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    Plan détaillé Texte intégral Contester les élections en Algérie, une histoire pas si nouvelleUn état civil contre l’état militaire, comment donner sens à un slogan dans le contexte algérien ? Notes de bas de page Auteur

    Cheminements révolutionnaires

    Ce livre est recensé par

    • Atmane Aggoun, Lectures, mis en ligne le 17 mars 2022. URL : https://journals.openedition.org/lectures/55034 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.55034
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    9. Deux éclairages sur le moment présent. Élections et protestations ; état civil vs état militaire

    Amar Mohand-Amer

    p. 243-252

    Texte intégral Contester les élections en Algérie, une histoire pas si nouvelleUn état civil contre l’état militaire, comment donner sens à un slogan dans le contexte algérien ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Bien qu’inédites par leur mode d’organisation et l’ampleur de la mobilisation1, les manifestations du 22 février 2019 ne peuvent être considérées sous l’angle de l’éveil. Elles peuvent en revanche être analysées comme étant un continuum des contestations d’ordre politique, économique, social, culturel ou environnemental que connaît le pays depuis plusieurs années. Au début de janvier 2011, des émeutes fondamentalement politiques, sous couvert de contestation des augmentations du prix de produits de base, notamment l’huile et le sucre, ont éclaté dans de nombreuses villes en Algérie. Ces troubles peuvent être raisonnablement reliés aux contestations sociales et politiques qu’a connues la Tunisie au mois de décembre 2010. En réalité, des « micro-émeutes » et également des protestations pacifiques qui se revendiquent comme telles sont récurrentes en Algérie depuis la fin de la période du terrorisme des années 1990 et les événements de Kabylie de 20012.

    2Parmi les figures de la continuité de la protestation, deux éléments méritent d’être analysés en propre : la contestation électorale comme moment spécifique de mobilisation et la centralité de la revendication de séparation entre un pouvoir civil et un pouvoir militaire. C’est sur ces deux aspects que je souhaite revenir ici.

    Contester les élections en Algérie, une histoire pas si nouvelle

    3Les élections en Algérie constituent un marqueur politique et historique à la fois. Cela est vrai notamment depuis la fin du système du parti unique (Constitution du 23 février 1989). Si le scrutin municipal de juin 1990 n’a relativement pas remis en cause les équilibres du pouvoir, celui de décembre 1991 (législatives) risquait, au contraire, de les ébranler. En mettant fin au processus démocratique enclenché suite au soulèvement populaire du 5 octobre 1988, il était évident qu’à l’avenir (du moins, le plus proche), la question électorale en Algérie serait régie selon des considérations aux antipodes des règles de l’alternance politique. Cette configuration informe sur la résistance du régime algérien à toute forme de changement. Aussi, il va, dans la phase post-1991, s’appuyer sur une gestion autoritaire du fait électoral comme un des ferments de sa survie politique3. C’est dans ce sens que l’imposition en avril 1999, par le haut, d’Abdelaziz Bouteflika devrait être, à mon avis, analysée.

    4Si l’on peut avoir l’impression que le cinquième mandat était simplement le mandat de trop, il peut être utile de rappeler que toutes les candidatures d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle ont été contestées.

    5Produit du parti unique (le Front de libération nationale – FLN), Bouteflika ne concevait le pouvoir qu’à l’aune d’un autoritarisme d’État, d’une concentration des pouvoirs, d’une limitation des libertés individuelles et publiques, d’une dévitalisation des institutions politiques et de l’affaiblissement des contre-pouvoirs. Malade et impotent depuis 2013 à la suite d’un accident vasculaire cérébral4, sa candidature en 2019 est perçue par une grande partie de la société algérienne comme une provocation et l’expression d’une arrogance insupportable. L’état de santé de Bouteflika n’est pas simplement une offense faite à l’intelligence des citoyens, cette situation a des effets directs sur les équilibres qui garantissaient la cohabitation entre les différentes forces politiques et militaires. Au-delà de cet aspect médical, il faut noter que la contestation est déjà présente lors de sa première candidature en 1999 où sa morgue et sa suffisance conduisent au retrait collectif de ses six adversaires. Ceux-ci reprochent alors à « la présidence de la République » d’avoir favorisé la candidature de Bouteflika. Le communiqué commun publié par les « Six » le 14 avril 1999, au lendemain de la clôture de la campagne, est éloquent :

