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Dossier : Place aux objets !

Dossier : Place aux objets ! Présentification et vie des artefacts en Grèce ancienne

Introduction

Présences des artefacts

Introduction. Presence of artifacts

Manon Brouillet und Cléo Carastro

Volltext

  • 1 Les statues meurent aussi, de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet, court-métrage, 1953
  • 2 Kelly 2007.
  • 3 Schaeffer 2004.
  • 4 Selon la distinction entre « object » et « thing » proposée par Brown 2001, et qui s’appuie notamm (...)
  • 5 Que l’on songe aux déambulations de Bourdieu 1994 entre tableaux de maîtres et dispositifs cultuel (...)
  • 6 L’appropriation des objets d’art dits primitifs en Occident, tout comme les pratiques des collecti (...)
  • 7 Autre déambulation suggestive : celle de Lévi-Strauss, en 1943, dans les salles qui avaient été co (...)

1Les objets meurent aussi. Constater la mort des statues, comme l’ont fait Alain Resnais et Chris Marker visitant le Musée de l’Homme, le musée du Congo Belge et le British Museum en 19531, nous rappelle que la majorité des artefacts de l’Antiquité qui nous sont parvenus sont liés à la mort. Non seulement la mort muséale, marquée par l’enfermement et étape ultime de leur vie sociale, mais surtout la mort de ceux qui les ont créés, maniés, donnés, reçus, transformés, et dans les tombes desquels ils ont le plus souvent été retrouvés. Les objets meurent-ils alors comme les civilisations ? Les masques africains, les ustensiles rituels, la statuaire des premiers musées ethnographiques2, tout comme les collections des arts premiers dans les nouveaux musées3 ne cessent de faire parler d’eux. En les conservant « dans la glace des vitrines », le dispositif muséal ferait d’eux des choses et non plus des objets4. Soustraits à leurs contextes d’usage, les objets perdent leur fonction première pour accéder à un statut différent. Celui de choses, qui résistent. Sortent-ils pour autant du réseau des relations sociales ? La réponse est clairement négative. Que ce soit dans les églises5, dans les collections privées ou dans les expositions, la manipulation continue6. La présence des artefacts, anciens ou contemporains, s’impose à nous7.

  • 8 Appadurai 1986. La problématique contemporaine de la deuxième vie des objets retient l’attention d (...)
  • 9 Hölscher 1993.
  • 10 Voir le travail de Stoler 2008, qui propose une analyse de la vie politique des débris, afin de me (...)
  • 11 Langdon 2001. Crielaard 2013 adopte une perspective semblable en proposant une biographie « archéo (...)
  • 12 Grimaud, Vidal 2012.
  • 13 Malamoud 2012.
  • 14 Latour 1991.
  • 15 Bernand, Gruzinski 1988. Hartog 2005.
  • 16 Durkheim 1912, p. 270-271. Pour une réévaluation de la notion de mana, cf. Mazzarella 2017.
  • 17 Strathern 1990.
  • 18 Gell [1998] 2009.
  • 19 Ingold 2013.
  • 20 Severi 2017.

