1 Eugenia Rӑdӑceanu, Cuvinte pentru femei (Paroles adressées aux femmes), Bucarest, Editura Uniunii Femeilor Muncitoare din România, 1945, p. 29-32.
2 Voir par exemple Nanette Funk, « Fifteen Years of the East-West Women’s Dialogue », in Janet Elise Johnson, Jean C. Robinson (dir.), Living Gender after Communism, Bloomington, Indianapolis, Indiana University Press, 2007, p. 203-226 ; Allaine Cerwonka, « Travelling Feminist Thought : Difference and Transculturation in Central and Eastern European Feminism », Signs. Journal of Women in Culture and Society, 33 (4), 2008, p. 809-832 ; Ioana Cîrstocea, « “Between the Past and the West” : dilemme du féminisme en Europe de l’Est postcommuniste », Sociétés contemporaines, 71, 2008, p. 7-27.
3 Laura Grünberg (dir.), Good Practice in Promoting Gender Equality in Higher Education in Eastern Europe, Bucarest, Unesco-CEPES, 2001, p. 13.
4 Jirina Siklova, « McDonald’s, Terminators, Coca Cola Ads-and Feminism ? Imports from the West », in Tanya Renne (dir.), Ana’s Land. Sisterhood in Eastern Europe, Boulder, Westview Press, 1997, p. 76-81.
5 Voir la bibliographie en fin d’article. Pour des études de cas sur d’autres terrains est-européens, voir notamment Shana Penn, Jill Massino (dir.), Gender Politics and Everyday Life in State Socialist Eastern and Central Europe, New York, Palgrave Macmillan, 2009, une collection récente de contributions centrées sur l’expérience genrée du socialisme d’État au quotidien sur des terrains contrastés géographiquement et temporellement, allant de la Pologne à la Bulgarie et de la Tchécoslovaquie à la Roumanie en passant par la Serbie et la RDA.
6 Il s’agit notamment d’une « re-traditionnalisation » pendant la période stalinienne, qui mit fin aux espoirs féministes de l’époque révolutionnaire.
7 Voir sur ce point les travaux de Myra Marx Ferree.
8 Sandrine Kott, « L’égalité par le travail ? Les femmes en RDA (1949-1989) », in Corinne Bouillot, Paul Pasteur, Femmes, féminismes et socialismes dans l’espace germanophone après 1945, Paris, Belin, 2005, p. 115-143.
9 Wendy Goldman, « Les femmes dans la société soviétique », in Michel Dreyfus et al. (dir.), Le siècle des communismes, Paris, Éditions de l’Atelier, 2000, p. 187.
10 Voir les références de Gail Kligman et de Jill Massino dans la bibliographie. D’autres travaux moins ambitieux, publiés en roumain et ne circulant pratiquement pas en dehors des frontières nationales, récupèrent le vécu féminin des années socialistes par le biais de projets d’histoire orale, en se limitant le plus souvent à la production-collection de témoignage sans prétention analytique ; pour ne citer que les exemples les plus récents : les ouvrages de Zoltan Rostas, Theodora Vacarescu, Radu Paul Gheo, Dan Lungu. Enfin, d’autres ouvrages sont centrés sur l’exploitation des publications officielles, par exemple Cristina Liana Olteanu. Pour toutes ces références, consulter la bibliographie en fin d’article.
