Doubs où la phase ancienne a aussi permis l’observation d’un plan de bâtiment circulaire (Pétrequin et al. 1969).

88Les plans rectangulaires à cinq poteaux avec un poteau décentré, plus rares, ont été reconnus à Cahagnes où ils ont la même configuration qu’à Dampierre-sur-le-Doubs. Sur ce dernier gisement, l’avancée du bâtiment (d’une surface supérieure aux structures de Tatihou) est généralement constituée de plusieurs poteaux.

89La catégorie de bâtiments à plan quadrangulaire est connue sur tous les sites dans des proportions variables (fig. 32). Ils sont cependant rares sur la façade atlantique et peu représentés dans les contextes chronologiques anciens, de la fin du Néolithique au début du Bronze final, à l’exception du site de Nijnsel en Belgique où ils ont été observés en relation avec un bâtiment circulaire daté du Bronze moyen (De Laët 1974). La coexistence de greniers et de silos n’est pas une chose nouvelle. En effet, sur les gisements de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer, ils sont le plus souvent présents conjointement. Il est cependant évident que si les silos étaient destinés à la conservation du grain, les greniers ont pu alors contenir un autre type de denrées. Dans l’hypothèse de deux structures liées à la conservation du grain, il est possible que les silos aient été utilisés pour le stockage à long terme, par exemple la mise en dormance des grains pour être ensemencés, et les greniers destinés à la consommation « accessible » et au stockage des céréales en épis afin de terminer le séchage des grains récoltés humides. Quoi qu’il en soit, la présence d’outils de mouture à proximité des structures à quatre poteaux d’angle étaye l’hypothèse de bâtiments liés à la conservation des céréales.

FIG. 32. Un des bâtiments à 4 poteaux d’angle (type grenier).

90L’analyse spatiale de la distribution des vestiges permet d’effectuer un tri des plans de bâtiments par phase et ainsi de tenter une approche des espaces sociaux. Que ce soit dans le premier ou le deuxième état d’occupation, le site présente les mêmes composantes : un bâtiment de surface importante et plusieurs structures de faible superficie. Les seules différences résident dans l’implantation générale du bâti. Dans la première phase, les bâtiments forment ce que l’on pourrait appeler « un établissement agricole au plan éclate ». En effet, le bâtiment de plan circulaire et les nombreux bâtiments de type « grenier » sont situés dans des parcelles différentes sans cohésion apparente. Dans la deuxième phase, les petits bâtiments gravitent autour du bâtiment à deux nefs formant une unité ramassée sur elle-même (fig. 33). On soulignera par ailleurs la présence de fossés ceinturant cette « ferme » sur trois côtés. Les bâtiments à plan rectangulaire et/ou à 5 poteaux avec un poteau décentré apparaissent durant cette deuxième phase.

FIG. 33. Les bâtiments de la phase 2. En noir, les fossés de la phase 2 et en pointillé, les fossés de la phase 1.

3.4 Les structures de combustion

91Cinq structures de combustion ont été découvertes (fig. 34). Elles sont toutes situées au niveau des angles des parcelles (fig. 35), sur les couches de comblement des fossés, à une époque où ils avaient atteint leur profil d’équilibre. Elles sont toutes « à cheval » sur les fossés, sauf une positionnée dans l’axe de l’un d’entre eux (FB3). Elles sont donc difficiles à caler dans la mise en phase du site.

FIG. 34. Plan de situation des structures de combustion.

FIG. 35. Les fours FB2 et FB3 placés dans l’angle d’une parcelle.

3.4.1 Définitions des classes typologiques

92L’étude de la morphologie des structures de combustion permet de distinguer deux grands types.

93Le premier de ces types est le plus fréquent sur le site. Les dimensions sont variables, mais la morphologie est identique. Il s’agit de grandes structures constituées de trois fosses :

  • une première qui n’est pas vraiment creusée mais généralement installée sur les couches de comblement d’un fossé et qui fait office de fosse d’accès ou de « cendrier » (dans le sens où elle présente systématiquement des couches de comblement riches en charbons) ;

  • une deuxième, médiane, permet l’accès à l’alandier (ce dernier présente systématiquement un plaquage de dalles de granite et de microgranite sur ses parois) ;

  • la dernière de ces fosses, non rubéfiée, soutenait la sole du four probablement située en élévation (aucune trace de sole n’a été découverte à proximité ou dans les structures).

94Ce type de four est proche d’exemples archéologiques et ethnographiques définis comme étant des fours à sole suspendue (Greff 1991).

95Le deuxième type, de dimensions plus réduites (de l’ordre du mètre), est constitué de deux fosses : la fosse d’accès et la chambre de cuisson creusée dans le limon.

3.4.2 Inventaire

Les fours à sole suspendue

96FBI : ce four est situé dans l’angle formé par les fossés 13 et 101 (fig. 36-38). La fosse 124 est creusée dans les couches de comblement du fossé 101. L’alandier 123, d’une longueur de l’ordre du mètre, est encore couvert d’une dalle en microgranite reposant sur quatre dalles de granite et de microgranite posées de chant. Ces dalles ont subi un feu prolongé et relativement fort comme l’indique l’état de destruction des granites. La dernière fosse (122) qui soutenait à l’origine la sole présente un profil en cuvette régulier ; sur le fond de la structure repose un gros bloc de microgranite. La coupe stratigraphique longitudinale a permis d’observer trois couches de limons rubéfiés correspondant peut-être à trois cuissons différentes.

FIG. 36. Plan et coupes du four FB1. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité ; f microgranite.

FIG. 37. Le four FB1 entièrement dégagé (éch. : 1 m).

FIG. 38. Détail du dispositif de l’alandier du four FB1.

