J
p. 889-902
Texte intégral
Jacobsthal, Paul (1880-1957)
1Archéologue allemand. De formation classique, il est l’un des premiers à établir des ponts entre histoire et Préhistoire. Il fait ses études à Berlin, Göttingen et Bonn ; sous la direction de G. Loeschke, il présente sa dissertation sur « Der Blitz in der orientalischen und griechischen Kunst » (1906) et obtient une bourse d’études de l’Institut archéologique allemand pour un séjour en Méditerranée. En 1907, il commence sa carrière d’enseignant, comme assistant de G. Körte à Göttingen, puis comme professeur à Marbourg, où il donne un éclat particulier au séminaire d’archéologie ; en 1920, il obtient le rattachement d’une section de préhistoire et, en 1927, il devient professeur titulaire de la première chaire de pré- et protohistoire en Allemagne. Victime des lois raciales, il doit s’exiler en 1935 ; il devient alors « lecturer » au Church College d’Oxford et, en 1947, y obtient une chaire d’archéologie celtique. Il travaille sur la céramique grecque en collaboration avec J. D. Beazley. Sa formation philologique lui permet d’embrasser d’un même regard toute l’Antiquité, de l’Orient ancien à l’Antiquité tardive. Il prend part aux fouilles de Pergame. Il s’attache à élucider les liens entre archéologie classique et préhistoire, en étudiant certaines catégories d’objets, comme les « Schnabelkanne » (cruches à long bec) de bronze, ou les importations grecques de Provence. Il est le premier à mettre en évidence la grande qualité artistique de l’art celtique ancien, en particulier de la plastique monumentale, et ses liens avec la culture grecque ; il montre également l’importance des oppida des tombes princières dans le sud de l’Allemagne.
Bibliographie sélective :
2Theseus auf dem Meeresgrunde, 1911 ; avec U. Wilamowitz-Moellendorf, « Zur Kunstgeschichte der griechieschen Inschriften », Karites Leo, 1911 ; Göttinger Vasen, 1912 ; Ornamente griechischer Vasen, 1927 ; Die Bronzeschnabelkannen, 1929 ; Die Melischen Reliefs, 1930 ; avec J. D. Beazley, Bilder griechischer Vasen, 1930 ; avec A. Langsdorff et E. Neuffer, « Gallia Graeca », Préhistoire II 1, 1933 ; « Imagery in Early Celtic Art », Proceedings of the British Academy 27, 1941 ; Early Celtic Art, Oxford, 1944 ; Greek Pins and their Connections with Europe and Asia, 1956.
3VOIR :
H. Möbius, « Paul Jacobsthal », Gnomon, 29, 1957, p. 637-638 ; M. Jope, « Paul-Ferdinand Jacobsthal », Proceedings of the seventh international Congress of Celtic Studies, Oxford, 1986, p. 15-18 ; K. Schefold, dans R. Lullies et W. Schiering, Archäologenbildnisse. Portraits und Kurzbiographien von Klassischen Archäologen deutscher Sprache, Mayence, 1988, p. 204-205.
Jahn, Otto (1813-1869)
4Philologue et archéologue allemand, il est aussi historien de la musique et biographe de Goethe. Il est l’un des fondateurs de la céramologie moderne. Il fait ses études de philologie d’abord à Kiel puis se rend à Leipzig et à Berlin où il suit les cours d’A. Boeckh et d’E. Gerhard. En 1837, il poursuit, grâce à une bourse du gouvernement danois, ses études de philologie et d’archéologie à Copenhague. Il entreprend ensuite un voyage de deux ans qui le conduit à Paris, puis, par la Suisse, en Italie qu’il parcourt jusqu’en Sicile. En 1840, il donne des cours sur l’histoire de la littérature romaine et l’archéologie à l’Université de Kiel et crée, avec P. W. Forchhammer, une collection de moulages pour favoriser l’étude de la statuaire antique. En 1847, il est nommé professeur de philologie et d’archéologie à l’Université de Leipzig, où il retrouve Th. Mommsen qui a été son élève à Kiel et qui est devenu professeur de droit civil. Tous deux subiront en 1850 les conséquences de la réaction après l’échec de la Révolution de 1848 qu’ils ont soutenue : ils sont suspendus de leur poste et prennent le chemin de l’exil en Suisse. O. Jahn consacre les années suivantes à sa biographie de Mozart en quatre volumes qui marque une date importante pour l’étude de ce musicien ; il fonde à Leipzig la Bach-Gesellschaft, dont il devient le Premier secrétaire. En 1854, il est appelé à l’Université de Bonn, où il succède à F. G. Welcker et s’emploie à l’enrichissement de la collection de moulages du Kunstmuseum de l’Académie. Philologue de formation, il assure l’édition de nombreux textes classiques, latins et grecs, mais il est aussi l’un des principaux promoteurs de l’enseignement de l’archéologie à laquelle il applique les méthodes de la philologie, fondant ainsi une sévère discipline critique : il définit les principes fondateurs de la céramologie dans l’introduction de sa Beschreibung der Vasensammlung Königs Ludwigs in der Pinacothek zu München (Munich, 1854), où il apporte la réponse définitive à la question de l’origine des vases peints en distinguant ceux fabriqués en Attique de ceux produits en Étrurie, Apulie et Lucanie aux époques tardives. À l’Université de Bonn, il forme toute une génération d’archéologues de premier plan, parmi lesquels O. Benndorf ou A. Michaelis.
