Les ouvrages défensifs à Almería
p. 152-153
Texte intégral
1Almería est située en Andalousie, sur la Méditerranée, au fond d’un golfe à l’ouest de l’embouchure du rio Andarax. Cet emplacement privilégié, à l’abri des vents, favorisa le développement d’un port et d’un arsenal. À partir du xe siècle, la ville fut la base principale de la marine omeyyade et l’un de ses essentiels ports de commerce. À une journée et une nuit de navigation d’Oran ou de Ténès, Almería put commercer avec l’ensemble des ports de la Méditerranée.
2Al-Mariyya était, au départ, le faubourg maritime de Pechina, situé un peu en aval sur le rio Andarax. Sa mission première était de surveiller les côtes ; une tour vigie y avait été élevée mais il n’en reste aucun vestige aujourd’hui. Il se développa grâce aux échanges commerciaux. En 955, le calife omeyyade ʿAbd al- Raḥmān III le transforma en une véritable ville en fondant un dār al-ṣināʿa*, à proximité de la grève, pour construire sa marine et une qaṣaba* sur le relief qui domine le site au nord. Il entoura également le noyau urbain existant d’une enceinte, dont nous ne possédons plus qu’un vestige, le long de la Rambla de la Chanca et éleva, non loin du quartier du port, une grande mosquée, agrandie au xie siècle.
3Almería prit petit à petit le pas sur Pechina et, au xie siècle, le siège du pouvoir s’y installa. En effet, elle fut brièvement le siège du gouvernement d’une taïfa*, avant d’être conquise par les Almoravides en 1091. Elle atteignit alors son apogée, tant sur le plan militaire que commercial, avec le développement d’un commerce de tissus précieux et de soieries. On édifia une qaysāriyya* à proximité de la mosquée, du côté de la qibla* et elle continua de se développer avec des faubourgs à l’est et à l’ouest du noyau primitif.
4Sa conquête en 1147 par les Chrétiens lui porta un coup d’arrêt. La ville retourna à l’islam en 1157 avec les Almohades, mais fut reprise par les Rois catholiques en 1489.
5Ses enceintes témoignent de cette histoire mouvementée. Quoique ses vestiges soient peu nombreux ou très modifiés, les archives de Simancas conservent des plans qui permettent d’en retrouver les tracés.
6Au xie siècle, une nouvelle enceinte en terre inclut les deux faubourgs, le rabāḍ* al-Ḥawd et le rabāḍ al-Muṣalla*. Enfin, à l’époque moderne, une courtine bastionnée vint protéger ce qui est devenu la nouvelle Almería, dont la cathédrale fortifiée est le meilleur témoin.
Plan des fortifications d’Almería, 1740.

© Simancas, Archivo general de Castilla, n° inv. MDP.36.045.
7Les fouilles effectuées dans la qaṣaba complètent cette chronologie. La zone palatine témoigne des remaniements effectués sous chaque dynastie comme des destructions dues à la conquête chrétienne du milieu du xiie siècle.
8Le tracé des rues de la ville actuelle permet de retrouver, avec l’aide des descriptions et des plans anciens, le tracé supposé des différentes enceintes de celle qui fut une des villes commerciales les plus actives d’al-Andalus ainsi qu’un des de ses principaux ports militaires.
La mise en défense d’Almería.

« Almería vue depuis le rempart de la mer », Gravure de Nicolas Chapuy, 1844.

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