Activité édilitaire des élites au Maghreb et en al-Andalus
p. 132-133
Texte intégral
1Au Moyen Âge, l’agglomération de Tlemcen se composait de cinq fondations associées.
2La première, Agadir, élevée sur le camp romain de Pomaria, témoigne, par les vestiges de sa grande mosquée, de l’activité des émirs* idrissides à la fin du viiie siècle. Les travaux almoravides et abdelwadides dans la mosquée et le bain proche attestent de l’attention portée à ce quartier par les divers pouvoirs. Les Almoravides fondèrent Tagrart, sa grande mosquée et le Qaṣr al-Qadīm* devint le siège du pouvoir. Les émirs abdelwadides déplacèrent la zone palatine vers le sud, au Meshouar, et firent de Tlemcen leur capitale. Ils y élevèrent madrasas* et mosquées. Les Mérinides occupèrent Tlemcen au milieu du xive siècle et fondèrent al-Manṣūra qu’ils dotèrent d’une grande mosquée, de palais… Ils développèrent aussi les deux sanctuaires de Sīdī Bū Madyan et de Sīdī al-Ḥalwī en y élevant des mosquées. À Sīdī Bū Madyan, le sultan mérinide Abū-l-Ḥasan établit un complexe, avec, autour de la mosquée, une madrasa, une zāwiya*, un bain, un palais et bien sûr le tombeau du saint (cf p. 184‑185). Ce modèle fut ensuite adopté par Abū Ḥamū Mūsā II, qui restaura la dynastie zyānide, lorsqu’il érigea, avec la mosquée dite de Sīdī Brahīm, un tombeau, une madrasa et une zāwiya. L’ensemble servit de lieu d’inhumation jusqu’au xviie siècle au moins.
3Les monuments illustrent l’intégration de l’émirat dans l’Islam d’Occident. La grande mosquée et sa coupole ajourée furent des innovations à l’époque almoravide tandis que l’emploi de zellij-s* sur les façades peut être considéré comme une caractéristique de l’art abdalwadide.
4Les vestiges des enceintes qui associaient parfois un avant-mur et des tours de surveillance témoignent de la longue histoire de la ville.
5A. C. et J. V.
Activité édilitaire des élites à Tlemcen.

Plan de Tlemcen en 1840 d’après SHD 1VH1809 pièce 1.
6En 1013, Zawī ibn Zirī, berbère ṣanhāja* au service de l’émir de Cordoue, développa sur la rive droite du Darro, à quelques kilomètres au sud-ouest de Madīnat Ilbīra (Elvira), une ville, Madīnat Gharnāṭa (Grenade), sur un établissement émiral dont des fouilles récentes ont mis au jour quelques vestiges.
7Cette cité devint la qaṣaba* qadīma lors du développement, par l’émir Bādis à la fin du xie siècle, de la ville vers le sud, avec l’érection de la grande mosquée et d’une nouvelle enceinte vers l’ouest, mais aussi vers le sud-est et le sud ; les Torres Bermejas en étaient une protection avancée. Aux périodes almoravide et almohade, le faubourg d’al-Sharish fut entouré d’une nouvelle enceinte. Le choix de Grenade comme siège du pouvoir des Nasrides en 1238, entraîna la création, sur la colline de la Sabīka, d’une nouvelle qaṣaba et d’une nouvelle ville, Madīnat al- Ḥamrā’ (« la Ville Rouge », l’Alhambra). Au xive siècle, une nouvelle enceinte engloba les faubourgs de l’Albaycín ou de Rambla tandis que ceux d’Antequeruela ou de Najd, nés de la Reconquête, en furent munis au xve siècle.
8De l’époque ziride, il reste une partie de l’enceinte flanquée par endroit de tours demi-rondes et rectangulaires, les portes Monaita ou Elvira qui ouvrent au flanc d’une tour et le bañuelo* qui présente un nouveau type de plan en enfilade et enfin le minaret de San José. Le xiiie siècle nous a laissé le minaret de San Juan de los Reyes et la munya* appelée Alcázar* Genil tandis que la grande mosquée de l’Albaycín témoigne du développement du quartier (cf p. 240‑241). L’époque nasride vit le développement de l’Alhambra, la construction, par l’émir Muḥammad V au xive siècle, du maristan* (hôpital) à proximité du bañuelo ou celle, sous l’émir Yūsuf Ier, d’une madrasa. La cathédrale remplaça au xvie siècle la grande mosquée ziride.
9A. C.
Activités édilitaires à Grenade du xie au xve siècle.

Fond de carte d’après Junta de Andalucia, Instituto Andaluz del patrimonio historico, Consejeria de Cultura.

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