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Les sépultures individuelles campaniformes en France

 | 
Laure Salanova
, 
Yaramila Tcheremissinoff

Première partie. Le Nord

Chapitre X. Chronologie et facteurs d’évolution des sépultures individuelles campaniformes dans le Nord de la France

Laure Salanova

Texte intégral

1Faits anecdotiques au début des années 1990 dans la moitié nord de la France, les sépultures individuelles campaniformes représentent à l’heure actuelle un corpus de quarante-quatre tombes attestées, réparties entre trente-trois sites, auxquelles s’ajoutent quatorze tombes incertaines (fig. 73).

  • 15 Dans la moitié nord de la France, tous les squelettes disponibles ont été datés grâce tout d’abord (...)

2Fruits de découvertes souvent fortuites, très anciennes ou liées au hasard des grands décapages modernes sur des sites d’envergure d’autres périodes, ces sépultures souffrent de lacunes documentaires. Elles sont le plus souvent isolées, mais les fouilles extensives permettent à présent de les replacer dans leur environnement. Les travaux récents et, en particulier, la présence plus systématique de spécialistes de l’archéologie funéraire sur le terrain, autorisent à cerner plus précisément les pratiques funéraires campaniformes et à les confronter à ce que l’on connaît depuis longtemps dans les régions voisines (Pays-Bas et Grande-Bretagne notamment). Les efforts conjoints de plusieurs chercheurs dont les travaux portent sur la fin du Néolithique ont également permis de dater ces sépultures, seuls ensembles clos pour la seconde moitié du iiie millénaire avant J.-C. dans la moitié nord de la France, et d’offrir ainsi au Campaniforme occidental un des cadres chronologiques les plus fiables15.

Répartition des tombes individuelles dans la moitié Nord de la France

3Si l’on excepte la frange orientale (Alsace et Lorraine), le Campaniforme de la moitié nord de la France est avant tout connu par du matériel hors contexte dans le Bassin parisien et des dépôts dans des sépultures mégalithiques en Bretagne. Ces contextes n’autorisaient pas une compréhension très détaillée du Campaniforme de ces régions.

4Loin d’égaler la richesse documentaire du groupe campaniforme oriental, qui compte quelque 4 000 sépultures (Heyd, 2007), le corpus de la moitié nord de la France livre à présent un ensemble important de données, d’autant que l’étude anthropologique des défunts y est bien plus précise que dans d’autres régions d’Europe.

Fig. 73 — Carte de répartition des sépultures individuelles campaniformes et des sépultures collectives à dépôts campaniformes (d’après Pétrequin et Pétrequin, 1978 ; Baise, 1996 ; Blouet, 1998 ; Salanova, 2000 et 2004 ; Salanova et Ducreux, 2005 ; Margarit et al., 2009). La numérotation des sites renvoie aux tableaux VIII-IX.

Fig. 73 — Carte de répartition des sépultures individuelles campaniformes et des sépultures collectives à dépôts campaniformes (d’après Pétrequin et Pétrequin, 1978 ; Baise, 1996 ; Blouet, 1998 ; Salanova, 2000 et 2004 ; Salanova et Ducreux, 2005 ; Margarit et al., 2009). La numérotation des sites renvoie aux tableaux VIII-IX.

