1 Krzysztof Pomian, L’ordre du temps, Paris, Gallimard, 1984, p. 83, 86.

2 Julio Cortázar, Rayuela, Buenos Aires, Sudamerica, 1963 (Marelle, trad. fr. Laure Guille-Bataillon et Françoise Rosset, Paris, Gallimard, 1966).

3 Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949, p. xiv.

4 Ruggiero Romano, « Recensione a Fernand Braudel, Civiltà e impero del Mediterraneo nell’età di Filippo II », Rivista Storica Italiana, vol. 67 (2), 1955, p. 233-245 (qui passe en revue plusieurs recensions publiées les années précédentes) ; Armando Sapori, « La decadenza del Mediterraneo : Polemica di F. Braudel per un “tipo” di storia », II Nuovo Corriere, Florence, 29 août 1953, rééd. dans Id., Studi di Storia economica, Florence, Sansoni, 1967, vol. 3, p. 299-306 ; Juan Reglà, « Fernand Braudel. La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II », Arbor, vol. 17 (59), 1950, p. 308-310 ; Jean-Pierre Berthe, « El Mediterráneo y el mundo mediterráneo en la época de Felipe II por Fernand Braudel », Revista de Historia de América, Instituto Panamericano e Geografía e Historia, 35-36, 1953, p. 235-240 ; Garret Mattingly, « La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II by Fernand Braudel », The American Historical Review, vol. 55 (2), 1950, p. 349-351.

5 A. Sapori, « La decadenza del Mediterraneo… », art. cit., p. 305.

6 Bernard Bailyn, « Braudel’s Geohistory : A Reconsideration », The Journal of Economic History, vol. 11 (3), 1951, p. 277-282, trad. fr., « La géohistoire de Braudel. Une relecture critique », dans Jacques Revel (ed.), Fernand Braudel et l’histoire, Paris, Hachette, 1999, p. 73-80. Notons que la même revue avait publié six mois plus tôt une recension neutre, voire favorable, de Melvin M. Knight, ce qui laisse penser que le commentaire confié à Bailyn, alors très jeune étudiant, n’était ni innocent ni laissé à la seule initiative de son auteur. La publication de cette critique dans une revue d’histoire économique nous informe également sur les relations compliquées, à long terme, entre la perspective braudélienne et les tendances dominantes dans ce domaine de recherches dans le milieu universitaire nord-américain. Sur cet épisode, et plus généralement sur la réception de Braudel dans le monde nord-américain, voir John H. Marino, « The Exile and His Kingdom : The Reception of Braudel’s Mediterranean », The Journal of Modern History, vol. 76 (3), 2004, p. 622-652.

7 Delio Cantimori, « Pareri editoriali di Delio Cantimori », dans Id., Politica e Storia contemporanea, Turin, Einaudi, 1991, p. 795-796.

8 Claude Lefort, « Histoire et sociologie dans l’œuvre de Fernand Braudel », Cahiers internationaux de Sociologie, vol. 13, 1952, p. 122-131.

9 Tulio Halperín Donghi, « Historia y Geografía en un Libro sobre el Mediterráneo », La Nación, Buenos Aires, 29 juin 1952.

10 F. Braudel, « Histoire et sciences sociales. La longue durée », Annales ESC, vol. 13 (4), 1958, p. 725-753.

11 Walt W. Rostow, « Histoire et sciences sociales. La longue durée », Annales ESC, vol. 14 (4), 1959, p. 710-718 ; Witold Kula, « Histoire et économie. La longue durée », Annales ESC, vol. 15 (2), 1960, p. 294-313.

12 Le nom le plus évident est celui d’Alexander Gerschenkron, peut-être l’un des rares économistes universitaires nord-américains qui ait manifesté, dès le milieu des années 1950, un intérêt marqué pour l’œuvre de Braudel. Voir Giuliana Gemelli, Fernand Braudel e l’Europa universale, Padoue, Marsilio, 1990, p. 168 (Fernand Braudel, trad. fr. Brigitte Pasquet et Béatrice Propetto Marzi, Paris, Odile Jacob, 1995).