    « Les candidats à l’élection présidentielle, messieurs Hocine Aït Ahmed (représenté), Youcef Khatib, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Abdallah Djaballah, réunis ce jour 14 avril 1999 à Alger, après avoir constaté la non-prise en considération, par la présidence de la République de notre démarche commune du 13 avril 1999 : 1/ Nous enregistrons la persistance du pouvoir à dénier aux citoyennes et aux citoyens leur droit de décider de leur avenir et de choisir leur président, et nous le rendons responsable de ce qui en découle. 2/ Nous réaffirmons que les engagements pris par le président de la République et le Chef d’état-major de l’ANP pour garantir l’organisation d’un scrutin libre et transparent n’ont pas été respectés sur le terrain. 3/ Nous décidons notre retrait collectif de l’élection présidentielle et la non-reconnaissance de la légitimité des résultats de ce scrutin et appelons à cet effet au retrait de nos représentants dans les bureaux et centres de vote et dans les commissions de surveillance à tous les niveaux. 4/ Nous décidons de poursuivre la mobilisation du mouvement des citoyennes et des citoyens pour imposer le respect de leur droit de décider et de choisir librement. 5/ Nous décidons de poursuivre la coordination de nos actions pour faire face à toutes les éventualités5. »

    6L’opposition marquée dans le texte entre « le pouvoir » et « les citoyens et citoyennes » s’impose comme une dualité politique récurrente, par-delà la garantie assurée par l’État, de pouvoir tenir un scrutin libre et sécurisé. La sortie de la « guerre intérieure6 » de 1999 donne une coloration particulière à la question de la sécurité comme à celle de la légitimité : quelle fondation donner à cette nouvelle période ? La validation par le suffrage démocratique est un enjeu central. Le rendez-vous électoral est particulièrement significatif dans la mesure où un scrutin libre aurait pu créer les conditions objectives d’un basculement vers une nouvelle approche de la gestion du pouvoir politique en Algérie. Les conditions de la rupture avec le tout-État sécuritaire et de dépassement du syndrome du terrorisme, intériorisé par une partie de la société algérienne comme l’expression d’une période honteuse et traumatique, étaient pourtant présentes. La forte mobilisation qui accompagne la campagne présidentielle d’avril 1999 semble témoigner de cette volonté de changement. La société était en demande et en attente d’une alternative et de réformes politiques et économiques structurelles pour le pays.

    7Le « coup de force permanent » que décrit Rachid Tlemçani prend appui sur cette attente et rend la chute et le déni de démocratie d’autant plus forts :

    « L’Algérie n’a jamais vécu une si grande mobilisation électorale dans son histoire. Cette mobilisation pouvait en effet relancer l’intérêt des citoyens à la chose publique et aboutir à la mise en place d’une nouvelle dynamique de changement pacifique du régime. Une fois encore, une oligarchie en a décidé autrement. Ce coup de force a enfoncé davantage le pays dans la crise de légitimité, crise que l’autoritarisme électoral tente de dissimuler. Ce coup de force en consolidant le statu quo rejette aux calendes grecques la mise en place des mécanismes de la transition démocratique7. »

    8Les deux situations de 1999 et 2019 renvoient aux atteintes flagrantes à l’exercice de la citoyenneté et à l’absence de droits et de libertés individuelles et publiques8. La vision politique et prospective du « bouteflikisme », exprimée dans ses nombreux discours et prises de position depuis 1999 est antinomique avec les idées de l’alternance et de la participation citoyenne à l’exercice du pouvoir9. Cette philosophie est bien résumée par un de ses plus fidèles lieutenants, le secrétaire général du FLN Djamel Ould Abbès, qui a déclaré en 2017, avec assurance et fracas : « le parti [dont Bouteflika est le président] va gouverner le pays pour les cent ans à venir. C’est le FLN qui a libéré le pays, et c’est lui qui va le construire [et] faire de la place aux nouvelles générations, mais [celles-ci] resteront sous le contrôle des anciens, pour ne pas dévier du droit chemin10. »

    9Le moment électoral, et en particulier celui de l’élection du président de la République, installé depuis comme un rituel, cristallise dès lors le mécontentement. Si en 2019, le spectacle du candidat-président invalide dépasse toutes les bornes ; il n’est que l’un des épisodes d’une tragicomédie politique dont les Algériens connaissent bien les ressorts, eux qui se déplacent peu pour aller mettre un bulletin dans l’urne. La contestation massive du cinquième mandat comme la désertion des bureaux de vote quelques mois plus tard sont d’une certaine manière des continuations de luttes plus silencieuses et discrètes déjà anciennes, qu’elles se soient manifestées par la désertion, l’abstention, l’humour ou l’ironie.