Bibliographie sélective :
5Voir sa bibliographie et les références aux essais le concernant dans W. M. Calder III, H. Cancik et B. Kytzler éds., Otto Jahn (1813-1868 sic). Ein Geisteswissenschaftler zwischen Klassizismus und Historismus, Symposium Bad-Hamburg 13, Stuttgart, 1991 ; « Über das Wesen und die wichtigsten Aufgaben der Archaeologie », Berichte über die Verhandlungen der Königlichen. Sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig 2, 1848, p. 209-266 ; Die Ficoronische Cista, 1852 ; Beschreibung der Vasensammlung Königs Ludwigs in der Pinacothek zu München, Munich, 1854 ; Über Darstellungen griechische Dichter auf Vasenildern, 1861 ; De antiquissimis Minervale simulacris Atticis, Bonn, 1866 ; posthume et éd. par A. Michaelis, Griechische Bilderchroniken, 1873.
6VOIR :
Biographische Aufsätze, Leipzig, 1866 ; A. Michaelis et E. Petersen, Otto Jahn in seinen Briefen mit einem Bild seines Lebens, Leipzig et Berlin, 1913 ; G. Luck, « Aus der Geschichte der klassischen Philologie vor Usener und Bücheler. Otto Jahn, 1813-1869 », Bonner Gelehrte Beiträge zur Geschichte der Wissenschaften in Bonn, Bonn, 1968, p. 144-164 ; W. Schiering, « Zur Geschichte der Archäologie », dans U. Hausmann, Allgemeine Grundlagen der Archäologie, Mayence, 1969 ; W. Ehrhardt, « Das akademische Kunstmuseum der Universität Bonn unter der Direktion von F.G. Welcker und O. Jahn », Abhandlungen der Rheinisch-Westfälischen Akademie der Wissenschaften 68 ; Der Archäologe. Graphische Bildnisse aus dem Porträtarchiv Diepenbroick, Münster, 1984 ; P. E. Arias, « Considerazioni sulla storiografia della ceramica attica : O. Jahn e J.-D. Beazley », dans P. E. Arias et alii, La Ceramica attica a figure nere e rosse del Corpus Vasorum Antiquorum, Rome, 1985, p. 115-138 ; R. Lullies et W. Schiering, Archäologenbildnisse. Portraits und Kurzbiographien von Klassischen Archäologen deutscher Sprache, Mayence, 1988, 35-36 ; W. M. Calder III. H. Cancik et B. Kytzler éds., Otto Jahn (1813-1868 sic). Ein Geisteswissenschaftler zwischen Klassizismus und Historismus, Symposium Bad-Hamburg 13, Stuttgart, 1991 ; C. W. Mûller, Otto Jahn mit einem Verzeichniss seiner Schriften, Stuttgart-Leipzig, 1991 ; H. Sichtermann, Kulturgeschichte der klassischen Archäologie, Munich, Verlag C. H. Beck, 1996, p. 220-224.
Jalabert, Louis, R. P. (1877-1943)
7Épigraphiste français. Né à Lyon, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1895, prend sa licence ès lettres en 1899 et est envoyé comme professeur à Beyrouth, de 1901 à 1907 au collège Saint-Joseph, puis à la Faculté orientale de Beyrouth de 1911 à 1914. Rappelé en France, il devient responsable de la revue Études et représentant de l’Université de Beyrouth. L’ensemble de son œuvre est consacré à la publication d’inscriptions grecques et latines du Proche-Orient.
Bibliographie sélective :
8« Inscriptions grecques et latines de la Syrie », Mélanges de la Faculté orientale I, Beyrouth, 1906 ; « Aelius Statutus gouverneur de Phénice », Mélanges la Faculté orientale III ; « Inscriptions grecques et latines de Syrie », Syria, I, p. 132-188 ; II, p. 265-320 ; avec le père Jerphanion, « Inscriptions d’Asie Mineure », Syria III, p. 437-477 ; art. « Épigraphie », Dictionnaire apologétique de la foi catholique ; avec le père R. Mouterde, « Inscriptions grecques chrétiennes », Dictionnaire d’archéologie chrétienne de Cabrol et Leclercq, VII ; avec le père R. Mouterde, Recueil des inscriptions grecques et latines de Syrie, deux fasc., 1929 et 1939 ; Syrie et Liban. Réussite française ?, Paris, 1934.
9VOIR :
M. Froidevaux, Académie des sciences coloniales. Comptes rendus des séances, 1943 ; R. Dussaud, Syria, XXIV, 1944-1945, p. 146-147.
Jannoray, Jean (1909-1958)
10Archéologue français. Membre de l’École française d’Athènes, il participe aux travaux à Delphes et en Phocide, et mène avec H. van Effenterre et L. Dor les recherches à Krisa et Kirrha, où sont révélés un habitat et des tombes de l’Helladique et du mycénien. De retour en France, il est, à partir de 1942, directeur de la XIe région archéologique (Languedoc-Roussillon) et mène une fouille exemplaire sur le site d’Ensérune, où il prend la suite de l’abbé Sigal et auquel il consacre sa thèse de doctorat (1952). Il tient les « Chroniques »de la revue Gallia sur les sites métropolitains. En 1958 il venait d’être nommé suppléant à la Faculté des lettres de Paris, à la chaire d’histoire grecque, lorsqu’il mourut dans un accident de voiture, au retour d’un congrès en Pologne.
Bibliographie sélective :,
11Avec L. Lerat, « Premières recherches sur l’acropole de Krisa (Phocide) », Revue archéologique, 1936, II, p. 129-145 ; « Krisa, Kirrha et la Première Guerre sacrée », Bulletin de correspondance hellénique, 1937, 33-43 ; « Les fouilles d’Ensérune et la civilisation préromaine du Midi de la France », Rivista di Studi Liguri, 1948, p. 85-103 ; Fouillles de Delphes, le Gymnase, Paris, 1953 ; Ensérune, Contribution à l’étude des civilisations préromaines de la Gaule méridionale, Paris, 1955.
12VOIR :
C. Picard, Revue archéologique, 2, 1959, p. 100-102 ; R. Treuil, « L’École française d’Athènes et la préhistoire/protohistoire du monde égéen », Bulletin de correspondance hellénique 120, numéro spécial « Cent cinquantenaire », 1996, p. 407-439.
