L’économie savante se présente comme très formalisée et idéalisée alors que l’économie vulgaire semble plus réaliste et utilitaire. Elles entrent en dissonance dès que l’on compare les interprétations des concepts qu’elles partagent (bien, prix, monnaie, capital). La première imprègne la seconde en sensibilisant les acteurs à des informations factuelles ou structurelles, alors que la seconde corrige la première par épuration de ses nomenclatures spontanées ou ses régularités intuitives. Ce processus bouclé ne converge jamais, car les agents se reconnaissent difficilement dans les modèles qui sont censés les représenter. Leur cohabitation et leur coévolution s’illustrent parfaitement sur les deux exemples du marché comme institution et de la crise financière.
Academic economics appears as much formalized and idealized while folk economics looks more realistic and practical. They conflict as soon as one compares the interpretations of the concepts they share (good, price, money, capital). The first influences the second by providing the agents with factual and structural information while the second completes the first by adapting spontaneous taxonomies or intuitive regularities. This loop never converges since the agents do not recognize themselves in the models representing them. Their cohabitation and coevolution are well illustrated in two examples, namely the market as institution and the financial crisis.
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Extrait du texte
Comme toute discipline scientifique, l’économie est confrontée à un problème de coexistence et de coévolution entre connaissance savante et connaissance vulgaire. Cette opposition situe l’économie, comme sous bien d’autres aspects, dans une position intermédiaire entre les sciences de la nature et les sciences de la société. Dans les sciences naturelles, les deux formes de connaissance se sont différenciées et conservent peu de choses en commun, et si la première imprègne notablement la seconde, la liaison inverse est devenue bien plus ténue. En particulier, une distance considérable s’est établie entre les théories de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit et l’expérience quotidienne, située à un niveau médian. Dans les sciences sociales hormis l’économie, la proximité entre les deux formes de connaissance demeure manifeste et donne lieu à un aller-retour constant entre elles. Fondées toutes deux sur une pratique quotidienne de la vie en société, elles s’appuient sur des princ...
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WALLISER, Bernard. Quand les croyances gouvernent le monde économique In : La distinction des savoirs [en ligne]. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2015 (généré le 18 avril 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/editionsehess/21126?mobile=1>. ISBN : 978-2-7132-3117-9. DOI : https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21126.
Walliser, B. 2015. Quand les croyances gouvernent le monde économique. In Walliser, B. (Ed.), La distinction des savoirs. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales. doi :10.4000/books.editionsehess.21126
Walliser, Bernard. “Quand les croyances gouvernent le monde économique”. Walliser, Bernard. La distinction des savoirs. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2015. (pp. 231-250) Web. <http://books.openedition.org/editionsehess/21126?mobile=1>.
WALLISER, Bernard (dir.). La distinction des savoirs. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2015 (généré le 18 avril 2024). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/editionsehess/21056?mobile=1>. ISBN : 978-2-7132-3117-9. DOI : https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.21056.
Walliser, B. (Ed.) 2015. La distinction des savoirs. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales. doi :10.4000/books.editionsehess.21056
Walliser, Bernard, ed. La distinction des savoirs. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2015. Web. <http://books.openedition.org/editionsehess/21056?mobile=1>.
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