Tombes et lieux de ziyāra à Ghazni
p. 182-183
Texte intégral
1À la fin du xe siècle, Ghazni devint la capitale de la dynastie d’origine turque centrasiatique des Ghaznévides (977-1186). À cette époque, une citadelle (qalʿa*) entourée d’une muraille occupait le centre de la ville (madīna). Deux routes parallèles la reliaient aux collines de Rawza, au nord-est. Sur l’une d’elles se trouvait le tombeau du fondateur de la dynastie Sebüktegin (m. 997). Sur l’autre, se dressent encore aujourd’hui les deux minarets construits par Masʿūd III (1099-1115) et Bahrām Shāh (1118-1157), ainsi que les vestiges d’un palais royal datable de l’époque d’Ibrāhīm (1059-1099) ou de Masʿūd III, fouillé par la Mission archéologique italienne en Afghanistan (1958- 1966). D’après les sources historiques, Rawza était le lieu de sépulture des souverains ghaznévides. Sur ces collines, le tombeau de Maḥmūd fils de Sebüktegin (m. 1030) exerce encore son pouvoir évocateur.
Ziyāra de Bahlūl, Ghazni.

© Mission Archéologique italienne en Afghanistan 1959. Neg. n°663/2.
2L’aménagement de la ville après les invasions mongoles demeure inconnu. Ghazni perdit à jamais son hégémonie politique, mais la prolifération de mausolées et d’enceintes funéraires, parfois destinés à des personnages en vue, marqua dès lors considérablement le paysage urbain et transforma progressivement la ville en véritable lieu de sépultures et de visites pieuses (ziyāra*). Un poème mystique en persan révèle qu’au xviie siècle, ces espaces funéraires devinrent partie d’un circuit de pèlerinage à l’échelle locale.
3Sur la base des données collectées par la mission italienne, nous avons détecté soixante-trois sites funéraires, dont douze ont été récemment géo-référencés à travers des cartes satellitaires. Depuis l’époque moghole (xvie-xixe siècle), ces sites, qui se distribuent sur tout le territoire au nord de la ville moderne, ont souvent été englobés dans des cimetières parfois très étendus, localisés surtout à l’est et à l’ouest de la vieille ville.
4La fréquentation continue de ces sites au cours des siècles ainsi que les pratiques dévotionnelles qui y furent effectuées ont permis la préservation d’un grand nombre de monuments funéraires, même d’époque médiévale, et ont perpétué leur valeur sacrée. Néanmoins, les nombreux remaniements sur le plan architectural rendent souvent difficile l’établissement précis des enchaînements chronologiques. Dans onze cas (voir nos 4, 10, 11, 17, 31, 40, 44, 45, 50, 54, 63), le tombeau de l’éponyme du mausolée ou de la ziyāra a été préservé jusqu’à nos jours, permettant de déduire, du moins, un terminus post-quem.
Ziyāra de l’Imām Ghazālī, Ghazni.

© Mission Archéologique italienne en Afghanistan 1966. Neg. n.°1118/12.
Lieux de ziyāra à Ghazni.

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