Les routes transsahariennes
p. 270-271
Texte intégral
1La réforme monétaire de la fin du viiie siècle, qui imposa le dinar d’or comme étalon dans le monde islamique, obligea le califat à drainer le produit de gisements aurifères situés hors de ses frontières, notamment dans les hautes vallées des fleuves Sénégal, Niger et Volta, provoquant l’essor considérable du commerce transsaharien. L’or était échangé contre le cuivre et le sel, mais circulaient également sur ces routes des matières animales (cauris, plumes, ivoires, ambre gris), des produits végétaux (dattes, céréales, noix de cola, bois exotiques, gomme), des objets manufacturés (textiles, armes, verrerie) ou encore des animaux vivants (chevaux, fauves, gazelles) et, bien sûr, des esclaves.
2Loin d’être figés, les itinéraires à travers le Grand Désert – dont la traversée sans escale prenait environ deux mois – ont évolué, principalement en raison du déplacement des centres de pouvoir. À des itinéraires transversaux directs, reliant vallée du Niger au Proche- Orient, par l’Égypte et le bassin du lac Tchad (viiie-ixe siècle), ont succédé des itinéraires méridiens, suite à l’apparition d’une nouvelle demande en or depuis le Maghreb (ixe-xe siècle). Deux axes principaux s’affirment alors : l’un longeant les côtes atlantiques, contrôlé par le royaume du Takrūr, l’autre traversant les massifs montagneux (Hoggar, Aïr) du Sahara central, sous l’impulsion de la diaspora ibadite*.
« Le Sahara », extrait de la carte marine de Mecia Viladeste, 1413.

© Paris, BnF, départ. des cartes et plans, GR AA-566.
3Si la domination almoravide (cf p. 86‑87) et l’apogée du royaume de Ghana ont favorisé les axes les plus occidentaux jusqu’au xiie siècle, l’essor de l’Empire du Mali, des Hafsides et des Mamluks (cf p. 90‑91) a, par la suite, dynamisé les routes du Sahara central et oriental. Ces changements éclairent le destin des villes caravanières qui se sont multipliées sur les marges du Sahara. Pour la plupart apparues entre les viiie et xe siècles, elles ont majoritairement disparu avec le déclin de l’itinéraire dont elles dépendaient : c’est ainsi qu’ont périclité Sijilmasa, Tadmekka ou Zawīla, tandis que Oualata ou Tombouctou ont surmonté le déclin du commerce transsaharien – amorcé au xve siècle avec la concurrence des routes maritimes atlantiques – en devenant des points d’attraction des itinéraires de pèlerinage et des pôles lettrés participant à la diffusion de l’islam en Afrique.
« J’arrivai à Sijilmâsa qui est une très belle ville. [...] j’achetai des chameaux que je fis engraisser durant quatre mois. Alors je partis, au début du mois de muḥarram [7] 53 [le 18 février 1352] avec une caravane [...] composée de marchands de Sijilmâsa et d’autres villes. Après vingt-cinq jours de voyage, nous arrivâmes àTaghâza qui est un village insignifiant. [...] Ici, il ne pousse aucun arbre, il n’y a que du sable et du sel : on creuse le sol et on trouve des plaques énormes de sel, en couches superposées, comme si on les avait taillées et placées là. Un chameau porte deux de ces plaques [...] Une charge de sel est vendue à Iwâlâtân de huit à dix mithqâls et, dans la ville de Mali, vingt à trente, parfois même quarante. [...] Dans le village de Teghâza qui est insignifiant, se négocient de très nombreux quintaux d’or. »
Ibn Baṭṭūṭa, Voyages et périples, p 1023.
Les itinéraires du commerce transsaharien (viiie-xvie siècle).


Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007