11 Fonds Comitetul Central al PCR – Cancelarie (Comité central du PCR, Chancellerie, ci-après « CC, Chancellerie »), Archives nationales historiques centrales (ANIC), Bucarest. Le PCR fut créé en 1921, il fut interdit par les autorités en 1924 et refit surface sur la scène politique officielle en août 1944. Il participa aux élections de 1946 en tant que noyau d’une alliance intitulée le Bloc des partis démocrates, pour s’unir avec le parti socialiste en 1948, et former le Parti ouvrier roumain (Partidul Muncitoresc Român, PMR) ; la formation reprit le nom de PCR en 1965 (sur cette histoire, nous nous référons à Raport final al Comisiei prezidentiale pentru analiza dictaturii comuniste din România (Rapport final de la Commission présidentielle pour l’analyse de la dictature communiste en Roumanie, ci-après Rapport CPADCR), chap. 1, « Partidul Comunist Român » (Le Parti communiste roumain), p. 30-157, Bucarest, 2006. Les chronologies en usage opèrent une séparation en deux périodes correspondant aux intervalles où la direction du CC fut assurée par Gheorghe Gheorghiu-Dej (jusqu’en 1965), puis par Nicolae Ceauşescu (jusqu’en 1989). Notre étude porte notamment sur la période d’après-guerre allant jusqu’à la cristallisation de l’organisation féminine communiste en 1958.
12 Nous reprenons et développons ici un argumentaire abordé également dans Ioana Cîrstocea, « Inventer un acteur politique : le régime communiste roumain et la “question femme” (1945-1965) », Revue des études sud-est européennes, 40 (1-2), 2002, p. 233-256.
13 Ce « modèle » est diffusé à travers de nombreuses publications éditées massivement et contenant des biographies féminines exemplaires et des récits édifiants. Il est aussi évoqué dans les réunions politiques, à titre d’inspiration pour certains aspects pratiques de l’activité des femmes.
14 Pour un tableau de la « nébuleuse associative » féminine en Roumanie à la fin du xixe et début du xxe, se rapporter à S. Miha ilescu, Emanciparea femeii române, antologie de texte (Émancipation de la femme roumaine, anthologie de textes), Iaşi, Polirom, 2004.
15 Les permanents du PC recommandent un travail idéologique par le biais des formes de sociabilité féminine traditionnelles : afin de susciter des adhésions parmi les femmes, il s’agit de prodiguer des conseils et de proposer de l’aide aux mères de familles nombreuses, de s’occuper de leurs enfants ou de leur apprendre diverses astuces pratiques pour alléger les tâches domestiques ; enfin, on peut aussi évoquer la politisation du folklore et la diffusion de productions centrées sur les nouvelles réalités du pays (CC, Chancellerie, doss. 14/1946, passim).
16 Pour une histoire plus détaillée des formes successives de l’organisation communiste des femmes en Roumanie dans les années 1940-1950, se référer à Luciana Marioara Jinga, « Forme de organizare ale “Muncii cu femeile” în cadrul PCR (1945-1954) » (Formes d’organisation du “travail auprès des femmes” au sein du PCR, 1945-1954), in Structuri de partid si de stat în timpul regimului comunist, Anuarul Institutului de Investigare a Crimelor Comunismului din România (Structures de parti et d’État, Annuaire de l’Institut pour l’investigation des crimes du communisme en Roumanie), III, Iaşi, Polirom, 2008, p. 49-80.
17 CC, Chancellerie, doss. 14/1946, p. 1.
18 L’intitulé « antifasciste » était préféré à celui de « communiste », impopulaire à l’époque, voir Victor Frunza, Istoria stalinismului în România (Histoire du stalinisme en Roumanie), Bucarest, Humanitas, 1990, p. 216.
19 CC, Chancellerie, doss. 13/1946, p. 3.
20 D’autres sources confirment que la Fédération répond à une injonction du mouvement communiste international : « La FDFR est née à la suite de la constitution de la FDIF et sur ses suggestions », voir Femeea în RPR (La femme en République populaire roumaine), édité par le ministère des Arts et des Informations, 1948, p. 11.
21 Voir Primul Congres al Femeilor Democrate din România, déjà cité, p. 44.
22 CC, Chancellerie, doss. 13/1946, p. 106.
23 CC, Chancellerie, doss. 1/1947, p. 26.
24 Voir Luciana Marioara Jinga, « Forme de organizare ale “Muncii cu femeile” în cadrul PCR (1945-1954) », art. cité, p. 66-67.
