1 Sur l’histoire du réglementarisme, voir Alain Corbin, Les filles de noce, Paris, Flammarion, 1982.
2 Judith Walkowitz, Prostitution and Victorian Society. Women, Class and the State, Cambridge, Cambridge University Press, 1980.
3 Sur la naissance de l’abolitionnisme anglais, cf. J. Walkowitz, ibid.
4 Cf. notamment A. Corbin, op. cit., p. 412 sq.
5 Ordonnances n° 60-1245 et 60-1246, publiées au Journal officiel du 27 novembre 1960.
6 Sauf en matière fiscale : comme tous revenus, les gains retirés de la prostitution sont en principe soumis à l’impôt.
7 Cette critique était notamment présente dans le rapport sur la prostitution rédigé en 1975 par le magistrat Guy Pinot, qui remarquait que « l’économie du système conçu par les rédacteurs des ordonnances de 1960 a été détruite sous l’effet d’une série de distorsions tenant [...] a l’utilisation des textes réprimant le proxénétisme et le racolage, comme un moyen de répression de la prostitution proprement dite » (Guy Pinot, Mission d’information sur la prostitution, ministère du Droit des femmes, 1975, p. 12).
8 « La loi réprimant le racolage se heurte à de nombreux obstacles », Le Monde, 31 juillet 2003.
9 Comme l’a montré en mai 2002 la participation, quelques jours seulement après son arrivée place Beauvau, de Nicolas Sarkozy à une très médiatisée « descente de police » dans l’un des principaux quartiers de prostitution parisien.
10 La loi du 30 juillet 1960 définissait la prostitution comme un « fléau social » au même titre que l’alcoolisme, la tuberculose et l’homosexualité.
11 Sur ces associations, cf. Lilian Mathieu, Prostitution et sida. Sociologie d’une épidémie et de sa prévention, Paris, L’Harmattan, 2000.
12 Les différences (en termes de pratiques, de conditions d’existence, d’exposition au VIH ou de rapport à la santé) entre les diverses catégories de femmes et hommes prostitués sont abordées dans Stéphanie Pryen, Stigmate et métier. Une approche sociologique de la prostitution de rue, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1999 et Lilian Mathieu, « L’espace de la prostitution », Sociétés contemporaines, n° 38, 2000, p. 99-116.
13 Anne Serre et al., « Conditions de vie des personnes prostituées : conséquences sur la prévention du VII I », Revue d’épidémiologie et de santé publique, n° 44, 1996, p. 407-416.
14 Appel signé, outre par plusieurs associations « communautaires », par des membres de Aides, d’Act Up, des Verts, du PRG et du Réseau Voltaire.
15 Sur ces différentes organisations-et sur la principale d’entre elles, le Comité international pour les droits des prostituées-cf. Lilian Mathieu, Mobilisations de prostituées, Paris, Belin, 2001.
16 Ce processus législatif a été étudié par Joyce Outshoorn, « Debating Prostitution in Parliament : A Feminist Analysis », European Journal of Women’s Studies, vol. 8(4), 2001, p. 472-490.
17 Selon l’expression du Dr Parent-Duchâtelet, médecin hygiéniste qui, sous la monarchie de Juillet, s’est fait le chantre du réglementarisme français : Alexandre Parent-Duchâtelet, La Prostitution à Paris au xixe siècle, Paris, Le Seuil, 1981.
18 Cette distinction a été portée par les collectifs de prostituées-dont un des plus importants est l’organisation hollandaise de Rode Draad (Fil rouge) – et figure au cœur des positions du Comité international pour les droits des prostituées. Cf. le livre-manifeste de cette organisation : Gail Pheterson (ed.), A Vindication for the Rights of Prostitutes, Seattle, The Seal Press, 1989.
19 Le Mouvement du Nid, qui entend œuvrer pour un « monde sans prostitution », a été fondé en 1946 par un prêtre, le père Talvas ; son histoire comme celle de ses militants le rapprochent étroitement de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Il ne doit pas être confondu avec l’Amicale du Nid, évoquée plus haut : celle-ci, composée de travailleurs sociaux salariés, est issue d’une scission avec le Mouvement, intervenue en 1971.
