Les ports musulmans de Méditerranée
p. 256-257
Texte intégral
1Avec la conquête des îles au ixe siècle, les musulmans complétèrent leur contrôle des côtes méridionales et orientales de la Méditerranée. Dans les premiers siècles de l’Islam, pourtant, les ports n’étaient pas les villes les plus dynamiques.
2Ils avaient déjà perdu de leur importance après le règne de Justinien (r. 527-565), et l’arrêt des navigations nord-sud reliant la capitale byzantine, Constantinople, à ses provinces. Ceci, ajouté à un climat de tensions et d’insécurité, n’avait pas contribué à leur prospérité. Ils ne furent pas pour autant négligés par les pouvoirs musulmans, pour des raisons militaires mais aussi économiques, et leur importance s’accrut aux ixe et xe siècles à la faveur de l’animation de la navigation islamique en Méditerranée. Ils profitèrent de l’expérience des populations littorales conquises en matière de constructions navales et de navigation, mais aussi du contrôle des routes maritimes par les flottes musulmanes et d’un fort investissement des pouvoirs, notamment califaux avec les Omeyyades de Cordoue et les Fatimides.
3Les écrits des géographes comme les documents de la Geniza* décrivent une intense activité d’échanges au sein de l’espace maritime islamique. Il est polarisé sur les grandes capitales politiques, qui permirent le développement d’un dense chapelet de villes portuaires le long des côtes musulmanes. L’expansion navale et commerciale des puissances latines à partir du xie siècle, d’abord les Italiens puis les Provençaux et les Catalans, insuffla un nouveau dynamisme à certains de ces ports, désormais connectés à une Europe en plein essor économique, demandeuse de produits venant du monde islamique et en recherche de marchés pour ses exportations. Bien que les musulmans aient rapidement perdu la maîtrise des navigations commerciales à longue distance en Méditerranée au profit des chrétiens, leurs ports devinrent des interfaces essentielles dans des réseaux qui reliaient désormais l’Europe, l’Afrique et l’Asie.
Vue de Ceuta au xvie siècle.

© G. Braun, F. Hogenberg, Civitates orbis terrarum, Anvers-Cologne, c. 1572.
Description de Sfax par Ibn Ḥawqal (xe siècle)
« Sfax est une ville dont les principaux produits sont des olives et de l’huile, et il y en a dont l’équivalent ne se trouve pas ailleurs. […] À présent, on importe de l’huile d’Égypte, parce qu’en Syrie il y en a trop peu. La contrée de Sfax est située au bord de la mer, et il y a un port bien abrité. La ville est entourée d’un mur de pierres, dans lequel il y a des portes de fer très solides, et, en outre, il y a des couvents militaires (maḥris) construits en vue de la défense sainte ; ses marchés sont très fréquentés. […] On y pêche du poisson d’une manière abondante et considérable, à l’aide de filets formant nasses, qu’on place dans l’eau, si bien que la capture est des plus faciles. »
Ibn Ḥawqal, La Configuration de la Terre, p. 67.
Les ports musulmans de Méditerranée aux xe et xie siècles.

Auteur

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007