25 Pour une restitution du parcours similaire de l’organisation des Jeunesses communistes, voir Rapport CPDACR, p. 139-157.
26 CC, Chancellerie, doss. 9/1949, passim.
27 CC, Chancellerie, doss. 13/1950, p. 35. Les vérifications et les exclusions ont touché à la fin des années 1940 l’ensemble des organisations politiques, le PC lui-même se débarrassant de 21 % de ses effectifs ; voir Andrei Muraru, « Sectia de cadre ca instrument de verificare si control în interiorul Partidului Comunist » (La section des cadres, un instrument de vérification et de contrôle au sein du parti communiste), in De ce trebuie condamnat comunismul ? Anuarul Institutului pentru investigarea crimelor comunismului în România (Pourquoi faut-il condamner le communisme ? Annuaire de l’Institut pour l’investigation des crimes du communisme en Roumanie), I, Iaşi, Polirom, 2006, p. 141-161, p. 145 pour la référence ; voir Rapport CPADCR, p. 145 et suiv. pour des éléments sur les purges aux Jeunesses communistes).
28 CC, Chancellerie, doss. 24/1950, p. 9.
29 Fonds Ministerul Artelor si Informatiilor (ministère des Arts et des Informations, MAsI), ANIC, doss. 5/1948, p. 128, coupure du journal Universul, le 30 décembre 1948. On sait par ailleurs que les organisations féminines furent mobilisées pour les campagnes d’alphabétisation menées dès les premières années du régime (Rapport CPADCR, p. 479) ainsi que dans les campagnes pour la collectivisation de l’agriculture, de telles activités pouvant correspondre à la formule « service à la communauté », utilisée dans les documents que nous avons consultés.
30 Voir MAsI, doss. 65/1950, p. 23 (coupure du journal Universul, 16 mai 1950), et Congresul UFDR, 14-16 iunie 1950, Éditions UFDR, p. 19.
31 CC, Chancellerie, doss. 24/1950, p. 16.
32 Ce silence peut s’expliquer par les nombreuses tensions présentes à ce moment-là au sein du bureau politique, qui ont conduit à la scission de l’équipe dirigeante et à l’éviction d’une partie de ses membres, dont Ana Pauker (voir Rapport CPADCR, chap. I, déjà cité).
33 Conferinţa Naţională a Femeilor din RPR, martie 1958 (La Conférence nationale des femmes de la RPR), CNFR, 1959, p. 16.
34 Voir Luciana Marioara Jinga, « Forme de organizare ale “Muncii cu femeile” în cadrul PCR (1945-1954) », art. cité, p. 72-73.
35 CC, Chancellerie, doss. 34/1954, p. 3.
36 Conferinţa Naţională a Femeilor din RPR, op. cit., p. 16.
37 CC, Chancellerie, doss. 15/1955, p. 13.
38 CC, Chancellerie, doss. 84/1956, p. 50.
39 CC, Chancellerie, doss. 54/1956, p. 10.
40 L’intitulé de la formation fait écho tant au conseil fondé en 1921 qu’aux formations mises en place entre-temps dans d’autres pays socialistes. Voir CC, Chancellerie, doss. 43/1957 et doss. 48/1957 pour le fonctionnement et les attributions du CNFR.
41 Ces principaux objectifs figurent dans deux documents : CC, Chancellerie, doss. 43/1957, p. 6-8, et CC, Chancellerie, doss. 48/1957, p. 6-12.
42 Conferinţa naţională a femeilor din România, déjà cité.
43 CC, Chancellerie, doss. 9/1949, p. 4.
44 L’observation est valable pour d’autres catégories cibles de la propagande : « femmes, jeunes, paysans, minorités » – autant de groupes dont l’objectivation est encouragée à travers des structures formelles, mais qui ne peuvent pratiquement pas porter des intérêts collectifs en dehors des cadres idéologiques.
