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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Premières réactions syndicales au hirak : un discours maîtrisé et des positionnements sans surpriseContestation et résurgence des revendications sectoriellesLes syndicats autonomes et le débat sur la transition démocratiqueConclusion : les syndicats autonomes et le hirak. Jusqu’où ? Notes de bas de page Auteur

    Cheminements révolutionnaires

    Ce livre est recensé par

    • Atmane Aggoun, Lectures, mis en ligne le 17 mars 2022. URL : https://journals.openedition.org/lectures/55034 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.55034
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    Table des matières

    4. Les Syndicats autonomes en Algérie et le hirak. De la neutralité politique à une volonté de « transition démocratique » ?

    Siham Beddoubia

    p. 95-126

    Texte intégral Premières réactions syndicales au hirak : un discours maîtrisé et des positionnements sans surpriseVers un boycott généralisé du régime politique ?Vers une restructuration du champ syndical ?Contestation et résurgence des revendications sectoriellesLes journalistes algériens dénoncent la censureLa confédération syndicale des forces productives investit le terrain de l’Union générale des travailleurs algériensLe Club des mille juges : un vent de révolution chez les magistrats ?Les avocats : un engagement pour les détenus d’opinionsLa contestation des professeurs de l’enseignement primaire ou l’autre faiblesse du syndicalisme autonomeLes syndicats autonomes et le débat sur la transition démocratiqueL’entrée des syndicats autonomes en rangs dispersés dans le débat politiqueLa feuille de route de la conférence nationale vue par le basLe rapprochement entre les partis politiques et les syndicats autonomes pour un dialogue nationalQue reste-t-il de la Conférence nationale de la société civile ?Conclusion : les syndicats autonomes et le hirak. Jusqu’où ? Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Le mouvement de contestation populaire qui émerge en Algérie à partir du 22 février 20191 est marqué par son caractère intense en termes de participation citoyenne, mais aussi par son caractère pacifique2. Appelé désormais hirak3, ce mouvement a remis à l’ordre du jour le débat sur le rôle des organisations de représentation traditionnelle, notamment les syndicats et les partis politiques par rapport à la question du changement et de la démocratie. Pourtant, le mouvement n’intervient pas dans un contexte d’immobilité : quelques mois avant le début du hirak, le 10 novembre 2018, treize syndicats autonomes se réorganisent au sein de la Confédération des syndicats autonomes (CSA) qui n’est pas reconnue par le ministère du Travail4. Du côté des partis politiques et de la société civile, une mobilisation contre le cinquièmement était alors déjà en place, portée par le mouvement Mouwatana (Citoyenneté) et initiée par des personnalités de l’opposition parmi lesquels Sofiane Djillali5 du parti Jil Jadid (Nouvelle génération) et Zoubida Assoul du parti l’Union pour le changement et le progrès (UPC), mais aussi, des militants déjà mobilisés pour le changement et la démocratie en 2011, ou des personnalités comme Amira Bouraoui du mouvement Barakat (« Ça suffit », né en 2014). Mouwatana annonce sa constitution le 6 juin 2018 après avoir adressé le 26 mai une lettre cosignée par quatorze personnalités publiques6 demandant au président Abdelaziz Bouteflika de renoncer au cinquième mandat. Un appel est lancé dès le 12 février pour une marche nationale le 24 février 20197 ; qui sera finalement devancé par des appels anonymes sur les réseaux sociaux qui aboutiront à la marche du 22 février. Cela n’empêche pas Mouwatana de maintenir son appel à des rassemblements, des sit-in et des marches au niveau national le 24 février8.

    2Les acteurs et les organisations sont, pour la plupart, pris de court par un mouvement citoyen qui, dès le départ, refuse toute implication partisane. Des responsables des partis politiques (notamment issus des partis les plus « officiels ») sont hués dès qu’ils tentent de participer aux marches du vendredi. Les opposants les plus anciens comme Louisa Hanoune (présidente du Parti des travailleurs) et Saïd Sadi (ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie) ne sont pas épargnés. Beaucoup sont accusés de faire partie de ce qui est communément appelé la « ‘isaba » (la bande) qui a mené le pays vers sa faillite. Le portrait d’Abdel Majid Sidi Saïd, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) depuis 1997, est brandi par les manifestants et visé par des slogans comme : « Khlitou lbled ya serrakine » qui signifie « Vous avez pillé le pays, voleurs ».

    3Cet ostracisme ne concerne pas les syndicats autonomes dont les représentants se mêlent aisément aux citoyens lors des marches du vendredi à Alger et dans d’autres villes du pays. Cela s’explique par le fait que les syndicats autonomes sont nés de la première tentative de transition démocratique et du processus inabouti de pluralité politique. À défaut d’être reconnus par l’État, ils ont investi l’espace contestataire et se sont confrontés à l’UGTA, créé en 1956 dans le sillage de la lutte pour la libération nationale et resté depuis le seul syndicat reconnu comme partenaire social par le régime. Les syndicats autonomes sont quant à eux principalement organisés autour de corporations qui revendiquent l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des salaires et la révision des statuts particuliers9. Durant les deux dernières décennies, les syndicats autonomes ont progressivement adopté les formes de mobilisations propres aux mouvements sociaux (grèves, sit-in marches, etc.), contribuant fortement à faire entrer la contestation sociale dans l’espace public.

    4Quelques mois avant le début du hirak, l’Algérie compte 101 syndicats (organisations syndicales des salariés et organisations syndicales des patrons). Mais il importe de noter que 32 sont inactifs en 201810. Ces syndicats, dont les premiers se sont constitués à la veille de la décennie noire entre 1990 et 1993, se sont globalement désengagés des questions ayant trait à la politique (au moins publiquement), à l’exception du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES11), du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF) et du Conseil des enseignants des lycées d’Algérie (CELA12) qui ont pris part à la Coordination nationale pour le changement et la Démocratie (CNCD) en 2011. Le hirak du 22 février a obligé les syndicats autonomes à sortir du désengagement des dernières années.

    5Par-delà les organisations, les marches du 22 février et des vendredis qui suivent déclenchent un sursaut remarquable dans le monde du travail en général : la contestation s’y organise, mais pas toujours à travers les structures syndicales. On assiste depuis le 22 février à la résurgence des revendications sectorielles, bien que fortement présentes depuis les années 1990 et faisant l’objet de fortes mobilisations dans les années 2000. Ces revendications telles qu’exprimées par des étudiants, des magistrats, des avocats, des instituteurs, des journalistes, etc., se formulent en dehors des structures préexistantes et ont un effet de recomposition du champ syndical. Entre les « nouvelles » et les « anciennes » mobilisations syndicales, la cohabitation est dure puisque les premières s’intéressent davantage à la question du changement démocratique tandis que les secondes sont porteuses d’un lourd passif de trois décennies de quête de reconnaissance par le régime pour être considérées comme représentatives ; elles ont fait l’objet tantôt de tentatives de cooptation tantôt de répression. C’est dans ce contexte que l’on assiste à la remise en cause des structures syndicales pourtant bien établies, et à l’émergence de nouveaux acteurs. Parfois, la réactivation de dynamiques contestataires antérieures interpelle sur les changements qui bousculent le champ syndical et politique.

    6Nous souhaitons porter notre regard sur l’évolution des positions des syndicats autonomes ; regroupés en tant que collectif(s) ou agissant de manière séparée, à mesure que le hirak évolue. Nous souhaitons comprendre la manière dont le hirak a influé sur la vie de ces organisations. Ce travail s’appuie principalement sur une chronologie détaillée de la dynamique du monde syndical en lien avec le hirak, et sur une enquête de terrain entamée à travers des entretiens et des observations de débats avec des syndicalistes et auprès de militants et de simples citoyens dans les villes d’Alger, d’Oran, de Relizane et de Tlemcen.

    Premières réactions syndicales au hirak : un discours maîtrisé et des positionnements sans surprise

    7À l’annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat, l’UGTA se maintient dans son rôle traditionnel de soutien des choix du régime politique. Dès le 12 février 2019, dans une déclaration commune, l’UGTA et l’ensemble des organisations patronales13 apportent leur soutien à la candidature de Bouteflika, comme ce fut le cas pour ses quatre précédents mandats. Abdelmajid Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA, réagit pour la première fois aux marches du 22 février lors de sa visite à Adrar le 24 février à l’occasion de la célébration du 48e anniversaire de la fondation de son organisation et de la nationalisation des hydrocarbures. Il évoque alors sa crainte de la reproduction du scénario de la décennie noire.

    8Du côté des syndicats autonomes, aucune position n’est encore tranchée. Dans la fonction publique, l’intersyndicale de l’Éducation14 maintient sa grève annoncée pour les 26 et 27 février autour de revendications corporatistes de reclassement des personnels de l’Éducation nationale. Cette grève est déclarée illégale par le tribunal administratif d’Alger, mais elle est maintenue. Les syndicats parlent même d’un taux de suivi assez important de 65 % au niveau national15.

    9La Confédération des syndicats autonomes (CSA) qui regroupe douze syndicats de la fonction publique et un syndicat du secteur économique public finit par organiser une réunion extraordinaire le 28 février 2019 aboutissant à une déclaration commune prenant position pour le respect de la volonté populaire et de la liberté de manifester. Les mots sont bien choisis, le discours est très prudent ; en aucun cas les syndicats ne précisent leur position par rapport au maintien ou non de la candidature de Bouteflika.

    10Tout va se jouer à partir du moment où les étudiants s’organisent et investissent l’espace public à partir du mardi 26 février. Du côté des syndicats autonomes, ce sont ceux qui ont toujours fait exception et qui se sont alignés sur les questions démocratiques, notamment dans le contexte de 2010-2011, qui appellent les citoyens à rejoindre le hirak16. Le CNES est le premier à lancer un appel à la grève contre le cinquième mandat et le départ du régime17. Dans un communiqué datant du vendredi 1er mars 2019, il appelle la communauté universitaire à participer à la marche du jour et à celle du mardi 5 mars (marche des étudiants). Force est de constater que l’intensité des marches des étudiants à travers le territoire national à partir du 26 février a accéléré la réaction du principal syndicat de l’Enseignement supérieur en Algérie. Car le mouvement étudiant s’est élargi aux lycéens et aux collégiens qui vont durant la semaine du 10 mars déserter les établissements scolaires, marcher dans les rues et même rejoindre les marches des enseignants le 1er mars à Alger et Oran. En réalité, les syndicats autonomes attendront de voir l’évolution de la situation. Confrontés désormais au sursaut de certains secteurs dans lesquels eux-mêmes sont actifs tels que l’Enseignement supérieur et l’Éducation nationale ils s’impliquent et réagissent progressivement au hirak. À partir de ce moment, les syndicats autonomes vont lancer de multiples appels à marcher.

    11Lorsque l’intersyndicale de l’Éducation lance un appel pour une grève le mardi 13 mars et des marches pacifiques au niveau national, ses positions ne sont pas entièrement claires. Il s’agit de soutenir le hirak du peuple, mais dans son communiqué aucune référence n’est faite au régime, au pouvoir, au cinquième mandat, ou au Président Bouteflika :

    « Les syndicats autonomes de l’Éducation nationale dans le respect de la Constitution et des lois de la République appellent au respect de la volonté populaire et à œuvrer, à soutenir le caractère pacifique du hirak populaire en appelant les autorités supérieures du pays à protéger et à assurer la sécurité des manifestants et à soutenir les décisions du peuple algérien18. »

    12Pour la première fois dans une déclaration datant du 1eravril 2019, soit au bout du sixième vendredi du hirak, la CSA précise sa position en ces termes : « Nous refusons les décisions émanant de la lettre du président en date du 14 mars 2019 et ce qui en résulte, donc nous refusons la composition du nouveau gouvernement19. » La CSA lance dans la foulée un appel à la grève nationale pour le 10 avril et une marche pacifique au niveau de la capitale Alger à partir de la place du 1er mai20.

    Vers un boycott généralisé du régime politique ?

    13Malgré des débuts hésitants, les syndicats autonomes structurés au sein de la CSA finissent par prendre des positions publiques en appelant les travailleurs à faire grève et à contester l’état des choses. L’intersyndicale de l’Éducation annonce le 5 mars qu’elle rejoint le mouvement populaire ; elle sera suivie le lendemain par l’intersyndicale de la Santé. Les acteurs syndicaux issus de ces deux intersyndicales (non reconnues) interviennent de manière très remarquée dans des débats publics et dans les médias.

    14Invités à la mi-mars par le Premier ministre à participer aux consultations pour la constitution du nouveau gouvernement, les syndicats autonomes refusent. L’intersyndicale de l’Éducation publie le 17 mars un communiqué, suivi par celui de l’intersyndicale de la Santé. Le CNES, quant à lui, déclare : « […] notre place naturelle est dans les rangs du peuple pour la défense de ses droits et la concrétisation de ses ambitions légitimes [… ]21 ». Une grève est lancée par la CSA en réaction à l’annonce de la composition du gouvernement Bedoui. Elle est suivie de manière relativement importante le 10 avril sur tout le territoire national. La répression touche alors les syndicalistes : 35 d’entre eux sont arrêtés22. En avril, ils refusent à nouveau l’invitation du président par intérim Abdelakder Bensalah23 à prendre part à la Conférence nationale qui a eu lieu le 22 avril en vue de préparer les élections présidentielles, et annoncent une grande marche le 1er mai24. Le 27 juin, 15 syndicats autonomes refusent l’invitation du ministre du Travail pour une rencontre-débat sur le droit syndical. Le boycott des instances de négociation et de dialogue s’étend. En réalité, le refus des syndicats autonomes s’explique aussi par le fait qu’ils n’ont jamais été invités par le passé à participer à ce genre de consultations puisque considérés comme non représentatifs. Le hirak a impacté de manière significative les relations entre le pouvoir et les syndicats autonomes puisque pour la première fois ils sont reconnus comme un interlocuteur légitime.

    Vers une restructuration du champ syndical ?

    15La contestation se structure. Une routine s’installe, où les syndicats autonomes, les travailleurs et les étudiants marchent les mardis, les avocats les jeudis. Les travailleurs affiliés à l’UGTA organisent chaque samedi des sit-in devant la Maison du peuple (siège de la Centrale syndicale à Alger) durant les mois de mars et d’avril pour réclamer le départ du secrétaire général25.

