5. Les limites d’un régime résilient

Chérif Dris

p. 127-148


Texte intégral

1Après six semaines de mobilisation populaire contestataire, le président Abdelaziz Bouteflika a décidé de renoncer à briguer un cinquième mandat et annoncé son intention de quitter le pouvoir. Non sans prendre la décision d’annuler le scrutin du 18 avril et de dissoudre l’instance de supervision des élections présidentielles. Or, au lieu de calmer les contestations, ce retrait n’a fait qu’alimenter le mécontentement des Algériens, en plaçant la barre des exigences plus haute : le départ de tout un système en place depuis 1962. Ainsi tout au long des quarante semaines de mobilisation – à des rythmes bien entendu non linéaires – à travers le territoire de l’Algérie, les slogans entonnés convergent vers la nécessité d’un changement politique profond et l’instauration d’une nouvelle République.

2Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika, la réalité du pouvoir a été ouvertement assumée par le commandement de l’armée, représenté à l’époque par le Chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah1. À ce moment-là, le chef de l’État, Abdelakader Bensalah, ne tenait qu’un rôle de figuration et, au même titre que le gouvernement dirigé par le Premier ministre Nouredine Bedoui, était fortement décrié par la population. Mais alors que le commandement de l’armée insistait sur la tenue de l’élection présidentielle dans les délais, fixés au 12 décembre, les manifestants dans les rues, dont le nombre n’était certes pas aussi important que celui des premières semaines de mobilisation, continuaient à rejeter les solutions imposées d’en haut, refusant la tenue du scrutin.

3Le rejet du vote est révélateur d’une crise de confiance profonde qui, si elle n’a pas commencé le 22 février, est consubstantielle à la nature des rapports existants entre le pouvoir politique et le peuple depuis des décennies. À son tour, cette absence de confiance est révélatrice d’une crise de légitimité, structurelle, que le régime algérien a réussi à contourner en développant un mode de fonctionnement basé sur la résilience qui lui a permis, sous les deux décennies de règne du président Abdelaziz Bouteflika, de se constituer une base sociale, entretenue par une politique sociale généreuse et financée par l’argent du pétrole. Depuis le 22 février, la résilience du régime politique algérien est mise à rude épreuve. Au-delà de son aspect conjoncturel, la contestation populaire traduit-elle les limites de ce mode de gouvernance ? Pour répondre à cette question, nous allons tout d’abord examiner les fondements de cette résilience et ses principales déclinaisons. Dans un second temps, nous en examinerons les limites et les principaux marqueurs.

Un régime semi-autoritaire : les sources de la résilience

4Les travaux sur les régimes autoritaires ont conclu, dans leur grande majorité, en l’absence d’un modèle idéal-typique. Aussi, est-il plus pertinent de parler d’autoritarismes au pluriel qu’au singulier. Dans le monde arabe, les révoltes de 2011 ont démontré la force de résilience de certains régimes, les monarchies plus particulièrement, contrairement à certains régimes républicains2.

5La résilience peut être définie comme la capacité des élites à se maintenir au pouvoir malgré l’absence de légitimité politique3, suggérant que les régimes autoritaires ne doivent en aucun cas être réduits à une sorte de construction politique rigide, hermétique à tout effort d’adaptation. Certains travaux4 ont également mis en évidence leur capacité à se reproduire en s’appropriant les leviers de la pratique démocratique. En ce qui concerne le régime politique algérien, que nous définissons comme un régime semi-autoritaire, nous avons déjà montré qu’il était parvenu à développer une forme de résilience lui permettant de résister aux crises et aux mouvements de révolte5 en s’appuyant sur des ressorts aussi bien immatériels (place de l’histoire de la guerre et du religieux) que matériels (redistribution de la rente).

La monopolisation des symboles de l’histoire aux fins de légitimation autoritaire

6Incontestablement, la guerre de libération nationale a joué un rôle des plus importants dans la structuration de l’identité politique algérienne. Se référer à cette guerre constitue l’une des ressources mobilisées par le parti unique pour asseoir sa légitimité. Même avec l’avènement du multipartisme, la guerre de libération nationale est demeurée un référentiel aussi bien pour le régime politique, ses partis et ses organisations satellitaires6, que pour les partis d’opposition.

7N’ayant pas hésité à critiquer les tenants de la légitimité révolutionnaire7, l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, n’en a pas moins mobilisé le répertoire mémoriel à des fins de consolidation de son pouvoir. Ainsi, dans ses différentes interventions, il usait des références à la guerre de libération. « Quand j’étais commandant de l’ALN, le plus gradé de ces généraux n’était même pas un sergent », clamait-il dans l’une de ses interventions non sans y ajouter un brin de provocation8. Certains récits diffusés par les chaînes de télévision publiques et des médias privés proches des cercles du pouvoir (tels que Ennahar) ont mis en avant les qualités militaires d’Abdelaziz Bouteflika au moment de l’ouverture d’un front méridional au Mali, en 1960, en le surnommant Abdelkader El Mali. La stratégie de légitimation et de consolidation du pouvoir s’est ainsi appuyée sur des relais intermédiaires pour atteindre la population. La légitimation a été portée par la mise en place d’une rhétorique pragmatique autour d’une « famille révolutionnaire », soutenue par le ministère des Moudjahidines (anciens combattants) et des organisations telles que l’Organisation nationale des moudjahidines (ONM), l’Organisation nationale des enfants des chouhada (martyrs) (ONEC) et l’Organisation nationale des enfants de moudjahidines (ONEM).

8La « famille révolutionnaire » rassemblant les acteurs cités plus haut, justifie son existence par le devoir de défendre la mémoire des anciens combattants et des martyrs tombés au champ d’honneur. Le ministère des Moudjahidines a été créé en 1962 pour prendre en charge les préoccupations des anciens combattants et les ayants droits. Il assure leurs pensions et certaines prestations sociales. Les structures qui gravitent autour de la « famille révolutionnaire » contribuent à entretenir la mémoire historique en organisant des festivités et des activités culturelles et scientifiques : journée du chahid le 28 février, festivités commémorant des événements tels que le 1er novembre 1954, le 5 juillet 1962 ou encore le 20 août 1956 (le congrès de la Soummam). Elles constituent un lobby influent, mais aussi un relais que le régime utilise pour se consolider en puisant dans le réservoir mémoriel. Aussi bien lors du premier mandat que du cinquième mandat, les organisations appartenant à la « famille révolutionnaire » se sont mobilisées pour soutenir Abdelaziz Bouteflika : en organisant des meetings de soutien et en exprimant des consignes de vote.