45 Née en 1911 et membre du PCR depuis 1932, elle est une militante aguerrie dont la fiche biographique fait état d’années d’activités clandestines et de plusieurs séjours en prison en Roumanie pendant l’entre-deux-guerres ; elle exerce plus tard diverses responsabilités d’organisation et de direction aux Jeunesses communistes, et fait plusieurs stages auprès d’organisations communistes en URSS et en Tchécoslovaquie (Fondul CC al PCR Secţia Organizatorică – Dosare anexe (CC, Organisation-annexes), ANIC, doss. 79/1953, p. 46-47).
46 CC, Chancellerie, doss. 56/1955, p. 8.
47 Pour une réflexion similaire sur deux moments de réforme électorale en France, se rapporter à Delphine Dulong, « Des actes d’institution d’un genre particulier. Les conditions de légitimation des femmes sur la scène électorale (1945 et 2001) », in Jacques Lagroye (dir.), La politisation, Paris, Belin, 2003, p. 425-443.
48 CC, Chancellerie, doss. 14/1946, passim.
49 Voir Françoise Héritier, Masculin/Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996.
50 CC, Chancellerie, doss. 14/1946, p. 100 et 7-13 ; ailleurs il est dit que « chaque membre masculin du parti est responsable de l’éducation de sa propre épouse et doit s’en occuper » (CC, Chancellerie, doss. 24/1950, p. 17).
51 CC, Chancellerie, doss. 14/1946, p. 40.
52 CC, Chancellerie, doss. 56/1955, p. 13.
53 Ibid., p. 19.
54 Bien que le sujet dépasse le cadre chronologique retenu pour ce travail, soulignons que ces représentations ne changent pas de façon radicale pendant les décennies suivantes, malgré un déplacement d’accent à partir de la mi-décennie 1960, après la publication du décret 770/1966 pénalisant l’avortement. L’identité symbolique des femmes sera dès lors recentrée sur la maternité, vouée à la fois à assurer la reproduction de la nation et à alimenter l’économie en main-d’œuvre (voir les ouvrages de Gail Kligman).
55 Robert Levy, Ana Pauker : The Rise and Fall of a Jewish Communist, Berkeley, Los Angeles, Londres, University of California Press, 2000. Mise à part le parrainage de l’UFAR et la présidence honoraire temporaire de la FDFR, Ana Pauker ne s’engage pas sur des questions relevant de la condition féminine, la responsabilité de ce secteur d’activité du PC revenant dans un premier temps à un homme, Vasile Luca (voir Rapport CPADCR, p. 29). Plus tard, la responsabilité du secteur est assurée temporairement par Ileana Raceanu évoquée ci-dessus, dont les prises de position critiques sont loin d’être accueillies favorablement par le bureau politique. Au moment où le CNFR se met en place en 1958, sa présidence est confiée à Maria Rosetti, épouse d’un linguiste membre de l’Académie roumaine, issue d’une famille bourgeoise et diplômée de la Sorbonne. Sa nomination purement symbolique est censée récompenser les sympathies socialistes de longue date de sa famille, par ailleurs des « ci-devant ». Le fait qu’une telle position publique fut confiée à quelqu’un dont le profil social ne correspond pas au canon idéologique est un argument supplémentaire pour soutenir l’idée que l’institution féminine était marginale et formelle. Pour une comparaison des trajectoires d’Ana Pauker et de Maria Rosetti, se rapporter à Ioana Cîrstocea, « La construction politique de l’identité féminine pendant le régime communiste roumain – 1945-1965 », IRIR work in progress series, 5, 2002, p. 83-92.
56 Olivia Clătici, Optiuni politice... experiente politice (Options politiques... expériences politiques), Bucarest, Casa de editură şi librărie Nicolae Bălcescu, 2007, p. 37.
