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L’homme et la mort

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Anne-Marie Tillier

Chapitre 6. Que nous apprennent les dépôts archéologiques associés aux morts ?

Texte intégral

1La pratique consistant à placer auprès d’un défunt des objets est ancienne. Les raisons d’un tel geste sont diverses et elles ne sont pas toujours aisées à décrypter pour l’archéologue. La nature de l’objet et son emplacement par rapport au corps du défunt ne doivent rien au hasard et ont une valeur symbolique qui nous échappe totalement. De plus, et c’est particulièrement vrai dans le cas des sépultures paléolithiques, nous ne disposons que des objets en matière non périssable qui sont parvenus jusqu’à nous. L’existence d’autres objets susceptibles d’avoir été placés auprès du défunt – en matière végétale ou animale telle que la peau ou les plumes – ne peut être soupçonnée qu’à partir d’indices indirects.

  • 1 Bordes et Lafille 1962.

2La discussion concernant ces vestiges associés au défunt s’engage dès que les informations sont transmises par les fouilleurs. Ainsi, la présence de petits blocs de grès et de plusieurs débris animaux (dents de rennes, cheval et mandibule de hyène) dans la dépression contenant l’enfant du Roc de Marsal a bien été signalée par les responsables de la fouille1. Cependant, faute d’enregistrement rigoureux, leur lien avec l’enfant reste obscur. La documentation lacunaire concernant la disposition des objets par rapport au squelette incite à la prudence et on ne peut exclure que certains de ces éléments aient été apportés lors du comblement de la dépression.

  • 2 Akazawa et al. 1995, Akazawa et Muhesen 2002.

3Il en est de même pour la sépulture de l’enfant Dederiyeh 1 et la présence d’un éclat triangulaire gisant sur son tronc (figure 5), interprété par Takeru Akazawa et ses collègues comme marquant l’emplacement du cœur2.

4Des incertitudes demeurent également dans le cas de découvertes plus anciennes, telle celle de la Chapelle-aux-Saints, et pour laquelle les fouilleurs signalèrent la présence de fragments d’os plats ou de très beaux outils en silex taillé.

5Il existe malgré tout de nombreux cas où il ne fait pas de doute que les objets ne proviennent pas du simple remplissage de la tombe et ont bien été déposés intentionnellement avec le mort. Ce sont des outils manufacturés, des restes végétaux ou animaux, des objets non utilitaires, des éléments de parure, etc. Les éléments non fonctionnels tels que la parure, les statuettes ou l’ocre, ont sans doute revêtu une signification symbolique particulière et l’archéologue les étudie donc avec une attention toute particulière.

6Les dépôts archéologiques intentionnels repérés dans les sépultures moustériennes ne semblent pas présenter de traits récurrents.

Des objets manufacturés

  • 3 Peyrony 1934.

7L’une des exemples les plus célèbres est celui d’une des sépultures de La Ferrassie qui contenait les restes d’un fœtus (La Ferrassie 5). Elle contenait aussi, fait sans équivalent pour le Paléolithique moyen, trois grands racloirs de belle facture signalés par Denis Peyrony3 ; ils étaient posés à plat, l’un d’entre eux en contact avec le squelette tandis que les deux autres se trouvaient à la partie sommitale de la dépression.

Des fleurs et autres végétaux

  • 4 Solecki 1977.
  • 5 Leroi-Gourhan 1968 et 1998.

8À Shanidar, des sédiments associés à l’inhumation de l’adulte Shanidar 4 ont été prélevés. Compte tenu des circonstances des fouilles déjà évoquées, il faut saluer cette initiative de Ralph Solecki, tout à fait exceptionnelle pour l’époque, et d’une manière générale, pour les sépultures moustériennes. Ralph Solecki a même réalisé des plans indiquant précisément l’emplacement des six prélèvements d’échantillon autour du squelette et à proximité de l’avant-bras droit4. Analysés par la palynologue Arlette Leroi-Gourhan5, ces échantillons ont révélé la présence d’une grande quantité de fleurs et de branchettes d’éphèdre, ainsi que du bois carbonisé.

  • 6 Trinkaus 1983 : 41.