97FB2 : ce four est situé dans l’angle formé par les fossés 61 et 85 (fig. 39). La fosse 84 est creusée dans les couches de comblement du fossé 61. La fosse d’accès 83 est longue et avoisine les 2 m. L’alandier présente le même dispositif en dalle que le four FB1 (la dalle de couverture manque cependant). La dernière fosse (82) possède elle aussi une grande dalle de microgranite sur son fond. La stratigraphie générale de la structure est relativement homogène.

FIG. 39. Plan et coupes du four FB2. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon orange ; d limon gris-blanc ; e limon rubéfié ; f charbon ; g granité.

98FB3 : ce four est situé dans l’angle formé par les fossés 61 et 85, à quelques mètres du four FB2 (fig. 34, 40, 41). Il est entièrement creusé dans l’axe du fossé 61. Une partie de l’alandier et la totalité de la fosse supportant la sole ont été détruites par une fosse moderne (44). L’alandier 64 est lui aussi construit à l’aide de dalles de microgranite ; celles-ci ne sont cependant pas posées de chant comme dans les deux cas précédents mais légèrement montées en encorbellement (sur deux à trois assises). La coupe stratigraphique longitudinale est identique à celle de FB2 (seule la fosse 86 présente une légère rubéfaction de son fond).

FIG. 40. Plan et coupes du four FB3. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité ; microgranite.

FIG. 41. Le four FB3 en cours de fouille. Vue de l’alandier encore couvert par une dalle d’arkose et de la chambre de chauffe détruite au premier plan (éch. : 40 cm).

Les fours à sole creusée dans le limon

99FB4 : ce four est situé en limite de fouille (fig. 42). La fosse 197 repose sur les couches de comblement du fossé 250. La chambre de chauffe est creusée dans le limon sur le bord du fossé. Le départ de la voûte du four est encore observable. La sole est épaisse et dépasse par endroits 5 cm.

FIG. 42. Plan et coupe du four FB4. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon.

100FB5 : ce four est situé dans le comblement du fossé 61 (fig. 43). La fosse 395 donne accès à deux chambres de chauffe de mêmes dimensions (394 et 402). L’absence de contact stratigraphique tranché entre les deux structures indique peut-être une fonction en batterie. Les deux soles ont les mêmes épaisseurs que celle du four FB4.

FIG. 43. Plan et coupes du four FB5. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité.

3.4.3 Synthèse : fonction des structures et mise en phase

101Face à l’indigence de la documentation concernant les structures de combustion de l’âge du Bronze (en particulier le Bronze ancien et moyen), les comparaisons doivent être recherchées sur les sites de périodes plus récentes et/ou les comparaisons ethnologiques.

102Le premier type de four présente toutes les caractéristiques d’un four à sole suspendue. La fosse « cendrier », dite aussi fosse d’accès à l’alandier, ne pose aucun problème interprétatif bien que les accès à l’alandier du four FB2, et dans une moindre mesure du four FB3, paraissent démesurés. La dernière fosse et l’aménagement de l’alandier soulèvent plus de questions. L’absence de trace de rubéfaction dans la fosse témoigne de l’installation d’une sole suspendue probablement posée sur le bord de l’excavation et la dalle de couverture de l’alandier. Dans l’état actuel des connaissances, ce type d’aménagement de l’alandier ne connaît aucun autre exemple ; il semble juste être le témoin d’une adaptation au milieu (les dalles de granite ou de microgranite proviennent du rivage). Aucune trace de la sole et de sa couverture n’a été découverte sur le site. Celles-ci ont pu être systématiquement récupérées. La reconstitution de la chambre de chauffe s’avère donc impossible, les types de couvertures étant multiples (Greff 1991) et la sole pouvant être percée ou non. À titre d’exemple, ce genre de structure peut être comparé à la chambre de cuisson du Bronze final, découverte dans le lac d’Annecy à Sévrier (Haute-Savoie), qui faisait partie d’un ensemble complexe comprenant un alandier muni d’un pilier central soutenant la chambre et un foyer latéral (Bocquet, Couren 1975 ; Andrieux 1976). Les fours de Tatihou présentent eux aussi systématiquement une dalle en position centrale dans la dernière fosse qui peut être interprétée comme la base d’un pilier de soutènement.

103Le second type de four est plus classique. On connaît ces structures au Bronze final mais elles sont surtout très fréquentes sur les sites de l’âge du Fer. Les gisements régionaux ont livré des fours identiques disposés en « batteries », associés à des contextes de La Tène finale (St-Contest, Calvados, Jigan 1990 ; Fleury-sur-Orne, Calvados, San Juan et al. 1994). La fosse d’accès et parfois l’ensemble de la structure (dans le cas de FB5) sont situés dans les dépressions des fossés. La chambre de chauffe est creusée dans le limon et présente dans tous les cas un profil en cuvette. À Tatihou, elles ne sont hélas pas conservées dans leur intégralité et le mode de couverture du four est donc inconnu. Des fours domestiques en argile, d’une conception proche des structures de Tatihou et avec un profil de la chambre de chauffe identique, ont été mis au jour sur le site du second âge du Fer de Malain (Côte-d’Or, Roger 1975). À Malain, le feu aurait été allumé sur l’aire extérieure (fosse d’accès ou fosse cendrier) et les braises repoussées à l’intérieur de la chambre voûtée. Les fours de Tatihou ont pu fonctionner de la même façon (tirage vertical et foyer unique). On peut souligner le cas du four FB5 où deux chambres ont peut-être fonctionné en même temps.

104Les différences structurelles entre les deux types de fours peuvent être liées à des attributions fonctionnelles différentes. La fonction du premier type de four est inconnue, on ne peut cependant pas écarter les hypothèses de fours de potiers ou de séchoirs à grains. Le second type, de conception plus rudimentaire, peut être comparé aux fours culinaires où les aliments sont mis à cuire une fois le foyer réduit à des braises (Audouze 1989). Malheureusement, la fouille des structures n’a apporté aucun élément permettant de trancher la question.

