Les moyens de communication
La poste aux pigeons et aux chevaux
p. 294-295
Texte intégral
1Dès le début de son règne, le sultan mamluk Baybars (r. 1260‑1277), s’inspirant à la fois des califes abbassides et de l’Empire mongol, restaura la poste aux chevaux, qui retrouva alors son importance passée, et organisa en même temps la poste aux pigeons. Le développement des deux réseaux de communication et d’acheminement des dépêches et plis officiels, dont le rôle politique et militaire était essentiel, fut guidé par les nécessités de la guerre contre les Mongols au Bilād al-Shām* (cf p. 296‑297). En tant qu’organes de l’État mamluk à l’usage exclusif du sultan et de ses représentants provinciaux, la poste aux chevaux et celle aux pigeons furent confiées à un civil, le secrétaire de chancellerie (kātib al-sirr), et à un militaire, l’émir* porte-écritoire (dawādār), tandis que le commandant du corps des coursiers (bāridī*) était toujours un mamluk issu de la maison du sultan.
2La poste aux chevaux fut initialement cantonnée à l’Égypte et à la seule liaison entre Le Caire et Damas, avant d’être étendue aux villes du Bilād al- Shām et aux forteresses des contreforts du Taurus. La distance entre Le Caire et Damas était généralement couverte en une semaine. Les relais, où les cavaliers changeaient de monture, furent d’abord établis dans des caravansérails* avant que des établissements spécifiques, dotés d’écuries, ne fussent construits. À l’inverse, la poste aux pigeons, d’abord confinée au Bilād al-Shām, reliait prioritairement Damas, centre névralgique du réseau, aux principales villes syriennes et aux forteresses frontalières d’al-Raḥba et al-Bīra qui pouvaient ainsi rapidement prévenir du franchissement de l’Euphrate par l’ennemi mongol. Le réseau fut prolongé sous le règne de Qalāwūn (r. 1279- 1290) pour atteindre le littoral syro-palestinien, l’Égypte et le sud de l’Anatolie : convergeant vers la citadelle du Caire, d’où partaient et où arrivaient les dépêches, les nombreux relais permettaient ainsi d’atteindre les confins du sultanat dans toutes les directions.
3Toutefois, dès le milieu du xive siècle, en raison du coût élevé de son entretien, la poste aux chevaux fut restructurée avant qu’au début du siècle suivant, l’invasion de Tamerlan en Syrie-Palestine ne désorganisât durablement le réseau qui fut progressivement abandonné, l’acheminement des lettres étant dès lors assuré à la demande par des coursiers.
Colombiers dans l’oasis d’al-Azraq, Jordanie.

© F. Renel, 2008.
« Le jeu aux pigeons », Le Roi et le derviche de Helāli, Tabriz c. 1540-1545.

© Paris, BnF, ms. Suppl. Persan 1519, fol. 19.
Les réseaux de poste aux chevaux et aux pigeons durant la période mamluke.

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