9Le défunt, âgé entre 30 et 45 ans selon Erik Trinkaus6 avait été déposé sur un lit de fleurs variées, retrouvées à l’état d’étamines. Arlette Leroi-Gourhan a pu déterminer sept espèces différentes : achillées, bleuets, chardons de St-Barnabé, muscari, roses trémières et prêles des bois, ce qui devait donner des tons délicats de blanc, jaune, bleu et vert. La plupart de ces fleurs sont connues à l’heure actuelle dans le pays pour leurs vertus médicinales, ce qui a conduit Ralph Solecki à suggérer qu’il pouvait s’agir de la sépulture d’un personnage important, peut-être un guérisseur. Quoi qu’il en soit, il est difficile ici d’émettre des réserves sur le caractère intentionnel du dépôt de fleurs.

Des vestiges fauniques

  • 7 Poplin 1989, Vigne 1989.

10L’analyse des vestiges de faune en contexte funéraire a bénéficié de l’approche systématique initiée par François Poplin et Jean-Denis Vigne, qui ont mis au point une méthodologie rigoureuse. Dans la pratique, cela se traduit par un tri des vestiges animaux qui permet de distinguer ceux dont la présence est fortuite de ceux qui sont bien des résidus de pièces de viande consommées sur place ou déposés auprès du défunt comme viatique pour l’au-delà7. En effet, la présence de tels vestiges ne résulte pas nécessairement de la pratique d’offrandes funéraires. Les sépultures moustériennes livrent peu d’exemples de dépôts fauniques, placés en contact avec le défunt ou retrouvés à l’intérieur du volume initial occupé par le cadavre. Tous les cas répertoriés sont à chaque fois uniques dans le site.

  • 8 Hovers et al. 1995.
  • 9 Bate et Garrod 1997.

11Un maxillaire presque complet de cerf élaphe, à l’état de conservation unique dans le site, reposait à la hauteur du bassin de l’enfant Amud 78. Sa proximité avec le corps suggère un dépôt intentionnel. L’adulte Skhul 5 reposait sur le dos et une mandibule d’un grand suidé (sanglier) relativement complète, dont seules les branches manquent, avait été placée sous son avant-bras droit9.

  • 10 Vandermeersch 1971.
  • 11 Tillier et al. 2003a.

12La sépulture de Qafzeh 11 se distingue, quant à elle, par la présence d’un grand fragment de bois de daim qui était en contact direct avec la main de l’adolescent10, elle-même ramenée à la hauteur de la face. Une fois encore, la singularité du geste accompli par les vivants conduit à s’interroger sur sa signification. Dans ce cas précis, on peut envisager un lien entre ce dépôt et les circonstances du décès de l’adolescent : il est le seul qui présente sur le côté droit de l’os frontal les traces d’un traumatisme résultant d’un choc reçu peu de temps avant son décès11. Il peut être tentant de relier le caractère unique du dépôt funéraire à la singularité de la mort de cet individu. Cette marque de solidarité de la part des vivants ne signifie pas pour autant que cet adolescent avait un statut social particulier au sein du groupe. Mais un vestige exceptionnel ne traduit pas forcément un événement unique et, mis à part le cas de l’enfant Qafzeh 10, nous ne savons rien des causes du décès des autres défunts inhumés à Qafzeh ; ni des éventuels dépôts en matière périssable qui ont pu les accompagner.

  • 12 Okladnikoff 1949.

13Le dernier exemple provient de la grotte de Teshik-Tash, à 125 km au sud de la ville de Samarkand en Ouzbékistan. Cette sépulture est traditionnellement considérée comme datant du Moustérien, bien qu’elle ait été trouvée hors de tout contexte archéologique. Les os d’un enfant ont été découverts en 1938 par l’archéologue russe Alexei P. Okladnikov, près de la paroi rocheuse nord-ouest, dans une couche stérile. Ils étaient éparpillés et aucune connexion anatomique n’était préservée, mais une grande partie du squelette était représentée : crâne, mandibule, os longs des membres et des ceintures, côtes et vertèbres12. Cet enfant, âgé de 8 à 10 ans, reposait à une profondeur d’environ 25 cm, dans un niveau stérile situé sous une couche moustérienne, à proximité de plaquettes de calcaire et de cinq paires de cornes complètes de bouquetins asiatiques plus ou moins rangées en cercle. Ces animaux constituent plus de 95 % de la faune retrouvée dans la grotte. D’après Alexei P. Okladnikov, la dispersion des os humains et des autres vestiges sur une aire de quelque 1,20 mètre de long sur 0,80 mètre de large serait due à l’action d’un prédateur qui aurait perturbé ainsi une sépulture primaire. Cette hypothèse est renforcée par le fait que certains os portent des marques de morsure et de mâchement caractéristiques des traces laissées par les carnassiers et les rongeurs.

