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La démocratie est-elle soluble dans l’islam ?

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Abdellah Hammoudi
, 
Denis Bauchard
, 
Rémy Leveau

Cinquième partie. La démocratie entre pressions internes et externes

La « doctrine Bush » explicitée : une généalogie complexe et une stratégie déroutante

Richard Falk
Traduction de Marie Barriet-Savev

Note de l’éditeur

Traduit de l'américain

Texte intégral

Remarques introductives

1L’impulsion nationaliste qui consiste à remodeler le monde à l’image de l’Amérique trouve sans aucun doute ses racines historiques au xviie siècle dans les origines coloniales du pays. Cette ambition visionnaire était initialement composée de trois éléments qui ont évolué au fil des ans, en persistant à des degrés variables, et en s’étoffant même au fur et à mesure que l’histoire américaine se développait :

  • la conviction que les nouvelles colonies installées en Amérique étaient « une ville sur la colline » ou « une nouvelle Jérusalem », essentiellement, une présence originale édifiante et symbolique, contrairement aux États souverains de l’époque, surtout européens. Les connotations religieuses explicites des espoirs qu’entretenait le nouveau pays pour sauver le monde étaient ainsi mises en évidence ;

  • un consensus existant parmi les fondateurs de l’Amérique selon lequel il était essentiel de dépasser les modèles autocratiques européens de gouvernance et de construction de l’État, pour baser l’autorité gouvernementale et la politique étrangère sur une structure constitutionnelle républicaine de « freins et contrepoids » et de « séparation des pouvoirs ». Leur intention était d’empêcher le recours à la guerre, afin d’éviter les cycles de violence qui tourmentaient l’Europe depuis des siècles ;

  • une approche expansionniste du territoire américain, en renforçant le contrôle exercé sur le continent, la patrie, en avertissant l’Europe de s’abstenir de toute intervention sur celui-ci (la doctrine Monroe de 1823), et, à la fin du xixe siècle (après la guerre hispano-américaine de 1898), en sortant des frontières du territoire des États-Unis pour réclamer des territoires à l’étranger lors d’un bref moment de pur colonialisme.

  • 2 Power, Terror, Peace, and War : America’s Grand Strategy in a World at Risk, National Council on Fo (...)

2Il suffit de peu d’imagination pour découvrir des traces de ces éléments tels qu’ils sont intégrés dans le sentiment ambitieux qu’a l’Amérique contemporaine de sa mission globale, ce que Walter Russell Mead appelle dans son ouvrage récent2 « Le projet américain » :

    • 3 National Security Strategy of the United States of America, The White House, Washington, 2002.

    si on ne peut nier le regain de confiance religieuse dans la destinée mondiale spécifique de l’Amérique, il existe également une volonté séculaire sans précédent de proclamer officiellement la nature exemplaire de l’orientation adoptée par les États-Unis en matière de gouvernance. Les touts premiers mots de la lettre du président Bush qui sert de préface à un document désormais presque canonique3 déclarent de manière surprenante la supériorité absolue des États-Unis en matière de gouvernance : « Les luttes incessantes, qui, au xxe siècle, ont opposé totalitarisme et liberté se sont terminées par la victoire décisive des forces de la liberté – et par un seul modèle acceptable pour la réussite des nations : la liberté, la démocratie et la libre entreprise. »

    • 4 In Of Paradise and Power, Knopf Publishers, 2003.

    l’accent est à nouveau mis, mais cette fois de manière inversée, sur les différences soi-disant décisives qui séparent la philosophie et la vision européennes du monde et celles des États-Unis. Ces différences sont exprimées de manière persuasive par Robert Kagan4, chef de file néoconservateur. En ayant recours à une imagerie coloniale inversée, il dépeint les différences entre les continents comme liées à la capacité et à la volonté mondiales : l’Europe est décrite comme moralisatrice et axée sur la loi car elle est faible et blessée, tandis que les États-Unis sont considérés comme endossant les responsabilités mondiales d’un ordre unipolaire car ils sont forts et triomphants. Pour beaucoup de ceux qui exercent depuis peu une influence à Washington, la division sur la guerre en Irak a confirmé ce clivage et validé l’unilatéralisme américain : les États-Unis ne demanderont jamais l’autorisation des Nations Unies ou de quiconque pour déclencher une guerre. Cet unilatéralisme a été manifeste dans les premières décisions de la présidence Bush : refus des traités sur le contrôle des armements, rejet de la Cour internationale de justice et refus du Protocole de Kyoto limitant les émissions de gaz à effet de serre. De fait, ce nouveau leadership a altéré l’image de l’Amérique dans le monde : elle qui se revendiquait autrefois comme une nation de droits « lockien » dans un monde « hobbesien » anarchique, se proclame désormais super-nation « hobbesienne » dans un monde de plus en plus « lockien » ;

    • 5 Publié sous le titre Rebuilding America’s Defenses en septembre 2000.