    16Le 11 avril, le secrétaire général de l’UGTA Sidi Saïd annonce lors d’une session extraordinaire à Oran la tenue d’un congrès exceptionnel. Il annonce qu’il ne se présentera pas pour un nouveau mandat. Il est remplacé le 21 juin par Salim Labatcha élu à l’issue du 13e congrès de l’UGTA. Même si le départ de l’ancien secrétaire général en poste depuis 23 ans (1997-2019), l’un des symboles forts du régime constitue pour les travailleurs un acquis très fort du hirak, ceci ne signifie en aucun cas une réforme significative dans la ligne de la Centrale. Le nouvel élu a été secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de l’agro-alimentaire (FNTA) pendant huit ans, il a été également député du Parti des travailleurs (PT). Il affirme plus tard soutenir les élections présidentielles du 12 décembre, que les acteurs du hirak refusent. Il va même être à l’origine d’un appel pour un rassemblement devant le siège de l’UGTA suivi d’une marche vers la place du 1er mai le 30 novembre, pour dénoncer « l’ingérence étrangère26 » qui va vite se transformer en marche de soutien aux élections présidentielles du 12 décembre tout en déclarant que l’UGTA n’appuie aucun candidat27. En réalité, la Centrale syndicale résiste aux effets du hirak malgré la colère des travailleurs et la volonté de changement qui s’exprime. L’organisation se maintient et demeure fidèle à son fonctionnement où il s’agit avant tout de soutenir les choix du régime, une ligne de conduite tenue depuis l’indépendance.

    17Plusieurs syndicats autonomes font l’objet aussi de contestations internes et des voix s’élèvent pour réclamer le départ de responsables syndicaux. C’est le cas au Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) où l’Union des personnels de la jeunesse et des sports organise le 25 septembre une réunion extraordinaire : à l’ordre du jour, l’éviction du président, Belkacem Felfoul28. Dans d’autres cas, les instances dirigeantes devancent la contestation et montrent leur « bonne volonté démocratique ». À la CSA, Lyes Mrabet, président du SNPSP, succède à Sadek Dziri comme coordinateur national29. Le CNES30 annonce aussi en septembre la tenue d’un congrès prochain. En réalité, ces syndicats tentent d’affirmer une volonté de changement y compris dans leur fonctionnement, car en leur sein aussi, une élite syndicale était restée en place depuis au moins une décennie.

    Contestation et résurgence des revendications sectorielles

    18Dans son engagement au sein du hirak, le champ syndical est marqué par le maintien des revendications socioprofessionnelles qui sont nombreuses notamment depuis 2010-2011. Les revendications sectorielles en lien avec la précarité du travail ne disparaissent pas en 2019. À Oran par exemple, plus d’un millier de travailleurs saisonniers municipaux de l’hygiène et de l’assainissement réclament des contrats à durée indéterminée. Ils saisissent le contexte du hirak pour faire connaître leurs revendications. Leur demande sera prise en compte. Le préfet annonce le 6 avril la titularisation de l’ensemble de ces travailleurs après avoir obtenu une dérogation spéciale du ministère du Travail31. À l’échelle nationale, les travailleurs du pré-emploi32 revendiquent leur titularisation. Le ministre du Travail annonce dès février 2019 que plus de 360000 personnes concernées au niveau national seront titularisées33.

    19Cette promesse ne suffit pas puisque la protestation reprend notamment à l’échelle locale dans plusieurs wilayas dont Mostaganem en juillet et Bouira en novembre. Le gouvernement annonce en novembre un plan d’intégration sur trois ans34. Une décision qualifiée de « politique » par les observateurs puisqu’elle intervient à l’approche des élections présidentielles du 12 décembre35.

    20Les effets de la contestation dans le cadre du hirak se font fortement sentir dans le champ syndical autonome. À partir du 22 février 2019, on assiste à l’émergence de nouveaux acteurs et à la réactivation de dynamiques contestataires antérieures : journalistes, enseignants, avocats, magistrats, travailleurs du secteur économique investissent l’espace public.

    Les journalistes algériens dénoncent la censure

    21L’opinion publique est abasourdie le 3 mars devant l’inconfort de Nadia Maddassi, présentatrice depuis 15 ans du journal de 20 h sur la chaîne Canal Algérie, contrainte de lire la lettre du président Abdelaziz Bouteflika dans laquelle il maintient sa candidature pour un cinquième mandat. Elle annonce le lendemain quitter son poste. Dès le 28 février, une centaine de journalistes organise à Alger un sit-in place de la Liberté de la presse pour revendiquer le droit à l’information suite à la non-couverture médiatique des marches du 22 février par une grande partie de la presse nationale. Le 24 février, la démission de Meriem Abdou, rédactrice en chef de la radio nationale Chaîne 3, crée la stupéfaction dans le milieu des médias. Le 7 mars, la section UGTA de la radio nationale se démarque de la position de sa Centrale, jugée pro-régime. Elle sera suivie par la section ENTV (télévision nationale) le 10 mars. Le 2 mai se tient le congrès constitutif d’un nouveau syndicat autonome, le Conseil national des journalistes algériens (CNJA) ; deux mois plus tard, le ministère du Travail accorde un récépissé d’enregistrement à ce nouveau syndicat36. Le 11 novembre 2019, un collectif de 160 journalistes signe une pétition annonçant l’organisation d’actions contestataires pour dénoncer les pressions, les censures et les arrestations arbitraires de journalistes. Il s’agit ici d’événements marquants puisque pareilles actions n’avaient pas eu lieu par exemple en 2018 lorsque plusieurs journalistes avaient fait l’objet de poursuites judiciaires pour leurs opinions politiques37.

    La confédération syndicale des forces productives investit le terrain de l’Union générale des travailleurs algériens

    22Devant l’ampleur du mouvement contestataire des étudiants, le ministre de l’Enseignement supérieur annonce la décision d’avancer les vacances de printemps et de les prolonger du 10 mars au 4 avril 201938. Cette décision, loin de démobiliser les étudiants, suscite la colère d’une grande partie des Algériens. Au même moment, un appel à la grève générale est lancé sur les réseaux sociaux39. Certains parlent même de désobéissance civile. Fait surprenant, cet appel va être repris par un syndicat existant depuis février 1990, la Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP), et dont on ne connaît, ni le nombre d’adhérents, ni l’activité. Malgré des années d’invisibilité40, il prend rapidement la parole, porté par l’élan du hirak, et lance un appel aux journalistes algériens le 24 février sous le titre « N’est-il pas venu le temps de briser les chaînes41 ? », en réaction à l’absence de couverture des médias des marches du 22 février. Le 28 février, la COSYFOP lance un appel à la grève. La COSYFOP, qui semble être une nouvelle venue sur la scène syndicale, est en réalité dirigée par Raouf Mellal, ancien président du Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz (SNATEG), syndicat très visible en matière de protestation, gelé en décembre 2017 par une décision du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale suite à son activisme dans le secteur des hydrocarbures42. La COSYFOP récupère donc d’une certaine manière le capital militant du SNATEG.

    23À partir de ce moment, ce syndicat multiplie les appels à la grève et les déclarations, donnant l’impression d’avoir toujours été sur le devant de la scène. Même si l’appel à la grève générale est reçu et suivi de manière mitigée dans le monde du travail, il concerne des secteurs d’activités connus comme étant les bastions de l’UGTA. Les transports sont à l’arrêt notamment à Alger, Annaba, Constantine et Bejaïa. Les travailleurs de SONELGAZ d’Alger font grève ; dans plusieurs wilayas, les commerces sont fermés en partie (Ain Benian, Eulma). Bejaïa est qualifiée de « ville fantôme » par la presse nationale : son port pétrolier est à l’arrêt, les travailleurs de Cévital (groupe agro-alimentaire appartenant à Isaad Rebrab, première fortune en Algérie) sont en grève. Un deuxième appel relayé sur les réseaux sociaux pour une grève de trois jours du 26 au 28 mars, dont on ne connaît pas l’origine, s’ensuit43. Et la troisième grève à laquelle appelle la COSYFOP les 7, 8 et 9 avril n’est que relativement suivie. Dans les wilayas où les unions de wilayas de l’UGTA ont annoncé leur retrait de confiance au secrétaire général comme Tizi-Ouzou et Bejaïa, la presse rapporte des taux de grévistes de 95 % alors qu’on ne compte que 56 % de grévistes au plan national44. C’est le contexte général qui porte la grève et il n’est pas sûr que ces travailleurs aient répondu directement aux appels de la COSYFOP. Cette dernière s’est adaptée au contexte en multipliant les appels à la grève surtout dans des secteurs d’activités peu syndiqués ou dans les bastions de l’UGTA.

    24La COSYFOP poursuit ses appels à la grève le 14 avril pour trois jours. Les travailleurs du Sud répondent présents notamment à Hassi Messaoud, Hassi Rmel, Tiguetourine45 (où se trouvent les plus importants gisements pétroliers et gaziers), mais aussi à SONELGAZ dans les villes de Boumerdès et Sétif. Début novembre, la COSYFOP appelle à une grève contre la nouvelle loi sur les hydrocarbures puis mi-novembre46 pour l’annulation des élections présidentielles. Mais au congrès suivant, les 15 et 16 février 2020 ; le conseil retire sa confiance à Raouf Mellal, accusé d’être trop impliqué en politique47 et élit Zakaria Benhadad, chargé de remettre au centre les affaires strictement syndicales. Ce dernier déclare « dans les nouveaux statuts, nous avons spécifié que l’activisme est exclu et que celui qui veut exercer de la politique n’a qu’à rejoindre un parti politique […] nous souhaitons travailler en toute liberté48 ». Le contexte a changé puisque ce congrès intervient alors que les élections présidentielles voulues par le pouvoir sont organisées et se tiennent, faisant peser une menace de plus en plus forte sur les contestataires. La position de prudence vis-à-vis du politique s’impose.

    Le Club des mille juges : un vent de révolution chez les magistrats ?

    25Le 10 mars 2019, on entend parler en Algérie pour la première fois du Club des mille juges. Il s’agit d’une liste de mille juges, près d’un quart des juges du territoire national, qui annoncent leur rejet de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Ils demandent l’indépendance de la justice algérienne et expriment leur soutien au mouvement populaire du 22 février49. Plusieurs mobilisations sont organisées par les magistrats durant le mois de mars dont celles du 10 et du 11 mars avec le rassemblement des avocats devant la cour d’Alger et plusieurs autres cours du pays. On y entend des slogans du type « Où est le premier magistrat du pays ? » (en référence au président de la République), « Non au cinquième mandat », ou encore « Pour une justice libre et indépendante et pour le respect de la séparation des pouvoirs ».

    26Le 27 mars, les juges appellent les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature à démissionner50. Le 13 avril, à l’issue d’un sit-in organisé avec les avocats devant le ministère de la Justice et auquel se sont joints les notaires et les huissiers de justice, les magistrats réclament le droit à ouvrir les dossiers de corruption sans subir de pression. Cette action se traduit aussi par le refus d’opérer la révision exceptionnelle des listes électorales en préparation des élections présidentielles. Ils réclament dans la foulée le départ des « 3 B51 ».

    27Jamais en Algérie on n’avait assisté à une telle prise de parole émanant des magistrats dans un acte qui s’apparente à une opposition ouverte. Ils refusent également de superviser les élections présidentielles prévues initialement le 4 juillet si le Code électoral n’est pas modifié de façon à ce que les juges n’en soient pas réduits à valider des résultats sans avoir le pouvoir d’observer le processus électoral. Influencé en partie par la pression populaire puisque les citoyens scandent chaque vendredi « Une justice par téléphone », dénonçant de manière imagée la corruption endémique du corps de la justice, le mouvement prend de l’ampleur.

    28Mais s’agit-il pour autant d’un acte inédit ? En réalité, le club des magistrats algériens se présente comme un syndicat en cours de constitution. Des éléments précurseurs sont à retrouver à partir de l’année 2013 lorsque quatre magistrats ont entamé une grève de la faim à la cour d’In Salah (près de Tamanrasset, dans le Sud algérien) pour réclamer l’indépendance de la justice. Dans une lettre adressée au ministre, ils dénoncent alors les pressions et les injonctions subies de la part de leur hiérarchie52. En 2014, ils tentent sans succès de créer une association de magistrats. Depuis 2016, ils sont plus de 2000 à vouloir s’organiser en syndicat autonome. Certains juges sont traduits en Conseil de discipline et une instruction émanant du ministre de la Justice Tayeb Louh et de son cabinet (no 411 du 14 mai 2016) interdit à l’ensemble des magistrats d’utiliser les réseaux sociaux53. Ce club est aujourd’hui appelé Club des magistrats algériens libres ou Club des magistrats indépendants, dont le membre fondateur et porte-parole est Saad Eddine Marzoug54. Parmi les juges qui manifestent, on trouve Issad Mabrouk, premier juge à avoir annoncé devant la cour de Bejaïa le 11 mars qu’il n’encadrerait pas les élections prévues pour le 18 avril55. Le hirak a, d’une certaine manière, libéré la parole des magistrats surtout si l’on sait que quelques mois avant le début des contestations c’est ce même juge qui condamne Merzouk Touati, blogueur algérien, à sept ans de prison pour intelligence avec l’étranger56. Très vite, Issad Mabrouk succède à Djamel Laidouni à la tête du Syndicat national des magistrats (SNM) depuis 15 ans, un syndicat autonome, mais coopté par le régime depuis sa constitution57. On assiste ainsi à une volonté de réinvestir un syndicat récupéré par le régime.

    29Après des débuts prometteurs, la réalité rattrape ce mouvement. Les arrestations des manifestants se multiplient. Les magistrats sont en première ligne et prononcent les peines. Il faut attendre le 20 septembre pour que le président du Syndicat national des magistrats Issad Mabrouk déclare qu’« un aperçu objectif de la situation de la magistrature montre l’absence de la volonté politique pour concrétiser le principe de la séparation des pouvoirs, ce qui fait que le travail de la justice est instable, en fonction des conditions liées à chaque période58 ». Dans une tentative de redynamiser le mouvement, ce syndicat entame une grève décidée avec le Club des magistrats libres entre le 27 octobre et le 4 novembre59 suite à la décision du ministère de la Justice de procéder à la mutation d’environ 3000 magistrats dans le cadre d’une politique de lutte contre la corruption60. La grève est arrêtée le 5 novembre par le SNM sans consulter le Club des magistrats ; ce dernier dénonce « un acte de trahison » et une décision « unilatérale », après que les négociations ont abouti à une promesse de révision des salaires61.

