1 C. Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, Paris, Puf, 2002 [1983], p. 10.
2 Voir par exemple J. Sugden, Boxing and Society, op. cit., p. 56 et suiv. ; L. Wacquant, Corps et âme, op. cit., p. 149 et suiv. ; C. Rotella, Cut Time. An Education at the Fights, Chicago, University of Chicago Press, 2003.
3 A. Rauch, Boxe, violence du xxe siècle, op. cit., p. 284.
4 Voir E. Husserl, Méditations cartésiennes. Introduction à la phénoménologie, Paris, Vrin, 2001 [1931], p. 35.
5 Voir respectivement : K. Sheard, « Aspects of boxing in the Western “civilizing process” », op. cit., p. 33-34 ; A. Rauch, Boxe, violence du xxe siècle, op. cit., p. 25-26.
6 Voir S. K. Weinberg & H. Arond, « The occupational culture of the boxer », op. cit., p. 465-466.
7 Ce langage en termes de « région postérieure » (les coulisses de l’action) et de « région antérieure » (les scènes de l’agir) s’inspire de la microsociologie d’Erving Goffman ; voir La présentation de soi, op. cit., p. 105 et suiv.
8 Les combats de boxe apparaissaient au sociologue comme un modèle de ces « activités fatales » qui mettent le cours de la vie en question et génèrent par conséquent angoisse et agitation ; voir Les rites d’interaction, op. cit., p. 146-147.
9 Sur cette tension dramatique qu’occasionnent les affrontements sportifs en public, voir également J. Gusfield, « Sport as story : form and content in agonistic games », in Performing Action. Artistry in Human Behavior and Social Research, New Brunswick-London, Transaction Publishers, 2000, p. 101-122.
10 Selon l’expression des sociologues Patrick Murphy et Kenneth Sheard, cette « main de fer dans un gant de cuir » constitue par là même une réalisation paradoxale de la fonction d’euphémisation des chocs initialement dévolue à ce type d’accessoires ; voir « Boxing blind : unplanned processes in the development of modern boxing », op. cit., p. 548-549.
11 J. Baudrillard, L’échange symbolique et la mort, Paris, Gallimard, 1976, p. 165 et suiv.
12 Dans « La lutte est-elle intelligible ? », un essai où Jean-Paul Sartre se sert de l’exemple pugilistique comme d’un paradigme empirique du conflit réduit à son expression intersubjective, le philosophe propose de concevoir les commentaires très souvent agressifs des spectateurs de boxe comme l’expression d’une « violence fondamentale » qui trouve à s’incarner dans les boxeurs. Pour Sartre, la « violence-événement » se situe donc moins dans le corps à corps technicisé des pugilistes que dans les projections auxquelles il donne lieu du côté des spectateurs ; voir Critique de la raison dialectique. 2. L’intelligibilité de l’histoire, Paris, Gallimard, 1985 [1958], p. 36 et suiv.
13 Au moment de l’enquête, la plupart des combats amateurs étaient encore disputés en trois reprises de trois minutes (3 × 3). Une évolution du « code sportif de la boxe amateur style olympique » fixe désormais leur durée réglementaire à quatre reprises de deux minutes (4 × 2). Rappelons en guise de comparaison que les boxeurs professionnels s’affrontent en 4 × 3 pour les débutants, 6 × 3 ou 8 × 3 pour la plupart des combats de gala, et enfin 10 × 3 ou 12 × 3 pour les rencontres de haut niveau national ou international.
14 Selon le « code sportif » publié en France par la Ligue nationale de boxe professionnelle, les pugilistes rattachés à cette organisation sont classés en quatre groupes de valeur : A, B, C et D. À chacun de ces groupes correspond une compétition. Tandis que les professionnels débutants du groupe D disputent le « critérium des espoirs », leurs confrères du groupe C s’affrontent dans le « tournoi de France », ceux du groupe B pour la « coupe de la Ligue », et ceux du groupe A pour le titre de « champion de France ». Un système de points distribués selon les victoires, les défaites et les matchs nuls permet aux pugilistes de s’élever dans la hiérarchie des groupes.
15 Au cours des années 1980, le Cercle pugilistique d’Estville (CPE) fut non seulement le principal club de boxe de la ville, mais aussi l’incontournable organisateur de galas pour le département. L’influence de ses dirigeants auprès des juges et du corps arbitral était alors connue de tous.
16 Telles qu’elles apparaissent dans ces analyses, la « préservation de la face » et la « tenue de la déférence » sont des notions empruntées au lexique d’Erving Goffman (Les rites d’interaction, op. cit., p. 9-42 et 43-85) ; pour une ethnographie du même type d’enjeux dans le Muay Thaï, voir S. Rennesson, « La boxe thaïlandaise : assurer le spectacle et ne pas perdre la face », Ethnologie française, 36 (4), 2006, p. 643-650.
17 Tandis que les arbitres opèrent sur le ring, les juges évaluent les affrontements depuis les tables placées autour de l’aire de combat. Ils constituent un jury qui pourra être diversement composé. Les configurations les plus fréquemment observées s’alternent comme suit : soit un juge-arbitre assisté de deux juges au bas du ring (les trois prenant part à la décision finale), soit un arbitre-directeur de combat assisté de trois juges chargés de rendre seuls le verdict.
18 Cette façon particulière de rendre les décisions en faveur du combattant local est à ce point classique dans le monde pugilistique qu’on la connaît aux États-Unis sous l’appellation de « hometown decision » ; à ce propos, voir L. Wacquant, Corps et âme, op. cit., p. 190 et suiv. ; C. Rotella, Cut Time, op. cit., p. 53 et suiv.
19 Voir D. Le Breton, « L’ordalie aujourd’hui », Passions du risque, Paris, Métailié, 2000 [1991], p. 53 et suiv.
20 Voir R. Girard, La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972, p. 9 et suiv.