Les institutions soufies en ville
Bagdad et Tokat
p. 194-195
Texte intégral
1Au xe siècle, Bagdad avait vu apparaître des ribats*, édifices accueillant voyageurs, indigents ou communautés soufies*. Une trentaine d’institutions de ce type furent fondées au xiie siècle par des commanditaires fortunés, y compris des femmes : concubines des Abbassides, femmes lettrées ou ascètes. Les ribats soufis accueillaient un maître mystique, le cheikh* du ribat, et ses disciples. Certains de ces ribats étaient réservés aux femmes ; d’autres hébergeaient des personnes précaires, anciens serviteurs ou femmes isolées, leur assurant gîte et subsistance, et abritaient occasionnellement des dignitaires en disgrâce. Tous étaient financés par des fondations pieuses (waqf-s*) établies par leurs fondateurs (cf p. 130-131).
2Loin d’être coupés de la société urbaine comme les couvents de l’Occident chrétien, les ribats soufis étaient ouverts à la population de Bagdad qui venait y assister à des cérémonies comme le dhikr* (invocation du nom divin) ou le samāʿ* (« audition mystique » parfois accompagnée de musique ou de chants), mais aussi à des séances de transmission du hadith* ou de prédication (waʿẓ). Les soufis eux-mêmes prenaient part à la vie urbaine, et ne vivaient pas cloîtrés. Les cheikhs des principaux ribats bagdadiens étaient d’ailleurs d’importantes personnalités, non dépourvues d’influence politique. Les ribats de Bagdad se situaient surtout sur la rive orientale, à proximité des palais califaux. Tous ont disparu au fil des siècles. En conséquence, leur emplacement exact n’est pas connu et les localisations proposées par la carte ci-contre sont hypothétiques.
3V. V. R.
Les institutions soufies à Bagdad au xiie siècle.

4Ville secondaire d’Anatolie, conquise par les Danishmendides au xiie siècle, Tokat connut un développement important à partir de la seconde moitié du siècle suivant, bénéficiant de sa situation sur les routes commerciales, reliant la mer Noire à l’Iran et au Proche- Orient.
5Parmi les fondations pieuses musulmanes de la ville, dix zāwiya-s* ou loges soufies sont documentées et mettent en lumière la structuration et l’expansion urbaine entre les années 1280 et le début du xve siècle.
6À la fin du xiiie siècle, les zāwiya-s n°2, 3 et 6 furent établies près des quartiers danishmendides de la ville et du cœur économique de la cité que sont les esplanades nommées Maydān* et Yashmaydān dans les sources. Une seule autre zāwiya est connue au centre de Tokat au début du xve siècle (n°4).
7Six zāwiya-s péri-urbaines furent construites entre 1290 et 1415, près des cimetières (7, 8 et 9) ou à proximité des entrées de la ville et des zones de jardins (1, 5 et 10). Ces institutions, dont certaines donneront leurs noms aux quartiers qui les entourent, illustrent le développement de la ville, particulièrement important sur la rive orientale du Tokat Su ou Behzat, un affluent du Yeşilırmak qui irrigue la ville du sud au nord.
8M. D.
Les zāwiya-s urbaines et péri-urbaines de Tokat (xiiie-xve siècle).


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