Jéquier, Gustave (1868-1946)
13Égyptologue et linguiste suisse. Il appartient à la Délégation archéologique française en Perse et découvre le code d’Hammourabi à Suse. Né à Neuchâtel, il y fait ses études secondaires et supérieures et choisit très tôt de mener une carrière d’orientaliste. Pour se former, il suit à Berlin les cours du grand égyptologue A. Ermann, avec qui il entreprend une thèse. Il voyage alors, visitant l’Allemagne et les pays scandinaves, et se rend à Paris, où il demande à G. Maspero d’accepter la direction de sa thèse sur les papyrus de Berlin et de Leide. G. Maspero le fait admettre à l’Institut français d’archéologie orientale du Caire ; G. Jéquier travaille alors avec J. de Morgan, directeur du Service des antiquités, à dégager les nécropoles royales de Dachour et il participe à la découverte de la tombe du premier pharaon de la première dynastie à Négada, où est révélée la Préhistoire égyptienne. Il réside en Égypte de 1892 à 1897 et contribue aux travaux du Service des antiquités, à Assouan et Kom Ombo, ou encore à Saqqarah et Karnak, où il seconde G. Legrain dans sa tâche de relevés et de plans ; dès ce moment, se manifeste son goût marqué pour l’architecture. Lorsqu’en 1897, J. de Morgan accepte la direction de la Délégation archéologique française en Perse, il entraîne avec lui G. Jéquier, qui participera à trois campagnes jusqu’en 1902. Alors que J. de Morgan est retenu à Paris en 1901-1902 par la préparation d’une exposition sur Suse, c’est G. Jéquier qui prend la direction des fouilles et découvre le fameux code d’Hammourabi dont la traduction est confiée au père V. Scheil. Après son mariage en 1904, il s’installe en Suisse et retourne à l’égyptologie. Il fait de nombreux voyages en Égypte où il poursuit l’étude de l’architecture pharaonique, produisant un important recueil sur ce sujet. De 1913 à 1923, il fait une parenthèse dans sa carrière d’archéologue militant et se consacre à l’enseignement de la civilisation égyptienne à Neuchâtel. En 1924, l’occasion lui est offerte de renouer avec l’activité archéologique de terrain : il se voit confier l’étude du secteur sud de la nécropole de Saqqarah et, en dix ans, dégage l’ensemble funéraire le plus complet de la région. Il fouille le monument en forme de sarcophage construit en pierre pour le roi Shepseskaf, puis le tombeau de Pépi II, où il recueille l’ensemble des Textes des Pyramides et dont il dégage l’ensemble du complexe funéraire. Il parvient à redonner au tombeau son aspect primitif en remettant les fragments de parois inscrites à leur place. Grâce à son travail remarquable de rigueur, les textes des pyramides étudiés et publiés par G. Maspero bénéficient d’additions très importantes. Les publications qui rendent compte de ces travaux sont très rapidement mises à la disposition des chercheurs et restent aujourd’hui encore d’indispensables outils de travail pour l’étude de la fin de la VIe dynastie. Il est élu membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1919.
Bibliographie sélective :
14Le Livre de ce qu’il y a dans l’Hadès, Paris, 1884 ; « Fouilles à Suse. 1897-1902. Description des monuments », Mémoires de la Délégation scientifique française en Perse, t. VII, Paris ; L’Architecture et la décoration dans l’ancienne Égypte, trois vol., 1921-1924 ; Histoire de la civilisation égyptienne des origines à la conquête d’Alexandre, 1923 ; Manuel d’archéologie égyptienne, Paris, 1924 ; Le Monument funéraire de Pépi II, trois vol., Le 1936-1940 ; Douze Ans de fouilles dans la nécropole memphite, Neuchâtel, 1940.
15VOIR :
En Perse 1897-1902. Journal et lettres de G. Jéquier annotées par M. Jéquier, Neuchâtel, 1968 ; J. Capart et P. Humbert, Chronique d’Égypte 41, 1946, p. 207 et sq. ; W. R. Dawson et E. P. Uphill, Who was Who in Egyptology, Londres, 1972, p. 151 È. et J. Gran-Aymerich, « Gustave Jéquier », Archéologia 218, nov. 1986, p. 75-79 ; A. Labrousse avec la collaboration de M. Albouy, Les Pyramides des reines. Une nouvelle nécropole à Saqqarah, Paris, 1999.
Joffroy, Charles Louis René (1915-1986)
16Archéologue français, spécialiste de du fer celtique. « la tombe de Vix et conservateur en chef du Musée de Saint-Germain-en-Laye. Né à Chaumont (Haute-Marne), il fait ses études secondaires au lycée de cette ville, obtient son baccalauréat de philosophie et, en 1935, s’inscrit à la Sorbonne, où il obtient une licence ès lettres-philosophie et prépare des certificats en ethnologie. En 1938, il fait son service militaire dans l’aviation, puis est mobilisé. En 1940, il est nommé professeur de philosophie au lycée de Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), où il exerce jusqu’en 1953. En 1944, il est investi de la responsabilité du musée de la Société archéologique et historique du Châtillonnais, dont il devient président en 1948, alors même qu’il entame les travaux de recherche à Vix, où, avec M. Moisson, il découvre la fameuse tombe princière. Son intérêt pour l’archéologie, et plus particulièrement pour la préhistoire, remonte aux années de sa jeunesse, puisque, dès 1936, il fouille avec l’abbé Mouton, les niveaux magdaléniens des grottes de Farmicourt dans le Châtillonnais, puis, en Charente, de 1946 à 1952, les niveaux aurignaciens de la grotte des Rois à Mouthiers. La découverte et l’étude de la tombe de Vix et de l’habitat du mont Lassois, qui font l’objet de sa thèse de doctorat, assurent sa réputation de protohistorien et, attaché de recherche au CNRS, il se consacre désormais tout entier à la recherche archéologique, menant dix-neuf campagnes de fouilles sur le mont Lassois et explorant de nombreux tertres funéraires dans le Châtillonnais. Il reçoit le prix Schlumberger de la Société des antiquaires de France pour ses travaux à Vix, préside la Société préhistorique française et est élu membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et de l’Institut archéologique allemand. En 1957, il devient conservateur au Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, dont il assumera la direction de 1964 à 1984. Il dirige la rénovation du musée qui s’achève par l’inauguration en 1983 de la salle d’archéologie comparée, conçue par H. Hubert mais restée inachevée depuis 1920. La découverte extraordinaire de Vix a ouvert un nouveau domaine de recherche, celui des relations entre le monde celtique et le monde méditerranéen, qui s’est enrichi dans les dernières années de nombreuses révélations : en Allemagne, à Glauberg après Hochdorf où R. Joffroy s’était rendu pour émettre un avis d’expert sur la tombe ; en France, à Marmesse (Haute-Marne) et à Vix même.