    10Rendez-vous fantomatiques, les élections sous le régime de Bouteflika sont raillées notamment par les jeunes. À cet effet, les chants dans les stades renseignent sur l’extraordinaire abîme séparant la société et le pouvoir. On a pu ainsi constater dans le hirak l’importance des messages et des slogans politiques portés dans ces enceintes sportives. C’est le cas du très significatif La Casa del Mouradia, hymne emblématique des supporters de l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA), ces dernières années : « C’est l’aube et le sommeil ne vient pas. Je consomme [de la drogue] à petites doses. Quelle en est la raison ? Qui dois-je blâmer ? On en a marre de cette vie. Le premier [mandat], on dira qu’il est passé. Ils nous ont eus avec la décennie [noire]. […] Au quatrième [mandat], la poupée est morte. L’affaire suit son cours11… »

    Un état civil contre l’état militaire, comment donner sens à un slogan dans le contexte algérien ?

    11Peut-on dire que le hirak tente, dans une posture romantique, de jouer la fonction d’une avant-garde « idéalisée » d’un processus dont le dessein serait de « délivrer » le pays à l’exemple de la « geste de Novembre 195412 », à la fois moment historique majeur dans la mémoire et l’inconscient collectifs et expression forte d’une fierté nationale ? Novembre 1954 et sa jeunesse en colère trouvent un extraordinaire écho dans un hirak porté par des jeunes femmes et hommes et qui aspirent eux aussi à entrer dans l’histoire comme leurs aînés. Dans une étude consacrée à la mémoire, Novembre 1954 est perçu comme une « victoire », un référent et un modèle, dans une société, qui selon eux, n’a plus été capable, depuis l’indépendance de 1962, de rééditer cet « exploit historique13 ». On a pu ainsi attribuer au hirak une ambition, celle de constituer un jalon des plus importants dans l’histoire postcoloniale du pays14.

    12Néanmoins les singularités du mouvement algérien ne tiennent pas seulement aux défis historiques qui lui sont posés ni aux liens complexes du présent avec un passé récent traumatique. L’Algérie, comme d’autres pays du Maghreb et du monde arabe qui ont connu des soulèvements à partir de 2010, est aux prises avec un régime civil où l’influence militaire est prégnante15. Les échos des printemps arabes qui ont résonné en Algérie se sont rarement portés sur une solidarité des luttes et des élans révolutionnaires ; ils ont bien au contraire souligné les similitudes entre les étaux du pouvoir et les dangers qui menacent.

    13Dès le 22 février 2019, le pouvoir apparent, comme celui de faitImage 100000000000007A000000241E80215F1F42C25D.jpg16, n’a vu dans ce mouvement qu’un terne avatar des révoltes arabes et une tentative (vouée à l’échec) d’une « printanisation17 » du pays. Il a ainsi rejeté toutes les initiatives (du hirak et des autres forces politiques) de renouvellement ou de rénovation du contrat social qui lie le régime à la société depuis 1962.

    14La demande de retissage, maintes fois réitérée par la société civile, de ce lien sur de nouvelles approches, plus réceptives aux notions de participation et de contrôle, est récusée d’abord par le groupe (clan) gravitant autour d’Abdelaziz Bouteflika.

    15Sous Abdelkader Bensalah, président par intérim entre le 9 avril et le 19 décembre 2019, c’est l’armée, incarnée par son chef Ahmed Gaïd Salah18, qui refuse fermement tout compromis ou concession. Le président Abdelmadjid Tebboune, arrivé au pouvoir en décembre 2019, applique, quant à lui, une politique attentiste et ambivalente. Son appel au dialogue avec le hirak du 13 décembre 2019, au lendemain de son élection, n’a pas été suivi de signaux forts envers la société. Il y a eu, comme à l’accoutumée, une reproduction des pratiques bouteflikiennes avec la réception à El Mouradia (Présidence) des « personnalités nationales » dont une grande partie est issue de l’ancien personnel politique, à l’exemple de l’ancien secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Ces atermoiements et ces fausses solutions sont vraisemblablement pensés dans l’optique d’aboutir à fragiliser et à réduire la dynamique politique et sociale impulsée par le mouvement du 22 février 201919.