    enfin, le sentiment d’une prérogative américaine en ce qui concerne la domination de territoires stratégiques s’est transformé en ce qui pourrait maintenant être décrit comme une doctrine Monroe virtuelle pour le monde. Si cette évolution se justifie depuis le 11 Septembre, car le monde entier est devenu un champ de bataille de la guerre contre le terrorisme, elle était encore plus évidente avant ces événements : en fait, depuis l’effondrement de la primauté stratégique incontestée de l’Union soviétique sur les États-Unis. À cet égard, le rapport du think tank The Project for a New American Century (PNAC)5 donne un aperçu crucial de la pensée qui sous-tend la doctrine Bush. Ce rapport, préparé par des sommités néoconservatrices des mois avant l’élection à la présidence de George W. Bush – et bien avant le début de la guerre contre le terrorisme un an après – répète sans nuance ni euphémisme un seul et même credo : le défi auquel fait face le gouvernement américain et l’occasion qui lui est offerte consiste à « traduire la supériorité militaire des États-Unis en prééminence géopolitique ». Malgré l’absence de rivaux stratégiques depuis la fin de la guerre froide, la réalisation de cet objectif nécessitera un budget militaire en expansion. Le rapport – document interne datant de 1992 et rédigé au plus haut niveau, au moment où Dick Cheney était ministre de la Défense – définit « un plan permettant le maintien de la prééminence américaine, en empêchant l’ascension d’un grand rival et en modelant l’ordre de la sécurité internationale conformément aux principes et aux intérêts américains ». Ce document fut brièvement divulgué à la presse puis temporairement retiré car le climat politique n’était alors pas propice. Mais, comme le montre clairement le rapport du PNAC, la pensée des conservateurs a été hantée par cette vision de domination globale qui a déterminé la stratégie à adopter : il s’agissait de se saisir ouvertement d’une opportunité géopolitique associée à une possible victoire républicaine aux élections présidentielles de 2000. Dans sa présentation et son raisonnement, cette vision a été totalement séparée de toute menace terroriste. Mead observe de manière plus experte que « ... Le projet américain de construction de l’ordre mondial est de plus en plus considéré comme une affaire de vie ou de mort pour l’humanité toute entière » et que « ... les Américains ont toujours pensé que leurs valeurs religieuses et politiques devaient prévaloir dans le monde ». Une confiance explicite en la prééminence militaire et en l’« endiguement anticipé » comme moyens de promotion du projet américain ont donné son ton et son originalité à l’approche néoconservatrice en 2005. L’entourage de Bush reproche à la présidence Clinton d’avoir joué les mauviettes en ce qui concerne la mainmise sur cette primauté géopolitique, particulièrement en échouant à maintenir les dépenses militaires au moins au niveau de celles de la guerre froide et en ne comprenant pas que pour des raisons de priorité stratégique (pétrole, endiguement de l’islam, Israël, hégémonie régionale), il était crucial de contrôler le Moyen-Orient pour soutenir la prééminence américaine dans les années à venir.

La « doctrine Bush »

  • 6 Dans son ouvrage portant le titre pertinent de The New Pearl Harbor et en français Le Nouveau Pearl (...)

3Les attaques du 11 Septembre ont sans aucun doute donné à la présidence Bush l’espace politique nécessaire pour transformer cette vision néoconservatrice d’un ordre mondial dominé par l’Amérique en une réalité opérationnelle. Elles ont également posé des défis de sécurité spécifiques qui ont nécessité un remaniement fondamental de la politique de sécurité américaine. Le rapport du PNAC révélait que l’on s’attendait à ce que le processus d’obtention du soutien public nécessaire soit extrêmement lent à moins qu’un événement catalyseur, ce que le rapport appelait un « nouveau Pearl Harbor », ait lieu. Ces propos ont amené certaines critiques à considérer le 11 Septembre comme un événement orchestré, au moins en partie, afin d’établir le climat politique qui était absent lors de la divulgation du rapport de 1992, permettant ainsi la construction d’un empire global. Parmi ces affirmations troublantes sur le 11 Septembre, on retiendra celles avancées par David Ray Griffin, philosophe des religions respecté de tous6.

4Quel que soit le contexte, la présidence Bush a assemblé les éléments de son ambitieuse stratégie en s’orientant vers quatre grandes directions :

  • tout d’abord, elle a défini les attaques du 11 Septembre comme le début d’une guerre, plutôt que comme un défi à la mise en œuvre du droit pénal international ; n’importe quel dirigeant américain aurait probablement répondu de la même manière que Bush, mais la réponse choisie ne va pas pour autant de soi. La guerre est un conflit entre des antagonistes territoriaux, particulièrement des États souverains capables de diplomatie. Comment peut-on faire la guerre contre un acteur caché, qui n’est pas un État, et qui peut se trouver à la fois partout et nulle part ? C’est impossible. Il faut donc agir comme si on pouvait faire la guerre contre des États étrangers. Si ce raisonnement était plausible en ce qui concerne l’Afghanistan, il manque de crédibilité dans le contexte de l’Irak ;