Bibliographie sélective :
17Voir la bibliographie établie par M. L. Joffroy, dans l’Archéologie des Celtes…, Montagnac, 1999 ; « La poterie peinte hallstattienne à motifs zoomorphes du mont Lassois, commune de Vix, Côte-d’Or », Bulletin de la Société préhistorique française, 1950 ; « La tombe de Vix (Côte-d’Or) », Monuments et Mémoires (Fondation Eugène Piot), XLVIII, 1, Paris, 1954 ; Les Sépultures à char du premier âge du fer en France, Paris, Picard, 1958 ; avec l’abbé Mouton, Le Gisement aurignacien des Rois à Mouthiers (Charente), supplément IX à Gallia, Paris, 1958 ; « Le bassin et le trépied de Sainte-Colombe (Côte-d’Or) », Monuments et Mémoires (Fondation Eugène Piot), LI, 1960 ; L’Oppidum de Vix et la civilisation hallstattienne finale dans l’est de la France, Paris, 1960 ; Le Trésor de Vix. Histoire et portée d’une grande découverte, Paris, Fayard, 1962 et 1967 ; avec A. Thénot, Initiation à l’archéologie de la France, deux vol., Paris, Tallandier, 1983.
18VOIR :
B. Chaume, J.-P. Mohen et P. Périn, Archéologie des Celtes. Mélanges à la mémoire de R. Joffroy, Montagnac, 1999 ; J. Gran-Aymerich, « La tombe de Vix », Dossiers d’Archéologie n° 259, déc. 2000/janv. 2001.
Jomard, Edme François (1777-1862)
19Géographe, archéologue et orientaliste français. Il participe à l’Expédition d’Égypte comme topographe et est membre de l’Institut du Caire au côté de Jean-Baptiste Joseph Fourier (1768-1830), futur préfet de l’Isère et ami des Champollion. En 1805, il est nommé secrétaire de la Commission d’Égypte, puis, en 1807, commissaire impérial pour l’impression et les travaux de gravure de la Description de l’Égypte. Auteur du rapport sur les voyages de Frédéric Cailliaud en Égypte et Nubie et de six volumes de commentaires Sur les signes numériques des anciens Égyptiens, il revendiquera la paternité des travaux de Champollion, dont il provoquera les sarcasmes. Les deux hommes entrent en conflit, en particulier pour le poste de conservateur du Musée égyptien, dont Jomard avait eu le premier l’idée et auquel il aspirait. En 1825, il soutient le projet de B. Drovetti, consul général de France en Égypte, de permettre la formation d’une élite proprement égyptienne en accueillant en France de jeunes Égyptiens pour les instruire ; les jeunes gens, placés sous la tutelle de Jomard, acquirent rapidement une formation et, dans leur pays, occupèrent des postes de haute responsabilité. Chez Drovetti et Jomard se manifestait ainsi la préoccupation de perpétrer l’influence française en Égypte et le souci de voir ce pays assumer par lui-même son propre destin. E. Jomard joue un rôle important dans la fondation de l’École polytechnique et est nommé conservateur du « dépôt de géographie » à la Bibliothèque royale. Il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1818.
Bibliographie sélective :
20Sur les signes numériques des anciens Égyptiens, 1816-1819 ; Voyage à l’oasis de Thèbes et dans les déserts situés à l’orient et à l’occident de la Thébaïde fait par M. Cailliaud, pendant les années 1815, 1816, 1817 et 1818, rédigé et publié par M. Jomard, deux vol., Paris, 1821 ; E. Jomard, Voyage à l’oasis de Syouah… d’après les matériaux recueilllis par M. le chevalier Drovetti… et par M. Frédéric Cailliaud…, Paris, 1823 ; Description générale de Memphis et ses pyramides, Paris, 1892.
21VOIR :
De La Roquette, « Notice sur Jomard », Bulletin de la Société de géographie, 1861-1862 ; comte J. Boselli, « Edme-François Jomard », Revue d’Égypte, 4e année, t. IV, janvier-avril 1897, p. 152-172 ; É. Driault et É. Houth, « Jomard l’Égyptien », Bulletin de l’Institut d’Égypte, t. XV, 1932-1933 ; W. R. Dawson et E. P. Uphill, Who was Who in Egyptology, Londres, 1972 ; J.-J. Fiechter, La Moisson des dieux. La constitution des grandes collections égyptiennes. 1815-1830, Paris, 1994 ; Y. Laissus, L’Égypte, une aventure savante, 1798-1801, Paris, 1998.