5La carte de répartition des sites montre cependant un net déséquilibre entre l’Ouest et l’Est (fig. 73). Les tombes sont encore rares à l’ouest de la Seine. Doit-on cependant considérer que cette répartition traduit une réelle dichotomie entre la frange atlantique, davantage attachée aux inhumations en sépultures collectives, et la frange orientale, plus soumise aux influences du Cordé liées à l’inhumation individuelle ? Le rapport entre les sépultures collectives à dépôts campaniformes et les sépultures individuelles proprement campaniformes plaide en ce sens. En effet, à l’est du massif armoricain, rares sont les tombes collectives qui ont livré du mobilier campaniforme et, dans le domaine funéraire, les tombes individuelles l’emportent nettement au niveau des effectifs. Cette situation est pour le moins inédite dans le Campaniforme occidental : que ce soit en péninsule Ibérique ou dans le sud de la France, les sépultures collectives sont encore fréquemment utilisées dans la seconde moitié du iiie millénaire et les tombes individuelles sont mieux représentées à la fin de la séquence, voire au tout début du Bronze ancien (O. Lemercier et Y. Tchérémissinoff, ce volume, chap. XIV, p. 183-184). Actuellement, la carte de répartition des sites nous incite à considérer que la frange atlantique de la moitié nord de la France se rattache davantage aux régions méditerranéennes en ce qui concerne les pratiques funéraires, alors que les régions situées entre la Normandie et la frontière orientale du nord de la France sont plus proches de ce que l’on observe dans la vallée du Rhin et en Grande-Bretagne.

6Néanmoins, l’absence de très grands décapages à l’ouest et les phénomènes d’érosion différentielle (l’absence d’ossements conservés en Bretagne notamment) masquent peut-être une répartition plus dense des tombes individuelles en zone armoricaine. La découverte de la sépulture du site de La Folie (Poitiers) a de ce point de vue considérablement modifié le tableau des pratiques funéraires sur la façade atlantique de la France (Y. Tchérémissinoff et al., ce volume, chap. I, p. 11-19). Comme nous le verrons plus loin, ce manque de données, pour la Bretagne en particulier, est un réel handicap pour la compréhension de la chronologie des tombes et des influences.

Datations absolues et chronologie

7À la fin des années 1990, seules deux tombes campaniformes avaient fait l’objet d’une datation par le radiocarbone dans la moitié nord de la France : la sépulture 1 de Léry (Eure) et celle de Champs-Galotte (Yonne). La date de cette dernière tombe n’était pas utilisable, en raison d’un trop grand écart-type (± 180 : Salanova, 2000) ; celle de Léry 1 est également très imprécise.

Le corpus de datations de la moitié Nord de la France

8Nous disposons actuellement de dix sépultures datées, douze si nous ajoutons les tombes luxembourgeoises (tabl. VI). Toutes les dates ont été réalisées sur les ossements des défunts déposés dans les tombes, qui constituent de loin les éléments de datation les plus fiables.

9Ces dates fournissent un tableau plutôt étonnant de la chronologie du Campaniforme, comparé à celui proposé pour d’autres régions (fig. 74). Soulignons tout d’abord que la date d’Achenheim ne nous paraît pas cohérente au regard de l’assemblage découvert dans la tombe. Nous n’avons cependant aucun argument pour contrer l’ancienneté de cette date réalisée récemment. La date de la sépulture de Léry 1 n’est pas non plus très utilisable en raison de son grand écart-type qui rend toute calibration illusoire. Quant aux autres dates, elles se regroupent en trois ensembles.

10Le premier, centré autour de 2500 av. J.-C. (2570- 2450 plus précisément), comporte deux tombes qui ont livré des gobelets AOC associés à des lames ou poignards en silex du Grand-Pressigny (Jablines et Ciry-Salsogne), ainsi que deux tombes caractérisées par des gobelets de style mixte alliant impression de cordelette et bandes imprimées au peigne (Trémery et Champs-sur-Yonne). On remarquera que la date de Trémery est plus ancienne que celles des tombes AOC.

11Le deuxième ensemble, daté entre 2350 et 2140 av. J.-C., regroupe la tombe de La Folie, caractérisée par un gobelet AOO déjà remanié par des traditions maritimes (Y. Tchérémissinoff et al., ce volume, chap. I, p. 19) et la sépulture 1 d’Altwies qui était très érodée au moment de sa découverte et qui n’a pas livré de vase (F. Le Brun-Ricalens et al., ce volume, chap. IX, p. 117). Il comprend également les tombes de Juvincourt (gobelet à bandes linéaires pointillées) et de Gurgy (gobelet non décoré). Un nombre plus important de datations nous permettrait sans doute de subdiviser ce deuxième ensemble. Pour le moment, les données ne justifient pas une division plus précise.