    Les avocats : un engagement pour les détenus d’opinions

    30Le Collectif des avocats pour la dignité et le changement (CADC) s’est constitué dès le lendemain de la marche du 22 février à l’initiative d’un noyau d’avocats de Tizi Ouzou qui lance un appel national pour une marche sectorielle le 28 février : la « marche de la dignité ». Très vite, une autre action est organisée le 7 mars 2019 où plus de 1000 avocats marchent à Alger en direction du Conseil constitutionnel ; ce sont des membres des barreaux d’Alger, Blida, Tizi Ouzou, Boumerdès, Sétif, Bouira, Tipaza et Biskra62. Ils appellent notamment au respect des lois de la République et au respect de la volonté populaire, tout en demandant à leur tour le retrait de la candidature de Bouteflika et l’application de l’article 102 de la Constitution63. Les marches se succèdent et réunissent souvent les avocats et les magistrats. L’Ordre des avocats d’Alger s’engage à partir du 5 mars à défendre les marcheurs arrêtés lors des manifestations. Plusieurs collectifs d’avocats suivent. Le CADC se positionne dans la défense de tous les détenus politiques, et notamment de ceux qui ont été arrêtés pour port du drapeau amazigh. D’autre collectifs se constituent autour d’arrestations symboliques, comme par exemple le Collectif de défense de l’ancien officier de l’ALN Lakhdar Bouregâa arrêté pour « participation, en temps de paix, à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale et à un corps constitué ». Cette démarche de s’organiser en collectif pour défendre les détenus politiques se généralise au niveau national, mais ne voit cependant pas le jour avec le hirak. Les avocats issus du mouvement Mouwatana (Citoyenneté) et de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme avaient déjà été membres actifs de comités de défense et ce mode d’organisation est la continuité d’engagements plus anciens64.

    La contestation des professeurs de l’enseignement primaire ou l’autre faiblesse du syndicalisme autonome

    31L’émergence d’un mouvement gréviste dans les écoles primaires en dehors des structures syndicales autonomes traditionnelles était jusqu’au hirak du domaine de l’impensable. Les syndicats autonomes du secteur de l’éducation sont parmi les plus visibles dans le champ contestataire ; ils sont à l’origine des acquis des travailleurs ces deux dernières décennies. Au nombre de 1065, six d’entre eux sont organisés en une intersyndicale. Cependant depuis le 7 octobre 2019, soit trois semaines après la rentrée scolaire, les enseignants du primaire établissent des sit-in chaque lundi devant le ministère de l’Éducation et appellent à des grèves nationales. Organisés en « Coordination nationale des professeurs de l’enseignement primaire » ces travailleurs ont choisi de se démarquer en matière de représentation des syndicats traditionnellement bien installés dans le secteur tels que l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (UNPEF) ou le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE66). Ces deux derniers syndicats, marqués par les grèves du 7 et du 14 octobre à laquelle avaient appelé des enseignants anonymes sur des pages Facebook puis structurés au sein de la Coordination nationale des professeurs de l’enseignement primaire, tentent de rallier ce mouvement qui leur échappe en lançant à leur tour des appels à la grève. Cette Coordination annonce début décembre le boycott des examens scolaires. Leur principale revendication, déjà formulée par le passé par les syndicats autonomes, concerne le reclassement des personnels de l’Éducation67. Khalida, institutrice à Relizane, déclare : « J’ai adhéré au syndicat CNAPESTE depuis 2017, mais j’ai décidé de rejoindre le mouvement de protestation de la Coordination parce qu’elle représente seulement les enseignants du primaire et donc peut mieux nous défendre […] notre voix était étouffée ». La Coordination décide d’arrêter provisoirement sa grève pendant la semaine du 12 décembre, au moment des élections présidentielles, pour éviter « une politisation du mouvement à des fins obscures », comme le dit une institutrice68. Malgré la force du mouvement, c’est avec les syndicats autonomes de l’Éducation et non avec la Coordination que le ministre de l’Éducation entame le dialogue. Ce qui va d’une certaine manière affaiblir le mouvement qui, au fil des semaines, compte de moins en moins de grévistes69.

    Les syndicats autonomes et le débat sur la transition démocratique

    L’entrée des syndicats autonomes en rangs dispersés dans le débat politique

    32En réaction à la portée populaire du hirak, la nécessité d’ouvrir un débat autour de la transition démocratique voit le jour et se précise autour de trois tendances au sein de la société civile.

    33Le Forum civil pour le changement, qui s’est constitué dès le 9 mars 2019 autour de 70 associations locales et nationales70 est favorable à l’idée d’aller vers des élections présidentielles le plus rapidement possible.

    34Le Collectif de la société civile pour une transition démocratique qui regroupe 28 associations et syndicats depuis le 18 mars 201971 et qui est une sorte de CNDC élargie puisqu’on y retrouve les mêmes organisations qui l’avaient créée en 2011, parmi lesquelles la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), le Rassemblement action jeunesse (RAJ) et des syndicats autonomes. Les syndicats ayant pris part à ce collectif sont le SNAPAP et sa confédération la CGATA, mais aussi le Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC). Ce collectif prône plutôt une période de transition démocratique sans se précipiter vers des élections présidentielles.

    35La Confédération des syndicats autonomes (CSA) qui regroupe treize syndicats et qui compte des syndicats partagés entre les deux premières tendances. En son sein se jouent des tensions sur les relations entre partis et syndicats. Pourtant il est à rappeler qu’antérieurement la CSA s’est exprimée clairement en faveur d’une période de transition72. Ces débats compliquent fortement l’émergence d’un consensus ou d’une vision commune autour de l’avenir politique du pays.

    36L’idée d’une Conférence nationale de la société civile qui proposerait une feuille de route pour une transition démocratique voit le jour le 27 avril 2019 à l’issue d’une réunion du Collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique. La Confédération des syndicats autonomes organise de son côté une première réunion le 4 mai, puis des journées portes ouvertes de la société civile ont lieu le 18 mai pour aboutir à l’idée d’une conférence nationale élargie. Elle réunit principalement 15 syndicats et 30 associations au siège du CNAPESTE73 issus principalement de la CSA et du Collectif de la société civile. Ils appellent l’armée à un dialogue franc et à la nécessité d’une période de transition pacifique74. Le lendemain, la CSA rend public un communiqué dans lequel on parle de « rejet catégorique de la décision de tenir et d’organiser une élection présidentielle le 4 juillet » et « [du] départ des symboles du régime actuel en réponse aux revendications populaires75 ». La tenue de la Conférence nationale se précise le 25 mai au cours d’une rencontre organisée par la CSA et qui réunit les trois tendances autour de 60 associations et syndicats dont l’objet est de discuter un avant-projet d’une feuille de route76. Dans la même lancée, une autre rencontre est organisée le 1er juin par les trois tendances. Dans le communiqué, on réaffirme la nécessité d’aller vers « une transition démocratique souple qui consacrera la rupture avec le système dictatorial et corrompu en mettant un terme aux mascarades des fraudes électorales afin d’entamer l’édification d’institutions légitimes et crédibles77 ». Finalement, ces trois tendances, désormais baptisées « Dynamiques de la société civile » se réunissent le 8 juin 2019 à l’issue d’une 4e réunion préparatoire. Deux tendances émergent : la première est pour une « Constituante », donc une révision de la Constitution avant d’organiser des élections présidentielles ; la seconde est favorable à des élections présidentielles puis à une convocation du corps électoral par le président élu en vue d’une Constituante78. Cette réunion qui réunit 71 syndicats autonomes et associations est marquée par l’échec d’un débat consensuel malgré des débuts prometteurs.

    37Finalement, la conférence nationale se tient le 15 mai. Entre 70 et 80 organisations y prennent part avec plus de 400 participants. La feuille de route intitulée « Initiative des forces de la société civile pour une sortie de crise et une transition démocratique vers une nouvelle République » est rendue publique, mais elle n’est signée par aucune des trois dynamiques ni par les participants79. Ce document met l’accent sur la nécessité de l’installation « d’une instance présidentielle consensuelle, d’un gouvernement de compétence nationale, d’une Commission indépendante pour organiser les élections ». Le presque « consensus » difficile autour d’une période de transition va vite connaître un désenchantement puisque le Forum civil pour le changement, l’une des trois composantes des dynamiques de la société civile, propose une liste de 13 personnalités nationales80 pour un dialogue national, une initiative qui trouve un écho au sein du régime puisque le 25 juillet le président par intérim Abdelkader Bensalah annonce l’installation d’une instance de dialogue et de médiation avec les acteurs du hirak dirigée par Karim Younes81. Cette nouvelle instance dite « Panel de Karim Younes » se transforme sous la pression du régime en instance de préparation au plus vite des élections présidentielles.

    38Ce qu’il y a à retenir de cette première implication des syndicats autonomes dans le débat sur la transition démocratique est la difficile conciliation entre une majorité de syndicats, longtemps absents du débat politique sur la question démocratique, et des syndicats qui se sont alignés depuis 2011 sur ce combat, les premiers étant en partie proches des partis nationalistes et islamistes, tandis que les seconds sont plus liés aux partis démocrates de l’opposition. Les différences de tendances politiques ont eu une influence significative sur la tournure du débat et ses retombées. Pourtant c’est la Confédération des syndicats autonomes qui s’est le plus investie dans l’organisation de cette conférence nationale. La volonté est bien là, mais les différences idéologiques ont pris le dessus.

    La feuille de route de la conférence nationale vue par le bas

    39Les marcheurs du vendredi s’accordent sur le fait que les syndicats autonomes ont joué un rôle important dans le hirak en soutenant et en participant aux marches des vendredis. Toutefois, au sein de la société civile et des syndicats des divergences apparaissent rapidement. À Oran, lors d’une rencontre débat organisée au siège de la LADDH avec le SNAPAP (CGATA) le 23 juin pour discuter de la conférence nationale et de la feuille de route de la société civile, les réactions sont partagées82. D’emblée, la question de la représentativité des organisations ayant pris part est évoquée. Des syndicalistes présents évoquent un débat contrôlé, dans lequel la distribution de la parole a été hiérarchisée et maîtrisée. Par exemple la représentante de la CGATA et du SNAPAP, Nadia Djadour est priée de couper court à son intervention83 selon plusieurs témoignages84. Un syndicaliste va plus loin, selon lui, « Il n’y a rien. Où est le compromis […] ? À aucun moment les mots Constitution, Assemblée constituante, armée, ne sont évoqués […] on parle de tout sauf des décideurs […] cette feuille de route donne l’impression d’un consensus autour de l’armée ». Un autre syndicaliste lance : « Ils ont appelé quelqu’un d’Oran juste pour avoir quelqu’un d’Oran », « Pas de signataire […] pas de transparence ». Un journaliste et militant du hirak à Oran se pose la question du déroulement de cette rencontre notamment à propos de la tenue ou non de débats citoyens, d’Assemblées générales. Il se demande s’il y a eu des consignes préalables. Il parle d’inculture du dialogue et dénonce le fait qu’il n’y ait pas eu de travail en plénière ; ce qu’il reproche à cette rencontre c’est le manque de transparence et de débat. Un militant de la LADDH d’Oran fait remarquer que la conférence n’a pas posé de préalables85. Un syndicaliste ajoute : « Des syndicats ykhadmou maahoum (qui travaillent avec “eux”) qui n’ont même pas déposé en 2018 le dossier pour mettre à jour les listes de leurs adhérents […] Ils ont quand même été jugés représentatifs ». Un journaliste et militant de la LADDH d’Oran fait remarquer qu’il y a eu très peu de couvertures médiatiques et que certains participants ont été empêchés de filmer les débats86. Il note aussi « la présence des partis politiques de manière intelligente, le MSP87 était présent via son association Irchad wa islah. Le mouvement Mouwatana représentait en réalité le parti UCP de Zoubida Assoul […] ». Pour ce dernier, Le Forum civil pour le changement n’est qu’une initiative derrière laquelle se trouve le régime. Il est conforté dans cette idée par un militant de la LADDH qui ajoute que ce Forum est sorti de nulle part. Certains auraient souhaité observer une minute de silence à la mémoire de Kamel Eddine Fekhar, militant mozabite, mort quelques jours plutôt en prison après cinquante jours de grève de faim88, mais le président de la CSA aurait refusé. En réalité, ce que reprochent les militants d’Oran à la Conférence nationale c’est le peu de « transparence et de démocratie » qui a marqué son déroulement et les divergences idéologiques à l’image de l’ouverture de la conférence par la récitation de la Fatiha (Sourate coranique) ce qui a posé la question de l’empreinte religieuse89. Comme le soulignent Dris Cherif et Louisa Aït Hamadouche, l’un des freins à la constitution d’un front uni de l’opposition est d’ordre idéologique90.

    40Le cas d’Oran montre que les enjeux locaux des syndicats par rapport au hirak semblent très différents des enjeux nationaux. Il y a un consensus autour du fait qu’un débat politique où les syndicats doivent jouer un rôle est nécessaire, mais pas au détriment du rôle primordial d’accompagnement de la contestation auprès des citoyens. Des syndicats comme le SNAPAP et le SESS tous deux affiliés à la CGATA et la LADDH d’Oran ont fait le choix d’être au « côté des citoyens » en soutenant les initiatives comme la création du Comité contre la répression d’Oran avec des militants de la société civile et de simples citoyens, en organisant des débats sur la question de la transition démocratique et en soutenant les marches des étudiants chaque mardi. Une tradition aussi est née grâce à ces deux syndicats : un sit-in devant les commissariats à chaque fois que les marcheurs sont embarqués pour faire pression jusqu’à ce qu’ils soient libérés. Par ailleurs, le syndicaliste du SNAPAP Selim Mecheri devient l’une des figures du hirak se fait remarquer par sa capacité à inventer de nouveaux slogans tous les vendredis en fonction de l’évolution de l’actualité politique.

    Encadré 4 : Pendant ce temps… La Kabylie, l’exception du consensus
    Les syndicats autonomes qui ont, enfin, pris part au débat politique se voient en partie délégitimés par une adhésion partielle aux mouvements grévistes qu’ils tentent désormais d’impulser. Déjà, la marche du 1er mai à Alger a été empêchée et dispersée par la police, la seconde annoncée le 28 octobre connaît un suivi mitigé. S’agit-il pour autant d’un début de discrédit engagé par la base à cause de la politisation des syndicats autonomes ?
    Au niveau local, l’exception est de taille au cœur de la Kabylie, puisque les syndicats, qui n’ont jamais pu s’unir au cœur du hirak, entrent dans une même dynamique, ils réussissent à mobiliser les travailleurs de manière unitaire ainsi que les organisations locales des syndicats suivants : la CSA, la CGATA, le CACD et même l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ils signent des appels communs adressés aux travailleurs pour soutenir le hirak par la grève et pour refuser les élections présidentielles du 12 décembre. Une coalition regroupant syndicats autonomes, associations et collectifs est née ; il s’agit de la Coalition de la société civile de Tizi Ouzou. S’il en est de même à Béjaïa ville ainsi que dans d’autres villes de la wilaya (Kheratta, El Kseur, Seddouk, Tazmalt), cela n’est pas le cas dans le reste du territoire national et notamment à Alger remettant ainsi en question la capacité mobilisatrice des syndicats autonomes au niveau national.