13 W. Kula, « Histoire et économie. La longue durée » dans J. Revel (ed.), Fernand Braudel et l’histoire, op. cit., p. 83-84.

14 W. Kula, Théorie économique du système féodal, Paris, Mouton, 1970, p. 84.

15 Ibíd., p. 5. À la différence de l’édition française, la version espagnole n’utilise pas le syntagme « longue durée » mais « largo plazo ». Voir Id., Teoria económica del sistema feudal, Mexico, Siglo XXI, 1974, p. 10, 138.

16 Id., Problemas y métodos de la historia económica, Barcelone, Península, 1973, p. 93-111. Cette distinction méthodologique est peut-être moins évidente dans la pratique historiographique concrète des deux historiens. Le modèle du système féodal de Kula, bien plus systématique, semble se heurter à moins de difficultés que Braudel, dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme (1979), lorsqu’il s’agit de situer les coupures et de présenter de manière convaincante les voies de passage du système féodal au capitalisme industriel. Pour reprendre les termes si heureusement trouvés par Jean-Claude Perrot à propos des capitalistes, ils évoquent l’un et l’autre le mythe de Sisyphe plus que celui de Prométhée. Voir J.-C. Perrot, « Le présent et la durée dans l’œuvre de Braudel », dans J. Revel (ed.), Fernand Braudel et l’histoire, op.cit., p. 155-185.

17 W.W. Rostow, « Histoire et sciences sociales… », art. cit., p. 711.

18 La Comisión Económica para la América Latina (CEPAL, ou ECLA en anglais), créée par les Nations unies en 1948, accueillit les propositions les plus originales et les plus affirmées de la pensée économique latino-américaine, avec une attention particulière pour les problèmes posés par les asymétries entre centre et périphéries et pour leurs conséquences sur les formes de spécialisation productive et sur la dégradation des termes de l’échange dans le long terme. Un point de départ fut le livre de Raúl Prebisch, El desarrollo de América Latina y algunos de sus principales problemas, Santiago du Chili, CEPAL, 1949. Un bilan remarquable et lucide de leurs apports et de leurs limites dans Albert Hirschman, « The Rise and Decline of Development Economics », dans Id., Essays in Trespassing : Economics to Politics and Beyond, Cambridge, Cambridge University Press, 1981, p. 1-24.

19 A. Hirschman, « The Political Economy of Import-Substituting Industrialization in Latin America », Quarterly Journal of Economics, vol. 82 (1), 1968, p. 1-32.

20 Fernando Devoto, « Itinerario de un problema : Annales y la historiografía argentina », Anuario del Instituo de Estudios Históricos y Sociales (IEHS), 10, 1995, p. 155-175.

21 Tous ces travaux ont été publiés dans la série Estudios Monográficos de Historia Social, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras de la Universidad de Buenos Aires, 1961-1963. L’article de Braudel inaugure la série et, à sa suite, Rostow, Kula, Vilar, ainsi que l’« Introduction méthodologique » d’Ernest Labrousse à La crise de l’économie française à la fin de l’Ancien Régime et au début de la Révolution (1945).

22 T. Halperín Donghi, « Historia y larga duración : Examen de un problema », Cuestiones de Filosofía, 1-2, 1962, p. 74-96, trad. fr. « Histoire et longue durée. Examen d’un problème », Cahiers Vilfredo Pareto, vol. 6 (15), 1968, p. 109-133.

23 Alexander Gerschenkron, Economic Backwardness in Historical Perspective, Cambrige, Belknap Press of Harvard University Press, 1962.