Tabl. VI — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.

Tabl. VI — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.

* OxCal v4.0.5 (95,4 % de probabilité)

Fig. 74 — Datations absolues réalisées sur ossements humains dans les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.

Fig. 74 — Datations absolues réalisées sur ossements humains dans les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.

12Enfin, les dates de Saint-Martin-du-Fraigneau et de la tombe 2 d’Altwies, comprises entre 2150 et 1950 av. J.-C., repoussent ces deux sépultures à l’extrême fin de la séquence du Campaniforme, voire au tout début du Bronze ancien.

13Que déduire de ce schéma pour la chronologie du Campaniforme dans la moitié nord de la France ? D’une part, l’étape la plus ancienne est représentée par des vases de style mixte et AOC, les seconds n’ayant aucune antériorité sur les premiers. Au contraire, la date de Trémery plaide plutôt pour une très grande ancienneté du style mixte. D’autre part, la disparition du décor sur les vases voire l’absence de céramique au sein des tombes se manifeste dans une étape récente du Campaniforme, confinée aux derniers siècles du iiie millénaire (2300-2000 av. J.-C.). Ce résultat n’est pas anodin dès lors qu’il s’agit de replacer les tombes campaniformes de la moitié nord de la France dans un contexte européen.

Comparaisons avec les régions voisines

14Les périodisations proposées pour le Campaniforme ont été établies principalement à partir des décors céramiques, selon une logique linéaire : les décors les plus simples (lignes horizontales et bandes hachurées, « le standard ») seraient les plus anciens, suivis de décors présentant une plus grande complexité et diversité tant dans les agencements ornementaux que dans la forme des vases. Dans cette optique, le modèle hollandais, adopté à la fin des années 1970 (Lanting, Waals, 1976), reste le fondement de la périodisation du Campaniforme. Ce schéma typo-chronologique eut un fort impact sur les recherches françaises. Tant J.-C. Blanchet (1984) que F. Treinen-Claustre (1989) s’en inspirèrent pour classer les vases campaniformes de la moitié nord de la France. Selon ces classements, la chronologie se décomposerait en trois étapes : la plus ancienne serait caractérisée par des décors de lignes imprimées à la cordelette, d’origine rhénane ; l’étape 2, par des décors de bandes hachurées ; l’étape 3, par des gobelets épimaritimes (décors géométriques variés et imprimés au peigne).

Le modèle Hollandais

15Fondé sur le mobilier des sépultures individuelles des Pays-Bas, le modèle hollandais distingue trois grands ensembles de vases (Lanting, Waals, 1976). L’ensemble le plus ancien (groupe Ia-f) comprend les Protruding Foot Beakers (PFB), gobelets à profil en « S » et pied débordant, ornés dans la moitié supérieure de lignes incisées ou imprimées à la cordelette ou encore d’arêtes de poisson imprimées à la spatule. Le deuxième ensemble (2II : All Over Ornamented : AOO ; All Over Corded : AOC) est caractérisé par des formes hybrides entre la Single Grave Culture et le Campaniforme. Les fonds ne sont pas débordants, le décor couvre toute la surface externe du vase, mais le profil des vases, les thèmes et les techniques décoratives sont identiques à ceux de l’ensemble précédent. Le troisième ensemble (2I) est considéré comme purement campaniforme. Il regroupe des vases très différents, censés se succéder dans le temps. Les plus anciens du groupe 2I sont décorés de bandes hachurées imprimées à la spatule dentée (au peigne donc) alternant avec des bandes non décorées (2Ia). La délimitation des bandes peut être effectuée par impression de cordelette (style mixte) ou au peigne (style maritime ou international). Les vases qui suivent sont ornés de zones contractées, considérées comme dérivant du style maritime (2Ib) et aboutissant à un décor organisé en trois groupes de bandes accolées (2Ic). L’évolution des décors campaniformes hollandais se terminerait par le style Veluwe (2I d-f), du nom de la région située au centre du pays où ce style représente l’essentiel du corpus campaniforme. Ces vases se caractérisent par des formes trapues, une jonction marquée entre un col cylindrique, une panse anguleuse et un décor composé de panneaux verticaux. Quant au style « Barbelé » (Barbed-Wire), il est tardif dans la séquence du Campaniforme, mais l’origine de cette technique n’est pas clairement définie. Pour D.L. Clarke (1970), en effet, les gobelets campaniformes anglais ornés à l’aide de cette technique particulière ne s’inscrivent pas tous dans une unique étape chronologique et leur origine est située dans la vallée du Rhin. Pour J.N. Lanting et J. D. Van der Waals (1972), le seul groupe cohérent de vases « barbelés » apparaît en Grande-Bretagne où ils sont concentrés dans les régions d’East Anglia et du Kent.