    Le rapprochement entre les partis politiques et les syndicats autonomes pour un dialogue national

    41Les partis politiques ne tardent pas à réagir à la conférence nationale des dynamiques de la société civile du 15 juin puisque dans le texte final les initiateurs lancent un appel à la classe politique en vue de l’ouverture d’un débat national sur la situation politique économique et sociale du pays. À cause des différences idéologiques, ce sont deux initiatives qui émergent91.

    42La première, dite Forces de l’alternative démocratique, réunit sept partis de l’opposition et la LADDH. Elle voit le jour le 18 juin. Les Forces de l’alternative démocratique appellent les syndicats et le mouvement associatif à se joindre à eux pour débattre. Une conférence est organisée le 26 juin92, elle aboutit à un document, le Pacte de l’alternative démocratique (PAD). Ce pacte pose des préalables comme la libération des détenus d’opinion et celle du champ politique et médiatique ; les mêmes préalables affichés par les dynamiques de la société civile à l’issue de la réunion du 1er juin 2019.

    43La seconde initiative partisane s’appelle Les Forces du changement pour le soutien du choix du peuple93 et regroupe huit partis politiques, principalement des partis nationalistes (Talaie El-Houriat – Avant-garde des libertés –, Jil Jadid et des partis islamistes – MSP, Ennahda, FJD94). Elle annonce la tenue de la conférence nationale pour le dialogue le 6 juillet dirigée par Abdel Aziz Rahabi (boycottée par les Forces de l’alternative démocratique) à laquelle les trois dynamiques de la société civile sont conviées. Les syndicats membres de la CSA se réunissent le 5 juillet pour discuter d’une éventuelle participation. Finalement, certains décident d’aller à titre individuel à la Conférence nationale du dialogue. Ils le font en tant qu’observateurs, selon le secrétaire général du SATEF95, tandis que le Collectif de la société civile, créé autour du RAJ, décide de participer avec sept représentants à la Conférence nationale du 15 juin et les dynamiques de la société civile y sont représentées par Sadek Dziri ancien président de la CSA et président du syndicat de l’UNPEF96. Cette configuration ne fait que confirmer les divisions et les alliances traditionnelles entre partis de l’opposition démocratique proches des syndicats – tels que le SATEF, le SNAPAP, le CNES, le CELA – et ceux proches des partis islamistes et nationalistes – tels que le SNTE et l’UNPEF. Elle atteste également de l’incapacité à réconcilier les diverses tendances autour d’un consensus national.

    Que reste-t-il de la Conférence nationale de la société civile ?

    44La Confédération des syndicats autonomes, toujours très impliquée dans l’activité des dynamiques de la société civile, s’active. Dès le mois d’août 2019, les dynamiques de la société civile organisent plusieurs rencontres pour préparer une « deuxième Conférence nationale élargie » avec la participation des représentants des Forces de l’alternative démocratique, du Pôle des forces pour le changement et des étudiants97. Il est question de discuter d’une Conférence nationale « élargie, unitaire et inclusive ». Cela dit, depuis la Conférence du 15 juin, beaucoup de délégués pro-élection ont quitté les dynamiques. En outre, le Forum civil pour le changement a été à l’origine de l’idée de la création du Panel de Karim Younes chargé de préparer les élections. Certains syndicalistes se sont aussi rangés en faveur des propositions du régime. À titre d’exemple, un syndicaliste du CNAPESTE fait partie de ce panel et un autre syndicaliste du CNES est nommé vice-président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE98). Beaucoup ont été placés en détention provisoire et poursuivis en justice à l’image de Abdelovahab Fersaoui président du RAJ et l’un des principaux initiateurs de la Conférence nationale de la société civile. Ces éléments montrent que les dynamiques ont été affaiblies non seulement par les divergences idéologiques, la répression qui s’est abattue sur les militants, mais aussi par le fait que le régime s’est appuyé sur l’armée comme interlocuteur politique en vue d’imposer les élections du 12 décembre. Cette fois, les dynamiques de la société civile ont pris conscience de la nécessité d’ouvrir le dialogue et de l’élargir vers tous les acteurs du hirak. Lyes Mrabet (CSA) déclare à la presse la présence au sein des dynamiques « [d’] associations moins connues […]. Il y a des artistes, des avocats, des associations de défense et de promotion de la condition de la femme, etc. C’est un espace diversifié et assez représentatif99 ».

    45À l’occasion de l’annonce de la tenue de la deuxième Conférence nationale de la société civile annoncée pour le 20 février 2020, appelée aussi « Les assises du hirak », on apprend qu’étudiants, acteurs indépendants du hirak, journalistes (dont Khaled Drareni) et représentants de la diaspora vont y prendre part100. La Conférence n’aura pas lieu puisque le contexte a changé depuis que la répression s’abat sur les militants. Il semble que le régime ne tienne pas particulièrement à voir ces nouvelles figures du hirak prendre la parole dans un contexte organisé. La conférence de presse qui doit annoncer la conférence est empêchée par la police et se tient finalement le lendemain à l’initiative de Khaled Drareni au siège de l’association « SOS disparus ». Finalement, un texte appelé « Manifeste du 22.2 » se substitue à cette deuxième Conférence nationale. Il reprend les slogans phares du hirak – dont « Yetnahaw ga3 ! » (Qu’ils s’arrachent tous), « Dawla madaniya machi askariya » (État civil et non militaire) ou encore « Echaab t’harar houwa li iqarar » (Le peuple s’est libéré, c’est lui qui décide) – et met l’accent entre autres sur l’instauration d’un contrat politique qui traduise la volonté populaire, la souveraineté de la nation et la question des libertés et des droits de l’Homme en général. Ce qu’il faut retenir est la conscience tardive des dynamiques de la société civile de la nécessité d’impliquer dès le départ ces acteurs qui se sont progressivement transformés en figures et en forces du hirak et qui n’appartiennent pas forcément à des organisations ou à des collectifs, mais qui, dans l’espace contestataire, ont été sur le devant de la scène.

    46Après les élections présidentielles du 12 décembre, le coronavirus a doublement pénalisé le hirak, puisqu’il est devenu impossible de marcher, de manifester et de se réunir. C’est dans ce contexte que le nouveau président élu Abdelmajid Tebboune présente l’avant-projet de la Constitution aux partis politiques, aux associations et aux syndicats. Le président de la CSA commente ce projet constitutionnel en observant qu’il n’apporte rien de nouveau aux libertés syndicales (garanties selon le texte) puisque le problème se situe au niveau des lois organiques et des textes d’applications. Il cite comme exemple l’incapacité des syndicats à se confédérer à l’image de la CSA, toujours non enregistrée auprès du ministère du Travail101. Plus de dix-huit mois après le hirak, on revient à une situation où les mêmes revendications et les mêmes préoccupations sont en suspens.

    Conclusion : les syndicats autonomes et le hirak. Jusqu’où ?

    47Si le mouvement social du 22 février a transformé de manière significative le champ syndical algérien, encourageant les syndicats autonomes à sortir de la neutralité politique et à assumer une participation au processus de transition démocratique, il se trouve que cette implication demeure toutefois entravée par plusieurs facteurs et soulève maintes interrogations. Aussi, il convient de remarquer que, malgré les tentatives d’encadrement du hirak par les syndicats autonomes et le rôle important qu’ils ont joué, les revendications sectorielles exprimées par ces derniers durant les deux dernières décennies ressurgissent. Elles sont réinventées et redynamisées par de nouveaux acteurs dans le cadre de micro-mouvements et parfois même de mouvements de grande ampleur à l’échelle locale ou nationale. Certes, il est tout à fait juste d’observer que ces syndicats ont joué un rôle considérable qui a consisté à soutenir et à encadrer le hirak dans plusieurs de ces aspects comme on a pu l’observer à Oran, Béjaïa et Tizi Ouzou notamment. Toutefois, ces syndicats ont été « bousculés » par les revendications sectorielles portées principalement par les avocats, les étudiants, les journalistes, les magistrats et les instituteurs et qui s’inscrivent, en fait, dans la continuité de traditions syndicales bien ancrées. Si elles sont qualifiées de « nouvelles », c’est que le sujet même des contestations a changé, puisqu’on exige désormais, par les luttes syndicales, le départ du régime. Les formes de protestation, les revendications sectorielles et plus largement sociales s’articulent à ce nouveau contexte qui se situe à l’opposé de plus de deux décennies de syndicalisme autonome de type corporatiste où ces questions ont été évincées de manière consciente ou non de l’agenda contestataire.

    48Il faut aussi s’interroger sur la question de la représentativité et de ce qu’elle implique réellement dans le contexte de ce nouveau mouvement social. Le sursaut, certes court, mais très remarqué des travailleurs du secteur économique public et privé durant les mois de mars et avril a montré les limites de l’action syndicale classique. En Algérie, 90 % du secteur privé ne dispose pas de syndicat alors que l’on compte aujourd’hui 91 syndicats de travailleurs, dont 63 implantés dans les institutions et les administrations publiques (dont 25 dans l’Éducation nationale et 19 dans la Santé publique102). Il s’agit principalement de syndicats autonomes qu’on peut qualifier de syndicats de « cols blancs » qui, de plus, sont les mêmes qui se sont engagés de différentes manières dans le hirak, que ce soit à travers la CSA (pour 13 d’entre eux) ou le Collectif de la société civile (pour 3 d’entre eux). À l’exception de quelques sections UGTA, notamment en Kabylie, on peut constater que la majorité des syndicats qui « existent » officiellement n’ont pas rejoint le hirak.

    49Ce nouveau contexte soulève donc plusieurs questions. Elles concernent le fait d’avoir associé ou non de réels acteurs ayant pris part au hirak en dehors de ces organisations, mais également la transparence des débats. En réalité, le champ syndical dans le contexte du hirak est traversé par une contradiction de taille entre ceux qui ont toujours été mobilisés et qui revendiquent une certaine légitimité contestataire et ceux qui se découvrent militants et qui d’emblée sont politisés sur les questions du changement et de la démocratie ; les premiers sont très organisés, même très institutionnalisés, les seconds sont dans l’apprentissage.

    50Les relations de proximité entre certains partis et syndicats n’ont fait qu’accentuer la difficulté d’instaurer un vrai dialogue sur la transition démocratique entre les courants des démocrates et des islamo-nationalistes. Les syndicats sont partagés ; un fait qui se justifie principalement par l’implication très remarquée des partis politiques de manière directe ou indirecte dans la constitution des syndicats durant les années 1990 au cours desquelles, rappelons-le, le pluralisme syndical s’est fait en parallèle avec le pluralisme partisan.

    51Le plus grand acquis des syndicats autonomes par rapport au hirak a été sans doute le fait d’être considérés pour la première fois comme des interlocuteurs du régime. Bien que d’une manière inégale, on assiste à une normalisation des relations entre les syndicats autonomes et le pouvoir jamais observé auparavant, en contrepartie, le régime se montre moins tolérant avec les collectifs naissants comme ce fut le cas pour les syndicats autonomes par le passé. Il n’est pas sûr aussi que ce dernier soit disposé à ouvrir le champ du dialogue avec de nouveaux acteurs.

    Notes de bas de page

    1  Le sociologue Mohamed Mebtoul justifie la référence au mouvement social qui lui semble plus adéquate quant au mouvement du 22 février par le fait qu’il s’agit d’« une construction sociale et politique qui efface toute spontanéité » (Mohamed Mebtoul, 2019, Libertés, dignité, algérianité, avant et pendant le hirak, Alger, Éditions Koukou).

    2  Mahdi Boukhalfa parle de « Zénitude des vendredisants » (Mahdi Boukhalfa, 2019, La révolution du 22 février. De la contestation à la chute Bouteflika, Alger, Chihab éditions).

    3  Le mot hirak vient du mot arabe « haraka » qui signifie mouvement ; il a fini par s’imposer et a été inspiré sans doute par le hirak du Rif marocain en février 2016. Voir Abderrahmane Rachik, 2017, La société contre l’État, mouvements sociaux et stratégie de la rue au Maroc, Casablanca, Éditions La Croisée des Chemins. Il est à noter qu’en Algérie journalistes et observateurs ont mis l’accent sur l’usage de « harak » dans la prononciation populaire durant les premières semaines. Voir Rachid Sidi Boumediene, 2019, Aux sources du hirak, Alger, Chihab Éditions, p. 53 ; Ameziane Ferhani, 2019, « du hirak au harak : tentative de lexique », El Watan, 17 mai, p. 14 [En ligne : https://www.elwatan.com/wp-content/uploads/2019/05/elwatanWe20190517.pdf].

    4  Voir Isma Bersali, 2019, « Pas d’agrément pour la Confédération des syndicats autonomes : bras de fer avec le gouvernement », El Watan, 7 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/bras-de-fer-avec-le-gouvernement-07-02-2019]. La création de cette confédération a pour objectif principal de renforcer le poids des syndicats autonomes dans le dialogue social face à l’UGTA sur les questions socio-économiques et de défendre les libertés syndicales. Ce n’est pas la première fois que de telles tentatives de se confédérer voient le jour à l’approche des échéances électorales.

    5  Ce dernier quittera Mouwatana via un communiqué de son parti quelques semaines seulement après le début du hirak, voir à ce sujet, Maghreb Émergent, 2019, « Jil Djadid quitte le mouvement Mouwatana », magrebemergent.net, 27 mars [En ligne : https://maghrebemergent.net/jil-djadid-se-retire-de-mouwatana/].

    6  Hormis ces personnalités politiques, on retrouve aussi le journaliste chroniqueur Saad Bouakba, le sociologue Nacer Djabi, l’écrivain Yasmina Khadra, etc.

    7  Voir à ce sujet Mohamed Mouloudj, 2019, « Mobilisation contre le 5e mandat : Mouwatana appelle à des actions dans la rue le 24 février », Liberté, 14 février [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/mouwatana-appelle-a-des-actions-de-rue-le-24-fevrier-309487].

