Les itinéraires fluviaux
p. 274-275
Texte intégral
1Depuis l’Antiquité, le Nil est la première voie de circulation en Égypte. En 642, la fondation de Fustat (cf p. 112-113) accrut le trafic fluvial. Il s’agissait d’alimenter la cité en produits nécessaires tant à la vie quotidienne qu’au luxe de la cour. La fondation du Caire par les Fatimides en 969 fit de Fustat le plus grand port d’Égypte. Un système de bac existait sur le Nil, et permettait de rallier de très nombreux sites le long du fleuve entre Assouan et la Méditerranée, nécessitant l’adoption d’une réglementation qui s’appuyait sur celle mise en place depuis l’époque romaine au moins.
Le Nil selon Ibn Ḥawqal.

D. Bramoullé, d’après Istanbul, Topkapı Sarayı, Kitāb Ṣurāt al-arḍ, ms. 3346, fol. 78‑79.
2Les divagations du lit du fleuve, particulièrement dans le Delta, provoquèrent des modifications des voies de navigation, les rendant plus périlleuses malgré l’expérience des pilotes. Plusieurs branches s’envasèrent et ne purent plus être navigables, comme la branche pélusiaque, à l’est du Delta, du nom de Péluse/al-Fārama ou encore le « canal du commandeur des croyants », recreusé à l’époque du calife ʿUmar (r. 634‑644), mais comblé en partie sous al-Manṣūr (r. 754‑775). Partant de Fustat, il passait par Bilbays et continuait vers le nord-est avant de bifurquer plein est vers les lacs amers jusqu’à Qulzum sur la mer Rouge, près de la Suez d’aujourd’hui. La branche canoptique menant vers Alexandrie n’était navigable que pendant la période estivale de la crue du Nil.
3D. B.
Le commerce fluvial sur le Nil.

4Lorsque les Bulgares du nord se convertirent à l’islam au xe siècle, la Volga était déjà une artère de communication essentielle au monde musulman. Les géographes arabes l’appelaient Itil d’après le nom que lui donnaient les autochtones. L’un des plus longs fleuves d’Eurasie, il dessinait une voie de circulation de plus de 3 500 km, navigable du printemps à l’automne ; en hiver, son cours gelé se transformait en route empruntable à pied ou en traîneaux. Son bassin fluvial, doté de nombreux affluents, reliait la mer Blanche à la mer Caspienne et permettait de multiples connexions avec les routes terrestres qui rejoignaient les bassins de l’Oural, du Don et du Dniepr.
5Quand le secrétaire abbasside Ibn Faḍlān entreprit son voyage vers les Bulgares en 921 (cf p. 16‑17), la Volga constituait le principal axe nord-sud du commerce des esclaves, de l’argent, du poisson, du sel, du miel, de la cire, de l’ambre, du cuir et des fourrures. Ces dernières étaient très prisées, en particulier la zibeline, l’hermine, le renard et le lynx. Indispensables durant la saison froide, elles étaient aussi symbole de pouvoir. Les élites abbassides considéraient comme un marqueur social par excellence les toques et manteaux en fourrure de renard roux et noir qu’elles appelaient « burtasī », du nom des Burtas, chasseurs de la moyenne Volga. Les Mongols perçurent très vite les potentialités économiques de l’axe volgaïque et occupèrent la basse vallée dès les années 1240. Ils prirent le contrôle du commerce fluvial et taxèrent les marchandises qui y transitaient. Bénéficiant de l’essor économique de l’Empire mongol, la basse vallée devint alors une plaque tournante, connectant étroitement les principautés russes au monde musulman : les marchandises étaient transportées jusqu’à l’estuaire de la Volga pour être ensuite redistribuées vers l’Asie centrale ou la Méditerranée et l’Afrique du Nord via la Crimée et le Caucase.
6M. F.
Le long de la Volga : les lieux de provenance des principaux produits échangés et leurs débouchés sous les Mongols.

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