Les Omeyyades de Damas
La construction de l’Empire arabo-musulman
p. 62-63
Texte intégral
1En 661, la mort de ʿAlī et l’intronisation de Muʿāwiya (cf p. 60‑61) marquent le retour au pouvoir du principal clan de La Mecque, les ʿAbd al-Shams, et la sortie définitive du pouvoir d’Arabie. Fondateur de la première dynastie de l’Islam, Muʿāwiya choisit d’utiliser les forces vives syriennes pour assoir son autorité et fit de Damas le centre du califat.
2Peu de sources contemporaines des califes omeyyades nous sont parvenues et leur histoire a été surtout écrite sous les Abbassides, hostiles à ceux qu’ils ont anéantis en 750 et accusés d’impiété et de débauche. La vision négative du califat omeyyade longtemps proposée est aujourd’hui nuancée par le croisement des sources archéologiques et documentaires (papyrus, monnaies) avec la relecture des auteurs du ixe siècle.
3Dès lors, il apparaît que le pouvoir califal omeyyade a pris en charge la construction d’un État centralisé, imprégné des traditions antérieures du pouvoir oriental, et mis en place des structures administratives favorisant la diffusion de la langue arabe et de l’islam. On lui doit aussi un agrandissement conséquent du Dār al-Islām*, s’étendant de l’océan Atlantique à l’ouest à l’Indus à l’est : furent alors conquis le Maghreb, al-Andalus, l’Afghanistan, la Transoxiane et le Sind.
4À Damas, nouveau centre du pouvoir, une grande mosquée fut construite avec ses minarets, marqueurs symboliques de la domination d’une souveraineté islamique impériale. Les califes omeyyades y frappaient monnaie, concurrençant le basileus* byzantin, grâce à l’argent des impôts collectés dans les nouvelles provinces, dirigées par des gouverneurs (wālī-s) aux pouvoirs civils et militaires considérables et installés dans de grands chefs-lieux provinciaux : Bassora, Kufa, Fustat, Mossoul et Kairouan. Si, dans le désert syrien, les califes bâtirent de beaux palais, relais d’un pouvoir encore très largement mobile (cf p. 112‑113), ailleurs ils multiplièrent les constructions religieuses, comme le Dôme du Rocher à Jérusalem, construit sous le califat de ʿAbd al-Malik (r. 685‑705), manifestant aux yeux du monde que la Jérusalem des Omeyyades était un centre politico-religieux à égalité avec celui de La Mecque.
5Néanmoins, la dynastie souffrait de multiples difficultés, comme le mécontentement des nouveaux convertis, les querelles tribales et surtout la montée des contestations sectaires, kharijite* et chiite*, cherchant à venger le massacre de Kerbela (cf p. 60‑61), et dont le mouvement abbasside (cf p. 64‑65) sut profiter pour s’imposer.
La mosquée des Omeyyades à Damas.

© F. Renel, 2007.
« Ô Dieu, rends vertueux al-Walīd b. Yazīd... [Fais-le] rejoindre les hommes pieux.
Entoure-le de la douceur de la parenté,
ô protecteur des mondes ! pour sa communauté éternelle... »
Inscription pariétale de Qusayr ʿAmra en Jordanie, au nom du prince héritier Walīd b. Yazīd (futur Walīd II en 743‑744).
L’Empire omeyyade à son apogée (première moitié du viiie siècle).

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