  • 13 Poplin 1989 : 284.
  • 14 Weidenreich 1945, Movius 1953, Howell 1958.

14Selon François Poplin13, les vestiges animaux délimitent l’espace dans lequel se trouvaient les os humains et on peut faire l’hypothèse que « les massacres, une fois la restitution des étuis cornés faite, pourraient être entrevus comme l’armature d’une petite hutte dressée au dessus du corps ». Si l’enfant de Teshik-Tash est bien néandertalien14, son attribution chronologique n’est pas résolue. Pour Hallam L. Movius, ce dépôt pourrait relever d’une occupation tardive de la grotte par les Moustériens.

  • 15 Bonifay et al. 2007.
  • 16 Bonifay et al. 2007.

15Des quatre cas mentionnés ci-dessus, on retient que l’espèce animale est chaque fois différente et qu’il n’y a pas de mélange puisqu’une seule espèce est présente dans la sépulture. Une seule exception toutefois doit être mentionnée, celle de l’adulte néandertalien du Regourdou qui a été découvert avec des os d’ours brun et de cerf mélangés15. Un humérus d’ours brun se trouvait à la hauteur du tronc de l’adulte et « un grand bois de chute » de cerf élaphe était inclus au dépôt. Enfin, séparée de la sépulture humaine par un mur de pierre, une fosse fermée par une grande dalle contenait de nombreux os d’ours brun. La sépulture humaine et la fosse à ours ont été interprétées comme faisant partie d’un même rituel funéraire16.

Des objets à connotation « symbolique »

  • 17 Taborin 2003, Bar Yosef-Mayer et al. 2009.
  • 18 Vanhaeren et al. 2006.
  • 19 In Taborin 2003 : 121.
  • 20 Hovers et al. 2003, Bar Yosef-Mayer et al. 2009.

16Un niveau d’interprétation est franchi avec des objets dont la présence insolite a pu avoir une connotation symbolique. Là encore, le lien étroit avec les inhumations doit être établi. Ainsi, les Moustériens de Qafzeh et Skhul en Israël ont ramassé des coquillages marins, bivalves du genre Glycymeris à Qafzeh17, des gastéropodes du genre Nassarius à Skhul18. Ces coquillages ont servi d’éléments de parure car, même si l’origine de leur perforation, naturelle ou artificielle, n’est pas claire, certains d’entre eux portent les traces d’un lien dans la perforation. De plus le plus grand des coquillages retrouvé à Qafzeh (Q75. CXXIV, C12-112) porte des traces d’ocre mises en évidence grâce aux analyses réalisées par Philippe Walter19. L’emploi de l’ocre est du reste attesté dans le site par des fragments du colorant et des silex ocrés20. Les coquillages et l’ocre de Qafzeh se trouvaient dans le même secteur que les inhumations, sur la terrasse, mais ils proviennent de niveaux différents. L’unique exception est celle d’un coquillage trouvé en couche XXII qui a aussi livré l’inhumation de l’adolescent Qafzeh 11. Même dans ce dernier cas, il s’avère impossible d’établir un lien avec le défunt et encore moins, d’en déduire un geste funéraire. Qu’il y ait eu ou non un lien entre les coquillages, l’ocre et les inhumations, on ne doit pour autant en conclure que les premiers n’avaient pas une dimension symbolique pour les Moustériens du Proche-Orient.

  • 21 Einwögerer et al. 2008.
  • 22 Klíma 1987.

17Il faut attendre le Gravettien pour qu’un lien direct entre l’ocre et l’inhumation des défunts soit incontestable. C’est le cas pour les nouveau-nés et le nourrisson de Krems-Wachtberg dont l’un des dépôts était de plus fermé par une omoplate de mammouth21. C’est vrai aussi à Dolní Věstonice II où plusieurs omoplates de mammouth font également partie du contexte funéraire22. L’ocre rouge est omniprésente dans de nombreuses sépultures du Paléolithique supérieur, qu’elle ait été déposée au fond de la fosse ou que le corps du défunt en ait été enduit. Sans doute destinée à parer le corps et les vêtements du mort ou à le protéger de la putréfaction, l’ocre n’était pas toujours uniformément répartie et était souvent concentrée sur et autour de la tête, plus rarement sur les mains ou le bassin, comme à Dolní Věstonice II. L’usage de colorants minéraux rouges est très répandu dans de nombreuses sociétés, que ce soit pour la peinture corporelle ou pour teindre objets et peaux.