9En sus du rôle que joue la « famille révolutionnaire » dans la consolidation du régime politique, la constitutionnalisation de la mémoire y contribue aussi. En effet, aussi bien dans la Constitution de 1976 que dans celle de 2016, en passant par celles de 1989 et de 1996, le registre mémoriel reste l’un des domaines réservés de l’État. Ainsi, dans l’article 76 de la Constitution de 2016, peut-on lire : « L’État garantit le respect des symboles de la Révolution, la mémoire des chouhada et la dignité de leurs ayants droit et des moudjahidines. Il œuvre, en outre, à la promotion de l’écriture de l’histoire et de son enseignement aux jeunes générations9. » Cet engagement est inscrit dans le chapitre des devoirs que tout citoyen algérien doit observer. Mais il renseigne aussi sur une constante dans le mode de fonctionnement du régime algérien : la monopolisation des symboles de l’histoire aux fins de légitimation autoritaire. En effet, la constitutionnalisation de l’écriture de la mémoire vise à imposer un récit officiel et unique de l’histoire, seule façon de neutraliser toute velléité de déposséder le pouvoir politique de son répertoire mémoriel. Dans ce registre, le cinéma offre des exemples parlants de cette obsession chez le pouvoir politique d’imposer un seul récit historique. Ce qui ne manque pas de provoquer des frictions avec des réalisateurs qui refusent de se plier à cette lecture linéaire de l’histoire10.

La rente pétrolière et la politique clientélaire comme socles du pouvoir

10L’économie algérienne repose en très grande partie sur l’exploitation et l’exportation des hydrocarbures. Ce qui fait d’elle un pays rentier. Ce choix économique a été adopté dès la nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 et confirmé lors des premiers plans quinquennaux durant les années 1970, poursuivis par la suite par l’ancien président Chadli Bendjedid tout au long de son règne (1979-1992). Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont contribué à renforcer ce choix qui s’est progressivement traduit par le poids de plus en plus grand des exportations des hydrocarbures dans le PIB. Le règne de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika n’a pas changé grand-chose à la donne. Le pétrole et le gaz fournissent plus de 97 % des recettes d’exportation du pays. En termes de financement des recettes budgétaires, l’apport de la fiscalité pétrolière, pour la période allant de 2000 à 2014, a été évalué entre 60 et 66 %, ce qui a eu pour conséquence un effet d’éviction sur les autres impôts et taxes11.

11Au-delà des chiffres, la prédominance des hydrocarbures renforce le caractère rentier de l’État algérien. Grâce à la manne pétrolière, l’État algérien est parvenu à financer des programmes d’équipements publics conséquents : autoroute Est-Ouest12, construction de barrages, d’hôpitaux, de la grande mosquée d’Alger dont le coût avoisine les 1,5 milliard de dollars, etc. Cela lui a permis aussi de mener une politique sociale des plus généreuses : augmentation des salaires, construction de logements, élargissement de la couverture sanitaire à travers les 48 wilayas, etc. Ainsi, comme l’explique l’économiste Youcef Benabdellah, entre 2000 et 2015, l’orientation sociale du budget est nettement visible. Le taux de croissance annuel moyen des transferts sociaux explicites a été de 14,8 %, bien supérieur au taux de croissance des dépenses budgétaires. Elles sont passées de 6,5 % du PIB à la fin des années 1990 à plus de 15 % en 201513.

12Cette « générosité » est économiquement coûteuse dans la mesure où l’Algérie ne dispose pas d’une économie assez diversifiée pour alléger le poids de la fiscalité pétrolière dans les recettes budgétaires de l’État. Néanmoins, elle est politiquement et socialement rentable en ce sens qu’elle permet à l’État de s’affranchir, relativement, de la société. Dans la mesure où les revenus de l’État sont tirés essentiellement de la vente des hydrocarbures, les élites dirigeantes ne sont pas tenues de rendre des comptes à la population. Il est vrai, cependant, que dans certains cas, la rente ne prémunit pas les élites dirigeantes contre des mouvements de contestation ; les exemples libyens et bahreïnis l’attestent.

13Par ailleurs, la rente pétrolière permet le développement et l’entretien de relations de clientélisme. C’est ainsi que durant les vingt ans de règne d’Abdelaziz Bouteflika la base clientélaire du régime s’est élargie à de nouvelles figures comme par exemple les hommes d’affaires qui ont réussi à prospérer grâce aux commandes publiques dans des secteurs aussi stratégiques que les travaux publics, l’énergie, l’eau, le logement ou encore l’agriculture, financées en grande partie par l’exploitation des hydrocarbures14. C’est ainsi que des entrepreneurs se sont affichés en première ligne pour soutenir financièrement les campagnes électorales d’Abdelaziz Bouteflika. Leur influence devenant de plus en plus importante, ils se sont imposés comme des interlocuteurs incontournables dans l’élaboration des grandes orientations économiques15.

14La commande publique n’est cependant pas le seul moyen d’entretenir la clientèle. Le montage des véhicules l’est tout autant. Avec une facture d’importation avoisinant les 6 milliards de dollars par an, le marché des véhicules est l’un des secteurs les plus lucratifs. Afin de réduire cette facture d’importation, l’Algérie s’est lancée, à partir de 2014, dans le montage de véhicules en signant un premier contrat avec le constructeur français Renault. Suivront des projets avec des constructeurs sud-coréens (Hyundai et Kia) et allemand (Volkswagen) en association avec des hommes d’affaires algériens : Mahieddine Tahkut, Mourad Oulmi, Ahmed Larbaoui et Ahmed Mazouz16. Les projets de montage sont devenus des niches d’évasion fiscale et de transferts de devises à l’étranger.

15En plus de la clientélisation, la résilience du régime politique algérien a bénéficié de la « rente sécuritaire ».

Le traumatisme des années 1990 : une « rente sécuritaire »

16Si la guerre de libération nationale a été, comme nous l’avons expliqué plus haut, instrumentalisée pour consolider la légitimité du régime, la lutte anti-terroriste n’a pas été en reste. Avec plus de 200000 morts17 et des destructions estimées à des dizaines de milliards de dollars, la décennie noire a vu naître une nouvelle catégorie d’acteurs : ceux qui étaient en première ligne dans la lutte antiterroriste. Aux côtés des forces de sécurité, des groupes d’auto-défense, appelés « patriotes », ont réussi à s’imposer comme les dépositaires d’une nouvelle légitimité de type sécuritaire. Ces nouveaux héros ont servi pour la plupart de réservoir d’un nouveau parti nommé Rassemblement national démocratique (RND18). Ce dernier est venu renforcer un pouvoir politique fortement contesté au niveau international, soumis à la pression du FLN, dirigé par Abdelhamid Mehri19. Celui-ci avait décidé de soutenir en 1995 la plateforme de Sant’Egidio, récusée par le régime. Appelée aussi le contrat national, cette plateforme visait une solution politique à la crise avec l’implication du Front islamique du salut (FIS) et des partis de l’opposition.

17La lutte antiterroriste a conforté le régime dans la mesure où le nombre des éléments des forces de sécurité a augmenté de manière considérable. En effet, le gouvernement algérien a renforcé les rangs de la Police et de la Gendarmerie nationale par une politique de recrutement intensif, qui se poursuit jusqu’à ce jour. Parallèlement, en investissant une politique de la main tendue, puis de réconciliation nationale, le régime a consolidé sa légitimité en se présentant comme garant du retour à la paix20, au moment où le poids de la légitimité révolutionnaire s’amenuisait, la famille révolutionnaire n’étant plus capable de mobiliser comme elle le faisait auparavant. À cela s’ajoute, le renouvellement générationnel et le déclin du nombre des moudjahidines. Enfin, on ne saurait clore ce point sans aborder l’impact des attentats terroristes du 11 septembre 2001. La lutte mondiale contre le terrorisme initiée par les États-Unis a permis aux autorités algériennes de s’imposer comme un partenaire privilégié de cette lutte et donc de desserrer l’étau sur elles, notamment les pressions exercées par les ONG internationales de protection des droits de l’Homme. Cette campagne a permis aux services algériens de sécurité non seulement d’exporter leur expertise et de servir de référence aux autres pays en matière de lutte antiterroriste, mais aussi de restreindre le champ des libertés d’expression notamment la liberté de la presse à travers la circulaire de 1994 sur l’information sécuritaire21.

