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L’espace frontalier syro-byzantin
p. 304-305
Texte intégral
1C’est au viie siècle, dans les années 640, que les pouvoirs islamiques s’installèrent au nord du Bilād al- Shām* (Grande Syrie) et de Jézireh (Mésopotamie) face à l’Empire byzantin au nord. Entre le viie et le début du xe siècle, la frontière se stabilisa progressivement sur les monts Taurus au nord de la Cilicie (Tarse, Adana, al-Maṣṣīṣa) et de Malatya. Pendant cette période, les guerres arabo-byzantines ne visaient plus une reconquête de territoire, mais laissaient place à des stratégies de guérilla, d’escarmouches (ghazwa*), où l’on préférait piller les ressources de l’adversaire et capturer des prisonniers pour les revendre.
2Cependant, suite à d’importantes restructurations administratives et militaires, les Byzantins préparèrent la reconquête des anciens territoires perdus en Syrie. Celle-ci commença dès les années 930 par la région stratégique de Malatya, grand centre du christianisme monophysite*, situé dans une plaine où passaient les routes entre l’Arménie, la Mésopotamie, la Syrie et la Cappadoce. Elle fut reconquise par les Byzantins en 933‑934 et permit le début d’un large mouvement de reprise territoriale qui se poursuivit jusqu’aux années 960. Entre les années 930 et 950, c’est l’intégralité de la Haute-Mésopotamie et de l’Euphratèse qui furent reconquises à nouveau, permettant d’accéder aux routes menant vers Mossoul. Nisibe fut pillée en 972, et, surtout, Alep fut attaquée en 962.
3Antioche, qui tenait l’ouverture vers la Cilicie et la Syrie, et dont les fortifications étaient solides, était le siège du patriarcat* melkite*. De ce fait, elle constituait l’objectif principal des Byzantins. Pour l’atteindre, il fallait d’abord reprendre les célèbres places frontalières (thughūr*) situées sur la plaine de Cilicie comme Tarse, Adana et al- Maṣṣīṣa. Cette avancée permit alors aux Byzantins de s’emparer d’Antioche en 969 et d’imposer à l’émirat d’Alep un traité de paix mettant sous protectorat son territoire et définissant une nouvelle frontière entre Alep et Antioche (cf p. 312‑313). Comme lors de toute conquête, les populations frontalières pâtirent de la situation, nombreuses sont celles qui se réfugièrent dans les territoires centraux. Pour les remplacer, les Byzantins n’hésitèrent pas à faire venir de nouvelles populations comme les Arméniens qui donnèrent naissance, à la fin du xie siècle, au royaume arménien de Cilicie.
La citadelle d’Alep.

© Memorino, 2010.
« La colonie militaire de Qinnasrīn a pour chef-lieu Alep, ville qui était prospère, densément peuplée, et détenait beaucoup de richesses ; elle était située sur la route menant de l’Irak vers les Marches et le reste des cantons syriens. […] Au moment de la prise d’Alep [par les Byzantins en 962] un certain nombre de personnes avaient cherché asile dans cette citadelle et furent sauvés. […] La ville avait autrefois de beaux marchés, des bains, de nombreuses hôtelleries, ainsi que des places spacieuses et des aires ; elle était habitée par des cheikhs* et des personnes de qualité. […] Autrefois le prix des vivres était bas, les comestibles et les boissons y étaient abondants et bon marché. »
Ibn Ḥawqal, La Configuration de la Terre, p. 174.
Les conséquences de la reconquête byzantine au xe siècle.

D’après Ibn Shaddād, Descrition de la Syrie du Nord, Damas, 1984 et Yahyā al-Antakī, Ta’rīkh (Histoire), Tripoli, 1990.

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