L’islamisation de l’Inde et le sultanat de Delhi
p. 82-83
Texte intégral
1En 711‑713, sous le califat d’al-Walīd b. ʿAbd al-Malik, les Omeyyades conquirent le Sind. Le commandant de l’armée Muḥammad b. al-Qāsim al-Thaqafī (m. 717) mit fin à la dynastie des Rai, dont le dernier râja, Dāhar, fut assassiné. Comme dans tous les territoires conquis, la religion des gouvernants était l’islam, pendant que les autochtones gardaient la leur ; ils étaient hindouistes, bouddhistes ou jaïns. À l’époque abbasside, en 854, un petit émirat indépendant, les Habbārīs, s’émancipa du califat et domina le centre et le sud du Sind, mais en 977, les Qarmates* envoyèrent du Bahreïn des missionnaires ismaéliens*, qui conquirent le Sind. Ils firent allégeance aux Fatimides ismaéliens, ce qui contribua à développer l’axe commercial océan Indien-mer Rouge.
2Maḥmūd de Ghazni (971‑1030), le gouverneur abbasside du Khorasan, mena, de 1001 à 1026, plusieurs campagnes militaires, au Penjab et au Gujarat. Ainsi, en 1001, il battit les Indiens, supérieurs en nombre, à la bataille de Peshawār. En réponse, les râjas organisèrent une coalition et, en 1008, une grande bataille tourna à l’avantage de Maḥmūd ; il conquit Lahore en 1018, le Penjab fut annexé en 1021. Les Ghaznévides furent vaincus par les Ghurides, une dynastie de culture persane règnant en Afghanistan. Ils prirent Ghazni en 1149 et Lahore en 1186, mettant fin à la dynastie ghaznévide. Puis ils conquirent le nord de l’Inde (bataille de Thaneswar en 1192, conquête du Bengale et du Gujarat en 1202). Les violences militaires n’empêchèrent pas Ghazni d’être le centre d’un monde de savoir et de culture, et c’est dans cette cité que le grand poète persan, Ferdowsi (Khorasan, c. 940‑1020), rédigea en partie son célèbre Shāh-Nāmeh (Livre des Rois). Quant au mathématicien, astronome, philosophe, historien… al-Bīrūnī (Iran, 973 - Ghazni, 1048), il fut invité à la cour de Maḥmūd où il écrivit entre autres traités savants, une Histoire de l’Inde (Kitāb fī Taḥqīq mā li-l-Hind).
3S. D.
La conquête de l’Inde (viiie-xiie siècle).

4C’est en 1206, après un siècle d’incursions et de raids menés par les sultans ghurides depuis les terres afghanes, que fut fondé le sultanat de Delhi par l’un des généraux ghurides, Quṭb al-dīn Aybak (1206‑1210).
5Delhi, la nouvelle capitale (cf p. 129‑129), brassait alors des populations de différentes origines formant une société cosmopolite qui donna naissance à une culture originale (musique hindustanie, architecture indo-persane).
6Bien qu’une partie des structures hiérarchiques locales ait été préservée, à l’échelle du village notamment, les dynasties dominantes furent renversées et une large partie du territoire de l’Inde septentrionale fut soumise au sultanat de Delhi en une décennie.
7Pour l’administrer, les terres furent confiées à des officiers dont les revenus, issus de l’iqṭā‛*, contribuaient à l’entretien de troupes disponibles pour le pouvoir central. Caractérisée à ses débuts par des razzias et l’imposition de tributs* aux territoires frontaliers, la politique du sultanat de Delhi s’orienta progressivement vers l’annexion de territoires sous son contrôle direct.
8N. S.
Le sultanat de Delhi depuis le règne du sultan Iltutmish (r. 1211-1236) jusqu’au xive siècle.


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