    8  Mokrane Ait Ouarabi, 2019, « Mouwatana maintient sa manifestation du 24 février », El Watan, 21 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/mouwatana-maintient-sa-manifestation-du-24-fevrier-21-02-2019].

    9  Sur l’évolution des syndicats autonomes en Algérie, voir Nacer Djabi et al., 2020, Travail et justice sociale. Les syndicats en Algérie : histoire, état des lieux et scénarios, Alger, Friedrich Ebert Stiftung [En ligne : http://library.fes.de/pdf-files/bueros/ algerien/15980.pdf].

    10  Voir à ce sujet Nabil Belbey, 2019, « Ministère du Travail : 121 syndicats enregistrés », L’Expression, 29 juin [En ligne : https://www.lexpression.dz/nationale/121-syndicats-enregistres-317513]. À noter que depuis, les derniers chiffres parlent de l’existence de 138 syndicats enregistrés auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale dont 48 sont inactifs. Voir à ce sujet Ilhem Tir, 2020, « Un responsable du ministère du Travail l’affirme : “39 % des syndicats n’activent pas” », le Soir d’Algérie, 24 février [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/ lesoirdalgerie/1039167].

    11  Principalement la coordination nationale des sections du CNES.

    12  Des syndicats de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de l’administration publique et de la santé publique.

    13  Le Forum des chefs d’entreprises (FCE), la Confédération nationale du patronat (CNPA), la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) et l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP).

    14  Qui regroupe les syndicats suivants : UNPEF, CLA, CNAPESTE, SATEF, SNAPEST et SNTE.

    15  Un chiffre contesté par le ministère de l’Éducation nationale qui parle de 7,58 % de taux de suivi de la grève. Voir s.n., 2019, « Grève de l’Éducation nationale, un taux de suivi de 7,58 % », El Moujahid, 28 février [En ligne : https://en.calameo.com/read/0051809584e98ca184739].

    16  À titre de rappel, les syndicats autonomes ayant pris part à la CNCD en 2011 sont : le SNAPAP, le CNES (la coordination nationale des sections du CNES), le CELA et le SATEF.

    17  À noter que ce syndicat connaît depuis 2006 une série de scissions dues principalement à des conflits de successions (élections syndicales nationales) et à l’ingérence de l’État.

    18  Traduction de l’arabe par l’autrice. Voir à ce sujet la déclaration complète en arabe dans le communiqué de l’intersyndicale de l’Éducation n° 06/2019 datant du 6 mars 2019.

    19  Traduction de l’arabe par l’autrice. Une lettre du président qui avait pour objet le prolongement de son mandat pour une année.

    20  Voir la déclaration complète dans le communiqué de la CSA n° 03/2019 datant du 1er avril 2019.

    21  Voir à ce sujet Fatma Zohra Foudil, 2019, « Le CNES rejette l’offre de Bédoui », Interlignes, 18 mars [En ligne : https://www.inter-lignes.com/le-cnesrejette-loffre-de-bedoui/].

    22  Ces 35 syndicalistes sont issus de 4 syndicats qui sont le SNPSP, le CLA, la CNAPEST, l’UNPEF (tous membres de la CSA), voir sur ce sujet Younes Saâdi, 2019, « Algérie : 35 délégués syndicaux arrêtés à Alger », Maghreb émergent, 10 avril [En ligne : https://maghrebemergent.net/algerie-35-delegues-syndicaux-arretes-a-alger/].

    23  Amar Rafa, 2019, « Conférence sur la préparation de l’élection du 4 juillet : les syndicats autonomes non intéressés », Liberté, 21 avril [En ligne : https://www. djazairess.com/fr/liberte/414313].

    24  Une marche qui fut réprimée, voir Mustapha Benfodil, 2019, « Journée internationale des travailleurs. Un 1er mai marqué par le hirak : “Bonne fête, Yetnahaw ga3” », El Watan, 2 mai [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/ un-1er-mai-marque-par-le-hirak-bonne-fete-yetnahaw-ga3-02-05-2019].

    25  D’ailleurs à ce propos, le 10 avril, trente-trois membres élus de la Commission exécutive nationale tiennent une réunion à Rouiba (aux environs d’Alger) en vue de la préparation d’un congrès exceptionnel.

    26  En réaction à la résolution votée quelques jours auparavant (le 28 novembre) par le Parlement européen en faveur du hirak et sur « La situation des libertés en Algérie », voir Samir Ghezlaoui, 2019, « Situation des libertés en Algérie : le Parlement européen vote une résolution de soutien au hirak », El Watan, 28 novembre [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/situation-des-libertes-en-algerie-le-parlement-europeen-vote-une-resolution-de-soutien-au-hirak-28-11-2019].

    27  « Nous nous sommes engagés lors du 13e congrès et n’avons pas le droit de nous positionner au nom des travailleurs, car chacun d’eux a la liberté d’opter pour un candidat », déclara Salim Labatcha, le nouveau secrétaire général de l’UGTA. Voir Wassila Ould Hamouda, 2019, « UGTA : la Centrale syndicale ne soutiendra aucun candidat », Sud Horizons, 19 octobre [En ligne : https://www.sudhorizons. dz/fr/les-news/politique/52074-la-centrale-syndicale-ne-soutiendra-aucun-candidat].

    28  Ce syndicat est divisé en deux ailes à partir de 2004, celle qui nous intéresse ici avait justement soutenu la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un deuxième mandat à travers Belkacem Felfoul qui était député FLN. Ce dernier avait rejoint le hirak au nom de l’aile du SNAPAP qu’il représente en appelant à un rassemblement au niveau de toutes les entreprises et administrations publiques du pays le 25 mars 2019. Voir Ania Nait Chalal, 2019, « Auparavant, il avait soutenu la candidature de Bouteflika : le SNAPAP, aile Felfoul, se joint au mouvement populaire », Le Courrier d’Algérie, 24 mars [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/auparavant-il-avait-soutenu-la-candidature-de-bouteflika-le-snapap-aile-felfoul-se-joint-au-mouvement-populaire/] ; Ania Nait Chalal, 2019, « Le SNAPAP dans tous ces états, mouvement de redressement contre Belkacem Felfoul », Le Courrier d’Algérie, 24 septembre [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/le-snapap-dans-tous-ses-etats-mouvement-de-redressement-contre-belkacem-felfoul/].

    29  En réalité, la CSA instaure un système d’élection d’un nouveau coordinateur tous les six mois. Voir Aziz Latreche, 2020, « Front social : la CSA favorable au dialogue social, Merriane nouveau coordinateur », Reporters, 14 janvier [En ligne :https://www.reporters.dz/front-social-la-csa-favorable-au-dialogue-social-meriane-nouveau-coordinateur/].

    30  Une aile représentée par Abdelmalek Azzi.

    31  Dans le cadre d’un programme de lutte contre le chômage dit Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) des contrats sont proposés aux demandeurs d’emploi pour une durée d’un an et demi, dit Contrat d’aide aux diplômés.

    32  Le pré-emploi est instauré en Algérie en 2008 dans le cadre du DAIP. Il est question d’une politique de lutte contre le chômage chez les jeunes, sous forme de contrat dont la durée varie selon le secteur d’activité ; il s’agit de trois ans renouvelables dans le secteur des administrations publiques, ou encore d’une année renouvelable dans le secteur économique, etc. La rémunération est financée en grande partie par l’État et dépend de la nature des diplômes et des qualifications.

    33  Il est à rappeler que depuis 2011, sur les 2 millions de bénéficiaires de ce programme, 1,7 million a bénéficié de titularisations, principalement dans la fonction publique, suite à un large mouvement de protestation qui est devenu routinier et séquencé sur plusieurs périodes.

    34  Voir s.n., 2019, « 3 ans pour régulariser les contractuels du pré-emploi », L’Expression, 19 novembre [En ligne : https://www.lexpression.dz/index.php/chroniques/de-quoi-jme-mele/3-ans-pour-regulariser-les-contractuels-du-pre-emploi-317035].

    35  À noter que depuis la protestation, des contractuels du pré-emploi ont repris et condamnent des promesses non tenues.

    36  Notamment quand on sait que par le passé certains syndicats autonomes ont mis des années pour se voir attribuer un récépissé d’enregistrement.

    37  Lors du procès d’Abdou Semmar et d’Adlene Mellah, tous deux directeurs de médias électroniques ayant mis en avant plusieurs scandales politico-financiers, ce sont des défenseurs des droits de l’Homme et des collectifs d’avocats qui s’étaient montrés solidaires plutôt que les syndicats.

    38  C’est-à-dire presque un mois alors que les vacances sont en temps normal de deux semaines.

    39  Traduction de l’arabe. La page « Désobéissance civile » appelle à la désobéissance civile pour une durée de 5 jours à compter du 10 mars.

    40  Selon Noureddine Bouderba (spécialiste des questions syndicales), ce syndicat a été actif au sein de la zone industrielle d’Arzew puis il a gelé ses activités en 1996. Voir Djamel Alilat, 2019, « Appels à prolonger la grève générale jusqu’au 18 avril », El Watan, 10 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/appels-a-prolonger-la-greve-generale-jusquau-18-avril-10-04-2019].

    41  Communiqué de la COSYFOP datant du 24 février 2019 titré en arabe :
    «Image 100000000000015600000020ACAD9048894B127D.jpg».

    42  Il est vrai que ce syndicat a réussi à infiltrer une branche d’activité des travailleurs de la SONELGAZ, considérée comme acquise par l’UGTA et faisant partie du secteur des hydrocarbures. L’enjeu est de taille, car un syndicat montant et de surcroît autonome dans ce secteur sensible a menacé d’une certaine manière l’équilibre nécessaire voulu pour le régime, notamment dans le secteur des hydrocarbures qui a toujours été contrôlé par l’UGTA. Voir Choukri Hafed, 2017, « Le ministère du Travail dissout le SNATEG », El Watan, 19 mai [En ligne : https://www.elwatan. com/edition/actualite/le-ministere-du-travail-dissout-le-snateg-18-05-2017].

    43  Elle sera suivie de manière relativement importante dans la Kabylie.

    44  Djamel Alilat, 2019, op. cit.

    45  Hocine Lamriben, 2019, « Soutien au mouvement populaire : des travailleurs d’entreprises publiques débrayent », El Watan, 15 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/des-travailleurs-dentreprises-publiques-de-brayent-15-04-2019].

    46  Une grève annoncée du 8 au 11 décembre suivie d’une nuit blanche la veille des élections et d’un appel à rejoindre la capitale.

    47  Toujours est-il qu’encore récemment Raouf Mellal signait toujours des communiqués au nom du syndicat comme peut en témoigner une lettre adressée au président de la République datant du 6 août 2020 (référence 17/2020) dont l’objet est intitulé « Avant l’escalade populaire, solutions pour faire sortir l’Algérie de sa crise politique et vous garantir une issue de sortie sûre du pouvoir (traduit de l’arabe) :
    «Image 10000000000002640000002019DCC8D222257489.jpg»

    48  Entretien accordé au site électronique TSA, voir Younès Djama, 2020, « Entretien avec Zakaria Benahadad, nouveau président de la COSYFOP », TSA, 17 février [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/entretien-avec-zakaria-benhadad-nouveau-president-de-la-cosyfop/].

    49  Arezki Benali, 2019, « Le Club des juges est né : des magistrats soutiennent le mouvement populaire », Algérie éco, 9 mars [En ligne : https://www.algerie-eco.com/2019/03/09/le-club-des-juges-est-ne-des-magistrats-soutiennent-le-mouvement-populaire/].

    50  S.n., 2019, « Club des magistrats algériens : appel aux magistrats élus du CSM à démissionner », Liberté, 26 mars [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/ radar/appel-aux-magistrats-elus-du-csm-a-demissionner-312376].

    51  Le départ des 4 B est à l’origine une revendication portée par le hirak on parle ici au moment des faits de : Abdelkader Bensalah, président de la République par intérim, Tayeb Belaiz, président du Conseil constitutionnel, Noureddine Bedoui, chef du gouvernement et Mouad Bouchareb, président de l’APN. Les 4 B deviennent les 3 B puisque Mouad Bouchareb a été contraint de démissionner, entre-temps.

    52  S.n., 2013, « Quatre magistrats en grève de la faim au tribunal d’In Salah », El Watan, 16 mai [En ligne : https://www.elwatan.com/archives/actualites/quatre-magistrats-en-greve-de-la-faim-au-tribunal-din-salah-09-01-2013].

    53  Ryad Hammadi, 2019, « Entretien avec le porte-parole du club des magistrats algériens », TSA, 27 avril [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/entretien-avec-le-porte-parole-du-club-des-magistrats-algeriens/] ; Salima Tlemçani, 2019, « Saad Eddine Merzoug, porte-parole du club des magistrats libres : “La justice n’a jamais été indépendante du pouvoir exécutif, mais des magistrats indépendants il y en a” », El Watan, 28 avril [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1575471].

    54  Saad Eddine Marzoug n’a cessé de dénoncer « les pressions et les menaces » que subissent les juges. Il a été suspendu de ses fonctions de juge et convoqué par le Conseil supérieur de la magistrature.

    55  Kamel Medjedoub, 2019, « Des magistrats se rebellent à Béjaïa : “Nous n’encadrerons pas les prochaines élections” », El Watan, 12 mars [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/des-magistrats-se-rebellent-a-bejaia-nous-nencadrerons-pas-les-prochaines-elections-12-03-2019].

    56  Ce dernier, relâché le 4 mars 2019 interpelle Issad Mabrouk lors du sit-in du 13 avril, le magistrat s’excusera plus tard publiquement. Voir à ce sujet, Amar Rafa, 2019, « Il est l’un des premiers de sa corporation à avoir rejoint le mouvement populaire : Issad Mabrouk, nouveau président de Syndicat national des magistrats », Liberté, 28 avril [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/ issaad-mabrouk-nouveau-president-du-syndicat-national-des-magistrats-314801].

    57  Par l’attribution d’un poste de ministre à son principal animateur Tayeb Louh (ministre du Travail de 2003 à 2013 et de la Justice de 2013 à 2019), considéré comme un fidèle du régime Bouteflika et actuellement en prison.

    58  Makhlouf Mehheni, 2019, « Le hirak retrouve sa vigueur, les avocats entrent en scène », TSA, 12 octobre [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/le-hirak-retrouve-sa-vigueur-les-avocats-entrent-en-scene/].

    59  À noter qu’en Algérie les magistrats n’ont pas le droit de faire grève, voir à ce propos l’article 43 de la Loi n° 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève.

