Les fortifications de Damas
p. 156-157
Texte intégral
1À l’époque byzantine, l’enceinte de Damas fut reconstruite en appareillage de gros blocs de calcaire, selon un plan quadrangulaire. Elle fut endommagée lors de la prise de la ville par les armées abbassides au milieu du viiie siècle puis restaurée en briques crues au xe siècle.
2Quand Nūr al-Dīn unifia le Bilād al-Shām* en 1154, dans le contexte de la contre-croisade, et fit de la ville sa capitale, il fit rebâtir la muraille ébranlée par plusieurs séismes. Des murailles de 2 m d’épaisseur furent élevées en moellons et scandées de tours rondes bâties sur certaines bases carrées d’époque byzantine et percées d’archères dans leur partie haute. Le prince fit par ailleurs conserver certains arcs et portes antiques en les intégrant dans un système défensif au goût du jour. Les portes de l’enceinte furent dotées de minarets et de défenses avancées (sing. bāshūra), et ornées d’inscriptions commémorant ces travaux, participant ainsi à la glorification du souverain.
3Dans la première moitié du xiiie siècle, la ville, objet de rivalités entre princes ayyubides et cible potentielle des croisés, vit à nouveau ses défenses remaniées. Une imposante citadelle fut bâtie par le sultan al-ʿĀdil, frère de Saladin, à l’emplacement de la forteresse seljukide, à l’angle nord-ouest de la ville et l’enceinte fut doublée au nord, afin de longer la défense naturelle constituée par un bras de la rivière Barada. De plus, le fossé précédant la partie méridionale du rempart fut recreusé et un mur extérieur fut élevé entre ce fossé et l’enceinte. Enfin, de nouvelles portes furent percées dans le mur nord et de nouvelles tours, carrées cette fois, et équipées de mâchicoulis, furent édifiées. Ces réalisations, par leur typologie, témoignent des progrès alors réalisés dans l’art de la fortification. De plus, ces constructions étaient aussi le support de la propagande sultanienne car leur programme épigraphique insistait sur le rôle du prince dans le jihad* et la lutte contre les croisés. Après ces travaux, le tracé de la muraille ne fut plus modifié. Elle fut simplement restaurée quand elle eut à souffrir des différents sièges survenus au cours de la période mamluke (cf p. 162‑163).
Intérieur de la citadelle de Damas.

© C. Yovitchitch, 2005.
« Au nom de Dieu le Clément le Miséricordieux. L’aménagement de cette porte et du rempart béni a été ordonné par notre maître le sultan al-Malik al-Ṣāliḥ, le seigneur illustre, le savant, le juste, le combattant du ǧihād, le guerrier du ribāṭ*, le défenseur des places frontières, l’assisté de Dieu, le victorieux, secouru par Dieu, ʿImad al-Dunyā wa-l Dīn, sultan de l’islam et des musulmans, le tueur d’infidèles et de polythéistes, celui qui a réprimé les révoltes et les rebelles, l’exterminateur des oppresseurs et des hypocrites, le vivificateur de la justice dans les mondes, Abū l-Fidāʾ Ismaʿil b. Abī Bakr b. Ayyūb, l’auxiliaire de l’émir* des croyants et cela sous la direction du pauvre serviteur Yaʿqūb b. Ibrāhim b. Mūsā durant le mois de šawwāl de l’année 639 (avril-mai 1242). »
Texte de construction de Bāb al-Farādīs : J.-M. Mouton et alii, p. 297.
Façade sud-est de l’enceinte de la ville de Damas.

© I. Hajjar, Ifpo-Damas, 2006.
Évolution de l’enceinte de Damas entre le xiie et le xive siècle.

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