Évolution urbaine de Cordoue et Kairouan
p. 114-115
Texte intégral
1Depuis l’Antiquité, Cordoue se trouve sur la rive droite du Guadalquivir, au débouché du pont qui relie la Campanie au nord de la Péninsule. Ruinée par les Vandales, la ville fut brièvement byzantine puis wisigothe à partir de 571. Conquise en 711 par les armées musulmanes, elle fut reprise par Ferdinand III de Castille en 1236.
2Les musulmans héritèrent d’une ville qui avait beaucoup évolué depuis la Haute Antiquité : elle s’était étendue vers le fleuve, avec la construction d’un groupe épiscopal, d’un complexe palatial et de propriétés rurales (vici) hors les murs.
3Les musulmans occupèrent le palais wisigoth qui devint le qaṣr* des gouverneurs puis des califes omeyyades, la grande mosquée succéda à la basilique San Vicente. L’enceinte, dont le tracé est encore visible dans la voirie, enserrait une partie de la ville antique et wisigothique. À partir du califat de ʿAbd al-Raḥmān Ier, au milieu du viiie siècle, des faubourgs se développèrent, parfois sur les restes des vici, comme ceux de Shaqunda ou de Shabular, et de grandes propriétés agricoles, les munya-s*, s’élevèrent hors les murs.
4À la suite de la révolte de Shaqunda au début du ixe siècle et de sa répression, la ville se développa vers l’ouest.
5La reconquête fit disparaître nombre de mosquées musulmanes, mais l’analyse des textes et du bâti, ainsi que les fouilles récentes, ont permis d’en localiser quelques- unes parfois élevées sur des édifices religieux plus anciens. La grande mosquée de Cordoue consacrée en cathédrale a, malgré des aménagements, été préservée.
6A. C.
La ville de Cordoue de la conquête islamique au début du xe siècle.

« Cordoue […] est une ville entourée d’un mur de pierre, pourvue de beaux quartiers, de vastes esplanades. Il y a très longtemps que le souverain de cette cité règne sur cette ville, qu’il y a sa résidence et son palais à l’intérieur de la muraille d’enceinte. La plupart des portes de son palais aboutissent à l’intérieur de la cité de plusieurs côtés. Deux portes de la ville ouvertes dans le rempart même, donnent sur la route qui mène de Rusafa au fleuve. Rusafa se compose des habitations qui forment le haut bourg de la ville et dont les constructions touchent au faubourg bas. C’est une agglomération qui entoure la ville sur les côtés est, nord et ouest ; le sud donne sur fleuve, le long duquel se développe la route nommé le Quai. C’est dans le faubourg que se trouve les marchés, les tavernes, les caravansérails*, les bains et les demeures des classes inférieures de la population. La mosquée cathédrale qui est fort belle et grande, se trouve dans la ville même ; la prison est située dans son voisinage. »
Ibn Ḥawqal, La Configuration de la Terre, p. 112.
7Kairouan, signe de la conquête islamique de la province d’Africa par Sīdī ʿUqba, n’a cessé de se développer par fondations associées tout au long du Moyen Âge. Les sites palatins d’al- ʿAbbāsiyya et de Raqqada furent établis sur un site antique ; au milieu du xe siècle, les Fatimides élevèrent la ville d’al-Manṣūriyya liée au toponyme de Ṣabra. Une telle agglomération a suscité d’importants ouvrages hydrauliques : les « bassins aghlabides » marquaient, sans doute, la limite nord de la ville du haut Moyen Âge. L’aqueduc fatimide conduisait l’eau des captages de Bīr al-Adīn vers al-Manṣūriyya puis Kairouan en réutilisant des captages antiques.
8La grande mosquée, dite de « Sīdī ʿUqba », fut modifiée par les Aghlabides (836‑874), les Fatimides (coupole du Baḥū sur la cour) et les Hafsides (cour et Bāb Lallā Rayḥāna) puis aux xixe et xxe siècles. L’édification d’al-Manṣūriyya sous les Fatimides déplaça la ville vers le sud : l’axe commercial primitif fut remplacé par celui qui va aujourd’hui de Bāb Tūnis à Bāb Jelladīn.
9Au xxe siècle, des fouilles révélèrent des vestiges de la ville du pouvoir fatimide, d’une centaine d’hectares et à peu près circulaire. Une frappe monétaire laisse à penser que la ville d’époque fatimide s’était déplacée vers « Ṣabra » au xie siècle. Enfin, un niveau artisanal – industries céramiques et verres – s’était développé sur les vestiges palatins.
10Mi. T.
Alimentation en eau de l’agglomération de Kairouan.

La ville de Kairouan des Gouverneurs aux Hafsides.


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