  • ensuite, la présidence Bush a développé une doctrine qui annonçait de manière trompeuse une politique de « guerre préventive » en cas de menace. Cette déclaration apparemment limitée défiait la loi internationale sauf si la guerre préventive était liée à une menace imminente ou mandatée par une décision du Conseil de sécurité ; l’Irak ne représentait pas de menace imminente et bien que le gouvernement américain ait fait de son mieux pour obtenir l’approbation du Conseil de sécurité, il a échoué. En se lançant dans la guerre en Irak, le gouvernement américain a donc étendu la déclaration de guerre préventive au recours à la guerre préventive en l’absence de menace imminente. Même dans le cas de l’Irak, cette extension n’a convaincu personne, à l’exception des États-Unis et de quelques gouvernements européens dociles. Il était en effet difficile de considérer l’Irak comme une future menace pour les États-Unis. Si elle l’avait à la rigueur été pour ses voisins immédiats, aucun, à l’exception du Koweït, n’a approuvé la guerre. En réalité, ce qui a été proclamé comme guerre préventive et expliqué en faisant référence aux dangers liés à l’accès par les terroristes aux armes de destruction massive, est ce que l’on nomme plus correctement une guerre stratégique. C’est-à-dire une guerre arbitraire contre l’Irak, lancée essentiellement pour atteindre des objectifs stratégiques au Moyen-Orient (contrôle des ressources énergétiques, assurance de la domination régionale), indépendants de la guerre contre le terrorisme, et déjà présents avant le 11 Septembre dans le souci de soutenir la « prééminence géopolitique » de l’Amérique.

5La nouvelle stratégie de sécurité fut initialement présentée par le président Bush en juin 2002, dans un discours prononcé à la remise des diplômes de West Point. Elle fut ensuite affinée dans un important document présentant la stratégie de sécurité nationale des États-Unis et publié en septembre 2002. À West Point, Bush exprima le principe central de la philosophie préventive en ces termes :

« Le danger le plus grave qui menace la liberté se situe à la croisée périlleuse des chemins que sont le radicalisme et la technologie. Lorsque se produit une prolifération d’armes chimiques, biologiques et nucléaires et qu’existe la technologie pour la fabrication de missiles balistiques, même les États faibles et les petits groupes peuvent accumuler une puissance catastrophique leur permettant de frapper de grandes nations. [...] La dissuasion – promesse de représailles massives contre les pays – ne veut rien dire pour les réseaux clandestins de terroristes qui n’ont ni nation, ni peuple à défendre. L’endiguement est impossible lorsque des dictateurs déséquilibrés possédant des armes de destruction massive peuvent en armer des missiles ou en fournir secrètement à leurs alliés terroristes. Nous ne pouvons pas défendre les États-Unis et leurs amis en étant optimistes. Si nous attendons que les menaces se matérialisent, nous aurons attendu trop longtemps. »

6Ce mode de pensée est l’inverse de celui en cours pendant la guerre froide, selon lequel, à l’époque, en refusant d’attendre la matérialisation des menaces, on aurait déclenché une guerre catastrophique pour tous. Cette nouvelle approche, par contre, est basée sur le refus de cette attente. Selon la logique de la doctrine Bush, il est naturel de se concentrer sur les pays cherchant à acquérir des armes de destruction et pour lesquels on suppose que ce scénario pessimiste est peut-être en train de se dérouler. L’une des nombreuses caractéristiques troublantes de l’approche préventive est qu’elle refuse de faire la différence entre l’acquisition « défensive » d’armes de destruction massive et leur possession permettant de faciliter le lancement d’une guerre de terreur contre les États-Unis. L’Iran et la Corée du Nord ont de sérieuses raisons traditionnelles de sécurité pour acquérir des armes nucléaires, au moins aussi sérieuses que l’Inde, le Pakistan ou Israël. Autre caractéristique troublante : l’insistance unilatérale à déterminer l’existence d’une telle menace et l’échec à fournir des critères permettant de l’identifier. Tout ceci est amplifié par la dimension militaire de la doctrine Bush – initialement appliquée à l’Irak – qu’il était difficile de percevoir comme une menace crédible, même à long terme.

7Le document présentant la stratégie de sécurité nationale des États-Unis utilise cependant un langage assez prudent qui peut modifier le recours à une guerre préventive :

  • 7 Voir W. H. Taft et T. F. Buchwald, Pre-emption, Iraq and International Law, AJIL Agora, 2003.

« Les États-Unis n’utiliseront pas la force dans tous les cas pour prévenir les menaces émergentes, et les nations ne doivent pas non plus utiliser la prévention comme prétexte à l’agression. Alors que les ennemis de la civilisation cherchent ouvertement et activement à obtenir les technologies les plus destructives, les États-Unis ne peuvent pourtant rester inactifs alors que les dangers augmentent. Nous procèderons toujours de manière délibérée, en mesurant les conséquences de nos actions... Les raisons à nos actions seront claires, la force mesurée et la cause juste7. »

8Si une telle prudence avait effectivement régi la pensée américaine, il n’y aurait pas eu de guerre en Irak !