Jordan, Julius (1877-1945)
22Archéologue orientaliste allemand. Son nom est lié aux premières fouilles systématiques à Uruk, dont il révèle la proto- et la préhistoire. À partir de 1903, il se met à l’école de W. Andrae à Assur et, en 1913, il conduit les fouilles d’Uruk avec C. Preusser. Il fouille, avec W. Andrae en 1927, la ville sumérienne de Sippar, au sud de Bagdad. En 1928, le projet de rouvrir le chantier de Warka-Uruk, qu’il a présenté avec W. Andrae à la Notgemeinschaft der Deutschen Wissenschaft, est accepté et une mission est organisée sous sa direction ; il dirige les travaux jusqu’en 1931, relayé par la suite jusqu’en 1939 par A. Nöldeke et E. Heinrich. Il explore la zone sacrée d’Eanna au cœur de la cité, et déblaie la ziggourat, puis dégage la zone consacrée à Anu et Antu : grâce à de strictes méthodes de fouille, héritées de W. Andrae et de R. Koldewey, et en particulier par l’application de l’examen stratigraphique jusqu’au sol vierge, J. Jordan met en évidence pour la première fois toutes les séquences de la Protohistoire mésopotamienne. En 1931, il est appelé à la direction du musée de Bagdad.
Bibliographie sélective :
23Avec C. Preusser, Uruk-Warka nach den Ausgrabungen durch die Deutsche Orientgesellschaft, 1928 ; Erster vorläufiger Bericht über die von der Notgemeinschaft der deutschen Wissenschaft in Uruk-Warka unternommenen Ausgrabungen, Berlin, 1930 ; W. Andrae-J. Jordan, « Abu Habbah-Sippar », Iraq 1, 1934, p. 51-59.
24VOIR :
C. H. Bohtz, In den Ruinen von Warka. Vom Leben und Wirken einer deutschen Ausgrabungs-Expedition in Irak, avec intr. de W. Andrae, Leipzig, 1941 ; A. Falkenstein, Archiv für Orientforschung XV, 1945-1951, p. 186 ; A. Parrot, Archéologie mésopotamienne, t. 1, Les Étapes, Paris, 1946.
Jouannet, Vatar François (1765-1845)
25Imprimeur et professeur de lettres, statisticien et archéologue français. Il est un des précurseurs de la préhistoire. Il fait des études de droit mais renonce à la carrière d’avocat, pour devenir professeur au collège de Périgueux, puis conservateur de la bibliothèque de Bordeaux. Correspondant du ministère de l’Instruction publique pour les travaux de l’histoire de France, il parcourt à partir de 1810 le département de la Dordogne en quête d’antiquités gallo-romaines et découvre en 1816 les grottes de Combe-Grenal et du Pech-de-l’Azé. Il fouille cette dernière et y relève une quantité extraordinaire d’ossements d’oiseaux et de quadrupèdes pris dans la marne calcaire dont il remarque la taille singulière ; mêlés aux os intentionnellement brisés et partiellement carbonisés, des silex taillés le conduisent à conclure à une intervention humaine qu’il fait remonter à « une très haute antiquité », sans toutefois y reconnaître des outils ni les rattacher à une période plus ancienne que la gauloise. Sur le site d’Écorne-Bœuf, au sud de Vésone, il découvre des haches en pierre polie, des objets de silex, des fibules, des épingles et des aiguilles ; il considère les silex taillés comme des ébauches inachevées des haches polies, analyse la matière première pour en déterminer la provenance et tente de comprendre le travail de fabrication en s’attachant à reconstituer les gestes des artisans. Il appartient à un cercle d’archéologues amateurs qu’il rencontre régulièrement, lesquels le secondent dans ses recherches pionnières, le comte W. de Taillefer, celtomane passionné d’archéologie, T. de Mourcin et l’abbé Audierne, disciple de Jouannet qui esquissera une typologie lithique rudimentaire. En 1830, Jouannet fouille la grotte de Badegol, explorée par Mourcin avant lui ; il y découvre une grande quantité de silex qu’il reconnaît comme des outils et dont il s’efforce de reconstituer les phases et les techniques de taille. Son analyse, aussi judicieuse soit-elle, reste strictement technologique et ne le conduit pas à une chronologie, même relative, des objets dont il ne relève pas la position dans la grotte et qu’il ne met pas en rapport avec une stratigraphie. Les travaux de Jouannet, en attirant l’attention sur les objets de silex et en les rattachant à une activité humaine, préparent l’avènement de la préhistoire.
Bibliographie sélective :
26« Antiquités gauloises », Calendrier des corps administratifs, juridiques et militaires du département de la Dordogne, 1818 ; des armes et instruments en pierre en bronze en Aquitaine », Musée d’Aquitaine, III, 1824 ; « Notes sur quelques antiquités du département de la Dordogne, grotte de Badegol », Calendrier des corps administratifs, juridiques et militaires du département de la Dordogne, 1834.
27VOIR :
A. Jouannet, grand-père de la préhistoire, Brive, 1936 ; A. Schnapp, La Conquête du passé. Aux origines de l’archéologie, Paris, Éditions Carré, 1993 ; M. Groenen, Pour une histoire de la préhistoire, Grenoble, 1994.
Joubin, André (1866-1944)
28Archéologue français. Admis à l’École normale supérieure en 1886, il devient membre de l’École française d’Athènes, à partir de 1889. Pendant son séjour en Orient, il voyage beaucoup, recueille des inscriptions intéressantes et commence l’exploration de Stratos. En 1891-1892, il accomplit avec J. Demargne une mission en Crète, dans l’espoir de gagner le site de Cnossos à l’École française d’Athènes, mais il ne peut aboutir : c’est A. Evans qui se portera propriétaire du site et y révélera la civilisation minoenne. En 1893, A. Joubin est détaché à Constantinople pour procéder au classement des collections et publier leurs catalogues. Il conçoit alors le projet d’une école, réalisé en 1930 par la création de l’Institut français d’archéologie de Constantinople. De retour en France, il reçoit la chaire d’archéologie classique de Montpellier et manifeste son goût pour les arts modernes ; de 1915 à 1920, il est conservateur du Musée Fabre, dont il enrichit les collections. À Paris, il est le premier directeur de la bibliothèque Doucet, qui deviendra une partie de l’Institut d’art et d’archéologie. À partir de 1927, il se consacre à l’étude et à la publication de l’œuvre écrite d’E. Delacroix.
