Les relations diplomatiques entre les Mongols et l’Occident
p. 316-317
Texte intégral
1On distingue deux phases dans les relations diplomatiques entre les Mongols et l’Occident latin : la période des échanges avec les Grands Khans* de Mongolie (1245‑1254) et la période de ceux avec les Ilkhans*, les Mongols d’Iran (1262‑1305). La première période débuta à l’initiative du pape Innocent IV. Inquiété par la progression des Mongols en Europe orientale, en 1245 il envoya des missionnaires dominicains et franciscains munis de lettres pour s’informer sur les objectifs des conquérants. Ces premiers contacts se soldèrent par un échec car, pour les Grands Khans qui se considéraient investis d’un mandat pour conquérir le monde, la négociation était impossible.
2Un tournant dans les relations diplomatiques se produisit avec les Ilkhans qui faisaient face à l’hostilité des khans de la Horde d’or et à celle des Mamluks. Les pouvoirs chrétiens leur apparurent comme des alliés potentiels. Ces négociations furent lancées par Hülegü en 1262. Il envoya une lettre à Louis IX pour lui proposer une alliance. Malgré la promesse qui lui était faite de restituer Jérusalem, Louis IX, méfiant, ne donna pas suite à cette proposition. Les contacts furent maintenus jusqu’à l’époque de Öljeitü (r. 1304‑1316) qui envoya en 1305 une lettre en Occident. Quoi qu’il en soit, les nombreuses ambassades ilkhanides pour obtenir le concours militaire des puissances occidentales n’aboutirent jamais. La chrétienté latine ne faisait pas confiance aux souverains mongols d’Iran qui étaient entourés de sujets musulmans, d’autant que la proposition d’alliance militaire était presque toujours assortie d’une demande implicite de soumission.
Relations diplomatiques entre l’Occident et les Mongols : les missionnaires dominicains et franciscains des États chrétiens d’Occident.

Relations diplomatiques entre les Mongols et l’Occident : le voyage de Rabban Sawma.

3Le récit en syriaque (cf p. 50‑51) du périple diplomatique du moine Rabban Sauwma et de son disciple Marcos en Europe est un témoignage unique et vivant sur la découverte de l’Europe par des chrétiens venus de Chine.
4Partis de la cour de Qubilaï à Khanbalik (Pékin), dans le but de se rendre en pèlerinage à Jérusalem, après un voyage long et fatiguant, Rabban Sauwma et Marcos arrivèrent en Mésopotamie. La route vers les lieux saints étant inaccessible, ils se rendirent en Azerbaïdjan où ils rencontrèrent le catholicos* de l’Église* d’Orient à Maragha. À cette époque, l’ilkhan Arghun cherchait à établir une alliance avec les puissances occidentales contre les Mamluks d’Égypte. Rabban Sawma fut désigné par l’ilkhan pour conduire une mission diplomatique en Europe en 1287‑1288. Il se rendit d’abord à Constantinople, puis à Rome, ensuite à Paris où le roi de France, Philippe IV le Bel, lui promit d’envoyer une armée. Il poursuivit sa mission diplomatique à Bordeaux où le roi d’Angleterre Édouard Ier lui assura également un concours militaire. Néanmoins, malgré leurs promesses, les souverains occidentaux ne s’engagèrent pas aux côtés d’Arghun contre leur ennemi commun, le sultan du Caire.
Lettre mongole d’Öljeitü à Philippe le Bel de 1305.

La lecture se fait de haut en bas et de droite à gauche. On remarque les sceaux de format carré à l’encre rouge, typiques de la sigillographie des ilkhans mongols.
© Paris, Archives nationales de France, cote AE/111/203.
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