    60  En réalité, le régime n’apprécie guère la prise de parole des magistrats.

    61  Depuis le président du Club des magistrats libres a été convoqué pour être traduit devant le Conseil supérieur de la magistrature en conseil de discipline le 1er juin. Ce dernier très actif sur les réseaux sociaux avait été interpellé dans un contexte où il avait refusé d’encadrer les élections présidentielles du 12 décembre 2019 et critiqué l’amendement du Code pénal et la mouture de l’avant-projet de la révision de la Constitution. Sa convocation a été dénoncée par les membres du club qui déclarent « le seul tort […] est d’avoir défendu […] les droits des magistrats et appelé à l’indépendance de la justice vis-à-vis des ministres successifs ». Voir à ce sujet Abdelaziz Merzoug, 2020, « Le Club des magistrats réagit à la convocation de Saâdeddine Merzoug », Algérie 360.com, 20 mai [En ligne : https://www.algerie360.com/20200520-le-club-des-magistrats-denonce-la-convocation-de-saadeddine-merzoug/], et Yasmine Marouf-Araibi, 2020, « Le Club des magistrats dénonce la convocation de Saadedine Marzoug par le CSM », Inter-lignes, 20 mai [En ligne :https://www.inter-lignes.com/le-club-des-magistrats-denonce-la-convocation-de-saadedine-marzoug-par-le-csm/].

    62  Salima Tlemçani, 2019, « Protestations contre le 5e mandat : près d’un millier d’avocats ont marché sur le Conseil constitutionnel », El Watan, 7 mars [En ligne :https://www.elwatan.com/edition/actualite/protestations-contre-le-5eme-mandat-pres-dun-millier-davocat-ont-marche-sur-le-conseil-constitutionnel-07-03-2019].

    63  L’article 102 de la Constitution prévoit que le Conseil constitutionnel peut se réunir pour déclarer « l’état d’empêchement », après avoir constaté que le président ne peut assumer ses fonctions en cas de « maladie grave et durable ».

    64  Notamment durant l’année 2018 où on avait vu l’implication très remarquée des avocats (dont Zoubida Assoul et Mustapha Bouchachi) dans la défense de plusieurs journalistes de médias électroniques qui avaient mis à jour plusieurs dossiers liés à « la mafia politico-financière » tels que ceux d’Adlène Mellah, d’Abdou Semmar et d’autres.

    65  Depuis ils sont au nombre de 25.

    66  À noter que l’émergence de cette coordination est favorisée surtout par le fait que les enseignants du primaire ont toujours constitué la catégorie la plus marginalisée parmi le corps enseignant en Algérie. Ils sont titulaires du même diplôme obtenu dans les mêmes conditions de recrutement que les enseignants du secondaire, mais ils sont moins rémunérés. Ils sont aussi moins représentés au sein des syndicats, car leurs effectifs sont plus bas. Partagés entre le Syndicat islamique du travail et l’UGTA dans les années 1990, répartis au sein de divers syndicats autonomes, ils sont divisés alors que les autres corps enseignants sont plus structurés et unis au sein des syndicats autonomes.

    67  Entretien réalisé le 10 novembre 2019 à Relizane.

    68  Entretien réalisé le 10 novembre 2019 à Relizane.

    69  Les militants de la Coordination feront l’objet de répression policière notamment le lundi 17 février 2020, lors d’un sit-in devant le ministère de l’Éducation nationale.

    70  Hormis le peu d’informations rapporté par la presse nationale on sait peu de choses sur le statut des organisations qui y ont pris part si ce n’est qu’il est dirigé par Aberahamane Aarar fondateur du réseau NADA qui est une association de défense des droits des enfants.

    71  Abdelouahab Fersaoui, 2019, « Le Collectif de la société civile algérienne pour une transition démocratique et pacifique a tenu une première rencontre nationale le samedi 27 avril 2019 », El Watan, 29 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-collectif-de-la-societe-civile-algerienne-pour-une-transition-democratique-et-pacifique-a-tenu-une-premiere-rencontre-nationale-le-samedi-27-avril-2019-29-04-2019].

    72  Voir Nadir Iddir, 2019, « La Confédération des syndicats autonomes (CSA) exprime son soutien au hirak, appel à une marche pour le 1er mai prochain », El Watan, 22 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/appel-a-une-marche-pour-le-1er-mai-prochain-22-04-2019].

    73  Amar Rafa, 2019, « La société civile finalise un plan de sortie de crise : elle compte soumettre sa feuille de route à l’état-major de l’ANP », Liberté, 19 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/liberte/416103].

    74  Amar Rafa, 2019, « Appel à un dialogue “franc” avec l’institution militaire : les représentants de la société civile lancent une initiative de sortie de crise », Liberté, 20 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/liberte/416237].

    75  Au même moment se tient la réunion du Forum civil pour le changement qui, autour de 150 activistes de la société civile, met l’accent sur la nécessité d’aller vers une Conférence nationale de la société civile. Voir Nassima Oulebsir, 2019, « Conférence nationale de la société civile, le travail avance… », El Watan, 17 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1579121].

    76  Karim Aimeur, 2019, « La société civile s’implique plus de 60 organisations discutent de la crise », Le Soir d’Algérie, 27 mai [En ligne : https://www.djazairess. com/fr/lesoirdalgerie/1024536].

    77  Madjid Makedhi, 2019, « La société civile s’impose comme une force de proposition : elle rendra publique son initiative le 15 juin », El Watan, 3 juin [En ligne :https://www.elwatan.com/edition/actualite/la-societe-civile-simpose-comme-une-force-de-proposition-03-06-2019].

    78  S.n., 2019, « Deux feuilles de route sur la table, la société civile se concerte », Le Midi Libre, 9 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lemidi/1906090105] ; Mohamed Boufatah, 2019, « La société civile diverge : la rencontre des trois dynamiques terminée sans accord », L’Expression, 10 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lexpression/317386].

    79  Nous n’avons pu obtenir aucun document ni aucune liste précise et de manière détaillée des partis ayant pris part à cette conférence nationale.

    80  Dont le président de la CSA Lyes Mrabet qui toutefois refusera d’y prendre part ainsi que10 autres personnalités proposées parmi les 13.

    81  Qui fut proposé par le Forum civil et qui est un ancien ministre de Bouteflika et un ancien président de l’APN.

    82  Dans ce qui suit, nous avons choisi de préserver l’anonymat des personnes ayant pris la parole. Toutefois, il s’agit de propos concernant deux syndicalistes appartenant à trois organisations qui sont le SNAPAP, le SESS, la CGATA, mais aussi deux journalistes et un militant de la LADDH.

    83  Lors de la 4e réunion préparatoire.

    84  Elle exprimera plus tard à la presse les réserves de son syndicat par rapport à cette feuille de route et la possibilité de se retirer de cette initiative, voir Lamia Boufassa, 2019, « Première conférence nationale de la société civile : les mécanismes pour la sortie de crise dévoilés », Le Courrier d’Algérie, 16 juin [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/premiere-conference-nationale-de-la-societe-civile-les-mecanismes-pour-la-sortie-de-crise-devoiles/].

    85  Ce qui est discutable puisque le communiqué des dynamiques de la société civile datant du 1er juin parle de la nécessité de lever toutes les formes de restrictions sur le hirak populaire pacifique et sur les champs politique, associatif et syndical, mais aussi l’arrêt de la politique d’arrestations et de poursuites judiciaires à l’égard des militants et des participants au hirak.

    86  À l’image du journaliste indépendant Saïd Boudour.

    87  Le Mouvement de la société pour la paix (un parti islamiste).

    88  À l’image du secrétaire général du SNAPEST Meziane Meriane, Kameleddine Fekhar décédé le 28 mai était un militant mozabite loin de faire le consensus puisqu’il était accusé par certains partis pris d’être proche du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Il est connu pour avoir été au cœur de la crise de Ghardaïa en 2013.

    89  Certains de ces faits d’ailleurs ont été rapportés par la presse nationale, voir Ali Boukhlef, 2019, « La conférence du 15 juin compromise : des différences idéologiques minent l’initiative », Liberté, 3 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/ liberte/417151].

    90  Chérif Dris, Louisa Dris-Aït Hamadouche, 2019, « Le face à face hirak-pouvoir : la crise de la représentation », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 57-68.

    91  Toujours est-il que les débats et les discussions entre les partis, les syndicats et les associations ont été entamés bien avant cette date autour de plusieurs rencontres et débats.

    92  Il faut savoir que cette rencontre a réuni plus de soixante partis syndicats et organisations, voir Aissa Moussi, 2019, « Plus de 60 partis, syndicats, organisations et personnalités en conclave aujourd’hui au siège du RCD. L’offensive des démocrates », Le Temps d’Algérie, 26 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/letemps/1054826].

    93  Elle s’inscrit dans la continuité du dit Pôle des forces pour le changement créé par Ali Benflis en avril 2014, quelques jours seulement après le résultat du scrutin, le principal candidat à l’élection présidentielle face à Bouteflika avait dénoncé par cette action « des élections dépourvues de légitimité populaire », voir Nadia Mellal, 2014, « Initié par les partis soutenant le programme de Benflis, un pôle “des forces pour le changement” est né », Liberté, 22 avril [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/un-pole-des-forces-pour-le-changement-est-ne-204595].

    94  Une conférence à laquelle avaient appelé les Forces du Changement dès le 25 avril ; une initiative à laquelle avait pris part Lyes Mrabet président du SNPSP.

    95  Amar Rafa, 2019, « La société civile en rangs dispersés. Conférence de dialogue des forces du changement », Liberté, 6 juillet [En ligne : https://www.djazairess. com/fr/liberte/419336].

    96  Mohamed Boufatah, 2019, « Ils ont dit : les forces de l’opposition pour le changement », L’Expression, 7 juillet [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lexpression/317896] ; Madjid Makedhi, 2019, « La présidentielle comme moyen de sortie de crise : les partisans du dialogue posent leurs conditions », El Watan, 7 juillet [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/la-presidentielle-comme-moyen-de-sortie-de-crise-les-partisans-du-dialogue-posent-leurs-conditions-07-07-2019].

    97  Cette rencontre aboutit à l’idée de la constitution d’une Commission de coordination et de suivi chargée de reprendre les initiatives du 15 juin (Dynamiques de la société civile), celle du 26 juin (Pacte de l’alternative démocratique) et celle du 6 juillet (Pôle des forces pour le changement). L’idée est donc de maintenir le dialogue. Voir Farid Belgacem, 2019, « Concertation entre la société civile et les partis politiques, cap sur l’organisation d’une Conférence nationale », Liberté, 28 août [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/cap-sur-lorganisation-dune-conference-nationale-322626].

    98  Il s’agit, dans l’ordre, d’Abelwahab Bendjelloun et d’Abdelhafid Millat.

    99  Nadir Iddir, 2019, « Dynamiques de la société civile : cap sur la Conférence nationale », El Watan, 17 novembre [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/dynamiques-de-la-societe-civile-cap-sur-la-conference-nationale-17-11-2019].

    100  M.M., 2020, « Dynamiques de la société civile et acteurs du hirak : une rencontre nationale prévue pour jeudi prochain à la salle Harcha », El Watan, 16 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/dynamiques-de-la-societe-civile-et-acteurs-du-hirak-une-rencontre-nationale-prevue-pour-jeudi-prochain-a-lasalle-harcha-16-02-2020].

    101  Radio algérienne, 2020, « Révision de la Constitution : “Les libertés et le droit syndical sont préservés, le problème est au niveau des lois organiques”, estime Lyes Mrabet », Radio algérienne, 27 mai [En ligne : https://www.radioalgerie.dz/ news/fr/article/20200527/194032.html].

    102  Algérie Presse Service, 2020, « Travail : la majorité des syndicats sont enregistrés dans les administrations publiques », APS, 23 février [En ligne : https://www.aps.dz/economie/102055-la-majorite-des-syndicats-de-travailleurs-sont-enregistres-dans-les-administrations-publiques].

    Auteur

    • Siham Beddoubia

      Doctorante en science politique à l’université d’Oran. Sa thèse porte sur les syndicats autonomes en Algérie. Elle a participé au projet CRASC sur la gestion des crises sociales en Algérie et à l’ERC DREAM sur la protestation en Algérie. Elle a notamment publié « le syndicalisme autonome en Algérie dans un contexte de pluralité » dans Africana Studia (2017) et « les syndicats autonomes en Algérie, initiateurs des luttes démocratiques ? », dans Confluences Méditerranée (2019).

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    1  Le sociologue Mohamed Mebtoul justifie la référence au mouvement social qui lui semble plus adéquate quant au mouvement du 22 février par le fait qu’il s’agit d’« une construction sociale et politique qui efface toute spontanéité » (Mohamed Mebtoul, 2019, Libertés, dignité, algérianité, avant et pendant le hirak, Alger, Éditions Koukou).

    2  Mahdi Boukhalfa parle de « Zénitude des vendredisants » (Mahdi Boukhalfa, 2019, La révolution du 22 février. De la contestation à la chute Bouteflika, Alger, Chihab éditions).

    3  Le mot hirak vient du mot arabe « haraka » qui signifie mouvement ; il a fini par s’imposer et a été inspiré sans doute par le hirak du Rif marocain en février 2016. Voir Abderrahmane Rachik, 2017, La société contre l’État, mouvements sociaux et stratégie de la rue au Maroc, Casablanca, Éditions La Croisée des Chemins. Il est à noter qu’en Algérie journalistes et observateurs ont mis l’accent sur l’usage de « harak » dans la prononciation populaire durant les premières semaines. Voir Rachid Sidi Boumediene, 2019, Aux sources du hirak, Alger, Chihab Éditions, p. 53 ; Ameziane Ferhani, 2019, « du hirak au harak : tentative de lexique », El Watan, 17 mai, p. 14 [En ligne : https://www.elwatan.com/wp-content/uploads/2019/05/elwatanWe20190517.pdf].

    4  Voir Isma Bersali, 2019, « Pas d’agrément pour la Confédération des syndicats autonomes : bras de fer avec le gouvernement », El Watan, 7 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/bras-de-fer-avec-le-gouvernement-07-02-2019]. La création de cette confédération a pour objectif principal de renforcer le poids des syndicats autonomes dans le dialogue social face à l’UGTA sur les questions socio-économiques et de défendre les libertés syndicales. Ce n’est pas la première fois que de telles tentatives de se confédérer voient le jour à l’approche des échéances électorales.