La collégialité des cercles décisionnels face à la tentation monarchiste d’un président légitimiste

18Si, comme le soutiennent Abdelmadjid Benchikh22 et Lahouari Addi, l’armée détient le pouvoir réel et la présidence le pouvoir formel23, cela n’empêche pas pour autant l’existence d’une forme de compétition entre ces deux segments majeurs du système politique algérien. Une compétition qui a fini par faire évoluer ce système en le transformant en un système polymorphe fondé sur les équilibres et les consensus. En tant qu’acteurs principaux, la présidence et l’institution militaire (les services de renseignement compris) sont parvenues à forger une alliance relativement stable entre civils et militaires que le président, le Chef d’état-major de l’armée et le directeur des services de renseignement ont œuvré à perpétuer.

19Le président Abdelaziz Bouteflika avait une conception du pouvoir politique se rapprochant plus de la posture monarchique que de celle républicaine. Dès les premières années, il a cherché à imposer son style de gouvernance : le pouvoir s’impose et ne se partage pas, y compris avec l’armée. Il devait, pour ce faire, se défaire de l’image d’un président adoubé par un quarteron de généraux. Ainsi, au moment de briguer un second mandat, déjà contesté, il tente de neutraliser l’état-major en s’appuyant sur les services de renseignement24 dont l’ancrage vertical au sein des institutions de l’État (ministères et entreprises publiques notamment) et horizontal au sein de la société civile (partis politiques, associations, médias, etc.) est connu25. En 2004, il met à l’écart le Chef d’état-major, Mohammed Lamari et il envoie, l’année suivante, son chef de cabinet Larbi Belkhir, comme ambassadeur au Maroc. En procédant de la sorte, Abdelaziz Bouteflika voulait en fait contourner une règle cardinale sur laquelle reposait le fonctionnement du régime politique algérien : la collégialité du pouvoir.

20En 2004, l’état-major avait, quant à lui, encouragé la candidature d’Ali Benflis, ancien chef du gouvernement et ancien directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika. L’élection présidentielle de 2004 a servi d’opportunité pour une reconfiguration des alliances dans laquelle les rapports de forces ont basculé au profit du binôme présidence-DRS26. En voulant accroître le poids de l’instance présidentielle, le chef de l’État réussit aussi à amenuiser le rôle politique de l’état-major. De manière significative, il parvient à imposer un ministre délégué, détenu par feu général Abdelmalek Guenaizia, puis vice-ministre de la Défense, portefeuille détenu par feu général Ahmed Gaïd Salah jusqu’à son décès en décembre 2019. De même qu’il réussit à réinstaurer le poste de secrétaire général du ministère de la Défense27. En parallèle à cette marginalisation du rôle politique de l’état-major, l’ex-DRS a vu son rôle croître en consolidant son maillage vertical au niveau des institutions de l’État et horizontale au niveau de la société civile (partis, médias, associations, etc.).

21Le troisième mandat est consacré à la consolidation du pouvoir présidentiel à travers l’introduction de ce que nous pourrions appeler des acteurs secondaires. Il s’agit d’agents économiques (tels que les patrons de grandes entreprises privées – ETRHB d’Ali Hadad, Sovac des frères Oulmi, CAB d’Amor ben Amor et KGC des frères Kouninefs – et les syndicats – L’Union générale des travailleurs algériens – ), politiques (partis politiques, organisations de la société civile) ou symboliques (tels que les confréries). Ces derniers ont grignoté un peu d’espace détenu par les « acteurs principaux » (i.e le commandement de l’armée et les services de sécurité) pour devenir une sorte de minorité influente au sein de la configuration collégiale. À titre d’exemple, le Forum des chefs d’entreprises (FCE) s’est imposé comme un interlocuteur incontournable dans l’élaboration de la politique économique de l’État. Son ancien président, Ali Haddad, a réussi à se frayer une place de choix en s’affichant publiquement avec le frère conseiller du président de la République, Saïd Bouteflika.

22Les confréries sont également parvenues à s’imposer comme un intermédiaire incontournable, non seulement dans la politique de la mise en œuvre du projet de réconciliation nationale, mais aussi pour l’accès à des privilèges et des postes à responsabilités. Elles ont servi de relais électoral très efficace avec le contrôle de quelque 6000 associations28. Cet échange de type politique a conforté le réservoir de légitimité de l’ancien président au point où certains n’hésitaient pas à lui coller le titre de Tuteur (Image 100000000000005600000020D4432F08B5284B95.jpg). Le président de l’Association algérienne des Zaouïas (confréries) n’a pas hésité, en 2019, à déclarer le fait que de penser à un autre candidat qu’Abdelaziz Bouteflika était en soi un péché29. Ce système d’alliances opaques, notamment entre des entrepreneurs et certaines élites politiques et militaires, a permis d’élargir la cooptation de la clientèle en dehors des acteurs fondateurs30.

23L’échéance du quatrième mandat est marquée par une (fausse) nouvelle configuration dans la mesure où cette fois-ci, l’état-major soutient le projet de la continuité, face aux réticences des services de renseignement. La médiatisation des grands scandales de corruption impliquant l’entourage direct du président laisse penser que l’élection de 2014 ne fait pas consensus entre les acteurs fondateurs du système algérien. Cette hypothèse est confirmée par la mise à la retraite du chef des renseignements en 2015 et la restructuration de ses services qui passent sous l’autorité de l’état-major. Des mesures radicales qui ont profondément remis en cause les équilibres qui avaient toujours prévalu entre les trois piliers fondateurs du système collégial algérien. Ce tournant aurait-il été possible sans l’affaiblissement du président à la suite de son AVC en 2013 ? Rien n’est moins sûr. En effet, voulant sanctuariser l’instance présidentielle31, le président Bouteflika avait conjoncturellement privilégié l’un ou l’autre des piliers de l’institution militaire, sans jamais laisser un acteur devenir hégémonique. Or, son incapacité avérée à gouverner a laissé la place à des acteurs extraconstitutionnels qui ont rendu le consensus collégial impossible. Cette incapacité est due à deux raisons : 1) l’un des acteurs fondateurs de ce système, les services de renseignement, a été – à partir de 2014 et septembre 2015 plus particulièrement avec le départ du chef du DRS – brutalement déstructuré et affaibli ; 2) des acteurs secondaires, en l’occurrence les grands entrepreneurs, sont rapidement devenus, par la cooptation et la corruption, des acteurs principaux32.

