3. Du don de gamètes au don d’engendrement

p. 105-133


Extrait

1Le débat préparatoire à la deuxième rénovation des lois de bioéthique a révélé une véritable résistance à la levée de l’anonymat des dons, témoignant de la difficulté d’une grande partie de l’opinion française à concevoir ce que pourrait bien signifier l’existence de deux statuts à la fois différents et complémentaires, celui de donneur d’engendrement et celui de receveur-parent par la filiation. En analysant la spécificité du modèle bioéthique français, nous avons pu identifier l’une des raisons majeures de cette résistance. Dans ce modèle à deux niveaux, en effet, le niveau supérieur ou englobant déspécifie radicalement le don de gamètes en l’inscrivant parmi les « dons d’éléments du corps humain », dons oblatifs dont le caractère éthique est garanti et comme sanctifié par le triptyque bénévolat-gratuité-anonymat. Remettre en cause l’une des parties de ce triptyque serait, selon ses défenseurs, porter atteinte aux valeurs fondamentales qu’il est censé servir : dignité de la

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