L’émergence d’une diversité des dépôts d’accompagnement

  • 23 Une remise en cause de notre référentiel est toujours possible, comme en témoignent les découvertes (...)

18En l’état actuel de nos connaissances23, un changement significatif semble s’être produit au Paléolithique supérieur, avec une multiplication et une diversification des dépôts funéraires – quartiers de viande, artefacts travaillés, coquillages perforés, ocre, objets d’art mobilier et éléments de parure, autant d’éléments qui rendent compte d’un langage symbolique de plus en plus complexe. La diversité et la richesse de certains dépôts funéraires incitent quelques auteurs à établir un lien entre la place du défunt dans la société et la richesse du mobilier qui l’accompagne dans la mort. Mais une telle interprétation n’est pas d’emblée évidente, et il faut en tout cas se garder de toute généralisation.

19Si l’on s’en tient aux premières sépultures relevant du Paléolithique supérieur, on note qu’un seul des deux nouveau-nés de Krems-Wachtberg, celui situé à l’ouest, portait une trentaine de perles en ivoire à la hauteur du bassin. Si l’on peut y voir une marque d’identité personnelle, il est hasardeux d’y reconnaître une différenciation sociale.

  • 24 Sulerzhitski et al. 2000.

20L’une des sépultures datant à peu près de la même époque, découverte en 1969 à Sungir, à 200 km à l’est de Moscou24, est à cet égard remarquable. Elle associe deux jeunes adolescents de 9 à 11 ans pour l’un (Sungir 3) et de 11 à 13 ans pour l’autre (Sungir 2). Ils étaient allongés sur le dos dans une même fosse de 3 mètres de long, tête contre tête, l’un orienté au sud, l’autre au nord, séparés par un très faible espace entre les deux têtes. Le mobilier accompagnant ces deux enfants est particulièrement riche et la panoplie représentée est sans commune mesure avec celle de la sépulture d’un adulte pourtant richement paré (Sungir 1) située à moins de 5 mètres. Les deux enfants reposaient sur un lit d’ocre rouge, de part et d’autre de deux longues lances en ivoire de mammouth d’environ 2,40 m de long auxquelles s’adjoignaient sans doute deux lances en bois. Selon les descriptions publiées, le plus jeune (Sungir 3) était paré de plus de 5 000 perles en ivoire tandis que le plus âgé portait 4 900 perles associées à 250 canines perforées de renard polaire. Ces perles retrouvées autour de la tête, des bras, des jambes, de la poitrine et des pieds étaient sans doute cousues sur leurs vêtements. Leurs bras et avant-bras s’ornaient de bracelets en ivoire et leurs doigts portaient des anneaux également en ivoire. Une grande épingle en os située sous le menton de chacun d’entre eux devait servir à retenir leur linceul. Chacun d’entre eux portait sur le corps une statuette d’animal en ivoire et des disques en ivoire ajourés les accompagnaient. Le plus jeune était en outre armé de huit javelots, de deux poignards et de deux bâtons percés posés près de son flanc gauche. La lance de Sungir 2 était plus courte que celle de Sungir 3 et son armement se réduisait à seulement trois javelots et un poignard.

  • 25 Brůžek et Novotny 1993.
  • 26 Poltoraus et al. 2000.
  • 27 Ovchinnikov et Goodwin 2003, Brůžek, communication personnelle.
  • 28 Ces lignes détectables par radiographie dans la région métaphysaire de l’os matérialisent des arrêt (...)
  • 29 Buzhilova in Alexeeva et Bader 2000.

21Cette double sépulture a suscité de nombreuses questions, non seulement à cause de la disposition particulière des corps, mais aussi en raison de son extrême richesse. Il a été suggéré que les nuances relevées dans le mobilier entre les deux sujets pourraient illustrer un traitement différent selon le sexe. L’observation des os du bassin25 et des analyses de biologie moléculaire26, ont suggéré que le plus jeune (Sungir 3) serait un garçon, et le plus âgé (Sungir 2) une fille, peut-être issus de la même fratrie. Mais la pertinence de cette diagnose sexuelle a été récemment remise en question27. Le squelette des deux enfants porte des indicateurs de stress telles que des lignes de Harris28 sur les extrémités des os longs, et des hypoplasies de l’émail dentaire. Par ailleurs le plus âgé, porterait sur l’os coxal une lésion d’origine infectieuse, tandis qu’une pathologie affectant les os des membres inférieurs a été décrite pour Sungir 3, dont l’étiologie (maladie congénitale, coxa valga ?) resterait à préciser29.