24Cherchant à s’imposer comme président légitimiste, Abdelzaziz Bouteflika a opté pour une stratégie qui consistait à neutraliser ses adversaires au sein de l’establishment militaro-sécuritaire33. La promotion de nouveaux officiers et les nominations à des postes clés lui ont permis de construire et de renforcer des allégeances sans faille. Il a ainsi transformé les coalitions rigides en alliances souples et à géométrie variable à son avantage. En se plaçant dans cette posture, Abdelaziz Bouteflika s’est permis des arbitrages politiques en dehors de ses prérogatives constitutionnelles comme l’invalidation du 8e congrès du FLN en 2003 qui avait élu Ali Benflis comme secrétaire général, des nominations par téléphone, un contournement des décisions de justice et une réhabilitation d’anciens ministres justiciables en mobilisant les réseaux confrériques et médiatiques. Le cas de l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil en est la parfaite illustration34.

25La remise en cause de la collégialité structurante par le changement de statut d’une partie des acteurs explique non seulement l’incapacité des cercles décisionnels à parvenir à un accord sur un successeur au président, mais aussi la décision de maintenir un statu quo impossible avec un cinquième mandat. On ne peut, en effet, écarter l’hypothèse d’un dissensus au sujet de la succession du président Bouteflika. Son incapacité à diriger le pays devenant patente, les transactions au sujet du candidat à la succession devenaient de plus en plus visibles. Et les attaques contre les candidats potentiels, parmi lesquels l’ancien Premier ministre, devenaient de plus en plus acerbes.

Le hirak, moment de mise à l’épreuve et de mise en lumière d’une résilience fragilisée

26Indéniablement, le soulèvement populaire du 22 février 2019 a accentué la crise au sommet du régime politique algérien. Les séries de limogeages puis les mises en accusation (et les condamnations pour certains35) de plusieurs responsables politiques et hommes d’affaires sur fond de scandales de corruption, de détournements de deniers publics et de financement occulte de la campagne électorale du président-candidat, n’en sont que les marqueurs. Mais au-delà des faits, c’est toute la capacité de résilience d’un régime politique qui est mise à rude épreuve en 2019.

Une économie rentière affaiblie

27Les limites de l’économie rentière se sont imposées du fait de la fragilité structurelle de l’économie algérienne, de sa vulnérabilité aux pressions extérieures et aux conséquences de la gouvernance par la clientélisation-corruption généralisée.

Des limites structurelles

28Face aux difficultés qui s’accumulent, le gouvernement privilégie les solutions d’urgence à très faible impact à moyen et long terme. Ainsi, pour réduire la facture des importations, le gouvernement impose une nouvelle politique de délivrance de licences d’importation. Paradoxalement, si les exportations de services ont augmenté en 2018, les importations ont elles aussi connu une croissance positive, en raison notamment de la suppression des licences d’importation. Dans ce registre, les importations de services ont à leur tour impacté négativement les équilibres extérieurs puisqu’elles représentent 5,3 % du PIB, alors que les exportations de services représentent 1,9 % du PIB36. Pour réduire les déficits, les autorités optent, dès octobre 2017, pour le financement non conventionnel. L’impression de l’argent a généré un total de 56 milliards de dollars, dont 8,5 milliards en janvier 2019, représentant 30 % du PIB pour 201837. Cette somme a permis de financer les déficits budgétaires et de payer les créanciers internes, à savoir les salaires des fonctionnaires et les entreprises de construction et de travaux publics.

29Le ralentissement de l’activité économique et le recul des ressources financières ont impacté le chômage en augmentation ces dernières années. Un phénomène qui a pour conséquence immédiate l’accroissement de la vulnérabilité de la population vis-à-vis du chômage. En 2016, 10 % de la population était exposée au risque de tomber dans la pauvreté. Un risque accru en raison des disparités régionales. En effet, le taux de pauvreté de certaines régions est deux fois (au Sahara) voire trois fois (les Hauts Plateaux) plus important que le taux national. L’inégalité des revenus telle que mesurée par le coefficient de Gini était de 27,7 % en 2011, contre 32 % en 201838.

30En plus de la baisse des revenus issus d’une économie mono-exportatrice, la résilience économique de l’Algérie est battue en brèche en raison du poids de la commande publique dans l’activité économique, près de 25 % en moyenne du PIB annuellement, pour un taux de croissance de 3 % en moyenne. Or, dans la Loi de Finances 2020, les dépenses d’équipements ont baissé de 20 %, ce qui implique la réduction drastique des chantiers dans de nombreux secteurs, notamment le bâtiment et les infrastructures de base. Cette baisse ne crée toutefois pas une situation nouvelle, mais elle accentue les déficiences d’une situation préexistante. En effet, si les investissements publics ont été extrêmement conséquents, leur impact est resté en deçà des attentes, car la rentabilité n’a jamais été un critère pour investir, puis contrôler et évaluer les gestionnaires39.

Des conséquences du contre-choc pétrolier

31Des années durant, le discours officiel affirmait que la crise financière, puis la crise économique mondiale n’affecteraient pas l’économie algérienne, faiblement intégrée dans le marché financier. Grâce aux prix élevés du pétrole entre 2003 et 2013, l’Algérie avait accumulé des réserves en devises qui en faisaient le 8e plus grand détenteur au monde, avec 193,6 milliards de dollars. Cependant, dès 2014, l’effondrement des cours du brut conduit à celui des recettes. Pis, la baisse des prix est aggravée par celle de la production pétrolière. Ainsi, après la forte reprise d’activité de 2016 (7,7 %), le secteur des hydrocarbures s’est de nouveau caractérisé par des baisses d’activités en 2017 et en 2018 avec respectivement -2,4 % et -6,4 %40. En 2019, la balance commerciale de l’Algérie a connu un déficit de 6,11 milliards de dollars contre 4,53 milliards de dollars en 201841.

32Réagissant dans l’urgence, le gouvernement décide de remédier à l’amenuisement des devises en ciblant les importations dès 2015. Des restrictions sont imposées avec effet immédiat sur 850 produits. Cette décision soudaine crée des tensions sur le marché interne et n’empêche pas les réserves de change officielles de passer de 22,5 mois d’importations à la fin de 2016 à 18,6 mois, 18 mois plus tard. La courbe baissière se poursuivra. Entre 2012 et 2017, la chute des prix du pétrole réduit la part des hydrocarbures au PIB de 37,1 % à 21,1 % et la croissance du PIB réel de 2,7 % en 2019, à 1,9 % en 202042.

33Les tentatives de stopper l’effondrement de l’économie ont été aussi timides que vaines. À titre d’exemple, le gouvernement Sellal a lancé le « nouveau Modèle de croissance économique 2016-2030 ». Officiellement, ce modèle visait la transformation structurelle de l’économie en passant par l’amélioration du climat des affaires et le remplacement des subventions directes et indirectes par une protection sociale ciblée pour les populations à faible revenu. Le contexte politique, déjà plombé par les tensions autour de l’instance présidentielle, a fait de ce projet un mort-né43. Les exportations hors hydrocarbures sont restées marginales dans les exportations totales, ne représentant que 5,4 % des exportations totales de biens en 2018. Entre 2016 et 2018, la croissance hors hydrocarbures a même ralenti, passant de 5 % en 2015 à 2,9 % en 2016, sous l’effet du repli observé dans les secteurs de l’agriculture (en raison de mauvaises conditions climatiques), de l’eau, de l’énergie et du bâtiment. Le compte courant de la balance des payements a affiché en 2016 un déficit estimé à 15,6 % du PIB. Les importations ont diminué de 5,9 % en 2016, un recul loin d’être comparable à la contraction brutale des exportations, de l’ordre de 16,8 % au cours de la même période44. Le Fonds de régulation des recettes est passé de 177 milliards de dollars en 2014 à 88,61 milliards de dollars à fin juin 2018, et à 72,6 milliards de dollars en juin 201945.

