Les marchés de Fustat-Le Caire
p. 232-233
Texte intégral
1Si, à partir de l’époque fatimide et de la fondation d’al- Qāhira, Fustat a perdu son statut de capitale politique de la province d’Égypte, elle a en revanche profité de la fondation de la capitale de cet État chiite*, quelques kilomètres au nord, et devint un centre économique important grâce aux activités de ce riche califat, statut qu’elle garda sous les dynasties suivantes des Ayyubides et des Mamluks, jusqu’à son déclin au xve siècle suite au changement de la route des épices qui arrivait désormais, par la mer Rouge, au nord du Caire (cf p. 118‑119).
Marchés et activités artisanales de Fustat, à partir du Kitāb al-Intiṣār d’Ibn Duqmāq (début xve siècle).

2Drainant les produits de Haute Égypte comme la canne à sucre et les épices venant d’Orient par l’océan Indien, la mer Rouge et le Nil, ce port fluvial, qui faisait le lien avec les marchands occidentaux accostant à Alexandrie, fut une plaque tournante du grand commerce international (cf p. 266‑267 et p. 274‑275). Cela n’empêcha pas les périodes de crises (dans les années 1060, sous les Fatimides, et pendant les épidémies de peste de la deuxième moitié du xive siècle, sous les Mamluks) qui affectèrent ses habitants et la ville même.
3Son centre était dévolu au commerce de détail et au demi-gros, ainsi qu’à de multiples artisanats et activités de la vie quotidienne comme les fours à pain. Le commerce de gros et les silos de blé sultaniens étaient répartis le long du Nil près des infrastructures portuaires.
4Les industries polluantes car bruyantes ou nauséabondes comme les ateliers de potiers ou de papetiers étaient situées à la périphérie de la ville, respectivement à Kôm al-Ghurāb et sur le canal Banī Wā’il.
5À sa fondation en 969, al-Qāhira, conçue comme une ville princière par les Fatimides, abrita marchés et commerces pour satisfaire les besoins de la cour, de l’administration, des ulémas* chiites et de l’armée, seuls autorisés à y accéder.
6Pillée et ruinée à la fin de l’époque fatimide et sous le règne de Saladin, al-Qāhira fut progressivement réinvestie et profondément transformée à partir des derniers Ayyubides puis sous les Mamluks. Principale vitrine du pouvoir et centre intellectuel de l’islam sunnite* (après avoir été celui de l’islam chiite sous les Fatimides, cf p. 76-77), al-Qāhira, désormais intégrée à l’espace urbain, se mua en pôle commercial et artisanal, surtout à partir du déclin de Fustat et de la création du port de Būlāq, au nord du Caire, au xve siècle. Productions agricoles et produits manufacturés en provenance des provinces égyptiennes et syriennes y étaient vendus dans des marchés spécialisés qui s’étiraient principalement le long de la qaṣaba*, artère centrale traversant la ville du nord au sud. Le grand commerce international était surtout réalisé dans des caravansérails* qui servaient d’entrepôts, de lieux de vente et de logement des négociants (cf p. 266-267).
7Au tournant des xive et xve siècles, l’historien égyptien al-Maqrīzī, enfant du Caire, a recensé et localisé les marchés d’une capitale frappée par la crise économique. La carte ci-contre synthétise et met à jour le travail réalisé par G. Wiet et A. Raymond à partir de sa description. Il y apparaît notamment que la concentration commerciale à l’intérieur d’al- Qāhira ne s’accompagnait pas d’un regroupement des lieux de production et de vente par secteur d’activité.
Marchés et activités artisanales à al-Qāhira aux xive et xve siècles d’après al-Maqrīzī.


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