    5  Ce dernier quittera Mouwatana via un communiqué de son parti quelques semaines seulement après le début du hirak, voir à ce sujet, Maghreb Émergent, 2019, « Jil Djadid quitte le mouvement Mouwatana », magrebemergent.net, 27 mars [En ligne : https://maghrebemergent.net/jil-djadid-se-retire-de-mouwatana/].

    6  Hormis ces personnalités politiques, on retrouve aussi le journaliste chroniqueur Saad Bouakba, le sociologue Nacer Djabi, l’écrivain Yasmina Khadra, etc.

    7  Voir à ce sujet Mohamed Mouloudj, 2019, « Mobilisation contre le 5e mandat : Mouwatana appelle à des actions dans la rue le 24 février », Liberté, 14 février [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/mouwatana-appelle-a-des-actions-de-rue-le-24-fevrier-309487].

    8  Mokrane Ait Ouarabi, 2019, « Mouwatana maintient sa manifestation du 24 février », El Watan, 21 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/mouwatana-maintient-sa-manifestation-du-24-fevrier-21-02-2019].

    9  Sur l’évolution des syndicats autonomes en Algérie, voir Nacer Djabi et al., 2020, Travail et justice sociale. Les syndicats en Algérie : histoire, état des lieux et scénarios, Alger, Friedrich Ebert Stiftung [En ligne : http://library.fes.de/pdf-files/bueros/ algerien/15980.pdf].

    10  Voir à ce sujet Nabil Belbey, 2019, « Ministère du Travail : 121 syndicats enregistrés », L’Expression, 29 juin [En ligne : https://www.lexpression.dz/nationale/121-syndicats-enregistres-317513]. À noter que depuis, les derniers chiffres parlent de l’existence de 138 syndicats enregistrés auprès du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale dont 48 sont inactifs. Voir à ce sujet Ilhem Tir, 2020, « Un responsable du ministère du Travail l’affirme : “39 % des syndicats n’activent pas” », le Soir d’Algérie, 24 février [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/ lesoirdalgerie/1039167].

    11  Principalement la coordination nationale des sections du CNES.

    12  Des syndicats de l’éducation et de l’enseignement supérieur, de l’administration publique et de la santé publique.

    13  Le Forum des chefs d’entreprises (FCE), la Confédération nationale du patronat (CNPA), la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) et l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP).

    14  Qui regroupe les syndicats suivants : UNPEF, CLA, CNAPESTE, SATEF, SNAPEST et SNTE.

    15  Un chiffre contesté par le ministère de l’Éducation nationale qui parle de 7,58 % de taux de suivi de la grève. Voir s.n., 2019, « Grève de l’Éducation nationale, un taux de suivi de 7,58 % », El Moujahid, 28 février [En ligne : https://en.calameo.com/read/0051809584e98ca184739].

    16  À titre de rappel, les syndicats autonomes ayant pris part à la CNCD en 2011 sont : le SNAPAP, le CNES (la coordination nationale des sections du CNES), le CELA et le SATEF.

    17  À noter que ce syndicat connaît depuis 2006 une série de scissions dues principalement à des conflits de successions (élections syndicales nationales) et à l’ingérence de l’État.

    18  Traduction de l’arabe par l’autrice. Voir à ce sujet la déclaration complète en arabe dans le communiqué de l’intersyndicale de l’Éducation n° 06/2019 datant du 6 mars 2019.

    19  Traduction de l’arabe par l’autrice. Une lettre du président qui avait pour objet le prolongement de son mandat pour une année.

    20  Voir la déclaration complète dans le communiqué de la CSA n° 03/2019 datant du 1er avril 2019.

    21  Voir à ce sujet Fatma Zohra Foudil, 2019, « Le CNES rejette l’offre de Bédoui », Interlignes, 18 mars [En ligne : https://www.inter-lignes.com/le-cnesrejette-loffre-de-bedoui/].

    22  Ces 35 syndicalistes sont issus de 4 syndicats qui sont le SNPSP, le CLA, la CNAPEST, l’UNPEF (tous membres de la CSA), voir sur ce sujet Younes Saâdi, 2019, « Algérie : 35 délégués syndicaux arrêtés à Alger », Maghreb émergent, 10 avril [En ligne : https://maghrebemergent.net/algerie-35-delegues-syndicaux-arretes-a-alger/].

    23  Amar Rafa, 2019, « Conférence sur la préparation de l’élection du 4 juillet : les syndicats autonomes non intéressés », Liberté, 21 avril [En ligne : https://www. djazairess.com/fr/liberte/414313].

    24  Une marche qui fut réprimée, voir Mustapha Benfodil, 2019, « Journée internationale des travailleurs. Un 1er mai marqué par le hirak : “Bonne fête, Yetnahaw ga3” », El Watan, 2 mai [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/ un-1er-mai-marque-par-le-hirak-bonne-fete-yetnahaw-ga3-02-05-2019].

    25  D’ailleurs à ce propos, le 10 avril, trente-trois membres élus de la Commission exécutive nationale tiennent une réunion à Rouiba (aux environs d’Alger) en vue de la préparation d’un congrès exceptionnel.

    26  En réaction à la résolution votée quelques jours auparavant (le 28 novembre) par le Parlement européen en faveur du hirak et sur « La situation des libertés en Algérie », voir Samir Ghezlaoui, 2019, « Situation des libertés en Algérie : le Parlement européen vote une résolution de soutien au hirak », El Watan, 28 novembre [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/situation-des-libertes-en-algerie-le-parlement-europeen-vote-une-resolution-de-soutien-au-hirak-28-11-2019].

    27  « Nous nous sommes engagés lors du 13e congrès et n’avons pas le droit de nous positionner au nom des travailleurs, car chacun d’eux a la liberté d’opter pour un candidat », déclara Salim Labatcha, le nouveau secrétaire général de l’UGTA. Voir Wassila Ould Hamouda, 2019, « UGTA : la Centrale syndicale ne soutiendra aucun candidat », Sud Horizons, 19 octobre [En ligne : https://www.sudhorizons. dz/fr/les-news/politique/52074-la-centrale-syndicale-ne-soutiendra-aucun-candidat].

    28  Ce syndicat est divisé en deux ailes à partir de 2004, celle qui nous intéresse ici avait justement soutenu la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un deuxième mandat à travers Belkacem Felfoul qui était député FLN. Ce dernier avait rejoint le hirak au nom de l’aile du SNAPAP qu’il représente en appelant à un rassemblement au niveau de toutes les entreprises et administrations publiques du pays le 25 mars 2019. Voir Ania Nait Chalal, 2019, « Auparavant, il avait soutenu la candidature de Bouteflika : le SNAPAP, aile Felfoul, se joint au mouvement populaire », Le Courrier d’Algérie, 24 mars [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/auparavant-il-avait-soutenu-la-candidature-de-bouteflika-le-snapap-aile-felfoul-se-joint-au-mouvement-populaire/] ; Ania Nait Chalal, 2019, « Le SNAPAP dans tous ces états, mouvement de redressement contre Belkacem Felfoul », Le Courrier d’Algérie, 24 septembre [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/le-snapap-dans-tous-ses-etats-mouvement-de-redressement-contre-belkacem-felfoul/].

    29  En réalité, la CSA instaure un système d’élection d’un nouveau coordinateur tous les six mois. Voir Aziz Latreche, 2020, « Front social : la CSA favorable au dialogue social, Merriane nouveau coordinateur », Reporters, 14 janvier [En ligne :https://www.reporters.dz/front-social-la-csa-favorable-au-dialogue-social-meriane-nouveau-coordinateur/].

    30  Une aile représentée par Abdelmalek Azzi.

    31  Dans le cadre d’un programme de lutte contre le chômage dit Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) des contrats sont proposés aux demandeurs d’emploi pour une durée d’un an et demi, dit Contrat d’aide aux diplômés.

    32  Le pré-emploi est instauré en Algérie en 2008 dans le cadre du DAIP. Il est question d’une politique de lutte contre le chômage chez les jeunes, sous forme de contrat dont la durée varie selon le secteur d’activité ; il s’agit de trois ans renouvelables dans le secteur des administrations publiques, ou encore d’une année renouvelable dans le secteur économique, etc. La rémunération est financée en grande partie par l’État et dépend de la nature des diplômes et des qualifications.

    33  Il est à rappeler que depuis 2011, sur les 2 millions de bénéficiaires de ce programme, 1,7 million a bénéficié de titularisations, principalement dans la fonction publique, suite à un large mouvement de protestation qui est devenu routinier et séquencé sur plusieurs périodes.

    34  Voir s.n., 2019, « 3 ans pour régulariser les contractuels du pré-emploi », L’Expression, 19 novembre [En ligne : https://www.lexpression.dz/index.php/chroniques/de-quoi-jme-mele/3-ans-pour-regulariser-les-contractuels-du-pre-emploi-317035].

    35  À noter que depuis la protestation, des contractuels du pré-emploi ont repris et condamnent des promesses non tenues.

    36  Notamment quand on sait que par le passé certains syndicats autonomes ont mis des années pour se voir attribuer un récépissé d’enregistrement.

    37  Lors du procès d’Abdou Semmar et d’Adlene Mellah, tous deux directeurs de médias électroniques ayant mis en avant plusieurs scandales politico-financiers, ce sont des défenseurs des droits de l’Homme et des collectifs d’avocats qui s’étaient montrés solidaires plutôt que les syndicats.

    38  C’est-à-dire presque un mois alors que les vacances sont en temps normal de deux semaines.

    39  Traduction de l’arabe. La page « Désobéissance civile » appelle à la désobéissance civile pour une durée de 5 jours à compter du 10 mars.

    40  Selon Noureddine Bouderba (spécialiste des questions syndicales), ce syndicat a été actif au sein de la zone industrielle d’Arzew puis il a gelé ses activités en 1996. Voir Djamel Alilat, 2019, « Appels à prolonger la grève générale jusqu’au 18 avril », El Watan, 10 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/appels-a-prolonger-la-greve-generale-jusquau-18-avril-10-04-2019].

    41  Communiqué de la COSYFOP datant du 24 février 2019 titré en arabe :
    «Image 100000000000015600000020ACAD9048894B127D.jpg».

    42  Il est vrai que ce syndicat a réussi à infiltrer une branche d’activité des travailleurs de la SONELGAZ, considérée comme acquise par l’UGTA et faisant partie du secteur des hydrocarbures. L’enjeu est de taille, car un syndicat montant et de surcroît autonome dans ce secteur sensible a menacé d’une certaine manière l’équilibre nécessaire voulu pour le régime, notamment dans le secteur des hydrocarbures qui a toujours été contrôlé par l’UGTA. Voir Choukri Hafed, 2017, « Le ministère du Travail dissout le SNATEG », El Watan, 19 mai [En ligne : https://www.elwatan. com/edition/actualite/le-ministere-du-travail-dissout-le-snateg-18-05-2017].

    43  Elle sera suivie de manière relativement importante dans la Kabylie.

    44  Djamel Alilat, 2019, op. cit.

    45  Hocine Lamriben, 2019, « Soutien au mouvement populaire : des travailleurs d’entreprises publiques débrayent », El Watan, 15 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/des-travailleurs-dentreprises-publiques-de-brayent-15-04-2019].

    46  Une grève annoncée du 8 au 11 décembre suivie d’une nuit blanche la veille des élections et d’un appel à rejoindre la capitale.

    47  Toujours est-il qu’encore récemment Raouf Mellal signait toujours des communiqués au nom du syndicat comme peut en témoigner une lettre adressée au président de la République datant du 6 août 2020 (référence 17/2020) dont l’objet est intitulé « Avant l’escalade populaire, solutions pour faire sortir l’Algérie de sa crise politique et vous garantir une issue de sortie sûre du pouvoir (traduit de l’arabe) :
    «Image 10000000000002640000002019DCC8D222257489.jpg»

    48  Entretien accordé au site électronique TSA, voir Younès Djama, 2020, « Entretien avec Zakaria Benahadad, nouveau président de la COSYFOP », TSA, 17 février [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/entretien-avec-zakaria-benhadad-nouveau-president-de-la-cosyfop/].

    49  Arezki Benali, 2019, « Le Club des juges est né : des magistrats soutiennent le mouvement populaire », Algérie éco, 9 mars [En ligne : https://www.algerie-eco.com/2019/03/09/le-club-des-juges-est-ne-des-magistrats-soutiennent-le-mouvement-populaire/].

    50  S.n., 2019, « Club des magistrats algériens : appel aux magistrats élus du CSM à démissionner », Liberté, 26 mars [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/ radar/appel-aux-magistrats-elus-du-csm-a-demissionner-312376].

    51  Le départ des 4 B est à l’origine une revendication portée par le hirak on parle ici au moment des faits de : Abdelkader Bensalah, président de la République par intérim, Tayeb Belaiz, président du Conseil constitutionnel, Noureddine Bedoui, chef du gouvernement et Mouad Bouchareb, président de l’APN. Les 4 B deviennent les 3 B puisque Mouad Bouchareb a été contraint de démissionner, entre-temps.

    52  S.n., 2013, « Quatre magistrats en grève de la faim au tribunal d’In Salah », El Watan, 16 mai [En ligne : https://www.elwatan.com/archives/actualites/quatre-magistrats-en-greve-de-la-faim-au-tribunal-din-salah-09-01-2013].

    53  Ryad Hammadi, 2019, « Entretien avec le porte-parole du club des magistrats algériens », TSA, 27 avril [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/entretien-avec-le-porte-parole-du-club-des-magistrats-algeriens/] ; Salima Tlemçani, 2019, « Saad Eddine Merzoug, porte-parole du club des magistrats libres : “La justice n’a jamais été indépendante du pouvoir exécutif, mais des magistrats indépendants il y en a” », El Watan, 28 avril [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1575471].

    54  Saad Eddine Marzoug n’a cessé de dénoncer « les pressions et les menaces » que subissent les juges. Il a été suspendu de ses fonctions de juge et convoqué par le Conseil supérieur de la magistrature.

    55  Kamel Medjedoub, 2019, « Des magistrats se rebellent à Béjaïa : “Nous n’encadrerons pas les prochaines élections” », El Watan, 12 mars [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/des-magistrats-se-rebellent-a-bejaia-nous-nencadrerons-pas-les-prochaines-elections-12-03-2019].

    56  Ce dernier, relâché le 4 mars 2019 interpelle Issad Mabrouk lors du sit-in du 13 avril, le magistrat s’excusera plus tard publiquement. Voir à ce sujet, Amar Rafa, 2019, « Il est l’un des premiers de sa corporation à avoir rejoint le mouvement populaire : Issad Mabrouk, nouveau président de Syndicat national des magistrats », Liberté, 28 avril [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/ issaad-mabrouk-nouveau-president-du-syndicat-national-des-magistrats-314801].