  • 30 White 1999.

22L’adulte Sungir 1 a fait l’objet d’un traitement funéraire plus sobre, mais il porte quand même près de 3 000 perles en ivoire, des canines de renard bleu perforées et vingt-cinq bracelets sculptés dans des défenses de mammouth. Quelques objets l’accompagnaient, en particulier un racloir en silex et la poignée en os décorée d’une spirale d’un objet mystérieux. Randall White30 qui a étudié la technique de fabrication des perles en ivoire retrouvées avec les trois défunts en conclut qu’il y a eu moins de travail investi pour l’adulte que pour les enfants.

  • 31 Hayden 2008.

23La quantité de perles, de pendeloques et d’armes varie d’un sujet à l’autre, sans logique apparente. Elle a soulevé l’hypothèse de l’existence d’une hiérarchie sociale marquée. Étant donné le jeune âge des adolescents, qui n’ont guère eu le temps de se distinguer de leur vivant, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une différence lignagère, c’est-à-dire acquise par la simple appartenance à une lignée illustre. Cette hypothèse émise par Randall White a été reprise et amplifiée par Brian Hayden31 qui voit dans les sociétés de chasseurs-collecteurs du Paléolithique supérieur de véritables sociétés transégalitaires.

  • 32 Vanhaeren et d’Errico 2002.

24Cette volonté d’afficher l’identité sociale du mort à travers le mobilier funéraire qui l’accompagne a été observée depuis dans d’autres sépultures, notamment celle de l’enfant de Lagar Velho au Portugal32.

25Le dépôt d’offrandes ou tout simplement d’objets accompagnant le mort dans la tombe est rarement attesté dans les sépultures moustériennes. Lorsqu’elle existe, cette pratique ne semble pas réservée à un âge ou une personne d’un sexe particulier. Parmi les quelques exemples de dépôts animaux que nous avons évoqués, deux n’ont aucune valeur alimentaire, l’un à Qafzeh (Qafzeh 11), l’autre à Teshik-Tash. Quant au dépôt de fleurs dans la tombe de Shanidar 4, il s’agit incontestablement d’un geste à haute valeur symbolique ; cependant il faut admettre que sa signification – référence à la fonction, au statut du défunt comme l’a suggéré Ralph Solecki ou simple marque d’affection – nous échappe.

26Il faut attendre les premières sépultures du début du Paléolithique supérieur pour que les dépôts funéraires se multiplient dans les sépultures individuelles ou multiples. Mais ce n’est pas pour autant systématique et on connaît des cas de sépultures ne contenant aucun mobilier funéraire. Il en est ainsi de la sépulture collective gravettienne de Prědmostí qui se caractérise par l’absence de tout type de mobilier.

Notes

1 Bordes et Lafille 1962.

2 Akazawa et al. 1995, Akazawa et Muhesen 2002.

3 Peyrony 1934.

4 Solecki 1977.

5 Leroi-Gourhan 1968 et 1998.

6 Trinkaus 1983 : 41.

7 Poplin 1989, Vigne 1989.

8 Hovers et al. 1995.

9 Bate et Garrod 1997.

10 Vandermeersch 1971.

11 Tillier et al. 2003a.

12 Okladnikoff 1949.

13 Poplin 1989 : 284.

14 Weidenreich 1945, Movius 1953, Howell 1958.

15 Bonifay et al. 2007.

16 Bonifay et al. 2007.

17 Taborin 2003, Bar Yosef-Mayer et al. 2009.

18 Vanhaeren et al. 2006.

19 In Taborin 2003 : 121.

20 Hovers et al. 2003, Bar Yosef-Mayer et al. 2009.

21 Einwögerer et al. 2008.

22 Klíma 1987.

23 Une remise en cause de notre référentiel est toujours possible, comme en témoignent les découvertes et publications de la dernière décennie au Proche-Orient et en Afrique du Sud sur l’utilisation des coquillages par exemple.

24 Sulerzhitski et al. 2000.

25 Brůžek et Novotny 1993.

26 Poltoraus et al. 2000.

27 Ovchinnikov et Goodwin 2003, Brůžek, communication personnelle.

28 Ces lignes détectables par radiographie dans la région métaphysaire de l’os matérialisent des arrêts de croissance ; elles s’estompent avec l’âge, à la différence des hypoplasies de l’émail dentaire.

29 Buzhilova in Alexeeva et Bader 2000.

30 White 1999.

31 Hayden 2008.

32 Vanhaeren et d’Errico 2002.

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