Bibliographie sélective :
29Catalogues du musée de Constantinople : Catalogue des sculptures grecques, romaines, byzantines et franques, 1893 ; Catalogue des monuments funéraires, 1898 ; La Sculpture grecque entre les guerres médiques et l’époque de Périclès, Paris, 1901 ; De sarcophagis Clazomeniis, Paris, 1901 ; Correspondance générale d’Eugène Delacroix, cinq vol., Paris, 1935-1938 ; Journal d’Eugène Delacroix, trois vol., Paris.
30VOIR :
C. Picard, Revue archéologique, 1950, p. 97-101 ; È. Gran-Aymerich, Naissance de l’archéologie moderne 1798-1945, Paris, CNRS Éditions, 1998.
Jouguet, Pierre Félix Amédée (1869-1949)
31Helléniste français, épigraphiste, historien de l’Égypte ptolémaïque et romaine. Directeur de l’Institut français d’archéologie orientale. Élève de l’École normale supérieure et agrégé de grammaire en 1893, il est membre de l’École d’Athènes de 1893 à 1896. En 1896-1897, il est détaché à l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, pour répondre à une initiative de J. de Morgan, directeur du Service des antiquités de l’Égypte, qui propose qu’un membre de l’École d’Athènes étudie l’époque ptolémaïque : avec G. Lefebvre, lui aussi ancien membre de l’École d’Athènes, il fouille à Medinet Ghôran et Magdola. Devenu maître de conférences de grammaire et philologie à la Faculté des lettres de Lille, il fonde en 1901 l’Institut de papyrologie et le dirige jusqu’en 1919. De 1911 à 1914, puis de 1918 à 1920, il est professeur d’histoire ancienne et de papyrologie à Lille et, parallèlement, directeur d’études de philologie grecque à l’École pratique des hautes études. Il est ensuite nommé professeur de papyrologie à la Sorbonne où il enseigne de 1920 à 1933. Il prend la direction de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire de 1928 à 1940, et y développe les entreprises de collaboration internationale, ainsi sur le site d’Edfou, dont le temple fait l’objet d’une monumentale publication par É. Chassinat, alors que la ville gréco-byzantine est explorée par des membres de l’Institut de papyrologie de Lille, puis par une mission franco-polonaise, dirigée par K. Michalowski, membre de l’IFAO à titre étranger. Par son enseignement à l’Université Fouad-Ier, de 1937 à 1949, il contribue à la formation de jeunes antiquisants égyptiens, de plus en plus nombreux sur les chantiers et au musée du Caire. Conseiller culturel à l’ambassade de France au Caire et président de la Société de papyrologie, fondée sous les auspices de Fouad Ier, il organise l’Institut de la recherche hellénique à Alexandrie 1947 : il sert ainsi le prestige de l’égyptologie française et concourt à maintenir l’influence dominante de la France en Égypte. Correspondant français de l’Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1919, il est élu membre ordinaire en 1927.
Bibliographie sélective :
32Voir O. Guéraud, « Bibliographie des travaux scientifiques de Pierre Jouguet », Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale 54, 1954 ; « Ostraka du Fayoum », Bulletin del’Institut français d’archéologie orientale , 1902 ; avec P. Collart, J. Lesquier et M. Xonal, La Vie municipale dans l’Égypte romaine (thèse principale), 1911 ; Les Papyrus grecs de Lille, deux vol., 1907-1912 ; L’Impérialisme macédonien et l’hellénisation de l’Orient, 1926 ; L’Égypte gréco-romaine de la conquête d’Alexandre à Dioclétien, 1932 ; L’Égypte ptolémaïque, dans G. Hanotaux éd., Histoire de la nation égyptienne, 1933 ; avec G. Fougères, L’Égypte dans les premières civilisations méditerranéennes, 1935 ; L’Égypte alexandrine, 1940.
33VOIR :
G. Radet, L’Histoire et l’œuvre de l’École française d’Athènes, Paris, 1901 ; V. M. Kiessling éd., Der Hellenismus in der deutschen Forschung, 1938-1948 ; Zeiller, « Éloge funèbre de M. Pierre Jouguet », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1950 ; A. Merlin, « Notice sur la vie et les travaux de M. Pierre Jouguet », CRAI, 1950 ; G. Lefebvre, « Pierre Jouguet », Revue d’égyptologie 7, 1950 ; W. R. Dawson et E. P. Uphill, Who was Who in Egyptology, Londres, 1972 ; C. Charle, Les Professeurs de la Faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique. II, 1909-1939, Paris, 1986 ; J. Leclant dir., avec le concours de H. Danesi, Le Second Siècle de l’Institut de France 1895-1995, Paris, 1999.