16Bien que certaines incohérences aient été mises en lumière par les études hollandaises les plus récentes, qui rendent discutable la succession des styles, en particulier PFB-AOO et AOO-Maritime (Drenthe, Hogestijn, 2001 ; Beek, Fokkens, 2001), J.N. Lanting a récemment réaffirmé son point de vue favorable à l’égard de ce schéma typo-chronologique, de même qu’à l’origine du « Maritime » dans la basse vallée du Rhin et ce, malgré la rareté des vases maritimes dans cette région (Lanting, 2008, fig. 8a). Nous avons, pour notre part, critiqué à maintes reprises cette conception classique d’une évolution linéaire de la céramique campaniforme (Salanova, 1997, 1998 et 2000 ; Bailly, Salanova, 1999). Pour proposer un schéma cohérent, il manquait toutefois des datations en contexte fiable. Les dates fournies par les sépultures individuelles campaniformes du nord de la France nous permettent d’aborder à nouveau cette question.

17En années calendaires, le modèle hollandais est en effet plus difficile à suivre. La datation du début du Campaniforme aux Pays-Bas varie considérablement selon les auteurs. L’étape AOO se situerait vers 2600 et 2500 av. J.-C. pour Z. Beek et H. Fokkens (2001) et serait suivie du Maritime ; vers 2450 selon E. Drenthe et W. J. H. Hogestijn (2001), pour qui certaines associations montrent clairement une contemporanéité des derniers gobelets PFB avec les gobelets AOO et ceux du Maritime ; 2600-2400 pour J. N. Lanting et J. Van der Plicht (2000). Les datations radiocarbone, pourtant pratiquées de longue date aux Pays-Bas, ne sont pas d’un grand secours pour déterminer plus précisément le début du Campaniforme. Les sols acides ont rarement permis la conservation des squelettes et nombre de découvertes ont été réalisées anciennement. Malgré la publication régulière d’inventaires (Lanting, Waals, 1976 ; Lanting, Plicht, 2000 ; Lanting, 2008), seules sept dates, parmi lesquelles six renvoient à des crémations, ont été effectuées sur ossements humains (tabl. VII). Les nombreuses autres ont été réalisées sur des charbons issus du remplissage des fosses sépulcrales, voire des fossés entourant les tombes, et ne peuvent de ce fait être retenues.