2Il importe alors de s’entendre sur le genre de vie que l’on « accorderait » aux objets. Car les travaux en anthropologie économique confèrent aux biens matériels une ou plusieurs vies, reposant sur leur circulation, leur échange et leur réemploi8. Il serait question d’une vie sociale dans le sens d’une vie en interaction avec la société des hommes9 et où les objets peuvent fonctionner comme des médiateurs de relations. Cette fonction relationnelle a connu des emplois notables dans l’histoire de la vie sociale et politique des objets10. Dans cette perspective, l’archéologie qui a pris le « tournant matériel » s’est adonnée à l’écriture de biographies d’objets, expression à laquelle on attribue un sens uniquement métaphorique11. Une vie marquée paradoxalement par l’inertie, où l’objet constitue l’élément de stabilité autour duquel les relations s’organisent et se transforment. Cette inertie, que l’on a l’habitude d’attribuer à la matière, est cependant susceptible d’être dissimulée par le mouvement que l’on peut lui imprimer. Que l’on pense aux automates d’Héphaïstos chez Homère ou à ceux que l’on construisait dans les cités hellénistiques. Ces objets ont toujours été convoqués dans l’histoire généalogique de la robotique, en raison de leur capacité à bouger, qui donne aux artefacts une « inquiétante étrangeté12 ». Mais l’animation de ces artefacts par le mouvement ne serait au final que l’effet de truchement de mécanismes conçus pour susciter la stupeur13, destinés à faire croire. Serions-nous encore dupes du paradigme des modernes ? Les sciences sociales qui seraient elles-mêmes issues de cette illusion14, semblent avoir cautionné, et continueraient à le faire, ce partage entre les modernes et les « sauvages ». Les Anciens étant rangés plus facilement du côté de ces derniers, notamment depuis l’expérience américaine15. Et pourtant, le paradoxe est d’autant plus grand que, au fondement des théories de la circulation des objets, se trouve la notion de mana, qui depuis Durkheim a acquis un sens tout sauf métaphorique, s’agissant en effet d’une force : une force véritable, à la fois physique et morale16. Dans la lignée de Mauss et de sa réflexion sur la force contraignante des objets notamment à partir des matériaux mélanésiens, les anthropologues des sociétés en Océanie ont renouvelé ce domaine de recherche dès les années 1980 et ouvert des voies inédites, en particulier en ce qui concerne le rapport au temps17 et à l’agentivité des objets qui agiraient « comme des personnes »18. Le débat engagé plus récemment par Ingold19 a promu une approche phénoménologique centrée sur la notion de « chose », avec une attention particulière pour les forces et les effets de « trame », plutôt que sur la notion d’« objet », qui serait caractérisée par sa finitude et construite sur l’idée d’une agentivité « prêtée »20.

  • 21 Hodder 2012.
  • 22 Merleau-Ponty 1960.
  • 23 Cf. Coupaye 2013 ; Pitrou 2016.
  • 24 Bazin 2008.

3Dans la perspective de renouer avec un dialogue plus serré entre, d’une part, l’anthropologie théorique et de terrain et, d’autre part, l’anthropologie des sociétés anciennes, on proposera d’abandonner le paradigme où les objets seraient pensés comme de simples instruments, séparés ontologiquement des sujets humains21. C’est en suivant Merleau-Ponty22 que nous proposons de centrer le questionnement sur la « présence » des artefacts, qui sont donnés dans un « horizon de monde », et en considérant que cette présence s’effectue par le corps en action. De même, en s’astreignant à ne pas faire de la distinction entre processus vitaux et procédés techniques la pierre de touche entre artefacts et êtres vivants23, nous proposons de considérer les artefacts non seulement comme doués d’une agentivité propre et qui serait dans un rapport étroit avec d’autres agentivités, mais aussi de saisir cette vitalité sans les soumettre à l’examen anatomique, jadis dénoncé par Bazin24, qui les relèguerait sur une table de dissection.

  • 25 C’est à Vernant que l’on doit l’emploi de la notion de présentification pour l’étude des artefacts (...)

4Il s’agira alors d’explorer les phénomènes, dispositifs et contextes qui construisent l’objet et se construisent autour de lui, mettant au jour différents modes de présentification25. La question de l’activation, plutôt que l’animation, permet de reconsidérer les gestes qui l’entourent. Que se passe-t-il quand l’artefact est augmenté, modifié, caché ou au contraire dévoilé ? Quelles sont les stratégies énonciatives et visuelles qui l’accompagnent ? Dans cette perspective, l’artefact ne sera pas pensé en tant qu’objet clos et fini mais en lien avec un environnement sensible qu’il suscite ou par lequel il est affecté.

  • 26 Une des particularités, assumée, de ce dossier, est en effet qu’il s'intéresse à la question de l’ (...)
  • 27 On peut penser notamment aux reconstitutions d’armures, d’outils d'artisans, d’instruments de musi (...)
  • 28 Ingold 2013, p. 283-284.