Une régulation par la clientélisation et la corruption remise en question

34Si durant ses mandats, Abdelaziz Bouteflika a déséquilibré ses partenaires-rivaux, il n’est cependant jamais parvenu à les neutraliser ni à bouleverser réellement le statu quo. La posture légitimiste du président Bouteflika a en effet démontré ses limites.

La mise en cause de l’affairisme

35Les mécanismes économiques qui ont permis la résilience du système politique algérien se sont retournés contre les détenteurs du pouvoir comme un effet boomerang. Ainsi, l’allégeance au président Bouteflika s’est transformée en prise de contrôle de certains leviers politico-économiques. Cette prise de contrôle s’est notamment donnée à voir par le limogeage en août 2017 du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune46 trois mois après sa nomination47. Ce dernier avait affiché son intention de combattre la propagation de l’argent sale dans le monde politique, à travers notamment la commande publique, devenue une immense niche de corruption au profit de groupes d’intérêts qui se sont greffés aux cercles politiques décisionnels grâce au Code des marchés publics48.

36Depuis le 22 février 2019, des poursuites, des arrestations et des procès ont spécifiquement ciblé le monde politico-économique. Des hommes d’affaires comme Ali Haddad, Maieddine Tahkout, Mohamed Baïri, Ahmed Maazouz pour ne citer qu’eux, ont été jugés et condamnés pour des affaires de corruption liées notamment à des passations de marché. Dans les mêmes affaires, ont été condamnés de hauts responsables politiques tels que deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelamalek Sellal, et d’autres ministres comme Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, tous deux ex-ministres successifs de l’Industrie et des Mines, Nouria Zerhouni ancienne ministre du Tourisme, etc. Ces responsables politiques sont accusés d’avoir octroyé des contrats à des hommes d’affaires en violation de la réglementation du Code des marchés publics. À cela s’ajoutent des soupçons de corruption et d’enrichissement illicite liés à ces contrats. À titre d’exemple, le procès des hommes d’affaires et des responsables politiques en lien avec le dossier de montage des véhicules ouvert le 4 décembre 2019 a révélé l’ampleur du phénomène de népotisme et de corruption qui a affecté ce secteur49. Selon l’avocat du Trésor public, Zakaria Dahlouk, pour les seules affaires de l’automobile et du financement occulte de la campagne pour le cinquième mandat et celle de la famille Hamel (ancien directeur général de la Sûreté nationale), l’instruction et les expertises ont démontré que le préjudice s’élève à 10000 milliards de DA (77,5 milliards de dollars50).

37Au-delà des chiffres, c’est tout un système de gouvernance qui est mis en cause. Ces pratiques de népotisme, de corruption et de passe-droits ont mis à nu le degré de collusion entre hommes d’affaires et hommes politiques. Elles ont aussi mis à jour le degré de déliquescence institutionnelle dont le marqueur le plus notable reste l’impuissance d’un Premier ministre face à son ministre de l’Industrie. Abdeslem Bouchouareb, cadre dirigeant du RND, a en effet réussi à s’imposer comme un « Premier ministre bis » entre 2013 et 2017, du fait des liens étroits qu’il a tissés avec le frère et conseiller du président Saïd Bouteflika, et avec quelques hommes d’affaires influents comme Ali Haddad et les frères Kouninef.

Le désaveu du poids des confréries

38Au-delà de ces relations de corruption avec des milieux d’affaires, une autre entreprise ayant alimenté la clientélisation de la société sous les mandats de Bouteflika est mise à mal. Il s’agit des confréries qui ont permis à l’ancien président d’élargir le cercle des alliés aux entrepreneurs de la morale. Le 22 février 2019, des millions d’Algériens sortent dans les rues pour dire non au cinquième mandat. Mais aussi pour délégitimer un président et ses relais au sein de la classe politique et de la société civile. L’une des expressions les plus parlantes de cette défiance à l’égard de cette posture légitimiste dans sa déclinaison symbolique est cette image de dizaines de jeunes dans la wilaya d’Adrar en train de protester contre le directeur de campagne du président-candidat Abdelaziz Bouteflika, Abdelmalek Sellal, et ses hôtes, des notables religieux de la wilaya. L’acte en lui-même n’est pas anodin si l’on considère le poids des chefs religieux dans cette wilaya. En effet, que l’élection soit présidentielle, législative ou locale, le poids des confréries y est prépondérant. Depuis le soulèvement populaire du 22 février, leur connivence avec le monde politique, accentuée depuis l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999, est de plus en plus critiquée51. À cela s’ajoute la désaffection d’une jeunesse urbaine sur laquelle ces confréries, installées dans leur grande majorité dans des zones rurales, n’ont que peu d’impact52.

Les limites patentes du contrôle social

39Plus largement, si le président Bouteflika a consolidé son pouvoir en s’appuyant sur une politique sociale généreuse (passant par la création d’emplois, la distribution de logements ou encore l’augmentation des salaires sans contrepartie productive), la contestation dans les stades puis en dehors à partir de février 2019 montre clairement les limites de ce contrôle social.

40Lors des premières semaines de manifestations du vendredi, une chanson résonne dans toutes les rues d’Alger : La Casa del Mouradia. Dans toutes les wilayas, cette chanson s’est imposée comme l’hymne du hirak. Elle est entonnée par des jeunes, des moins jeunes, par des hommes et des femmes. Écrite par des supporters de l’un des principaux clubs de football de la capitale, cette chanson qui mêle humour et révolte est un récit du règne de Bouteflika.

41Que les stades se transforment en arènes au sein desquelles s’expriment des revendications politiques n’est pas une exception algérienne. À travers le monde, les gradins des stades de football, en tant qu’espaces autonomes, fournissent aux supporters un environnement pour l’expression de soi53. Ces arènes sont même parfois le prolongement de luttes politiques où des revendications à connotations idéologiques, nationalistes parfois, s’expriment de manière très accentuée. En Russie, en Italie, en Espagne, en Catalogne ou dans le Pays basque, pour ne citer que ces exemples, le supportérisme cristallise les contestations politiques. Ce phénomène s’observe aussi dans l’espace arabo-musulman. Il s’accentue à partir des années 2010, notamment dans des pays comme l’Égypte, le Liban, la Turquie ou encore l’Irak. Des groupes de supporters se sont engagés à défendre des intérêts communs et participent à des mouvements de protestation dépassant largement le cadre sportif54.