    16Dans ce cadre, il est important de saisir la profondeur et la complexité du très populaire et néanmoins clivant slogan du hirak :Image 10000000000000E4000000244B540A371B665366.jpg(état civil et non militaire). Là aussi, le recours à l’histoire est nécessaire. Afin de comprendre les ressorts de cette situation, il faudrait revenir aux dernières années de la guerre de libération nationale (1954-1962). Les graves crises que l’institution militaire a vécues et les nombreuses oppositions auxquelles elle a été confrontée au cours de cette période ont profondément modelé ses rapports avec le pouvoir civil et la société20.

    17L’Armée de libération nationale (ALN) est la seule institution « régalienne » héritée de la guerre. Le parlement et le gouvernement du FLN avaient implosé suite à la crise du FLN de l’été 1962. Devenue Armée nationale populaire (ANP), elle s’est toujours considérée comme une force fondamentalement politique. C’est en tout cas ce qu’affirmait son premier responsable le colonel Houari Boumediene le 18 juillet 1962 :

    « L’ALN représente l’avant-garde du peuple, alors que le FLN est composé d’éléments hétérogènes comprenant des bourgeois, des opportunistes, des arrivistes, des collaborateurs et des contre-révolutionnaires, l’ALN est d’une grande homogénéité21. »

    18C’est une institution qui est dans la méfiance et la suspicion envers l’autorité civile – le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), puis à l’indépendance avec Ahmed Ben Bella. Pour rappel, son état-major général a été dissous le 14 septembre 1961 et une seconde fois le 30 juin 1962, la veille du référendum d’autodétermination. La cohabitation avec Ahmed Ben Bella était des plus complexes. Elle s’est achevée par un coup d’État militaire le 19 juin 1965. L’ANP et ses différentes hiérarchies sont encore dans la logique de la guerre de libération nationale. En 2019, elle se considère toujours comme étant la seule et unique garante de l’unité nationale. Aussi, continue-t-elle de chercher à préserver son champ d’action et ses prérogatives, comme en 1962. Dès lors, il n’est pas interdit d’expliquer la rigidité du système de pouvoir algérien par l’extraordinaire imbrication du politique et du militaire, le statut et le rôle (exorbitants) de l’armée et son auto-légitimation comme force alliant le nationalisme de la guerre de libération et une vision moderniste de la société, tout en restant l’inamovible garante des institutions22. L’omniprésence et l’interventionnisme de l’armée en 2019 ne doivent donc pas être analysés comme un épiphénomène politique. Ce qui se passe depuis le 22 février 2019 rappelle que l’institution militaire est au centre de l’exercice du pouvoir politique en Algérie. Cependant, dans le contexte du hirak, l’enjeu politique et social reste, semble-t-il plus autour de l’appréhension d’un retour à la décennie 1990 et à son corollaire la résurgence de l’ordre militaire ou militariste, que de la dénonciation d’une institution (armée), qui, n’est in fine que le produit objectif d’un processus politique et historique.