5Les sources iconographiques et textuelles antiques26 font état d’un monde plein d’objets mais aussi de choses auquel le lecteur contemporain cherche à avoir accès. Ce ne sont pourtant pas ici les objets de culte, ces « choses » par excellence, et souvent si chères aux antiquisants, qui seront au cœur de l’enquête. Mais plutôt des objets qui pourraient nous paraître plus familiers, tels qu’une coupe ou un lit. Ces objets seraient comme la pierre de touche d’une expérience commune. Il ne s’agirait plus alors pour nous, afin d’avoir accès au monde des Anciens, que de reconstituer leurs objets. Entreprise répandue chez les amateurs d’Antiquité, et les archéologues tenant d’une pratique expérimentale 27. Car les choses résistent. Malgré la connaissance que nous pouvons avoir des discours et des dispositifs qui se construisent autour d’elles, elles semblent nous échapper. On ne parvient pas à savoir à quoi ressemblent le ruban d’Aphrodite ou le lit d’Ulysse, et malgré les nombreux croquis proposés, on serait bien en peine de les « reconstituer ». Tant qu’on pense que l’artefact correspond à un « objet virtuel » qui lui préexiste et auquel on pourrait remonter, on fait fausse route28. Car l’artefact est bien plus que le résultat de la mise en œuvre de processus de fabrication. C’est pourquoi la description de la fabrication ou de l’usage de l’objet ne produira pas obligatoirement une image pour le lecteur ou l’auditeur. La forme de l’objet, qui semble à la fois première et directement appréhendable ne constitue pas nécessairement ce qui va définir l’objet, pas plus que sa matière ni ses usages.

  • 29 Deux rencontres sont à l’origine de ce dossier : le colloque CorHaLi sur la poésie grecque archaïq (...)
  • 30 Strathern 1990.
  • 31 Scheid, Svenbro 2014.
  • 32 Comme semble le soutenir Gell [1998] 2009.

6Les études réunies dans ce dossier29 proposent d’envisager l’artefact comme action (Ruth Webb), comme assemblage de puissances (Manon Brouillet et Cléo Carastro), comme lieu de génération d’autres artefacts (Athena Kirk), voire de construction de l’action héroïque (François Lissarrague). L’artefact est la somme de tout cela, ou plutôt il excède la somme de tout cela. Il se construit sous le double rapport au corps et au discours (Verity Platt), c’est-à-dire à l’espace et au temps. En ce sens, les artefacts tels que les sources antiques les élaborent sont bien des choses, puisqu’ils entrent dans un système discursif ou iconographique particulier, mais ils sont aussi des événements30. Non pas simplement parce qu’ils produisent du sens, mais parce que, au-delà de la singularité et de la clôture de tout objet (Pierre Judet de La Combe), de son isolement superbe d’ob-jet, ils permettent de penser l’ici et l’ailleurs, le passé et le futur. Le temps et l’espace ne sont alors pas seulement signifiés par les objets ni incarnés par eux, mais bien modifiés. La tombe du poète comme les armes d’Achille ne font pas que pointer vers un corps absent, un corps du passé, ils enjoignent le monde qui les entoure à réagir à leur propre présence. Dans le même temps, oscillant entre stabilité apparente et construction dynamique, ils rendent aussi problématique le rapport au temps et à l’espace. L’objet est alors vivant, présent, tant qu’il a une puissance générative, non pas pour pointer ailleurs, tel un sêma au sens strict, mais pour créer quelque chose qui ne lui préexiste pas. Par exemple un mythe31 ou une performance (Deborah Steiner). La chose n’est pas support, prétexte pour le reenactment, mais sa condition nécessaire. Elle porte en elle espace et temps, comme autant de potentialités d’agentivités multiples qu’elle ne se contente pas de relayer32 mais qu’elle produit. Au point que les images et les récits de ces objets ne constitueraient pas leurs représentations ou leurs descriptions mais bien leur résultat, la réalisation d’une de leurs potentialités.

Literaturverzeichnis

Anstett, Ortar 2015 : Elisabeth Anstett, Nathalie Ortar (éd.), La deuxième vie des objets. Recyclage et récupération dans les sociétés modernes, Paris.

Appadurai 1986 : Arjun Appadurai (ed.), The Social Life of Things. Commodities in Cultural Perspective, New York.

Azoulay 2014 : Vincent Azoulay, Les Tyrannicides d’Athènes. Vie et mort de deux statues, Paris.

Bazin 2008 : Jean Bazin, Des clous dans la Joconde. L’anthropologie autrement, Toulouse.

Bernand, Gruzinski 1988 : Carmen Bernand, Serge Gruzinski, De l’idolâtrie. Une archéologie des sciences, Paris.

Bourdieu 1994 : Pierre Bourdieu, « Piété religieuse et dévotion artistique. Fidèles et amateurs d’art à Santa Maria Novella », Actes de la recherche en sciences sociales 105, p. 71-74.

Brown 2001 : Bill Brown, « Thing Theory », Critical Inquiry 28, p. 1-22.

