1 David Armitage et Jo Guldi, « Le retour de la longue durée. Une perspective anglo-saxonne », Annales HSS, vol. 70 (2), 2015, p. 289-318 ; Id., The History Manifesto, Cambridge, Cambridge University Press, 2014.

2 Andrew Shryock et Daniel Smail (eds.), Deep History : The Architecture of Past and Present, Berkeley, University of California Press, 2011.

3 Dipesh Chakrabarty, « The Climate of History : Four Theses », Critical Inquiry, vol. 35 (2), 2009, p. 197-222.

4 François Simiand, « Méthode historique et science sociale », Annales ESC, vol. 15 (1), 1960, p. 117 (initialement publié dans la Revue de Synthèse historique en 1903).

5 Carl G. Hempel, « The Function of General Laws in History » (1942), repris dans Id., Aspects of Scientific Explanation and Other Essays in the Philosophy of Science, New York, Free Press, 1965, p. 231-243. Voir également Id., « Explanation in Science and History », dans Robert G. Colodny (ed.), Frontiers of Science and Philosophy, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 1962, p. 1-33.

6 Fritz K. Ringer, « Causal Analysis in Historical Reasoning », History & Theory, 28, 1989, p. 154.

7 F. Simiand, « La causalité en histoire », Bulletin de la Société française de Philosophie, vol. 6, 1906, p. 245-272.

8 Dans l’article cité, il est vrai que Simiand utilise parfois l’expression de « loi » (quand, par exemple, il explique que l’établissement d’un lien causal « implique une relation stable, une régularité, une loi », mais il s’agit plus là, sans doute, d’une réminiscence de sa formation philosophique initiale que de l’évocation d’une loi historique au sens de Hempel. C’est bien la notion de cause, et seulement elle, et non celle de loi qui est centrale pour lui). Ernest Labrousse, il est vrai très avare en termes de nature épistémologique, n’utilise pour sa part jamais la notion de loi.

9 Sur les relations entre histoire et sciences sociales en ce début de xx^e siècle et sur le rôle de l’argument causal comme arme utilisée pour combattre l’épistémologie historienne dominante, voir Jacques Revel, « Histoire et sciences sociales. Les paradigmes des Annales », Annales ESC, vol. 34 (6), 1979, repris dans Id., Un Parcours critique. Douze Exercices d’histoire sociale, Paris, Galaade Éditions, 2006, p. 28-55.

10 Anticipant sur un type de réflexion que les sciences sociales – et singulièrement l’histoire – n’entreprendront que plus tard, Maurice Halbwachs fut attiré par la façon dont les physiciens et les mathématiciens commençaient à envisager la notion de complexité au-delà de celle de causalité, s’intéressant par exemple aux problèmes posés par les effets combinés de plusieurs variables. Sur cet aspect, voir Éric Brian, « Les choses, les causes et les chances », Revue de Synthèse, vol. 135 (1), Causalités historiques (xvi^e-xxi^e siècles), 2014, p. 1-18, p. 3.

11 Ernest Labrousse, Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au xviii^e siècle, Paris, Dalloz, 1933, p. 618.

12 F.K. Ringer, « Causal Analysis in Historical Reasoning », art. cit., p. 154. Pour un aperçu sur l’évolution du débat, voir Paul A. Roth, « Three Dogmas (More or Less) of Explanation », History & Theory, vol. 47, février 2008, p. 57-68.

13 Voir son livre, presque un best-seller, en corédaction avec Isabelle Stengers, qui présente ses principales idées de façon vulgarisée, La nouvelle alliance. Métamorphose de la science, Paris, Gallimard, 1979.

14 Carlo Ginzburg, « Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice », Le Débat, vol. 6 (6), 1980, p. 3-44. (1^re éd. Turin, 1979).

15 Fernand Braudel publie par contre, en 1959, un commentaire de Walt W. Rostow à propos de son article sur la longue durée édité l’année précédente dans les Annales. Rostow y critique déjà la « base newtonienne » de l’approche historienne, c’est-à-dire ses ambitions de trouver des causes et des lois, et en appelle à abandonner « les normes d’une physique démodée » au profit de celles « de la biologie, de la botanique et des autres disciplines à travers lesquelles les hommes se sont contentés d’étudier les réactions réciproques des organismes vivants et de leur milieu ambiant » (« Histoire et sciences sociales. La longue durée », Annales ESC, vol. 14 (4), 1959, p. 710-718).

16 Sur les rapports de l’économie avec la pensée causale, voir Bernard Paulré, La causalité en économie. Signification et portée de la modélisation structurelle, Lyon, PUL, 1985.

17 Robert William Fogel et Stantley L. Engerman, Time on the Cross, Boston, Little Brown, 2 vol., 1974 ; R.W. Fogel, Railroads and American Economic Growth : Essays in Econometric History, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1964.

18 Le débat suscité par l’épistémologie implicite de la New Economic History fut intense. Voir quelques éléments critiques de Ion Elster dans New Palgrave Dictionnary of Economics, ou Peter D. McClelland, Causal Explanation and Model Building in History, Economics, and the New Economic History, Ithaca, Cornell University Press, 1975.

19 Lance E. Davis, « And It Will Never Be Literature : The New Economic History, A Critique », dans Ralph Andreano (ed.), The New Economic History : Recent Papers on Methodology, New York, Wiley, 1970, p. 75-76. Sur cet aspect, voir Francesco Boldizzoni, The Poverty of Clio : Resurrecting Economic History, Princeton, Princeton University Press, 2011.

20 Fritz Redlich, « “New” and Traditional Approaches to Economic History and their Interdependence », Journal of Economic History, vol. 25 (4), 1965, p. 480-495.

