Évolution urbaine de Merv
p. 124-125
Texte intégral
1Merv, en Asie centrale (actuel Turkménistan) est située sur l’un des principaux axes des routes de la soie, dans le delta alluvial du Murghāb qui se disperse ensuite dans le désert de Qaraqum, situé au nord.
2Cette oasis est occupée depuis l’âge du Bronze et abrita plusieurs villes successives, dont les plus anciennes remontent à la période antique, au vie siècle av. J.-C. Sa surface totale était d’environ 1 000 ha. Dès le iiie siècle av. J.-C., un mur entoura l’oasis afin de la protéger des attaques nomades. La ville antique, Gavur Qalʿa/ Gyaur Kala (340 ha), fut prise en 651 aux Sassanides par les musulmans. Ils fondèrent alors Shaym Qalʿa, qui servait probablement de camp militaire.
3À l’époque omeyyade, Merv devint la capitale du Khorasan et servit de point d’appui pour la poursuite des conquêtes vers la Transoxiane. Des populations originaires entre autres de Kufa (Iraq) vinrent s’y installer. Devenue l’un des centres de la contestation anti-omeyyade, l’oasis abrita, dès le milieu du viiie siècle, la fondation Sulṭān Qalʿa qui devint le siège du pouvoir des Turcs seljukides dès l’époque de leur pénétration dans le monde iranien (cf p. 84‑85) ; elle tint encore ce rôle à l’époque de Sanjar (r. 1118‑1157).
4La ville crut considérablement à l’époque islamique et plusieurs murailles vinrent en protéger les extensions successives. Dès le xie siècle fut bâtie une première enceinte. Au xiiie siècle, Sulṭān Qalʿa atteignit 550 ha et fut ceinte d’une muraille de 13 km qui enserrait aussi ses faubourgs nord et sud. Nous estimons sa population maximale à environ 250 000 habitants. La zone centrale de Sulṭān Qalʿa abritait une mosquée et le siège du pouvoir ainsi que de nombreux marchés spécialisés ; toutefois, à partir des années 1140, la zone fut semble-t-il vidée de ces activités au profit de l’érection du mausolée du sultan Sanjar (encore visible aujourd’hui). Les faubourgs occidentaux accueillaient les activités artisanales et industrielles.
5En 1221, Sulṭān Qalʿa fut en grande partie détruite par les Mongols et fut alors abandonnée (cf p. 94‑95). Des traces témoignent d’une réoccupation ultérieure, bien que dans des proportions bien moindres.
6Il fallut attendre le xve siècle pour que les Timurides (cf p. 98‑99) réinvestissent Merv, mais plus au sud, sur un site nommé Abd Allāh Khān Qalʿa. Dès l’Antiquité, l’État intervint dans l’urbanisme, notamment dans la gestion de l’eau (canaux, réservoirs, etc.). La ville comptait aussi des hammams, marchés, mosquées, madrasas* et librairies. L’oasis de Merv abritait également de nombreux kӣshk-s, sorte de résidences fortifiées dont la vocation fait encore débat.
Mausolée de sultan Sanjar à Merv (r. 1118‑1157).

© Hergit, 2011.
Développement urbain à Merv, de la conquête islamique au xve siècle

Auteur

Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007