Jullian, Camille (1859-1933)
34Historien, philologue, archéologue et épigraphiste français, considéré comme le « père » de l’histoire de la Gaule. Né à Marseille d’une famille cévenole, protestante et d’origine paysanne, il fait ses études secondaires dans sa ville natale, puis gagne Paris et l’École normale supérieure en 1877. Reçu premier à l’agrégation d’histoire et géographie en 1880, il devient membre de l’École française de Rome de 1880 à 1882 et fait en 1882-1883 un stage à l’Université de Berlin, où il suit le séminaire de Th. Mommsen : il va « en Allemagne, non seulement en admirateur et en étudiant, mais aussi… en espion » et, en effet, le séjour de C. Jullian outre-Rhin s’insère dans un vaste mouvement de réforme de notre système éducatif, conduit par A. Dumont. C. Jullian appartient à une génération bouleversée par l’effondrement de la France devant l’Allemagne en 1870 et, comme son maître N. Fustel de Coulanges, il est convaincu que l’histoire peut et doit contribuer au redressement national. De 1883 à 1905, il est chargé de cours d’histoire ancienne et d’antiquités grecques et latines à la Faculté des lettres de Bordeaux, puis chargé du cours d’histoire de Bordeaux et du Sud-Ouest de la France puis professeur ; à Bordeaux, il concourt à la transformation radicale de l’enseignement des lettres, auquel il donne un caractère résolument scientifique, philologique et historique. Dès 1885 et la publication des Inscriptions de la vallée de l’Huveaune, il met en œuvre toutes les qualités « scientifiques » de l’historien : la rigueur de l’observation et des déductions, le souci de ne pas s’en tenir aux textes anciens connus, mais d’aller puiser dans les archives anonymes et de les faire parler. En publiant les Inscriptions romaines de Bordeaux (1887 et 1890), il donne le premier exemple de l’application méthodique de l’épigraphie, associée à la géographie humaine à l’histoire ancienne d’une région. Dès ses années « romaines », C. Jullian se sent attiré par l’archéologie et hésite alors entre l’histoire romaine et l’étude des Étrusques ; jugeant que « l’histoire est la plus difficile des sciences, [et] l’histoire sans texte la plus difficile des histoires », il opte définitivement pour l’Antiquité classique et la Gaule. C’est en suivant les cours d’E. Desjardins à l’École normale supérieure qu’il a découvert la Gaule romaine restituée grâce à l’association de la géographie, de l’histoire administrative et de l’épigraphie ; du géographe P. Vidal de la Blache et de l’historien N. Fustel de Coulanges, il a retenu les principes qui font de l’histoire une science et, pour reconstituer celle de la Gaule, il recourt à toutes les disciplines réputées scientifiques, la géographie humaine, la philologie, la numismatique, l’épigraphie et l’archéologie. C. Jullian composera l’histoire nationale des origines après en avoir réuni les éléments par l’histoire locale. Pour son Histoire de la Gaule, il utilise les acquis les plus récents de l’archéologie protohistorique fondée par A. Bertrand et place la Préhistoire « Au seuil de notre histoire » (Paris, 1930). Son intérêt pour « l’histoire sans texte » se manifeste clairement à l’occasion de ses leçons au Collège de France, où est créée pour lui, en 1905, la chaire d’histoire et antiquités nationales. Pour la première fois, il y introduit la Préhistoire : il considère en effet du devoir de l’historien de commencer l’évocation de notre histoire nationale par l’étude des objets en bronze hérités des « hommes primitifs ». Il assure la pérennité de son œuvre en confiant à A. Grenier la rédaction des Notes et chroniques gallo-romaines qu’il donne à la Revue des études anciennes de 1899 à 1930 et en obtenant pour lui la création de la chaire d’antiquités nationales et rhénanes, de littérature et histoire romaines à la Faculté des lettres de Strasbourg. Il forme une véritable école historique et les fondateurs des Annales, M. Bloch et L. Febvre, se réclameront de son héritage et le considèrent comme l’un des fondateurs de l’histoire moderne. Correspondant français de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il est élu membre ordinaire en 1908 et membre de l’Académie française en 1924.
Bibliographie sélective :
35Voir M. Toussaint, « Bibliographie de Camille Jullian », Revue des questions historiques, mai 1935 ; Les Transformations politiques de l’Italie sous les empereurs romains, 43 av. J.-C.-330 apr. J.-C. (thèse principale), 1884 ; Étude d’épigraphie bordelaise. Les Bordelais dans l’armée romaine. Notes concernant les inscriptions de Bordeaux extraites des papiers de M. de Lamontagne, 1884 ; Fréjus romain, Paris, 1886 ; Inscriptions romaines de Bordeaux, 1887-1890 ; en collaboration, Inscriptiones Galliae Narbonensis Latinae, Corpus Inscriptionum Latinarum XII, 1899 ; éd. revue et complétée de N. Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, six vol., 1890 ; Histoire de Bordeaux depuis les origines jusqu’en 1895, 1895 ; Vercingétorix, Paris, 1900 ; Plaidoyer pour la préhistoire, 1907 ; Histoire de la Gaule, huit vol., Paris, 1907-1926 ; Le Paris des Romains, Paris, 1924 ; Au seuil de notre histoire. Leçons d’ouverture faites au Collège de France 1905-1930, trois vol., Paris, 1930.
36VOIR :
R. Cagnat, « Notice sur la vie et les travaux de M. Camille Jullian », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1934 ; J. Carcopino, « Camille Jullian », Revue internationale de l’Enseignement, 1934 ; A. Grenier, Camille Jullian. Un demi-siècle de science historique et de pensée française, 1880-1930, Paris, 1944 ; P.-M. Duval « Bio-bibliographie de C. Jullian » dans la préface à la réédition de l’Histoire de la Gaule, Paris, 1971 O. Motte, Camille Jullian, élève de Mommsen à l’Université de Berlin, Francfort, 1980 ; È. et J. Gran-Aymerich, « Camille Jullian », Archéologia 184, nov. 1983 ; C. Charle et É. Telkès, Les Professeurs du Collège de France. Dictionnaire biographique (1901-1939), 1988 ; colloque Camille Jullian, l’histoire de la Gaule et le nationalisme français, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1991 ; È. Gran-Aymerich, Naissance de l’archéologie moderne, 1798-1945, Paris, CNRS Éditions, 1998 ; L. Therrien, L’Histoire de l’art en France, Paris, Éditions du CTHS, 1998 ; J. Leclant dir. avec le concours de H. Danesi, Le Second Siècle de l’Institut de France, 1895-1995, I, Paris, 1999 ; L. Rivet et alii, Atlas topographique des villes de Gaule méridionale 2 – Fréjus –, supplément à la Revue archéologique de Narbonnaise, 2000 ; C. Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Paris, Actes Sud/errance, 2001.