  • 8 In Larger Freedom, A/59/2005, publié le 21 mars 2005, para. 122-126. Titre français : Dans une libe (...)

9Dans son rapport sur la réforme des Nations Unies8, Kofi Annan, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, propose, en de mêmes circonstances, une orientation plus prudente. Tout en intégrant l’importance donnée par le président Bush aux menaces émergentes, le Secrétaire général suggère de manière quelque peu sujette à controverse que « les menaces imminentes sont traitées par l’article 51. Les juristes admettent depuis longtemps que cet article traite à la fois d’une attaque imminente et d’une attaque déjà survenue ». Il est vrai que certains juristes ont considéré cet article comme autorisant l’autodéfense dans le cadre de la Charte des Nations Unies, les autres ayant opté pour une lecture plus littérale, qui interdit légalement toute réponse préventive en l’absence d’un mandat délivré par le Conseil de sécurité.

10Kofi Annan va même plus loin en acceptant la vision du gouvernement américain du rôle de la force dans le monde de l’après- 11 Septembre : « Lorsque les menaces ne sont pas imminentes, mais latentes, la Charte donne toute autorité au Conseil de sécurité pour utiliser la force militaire, y compris préventivement, afin de préserver la paix et la sécurité. » En réalité, si les États-Unis avaient eu plus de poids au Conseil de sécurité ou peut-être plus de patience ou si les membres permanents avaient été convaincus par les argument de Washington, l’invasion de l’Irak aurait été « légale » selon le droit international. Selon moi, cette autorité du Conseil de sécurité est légalement et politiquement douteuse, car elle autorise l’ONU à légaliser ce qui serait sinon une « agression » contre un État souverain. Je crois que le cadre constitutionnel de la Charte ne devrait pas être aussi influencé par les variations géopolitiques.

  • Troisièmement, la doctrine Bush a recentré la politique étrangère américaine sur le Moyen-Orient, s’éloignant ainsi de la vision pratiquée au xxe siècle, selon laquelle le futur géopolitique serait déterminé en Europe. Elle a également rejeté la « diplomatie humanitaire » futile des années Clinton qui a détourné le pouvoir américain de ses priorités géostratégiques dans les années 1990 : le Moyen-Orient avant tout, puis l’Asie du Sud-Est. Cette reconfiguration de la carte géopolitique nous aide à comprendre la ruée vers la guerre en Irak, ce que confirment de manière croissante des documents publiés récemment qui indiquent que, dans les jours qui suivirent le 11 Septembre, Bush estimait comme « inévitable » l’invasion de l’Irak qui ne pouvait être empêchée par la diplomatie ou par des inspections illimitées de l’ONU des usines de fabrication d’armes de destruction massive.

  • Et quatrièmement, la doctrine Bush relie directement ses initiatives militaires à la mission déclarée des États-Unis de diffusion de la démocratie dans le monde, et particulièrement au Moyen-Orient. Dans le contexte de la guerre en Irak, alors que l’échec à trouver des armes de destruction massive rendait de plus en plus minces les arguments de sécurité, l’argument de la démocratisation fut mis en avant. Plus précisément, la rhétorique de la démocratisation semble invariablement constituer une partie essentielle de la vision du monde selon les néoconservateurs, bien que sa signification réelle demeure non-testée et ambiguë. Plusieurs éléments (évolution de la situation au Moyen-Orient, élections irakiennes de janvier 2005, passage du Hamas de la lutte armée à la participation au processus politique palestinien, réussite des grandes manifestations contre la présence militaire syrienne au Liban, tentatives de mouvement partiel vers la démocratie dans des pays importants comme l’Égypte et l’Arabie saoudite) ont contribué à faire naître brièvement l’impression réticente qu’après tout, la politique étrangère de Bush exerçait peut-être au Moyen-Orient une influence finalement nécessaire en matière de démocratisation. Il est bien sûr trop tôt pour arriver à cette conclusion et les effets des évolutions mentionnées sont incertains et susceptibles de s’inverser. Il faut également noter que le Rapport arabe sur le développement humain de 2004, ainsi que de nombreux experts indépendants, arrivent à la conclusion opposée : le rôle de l’Amérique en Irak et le soutien unilatéral à Israël dans son combat avec les Palestiniens contrarient les tendances autochtones à la démocratie dans la région, au lieu de les encourager.