18Des sept dates associées avec certitude au défunt, toutes renvoient à une fourchette comprise entre 2460 et 2140 av. J.-C., excepté la sépulture I de Molenaarsgraaf plus tardive (2140-1930 av. J.-C.). Les vases déposés dans les tombes relèvent – dans la quasi-totalité des cas – du style Veluwe, style majoritaire dans le centre du Pays. Seule la date de Rolde A, comprise entre 2470 et 2200 av. J.-C., correspond à un style « épimaritime », c’est-à-dire issu du Maritime mais en version déstructurée (hachures en sens unique d’une bande à l’autre, décors moins couvrants et bandes plus espacées). Ce style est fréquent dans le nord-est de la Hollande, de même que dans le nord-ouest de l’Allemagne, deux régions qui ont livré par ailleurs très peu de vases de style Veluwe. C’est pourquoi, dès 1976, J. N. Lanting et J. D. Van der Waals soupçonnaient l’existence, dans ces deux régions, d’une évolution plus longue du style Maritime et d’une étape « épimaritime » contemporaine du Veluwe. La date radiocarbone de la tombe A de Rolde pourrait confirmer ce schéma.

19Nous verrons que ces phénomènes de perduration prennent toute leur importance dans les régions comme la Bretagne ou encore la Bourgogne (Salanova, Ducreux, 2005), où le décor céramique campaniforme est essentiellement caractérisé par une très grande monotonie.

La Grande-Bretagne et les relations trans-Manche

20Dans son travail colossal, D.L. Clarke (1970) a défini sept styles pour la Grande-Bretagne, à partir essentiellement du décor des vases campaniformes. Il interpréta ces styles comme le reflet de sept vagues de colons originaires du continent, principalement de la vallée du Rhin. Cette typo-chronologie, de même que l’interprétation des styles, fut vivement critiquée par H. Case (1993) et surtout par J.N. Lanting et J.D. Van der Waals (1972) qui proposèrent des schémas d’évolution en sept étapes pour les quatre zones de concentrations de vases britanniques (est de l’Écosse et nord-est de l’Angleterre, Yorkshire, East Anglia et Kent, Wessex). La séquence complète n’est attestée que dans le Wessex. Elle débute par des gobelets AOC, qui perdurent plus longtemps en Grande-Bretagne que sur le continent. Les gobelets maritimes, extrêmement rares Outre-Manche, sont également attribuables à une étape ancienne de la séquence. Bien que développant des styles régionaux propres dans une étape plus récente, la Grande-Bretagne témoignerait d’influences répétées depuis les Pays-Bas, en particulier du style Veluwe.

21Les dates proposées de façon intuitive, en référence à la chronologie hollandaise par J.N. Lanting et J. D. Van der Waals (1972), ne sont absolument plus valides ; elles ne l’étaient déjà pas dans les années 1970. Depuis les années 1990, des programmes de datations ont apporté des résultats plus fiables, d’autant que les dates sur les squelettes eux-mêmes ont été privilégiées (Ambers et al., 1992 ; Needham, 2005 ; Sheridan, 2007). Des différences entre le nord et le sud de la Grande-Bretagne, déjà soulignées par D. L. Clarke (1970), sont confirmées (Boast, 1995 ; Needham, 2005). Le Sud se caractérise notamment par un groupe épimaritime assez proche du groupe hollandais ; le Nord voit la perduration du style AOC.

Tabl. VII — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes des Pays-Bas.

Tabl. VII — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes des Pays-Bas.

* OxCal v4.0.5 (95,4 % de probabilité)

22Toutes ces données ont été récemment synthétisées par S. Needham (2005), qui propose un schéma chronologique plus limpide du Campaniforme anglais, calé par rapport aux données du continent. Il distingue trois étapes :