105La répartition du mobilier céramique et lithique découvert à proximité ne permet pas non plus de répondre à ces problèmes d’ordre fonctionnel. De même, la situation des structures dans le comblement des fossés résulte, semble-t-il, d’un choix purement opportuniste (économie de moyens, protection des vents...) et rend difficile leurs mises en phase. En effet, la fosse d’accès des fours systématiquement située sur le profil d’équilibre des fossés de la phase 1 ne permet pas d’attribuer avec exactitude les structures à la phase 1 ou à la phase 2 (époque où les fossés devaient encore être visibles dans le paysage), les indices stratigraphiques étant trop ténus pour connaître la durée d’utilisation des fossés et des fours. Seul un four appartenant au premier type (fouillé lors des diagnostics de 1997 et 1998) peut être daté avec plus de précision grâce au corpus céramique retrouvé tout à fait identique aux mobiliers rattachés à la phase 1.

3.5 Les fosses silos

106Les fosses silos sont aujourd’hui des structures bien connues. Les recherches les plus poussées dans ce domaine concernent ces fosses protohistoriques tant sur le plan archéologique (Jonot, Villes 1976), qu’ethnologique (Sigaut 1978), ou expérimental (Reynolds 1976). Ces structures, lorsqu’elles sont conservées sur une hauteur importante, ont une ouverture étroite, leur conférant un profil tronconique ou à épaulement. L’étroitesse du « goulot » permet d’assurer une fermeture hermétique nécessaire à la conservation des grains (Gast, Sigaut 1979-1985). Elles sont alors sujettes à l’écroulement de leur partie haute, ce qui modifie leur profil.

3.5.1 Description

107Les silos découverts à Tatihou se caractérisent par leur morphologie unique (fig. 44 et 45). Ils présentent tous une ouverture circulaire, au niveau du décapage, et des parois verticales. Seuls les silos 31 et 193, avec leur forme oblongue, détonnent ; cependant la rectitude de leurs parois, leur fond plat, et leur mode de comblement semblable aux autres fosses silos permettent de les rattacher à ce groupe typologique, d’autant que leurs volumes sont comparables à ceux des autres (tabl. V).

FIG. 44. Plan de situation des fosses silos.

108FIG. 45. Plan et coupes des fosses silos, a limon gris + charbons de bois ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c charbon ; d limon très cendreux ; granité.

Fosses

Volume en m3

St. 31
St. 63
St. 73
St. 149
St. 193
St. 205

1,6
1,2
0,8
1,6
1,7
0,9

TABL. V. Volume des silos.

109Les problèmes de lecture dans les horizons pédologiques susjacents aux limons orangés (niveau de décapage) n’ont pas permis l’observation des parties hautes des silos (sur une hauteur parfois importante < 0,80 m). On ne connaît donc pas le profil exact des structures ; celui-ci peut être tronconique comme dans les cas protohistoriques ou bien être un peu plus cylindrique sur toute sa hauteur. Les deux types de profils se retrouvent sur les sites de l’âge du Bronze (Brun 1981).

3.5.2 Inventaire
fig. 45

110Fosse silo 31 : ouverture ovalaire (grand axe : 150 cm ; petit axe : 100 cm), paroi évasée puis quasi verticale (haut, sous le sol actuel : –130 cm), fond plat, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon gris charbonneux, d’un fin niveau charbonneux et de limon gris entrecoupé d’une petite couche riche en charbons.

111Fosse silo 63 : ouverture circulaire (diam. 98 cm), paroi évasée (haut, sous le sol actuel : –125 cm), fond plat, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon gris charbonneux riche en nodules d’argile rubéfiée de taille centimétrique, d’un fin niveau charbonneux et de limon gris à la base.

112Fosse silo 73 : ouverture circulaire (diam. 70 cm), paroi verticale (haut, sous le sol actuel : –135 cm), fond plat, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon argileux gris charbonneux, d’un fin niveau charbonneux et de limon gris-noir.

113Fosse silo 149 : ouverture circulaire (diam. 100 cm), paroi évasée verticale (haut, sous le sol actuel : –165 cm), fond plat irrégulier, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon gris charbonneux, d’un fin niveau charbonneux et de limon gris.

114Fosse silo 193 : ouverture ovalaire (L 160 cm ; 1 90 cm), paroi verticale légèrement rentrante (haut. sous le sol actuel : –122 cm), fond plat, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon argileux gris-noir charbonneux (riche en macrorestes [céréales]) entrecoupé de limon gris et limon noir riche en mobilier, puis d’un fin niveau charbonneux et de limon gris.

115Fosse silo 205 : ouverture circulaire (diam. 80 cm), paroi verticale (haut. sous le sol actuel : –125 cm), fond plat, comblement stratifié constitué de haut en bas de limon gris charbonneux, de limon noir, d’un fin niveau charbonneux et de limon gris à la base.

3.5.3 Synthèse

116Au-delà des simples analogies morphologiques, les fosses silos présentent des remplissages similaires, et ce quel que soit leur volume. La stratigraphie générale des fosses, lorsqu’elle a pu être observée, est constituée de quatre couches disposées en cuvettes emboîtées. La couche basale est une formation limoneuse grise, dépourvue de matériel. Elle est généralement scellée par un fin niveau charbonneux en situation intermédiaire. La couche supérieure est formée d’un limon argileux gris, riche en éléments anthropiques (charbons de bois, nodules d’argile rubéfiée, petits tessons très érodés...). Cette dernière strate résulte d’un dépôt rapide mais ne présente pas les caractéristiques d’un dépotoir. Elle est cependant invariablement liée à un rejet de type domestique (comblement à base de sol avoisinant la structure ?). De l’ensemble de ces considérations stratigraphiques ressort l’absence de véritable couche résultant de la dégradation des parties hautes des structures, contrairement aux nombreux exemples archéologiques protohistoriques. Les silos semblent donc avoir fait l’objet d’un rebouchage rapide après utilisation, dans le but possible d’une remise en état des terrains proches des zones bâties.