11En s’engageant pour la promotion de la démocratie, le gouvernement américain dévie nettement de l’approche adoptée pendant toute la guerre froide par la politique étrangère américaine dans le Tiers-Monde, particulièrement au Moyen-Orient. Les régimes autoritaires étaient alors invariablement considérés comme les meilleurs garants des intérêts américains. Les mouvements démocratiques, généralement nationalistes, soutenant des programmes de réforme souvent socialistes et optant pour un alignement neutre ou pro-soviétique, étaient quant à eux jugés comme menaçants. Cette vision sceptique de la démocratie fut illustrée par la célèbre remarque d’Henry Kissinger suite à la victoire électorale de Salvador Allende au Chili : « Je ne vois pas pourquoi nous [les États-Unis] devrions attendre sans bouger qu’un pays devienne communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple. » En 1948, le théoricien principal de la diplomatie de la guerre froide, George Kennan, exprima encore plus clairement l’incompatibilité entre les intérêts américains et la promotion de la démocratie dans un document top secret distribué sous son nom, alors qu’il était directeur du Centre d’analyse et de prévision au Département d’État :

« ... Nous représentons environ 50 % des richesses mondiales, mais seulement 6,3 % de la population du globe... Nous ne pouvons pas ne pas être l’objet de l’envie et du ressentiment d’autrui. Dans le futur, notre vraie tâche consistera à concevoir un modèle de relations qui nous permettra de maintenir cette position d’inégalité sans porter préjudice à notre sécurité nationale... Pour cela, nous devrons abandonner toute sentimentalité et toute rêverie... »

12G. Kennan était clair sur les implications de cette approche pour la politique étrangère américaine :

« Nous devrions cesser de parler d’objectifs vagues et irréels, tels que les droits de l’homme, l’augmentation des niveaux de vie et la démocratisation. Nous devrons très bientôt discuter de concepts de pouvoir purs. Moins nous serons gênés par des slogans idéalistes, mieux ce sera. »

  • 9 Voir Derek Gregory, The Colonial Present, Afghanistan, Palestine, Iraq, Blackwell, Oxford, 2004.

13Nous devons nous demander ce qui a changé depuis ces déclarations et leur mise en œuvre par Kissinger et Kennan. Le discours de démocratisation doit-il être compris comme un simple effort de relations publiques afin de donner une légitimité à une diplomatie interventionniste et à une guerre agressive9 ?

14Ainsi, ce quatrième élément de la doctrine Bush semble être l’opposé de l’approche autrefois pratiquée par les Américains en matière de géopolitique. C’est encore plus manifeste au Moyen-Orient. Les peuples de la région sont si fortement opposés aux objectifs stratégiques américains que cela rend les perspectives de démocratisation particulièrement confuses. Il n’est nul besoin de sondages d’opinion sophistiqués pour montrer que les peuples de la région sont bien plus opposés à la prééminence américaine dans la région et à la diplomatie pro-israélienne que ne le sont les gouvernements autoritaires et corrompus qui contrôlent maintenant la majorité de ces pays et dépendent des subventions et/ou du soutien américains pour consolider leur mainmise sur des citoyens peu dociles. De récents sondages d’opinion ont montré qu’au moins 90 % de la population des pays importants de la région est en faveur d’une politique étrangère anti-américaine. Nous devons supposer que le gouvernement Bush est aussi conscient de ces réalités que le spectateur moyen du journal du soir d’Al-Jazira.

15Bush s’est lui-même exprimé en diverses occasions en faveur de la démocratie, en faisant référence au Moyen-Orient, essentiellement lors de discours prononcés à la National Endowment for Democracy, (NED, Fondation nationale pour la démocratie) et à l’American Enterprise Institute, et de manière plus générale dans son second discours inaugural en janvier 2005. En novembre 2003, lors d’un discours prononcé à l’occasion du 20e anniversaire de la NED, le président Bush s’exprima en ces termes : « Notre engagement envers la démocratie est également testé au Moyen-Orient : un axe de la politique étrangère américaine pour les décennies à venir. » La raison de cet engagement est expliquée au cours du discours, mais les phrases suivantes sont indicatives :

« Depuis la fin de l’époque coloniale, le Moyen-Orient a vu l’avènement de plusieurs dictatures militaires. Certains dirigeants ont adopté les dogmes socialistes, se sont emparés des partis politiques, des médias et de l’université... Ils ont laissé en héritage la torture, l’oppression, la misère et la ruine. » Puis, « Beaucoup de gouvernements du Moyen-Orient comprennent à présent que la dictature militaire et le gouvernement théocratique, s’ils constituent une voie toute tracée et sans obstacle, ne mènent pour autant nulle part. Certains gouvernements craignent et répriment toujours la pensée indépendante et la créativité, ainsi que la libre entreprise – des qualités humaines qui rendent les sociétés fortes et prospères. »

16Pour finir, Bush justifie un ordre du monde pragmatique permettant la progression de la démocratie en se basant sur le lien supposé entre un gouvernement d’oppression et la menace terroriste. Selon les termes de Bush, l’encouragement de la démocratie en Irak et dans la région...

«... est une entreprise gigantesque et difficile – qui vaut que nous fassions des efforts, des sacrifices, car nous en connaissons les enjeux. L’échec de la démocratie en Irak encouragerait les terroristes du monde entier, accroîtrait les dangers auxquels doit faire face le peuple américain et éteindrait l’espoir de millions de gens dans la région... C’est pourquoi les États-Unis ont adopté une nouvelle politique, une stratégie de promotion de la liberté au Moyen-Orient. »

17La démocratie est donc recommandée car son absence produit amertume et frustration donnant naissance à des politiques et à des religions extrémistes qui se transforment facilement aujourd’hui en un terrorisme anti-américain.