    Encadré 8 : Éducation populaire et assemblées de citoyen·ne·s à Alger, par Giulia Fabbiano
    Depuis le mois de mars 2019, la Baignoire, espace d’exposition et d’échange culturel ouvert dans un appartement du square Port-Saïd sis entre le Théâtre national d’Alger et le front de mer, accueille deux fois par semaine un cours de droit constitutionnel donné par un jeune docteur en droit.
    Au total onze séances pour discuter de l’histoire, des enjeux et des biais de la Constitution algérienne depuis l’indépendance en 1962 jusqu’à son avant-dernière révision sous la présidence de Bouteflika en 2016, avec une attention particulière portée aux moments constituants en contexte révolutionnaire, le tunisien avant tout. À chaque rendez-vous, la salle est pleine : environ une trentaine de personnes, hommes et femmes en nombre égal, la plupart autour de la trentaine. De séance en séance, l’auditoire se retrouve dans une atmosphère conviviale.
    Le module en droit n’est qu’une initiative parmi d’autres en ce début de mouvement. Un besoin d’échange et de compréhension des enjeux juridiques se manifeste face à une situation politique incertaine, alors que le pouvoir brandit la menace du « vide constitutionnel » pour déstabiliser la population insurgée et imposer sa feuille de route électorale. Dès la mi-mars le think tank Nabni organise des débats, « les rencontres d’Audin », ouverts à toute personne intéressée. Ils se tiennent sur les escaliers du parc de Galland à Alger le samedi en début d’après-midi. L’objectif est de réfléchir collectivement au moment en cours, en envisageant la transition tant du point de vue économique que politique. L’Assemblée constituante est l’un des sujets clés. Un autre exemple sont les rendez-vous citoyens, qui ont lieu le vendredi matin dans un espace vert de la capitale, le parc de Beyrouth. L’objectif est « est de réunir les citoyens qui ressentent la nécessité de s’unir, de s’organiser de manière structurée et participer activement au formidable élan national23 ».
    Dès le lundi 4 mars, sous l’impulsion de la comédienne Adila Bendimerad, des artistes se donnent rendez-vous une fois par semaine sur les marches du Théâtre national d’Alger pour débattre de la situation politique et de son devenir. Ce forum où la parole circule librement attire un public varié, allant des militant·e·s politiques et associatif·ve·s aux simples citoyen·ne·s. C’est ici que se fait initialement remarquer celui qu’on a appelé « le poète de la révolution » : Mohamed Tadjadit, 26 ans, résidant à la Casbah, emprisonné plus tard pour « atteinte à l’intérêt national » et aujourd’hui relâché.
    Portées par un double élan de libération de la parole et de réappropriation d’un espace public jusqu’à présent interdit ou hostile, les dynamiques qui se déploient en marge des marches sont marquées par leur caractère ouvert et inclusif. Elles sont des espaces du politique qui s’aménagent pour accompagner, informer et développer les revendications du mouvement. Ces assemblées, ces cours et ces performances investissent l’espace public d’une ville capitale longtemps désertée et soumise au contrôle ferme de l’État.

    Notes de bas de page

    1  Thierry Desrues, Éric Gobe, 2019, « Introduction : quand l’Algérie proteste. Le Maghreb au prisme du hirak algérien », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 9-24.

    2  Salim Chena, 2011, « L’Algérie dans le “Printemps arabe” entre espoirs, initiatives et blocages », Confluences Méditerranée, vol. 77, n° 2, p. 105-118 ; Frédéric Volpi, 2019, « Le mouvement protestataire algérien de 2019 à la lumière de la théorie des mouvements sociaux et des Printemps arabes », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 27-36.

    3  Rachid Tlemçani, 2012, « Algérie : un autoritarisme électoral », Tumultes, vol. 38-39, n° 1-2, p. 149-171.

    4  Le Point-AFP, 2017, « Abdelaziz Bouteflika : les grandes dates d’une santé fragile », Le Point, 20 février [En ligne : https://www.lepoint.fr/afrique/abdelaziz-bouteflika-les-grandes-dates-d-une-sante-fragile-20-02-2017-2106171_3826.php].

    5  Dzvid.com, 2019, « Retour sur le candidat Bouteflika en 1999 et les promesses trahies ! », dzvid.com, 26 avril [En ligne : https://www.dzvid.com/2018/04/26/retour-sur-le-candidat-bouteflika-en-1999-et-les-promesses-trahies/] ; José Garçon, 1999, « Algérie, l’impossible restauration », Politique étrangère, vol. 64, n° 2, p. 343-356.

    6  Karima Lazali, 2018, Le Trauma colonial. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie, Paris, la Découverte.

    7  Rachid Tlemçani, 2014, « Le coup de force permanent en Algérie. Armée, élections et islamisme », Maghreb-Machrek, vol. 221, n° 3, p. 91-107.

    8  En 2014, le mouvement Barakat (Ça suffit !) et des militants de la démocratie ont tenté vainement de s’opposer à l’élection d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat.

    9  La Constitution algérienne de 1996, dans son article 74, avait instauré le principe de limitation des mandats présidentiels à deux : « La durée du mandat présidentiel est de cinq ans. Le président de la République est rééligible une seule fois ». En 2008, Bouteflika a amendé la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Voir Révision constitutionnelle du 15 novembre 2008, « Art. 74 : La durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans. Le président de la République est rééligible ».