20 Prostitution et société (revue du Mouvement du Nid), n° spécial « Prostitution, 100 questions pour comprendre », 1996, p. 27.
21 Ces journées seront perturbées par des associations de santé communautaire entendant dénoncer « les ligues de vertu qui diabolisent fanatiquement la prostitution » et seraient « responsables de l’inquiétante situation dans laquelle vivent et travaillent les personnes prostituées ». Une perturbation similaire, conduite par les mêmes associations, affectera en mai 2000 le colloque « Peuple de l’abîme, la prostitution aujourd’hui » organisé par une autre organisation abolitionniste, la Fondation Scelles.
22 Le livre noir de la prostitution, Paris, Albin Michel, 2000.
23 La prostitution apparaît comme un des points de clivage interne les plus vifs du féminisme, comme l’indique le fait que le récent Dictionnaire critique du féminisme (Paris, PUF, 2000) comporte deux articles sur ce thème : le premier rédigé par la militante du Nid, Claudine Legardinier, le second sous la plume de Gail Pheterson, principale « théoricienne » du Comité international pour les droits des prostituées.
24 « Appel à entrer en résistance contre l’Europe proxénète » (1999) et manifeste « Le corps n’est pas une marchandise » publié par le Nouvel observateur le 15 mai 2000.
25 Cf. Marie-Victoire Louis, « Pour construire l’abolitionnisme du xxie siècle », sur le site penelopes. org.
26 Ce débat a été étudié plus en détail dans Lilian Mathieu, « Prostituées et féministes en 1975 et 2002 : l’impossible reconduction d’une alliance », Traνail, genre, société, n° 10, 2003.
27 Propos de Margaretha Wimberg, ministre suédoise de l’Égalité des sexes, cités dans l’Appel à entrer en résistance contre l’Europe proxénète.
28 Tel l’adjoint à la sécurité de la mairie de Paris, le socialiste Christophe Caresche, qui se déclarait favorable à cette option dans Le Monde du 12 juillet 2002 : selon lui, « Il existe des prostituées parce qu’il y a une demande. Si on supprime cette demande, l’offre s’appauvrira. »
29 Signalons qu’un cas de répression des clients de prostituées a été introduit dans le droit français par le gouvernement Jospin sous la forme de l’article 225-12-1 du Code pénal qui punit de trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende « le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d’un mineur qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle ». Depuis la loi sur la sécurité intérieure, est puni des mêmes peines « le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir, en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, des relations sexuelles de la part d’une personne qui se livre à la prostitution, y compris de façon occasionnelle, lorsque cette personne présente une particulière vulnérabilité, apparente ou connue de son auteur, due à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse ».
30 Sauf poussées de ce que les sociologues désignent sous le terme de moral panics, à l’exemple de la « rumeur d’Orléans » (accusant des commerçants juifs d’enlever des jeunes filles pour les livrer à des réseaux de prostitution), étudiée en son temps par Edgar Morin.
31 Les rares études disponibles tendent à contester l’idée d’une totale hétéronomie des prostituées migrantes, dans bien des cas moins victimes et davantage actrices de leur migration et de leur prostitution que le laissent entendre les discours abolitionnistes ; cf. notamment Rutvica Andrijasevic, « The Differences Borders Make : (Il)legality, Migration and Τraffìcking in Italy among Eastern European Women in Prostitution », in S. Ahmed, C. Castaneda, A. Fortier, M. Sheller (eds.), Uprootings/Regroundings : Questions of Home and Migration, Berg, 2003.
32 Voir notamment la recommandation 1325 (1997) relative à la traite des femmes et à la prostitution forcée dans les États membres du Conseil de l’Europe.
33 M. -V. Louis, « L’Union européenne va-t-elle nous faire vivre dans une Europe proxénète ? », Le Monde, 10-11 mai 1998.
34 M. -V. Louis, « Pour construire l’abolitionnisme du xxie siècle », art. cit.
35 S. Pryen, op. cit., p. 39.
36 Cf. par exemple M. -V. Louis, « Le corps humain mis sur le marché », Le Monde diplomatique, mars 1997.