117L’utilisation précise de ces structures reste tout de même indéterminée, au-delà de la fonction généraliste de stockage en milieu confiné. En effet les céréales recueillies au sein des silos proviennent des couches de comblement de la fosse. Elles témoignent donc plutôt des activités réalisées à proximité de la structure que de sa fonction primaire. De même, aucune trace du bouchon qui fermait le goulot des silos n’a été observée.

118La répartition spatiale des silos semble intimement attachée aux constructions. La plupart des fosses sont en effet disposées à proximité des bâtiments ; la fosse silo 205 est elle sous le bâtiment 14 (fig. 44). La coexistence de structures (de stockage ?) bâties et de fosses silos peut paraître surprenante, il est cependant plus que probable que ces deux types d’unités aient eu des vocations différentes ou complémentaires. L’absence de lien corrélatif fin au niveau chronologique ne permet pas de trancher la question.

3.6 Les fosses et cavités diverses

119Une structure fossoyée, si elle ne présente pas des caractéristiques typologiques précises (comme les silos), est difficilement interprétable. L’étude des structures creusées se fonde donc sur des caractères de forme et de dimension. Les critères pris en compte pour la définition des classes morphologiques comprennent le plus grand diamètre ou les plus grandes dimensions, le rapport hauteur/largeur/profondeur, et dans un cadre plus descriptif le profil.

3.6.1 Description

120Les trous de poteaux sont les plus fréquents. Ce sont de simples cavités circulaires d’un diamètre compris entre 0,20 et 0,60 m. Les profils sont généralement en U ; leurs profondeurs varient entre 0,65 et 1,00 m sous le sol actuel, avec un maximum de fréquence autour de 0,75-0,90 m. Les couches de comblement sont formées de limon gris parfois plus sombre ; quelques trous de poteaux ont livré des pierres de calage. Ils sont généralement isolés, ou plus rarement groupés par deux ou trois. Les couples de structures de maintien sont relativement semblables, il s’agit de cavités espacées d’1,5 à 2 m, parfois situées à cheval ou le long des fossés. Les regroupements de structures par trois sont moins fréquents ; on a cependant observé un alignement orienté N-O/S-E et un groupe de fosses dessinant un plan triangulaire.

121Les fosses sont généralement de plan ovalaire ou quasi circulaire, plus rarement quadrangulaire ou oblongue (formant parfois un véritable petit fossé). Certaines aux contours et aux profils irréguliers semblent avoir eu une fonction particulière.

122Les fosses de plan ovalaire ont un grand axe moyen n’excédant jamais le mètre. Leurs profondeurs extrêmement variables sont comprises entre 0,65 et 1,30 m à partir du sol actuel. L’étude de leurs modes de comblement a mis en évidence des phases de colmatage naturel parfois entrecoupées de niveaux résultant de remplissages volontaires (liserés charbonneux, rejets de mobilier...).

123Les fosses de plan quadrangulaire sont généralement de petite taille (< à 0,60 m de côté) et peuvent avoir eu la même fonction que les structures de maintien. Seule la fosse 185 possède des dimensions plus importantes (fig. 46).

FIG. 46. Plan et coupe de la structure quadrangulaire 185. a limon gris.

124Les structures de plan polylobé sont de dimensions et de formes variables. Elles résultent de creusements successifs et proches (dans le temps et l’espace). Les lobes les constituant montrent tous un profil en cuvette. Leurs recoupements démontrent que généralement les creusements ne se sont pas effectués au même moment et de la même manière, les profondeurs ainsi que les dimensions des lobes sont relativement variées. Le mobilier recueilli au sein de ces structures est rare et extrêmement fragmenté ; il se place généralement au stade final de rebouchage de ces fosses après le comblement partiel des cuvettes alvéolées.

3.6.2 Synthèse : fonction des structures et analyse spatiale

125Les arguments morphologiques étant posés, il est possible de tenter une approche fonctionnelle et spatiale de certaines des structures. Il est bien entendu difficile d’exploiter les données relatives aux modes de comblement de leur ensemble. Ils semblent généralement résulter de processus de comblement naturel ou dans de rares cas de rejets volontaires. Ces derniers sont représentés par des niveaux de limon argileux gris-noir à noir auxquels sont mêlés des petits charbons de bois et plus rarement des tessons de céramique centimétriques fortement érodés (inutilisables dans le cadre d’une approche typologique). L’absence de coquillage dans les couches de comblement des structures est cependant un indice pour une attribution chronologique à l’âge du Bronze de la totalité des fosses. Les coquillages ne sont conservés que dans les structures plus récentes, à partir de la fin du second âge du Fer.

126Les trous de poteaux appartiennent aux restes de constructions ou d’aménagements divers. Isolés, il est difficile de leur donner une attribution fonctionnelle précise. Groupés, ils sont peut-être les derniers témoins de bâtiments ou des soutiens de « passerelles » sur les fossés.

127La fosse quadrangulaire 185 (fig. 46) est peut-être liée à un bâtiment dont les principales composantes architecturales ne sont pas conservées (la présence de parois rectilignes dans la fosse témoigne de l’existence d’une couverture ou d’un coffrage). Typologiquement cette structure est proche des « caves ateliers » boisées ou des « fonds de cabane » fréquents sur les sites de l’âge du Fer de l’ouest de la France (Menez, Arramond 1997). Une deuxième fosse de ce type a été mise au jour lors des sondages de 1997 et 1998. Cette dernière présente les mêmes caractéristiques morphologiques que la fosse 185. Elle a cependant connu deux états différents. De l’état initial, il ne reste que la partie basse de la structure comblée de limon gris sur une vingtaine de centimètres de hauteur. Par contre, le deuxième état est très bien conservé. Il a été creusé au dépend de la première structure, outrepassant très légèrement les parois originelles. La structure présente un coffrage de dalles de granite de plus de 30 cm de longueur posées de chant et disposées sur les parois nord-ouest et sud-est. Le reste de la fosse est comblé d’un premier niveau de limon brun puis d’un bouchon constitué de blocs de granité. Un vase archéologiquement complet, attribué à la phase 1, a été retrouvé dans cette fosse. Cette structure, sans répondre à l’attribution fonctionnelle pour ces fosses quadrangulaires, fournit des données complémentaires relatives à la conservation des parois et à la présence d’un coffrage.