42En Algérie, les gradins des stades de football constituent des espaces autonomes, lieu d’expression par excellence de la contestation politique non partisane. Une certaine altérité s’y construit vis-à-vis du régime politique à travers l’évocation de thématiques comme la corruption, l’injustice, le mal-être ou encore la fraude dans les élections. Tournant en dérision la manière dont le président Abdelaziz Bouteflika a été quatre fois élu, La Casa del Mouradia, en référence à la série télévisée La Casa de Papel, ou encore La barque d’infortune (Image 10000000000000620000001D477C78C7FFDA8BBD.jpg), sont l’expression saillante de la dénonciation d’un espace politique uniquement contrôlé par le pouvoir en place. En ce sens, les stades ont été un lieu de contestation populaire qui a contribué, notamment par la diffusion via les réseaux sociaux numériques, de chants et de slogans dépassant cette arène sportive, à délégitimer un président qui se targuait souvent d’être le père de la jeunesse.

43Le 22 février 2019 a donc été le déclenchement d’une double agrégation. D’une part, les supporters sont sortis de leur cloisonnement en s’intégrant dans le mouvement populaire et en contribuant à son essor (boycott des matchs programmés les vendredis, célébration de la victoire de l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des nations par des slogans politiques). D’autre part, le mouvement populaire s’est approprié les codes langagiers utilisés dans les stades : chants, gestuelles, emblèmes, slogans. En quelques semaines, les mondes du stade et le reste de la société se sont rapprochés dans un mouvement commun de contestation politique : une contestation directement dirigée contre les symboles du pouvoir, au premier rang desquels figurent le président Bouteflika et son cercle.

44Les signes d’essoufflement de la capacité de résilience du pouvoir algérien sont multiples. Cette résilience a été mise à mal par un élan protestataire renouvelé et massif qui a « secoué » le régime. Cet affaiblissement est, par ailleurs, indissociable des mutations structurelles de la société algérienne, notamment de son évolution démographique où la population âgée de moins de 30 ans représente, le 1er janvier 2018, selon l’Office national des statistiques, 22,48 millions, soit 54 % de la population globale55. La jeunesse de la population en dit long sur le fossé de plus en plus large entre les attentes d’une société en mutation continuelle et un régime politique dont la temporalité est restée figée.

45L’issue du soulèvement populaire demeure toutefois plus qu’incertaine pour l’équilibre du système. Ce dernier apparaît encore stable à ce jour. L’élection présidentielle du 12 décembre 2019 s’est traduite par la reproduction du système en place. En effet, elle s’est déroulée dans un contexte marqué par le verrouillage du champ médiatique, l’interdiction des activités politiques et partisanes de l’opposition, la multiplication des arrestations de militants et de manifestants (même si certains ont été relaxés par la suite), et un manque de transparence du processus électoral. De plus, cette élection a mis en scène des candidats ayant tous déjà servi sous ce système.

46Face à cette tentative de maintenir figés le système politique et sa temporalité, les mobilisations n’ont pas cessé. Il a fallu la pandémie de la COVID-19 pour que les manifestants décident d’une pause, offrant ainsi au pouvoir politique la possibilité de mettre à exécution sa feuille de route. Le référendum sur la Constitution du 1er novembre 2020 est la première étape de la feuille de route du président Abdelmadjid Tebboune et un levier pour consolider son pouvoir. Une consolidation rendue nécessaire par une institution militaire qui, selon toute vraisemblance, n’entend pas lui laisser les coudées franches. Or, le faible taux de participation (officiellement 23,8 %) et un taux d’acceptation de 66,68 % (contre 33,32 % pour le non) sont en soi un cinglant désaveu pour le président et ses alliés. En effet, le référendum a mobilisé les relais politiques et sociaux du régime, appelés à animer des campagnes en faveur du « oui », alors que les espaces médiatiques audiovisuels étaient fermés aux partisans du « non » et à ceux qui appelaient au boycott de ce référendum. Comme pour l’élection présidentielle du 12 décembre 2019, le référendum pour la Constitution a démontré non seulement l’incapacité du régime politique à mobiliser des soutiens, mais aussi la crise de confiance qui mine les relations entre le peuple et ce régime. Une crise cristallisée par le transfert du chef de l’État à l’étranger pour se soigner au moment où les hôpitaux algériens peinent à gérer l’ampleur de la pandémie COVID-19.

Notes de bas de page

1  Ahmed Gaïd Salah est décédé le 23 décembre 2019 suite à un arrêt cardiaque.

2  Francesco Cavatorta, Belgacem Tahchi, 2019, « Politique économique et résilience autoritaire en Algérie. Les difficultés de la diversification économique », Études internationales, vol. 50, n° 1, p. 7-38.

3  Ibid., p. 9.

4  Pour plus de détails sur cette question, voir Daniel Brumberg, 2002, « The Trap of Liberalized Autocracy », Journal of Democracy, vol. 13, n° 4, p. 56-68 ; Andreas Schedler, 2006, Electoral Authoritarianism : The Dynamics of Unfree Competition, Boulder, Lynne Rienner ; Mikael Wigell, 2008, « Mapping “Hybrid Regimes” : Regime Types and Concepts in Comparative Politics », Democratization, vol. 15, n° 2, p. 230-250 ; Thomas Carothers, 2002, « The End of the Transition Paradigm », Journal of Democracy, vol. 13, n° 1, p. 5-21 ; Larry Diamond, 2002, « Elections Without Democracy : Thinking About Hybrid Regimes », Journal of Democracy, vol. 13, n° 2, p. 21-35 ; Steven Levitsky, Lucan A. Way, 2010, Competitive Authoritarianism : Hybrid Regimes After the Cold War, New York, Cambridge University Press ; Marina Ottaway, 2003, Democracy Challenged : The Rise of Semi-Authoritarianism, Washington, Carnegie Endowment for International Peace ; Marc Morjé Howard, Philip G. Roessler, 2006, « Liberalizing Electoral Outcomes in Competitive Authoritarian Regimes », American Journal of Political Science, vol. 50, n° 2, p. 365-381.

5  Louisa Dris-Aït Hamadouche, Chérif Dris, 2012, « De la résilience des régimes autoritaires : la complexité algérienne », L’Année du Maghreb, vol. VIII, p. 279-301.

6  On peut citer à titre d’exemple : l’Organisation nationale des moudjahidines (anciens combattants) et l’Organisation nationale des enfants des chouhada (martyrs de la guerre de libération).

7  S.L., L.B., 2004, « Bouteflika : “Finie la légitimité historique !” », Liberté, 2 décembre [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/bouteflika-finie-la-legitimite-historique-17372].

8  Cité dans Fawzi Rouzeik, 2015, Le Groupe d’Oujda revisité par Chérif Belkacem, Paris, L’Harmattan, p. 97. Abdelaziz Bouteflika faisait ces déclarations lors des premières années de son premier mandat quand certains organes de presse faisaient allusion à son statut de candidat adoubé par l’armée et donc incapable de se soustraire à son influence.

9  Constitution de la République algérienne démocratique et populaire, Loi n° 16-01 du 6 mars 2016 ; Journal officiel n° 14 du 7 mars 2016 [En ligne : www. joradp.dz].

