Une manifestation de l’autorité impériale
La monnaie
p. 252-253
Texte intégral
1Au viie siècle, le calife ʿAbd al-Malik a placé la monnaie au cœur de la construction de l’Empire. Outre ses fonctions économiques classiques, salaire des secrétaires et des soldats, calcul et paiement des impôts, dont le profitable kharāj, et instrument d’échange unique pour l’époque, elle servait aussi de puissant vecteur de la suprématie du calife et de l’islam.
2À la veille des conquêtes, les monnaies en circulation dans la péninsule Arabique provenaient des grands empires voisins. Puis le butin ramené par les conquérants fournit la matière pour les premières émissions arabes qui furent des imitations de ces monnaies.
Trésor de Sinaw (Oman) découvert en 1979.

© Mascate, National Museum.
3Après 697, l’instauration de l’administration califale, l’annexion des mines de métaux précieux d’Iran et de Nubie et l’accès aux riches réserves aurifères de l’Afrique subsaharienne permirent aux califes de conduire une politique monétaire propre et d’émettre des monnaies de qualité d’or (dīnār), argent (dirham) ou bronze (fals), rejetant peu à peu les anciennes images au profit de légendes en arabe, affirmant unicité de Dieu et mission prophétique de Muhammad. La nouvelle monnaie est acceptée partout comme moyen de paiement : l’uniformisation des inscriptions, des poids et un fort aloi lui assurèrent une circulation illimitée dans et même en dehors du califat, jusque chez les Vikings.
4Concrètement, le succès de cette réforme se comprend en regardant la carte de répartition des monnaies du trésor de Sinaw, oasis au sud d’Oman. Ce trésor exceptionnel, constitué de 900 dirhams, a été enterré vers 840. Accumulées par un commerçant que ses affaires amenaient à échanger avec toutes les régions du califat, ces monnaies proviennent de 59 ateliers différents, d’al-Andalus à l’ouest à la Transoxiane à l’est. Si une bonne moitié a été émise par les ateliers iraquiens de Bagdad et Wāsiṭ, l’autre moitié témoigne de liens commerciaux intenses entre Oman et l’Iran, en particulier avec le Jibāl, la Transoxiane et Khorasan. Quant aux quelques monnaies d’Afrique du Nord et d’al- Andalus, elles ont pu être importées via l’Égypte et la mer Rouge ou via la Syrie et le golfe Persique.
Lot de dirhams abbassides.

© Baldwin’s.
Le porte monnaie du marchand : répartition des monnaies du trésor de Sinaw, Oman.

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