18Cette mission de démocratisation du Moyen-Orient (et du monde) était l’élément central du second discours inaugural de Bush :

« Nous avons constaté notre vulnérabilité – et nous connaissons son origine principale. Tant que des régions entières du monde souffriront du ressentiment et de la tyrannie – prêtes à adopter des idéologies qui nourrissent la haine et excusent le meurtre – la violence s’amplifiera et se transformera en un pouvoir destructif qui traversera les frontières les mieux défendues et engendrera une menace mortelle. Une seule force dans l’histoire a pu briser le règne de la haine et du ressentiment, exposer au grand jour les ambitions des tyrans et récompenser les espoirs des peuples honnêtes et tolérants. Il s’agit de la liberté [et de la démocratie]. »

19C’est dans ce contexte que Bush exprime sa vision positive du futur :

« Le meilleur espoir de paix pour le monde est l’extension de la liberté... La politique des États-Unis doit donc rechercher les mouvements et les institutions démocratiques de chaque nation et de chaque culture et les soutenir, en ayant comme objectif ultime la fin de la tyrannie dans le monde. »

  • 10 Présentés dans An End to Evil : How to Win the War on Terror, New York, Random House, 2004.
  • 11 On peut développer un argument similaire en se basant sur le point de vue des partisans de la mondi (...)

20La mission idéologique esquissée par le président Bush a été expliquée de manière plus exhaustive par deux membres de son cercle fermé de conseillers et de théoriciens néoconservateurs, David Frum et Richard Perle. Leurs arguments10 semblent exprimer l’approche adoptée par Bush en matière de politique étrangère. Tout comme le président, Frum et Perle fusionnent les intérêts nationaux des États-Unis avec un engagement idéaliste visant à obtenir par la guerre le bien-être des sociétés étrangères. Leur discours clarifie dans une certaine mesure deux dimensions de la politique étrangère destinées à promouvoir la démocratie. La première insiste sur le fait que l’identité des attaquants du 11 Septembre a montré de manière décisive que le gouvernement américain ne peut plus compter sur les gouvernements autoritaires du Moyen-Orient pour réprimer efficacement l’extrémisme anti-américain parmi ses citoyens en se fiant à des tactiques répressives. Frum et Perle, qui ne mâchent pas leurs mots, avancent que la répression des extrémistes, qu’ils désignent de manière peu délicate par le terme d’éradication, ne fonctionne plus. Comme ils l’écrivent «... la leçon du 11 Septembre est la suivante : l’éradication ne fonctionne plus. Les extrémistes sont devenus trop nombreux, trop puissants. Et les gouvernements du Moyen-Orient sont de moins en moins désireux de faire cette éradication à notre place ». De fait, les gouvernements doivent rendre compte démocratiquement à leurs citoyens pour éviter la menace croissante d’un extrémisme incontrôlable, en particulier une orientation encore plus marquée vers le jihad islamique11.

21Mais la démocratie peut ne pas être ce qu’elle paraît. Frum et Perle semblent même soutenir un coup d’État militaire qui restaurerait un régime autoritaire s’il fallait cela pour empêcher la victoire d’une mauvaise « démocratie ». En termes cyniques, « Au Moyen-Orient, la démocratisation ne signifie pas l’organisation immédiate d’élections, puis l’acceptation des résultats, quels qu’ils soient. C’est ce qui a été tenté en Algérie en 1995 [sic – c’était en 1992], et cela a amené les extrémistes islamiques au pouvoir comme seule alternative au statu quo frauduleux ». Quelles sont les implications de cette approche pour l’Irak et pour d’autres pays ? Frum et Perle déclarent d’un air incrédule que « [nous] ne sommes pas venus en Irak pour gouverner le pays, mais pour restaurer une autonomie gouvernementale qui lui a été volée pendant des décennies de tyrannie. » Mais si, dans la pratique, le gouvernement américain n’a pas à accepter des résultats d’élections qu’il estime contraire à ses espoirs pour l’Irak, et s’il continue la construction de bases militaires permanentes dans le pays, malgré la volonté écrasante du peuple irakien de voir le retrait complet des forces américaines, alors que veut dire la « démocratie » ? Dans ce cas, il est prudent de penser que, si l’Amérique arrive à faire ce qu’elle veut dans la région, les invocations orwelliennes à la démocratie remplaceront probablement une vraie démocratie.

