L’Empire abbasside aux viiie-ixe siècles
p. 64-65
Texte intégral
1Lorsque les califes abbassides détrônèrent les Omeyyades de Damas en 750 (cf p. 62‑63), ils prirent le contrôle de la quasi-totalité de leurs territoires, en dehors du Maghreb et d’al-Andalus, très tôt autonomisés. Les Abbassides avaient été portés au pouvoir grâce au soutien d’une armée originaire du Khorasan. Ils abandonnèrent Damas et la Syrie, bastion pro-omeyyade, pour s’installer en Iraq où ils fondèrent sur la rive occidentale du Tigre, en 762, la cité califale de Bagdad (cf p. 122‑123).
2C’est à partir de cette ville que les califes régnèrent sur un territoire s’étendant de l’Ifriqiya (actuelle Tunisie) à l’Asie centrale. Leur empire était découpé en provinces gérées à partir de capitales régionales par des gouverneurs nommés par les califes. L’autorité abbasside y était rappelée chaque vendredi, par la mention du nom du calife régnant lors de la khuṭba*, et les monnaies y étaient frappées en son nom. L’impôt était collecté localement ; une partie était dépensée sur place, et le reste envoyé à Bagdad. Un efficace réseau d’information tenait le calife et son administration centrale au courant des événements survenus dans les provinces. Le calife pouvait envoyer des troupes pour rétablir l’ordre en cas de rébellion ou d’incidents. Enfin, des cadis nommés par le calife dans chaque grande ville assuraient un maillage judiciaire à l’échelle de l’Empire.
3La carte montre l’étendue des territoires abbassides à leur apogée, sous le règne d’al-Manṣūr (r. 754‑775), deuxième calife de la dynastie et fondateur de Bagdad. Un certain nombre de régions s’émancipèrent cependant de l’État central dès la fin du viiie siècle, donnant naissance à de petites dynasties autonomes ou indépendantes (cf p. 66‑67).
4Au xe siècle, l’Empire abbasside perdit une grande partie de ses territoires et connut une rivalité politique sans précédent, celle des deux califats occidentaux : les Fatimides (cf p. 76‑77) et les Omeyyades de Cordoue.
« Porte étendard ». Coupe ornée de lustre métallique, Iraq, xe siècle.

Paris, musée du Louvre, MAO 23. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Hervé Lewandowski.
Revenus du califat abbasside, début ixe siècle
Sawād [Iraq] | 109 457 650 dirhams |
Khuzistān | 18 000 000 dirhams |
Fars | 24 000 000 dirhams |
Kerman et Makran | 7 000 000 dirhams |
Sijistān | 1 000 000 dirhams |
Khorasan/Transoxiane | 38 000 000 dirhams |
Jibāl | 20 900 000 dirhams |
Azerbaïdjan | 4 500 000 dirhams |
Rayy et Qazvin | 21 828 000 dirhams |
Gurgan (et Kumis) | 4 000 000 dirhams |
Ṭabaristān | 1 163 070 dirhams |
Jézireh | 26 535 000 dirhams |
Arménie | 9 100 000 dirhams |
Bilād al-Shām [Syrie] | 902 000 dinars |
Arabie | 520 000 dinars |
Miṣr [Égypte] | 2 500 000 dinars |
D’après le Kitāb al-Kharāj de Qudāma b. Jaʿfar. V. Kremer, Culturgeschichte des Orients unter des Chalifen.
L’apogée de l’Empire abbasside sous al-Manṣūr (r. 754‑775).

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