Les quartiers marchands au Maghreb
p. 222-223
Texte intégral
1À l’époque mérinide, Fès redevint l’un des pôles politiques majeurs du Maghreb extrême*. D’un point de vue économique et commercial, la ville connut aussi un grand dynamisme, dont témoignent les descriptions qu’en ont livrées chroniqueurs et géographes.
Fès, place Seffarine où une activité de dinanderie est présente depuis le xiiie siècle.

© Mike Prince, 2010
2Des activités de production, dans les domaines du textile ou du cuir, notamment, sont signalées à Fès dès le xe siècle, en bordure de l’oued. Les activités commerciales se concentraient, elles, autour de la Qarawiyyīn, pôle spirituel de la ville, le long de l’axe conduisant à Bāb Gissa, mais aussi de la Ṭalaʿa al-kabīra (la « Grande Montée »), importante artère commerçante de la médina. La ville nouvelle bâtie par les Mérinides, Fès Jedid, n’était pas en reste, abritant notamment le palais du sultan et le quartier juif (Mallāḥ). Certaines de ces activités ont même laissé leur empreinte dans la toponymie actuelle, comme le souk des parfumeurs (al-ʿAṭṭārīn) ou celui des chaudronniers (al-Ṣaffārīn), dont les noms restent attachés à deux madrasas du xive siècle.
Fès, un pôle économique et commercial du Maghreb extrême, xiie-xive siècle.

3Dépendant de son arrière-pays pour son approvisionnement céréalier et maraîcher, Fès était aussi insérée dans des réseaux de plus longue portée, structurant notamment le commerce avec la péninsule Ibérique ou l’Afrique subsaharienne : les fondouks* y étaient donc nombreux, et le contrôle du pouvoir étroit par le biais de la douane (dīwān).
4A. M.
5Comme l’a si pertinemment qualifiée Georges Marçais, Tlemcen était, durant la période médiévale, la capitale du Maghreb central, une ville forte, une ville savante et une ville mystique. Cependant cet auteur considère, dans le dernier chapitre de son ouvrage, que c’était avant tout une ville marchande, étape incontournable des routes commerciales entre l’Afrique subsaharienne et la rive sud de la Méditerranée.
6La qaysāriyya* polarisait, déjà à la période médiévale, les principales activités marchandes de la ville. La fameuse « Coudée Royale », plaque de marbre onyx sur laquelle était gravée la date de rabī‘ II de l’année 728, qui correspond au début de l’année 1328, atteste de l’origine médiévale de la qaysāriyya de Tlemcen, disparue depuis le début du xixe siècle.
الحمد لله و الشكر لله هذا قياس الذراع بالقيصرية عمرها الله في شهر ربيع الثاني عام ثمانية و عشرين و سبع ماية
« Louange à Dieu et reconnaissance
à Dieu ! - Ceci est la mesure de la coudée
de la qaysāriyya.
Que Dieu l’enrichisse ! – Dans le mois de rabīʿ
al-thānī de l’année sept cent vingt- huit. »
7Ce principal organe de commerce occupait une position centrale, à proximité immédiate à la fois de la grande mosquée et de la célèbre Madrasa* al- Tashfīniyya. Cet emplacement singulier permettait à la qaysāriyya d’être, d’une part, bordée par le plus important axe de la ville et de se retrouver, d’autre part, au centre du réseau des rues marchandes. En effet, la principale artère de Tlemcen accueillait, à proximité immédiate de la qaysāriyya, les souks et les fondouks identifiés et localisés. Ces établissements commerciaux subsistent encore aujourd’hui, mais les importantes transformations qu’ils ont subies ont modifié leur configuration originelle.
8A. T.-B.
Tlemcen, un pôle marchand du Maghreb central, entre Sahara et Méditerranée.

Plan de Tlemcen en 1840 d’après SHD 1VH1809 pièce 1.

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