57 Ibid., p. 58 ; 70.
58 MAsI, doss. 5/1948, p. 50.
59 Ibid., p. 203 ; 231.
60 Ibid., p. 205.
61 Jean-Claude Passeron, Jacques Revel, Penser par cas, Paris, Éditions de l’EHESS, 2005. Chef-lieu du département homonyme situé au sud de la Transylvanie, la ville de Braşov fut le deuxième centre industriel de la Roumanie communiste ; voir Mic Dictionar Enciclopedic (Petit dictionnaire encyclopédique), Bucarest, Éditions Ştiinţifica şi Enciclopedică, 1986, p. 232-234.
62 AIRIR, fonds C.M.Bv. Pour un échantillon de documents et une description du corpus, se référer aux articles de Ioana Cîrstocea, « Eşalonul de mijloc al partidului unic – norme si practici de promovare » (L’échelon moyen du parti unique. Normes et pratiques de promotion), et « Le devoir féminin entre norme communiste et pratique quotidienne. Une étude de cas », pour une première analyse des dossiers de cadres féminins dans ce corpus (voir la bibliographie). Nous ne souscrivons pas à l’hypothèse centrale formulée par Marius Oprea, contenue dans le titre même de son ouvrage : s’appuyant sur les thèses « totalitaristes » longtemps dominantes dans l’étude des régimes communistes en Europe de l’Est, il soutient la parenté, voire même l’identité entre l’encadrement biographique communiste et la surveillance de la population par la police secrète. À la différence, notre analyse prend appui sur des travaux d’histoire sociale des socialismes, centrés sur la sociographie des groupes militants et l’étude des trajectoires des acteurs (voir infra), s’intéressant aux logiques de coproduction du système à travers des interactions sociales et des logiques d’investissement des institutions par les individus. Voir infra pour des références précises.
63 Pour l’encadrement biographique communiste, nous nous référons aux travaux de Claude Pennetier, Bernard Pudal (voir la bibliographie en fin d’article). Voir aussi Florian Escudié, « Le fonctionnaire et la machine bureaucratique. Contrôle biographique et construction des carrières dans l’appareil régional du SED », Genèses. Sciences sociales et histoire, 53 (4), 2003, p. 93-112, rare exemple de recherche appliquant une lecture de ce type à un terrain est-européen. En Roumanie, la section du PC responsable du contrôle des cadres commence à s’organiser dès août 1944 (document en provenance du fonds CC du PCR, Section organisation, doss. 95/1944, cité par Andrei Muraru, « Secţia de cadre ca instrument de verificare şi control în interiorul Partidului Comunist », art. cité, p. 143), la commission de contrôle du PCR étant mise en place en 1945. Un document datant de 1957 explicite les règles présidant à la constitution des dossiers personnels des membres de la nomenklatura : établis lors de la première promotion de l’individu, leur circulation entre les divers échelons et sections du PC était strictement réglementée et ils restaient secrets et inaccessibles aux personnes concernées ; voir Nicolae Videnie, « De la autobiografie la delatiune. Material auxiliar la dosarele de cadre » (De l’autobiographie à la délation. Compléments aux dossiers des cadres), in Marius Oprea et al., Securiştii partidului (Les agents secrets du parti), op. cit., p. 32-35 ; le document provient du fonds CC du PCR, Chancellerie, doss. 31/1957.
64 Le nombre total de dossiers de cadres féminins correspond à un tiers environ du fonds AIRIR C.M.Bv. (249 sur 829). Selon la datation de la pièce centrale (l’autobiographie rédigée par la candidate ou bien la « note de synthèse » émise par le service de vérification des cadres), ils ont été constitués entre 1962 et 1976, sauf pour deux cas exceptionnels (en 1957, et 1982).