24 Pour un bilan perspicace sur le point culminant, voire le début du déclin du débat, attentif à la discussion des différents « modèles » (un mot tout aussi à la mode alors) explicatifs du « fallimento » italien, voir Maurice Aymard, « La transizione del feudalismo al capitalismo », dans Ruggero Romano et Corrado Vivanti (eds.), Storia d´Italia, Annali, I. Dal feudalesimo al capitalismo, Turin, Einaudi, 1986, p. 1133-1192. On trouvera un autre bilan, dans lequel le problème est appréhendé à partir d’un miroir inversé (non plus la décadence ou la reféodalisation, mais les racines du développement économique moderne italien et ses « modèles »), dans Luciano Cafagna, Dualismo e sviluppo nella storia d´Italia, Padoue, Marsilio, 1989. Enfin, pour une vue d’ensemble aussi enrichissante que par moments polémique, voir Mario Mirri, « La storiografía italiana del secondo dopoguerra fra revisionismo e no », dans Paolo Macry et Angelo Massafra (eds.), Fra storia e storiografia. Scritti in onore di Pasquale Villani, Bologne, Il Mulino, 1994, p. 27-98.

25 Voir par exemple les prudentes réflexions de J.G.A. Pocock, « The Concept of a Language and the Métier d’historien : Some Considerations on Practice », dans Anthony Pagden, The Languages of Political Theory in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. 19-38.

26 F. Braudel, « Histoire et sciences sociales… », art. cit., passim.

27 C. Lefort, « Histoire et sociologie dans l’œuvre de Fernand Braudel », art. cit., p. 129.

28 Robert Marjolin, Prix, monnaie et production. Essai sur les mouvements économiques de longue durée, Paris, Alcan-Puf, 1941 ; voir aussi, de celui qui fut son maître, François Simiand, Les fluctuations économiques à longue période et la crise mondiale, Paris, Librairie Félix Alcan, 1932.

29 Maurice Aymard, « Une certaine passion de la France, une certaine idée de l’histoire », dans J. Revel (ed.), Fernand Braudel et l’histoire, op.cit., p. 205-206.

30 C’est du moins la conviction de son ancien étudiant, Deirdre McCkloskey, « Kinks, Tools, Spurts, and Substitutes : Gerschenkron’s Rhetoric of Relative Backwardness », dans Richard Sylla et Gianni Toniolo (eds.), Patterns of European Industrialization : The Nineteenth Century, Londres, Routledge, 1991, chap. vi, p. 93-105.

31 Henri Pirenne, « Les périodes de l’histoire sociale du capitalisme », dans Id., Histoire économique de l´Occident médiéval, Bruges, Desclée de Brouwer, 1951, p. 17-18.

32 Marc Bloch, Les caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, Armand Colin, 1931.

33 Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au xvi^e siècle. La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, 1947.

34 J.-C. Perrot, « Le présent et la durée dans l’œuvre de Braudel », art. cit, p. 173.

35 F. Braudel, Les ambitions de l’histoire, Paris, Fallois, 1997, p. 39-46.

36 Paule Braudel, « Les origines intellectuelles de Fernand Braudel. Un témoignage », Annales ESC, vol. 47 (1), 1992, p. 244.

37 F. Braudel, « Histoire et sciences sociales… », art. cit.

38 K. Pomian a signalé quelques-unes de ces oppositions dans L’ordre du temps, op. cit., p. 84-86.

39 F. Braudel, Les ambitions de l’histoire, op. cit., p. 23-24.

40 Voir Jean Boutier, « Fernand Braudel, historiador del acontecimiento », Historia Crítica, 27, 2004.

41 Paul Ricœur, Temps et récit, 1, L’intrigue et le récit historique, Paris, Seuil, 1983.

42 F. Braudel, Carlo V, dans I protagonisti della storia universale, Milan, Compagnia Edizioni Internazionali, 1965 ; Id., Filippo II, ibid., 1969.

43 D. Cantimori, « Pareri editoriali di Delio Cantimori », art. cit., p. 795.

44 Johann Huizinga, La Crisi della civiltà, Turin, Einaudi, 1962 (avec une introduction de D. Cantimori), particulièrement p. 9-11, 142-150.

45 F. Braudel, Les ambitions de l’histoire, op. cit., p. 18.

46 Jürgen Kocka, « El concepto de la historia estructural de Werner Conze » dans Id., Historia social y conciencia histórica, Madrid, Marcial Pons, 2002, p. 66-74.

