Les échanges avec l’Afrique orientale
p. 272-273
Texte intégral
1La côte swahilie ou territoire des Zanj-s* est une bande de terre qui s’étend de Mogadiscio en Somalie à la baie de Sofala dans le Mozambique actuel. Le commerce international était au centre de la société swahilie, tributaire des échanges à longue distance. Les cités portuaires formaient une interface entre les hauts-plateaux africains et les rives de l’océan Indien. Nous savons, avant tout par les sources textuelles, que les Swahilis exportaient principalement des matières premières, souvent organiques comme les peaux de léopard, la résine de copal, l’ambre gris (de cachalot), le bois de mangrove et les écailles de tortues, en échange de biens manufacturés produits en grande quantité et commercialisés à prix modiques sur les marchés orientaux. Les fouilles archéologiques nous apprennent que les habitants et marchands de Dembeni échangeaient, aux xe et xie siècles, leur cristal de roche contre des céramiques islamiques et des porcelaines chinoises. De manière plus générale, les Africains importaient en grande quantité des tissus indiens, des céramiques du golfe Persique et de Chine (cf p. 286‑287) et des verreries, essentiellement des perles servant de monnaie, du golfe Persique et de l’Inde.
2L’or était sans aucun doute l’exportation africaine la plus connue dès le xe siècle. Le pays des Zanj-s en fournissait beaucoup aux Arabes. Il était extrait des mines du royaume du Grand Zimbabwe (cf p. 282‑283) et envoyé à Sofala (Mozambique actuel), puis était redistribué par la cité-État de Kilwa qui s’assura ainsi une position de monopole jusqu’au xve siècle.
Reconstitution du palais-caravansérail* d’Husuni Kubwa à Kilwa Kisiwani, Tanzanie (xive-xve siècle).

© Tournez s’il vous plaît/Frédéric Durillon, Animea.
3Le commerce des esclaves formait une part importante des « exportations » africaines (cf p. 278-279). Avant le xve siècle, l’essentiel venait du Kenya et de la Corne de l’Afrique, notamment des ports de Zaylaʿ et Berbera. La quantité d’esclaves exportée vers le golfe Persique devait être très importante dès les débuts de l’Islam puisqu’elle aboutit à la révolte des Zanj-s sous les Abbassides (cf p. 66-67). Une autre marchandise prisée des musulmans était l’ivoire, qui, comme le précise al- Masʿūdī (m. 956), provient d’Afrique, exporté généralement vers l’Oman puis en direction de l’Inde et de la Chine. Les défenses étaient le plus souvent vendues brutes par les villes de Sofala, Vumba Kuu, Mombasa, Malindi, Lamu et Pate. Selon les archives de la Geniza* du Caire, les marchands juifs jouaient un rôle prédominant dans le commerce de l’ivoire mais également du cristal et d’ambre gris, depuis les cités d’Aden et de Kish.
Mihrab* de la Grande Mosquée de Gedi, Kenya (xve siècle).

© S. Pradines, 2001.
4Enfin, l’archipel des Comores était un centre majeur de diffusion du cristal de roche dans l’océan Indien. D’origine malgache, il était transporté par des marchands persans qui affrétaient des bateaux omanais et partaient durant des mois en Afrique. Arrivé au port de Bassora, il était envoyé vers Samarra et Bagdad à l’époque abbasside. À partir du xie siècle, les Fatimides (cf p. 76‑77) prirent le relais de ce commerce lucratif. Il était alors déchargé à Aden puis transbordé vers les ports de ʿAydhāb et Quṣayr sur la mer Rouge, enfin chargé à dos d’animal vers la vallée du Nil et transféré sur des felouques en direction du Caire et d’Alexandrie. Le cristal de roche était mis en forme par des artisans spécialisés dans la vieille ville de Fustat.
Les échanges avec l’Afrique orientale : le monde swahili de Mogadiscio à Madgascar du viiie au xve siècle.

Auteur

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007