128Les fosses irrégulières ou de plan polylobé résultent sans doute de plusieurs phases d’extraction au même endroit (fig. 47). À Tatihou, elles ne sont pas situées à proximité des bâtiments comme dans la plupart des exemples pré ou protohistoriques (Villes 1982) ; au contraire, elles ont été creusées assez loin des zones bâties, le long de l’affleurement de granite au nord-est du décapage. Elles ne semblent donc pas avoir eu pour vocation première l’extraction du limon pour l’élaboration de parois en torchis mais plutôt la récupération d’arène granitique altérée pour une utilisation qui reste inconnue (l’extraction de matériau pour les activités potières n’est pas à exclure).

FIG. 47. Plan et coupe de la fosse 372. a limon gris ; b limon gris-blanc.

3.7 Les enclos circulaires et quadrangulaires

129Au nord et à l’est du clos du lazaret, les sondages de 1997 et 1998 ont révélé un ensemble de structures évoquant une fonction funéraire de ces deux zones. Il s’agit de sept enclos circulaires ou rectangulaires de petite taille dont deux ont fait l’objet d’une fouille exhaustive (fig. 48).

FIG. 48. Plan de situation des enclos circulaires et quadrangulaires.

3.7.1 Description

130L’enclos 514 (fig. 49) a été décapé lors des travaux de diagnostic de 1997 et entièrement fouillé. Il est délimité par un fossé grossièrement circulaire de 8,5 m de diamètre, profond de 0,80 m en moyenne, sous le niveau topographique (fig. 50). Son profil est généralement en forme de U plus ou moins évasé et son comblement est relativement homogène si l’on fait exception des petits empierrements ponctuels reposant sur le fond du fossé. L’examen des coupes réalisées tous les 2 m ne permet pas de reconnaître un éventuel talus le long de la structure (voire un véritable tumulus). Un bâtiment à quatre poteaux porteurs, de 2 x 2,5 m, occupe la partie centrale de l’enclos (B27, fig. 49). Les trous de poteaux sont de profondes fosses de calage d’une profondeur avoisinant 0,90 m. Le comblement de la totalité de ces structures est constitué de paillettes de charbons de bois et de nodules d’argile rubéfiée mêlés à un limon brun-gris. Le mobilier, essentiellement céramique, recueilli dans le comblement du fossé ou dans les fosses de calage du bâtiment est rare et fragmenté. Il est de manière générale peu discriminant. Le seul élément reconstituable est un bord de vase à col droit et à lèvre biseautée impossible à situer chronologiquement (bien qu’il évoque indéniablement certains des éléments de bords de la phase 1). On peut toutefois remarquer que l’ensemble du mobilier céramique est constitué de vases à paroi fine, relativement soignés.

FIG. 49. L’endos 514. Les points correspondent à la partie interne du fossé. A terre végétale ; b limon brun ; c limon brun-gris.

FIG. 50. L’enclos 514 et son dispositif à 4 poteaux.

131Le second enclos (663), fouillé en 1998, est constitué de deux tronçons de fossé en arc de cercle délimitant une aire circulaire dépourvue de structures de 7 m de diamètre (fig. 51). Les coupes radiales ont permis de reconnaître le profil des fossés ainsi que leurs modes de remplissage qui sont relativement semblables au fossé de l’enclos 514. La seule différence réside dans la découverte au S/S-E de l’enclos 663 d’un vase complet écrasé. Il s’agit d’une petite forme en tonneau munie de deux languettes tout à fait comparable aux récipients mis au jour dans les structures de la phase 1.

FIG. 51. L’enclos 663. Les points correspondent à la partie interne du fossé, a terre végétale ; b limon brun ; c limon gris ; d limon gris-noir.

3.7.2 Synthèse

132Les enclos circulaires ou quasi circulaires font partis des structures classiques des nécropoles protohistoriques du Rhin aux rivages de l’Atlantique. Ils sont datés de la deuxième moitié du IIIe millénaire à La Tène ancienne (Baray et al. 1994). Dans le nord de la France et Outre-Manche, ce type de monument est bien connu et finement analysé dans des régions bénéficiant en général de structures bien conservées et parfois encore en élévation. Le monument circulaire de West Asby, dans le Lincolnshire, est à ce titre représentatif puisque pas moins de sept phases d’utilisation ont pu être mises en évidence (Field 1985).

133En Basse-Normandie, les résultats de la prospection aérienne (travaux de J. Desloges et G. San Juan) ont permis l’observation de plus d’une centaine d’enclos de ce type dans la plaine de Caen (dont une vingtaine explorés à ce jour). Plusieurs sites ont fait l’objet d’une véritable fouille, on citera pour mémoire les deux cercles datés de la fin de l’âge du Bronze/premier âge du Fer de Soulangy (fouille I. Jahier) et la nécropole fouillée par D. Leroy à Mondeville, datée de l’âge du Bronze moyen grâce à une date 14C (Gif9195 : 3 080 ± 60 BP, soit 1 488-1 171 BC). Peu de sites ont été découverts dans le département de la Manche, le couvert végétal limitant la prospection aérienne. Cependant deux nécropoles ont été étudiées : plusieurs tertres du Bronze ancien/moyen dans le Nord-Cotentin (Lemière, Bogard 1989) et une douzaine d’enclos de la fin de l’âge du Bronze/premier âge du Fer à Agneaux dans le centre du département (Ghesquière et al. 2000b). Les éléments recueillis lors des fouilles de la plupart de ces sites restent limités : les éléments de datation sont rares ou inexistants et l’état de conservation médiocre des fossés interdit généralement toute interprétation. L’hypothèse d’un tertre ceinturé par un fossé est toutefois évoquée dans la plupart des cas et généralement admise.