Junker, Hermann (1877-1962)
37Égyptologue allemand. Directeur de l’Institut archéologique allemand du Caire à partir de 1929. Formé aux langues orientales anciennes et modernes au séminaire de Trèves, il choisit, à l’Université de Berlin, la voie de l’égyptologie et suit les cours d’A. Erman, collaborant à l’entreprise du Wörterbuch der ägyptischen Sprache. Il achève son cursus à Vienne, où il devient professeur en 1912. Il jouera un rôle important dans la fondation, en 1923, de l’Institut d’égyptologie et d’études africaines, à l’Université de Vienne. En 1908-1909, il se joint à l’expédition de l’Académie de Berlin pour relever les inscriptions du temple de Philae, puis dirige pour l’Académie de Vienne la fouille d’un vaste cimetière protodynastique à Tura, dans la région memphite. En 1910-1912, il accomplit également une mission en Nubie. En 1911, il échange sa concession de Nubie avec celle de G. Steindorff (Leipzig) qui, depuis 1903, explore à Gizeh le secteur des mastabas ; cet accord marque le début d’une fructueuse collaboration germano-autrichienne sur ce site exploré par ailleurs par une mission américaine dirigée par G. Reisner et une mission italienne sous la conduite d’E. Schiaparelli. Junker mène à bien le dégagement de son secteur de la nécropole en huit saisons, dont deux avant la Première Guerre mondiale qui interrompt les travaux allemands jusqu’en 1926. Jusqu’en 1929, il se livre à un travail méthodique et systématique de fouille, de relevés et d’enregistrement qui, associé aux recherches de G. Reisner, permet de reconstituer l’histoire de l’Ancien Empire telle que nous la connaissons aujourd’hui : la publication de ses fouilles à Gizeh est monumentale, répartie en douze volumes de 1929 à 1955. Après avoir, en 1927-1928, effectué, pour l’Académie de Vienne, une prospection préliminaire dans le Delta, où ont été repérées des cultures semblables à celles de Badari et Hamamieh, il choisit de fouiller à Merimde Beni Salame et y explore un village d’agriculteurs d’époque néolithique ; il y accomplit sept campagnes jusqu’à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. En 1929, il succède à L. Borchardt à la tête de l’Institut archéologique allemand du Caire, refusant la chaire de l’Université de Bonn : comme son prédécesseur, il est des égyptologues allemands celui qui réserve la plus grande place aux travaux de terrain et c’est cet impératif, ajouté au service de l’Académie de Vienne, qui lui fait choisir Le Caire. Au moment où il en prend la direction, l’Institut est rattaché à l’Institut archéologique central de Berlin et le budget s’en trouve augmenté, ce qui permet d’instaurer le même régime de bourses pour l’égyptologie que pour l’archéologie classique et d’accueillir de jeunes chercheurs. En 1930, commencent à paraître les Mitteilungen des Deutschen Instituts für ägyptische Altertumskunde et, à partir de 1933, sont élaborés des guides en allemand pour les principaux sites et musées. Professeur à l’Université du Caire, il initie de nombreux disciples, aussi bien en Égypte qu’en Allemagne et il s’emploie à favoriser la formation d’une égyptologie « égyptienne » en facilitant aux étudiants égyptiens la poursuite de leurs études dans les universités allemandes. Même si aucun des domaines de l’égyptologie ne lui est resté étranger, et si Junker a été tout à la fois philologue, historien, épigraphiste et archéologue, il s’est imposé surtout comme un homme de terrain aux méthodes remarquables de rigueur et d’efficacité scientifiques. Il est membre des académies des sciences de Vienne et de Berlin.
Bibliographie sélective :
38Über das Schriftsystem im Tempel der Hathor in Dendera, 1903 ; Bericht über die Grabungen… auf dem Friedhof in Turah, Winter 1909-1910, 1912 ; Bericht über die Grabungen… auf dem Friedhof von Toschke, Nubien, im Winter 1911-1912, 1926 « Bericht über die Grabung der Akademie der Wissenschaften in Wien nach dem Westdelta entsendete Expedition (20 Dez. 1927 bis 25 Feb. 1928) », Denkschriften Wien 68, 3, 1928 ; « Vorläufiger Bericht über die Grabung… auf der neolitischen Siedlung von Merimde-Benisalâme... », Anzeiger Wien, 1929-1940 ; Grabungen auf dem Friedhof des Alten Reiches bei den Pyramiden von Giza, douze vol., Denkschriften Wien, 1929-1955 ; Der grosse Pylon des Tempels der Isis in Philae, Denkschriften Wien, 1958.
39VOIR :
H. Junker, Leben und Werk in Selbstdarstellung, Vienne, 1963 ; A. Grohmann, Almanach der österreichischen Akademie der Wissenschaften, Vienne 112, 1962, p. 329-356 ; A. Moneim Abu Bakr, Arab Bulletin, Vienne, 23 juillet 1962, p. 29-32 ; P. Derchain, Chronique d’Égypte XXXVII, n° 73, 1962, p. 133-134 ; G. Thausing, Kairos, Salzbourg 4, 1962, p. 47 ; W. R. Dawson et E. P. Uphill, Who was Who in Egyptology, Londres, 1972 ; W. Kaiser, « Abteilung Kairo », dans K. Bittel, F. W. Deichmann, W. Grünhagen, W. Kaiser, Th. Kraus, H. Kyrieleis, Beiträge zur Geschichte des Deutschen Archäologischen Instituts von 1929 bis 1979, Teil 1, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, 1979 ; P. Jánosi, Östereich vor der Pyramiden. Die Grabungen Hermann Junkers im Auftrag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften in Wien bei der grossen Pyramide in Giza, Vienne, 1997 ; P. Der Manuelian, « La découverte de la nécropole de Giza », L’Art égyptien au temps des pyramides, catalogue de l’exposition, Paris 6 avril-12 juillet 1999, Paris, 1999.
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