22Si l’on adopte une vision à long terme de l’histoire américaine, cette conception de la démocratisation pourrait être considérée comme la dernière réaffirmation de ce que Mead a appelé le « projet américain » et, en tant que telle, ne constituerait pas un grand sujet de préoccupation. Sur le plan national et international, ce qui rend le plaidoyer de Bush pour la démocratie gênant c’est qu’il semble intimement lié à une attitude américaine composée d’unilatéralisme agressif, de guerre illégale, et d’ambitions impérialistes démesurées. Les implications nuisibles de la démocratisation coercitive ont été horriblement démontrées, en particulier pendant la guerre en Irak, lorsqu’elle a entraîné les abus d’Abu Ghraïb et une guerre de résistance qui a peut-être déjà franchi la frontière qui séparait le combat contre l’occupation du lancement d’une guerre civile dévastatrice pour le contrôle de l’Irak. Si c’est cela le produit de la « démocratisation », l’autoritarisme devient alors plus tolérable.

  • 12 Amy Chua, World on Fire : How Exporting Free-Market Democracy Breeds Ethnic Hatred and Global Insta (...)

23L’adhésion sans condition à la démocratie considérée comme voie invariante pour un meilleur avenir pose également d’autres problèmes. Si les citoyens sont mobilisés autour d’une vision extrémiste, la démocratisation peut mener à une politique étrangère démesurée et militariste, comme l’a sans doute représenté le résultat démocratique des récentes élections israéliennes. Amy Chua dans son important ouvrage12 explore d’un point de vue théorique et provocant la façon dont le ressentiment envers les minorités économiquement dominantes au Moyen-Orient pourrait, dans des conditions de démocratisation rapide, entraîner des réactions ethniques virulentes au niveau régional et national, y compris l’intensification régionale des attitudes et des politiques anti-israéliennes.

24La doctrine Bush est un étrange hybride entre une politique étrangère visionnaire combinée à des travaux géopolitiques actuellement en cours. Son évolution dans les mois et les années à venir sera probablement influencée par les prochaines phases de conflits non résolus avec la Syrie et l’Iran, et plus indirectement, avec la Corée du Nord. Elle sera également modelée par les événements en Irak, en fonction de l’apparition d’un sentiment anti-guerre aux États-Unis, de la persistance ou non du succès électoral du Parti républicain ou des leçons tirées de cette expérience par ceux qui règnent sur l’échiquier géostratégique. Je pense qu’il est probable que le plaidoyer de Washington pour la démocratie se modérera, surtout si les résultats obtenus en Irak se révèlent incompatibles avec les objectifs stratégiques de la politique étrangère américaine.

  • 13 Rédigé par le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, U (...)
  • 14 A/59/565, décembre 2004 ; également cité dans le rapport du Secrétaire général, In larger Freedom, (...)

25Les éléments les plus durables de la doctrine Bush sont liés à son orientation géopolitique vers le Moyen-Orient et à sa volonté d’adopter une approche préventive face aux menaces terroristes crédibles. Il est à noter qu’un rapport récent concernant la réforme des Nations Unies13 pour la Charte l’ONU une plus flexible de l’autodéfense afin d’intégrer les notions de prévention en cas d’imminence d’une menace d’attaque et que le Conseil de sécurité donne son approbation à l’exercice de l’autodéfense par anticipation14. De manière plus générale, il existe une certaine tolérance pour l’utilisation de la force et le non-respect de la souveraineté des États, à condition qu’ils soient liés de manière crédible à des menaces réelles de terrorisme international. L’approbation générale de la guerre lancée par les Américains contre l’Afghanistan a reflété cette nouvelle approche de l’utilisation de la force dans le climat de l’après- Septembre, une approche qui brouille les frontières entre la mise en œuvre de la loi et l’intervention militaire.

26Les préoccupations concernant le futur du Moyen-Orient persisteront probablement et, dans la mesure où la doctrine Bush a intégré ce changement d’attention géopolitique, perdureront probablement au-delà de la présidence Bush. Cette perspective est accrue par la stabilité généralisée en Europe. Il est certainement vrai qu’un mouvement plus géocentrique vers l’Asie du Sud-Est pourrait survenir si les tensions entre la Chine et Taiwan s’intensifiaient ou si une nouvelle guerre survenait dans la péninsule coréenne.

27À cet égard, Washington abandonnera probablement la guerre stratégique comme seule option discrétionnaire pour réaliser les objectifs de sa politique étrangère, tout comme sa promotion visionnaire et unilatérale de la démocratie à l’aide d’un « changement de régime » coercitif destiné à chasser du pouvoir les dirigeants oppressifs des pays étrangers. Il est presque certain que l’expérience irakienne, même si elle doit mener de manière inattendue à une stabilité politique et à une reprise économique, inhibera les efforts futurs. Elle s’est révélée trop coûteuse pour des résultats politiques trop problématiques et incontrôlables.

28Je pense également qu’il est probable que Washington se décidera à abandonner son plaidoyer pour la démocratie et se fiera de nouveau à ses « alliés » autoritaires si les pressions pour la démocratisation amènent au pouvoir des gouvernements islamiques ou déclenchent une hostilité face aux rôle stratégique de l’Amérique dans la région. Il est en revanche hautement improbable que cet abandon soit admis s’il survient alors que les Républicains dirigent la politique étrangère américaine et il n’est pas certain qu’il influe sur les perspectives de démocratie dans la région.

