Renouveau turco-mongol et essor turkmène dans le monde iranien
p. 98-99
Texte intégral
1En Iran et en Asie centrale, la fin de la période médiévale fut marquée par l’éclosion de la dynastie des Timurides (1370‑1506). Tamerlan (Timūr Leng), son fondateur, s’attacha à restaurer l’ancien ordre gengiskhanide (cf p. 94‑97) qu’il conjugua aux traditions irano-musulmanes. Son ambition de recréer l’Empire mongol le conduisit à mener d’imposantes campagnes militaires sur un vaste territoire, allant du Turkestan à l’Anatolie orientale et même au-delà (Delhi, 1398 ; Damas, 1400 ; Ankara, 1402). Ramenant de ses conquêtes de nombreux artisans et intellectuels, Tamerlan fit de sa capitale, Samarcande, une cité florissante.
2Le mécénat intellectuel et artistique de ses successeurs fit des cours timurides des centres culturels épanouis. Le règne de Shāh Rukh (r. 1405‑1447), caractérisé par sa stabilité politique et sa prospérité économique, fut cependant suivi de luttes successorales qui affaiblirent progressivement le pouvoir timuride.
3Dans les années 1450, la prise de Samarcande puis de Herat par Abū Saʿīd (r. 1451‑69) marqua l’arrivée d’une autre lignée timuride au pouvoir.
4Sur le front occidental, ces divisions internes favorisèrent l’émergence de dynasties turkmènes. La confédération des Qarā Qoyunlu (les « Moutons noirs », r. 1380‑1468), qui concentrait jusqu’alors ses territoires autour du sud-est de la Turquie, du nord de l’Iraq et de l’Azerbaïdjan, s’étendit dès lors sur une large part de l’Iran actuel. Elle fut défaite en 1467 par leurs ennemis historiques, les Āq Qoyunlu (les « Moutons blancs », r. 1378‑1508), qui assirent leur domination sur ces régions. Leur rayonnement politique égalait désormais celui des Timurides, et leur capitale, Tabriz, comptait parmi les centres culturels majeurs de cette période (cf p. 214‑215).
5Après la mort d’Abū Saʿīd, exécuté par les Āq Qoyunlu, les terres timurides furent divisées. Ses trois fils se partagèrent la Transoxiane, tandis qu’une nouvelle lignée s’emparait du Khorasan : celle de Sulṭān Ḥusayn Bāyqarā (r. 1470‑1506), dont le règne marque le dernier apogée timuride. Les invasions des Ouzbeks Chaybanides (r. 1500‑1598) à l’est, et l’avènement des Safavides (1501‑1722) à l’ouest mirent fin à cette période.
Détail d’un décor en céramique à décor « à ligne noire », Samarcande (Shāh-e Zende), mausolée dit de l’Ostād ’Ali Nasafi, vers 1380.

© S. Aube.
« Portrait de Sulṭān Ḥusayn Bāyqarā », page d’album attribuée à Behzād, Herat, c. 1480‑1510.

La cour de Sulṭān Ḥusayn Bāyqarā (1438‑1506), qui poursuivit à Herat les traditions de son prédécesseur Shāh Rukh, fut le cœur d’une grande effervescence culturelle et intellectuelle. Le souverain fit bâtir de vastes ensembles architecturaux, des centres d’enseignement renommés, et rassembla autour de lui d’éminents poètes et artistes. Le peintre Behzād (m. 1535 ?), auteur présumé de ce portrait, est sans conteste le plus célèbre d’entre eux. À la chute des Timurides, il passa au service des Chaybanides puis à celui des Safavides à Tabriz.
© Cambridge, Arthur M. Sackler Museum, n° 1959.59.
Territoires des Āq Qoyunlu et Timurides autour de 1490.

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