10  On peut citer à ce propos le film retraçant la vie de Larbi Ben M’hidi, réalisé par Bachir Derrais, ce film n’a pas reçu le visa de la part du ministère de la Culture qui a reproché au réalisateur le fait de ne pas avoir respecté le cahier des charges. Or, le réalisateur s’est défendu en affirmant avoir essayé de présenter un récit aussi proche de la réalité que possible. Ce qui n’a pas manqué de soulever une polémique alors que le film n’a pas été projeté dans les salles de cinéma en Algérie.

11  Youcef Benabdellah, 2018, « État développementiste vs État rentier : qu’en est-il en Algérie ? », Naqd, vol. 36, n° 1, p. 83.

12  Ce grand ouvrage structurant est l’une des grosses niches de corruption qui a conduit l’ancien ministre des Travaux publics Amar Ghoul et certains responsables à la prison.

13  Ibid., p. 81.

14  Pour la seule période du quatrième mandat, citons : dans le domaine des infrastructures routières, la réalisation des travaux de voirie et réseaux de la ville nouvelle de Hassi Messaoud ainsi que de sa zone d’activités logistiques, le contournement de la ville de Cherchel par une voie rapide de 17 kilomètres, le dédoublement de la voie ferrée minière à l’Est, la pénétrante autoroutière vers le port d’Oran, le viaduc Trans Rhumel ; dans le domaine hydraulique, le transfert d’eau du barrage d’Erraguene à Jijel vers la plaine sétifienne ; dans le domaine des infrastructures sportives, un stade de football de 50000 places à Constantine, un stade couvert de 50000 places à Sétif, des infrastructures complémentaires au Complexe sportif d’Oran (un complexe nautique, une salle de sports de 6000 places, et un vélodrome) ; dans le domaine du logement, la construction de 53000 logements publics locatifs dans les wilayas d’Alger, Béjaïa, Boumerdès, Blida, Sidi Bel Abbès, Mascara, Blida, et Sétif ainsi que des travaux de viabilisation dans la nouvelle ville de Sidi Abdallah.

15  Slim Othmani, 2014, « Tribune libre. Slim Othmani : “Pourquoi je quitte le FCE” », Algérie Focus, 15 mars [En ligne : https://www.algerie-focus.com/tribune-libre-2/tribune-libre-slim-othmani-pourquoi-je-quitte-le-fce/] ; Essaïd Wakli, 2014, « Rebrab démissionne, le FCE plonge dans la crise », Algérie Focus, 28 mai [En ligne : https://www.algerie-focus.com/2014/05/rebrab-demissionne-le-fce-plonge-dans-la-crise/].

16  Cependant, une précision de taille s’impose. Ces contrats concernent uniquement la formule SKD, à savoir l’importation du kit complet pour le monter par la suite en Algérie. Les porteurs algériens de ces projets ont justifié le recours à cette formule par l’absence d’une industrie de la sous-traitance en Algérie. Résultat, le taux d’intégration n’a pas dépassé 10 %.

17  Selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), cité dans Salima Mellah, 2004, Comité Justice pour l’Algérie. Les massacres en Algérie, 1992-2004. Dossier n° 2, s.l., Comité Justice pour l’Algérie, p. 5 [En ligne : https:// www.algerie-tpp.org/tpp/pdf/dossier_2_massacres.pdf].

18  Fondé en 1997, le RND a remporté les élections législatives la même année. L’opposition et le FLN ont crié à la fraude accusant le pouvoir, le président Liamine Zeroual et son conseiller politique, Mohamed Betchine, d’avoir favorisé la création de ce parti pour fermer davantage le jeu politique. Son réservoir électoral est constitué essentiellement des cadres de l’administration et des patriotes ayant aidé les services de sécurité dans la lutte antiterroriste. Après les législatives de 2002, remportées par le FLN, le RND a été relégué au second plan tout en demeurant un appareil électoral que le pouvoir mobilise à chaque élection.

19  Ancien secrétaire général du FLN, Abdelahamid Mehri a été poussé vers la porte de sortie en 1996, à l’issue d’un coup d’État dit « scientifique » orchestré par les partisans du statu quo au sein du FLN. Il est décédé le 30 janvier 2012.

20  Louisa Dris-Aït Hamadouche, Chérif Dris, 2012, op. cit., p. 285.

21  Sur ce sujet, voir Chérif Dris, 2012, « La nouvelle loi organique sur l’information de 2012 en Algérie : vers un ordre médiatique néo-autoritaire ? », L’Année du Maghreb, vol. VIII, p. 303-320 ; Nessrine Ferchiche, 2011, La liberté de la presse écrite dans l’ordre juridique algérien, Paris, LGDJ.

22  Madjid Benchikh, 2003, Algérie : un système politique militarisé, Paris, L’Harmattan.

23  Lahouari Addi, 2012, Algérie : chroniques d’une expérience postcoloniale de modernisation, Alger, Éditions Barzakh, p. 109.

24  Le Département renseignement sécurité (DRS), anciennement la Sécurité militaire.

25  Sur ce point, voir Rachid Tlemçani, 2008, Algeria Under Bouteflika Civil Strife and National Reconciliation, Carnegie Papers, n° 7, Beyrouth, Carnegie Middle East Center, p. 13.

26  Mohamed Sifaoui, 2011, Bouteflika, le roitelet, le mégalomane, le chef de clan, l’intrigant…, Paris, Éditions Encre d’Orient.

27  Ibid.

28  Entretien avec le Dr. Mohamed Benbrika al Hassani, professeur en soufisme : Salima Tlemçani, 2018, « Les zaouïas constituent un important réservoir de voix électorales », El Watan, 3 juin [En ligne : https://www.pressreader.com/algeria/ el-watan-algeria/20180603/281547996577460].

29  Islam Kaabish, 2019, «Image 10000000000001A50000002057B36F042928F6DD.jpgImage 10000000000000F80000001A0A3B97552EE6EBF5.jpg», El Djazair, 11 août [En ligne : http://www.eldjazaironline.net/Accueil/Image 10000000000000FE0000001F60C85CDCA2A52456.jpg/].

30  Amel Boubekeur, 2013, « Rolling Either Way ? Algerian Entrepreneurs as both Agents of Change and Means of Preservation of the System », Journal of North African Studies, vol. 18, n° 3, p. 470.

31  Chérif Dris, 2014, « Quatrième mandat de Bouteflika : le parachèvement de la sanctuarisation du pouvoir présidentiel », L’Année du Maghreb, vol. 11, p. 215-228.

32  Le Forum des chefs d’entreprises notamment. Sur cette question de l’émergence des patrons dans le jeu politique, voir Chérif Dris, 2015, « Algérie 2014 : de l’élection présidentielle à l’émergence des patrons dans le jeu politique », L’Année du Maghreb, vol. 13, p. 149-164.

33  Voir notamment : Chérif Dris, 2013, « Élections, dumping politique et populisme : quand l’Algérie triomphe du “printemps arabe” », L’Année du Maghreb, vol. IX, p. 279-297 ; Chérif Dris, 2014, op. cit. ; Chérif Dris, 2016, « Algérie politique 2015 : mise à la retraite du général Médiene et restructuration du DRS. Des effets collatéraux du quatrième mandat », L’Année du Maghreb, vol. 15, p. 185-202.