65 Selon des règles instituées au début des années 1950 et encore en vigueur une décennie plus tard, l’admission au PC était précédée par un « stage » de plusieurs mois pendant lequel l’appareil vérifiait la biographie du candidat et décidait de la recevabilité d’une demande d’adhésion. Pour plus de détails sur ce point, voir Stejărel Olaru, « Un dosar ca multe altele » (Un dossier entre autres), in Marius Oprea et al., Securiştii partidului (Les agents secrets du parti), op. cit., p. 95-112, surtout note 36, p. 106. Compte tenu du fait que, dans la logique institutionnelle, la période de « stage » est par la suite considérée au titre de l’ancienneté au sein de la formation politique, nous incluons dans notre échantillon une personne devenue « candidate » en 1958.
66 Ibid., p. 95. Voir également supra, note 27.
67 Remarquons ici que 7 % des femmes de l’échantillon ont initialement adhéré à un autre parti que le PC, dont elles sont devenues membres à l’occasion de fusions ultérieures.
68 Ajoutons, dans le même sens, l’apparition des femmes ingénieurs dans le second groupe, à raison de 15,78 % (la catégorie n’est pas du tout représentée pour l’intervalle 1945-1947).
69 Vers la fin des années 1980, la pratique devient routinière, les personnes aux bons résultats scolaires et professionnels étant recrutées quasi automatiquement d’abord aux Jeunesses communistes, ensuite au PC (après avoir atteint selon la période entre 26 et 30 ans), voir Rapport CPADCR, p. 154.
70 Zoltan Rostas, Antonio Momoc, Activiştii mărunţi. Istorii de viaţă (Les menus cadres. Récits de vie), Bucarest, Curtea Veche, 2007, p. 75 et 79 (propos d’une femme née en 1931, recrutée au PC au début des années 1950 dans une entreprise industrielle).
71 Ibid., p. 304-305 (femme née en 1932, cooptée au PC en 1960 dans une entreprise industrielle).
72 Ibid., p. 177-178 (femme née en 1931, professeur de mathématiques, adhère au PC en 1954 dans le village où elle est affectée à la fin de ses études universitaires).
73 Sur les 43 dossiers consultés, 11 font mention d’une formation de ce type, pouvant aller d’un cours de 15 jours pour les propagandistes (dossier 3 738) jusqu’à un cursus de 3 ans au sein de l’université marxiste-léniniste (dossier 3 139). 95 000 personnes auraient reçu une telle formation entre 1948 et 1955, leur nombre s’élevant à un million en 1965 ; voir Aron Petric, Istoria României între anii 1918-1981 (Histoire de la Roumanie de 1918 à 1981), Bucarest, Éditions Didactică şi Pedagogică, 1981, p. 306 ; Andreea Năstase, Stejărel Olaru, « În perioada construirii socialismului, cadrele hota ra sc totul » (Ce sont les cadres qui décident de tout pendant la période de construction du socialisme), in Marius Oprea et al., Securiştii partidului (Les agents secrets du parti), op. cit., p. 80-94 (note 14, p. 86-87 pour la référence).
74 C.M.Bv., doss. 3 518 ; 4 070 ; 3 744 ; 3 268 ; 3 104 ; 2 967 ; 2 985, etc.
75 C.M.Bv., doss. 2 967.
76 C’est la formule passive typique pour faire référence à la mobilité professionnelle dictée par les nécessités du PC pour recruter du personnel.
77 C.M.Bv., doss. 3 518. Le dossier 3 268 présente un cas similaire : cette militante née en 1934 dans une famille ouvrière adhère aux Jeunesses communistes en 1951, pendant la première année d’un stage de qualification technique en tant que tisserande, pour se voir « retirée de la production » tout de suite après la fin de cette formation et éduquée pendant un an dans une école politique. Par la suite, au lieu de retourner à son poste d’ouvrière, elle occupe divers emplois réservés aux permanents du PC, d’abord auprès des Jeunesses communistes, puis auprès de divers organes du PC dont elle devient membre en 1955, année même de son mariage avec un permanent du parti.
78 Rapport CPADCR, p. 475 et suiv. Voir aussi Cătălin Augustin Stoica, « Once upon a Time There Was a Big Party : The Social Bases of the Romanian Communist Party (Part II) », East European Politics and Societies, 20 (3), 2006, p. 447-482.