29La doctrine Bush, telle qu’elle a été formulée en 2002, pourrait être remplacée dans les années à venir par une approche plus équilibrée du leadership mondial des États-Unis qui mettrait d’avantage l’accent sur la coopération multilatérale, les lois et les institutions internationales et un partenariat renouvelé avec des alliés traditionnels, surtout en Europe. La désignation de l’acerbe néoconservateur, John Bolton, au poste d’ambassadeur auprès des Nations Unies, suggère que l’adoption d’une politique étrangère américaine plus modérée et pragmatique dans la région et donc d’une approche moins visionnaire, pourrait bien se révéler illusoire.

  • 15 Charles Kupchan, Iranian Nuclear Potential and Its Effect in the Middle East, http://www.american-i (...)

30Les perspectives d’un renouveau du réalisme américain dans son approche du Moyen-Orient sont en train d’être testées dans des contextes autres que l’Irak et Israël/Palestine. Charles Kupchan, analyste respecté de politique étrangère, a écrit dans le contexte de la perspective que l’Iran dispose de l’arme atomique que « d’un point de vue systémique international, on peut dire objectivement qu’après le 11 Septembre, la stabilité au Moyen-Orient est peut-être l’objectif de sécurité le plus important que doit atteindre la communauté internationale15 » questions émergent perspective réaliste. Modifiera-t-elle la doctrine Bush, telle qu’elle est appliquée par le gouvernement actuel, si l’objectif plus traditionnel de « stabilité » devait se substituer à la « démocratie » ? Une telle mise au point serait-elle acceptable pour les gouvernements et les peuples de la région ? Le langage utilisé pour décrire les objectifs américains importera-t-il si les politiques menées pour résoudre le problème israélo-palestinien, les « changements de régime » et la non-prolifération de l’armement nucléaire ne montrent pas un plus grand respect des principes d’autodétermination et des procédures et normes des Nations Unies ?

31Walter Russell Mead conclut son ouvrage par un commentaire révélateur :

« En fin de compte, les 5 % de la population mondiale qui vivent aux États-Unis ne peuvent pas imposer un ordre mondial aux 95 % de l’humanité qui se trouvent au-delà de nos frontières. Les États-Unis doivent encourager des valeurs et des libertés significatives non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour nos partenaires et nos amis de par le monde. »

32Dans un certain sens, la mise en œuvre mondiale d’une véritable philosophie démocratique est destinée à résister aux formes d’hégémonie américaine manquant de légitimité. C’est la réalité de base du plus grand défi historique auquel doit faire face l’humanité : passer de la démocratisation des relations entre l’État et la société à celle des modes et des formes de gouvernance mondiale.

Notes

2 Power, Terror, Peace, and War : America’s Grand Strategy in a World at Risk, National Council on Foreign Relations, 2004.

3 National Security Strategy of the United States of America, The White House, Washington, 2002.

4 In Of Paradise and Power, Knopf Publishers, 2003.

5 Publié sous le titre Rebuilding America’s Defenses en septembre 2000.

6 Dans son ouvrage portant le titre pertinent de The New Pearl Harbor et en français Le Nouveau Pearl Harbor, Paris, Éditions Demi-Lune, 2006.

7 Voir W. H. Taft et T. F. Buchwald, Pre-emption, Iraq and International Law, AJIL Agora, 2003.

8 In Larger Freedom, A/59/2005, publié le 21 mars 2005, para. 122-126. Titre français : Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous, disponible sur le site des Nations Unies.

9 Voir Derek Gregory, The Colonial Present, Afghanistan, Palestine, Iraq, Blackwell, Oxford, 2004.

10 Présentés dans An End to Evil : How to Win the War on Terror, New York, Random House, 2004.

11 On peut développer un argument similaire en se basant sur le point de vue des partisans de la mondialisation économique, tels Thomas Friedman, qui insiste sur le fait que la démocratie porte les fruits de la modernité qui apporteront à leur tour la modération politique. Ajami et Bernard Lewis affichent une conviction identique, même si la démocratie est imposée de force dans la région par une intervention extérieure. Ajami, « The Autumn of the Autocrats » et Lewis, « Freedom and Justice in the Modern Middle East », Foreign Affairs, 84, n° 3, p. 20-35 et 36-51, 2005.

12 Amy Chua, World on Fire : How Exporting Free-Market Democracy Breeds Ethnic Hatred and Global Instability, Heinemman, 2003 ; voir également The Sixth Annual Grotius Lecture, 2004.

13 Rédigé par le Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement, Un monde plus sûr : notre affaire à tous, consultable sur le site http://www.un.org/french/secureworld/.

14 A/59/565, décembre 2004 ; également cité dans le rapport du Secrétaire général, In larger Freedom, op. cit.

15 Charles Kupchan, Iranian Nuclear Potential and Its Effect in the Middle East, http://www.american-iranian.org.

Auteur

Marie Barriet-Savev (Traducteur)

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