134Les enclos de Tatihou ne dérogent pas à la règle et ne remettent pas en cause les données acquises sur le plan régional. Cependant, les exemples d’enclos circulaires protohistoriques associés à des bâtiments sur poteaux restent relativement rares, en Basse-Normandie et au-delà. Leur nombre tend toutefois à s’accroître depuis quelques années. Les enclos de Courseulles dans le Calvados (Jahier 1998) et de Antran dans la Vienne (Pautreau 1988) en sont les exemples les plus proches. Il existe aussi des variantes. Ainsi à Mondeville/La Sente, le bâtiment n’est pas au centre de l’enclos mais à proximité immédiate (étude en cours, Desloges, Ghesquière et Marcigny). Pour ce qui est de la restitution du tertre, les données de Tatihou sont trop lacunaires pour permettre d’éventuelles reconstitutions même hypothétiques. La datation de ces structures fouillées est aussi à l’heure actuelle impossible à réaliser bien que les éléments céramiques orientent vers une attribution chronologique à la phase 1 de l’occupation du site.

3.8 Premières conclusions

3.8.1 L’âge du Bronze

135À l’âge du Bronze, le site de Tatihou associe tous les éléments d’une occupation domestique et il est possible, par l’approche des structures, de dresser un portrait liminaire de l’occupation. Elle est caractérisée par l’implantation, durant la première phase, d’une structure de barrage et d’un système parcellaire dans un paysage jusqu’alors peu fréquenté. L’aire interne de certaines parcelles est alors occupée par de nombreux bâtiments, certains assurant la fonction de stockage et/ou de petites unités artisanales, et d’autres domestiques. Autour des éléments bâtis se dispersent des creusements divers et des structures de combustion (enterrées ou en élévation). Dans d’autres parcelles, des petits enclos à « vocation funéraire » ont été mis en évidence mais leur datation n’est pas strictement assurée (enclos circulaires et quadrangulaires). Après une période d’utilisation marquée par de nombreux recreusements et/ou curage, le système parcellaire de l’état initial est conservé en partie. Sa partie ouest est cependant modifiée et aménagée de manière à accueillir un espace bâti entre deux fossés qui forment ainsi un véritable enclos dont l’accès est aménagé à l’aide de petits tronçons de fossés (phase 2). Cet enclos est par la suite abandonné et la trame parcellaire profondément modifiée (phase 3).

136Après un hiatus de plus d’un millénaire durant lequel Tatihou commence à acquérir son caractère insulaire, la zone est à nouveau occupée à la fin de l’âge du Fer et au début de l’Antiquité puis aux époques médiévale et moderne.

3.8.2 L’occupation de la fin de la Protohistoire
fig. 52

137Au nord du clos du lazaret, la limite méridionale d’un probable enclos, appuyé sur un affleurement de granite, a été mise en évidence. Il est de forme quadrangulaire et ceinturé par un fossé qui a fonctionné ouvert. Le côté sud mesure environ 50 m. Le fossé se caractérise par la régularité de son profil et de son mode de comblement. Il est bien entendu délicat de proposer une attribution fonctionnelle à cette structure. Cependant, la profondeur du fossé et les dimensions de l’enclos, proches des établissements agricoles fouillés dans la région, constituent de bons indices pour reconnaître ce type d’établissement.

FIG. 52. Plan des structures rattachées à la fin de l’âge du Fer et au début de la Conquête.

138Identifié sur l’ensemble de la surface de l’île, un réseau parcellaire se développe suivant les mêmes axes que l’enclos. Il est dressé selon une trame orthonormée, d’orientation S-O/N-E. Les fossés de délimitation des parcelles ont le même profil et le même type de comblement. Ce système parcellaire, bien que reconnu sur une surface interdisant toute analyse spatiale, semble appartenir à un vaste ensemble cohérent lié à la mise en valeur du territoire autour de l’enclos principal.

139Le mobilier archéologique recueilli dans le comblement des fossés de l’enclos et du parcellaire est rare. Il est uniquement constitué de coquillages marins rongés par l’acidité du sol, de céramique et de quelques éléments lithiques résiduels. Les restes céramiques sont peu abondants, un peu plus d’une centaine de tessons, et extrêmement érodés. Ils forment tout de même un ensemble typologiquement cohérent. Aucune forme n’est archéologiquement complète. Il est cependant possible d’individualiser un fragment de jatte à haut col décoré d’au moins quatre moulures (fig. 53, no 1), un bord souligné d’un décor de cannelures encadrant un motif hachuré réalisé à la pointe mousse (fig. 53, no 2) et un fragment de probable jatte basse décoré de cannelures associées à un décor estampé constitué d’une frise de motifs d’arceaux et d’ocelles réalisés au poinçon (fig. 53, no 5).

FIG. 53. Mobilier céramique de l’âge du Fer.

