Les ambassades entre Tamerlan, l’Occident et la Chine
p. 318-319
Texte intégral
1Venu d’Asie centrale, Tamerlan passa presque toute sa vie en expéditions militaires. Il était musulman, mais la grande majorité de ses campagnes a été dirigée contre d’autres princes musulmans. Sa spectaculaire avancée, notamment l’écrasante défaite qu’il infligea aux Turcs ottomans près d’Ankara en 1402, causa un émoi considérable dans l’Europe occidentale chrétienne, ce qui a encouragé certains à le voir comme un allié potentiel, tout comme l’avaient été les Mongols d’Iran un siècle plus tôt. Plusieurs dirigeants occidentaux échangèrent des ambassades avec Tamerlan. Son émissaire, Jean, archevêque de Sultaniyya, qui visita Charles VI de France et Henri IV d’Angleterre après la bataille d’Ankara, a écrit une brève relation à son propos. Néanmoins, nous connaissons mal la chronologie de ces ambassades et les itinéraires empruntés.
2En 1404, Enrique III de Castille envoya une ambassade à la résidence princière de Tamerlan à Samarcande, dont faisait partie Ruy Gonzalez de Clavijo. Ce dernier a rédigé un rapport très détaillé sur cette mission, nous informant sur les itinéraires empruntés que nous avons reportés sur la carte. La mort de Tamerlan, lors de son expédition contre la Chine en 1405, mit fin à ces échanges diplomatiques. D’après les lettres qui sont parvenues jusqu’à nous, il semblerait que ses contacts avec l’Occident avaient principalement un but commercial.
3P. J.
« Ensuite, le frère Jean, archevêque de Soultaniyé, nous fut envoyé […]. Il importe que vos marchands soient envoyés dans nos régions, pour que nous prenions soin de les traiter avec honneur, et que de même nos marchands aillent en vos régions […]. Que personne ne leur fasse subir violence ou exactions, car c’est grâce aux marchands que le monde est prospère. »
Lettre de Tamerlan au roi de France. Trad. : Mollat du Jourdin in Gonzalez de Clavijo, p. 294.
Relations diplomatiques timurides : la mission de Ruy Gonzalez de Clavijo en 1404.

4Les relations entre les Timurides et l’Empire Ming débutent à l’époque de Tamerlan, alors qu’il commençait son expédition en Chine. Selon les sources chinoises, trois ambassades partirent de Samarcande vers la Chine en 1387, 1388‑1390 et 1395. D’autres ambassades sont mentionnées jusqu’à 1405, des deux côtés, mais les informations sur les itinéraires sont rares. L’ambassade officielle des Ming, qui arriva à la cour de Tamerlan en 1395, provoqua l’irritation du sultan qui fit emprisonner les envoyés.
5Plus intenses et fructueuses furent les relations diplomatiques avec l’empereur Ming Yongle (r. 1402‑1424) à l’époque de Shāh Rukh (r. 1409‑1447) et de son fils Ulugh Beg (m. 1449), qui était alors gouverneur de Samarcande.
6Deux ambassades décrivent dans le détail les itinéraires. La première est celle conduite par Chen Cheng (1414‑1417) qui, parti de Suzhou, arriva à Samarcande et enfin à Herat, le siège du pouvoir de Shāh Rukh. La seconde ambassade (1419‑1422) eut lieu à l’initiative d’Ulugh Beg, sous la direction de Ghiyāth al-Dīn Naqqāsh qui, parti de Herat, rejoignit Samarcande via Balkh. Il entra en Chine, arriva à Kan Chou (Ganzhou), Lau Chou (Lanzhou) sur la Rivière jaune, et enfin atteignit Khanbalik (Pékin). Le retour est décrit très brièvement par Ghiyāth al-Dīn Naqqāsh. D’autres ambassades postérieures sont signalées.
7Mi. B.
Les relations diplomatiques entre les Timurides et la Chine.


Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007