Cartry et al. 2009 : Michel Cartry, Jean-Louis Durand, Renée Koch-Piettre (éd.), Architecturer l’invisible : autels, ligatures, écritures, Turnhout.

Coupaye 2013 : Ludovic Coupaye, Growing Artefacts, Displaying Relationships: yams, art and technology amongst the Nyamikum Abelam of Papua New Guinea, Oxford-New York.

Crielaard 2013 : Jan Paul Crielaard, « The Cultural Biography of Material Goods in Homer’s Epics », Gaia 10, p. 49-62.

Derlon, Jeudy-Bellini 2008 : Brigitte Derlon, Monique Jeudy-Bellini, La passion de l’art primitif, Paris.

Durkheim 1912 : Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris.

Gell [1998] 2009 : Alfred Gell, L’art et ses agents, [Oxford] Dijon.

Grimaud, Vidal 2012 : Emmanuel Grimaud, Denis Vidal, « Aux frontières de l’humain : pour une anthropologie comparée des créatures artificielles », Gradhiva 15, p. 5-25.

Hartog 2005 : François Hartog, Anciens, modernes, sauvages, Paris.

Heidegger [1954] 1958 : Martin Heidegger, « Bâtir, habiter, penser » et « La chose », Essais et conférences, [Pfullingen] Paris, p. 170-193.

Hodder 2012 : Ian Hodder, Entangled: An Archaeology of the Relationships between Humans and Things, Oxford.

Hölscher 1993 : Tonio Hölscher, Il linguaggio dell’arte romana : un sistema semantico, Torino.

Imbert 2008 : Claude Imbert, Lévi-Strauss, le passage du nord-ouest, Paris.

Ingold 2013 : Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Paris.

Kelly 2007 : Julia Kelly, Art, Ethnography and the Life of Objects. Paris, c. 1925-1935, Manchester-New York.

Langdon 2001 : Susan Langdon, « Beyond the grave: biographies from early Greece », AJA 105, p. 579-606.

Latour 1991 : Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes. Essai d’anthropologie symétrique, Paris.

Lévi-Strauss [1975] 2008 : Claude Lévi-Strauss, La voie des masques, Paris.

Ma 2013 : John Ma, Statues and Cities. Honorific Portraits and Civic Identity in the Hellenistic World, Oxford-New York.

Malamoud 2012 : Charles Malamoud, « Machines, magie, miracles », Gradhiva 12, p. 144-161.

Mauzé 2004 : Marie Mauzé, « Aux invisibles frontières du songe et du réel. Lévi-Strauss et les surréalistes : la “découverte” de l’art de la côte nord-ouest », Cahier de l’Herne 82, Michel Izard (éd.), Claude Lévi-Strauss, p. 152-161.

Mauzé 2008 : Marie Mauzé, « Trois destinées, un destin. Biographie d’une coiffure kwakwaka’wakw », Gradhiva 7, p. 100-119.

Mazzarella 2017 : William Mazzarella, The Mana of Mass Society, Chicago.

Merleau-Ponty 1960 : Maurice Merleau-Ponty, Signes, Paris.

Osborne, Tanner 2007 : Robin Osborne, Jeremy Tanner (ed.), Art’s Agency and Art History, Oxford.

Pitrou 2016 : Perig Pitrou, « Êtres vivants/artefacts, processus vitaux/processus techniques : remarques à propos d’un cadran analytique », in Des êtres vivants et des artefacts, Paris.

Schaeffer 2004 : Jean-Marie Schaeffer, « L’objet esthétique », L’Homme 170, p. 25-45.

Scheid, Svenbro 2014 : John Scheid, Jesper Svenbro, La tortue et la lyre, Paris.

Severi 2017 : Carlo Severi, L’objet-personne : une anthropologie de la croyance visuelle, Paris.

Stoler 2008 : Ann Stoler, « Imperial debris: reflections on Ruins and Ruination », Cultural Anthropology 23, 2, p. 191-219.

Strathern 1990 : Marilyn Strathern, « Artifacts of history: Events and the interpretation of images », in Jukka Siikala (ed.), Culture and history in the Pacific, Helsinki, p. 25-44.

Vernant [1965] 2007 : Jean-Pierre Vernant, « De la présentification de l’invisible à l’imitation de l’apparence », Œuvres. Religions, rationalités, politique, vol. I, Paris, p. 564-560.