140Le gisement, bien que situé dans le domaine armoricain, comprend un assemblage mobilier présentant à parts égales des céramiques d’affinité occidentale et des céramiques proches d’exemplaires découverts dans la plaine de Caen. Ainsi, le décor estampé associant une frise de motifs d’arceaux et d’ocelles est un classique des céramiques armoricaines de la fin de l’époque de La Tène (Daire 1992). On le retrouve plus particulièrement sur des jattes basses. Cependant, le décor de cannelures encadrant un motif réalisé au lissoir est un des décors fréquemment rencontrés sur les sites de la plaine de Caen. Sa présence est attestée à Mondeville et Cormelles-le-Royal (Marcigny 1995 ; Carpentier et al. 2002) ou encore à Fleury-sur-Orne (San Juan et al. 1994). Il est généralement associé à des formes hautes (terrines). Ces formes sont peu fréquentes dans le domaine armoricain. La jatte à haut col, seul élément reconstituable, est une forme peu fréquente que l’on retrouve à la fin du Ier s. avant notre ère de la Bretagne au Pays d’Auge (Lepaumier 1996). Cet assemblage céramique associe des éléments de tradition indigène et des formes ou des tessons de technologie gallo-romaine (terra nigra par exemple).

141Cette occupation présente toutes les caractéristiques d’un établissement à vocation agricole : enclos/cour et parcellaire attenant. L’absence d’un corpus mobilier riche et diversifié, en particulier l’absence d’objets métalliques, rend la datation du site délicate. Cependant la présence de quelques éléments de facture gallo-romaine oriente la datation vers la fin du Ier s. avant notre ère.

3.8.3 Les occupations médiévales et modernes
fig. 54

142À l’époque médiévale, un bâtiment est élevé dans le secteur oriental de l’île (Carpentier et al. 2000). Ce dernier n’a pas été fouillé lors de l’opération mais une petite fosse dépotoir localisée à proximité immédiate de sa façade ouest a fait l’objet d’un sondage. Un abondant mobilier osseux et céramique a ainsi pu être examiné. Mêlés à des ossements de cétacé et à de nombreux coquillages, plusieurs fragments de pichets caractéristiques des xiie-xive s. ont été recueillis. Un second bâtiment dont la phase d’abandon est datée des xve-xvie s. a aussi été observé au sud-est du site. A titre d’hypothèse, il n’est pas exclu que ces deux bâtiments appartiennent au même ensemble architectural qui peut être lié à la « Tour » de l’île devenue par la suite la demeure du sieur de Bordemer. Cet ensemble est encore en partie visible sur la « carte particulière de la rade de la Hougue » levée en 1639 lors de la mission d’inspection des côtes de la Manche, confiée par le cardinal de Richelieu à Louis Le Roux d’Infreville. Il s’agit d’un manoir disposé en L, avec une tour accolée au corps de bâtiment.

FIG. 54. Plan des structures rattachées à la période médiévale.

143La dernière phase d’occupation observée lors du diagnostic est caractérisée par la mise en culture de l’ensemble de l’île. Cette phase est représentée par quatre zones de billons délimitées par des fossés (fïg. 4). Les billons sont observables en microtopographie sous la forme de levées de terre parallèles séparées par de petits fossés ou « raies ». Leur largeur est comprise entre 14 et 16 m pour une hauteur conservée avoisinant 0,30 à 0,60 m. Ils sont liés à la ferme fortifiée édifiée dans la seconde moitié du XVIIe s. Les billons sont par la suite recoupés par le réseau de retranchements et de redoutes, le fort et le lazaret.

