La régionalisation du pouvoir
Les Taïfas en al-Andalus
p. 74-75
Texte intégral
1Entre 1009, date de l’abdication du calife omeyyade Hishām II, et 1031, où le dernier calife, Hishām III, fut chassé de Cordoue, les prétendants au titre califal s’affrontèrent. Cette guerre civile, fitna* (cf p. 60‑61) en arabe, a donné son nom à cette période.
2En 1015‑1016, ʿAlī ibn Ḥammūd, gouverneur des places du détroit de Gibraltar, s’empara de Malaga puis de Cordoue où il fonda la dynastie des Ḥammūdides qui tenta de restaurer le califat, mais ne put empêcher l’autonomie grandissante de certains gouverneurs et dut faire face à des prétendants omeyyades.
3En 1031, le pouvoir se morcela au profit de villes comme Séville, Tolède, Badajoz ou Saragosse. Ces petites factions (en arabe : ṭā՚ifa*, plur. ṭawā՚if) formaient des royaumes concurrents. Leurs chefs (mulūk al-ṭawā՚if ou reyes de taifas*) étaient d’origines différentes : Berbères, Arabes, Slaves (anciens mercenaires des armées des califes). Leur politique illustre la complexité des relations entre émirats et royaumes chrétiens : parfois, les musulmans faisaient appel aux princes chrétiens qui leur apportaient, moyennant un tribut*, leur aide ou leur protection.
4Ce moment favorisa l’émergence de petits émirats autour de villes comme Carmona, Silves, ou Tortosa. Ces entités autonomes furent assez vite confrontées aux velléités d’annexion de pouvoirs qui se consolidaient, mettant en place de véritables dynasties. Il en fut ainsi à Séville (Banū ʿAbbād), Badajoz (Afṭasides), Tolède (Banū Dhῑ l-Nūn), Saragosse (Banū Hūd), Grenade (Zirides) ou encore à Alméria (Banū Sumādiḥ), émirats qui finirent par absorber les taïfas voisines.
5Ces émirats (Séville, Badajoz, Grenade, Almerῑa, Albarracin et Alpuente) furent défaits par les Almoravides (cf p. 86‑87) ou par les chrétiens lors de la Reconquista (Tolède, Saragosse - cf p. 78‑79).
6Cette période favorisa une intense création dans le domaine de l’architecture (oratoire de l’Aljaferia de Saragosse, par exemple) mais aussi dans celui des objets mobiliers comme l’attestent les coffrets d’ivoire ou encore, dans le domaine des sciences, des techniques, de la littérature et de la poésie, à l’instar des ouvrages d’al-Zarqalī (Azarquiel), des poésies d’al-Muʿtamīd de Séville ou de la science hydraulique qui continua à produire de savantes réalisations à Tolède.
Panneau en stuc sculpté. Palais de la Aljaferia à Saragosse.

© Madrid, Museo arquelogico nacional, n°inv. 50440.
Coffret en marqueterie d’ivoire. Cuenca 1049‑1050.

© Madrid, Museo arqueológico nacional, n°inv. 57371.
Le morcellement des pouvoirs en al-Andalus au xie siècle.

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