    57  Par l’attribution d’un poste de ministre à son principal animateur Tayeb Louh (ministre du Travail de 2003 à 2013 et de la Justice de 2013 à 2019), considéré comme un fidèle du régime Bouteflika et actuellement en prison.

    58  Makhlouf Mehheni, 2019, « Le hirak retrouve sa vigueur, les avocats entrent en scène », TSA, 12 octobre [En ligne : https://www.tsa-algerie.com/le-hirak-retrouve-sa-vigueur-les-avocats-entrent-en-scene/].

    59  À noter qu’en Algérie les magistrats n’ont pas le droit de faire grève, voir à ce propos l’article 43 de la Loi n° 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève.

    60  En réalité, le régime n’apprécie guère la prise de parole des magistrats.

    61  Depuis le président du Club des magistrats libres a été convoqué pour être traduit devant le Conseil supérieur de la magistrature en conseil de discipline le 1er juin. Ce dernier très actif sur les réseaux sociaux avait été interpellé dans un contexte où il avait refusé d’encadrer les élections présidentielles du 12 décembre 2019 et critiqué l’amendement du Code pénal et la mouture de l’avant-projet de la révision de la Constitution. Sa convocation a été dénoncée par les membres du club qui déclarent « le seul tort […] est d’avoir défendu […] les droits des magistrats et appelé à l’indépendance de la justice vis-à-vis des ministres successifs ». Voir à ce sujet Abdelaziz Merzoug, 2020, « Le Club des magistrats réagit à la convocation de Saâdeddine Merzoug », Algérie 360.com, 20 mai [En ligne : https://www.algerie360.com/20200520-le-club-des-magistrats-denonce-la-convocation-de-saadeddine-merzoug/], et Yasmine Marouf-Araibi, 2020, « Le Club des magistrats dénonce la convocation de Saadedine Marzoug par le CSM », Inter-lignes, 20 mai [En ligne :https://www.inter-lignes.com/le-club-des-magistrats-denonce-la-convocation-de-saadedine-marzoug-par-le-csm/].

    62  Salima Tlemçani, 2019, « Protestations contre le 5e mandat : près d’un millier d’avocats ont marché sur le Conseil constitutionnel », El Watan, 7 mars [En ligne :https://www.elwatan.com/edition/actualite/protestations-contre-le-5eme-mandat-pres-dun-millier-davocat-ont-marche-sur-le-conseil-constitutionnel-07-03-2019].

    63  L’article 102 de la Constitution prévoit que le Conseil constitutionnel peut se réunir pour déclarer « l’état d’empêchement », après avoir constaté que le président ne peut assumer ses fonctions en cas de « maladie grave et durable ».

    64  Notamment durant l’année 2018 où on avait vu l’implication très remarquée des avocats (dont Zoubida Assoul et Mustapha Bouchachi) dans la défense de plusieurs journalistes de médias électroniques qui avaient mis à jour plusieurs dossiers liés à « la mafia politico-financière » tels que ceux d’Adlène Mellah, d’Abdou Semmar et d’autres.

    65  Depuis ils sont au nombre de 25.

    66  À noter que l’émergence de cette coordination est favorisée surtout par le fait que les enseignants du primaire ont toujours constitué la catégorie la plus marginalisée parmi le corps enseignant en Algérie. Ils sont titulaires du même diplôme obtenu dans les mêmes conditions de recrutement que les enseignants du secondaire, mais ils sont moins rémunérés. Ils sont aussi moins représentés au sein des syndicats, car leurs effectifs sont plus bas. Partagés entre le Syndicat islamique du travail et l’UGTA dans les années 1990, répartis au sein de divers syndicats autonomes, ils sont divisés alors que les autres corps enseignants sont plus structurés et unis au sein des syndicats autonomes.

    67  Entretien réalisé le 10 novembre 2019 à Relizane.

    68  Entretien réalisé le 10 novembre 2019 à Relizane.

    69  Les militants de la Coordination feront l’objet de répression policière notamment le lundi 17 février 2020, lors d’un sit-in devant le ministère de l’Éducation nationale.

    70  Hormis le peu d’informations rapporté par la presse nationale on sait peu de choses sur le statut des organisations qui y ont pris part si ce n’est qu’il est dirigé par Aberahamane Aarar fondateur du réseau NADA qui est une association de défense des droits des enfants.

    71  Abdelouahab Fersaoui, 2019, « Le Collectif de la société civile algérienne pour une transition démocratique et pacifique a tenu une première rencontre nationale le samedi 27 avril 2019 », El Watan, 29 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-collectif-de-la-societe-civile-algerienne-pour-une-transition-democratique-et-pacifique-a-tenu-une-premiere-rencontre-nationale-le-samedi-27-avril-2019-29-04-2019].

    72  Voir Nadir Iddir, 2019, « La Confédération des syndicats autonomes (CSA) exprime son soutien au hirak, appel à une marche pour le 1er mai prochain », El Watan, 22 avril [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/appel-a-une-marche-pour-le-1er-mai-prochain-22-04-2019].

    73  Amar Rafa, 2019, « La société civile finalise un plan de sortie de crise : elle compte soumettre sa feuille de route à l’état-major de l’ANP », Liberté, 19 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/liberte/416103].

    74  Amar Rafa, 2019, « Appel à un dialogue “franc” avec l’institution militaire : les représentants de la société civile lancent une initiative de sortie de crise », Liberté, 20 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/liberte/416237].

    75  Au même moment se tient la réunion du Forum civil pour le changement qui, autour de 150 activistes de la société civile, met l’accent sur la nécessité d’aller vers une Conférence nationale de la société civile. Voir Nassima Oulebsir, 2019, « Conférence nationale de la société civile, le travail avance… », El Watan, 17 mai [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1579121].

    76  Karim Aimeur, 2019, « La société civile s’implique plus de 60 organisations discutent de la crise », Le Soir d’Algérie, 27 mai [En ligne : https://www.djazairess. com/fr/lesoirdalgerie/1024536].

    77  Madjid Makedhi, 2019, « La société civile s’impose comme une force de proposition : elle rendra publique son initiative le 15 juin », El Watan, 3 juin [En ligne :https://www.elwatan.com/edition/actualite/la-societe-civile-simpose-comme-une-force-de-proposition-03-06-2019].

    78  S.n., 2019, « Deux feuilles de route sur la table, la société civile se concerte », Le Midi Libre, 9 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lemidi/1906090105] ; Mohamed Boufatah, 2019, « La société civile diverge : la rencontre des trois dynamiques terminée sans accord », L’Expression, 10 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lexpression/317386].

    79  Nous n’avons pu obtenir aucun document ni aucune liste précise et de manière détaillée des partis ayant pris part à cette conférence nationale.

    80  Dont le président de la CSA Lyes Mrabet qui toutefois refusera d’y prendre part ainsi que10 autres personnalités proposées parmi les 13.

    81  Qui fut proposé par le Forum civil et qui est un ancien ministre de Bouteflika et un ancien président de l’APN.

    82  Dans ce qui suit, nous avons choisi de préserver l’anonymat des personnes ayant pris la parole. Toutefois, il s’agit de propos concernant deux syndicalistes appartenant à trois organisations qui sont le SNAPAP, le SESS, la CGATA, mais aussi deux journalistes et un militant de la LADDH.

    83  Lors de la 4e réunion préparatoire.

    84  Elle exprimera plus tard à la presse les réserves de son syndicat par rapport à cette feuille de route et la possibilité de se retirer de cette initiative, voir Lamia Boufassa, 2019, « Première conférence nationale de la société civile : les mécanismes pour la sortie de crise dévoilés », Le Courrier d’Algérie, 16 juin [En ligne : https://lecourrier-dalgerie.com/premiere-conference-nationale-de-la-societe-civile-les-mecanismes-pour-la-sortie-de-crise-devoiles/].

    85  Ce qui est discutable puisque le communiqué des dynamiques de la société civile datant du 1er juin parle de la nécessité de lever toutes les formes de restrictions sur le hirak populaire pacifique et sur les champs politique, associatif et syndical, mais aussi l’arrêt de la politique d’arrestations et de poursuites judiciaires à l’égard des militants et des participants au hirak.

    86  À l’image du journaliste indépendant Saïd Boudour.

    87  Le Mouvement de la société pour la paix (un parti islamiste).

    88  À l’image du secrétaire général du SNAPEST Meziane Meriane, Kameleddine Fekhar décédé le 28 mai était un militant mozabite loin de faire le consensus puisqu’il était accusé par certains partis pris d’être proche du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Il est connu pour avoir été au cœur de la crise de Ghardaïa en 2013.

    89  Certains de ces faits d’ailleurs ont été rapportés par la presse nationale, voir Ali Boukhlef, 2019, « La conférence du 15 juin compromise : des différences idéologiques minent l’initiative », Liberté, 3 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/ liberte/417151].

    90  Chérif Dris, Louisa Dris-Aït Hamadouche, 2019, « Le face à face hirak-pouvoir : la crise de la représentation », L’Année du Maghreb, vol. 21, p. 57-68.

    91  Toujours est-il que les débats et les discussions entre les partis, les syndicats et les associations ont été entamés bien avant cette date autour de plusieurs rencontres et débats.

    92  Il faut savoir que cette rencontre a réuni plus de soixante partis syndicats et organisations, voir Aissa Moussi, 2019, « Plus de 60 partis, syndicats, organisations et personnalités en conclave aujourd’hui au siège du RCD. L’offensive des démocrates », Le Temps d’Algérie, 26 juin [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/letemps/1054826].

    93  Elle s’inscrit dans la continuité du dit Pôle des forces pour le changement créé par Ali Benflis en avril 2014, quelques jours seulement après le résultat du scrutin, le principal candidat à l’élection présidentielle face à Bouteflika avait dénoncé par cette action « des élections dépourvues de légitimité populaire », voir Nadia Mellal, 2014, « Initié par les partis soutenant le programme de Benflis, un pôle “des forces pour le changement” est né », Liberté, 22 avril [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/un-pole-des-forces-pour-le-changement-est-ne-204595].

    94  Une conférence à laquelle avaient appelé les Forces du Changement dès le 25 avril ; une initiative à laquelle avait pris part Lyes Mrabet président du SNPSP.

    95  Amar Rafa, 2019, « La société civile en rangs dispersés. Conférence de dialogue des forces du changement », Liberté, 6 juillet [En ligne : https://www.djazairess. com/fr/liberte/419336].

    96  Mohamed Boufatah, 2019, « Ils ont dit : les forces de l’opposition pour le changement », L’Expression, 7 juillet [En ligne : https://www.djazairess.com/fr/lexpression/317896] ; Madjid Makedhi, 2019, « La présidentielle comme moyen de sortie de crise : les partisans du dialogue posent leurs conditions », El Watan, 7 juillet [En ligne : https://www.elwatan.com/a-la-une/la-presidentielle-comme-moyen-de-sortie-de-crise-les-partisans-du-dialogue-posent-leurs-conditions-07-07-2019].

    97  Cette rencontre aboutit à l’idée de la constitution d’une Commission de coordination et de suivi chargée de reprendre les initiatives du 15 juin (Dynamiques de la société civile), celle du 26 juin (Pacte de l’alternative démocratique) et celle du 6 juillet (Pôle des forces pour le changement). L’idée est donc de maintenir le dialogue. Voir Farid Belgacem, 2019, « Concertation entre la société civile et les partis politiques, cap sur l’organisation d’une Conférence nationale », Liberté, 28 août [En ligne : https://www.liberte-algerie.com/actualite/cap-sur-lorganisation-dune-conference-nationale-322626].

    98  Il s’agit, dans l’ordre, d’Abelwahab Bendjelloun et d’Abdelhafid Millat.

    99  Nadir Iddir, 2019, « Dynamiques de la société civile : cap sur la Conférence nationale », El Watan, 17 novembre [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/dynamiques-de-la-societe-civile-cap-sur-la-conference-nationale-17-11-2019].

    100  M.M., 2020, « Dynamiques de la société civile et acteurs du hirak : une rencontre nationale prévue pour jeudi prochain à la salle Harcha », El Watan, 16 février [En ligne : https://www.elwatan.com/edition/actualite/dynamiques-de-la-societe-civile-et-acteurs-du-hirak-une-rencontre-nationale-prevue-pour-jeudi-prochain-a-lasalle-harcha-16-02-2020].

    101  Radio algérienne, 2020, « Révision de la Constitution : “Les libertés et le droit syndical sont préservés, le problème est au niveau des lois organiques”, estime Lyes Mrabet », Radio algérienne, 27 mai [En ligne : https://www.radioalgerie.dz/ news/fr/article/20200527/194032.html].

    102  Algérie Presse Service, 2020, « Travail : la majorité des syndicats sont enregistrés dans les administrations publiques », APS, 23 février [En ligne : https://www.aps.dz/economie/102055-la-majorite-des-syndicats-de-travailleurs-sont-enregistres-dans-les-administrations-publiques].

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    Beddoubia, S. (2021). 4. Les Syndicats autonomes en Algérie et le hirak. De la neutralité politique à une volonté de « transition démocratique » ?. In A. Allal, L. Baamara, L. Dakhli, & G. Fabbiano (éds.), Cheminements révolutionnaires (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56554
    Beddoubia, Siham. « 4. Les Syndicats autonomes en Algérie et le hirak. De la neutralité politique à une volonté de “transition démocratique” ? ». In Cheminements révolutionnaires, édité par Amin Allal, Layla Baamara, Leyla Dakhli, et Giulia Fabbiano. Paris: CNRS Éditions, 2021. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56554.
    Beddoubia, Siham. « 4. Les Syndicats autonomes en Algérie et le hirak. De la neutralité politique à une volonté de “transition démocratique” ? ». Cheminements révolutionnaires, édité par Amin Allal et al., CNRS Éditions, 2021, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56554.

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    Allal, A., Baamara, L., Dakhli, L., & Fabbiano, G. (éds.). (2021). Cheminements révolutionnaires (1‑). CNRS Éditions. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454
    Allal, Amin, Layla Baamara, Leyla Dakhli, et Giulia Fabbiano, éd. Cheminements révolutionnaires. Paris: CNRS Éditions, 2021. https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454.
    Allal, Amin, et al., éditeurs. Cheminements révolutionnaires. CNRS Éditions, 2021, https://doi.org/10.4000/books.editionscnrs.56454.
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