La nature des marchés à Damas
p. 234-235
Texte intégral
1Dès l’Antiquité, Damas a développé un artisanat de qualité. Ses marchés étaient, à l’époque byzantine, concentrés dans la Rue Droite, artère traversant la cité d’est en ouest, ainsi que le long de l’axe reliant l’ancienne agora à l’église centrale dédiée à saint Jean-Baptiste. Dans les premiers siècles de l’Islam, la ville a conservé sa vocation marchande et, au xe siècle, elle était notamment connue pour sa production de parfums, d’étoffes de soie et de vaisselle de cuivre, vendus dans le quartier à l’est du principal lieu de culte, la mosquée des Omeyyades, bâtie à l’emplacement de l’ancienne église, tandis que les principaux commerces de bouche se tenaient encore dans la Rue Droite, désormais désignée par le nom de Sūq al-Kabīr où ils devaient demeurer tout au long du Moyen Âge.
2Après avoir unifié le Bilād al-Shām* en 1154, l’émir* zenguide Nūr al-Dīn choisit Damas pour capitale. À cette époque, la relative stabilité politique, la présence d’une cour souveraine et d’élites militaires favorisèrent le développement de la production textile, de la mégisserie et de l’armement. Ces activités étaient réparties à la fois dans les marchés à l’est de la mosquée des Omeyyades et dans la Rue Droite où se faisait aussi, depuis l’Antiquité, la vente des métaux précieux.
Marchés et activités artisanales à Damas au xiie siècle.

[d’après N. Élisséeff, 1956]
3À partir du xiiie siècle, les artisans de Damas, désormais capitale d’une principauté ayyubide (cf p. 88-89), se spécialisèrent dans l’artisanat de luxe, étoffes précieuses, orfèvrerie, vaisselle en cuivre incrustée d’or et d’argent, verre émaillé et doré et armes de prestige. Ces activités phares furent alors installées au plus près de la mosquée des Omeyyades, notamment au sud, au sein de marchés appartenant à son waqf* (cf p. 130- 131). Elles y demeurèrent tout au long du xive siècle, alors que Damas était la deuxième ville du sultanat mamluk et jusqu’à ce que la crise économique et la prise de la cité par le chef turco-mongol Tamerlan en 1400 ne viennent modifier cet ordonnancement.
Boutique de socques à Damas.

© I. Hajjar, Ifpo-Damas, 2007.
« Chaque commerce occupe une rue particulière et chaque artisan selon sa spécialité et sa position expose sa production la plus originale d’une manière noble et habile, devant sa maison, essayant de surpasser ses voisins décorant son échoppe d’une manière superbe. Les vendeurs font de même avec leur marchandise et tous les artisanats sont pratiqués avec excellence et talent. »
Ludolph de Sudheim, pèlerin allemand, visite Damas vers 1340, De itinere Terra Sancte, p. 98. Trad. inédite : É. Vigouroux.
Activités marchandes aux portes de la mosquée des Omeyyades à Damas à la fin du xive siècle.

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