Índice de ilustraciones

Leyenda FIG. 8. Plan des structures rattachées à l’âge du Bronze.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-1.jpg
Archivo image/jpeg, 65k
Leyenda FIG. 9. Clos du lazaret, plan des structures attribuées à l’âge du Bronze.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-2.jpg
Archivo image/jpeg, 77k
Leyenda FIG. 10. Les principales étapes de l’évolution des sols lœssiques de l’île de Tatihou à l’Holocène.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-3.jpg
Archivo image/jpeg, 67k
Leyenda FIG. 11. Coupe stratigraphique des fossés 13, 13’ et 155.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-4.jpg
Archivo image/jpeg, 16k
Leyenda FIG. 12. Les fossés « ouverts ». a coupes stratigraphiques de ce type de fossés (fossés 61 et 13) ; b proposition de restitution de l’évolution du fossé 61. Le caractère asymétrique du fossé est expliqué par la présence d’un talus.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-5.jpg
Archivo image/jpeg, 39k
Leyenda FIG. 13. Les fossés « fermés » (tranchées de fondation), a coupe stratigraphique du fossé 85 ; b proposition de restitution de l’évolution du fossé.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-6.jpg
Archivo image/jpeg, 26k
Leyenda FIG. 14. Coupe stratigraphique du fossé 85 (éch. : 40 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-7.jpg
Archivo image/jpeg, 18k
Leyenda FIG. 15. Plan et coupe schématique de la structure de barrage.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-8.jpg
Archivo image/jpeg, 35k
Leyenda FIG. 16. Mise en phase et relations chronologiques des fossés de la phase 1 (à gauche de la figure) à la phase 3 (à droite) : diagramme stratigraphique dressé à partir des différents recoupements ou intersections de fossés (observation en plan et en coupe).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-9.jpg
Archivo image/jpeg, 82k
Leyenda FIG. 17. Répartition du mobilier céramique en poids.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-10.jpg
Archivo image/jpeg, 52k
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-11.jpg
Archivo image/jpeg, 67k
Leyenda FIG. 18. Phase 1. Coupes des fossés, a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-12.jpg
Archivo image/jpeg, 46k
Leyenda FIG. 19. Phase 2. Coupes des fossés. a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-13.jpg
Archivo image/jpeg, 63k
Leyenda FIG. 20. Phase 3. Coupes des fossés, a structure n’appartenant pas à cette phase ; b limon gris ; c limon gris-noir ; d limon gris-blanc ; e limon orange ; f limon bigarré.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-14.jpg
Archivo image/jpeg, 48k
Leyenda FIG. 21. Plan de situation des bâtiments.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-15.jpg
Archivo image/jpeg, 27k
Leyenda TABL. IV. Les différents types de bâtiments.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-16.jpg
Archivo image/jpeg, 17k
Leyenda FIG. 22. Phase 1 : le bâtiment à plan circulaire (bât. 25). b limon gris ; d limon gris-blanc ; f limon bigarré.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-17.jpg
Archivo image/jpeg, 35k
Leyenda FIG. 23. Les bâtiments circulaires : les exemples de Black Patch et Trethellan Farm, a Black Patch, plan de situation ; b Black Patch, hutte 3 ; c Trethellan Farm, reconstitution de la maison 222.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-18.jpg
Archivo image/jpeg, 94k
Leyenda FIG. 24. Phase 2 : le bâtiment 21. a limon gris ; b limon gris-noir ; c granité ; d microgranite.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-19.jpg
Archivo image/jpeg, 36k
Leyenda FIG. 25. Un des trous de poteaux du bâtiment 21 (éch. : 30 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-20.jpg
Archivo image/jpeg, 11k
Leyenda FIG. 26. Les bâtiments à 5 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-21.jpg
Archivo image/jpeg, 38k
Leyenda FIG. 27. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d limon orangé.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-22.jpg
Archivo image/jpeg, 63k
Leyenda FIG. 28. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-23.jpg
Archivo image/jpeg, 60k
Leyenda FIG. 29. Les bâtiments à 4 trous de poteaux, a limon gris ; d granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-24.jpg
Archivo image/jpeg, 26k
Leyenda FIG. 30. Les bâtiments à 6 trous de poteaux. a limon gris ; b limon gris-noir ; c limon bigarré ; d limon orangé ; e granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-25.jpg
Archivo image/jpeg, 86k
Leyenda FIG. 31. Les bâtiments à plan indéterminé, a limon gris ; d granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-26.jpg
Archivo image/jpeg, 26k
Leyenda FIG. 32. Un des bâtiments à 4 poteaux d’angle (type grenier).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-27.jpg
Archivo image/jpeg, 18k
Leyenda FIG. 33. Les bâtiments de la phase 2. En noir, les fossés de la phase 2 et en pointillé, les fossés de la phase 1.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-28.jpg
Archivo image/jpeg, 18k
Leyenda FIG. 34. Plan de situation des structures de combustion.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-29.jpg
Archivo image/jpeg, 29k
Leyenda FIG. 35. Les fours FB2 et FB3 placés dans l’angle d’une parcelle.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-30.jpg
Archivo image/jpeg, 17k
Leyenda FIG. 36. Plan et coupes du four FB1. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité ; f microgranite.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-31.jpg
Archivo image/jpeg, 32k
Leyenda FIG. 37. Le four FB1 entièrement dégagé (éch. : 1 m).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-32.jpg
Archivo image/jpeg, 17k
Leyenda FIG. 38. Détail du dispositif de l’alandier du four FB1.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-33.jpg
Archivo image/jpeg, 21k
Leyenda FIG. 39. Plan et coupes du four FB2. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon orange ; d limon gris-blanc ; e limon rubéfié ; f charbon ; g granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-34.jpg
Archivo image/jpeg, 37k
Leyenda FIG. 40. Plan et coupes du four FB3. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité ; microgranite.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-35.jpg
Archivo image/jpeg, 36k
Leyenda FIG. 41. Le four FB3 en cours de fouille. Vue de l’alandier encore couvert par une dalle d’arkose et de la chambre de chauffe détruite au premier plan (éch. : 40 cm).
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-36.jpg
Archivo image/jpeg, 15k
Leyenda FIG. 42. Plan et coupe du four FB4. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-37.jpg
Archivo image/jpeg, 19k
Leyenda FIG. 43. Plan et coupes du four FB5. a limon gris ; b limon gris-noir + charbons de bois ; c limon rubéfié ; d charbon ; e granité.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-38.jpg
Archivo image/jpeg, 33k
Leyenda FIG. 44. Plan de situation des fosses silos.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-39.jpg
Archivo image/jpeg, 29k
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-40.jpg
Archivo image/jpeg, 36k
Leyenda FIG. 46. Plan et coupe de la structure quadrangulaire 185. a limon gris.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-41.jpg
Archivo image/jpeg, 12k
Leyenda FIG. 47. Plan et coupe de la fosse 372. a limon gris ; b limon gris-blanc.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-42.jpg
Archivo image/jpeg, 14k
Leyenda FIG. 48. Plan de situation des enclos circulaires et quadrangulaires.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-43.jpg
Archivo image/jpeg, 54k
Leyenda FIG. 49. L’endos 514. Les points correspondent à la partie interne du fossé. A terre végétale ; b limon brun ; c limon brun-gris.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-44.jpg
Archivo image/jpeg, 41k
Leyenda FIG. 50. L’enclos 514 et son dispositif à 4 poteaux.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-45.jpg
Archivo image/jpeg, 15k
Leyenda FIG. 51. L’enclos 663. Les points correspondent à la partie interne du fossé, a terre végétale ; b limon brun ; c limon gris ; d limon gris-noir.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-46.jpg
Archivo image/jpeg, 40k
Leyenda FIG. 52. Plan des structures rattachées à la fin de l’âge du Fer et au début de la Conquête.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-47.jpg
Archivo image/jpeg, 60k
Leyenda FIG. 53. Mobilier céramique de l’âge du Fer.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-48.jpg
Archivo image/jpeg, 15k
Leyenda FIG. 54. Plan des structures rattachées à la période médiévale.
URL http://books.openedition.org/editionsmsh/docannexe/image/23313/img-49.jpg
Archivo image/jpeg, 59k

Salvo indicación contraria, el texto y otros elementos (ilustraciones, archivos adicionales importados) se puede utilizar bajo licencia OpenEdition Books License.

Esta publicación digital es el resultado de un proceso automático de reconocimiento óptico de caracteres.

Leer

Open access

Comprar

Buscar en OpenEdition Search

Se le redirigirá a OpenEdition Search