    10  Le Matin d’Algérie, 2017, « Pour Ould Abbès, le FLN gouvernera l’Algérie pour les 100 ans à venir ! », Le Matin d’Algérie, 22 avril [En ligne : https://www.lematindz.net/ news/24122-pour-ould-abbes-le-fln-gouvernera-lalgerie-pour-les-100-ans-a-venir.html].

    11  Mickaël Correia, 2019, « Une longue tradition de contestation. En Algérie, les stades contre le pouvoir », Le Monde diplomatique, mai, p. 10 [En ligne : https:// www.monde-diplomatique.fr/2019/05/CORREIA/59835].

    12  Mohammed Harbi, 2011, « Préface », dans Renaud de Rochebrune Benjamin Stora, La guerre d’Algérie vue par les Algériens, vol. 1 : Des origines à la bataille d’Alger, Paris, Denoël, p. 11.

    13  La recherche (2015-2018) a porté sur l’articulation mémoire/changement social en Algérie à partir de 2011. L’enquête a concerné plus de 600 personnes (18-35 ans). Les enquêtés sont étudiants, associatifs et militants dans des partis politiques. Voir le programme de recherche conduit par Amar Mohand-Amer, « Mémoire et changement social en Algérie dans le discours dominant chez des catégories de jeunes (2011-2018) », Oran, CRASC [En ligne : https://www.crasc.dz/index.php/fr/ann%C3%A9e-2018/2219-m%C3%A9moire-et-changement-social-en-alg%C3%A9rie-dans-le-discours-dominant-chez-des-cat%C3%A9gories-dejeunes-2011-2017].

    14  Giulia Fabbiano, 2019, « Le temps long du hirak : le passé et ses présences », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 117-130.

    15  Saphia Arezki, 2020, « Quand l’armée algérienne occupe le devant de la scène politique : retour sur des phases de transition depuis 1962 », Mouvements, vol. 102, n° 2, p. 147-156 ; Flavien Bourrat, 2012, « L’armée algérienne : un État dans l’État ? », Les Champs de Mars, vol. 23, n° 1, p. 21-37.

    16  Rachid Sidi Boumediene, 2019, Aux sources du hirak, Alger, Chihab Éditions ; Mohammed Hachemaoui, 2016, « Qui gouverne (réellement) l’Algérie ? », Politique africaine, vol. 142, n° 2, p. 169-190.

    17  Nordine Azzouz, 2016, « Ahmed Bensaada : les “Printemps” n’ont généré que le chaos, la mort, la haine, l’exil et la désolation dans plusieurs pays arabes », entretien avec Ahmed Bensaada, Reporters, 22 janvier, p. 12-13 [En ligne : https:// en.calameo.com/read/0003668465d0f2af5b8f8].

    18  Abed Charef, 2019, « Gaïd Salah, l’homme de l’année 2019 en Algérie », Middle Est Eye, 24 décembre [En ligne : https://www.middleeasteye.net/fr/ opinion-fr/gaid-salah-lhomme-de-lannee-2019-en-algerie].

    19  Jean-Pierre Filiu, 2019, Algérie, la nouvelle indépendance, Paris, Éditions du Seuil.

    20  Amar Mohand-Amer, 2017, « L’Armée des frontières et la problématique du pouvoir au sein du FLN/ALN (janvier 1960-juillet 1962) », dans Ismaël-Sélim Khaznadar (dir.), L’Histoire. Écritures et libérations. Autour de Mohammed Harbi, Alger, HIBR, p. 185-203.

    21  Compte-rendu de l’entretien du colonel Houari Boumediene au journal marocain al-Tahrir du 18 juillet 1962 (ministère des Affaires étrangères, 1962, « télégramme à l’arrivée du 18 juillet 1962 », SEAA 127).

    22  Radidja Nemar, 2010, « Au-delà des casernes. Le rôle de l’armée en Algérie », Les Cahiers de l’Orient, vol. 100, n° 4, p. 19-32.

    23  Selon la page Facebook de leur groupe.

    Auteur

    • Amar Mohand-Amer

      Docteur en histoire à l’université Paris 7, directeur de la division « Socio-anthropologie de l’histoire et de la mémoire (HistMém) » et directeur-adjoint du comité de rédaction de la revue Insaniyat, au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran. Il travaille sur les processus de transition (1962), les trajectoires individuelles et de groupes, la violence en temps de guerre (colonisation), ainsi que sur les questions mémorielles.