34  De retour en Algérie en 2016 après un exil forcé suite à un mandat d’arrêt international lancé contre lui, Chakib Khelil se refait une virginité politique. En effet, il se livre à une tournée auprès de plusieurs confréries, qui tentent de le réhabiliter en lui accordant une onction morale et religieuse. Cette démarche n’a pas manqué de susciter l’ire et le mécontentement populaire, y compris chez certains adeptes de confréries. Voir Salima Tlemçani, 2018, op. cit.

35  Les deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal ont écopé chacun de 15 ans de prison, et d’autres ministres entre 2 et 5 ans de prison. L’ancien directeur général de la Police nationale, le général Abdelghani Hamel a lui aussi écopé de 15 ans de prison. Sa femme et ses trois enfants entre 5 et 2 ans de prison ferme. D’autres responsables et hommes d’affaires attendent toujours d’être jugés.

36  ONS, 2019, Les comptes économiques en volume de 2015 à 2018, Alger, ONS [En ligne : https://www.ons.dz/IMG/pdf/comptesv2015-2018.pdf].

37  Nabil Mansouri, 2019, « L’Algérie va vers une crise économique imminente », Maghreb-Émergent, 10 août [En ligne : https://maghrebemergent.info/lalgerie-va-versune-crise-economique-imminente-carnegie-middle-east-centre/].

38  Knoema, 2018, « Indice de Gini : proportion de pauvres au seuil de pauvreté national », New York, Knoema [En ligne : https://knoema.fr/atlas/topics/ Pauvret % c3 % a9/In % c3 % a9galit % c3 % a9-de-revenu/Indice-de-GINI ?base Region=DZ].

39  Tout cela a un impact direct sur l’emploi. En effet, en 2019, des licenciements ont frappé le secteur du bâtiment et de l’industrie des kits de montage. Voir Samira Imadalou, 2019, « Mohand Touazi. Industriel, membre de CARE : “Un taux de chômage encore plus élevé est inévitable” », El Watan, 28 octobre [En ligne :https://www.elwatan.com/pages-hebdo/sup-eco/mohand-touazi-industriel-membre-de-care-un-taux-de-chomage-encore-plus-eleve-est-inevitable-28-10-2019].

40  ONS, 2019, op. cit.

41  Algérie Presse Service, 2020, « Commerce extérieur : un déficit de 792 millions de dollars en janvier 2020 », APS, 27 avril [En ligne : http://www.aps.dz/economie/103378-commerce-exterieur-un-deficit-de-792-millions-de-dollars-en-janvier-2020].

42  BAD, 2020, « Perspectives économiques en Algérie », Abidjan, BAD [En ligne : https://www.afdb.org/fr/countries/north-africa/algeria/algeria-economic-outlook].

43  Ce programme s’est inspiré des cinquante propositions du Forum des chefs d’entreprise, voir FCE, 2015, Pour un nouveau pacte de croissance économique, Alger, FCE [En ligne : http://www.fce.dz/wp-content/uploads/2016/07/50-propositions.pdf].

44  Banque mondiale, 2017, « Rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie : améliorer les résultats éducatifs afin de développer le capital humain de réduire le chômage des jeunes et de repousser la frontière des possibilités de production », Washington, Banque mondiale [En ligne : http://documents.worldbank.org/curated/en/496761499968921052/pdf/117451-FRENCH-WP-Algeria-Eco-Monitoring-pub-6-22-17web.pdf].

45  M’hamed Abaci, 2019, « Crise sociopolitique et économique : quelle Algérie voulons-nous ? », El Watan, 12 septembre [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/contributions/crise-sociopolitique-et-economique-quelle-algerie-voulons-nous-12-09-2019].

46  Il a été élu président de la République algérienne le 12 décembre 2019 avec 58,15 % des voix.

47  Rabah Reghis, 2017, « Limogeage de Tebboune : pourquoi ces analyses déroutantes ? », Le Matin d’Algérie, 19 août [En ligne : https://www.lematindz. net/news/25148-limogeage-de-tebboune-pourquoi-ces-analyses-deroutantes-i. html] ; Sébastien Hervieu, 2017, « Algérie. Le Premier ministre écarté, victime des “forces de l’argent” », Courrier international, 16 août [En ligne : https://www.courrierinternational.com/article/algerie-le-premier-ministre-ecarte-victime-des-forces-de-largent].

48  Ce dernier a été modifié en juillet 2002 par le président Bouteflika qui introduit le gré à gré dans la plus grande ambiguïté. Car si l’article 22 stipule que « la procédure du gré à gré simple est une règle de passation de contrat exceptionnelle », le dernier alinéa de l’article 37 affirme : « Le service contractant a recours au gré à gré simple exclusivement dans les cas suivants : quand il s’agit d’un projet prioritaire et d’importance nationale. Dans ce cas, le recours à ce mode de passation exceptionnel doit être soumis à l’accord préalable du Conseil des ministres ». Qui décide du caractère prioritaire du projet ? Qui lui confère une importance nationale ? Qui préside le conseil des ministres ? La réponse est la même.

49  1 dollar équivaut à 129,02 dinars algériens selon le taux officiel. 110 milliards de dinars soit l’équivalent de 850 millions de dollars dilapidés dans le cadre du montage des automobiles ; le coût des exonérations et avantages fiscaux accordés par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal aux hommes d’affaires accusés dans le cadre de ce dossier s’élève à 24 milliards de dinars (plus de 190 millions de dollars) ; le manque à gagner au Trésor public par les avantages accordés au groupe Tahkout est de 48 milliards de dinars (plus de 370 millions de dollars) et de, 5 milliards de dinars (880 millions de dollars) du fait des avantages accordés au groupe Mazouz. Voir Hocine Fadhel, 2019, « Procès des lignes de montage : des chiffres effrayants », Cap Algérie, 4 décembre [En ligne : https://www.capalgerie.dz/proces-des-lignes-de-montage-des-chiffres-effrayants/].

50  Abla Chérif, 2020, « Zakaria Dahlouk, avocat du Trésor public, au Soir d’Algérie : “Bouchouareb est l’architecte du chaos” », Le Soir d’Algérie, 22 avril [En ligne : https://www.lesoirdalgerie.com/actualites/bouchouareb-est-larchitecte-du-chaos-41667].

51  Ibid.

52  Nouredine Bessadi, 2018, « Algérie : zaouïas et politique, des liaisons dangereuses », Middle East Eye, 3 janvier [En ligne : https://www.middleeasteye.net/fr/ analyses/alg-rie-les-zaou-ternel-instrument-de-la-politique-303372656].

53  Gökce Tuncel, 2018, « Quand le supportérisme et la politique s’imbriquent. Les groupes de supporters Beleştepe et Çarşi », European Journal Of Turkish Studies, n° 26 [En ligne : http://journals.openedition.org/ejts/5737].

54  Ibid.

55  Brahim Takheroubt, 2018, « 54 % de la population est âgée de moins de 30 ans : l’Algérie est toujours jeune », Algérie 360°, 28 juin [En ligne : https://www.algerie360.com/54-de-la-population-est-agee-de-moins-de-30-ans-lalgerie-est-toujours-jeune/].


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