47 Ezequiel Martínez Estrada, Radiografía de la Pampa, Buenos Aires, Losada, 1983 (1^re éd. 1933).

48 Arnaldo Momigliano, « Ancient History and the Antiquarian », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 13 (3-4), 1950, p. 285-315. L’idée avait déjà été esquissée par Benedetto Croce, Teoria e Storia della Storiografia, Milan, Adelphi, 1989, p. 305, et, plus tôt encore, par Alessandro Manzoni (comme l’a noté Croce lui-même). La différence réside dans le fait que pour Manzoni la convergence ne s’était pas encore produite, tandis que pour Croce elle s’était réalisée chez Vico, et pour Momigliano chez Gibbon. Carlo Ginzburg est revenu récemment sur l’importance des réflexions de Manzoni dans Il filo e le tracce, Milan, Feltrinelli, 2006, p. 306 sq.

49 Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), nouv. éd., Paris, Guillyn, 1755, p. 311.

50 Voir, par exemple, « General Observations on the Fall of the Roman Empire in the West », dans Edward Gibbon, The History of the Decline and Fall of the Roman Empire (1776-1788), New York, Fred de Fau and Co., 1906, vol. 6, p. 287-298.

51 A. Momigliano, « Preludio settecentesco a Gibbon », dans Id., Sui fondamenti della storia antica, Turin, Einaudi, 1984, p. 326-327.

52 Une perspective restreinte dans la préface de Jacques Le Goff à la réédition du livre de Marc Bloch, Les rois thaumaturges, Paris, Gallimard, 1983, p. xii.

53 Giambattista Vico, Principi di Scienza Nuova (1725, 1744), éd. Fausto Nicolini, Turin, Einaudi (« Classici Ricciardi »), 1976, t. I, CVI, p. 111.

54 François Hartog, Régimes d´historicité, Paris, Seuil, 2003, p. 147-148.

55 Wilhelm Windelband, Geschichte und Naturwissenschaft (1894), Strasbourg, J.H. Heitz, 1900 ; Heinrich Rickert, Kulturwissenschaft und Naturwissenschaft, Fribourg-en-Brisgau, Mohr, 1899.

56 Leopold von Ranke, Le Epoche della storia moderna, Naples, Bibliopolis, 1971, p. 101-104.

57 Conze lui-même est l’auteur d’une recension précoce de La Méditerranée dans Historische Zeitschrift (1952), que je n’ai pu consulter.

58 Reinhart Koselleck, Le futur passé. Contribution à la sémantique des temps historiques, trad. fr. Jochen Hoock et Marie-Claire Hoock, Paris, Éd. de l’EHESS (coll. « Recherches d’histoire et de sciences sociales »), 1990 (1^re éd. Francfort-sur-le-Main, 1979).

59 Ibid., chap. iv, « Le pronostic historique dans l’ouvrage de Lorenz von Stein sur la Constitution prussienne », p. 81-95.

60 Id., « La storia sociale moderna e i tempi storici », dans Pietro Rossi (ed.), La teoria della storiografia oggi, Milan, Mondadori, 1988, p. 141-158 (1^re éd. 1983).

61 Id., « Die Geschichte der Begriffe und Begriffe der Geschichte », dans Id., Begriffsgeschichten. Studien zur Semantik und Pragmatik der politischen und sozialen Sprache, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 2006, p. 59-60.

62 Ibid., p. 19.

63 Id., La Prussia tra riforma e rivoluzione (1791-1848), Bologne, Il Mulino, 1988 (1^re éd. Stuttgart, 1967).

64 F. Hartog, Régimes d´historicité, op. cit., et aussi, Id., Croire en l´histoire, Paris, Flammarion, 2013.

65 R. Koselleck, Le futur passé…, op. cit. [ « Compromiso con la situación y con la temporalidad » est le titre retenu par le traducteur de la version espagnole du chap. v de l’ouvrage ; dans la trad. fr., « Point de vue, perspective et temporalité. Contribution à l’appropriation historiographique de l’histoire », p. 161-186 (NdT).]