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    Naissance d’une profession (1900-1940)

    Marie-Emmanuelle Chessel

    1998

    Les capitaux de l’islam

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    Gilbert Beaugé (dir.)

    2001

    Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale

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    Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)

    Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)

    1987

    Les messagers volants en terre d’Islam

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    Youssef Ragheb

    2002

    Los Angeles

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    Le mythe américain inachevé

    Cynthia Ghorra-Gobin

    2002

    La formation de l’Irak contemporain

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    Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien

    Pierre-Jean Luizard

    2002

    Politique du cinéma iranien

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    De l’âyatollâ Khomeyni au président Khâtami

    Agnès Devictor

    2004

    Beauvais au XVIIIe siècle

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    Jean Ganiage

    1999

    La télévision des Trente Glorieuses

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    Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)

    2007

    L’homme et sa diversité

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    Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique

    Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)

    2007

    Armement et ve République

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    Fin des années 1950 - fin des années 1960

    Maurice Vaïsse (dir.)

    2002

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    Charles-Robert Ageron (dir.)

    1986

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    1  Thierry Desrues, Éric Gobe, 2019, « Introduction : quand l’Algérie proteste. Le Maghreb au prisme du hirak algérien », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 9-24.

    2  Salim Chena, 2011, « L’Algérie dans le “Printemps arabe” entre espoirs, initiatives et blocages », Confluences Méditerranée, vol. 77, n° 2, p. 105-118 ; Frédéric Volpi, 2019, « Le mouvement protestataire algérien de 2019 à la lumière de la théorie des mouvements sociaux et des Printemps arabes », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 27-36.

    3  Rachid Tlemçani, 2012, « Algérie : un autoritarisme électoral », Tumultes, vol. 38-39, n° 1-2, p. 149-171.

    4  Le Point-AFP, 2017, « Abdelaziz Bouteflika : les grandes dates d’une santé fragile », Le Point, 20 février [En ligne : https://www.lepoint.fr/afrique/abdelaziz-bouteflika-les-grandes-dates-d-une-sante-fragile-20-02-2017-2106171_3826.php].

    5  Dzvid.com, 2019, « Retour sur le candidat Bouteflika en 1999 et les promesses trahies ! », dzvid.com, 26 avril [En ligne : https://www.dzvid.com/2018/04/26/retour-sur-le-candidat-bouteflika-en-1999-et-les-promesses-trahies/] ; José Garçon, 1999, « Algérie, l’impossible restauration », Politique étrangère, vol. 64, n° 2, p. 343-356.

    6  Karima Lazali, 2018, Le Trauma colonial. Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie, Paris, la Découverte.

    7  Rachid Tlemçani, 2014, « Le coup de force permanent en Algérie. Armée, élections et islamisme », Maghreb-Machrek, vol. 221, n° 3, p. 91-107.

    8  En 2014, le mouvement Barakat (Ça suffit !) et des militants de la démocratie ont tenté vainement de s’opposer à l’élection d’Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat.

    9  La Constitution algérienne de 1996, dans son article 74, avait instauré le principe de limitation des mandats présidentiels à deux : « La durée du mandat présidentiel est de cinq ans. Le président de la République est rééligible une seule fois ». En 2008, Bouteflika a amendé la Constitution afin de briguer un troisième mandat. Voir Révision constitutionnelle du 15 novembre 2008, « Art. 74 : La durée du mandat présidentiel est de cinq (5) ans. Le président de la République est rééligible ».

    10  Le Matin d’Algérie, 2017, « Pour Ould Abbès, le FLN gouvernera l’Algérie pour les 100 ans à venir ! », Le Matin d’Algérie, 22 avril [En ligne : https://www.lematindz.net/ news/24122-pour-ould-abbes-le-fln-gouvernera-lalgerie-pour-les-100-ans-a-venir.html].

    11  Mickaël Correia, 2019, « Une longue tradition de contestation. En Algérie, les stades contre le pouvoir », Le Monde diplomatique, mai, p. 10 [En ligne : https:// www.monde-diplomatique.fr/2019/05/CORREIA/59835].

    12  Mohammed Harbi, 2011, « Préface », dans Renaud de Rochebrune Benjamin Stora, La guerre d’Algérie vue par les Algériens, vol. 1 : Des origines à la bataille d’Alger, Paris, Denoël, p. 11.

