Les quartiers marchands en Anatolie : Bursa
p. 226-227
Texte intégral
1Sise sur le piémont du mont Olympe (Uludağ en turc), la ville de Prousa domina la Bithynie byzantine jusqu’à sa prise par Orhan (r. 1324‑1362) en 1326. Ce fils du fondateur de la dynastie ottomane, Osman Ghazi (r. c. 1299‑1324), y établit rapidement le centre symbolique de son pouvoir et fit de la ville, rebaptisée Bursa, le centre économique de son émirat. Les premières transformations de la ville s’opérèrent dans la citadelle (ḥiṣār) mais un nouveau quartier se développa dans la ville basse, à l’est du ḥiṣār. Orhan y implanta le premier complexe socio-religieux (külliye) de la ville. Centré autour d’une institution soufie* (‘imāret ou zāwiya*), ce complexe comprenait un bain et un khan* dont les revenus finançaient la zāwiya. Le nouveau centre économique de la ville fut ainsi établi et Ibn Baṭṭūṭa, qui visita Bursa dans les années 1330, en vantait déjà la vitalité.
2L’expansion de la ville continua sous l’impulsion des successeurs d’Orhan qui firent également construire des külliye-s à l’extérieur de la ville, formant autant de nouveaux noyaux d’urbanisation. Les structures commerciales, dont certaines, comme les khans, finançaient les fondations pieuses, étaient toutefois implantées près du ḥiṣār, dans la zone des marchés. Sous le sultan Bayezid Ier (r. 1389‑1402), cette zone était dotée d’une grande mosquée (Ulu Cami) et d’un marché couvert ou bedesten. La défaite ottomane face à Tamerlan et le sac de Bursa en 1402 n’eurent qu’un impact temporaire sur le développement commercial de la capitale ottomane. Durant le règne de Mehmed Ier (r. 1413‑1421), plusieurs khans furent construits, ainsi qu’un nouveau bedesten.
3Les séismes ont eu raison de l’architecture de ces structures commerciales et nombre d’entre elles ont été reconstruites au cours des siècles. Les sources historiques, notamment les récits de voyageurs, décrivent toutefois l’importance du commerce à Bursa et, comme Bertrandon de la Broquière, donnent des clés sur la répartition des denrées dans les différents bedesten et khans. Le modèle urbain, alliant des külliye-s extra-urbains, une citadelle-palais et une zone de marché, se retrouve également dans l’urbanisme des deux autres capitales ottomanes : Édirne et Constantinople/Istanbul.
Édirne, Bedesten Çarşısı, 1417‑1418.

© Istanbul, Machiel Kiel Photo Archive, 1971.
« On y trouve à vendre toute sorte de draps de soie, de riches pierreries et des perles en très grande quantité et bon marché, des toiles de coton et beaucoup d’autres choses qu’il serait trop long de mentionner. Tout près de là, se trouve un autre bazar où l’on vend du coton et du savon blanc dont on fait là-bas un très grand commerce. »
Bertrandon de la Broquière, à Bursa en 1432, Le voyage d’Orient, p. 126.
Zone de marchés et fondations pieuses à Bursa.

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