  • L’étape 1 (2500-2250 av. J.-C.) voit l’arrivée du Campaniforme connu à travers de rares sépultures, mais présentant les mêmes normes que sur le Continent, dans un contexte du Néolithique final (Grooved Ware). Un examen critique des dates connues pour le Campaniforme écossais nuance cependant l’impression de rareté du Campaniforme précoce (Sheridan, 2007). En effet, la plupart des dates fiables recueillies en Écosse renvoient certes à la fourchette 2300-2000 av. J.-C., mais une seule date a été obtenue sur une sépulture contenant un gobelet AOC (2460-2300 av. J.-C.). De nombreuses autres tombes non datées et qui montrent de fortes ressemblances avec les sépultures hollandaises (fosses centrales rectangulaires entourées d’un fossé, traces de coffrage en bois, etc.) pourraient étoffer le corpus de l’étape 1.
  • L’étape 2 (2250-1950 av. J.-C.) se caractérise par un développement et une régionalisation des styles céramiques, parallèlement à une certaine diversification des assemblages funéraires reflétant la pluralité des statuts des défunts.
  • L’étape 3 (1950-1700/1600 av. J.-C.) n’est déjà plus considérée comme campaniforme, mais plutôt comme le tout début du Bronze ancien. Dans certaines régions, les assemblages funéraires font clairement référence à une tradition campaniforme ; dans d’autres, les tombes se caractérisent avant tout par la rareté du mobilier et l’absence de céramique.

23De ce schéma se dégage donc l’image d’une émergence précoce de différentes traditions régionales entre 2500 et 2250 av. J.-C., parmi lesquelles certaines excluront assez rapidement le mobilier campaniforme.

L’Europe centrale

24En Europe centrale, dont les influences se font nettement sentir en Alsace, la périodisation du Campaniforme y est établie depuis longtemps grâce aux milliers d’ensembles clos fouillés. Les dates absolues ne sont toutefois pas très utilisées dans ces régions, nous privant ainsi de la possibilité de synchroniser les étapes chronologiques définies en Europe occidentale. Même si le schéma général a été récemment affiné (Kim, 2005 ; Heyd, 2007), on peut retenir l’existence de trois grandes étapes :

  • L’étape 1 (vers 2500 av. J.-C.) est caractérisée par de très rares tombes recélant des vases de style maritime.
  • L’étape 2 voit le développement de styles régionaux, mais les gobelets ornés sont associés dans les tombes à des vases non décorés de formes variées (Begleitkeramik).
  • Durant l’étape 3, seule la Begleitkeramik est déposée dans les tombes.

25Cette évolution témoigne donc de la disparition progressive du décor sur les vases funéraires, avant que la forme en cloche, emblématique du Campaniforme, ne soit à son tour abandonnée. Par ailleurs, divers phénomènes de perduration de certains styles liés au Cordé ont été mis en évidence. Le décor AOC, notamment, semble perdurer aussi longtemps qu’en Grande-Bretagne. Réalisé tout d’abord par impression de cordelette, puis par impression d’outil à dents, ce style se retrouve à la fin de la séquence campaniforme en version incisée (Salanova, Heyd, 2009).

Une nouvelle périodisation pour la moitié Nord de la France

26En prenant en compte les nouvelles datations obtenues sur les tombes individuelles campaniformes de la moitié nord de la France, la caractéristique des vases et les périodisations existantes dans les régions voisines, il est désormais possible de proposer un schéma chronologique cohérent (fig. 75). Ces éléments montrent en effet des trajectoires communes dans l’évolution de la céramique campaniforme en Europe. Les différentes influences perceptibles dans la moitié nord de la France nous ont cependant amené à distinguer cinq régions : la frange atlantique (Bretagne et Centre-Ouest atlantique) en relation avec le sud de l’Europe ; le nord du Bassin parisien et la Lorraine connectés à la basse vallée du Rhin et au sud de l’Angleterre ; le sud du Bassin parisien et la Bourgogne reliés davantage à la moyenne vallée du Rhin ; la Normandie, située entre les blocs atlantique et rhénan et soumise, de ce fait, aux deux influences ; et enfin l’Alsace, reliée au groupe centre-européen.

27La frange atlantique est la région la plus difficile à cerner, en raison du manque de dates et de contextes clos. Le schéma proposé est donc hypothétique, mais il semble cohérent au regard des données connues dans d’autres régions, notamment dans la péninsule Ibérique.

Fig. 75 — Périodisation du mobilier céramique campaniforme de la moitié nord de la France.

Fig. 75 — Périodisation du mobilier céramique campaniforme de la moitié nord de la France.