21 Voir par exemple les précisions données à ce sujet par Douglass North dans son texte pour la réception du prix Nobel : « Economic Performance Through Time », American Economic Review, vol. 84 (3), 1994, p. 359-368. Voir également la prudence de Paul David qui s’efforce de rassurer les économistes du mainstream : « Nevertheless, we must hasten to point out that the case for a more general appreciation of historicity in social and economic processes does not rest on the presumption that path dependence is ubiquitously present and of equal importance everywhere and in every historical epoch. Quite the opposite is true. Many of the problems that properly engage the attention of economists can be tackled perfectly well with the conventional tools of supply and demand analysis because the situations in question can reasonably be characterized as possessing a globally stable equilibrium that is unique », dans Paul A. David et Mark Thomas (eds.), The Economic Future in Historical Perspective, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 16-17.

22 P.A. David, « Clio and the Economics of QWERTY », American Economic Review (Paper andProceedings), mai 1985, p. 332-337. Voir également Brian Arthur, « Competing Technologies, Increasing Returns and Lock-In by Historical Events », Economic Journal, vol. 99, mars 1989, p. 116-131.

23 La formalisation la plus précise a été proposée par B. Arthur. Voir par exemple Increasing Returns and Path Dependence in the Economy, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1994.

24 P.A. David et M. Thomas, « Thinking Historically about Challenging Economic Issues », dans The Economic Future…, op. cit., p. 14.

25 Pour des explications détaillées, se reporter à Robert H. Bates et al., Analytic Narratives, Princeton, Princeton University Press, 1998.

26 Avner Greif, Institutions and the Path to the Modern Economy : Lessons from Medieval Trade, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 347 (1^re éd. 2006). La révolution commerciale des xii^e-xiv^e siècles intéresse les économistes car elle peut être une matrice pour comprendre les fondements institutionnels de l’économie de marché. Voir par exemple le travail récent de Davide Cantoni et Noam Yuchtman sur le lien causal qui existe entre l’essor des foires en Allemagne au xiv^e siècle et la présence d’universités : « Medieval Universities, Legal Institutions and the Commercial Revolution », Quarterly Journal of Economics, vol. 129 (2), 2014, p. 823-887.

27 Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson, « The Colonial Origins of Comparative Development : An Empirical Investigation », American Economic Review, 91 (5), 2001, p. 1369-1401.

28 Nathan Nunn, « The Long-Term Effects of Africa’s Slave Trades », Quarterly Journal of Economics, vol. 123 (1), 2008, p. 139-172.

29 Nathan Nunn et Leonard Wantchekon, « The Slave Trade and the Origins of Mistrust in Africa », American Economic review, vol. 101, déc 2011, p. 3221-3252, article qui fait suite à celui cité note 28. Leur recherche s’inscrit dans un courant de réflexion désormais important, voir l’article de référence de William Easterly et Ross Levine, « Africa’s Growth Tragedy : Policies and Ethnic Divisions », Quarterly Journal of Economics, vol. 112 (4), 1997, p. 1203-1250.

30 Gareth Austin évoque avec justesse une « compression of history » (« The “Reversal of Fortune” Thesis and the Compression of History : Perspectives from African and Comparative Economic History », Journal of International Development, vol. 20 (8), 2008, p. 996-1027).

31 Nunn et Wantchekon concluent ainsi leur enquête : « Evidence from a variety of identification strategies suggests that the relationship is causal. »

32 Voir cependant les très intéressantes remarques critiques formulées par Denis Cogneau et Yannick Dupraz, « Institutions historiques et développement économique en Afrique. Une revue sélective et critique de travaux récents », Histoire & Mesure, vol. 30 (1), 2015.

33 Daron Acemoglu, Avner Greif ou Paul David, pour ne pas parler de Douglass North, ne sont pas aux marges de leur champ disciplinaire, ils sont au contraire considérés aux États-Unis comme des économistes de premier plan. Cette reconnaissance pour l’analyse économique de l’histoire n’a aucun équivalent en Europe.

34 Daron Acemoglu, Simon Johnson et James A. Robinson, « Reversal of Fortune : Geography and Institutions in the Making of the Modern World Income Distribution », Quarterly Journal of Economics, vol. 117 (4), 2002, p. 1231-1294. Voir également une presentation moins savante : D. Acemoglu et J.A. Robinson, Why Nations Fail : The Origins of Power, Prosperity and Poverty, New York, Crown Business, 2012.

35 Soulignons que ces analyses ne prennent pas, ou à peine, en compte les spécificités historiques des sociétés qu’elles étudient, négligeant par exemple la question complexe des effets de l’esclavage interne, très répandu au sein des sociétés africaines.

36 À propos de Why Nations Fail, Temin écrit : « The book is not good economic history. It is an exemple of Whig history in which good policies make for progress and bad policies preclude it […] The clear implication is that if countries can copy the policies of English-speaking countries, they will prosper » (« The Rise and Fall of Economic History at MIT », Working Paper, MIT, 2013, p. 14). Voir également les remarques d’Antony G. Hopkins concernant l’« universalité de la théorie économique occidentale » dans « The New Economic History of Africa », Journal of African History, vol. 50 (2), 2009, p. 155-177.

37 À titre d’exemple, voir le livre de Paul Seabright, The Company of Strangers : A Natural History of Economic Life, Princeton, Princeton University Press, 2005 (trad. fr. Julien Randon-Furling, La société des inconnus. Histoire naturelle de la collectivité humaine, Genève, Haller, 2011).

38 Nico Voigtländer et Hans-Joachim Voth, « Persecution Perpetuated : The Medieval Origins of Anti-Semitic Violence in Nazi Germany », Quarterly Journal of Economics, vol. 127 (3), 2012, p. 1339-1392.