Commerce de gros et grand commerce
Répartition des caravansérails à Damas
p. 236-237
Texte intégral
1Durant la période médiévale, Damas était une plaque tournante où se trouvaient assemblés des produits bruts, de l’artisanat local et des marchandises venues d’Arabie et d’Inde, notamment par la caravane du pèlerinage de La Mecque. L’unification du Bilād al-Shām* par Nūr al-Dīn en 1154 fut favorable au développement des industries damascènes et à la présence de produits issus de l’agriculture régionale dans les marchés de Damas (coton venu du nord et blé du sud) : les caravansérails* se multiplièrent.
Plan du Khān* al-Ṣābūn à Alep (fin du xve siècle).

D’après Meinecke, 1992.
2Bâtiments quadrangulaires constitués le plus souvent de pièces organisées autour d’une cour à ciel ouvert, ils pouvaient abriter le commerce de gros, des ateliers d’artisans ou encore héberger les marchands venus d’ailleurs. Ils étaient concentrés dans les souks notamment dans la Rue Droite (al- Sūq al- Kabīr) qui traversait la ville d’est en ouest, ainsi qu’au sud de la mosquée des Omeyyades et, enfin, aux portes de la cité, pour des raisons de circulation et d’encombrement.
3Au cours de la période mamluke, certaines activités économiques, liées à la présence de militaires, furent installées au nord-ouest de la citadelle, ce qui entraîna la construction de nouveaux établissements commerciaux dans ce secteur. En outre, les élites militaires et civiles engagées dans le négoce construisirent de telles infrastructures le long de la route empruntée annuellement par la caravane du ḥajj*, axe par lequel était aussi acheminé à Damas le blé venant du Hauran.
4Enfin, à partir du milieu du xive siècle, la fin de l’embargo pontifical interdisant aux marchands européens de commercer avec le sultanat conduisit des négociants italiens puis catalans et français à s’implanter à Damas où des caravansérails leur furent assignés, au cœur des marchés les plus centraux. Ils y apportaient notamment des étoffes de laine et des métaux et achetaient des épices et du coton brut en grande quantité, mais aussi des soieries d’Orient et des produits de l’artisanat de luxe local (verre doré, cuivre incrusté).
« Les souks de cette ville sont parmi les plus considérables du monde, parmi ceux dont l’ordonnance est la plus belle et l’emplacement le plus heureux, particulièrement ses halles (qaysāriyyat) qui sont si hautes qu’elles ressemblent à des entrepôts (fanādiq), elles sont toutes fermées par des portes de fer pareilles à celles d’un palais. Chaque qaysāriyya est indépendante, avec son architecture particulière et ses clôtures de fer. »
Ibn Jubayr, Voyages, p. 336 (visite Damas en 1184).
Établissements abritant le commerce de gros à Damas entre le xiie et le xive siècle.

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