    13  La recherche (2015-2018) a porté sur l’articulation mémoire/changement social en Algérie à partir de 2011. L’enquête a concerné plus de 600 personnes (18-35 ans). Les enquêtés sont étudiants, associatifs et militants dans des partis politiques. Voir le programme de recherche conduit par Amar Mohand-Amer, « Mémoire et changement social en Algérie dans le discours dominant chez des catégories de jeunes (2011-2018) », Oran, CRASC [En ligne : https://www.crasc.dz/index.php/fr/ann%C3%A9e-2018/2219-m%C3%A9moire-et-changement-social-en-alg%C3%A9rie-dans-le-discours-dominant-chez-des-cat%C3%A9gories-dejeunes-2011-2017].

    14  Giulia Fabbiano, 2019, « Le temps long du hirak : le passé et ses présences », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 117-130.

    15  Saphia Arezki, 2020, « Quand l’armée algérienne occupe le devant de la scène politique : retour sur des phases de transition depuis 1962 », Mouvements, vol. 102, n° 2, p. 147-156 ; Flavien Bourrat, 2012, « L’armée algérienne : un État dans l’État ? », Les Champs de Mars, vol. 23, n° 1, p. 21-37.

    16  Rachid Sidi Boumediene, 2019, Aux sources du hirak, Alger, Chihab Éditions ; Mohammed Hachemaoui, 2016, « Qui gouverne (réellement) l’Algérie ? », Politique africaine, vol. 142, n° 2, p. 169-190.

    17  Nordine Azzouz, 2016, « Ahmed Bensaada : les “Printemps” n’ont généré que le chaos, la mort, la haine, l’exil et la désolation dans plusieurs pays arabes », entretien avec Ahmed Bensaada, Reporters, 22 janvier, p. 12-13 [En ligne : https:// en.calameo.com/read/0003668465d0f2af5b8f8].

    18  Abed Charef, 2019, « Gaïd Salah, l’homme de l’année 2019 en Algérie », Middle Est Eye, 24 décembre [En ligne : https://www.middleeasteye.net/fr/ opinion-fr/gaid-salah-lhomme-de-lannee-2019-en-algerie].

    19  Jean-Pierre Filiu, 2019, Algérie, la nouvelle indépendance, Paris, Éditions du Seuil.

    20  Amar Mohand-Amer, 2017, « L’Armée des frontières et la problématique du pouvoir au sein du FLN/ALN (janvier 1960-juillet 1962) », dans Ismaël-Sélim Khaznadar (dir.), L’Histoire. Écritures et libérations. Autour de Mohammed Harbi, Alger, HIBR, p. 185-203.

    21  Compte-rendu de l’entretien du colonel Houari Boumediene au journal marocain al-Tahrir du 18 juillet 1962 (ministère des Affaires étrangères, 1962, « télégramme à l’arrivée du 18 juillet 1962 », SEAA 127).

    22  Radidja Nemar, 2010, « Au-delà des casernes. Le rôle de l’armée en Algérie », Les Cahiers de l’Orient, vol. 100, n° 4, p. 19-32.

    23  Selon la page Facebook de leur groupe.

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    Mohand-Amer, A. (2021). 9. Deux éclairages sur le moment présent. Élections et protestations ; état civil vs état militaire. In A. Allal, L. Baamara, L. Dakhli, & G. Fabbiano (éds.), Cheminements révolutionnaires (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56604
    Mohand-Amer, Amar. « 9. Deux éclairages sur le moment présent. Élections et protestations ; état civil vs état militaire ». In Cheminements révolutionnaires, édité par Amin Allal, Layla Baamara, Leyla Dakhli, et Giulia Fabbiano. Paris: CNRS Éditions, 2021. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56604.
    Mohand-Amer, Amar. « 9. Deux éclairages sur le moment présent. Élections et protestations ; état civil vs état militaire ». Cheminements révolutionnaires, édité par Amin Allal et al., CNRS Éditions, 2021, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56604.

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    Allal, A., Baamara, L., Dakhli, L., & Fabbiano, G. (éds.). (2021). Cheminements révolutionnaires (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454
    Allal, Amin, Layla Baamara, Leyla Dakhli, et Giulia Fabbiano, éd. Cheminements révolutionnaires. Paris: CNRS Éditions, 2021. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454.
    Allal, Amin, et al., éditeurs. Cheminements révolutionnaires. CNRS Éditions, 2021, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454.
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