79 C.M.Bv., doss. 3 518 et 2 967, à 41 ans et 33 ans, après avoir bien entamé et avancé leurs carrières professionnelles respectives.
80 C.M.Bv., doss. 4 070 : née en 1937 dans une famille paysanne, elle obtient un certificat de qualification technique en 1955, travaille comme ouvrière spécialisée dans une usine, entre au PC en 1958 puis est « envoyée » suivre des études universitaires de 1960 à 1965.
81 C.M.Bv., doss. 3 152 : fille d’instituteur, elle est née en 1922 et obtient un diplôme d’institutrice en 1942. Entrée au PC en 1947, elle se consacre à des activités au sein de la commission féminine et est élue députée de sa commune en 1951. Son autobiographie évoque aussi des activités de propagandiste ainsi que des cours d’« enseignement politique » (économie politique, histoire du PCR, bases du marxisme-léninisme) dispensés à l’intention des propagandistes.
82 Zoltan Rostaş, Antonio Momoc, Activiştii mărunti. Istorii de viaţă (Les menus cadres. Récits de vie), op. cit. D’autres témoignages détaillent des aspects plus pratiques, comme les congés payés pour les études ou les structures de formation réservées aux cadres, flexibles quant à l’emploi du temps et aux formes d’évaluation. Voir ibid., p. 40, pour le récit d’un homme ex-secrétaire d’un comité municipal du PC, dont l’ensemble du parcours scolaire, tardif, fut réalisé grâce à de telles structures.
83 C.M.Bv., doss. 3 095.
84 Citant les noms de collègues qui l’avaient initiée au marxisme lors d’un « séminaire de lectures progressistes », elle se conforme à un modèle autobiographique dont l’existence est connue par ailleurs (voir Claude Pennetier, Bernard Pudal, « La “vérification” (l’encadrement biographique communiste dans l’entre-deux-guerres) », Genèses, 23, 1996, p. 145-163), mais qui n’apparaît dans aucun autre dossier de notre corpus. Cela peut s’expliquer tant par l’âge de la personne que par sa socialisation politique dans les années 1930, lorsque la pratique de l’encadrement biographique se mettait en place dans des cercles encore très restreints du mouvement communiste.
85 À la fin de la guerre, le PC fraîchement issu de la clandestinité comptait un millier de membres environ (voir Rapport CPADCR, p. 37), une bonne partie des figures ayant occupé les premiers rangs du pouvoir par la suite en faisait partie.
86 Zoltan Rostaş, Theodora Văcărescu, Cealaltă jumătate a istoriei. Femei povestind (L’autre moitié de l’histoire. Histoires de femmes), Bucarest, Curtea Veche, 2008, p. 245-263.
87 C.M.Bv., doss. 3 284.
88 La motivation officielle de leur exclusion (« nés en URSS ») se réfère vraisemblablement au fait que le couple avait quitté les territoires roumains historiques (Bessarabie et Bucovine) annexés par l’URSS après la Seconde Guerre mondiale, se rendant ainsi coupable d’« insoumission aux lois du pays ami ». L’autobiographie de cette femme expose le parcours du combattant pour se faire réadmettre au parti et fait appel à des détails précis (dates d’événements, numéro de carte de membre du PC). Son expression, chargée d’émotion, est censée montrer un attachement sans faille à l’institution : « Pendant la période où je n’ai pas appartenu aux rangs du parti, j’ai continué à travailler comme auparavant et j’ai témoigné au parti et à notre ordre social le même dévouement et le même amour constant. » Le document finit d’ailleurs par le slogan « Vive le parti ! ».
89 L’hypothèse devrait être vérifiée par une étude similaire sur la population masculine qui adhère au PC pendant le même intervalle ; c’est l’une des suites que nous entendons donner à ce travail.
