Introduction. Que reste-t-il de « l’histoire sociale » ?

Antoine Lilti; Sabina Loriga; Silvia Sebastiani

doi:10.4000/books.editionsehess.21187

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Introduction. Que reste-t-il de « l’histoire sociale » ?

Antoine Lilti, Sabina Loriga et Silvia Sebastiani

p. 7-14

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1En sous-titrant « Douze Exercices d’histoire sociale » son recueil d’articles publié en 2006, Jacques Revel savait qu’il prenait le risque de surprendre ses lecteurs1. L’histoire sociale n’était-elle pas passée de mode ? Lui-même n’avait-il pas consacré une part importante de ses efforts intellectuels à la réflexion historiographique et à l’histoire culturelle – comme en témoignaient les essais réunis sous ce pavillon un peu désuet ? De toute évidence, ce choix inattendu cherchait à dissiper un malentendu : les transformations du paysage historiographique depuis le début des années 1980 n’avaient pas débouché sur un adieu à l’histoire sociale, mais sur un ensemble de chantiers visant à en reformuler les outils et les ambitions. L’histoire sociale, c’est-à-dire l’histoire des sociétés et de leurs transformations, restait l’horizon du travail historien. Si celui-ci avait perdu une partie de ses certitudes et de son homogénéité, il y avait gagné en réflexivité, peut-être en libe

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1 Jacques Revel, Un parcours critique. Douze Exercices d’histoire sociale, Paris, Galaade Éditions, 2006.

2 Voir Carlo Ginzburg, Il formaggio e i vermi. Il cosmo di un mugnaio del ’500, Turin, Einaudi, 1976 (Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier du xvi^e siècle, trad. fr. Monique Aymard, Paris, Flammarion, 1980) ; Giovanni Levi, L’eredità immateriale. Carriera di un esorcista nel Piemonte del Seicento, Turin, Einaudi, 1985 (Le pouvoir au village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du xvii^e siècle, trad. fr. Monique Aymard, Paris, Gallimard, 1989) ; Edoardo Grendi, « Micro-analisi e storia sociale », Quaderni storici, 35, 1977, p. 506-520.

3 J. Revel (ed.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil (coll. « Hautes Études »), 1996 : voir notamment le texte de Bernard Lepetit.

4 Jacques Revel et Jean-Claude Passeron (eds.), Penser par cas, Paris, Éd. de l’EHESS (coll. « Enquête »), 2005.

5 Id., « Penser par cas. Raisonner à partir de singularités », dans ibid., citation p. 18.

6 J. Revel, « Micro-analyse et construction du social », dans Id. (ed.), Jeux d’échelles…, op. cit., p. 26.

7 Id., « The Uses of Comparison : Religions in the Early Eighteenth Century », dans Lynn Hunt, Margaret Jacob et Wijnand Mijnhardt (eds.), Bernard Picart and the First Global Vision of Religion, Los Angeles, The Getty Resarch Institute, 2010, p. 331-347. Voir aussi le compte rendu du livre de Jack Goody, Le vol de l’Histoire. Comment l’Europe a imposé le récit de son passé au reste du monde, trad. fr. Fabienne Durand-Bogaert, Paris, Gallimard, 2010 (1^re éd. Cambridge, 2006) : J. Revel, « Le récit du monde », La Vie des idées, 26 avril 2011, disponible sur www.laviedesidees.fr/Le-recit-du-monde.html.

8 J. Revel, « Comparer les religions au début du xviii^e siècle », dans Juan Carlos Garavaglia, Jacques Poloni-Simard et Gilles Rivière (eds.), Au miroir de l’anthropologie historique. Mélanges offerts à Nathan Wachtel, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 106 ; Id., « The Uses of Comparison… », art. cit.

9 The Construction of a Global World, 1400-1800 est le titre du volume 6 de Jerry H. Bentley, Sanjay Subrahmanyam et Merry Wiesner-Hanks (eds.), The Cambridge World History, Cambridge, Cambridge University Press, 2015. Il est intéressant de noter ici que c’est à Carlo Ginzburg qu’il revient de conclure les deux tomes du vol. 6, avec un chapitre : « Microhistory and Worldhistory », p. 446-473. Voir aussi Francesca Trivellato, « Is There a Future for Italian Microhistory in the Age of Global History ? », California Italian Studies, vol. 2 (1), 2011, disponible sur escholarship.org/uc/item/0z94n9hq ; Id., « Microstoria/ Microhistoire/ Microhistory », French Politics, Culture & Society, vol. 33 (1), 2015, p. 122-134.

10 « Language and History », History Workshop Journal, vol. 10 (1), 1980, p. 1-5.

11 Il suffit ici de rappeler le colloque organisé par Saul Friedlander à UCLA en 1991, souvent considéré comme la pierre d’achoppement du tournant linguistique. Voir S. Friedlander (ed.), Probing the Limits of Representation : Nazism and the Final Solution, Cambridge, Londres, Harvard University Press, 1992.

12 J. Revel, « L’histoire au ras du sol », dans G. Levi, Le pouvoir au village…, op. cit., p. xxiv. Cette question était ainsi reprise et expliquée dans le paragraphe suivant : « Le rôle de l’observateur n’est pas de lire la réalité qu’il étudie avec les instruments généralement simplifiants qu’il a reçus (simplifiants, à vrai dire, parce qu’il les a reçus, le plus souvent). Il lui revient au contraire d’enrichir le réel en introduisant dans l’analyse le plus grand nombre de variables, sans renoncer pourtant à y repérer des régularités. »

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Ce livre est cité par

Feuerhahn, Wolf. (2020) Le chercheur et le discours de ses objets. Questions de communication. DOI: 10.4000/questionsdecommunication.22848

L’expérience historiographique

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Lilti, A., Loriga, S., & Sebastiani, S. (2016). Introduction. Que reste-t-il de « l’histoire sociale » ?. In A. Lilti, S. Loriga, J.-F. Schaub, & S. Sebastiani (éds.), L’expérience historiographique (1‑). Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales. https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21222

Lilti, Antoine, Sabina Loriga, et Silvia Sebastiani. « Introduction. Que reste-t-il de “l’histoire sociale” ? ». In L’expérience historiographique, édité par Antoine Lilti, Sabina Loriga, Jean-Frédéric Schaub, et Silvia Sebastiani. Paris: Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2016. https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21222.

Lilti, Antoine, et al. « Introduction. Que reste-t-il de “l’histoire sociale” ? ». L’expérience historiographique, édité par Antoine Lilti et al., Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2016, https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21222.

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Lilti, A., Loriga, S., Schaub, J.-F., & Sebastiani, S. (éds.). (2016). L’expérience historiographique (1‑). Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales. https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21187

Lilti, Antoine, Sabina Loriga, Jean-Frédéric Schaub, et Silvia Sebastiani, éd. L’expérience historiographique. Paris: Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2016. https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21187.

Lilti, Antoine, et al., éditeurs. L’expérience historiographique. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2016, https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21187.

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