Anmerkungen

1 Les statues meurent aussi, de Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet, court-métrage, 1953.

2 Kelly 2007.

3 Schaeffer 2004.

4 Selon la distinction entre « object » et « thing » proposée par Brown 2001, et qui s’appuie notamment sur la réflexion de Heidegger sur les choses (Heidegger [1954] 1958).

5 Que l’on songe aux déambulations de Bourdieu 1994 entre tableaux de maîtres et dispositifs cultuels à Santa Maria Novella à Florence.

6 L’appropriation des objets d’art dits primitifs en Occident, tout comme les pratiques des collectionneurs constitue un domaine d’enquête à part entière : cf. Derlon, Jeudy-Bellini 2008.

7 Autre déambulation suggestive : celle de Lévi-Strauss, en 1943, dans les salles qui avaient été conçues par Boas à l’American Museum of Natural History (Lévi-Strauss [1975] 2008, p. 875 et suiv.). Voir Imbert 2008 et Mauzé 2004.

8 Appadurai 1986. La problématique contemporaine de la deuxième vie des objets retient l’attention des sciences sociales depuis plusieurs années déjà, en scrutant les stratégies et les enjeux de récupération de biens dans les sociétés de consommation qui connaissent l’émergence de la notion de développement durable. Cf. Anstett, Ortar 2015.

9 Hölscher 1993.

10 Voir le travail de Stoler 2008, qui propose une analyse de la vie politique des débris, afin de mettre en évidence la longévité des structures de domination dans le cadre des empires coloniaux. En histoire ancienne de nouvelles perspectives sont offertes par Ma 2013 et Azoulay 2014.

11 Langdon 2001. Crielaard 2013 adopte une perspective semblable en proposant une biographie « archéologique » des objets chez Homère. L’anthropologie n’est pas en reste dans ce type d’exercice qui retrace les péripéties d’objets ethniques dès leur fabrication jusqu’aux périples qui les conduisent des musées des puissances coloniales à leur patrimonialisation dans les musées locaux gérés par les communautés « autochtones » : cf. Mauzé 2008.

12 Grimaud, Vidal 2012.

13 Malamoud 2012.

14 Latour 1991.

15 Bernand, Gruzinski 1988. Hartog 2005.

16 Durkheim 1912, p. 270-271. Pour une réévaluation de la notion de mana, cf. Mazzarella 2017.

17 Strathern 1990.

18 Gell [1998] 2009.

19 Ingold 2013.

20 Severi 2017.

21 Hodder 2012.

22 Merleau-Ponty 1960.

23 Cf. Coupaye 2013 ; Pitrou 2016.

24 Bazin 2008.

25 C’est à Vernant que l’on doit l’emploi de la notion de présentification pour l’étude des artefacts de la Grèce archaïque liés à la mort et à l’absence comme les kolossoi (Vernant [1965] 2007). Pour un usage plus récent, voir Cartry et al. 2009 et les travaux menés dans le cadre des recherches comparatistes autour de la notion d’agalma. Nous plaidons pour une extension du domaine d’application de cette notion.

26 Une des particularités, assumée, de ce dossier, est en effet qu’il s'intéresse à la question de l’objet dans l’Antiquité, en s’appuyant non pas sur les sources archéologiques, comme le font par exemple les études réunies dans Osborne, Tanner 2007, mais sur les sources littéraires, épigraphiques et iconographiques. Nous n’avons pas un accès direct à ces objets, mais aux discours et aux mises en images qu'ils génèrent.

27 On peut penser notamment aux reconstitutions d’armures, d’outils d'artisans, d’instruments de musique.

28 Ingold 2013, p. 283-284.

29 Deux rencontres sont à l’origine de ce dossier : le colloque CorHaLi sur la poésie grecque archaïque « Modes iconiques : objets graphiques, objets textuels », que nous avons organisé avec Pierre Judet de La Combe à l’EHESS, 13-15 juin 2015, et l'atelier international PSL-Columbia « Anthropologie et vie des objets. Quelle vie pour les artefacts ? Singularités, dispositifs et formes de présentification dans les mondes anciens », organisé dans le cadre du programme « Anthropologie et historiographie des polythéismes anciens. La vie des objets : dispositifs et présentification » du centre ANHIMA, 10 décembre 2016. Nous remercions tous les participants de ces rencontres qui ont enrichi la réflexion.

30 Strathern 1990.

31 Scheid, Svenbro 2014.

32 Comme semble le soutenir Gell [1998] 2009.

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