90 Vu le format quasi libre de l’autobiographie, toutes les femmes ne renseignent pas de la même façon leurs données d’état civil, et on ne connaît donc pas la situation familiale détaillée pour 30,23 % de l’ensemble. Par ailleurs, 4 dossiers personnels du corpus ne comprennent pas d’autobiographies manuscrites, mais uniquement des rapports biographiques constitués par les inspecteurs. Remarquons à ce titre qu’au moins 60,52 % des époux (à savoir ceux pour lesquels l’information est fournie par les femmes autobiographes) ont aussi adhéré au PC.
91 Voir aussi Ioana Cîrstocea, « Le devoir féminin entre norme communiste et pratique quotidienne. Une étude de cas » (art. cité), pour une première ébauche de la réflexion que nous développons ici.
92 C.M.Bv., doss. 3 843.
93 C.M.Bv., doss. 3 131.
94 C.M.Bv., doss. 3 268.
95 Le « familialisme » est une constante du régime communiste roumain, comme en témoigne le cas notoire du clan Ceauşescu. Voir Sheila Fitzpatrick, Le stalinisme au quotidien : la Russie soviétique dans les années 1930, Paris, Flammarion, 2002 (Oxford University Press, 1999), sur le système des relations personnelles et familiales comme cadre structurant de la vie sociale et politique pendant le stalinisme en Russie.
96 Dans « Once upon a Time There Was a Big Party » (art. cité), Cătălin Augustin Stoica esquisse rapidement une hypothèse similaire (p. 467- 469). Nicolas Werth avait à son tour remarqué l’effet perturbateur que les « rythmes du PC » pouvaient exercer sur les familles confrontées à des réunions, cours et autres tâches diverses (Être communiste en URSS sous Staline, Paris, Gallimard, 1981, p. 85).
97 Zoltan Rostaş, Antonio Momoc, Activiştii mărunti. Istorii de viaţă (Les menus cadres. Récits de vie), op. cit., p. 308-313.
98 Ibid., p. 308-313, passim.
99 Cf. Sandrine Kott, Le communisme au quotidien, op. cit, respectivement Jay Rowell, Le totalitarisme au concret. Les politiques du logement en RDA, Paris, Economica, 2006.
100 Sur ce thème, voir la bibliographie en fin d’article, en particulier Nanette Funk, Marina Blagojevic, Jirina Siklova, Ann Snitow, Susan Gal, Gail Kligman.
101 Par exemple Monica Lotreanu, « Informare sau manipulare : despre imaginea femeii în presa posttotalitară » (Information ou manipulation : de l’image de la femme dans la presse posttotalitaire), in M. Nicolaescu (dir.), Cine suntem noi ? Despre identitatea femeilor în România moderna (Qui sommes-nous ? De l’identité des femmes dans la Roumanie moderne), Bucarest, Anima, 1996, p. 91-108.
102 Un exemple dans Cristina Liana Olteanu et al., Femeile în România comunistă. Studii de istorie socială (Les femmes en Roumanie communiste. Études d’histoire sociale), Bucarest, Politeia SNSPA, 2003, p. 14.
103 Mihaela Miroiu, Societatea retro (La société rétro), Bucarest, Trei, 1999, p. 145-146.
104 Nous rejoignons sur ce point les conclusions de Jill Massino, dont les travaux d’histoire orale menés auprès de femmes de Braşov professionnalisées à partir des années 1960 soulignent leur capacité d’action (agency) et le fait que leur identité d’« individus socialistes » est le produit d’une négociation permanente, à la fois dans la sphère privée et dans la sphère publique.
105 Michèle Le Dœuf, L’étude et le rouet, Paris, Le Seuil, 1989.
106 Rose-Marie Lagrave, « Une émancipation sous tutelle. Éducation et travail des femmes au xxe siècle », in Georges Duby, Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, Paris, Plon, 1992, vol. 5, p. 431-462.
107 Mariette Sineau, Des femmes en politique, Paris, Economica, 1988.