28En ce qui concerne le style maritime, il est difficilement envisageable d’accorder une origine orientale à ce décor tant les vases y sont rares. En France, ce style est prépondérant en Bretagne. Néanmoins, comme le supposaient déjà J.N. Lanting et J. D. Van der Waals (1976), ainsi que J. L’Helgouach (1976), les décors en bandes hachurées ne renvoient pas tous à une étape ancienne du Campaniforme. Les décors les plus fins et les plus couvrants, tracés sur des gobelets proportionnés en « S », sont vraisemblablement les plus précoces. Ils correspondent en effet au modèle classique qui devient d’autant plus rare que l’on s’éloigne de la façade atlantique de l’Europe (Salanova, 2009). Dans une deuxième étape, ce modèle est reproduit, mais le tracé est moins fin, moins régulier, et le décor ne couvre plus que la partie centrale des vases dont les formes s’éloignent du « S » emblématique (Salanova, 2008a). Le décor apparaît également en version déstructurée : hachures ne respectant plus la symétrie en miroir d’une bande à l’autre, ajout de triangles ou zigzags en bordure du décor... L’étape 2 correspond donc à une période de transfert du style maritime, transfert qui, selon les régions, aboutit à des versions très différentes. Quant à la transition avec l’âge du Bronze (étape 3), J. Briard (1984) a déjà souligné l’existence en Bretagne de petits coffres, voués probablement au dépôt d’un seul sujet et contenant du mobilier apparenté au Campaniforme (poignards en cuivre ou déjà en bronze, gobelets non décorés). Ces coffres pourraient combler le vide documentaire entre le Campaniforme et les tumulus armoricains, car leurs caractéristiques sont identiques à celles observées dans d’autres régions et à la même époque.

29Dans les régions situées à l’est de la Seine (nord et sud du Bassin parisien, Lorraine, Bourgogne), la présence de gobelets AOC, en tous points comparables aux exemplaires rhénans, est clairement attestée. Néanmoins, rien n’indique que ces vases soient plus anciens que les gobelets de style mixte. Dans l’étape 2, du style linéaire cordé dérive une formule décorative imprimée au peigne qui connaît un engouement certain dans plusieurs zones situées à l’est de la Seine, le Jura et la Bourgogne en particulier (Salanova, Ducreux, 2005). On y voit également apparaître des gobelets ornés de métopes propres au groupe campaniforme oriental, ou de longs triangles proches du style Veluwe et des styles régionaux anglais (Wallers). Enfin, l’étape 3 est caractérisée, comme partout, par le dépôt de gobelets non décorés. Cependant, certains vases au décor « barbelé » renvoient à l’étape épicampaniforme des régions rhénanes. Dans le Bassin parisien (P. Brunet et L. Salanova, ce volume, chap. V, p. 60), et sans doute en Normandie (C. Billard, ce volume, chap. III, p. 45), un courant épicordé est également plus sensible qu’ailleurs, avec la présence de grands vases portant des lignes horizontales incisées.

30La Normandie suit à peu près le même schéma évolutif que le Bassin parisien. Le style maritime y est quasi absent, mais des influences épimaritimes atlantiques se feront sentir jusqu’à la vallée de la Seine.

31L’Alsace, enfin, voit une évolution exactement calquée sur celle de l’Europe centrale. L’étape ancienne y est quasi absente, si l’on excepte la tombe d’Achenheim dont la datation est hasardeuse. Suit une étape 2 marquée par la présence dans les tombes de gobelets ornés aux côtés de gobelets et tasses à anse non décorés. Dans l’étape 3, seule la céramique d’accompagnement des gobelets ornés de l’étape 2 (Begleitkeramik) subsiste.

32Les trois étapes que nous proposons n’ont pas la même durée. Nous avons en effet expliqué ailleurs que les typo-chronologies proposées auparavant ont ignoré les phénomènes de perduration stylistique, phénomènes détectables quand on s’intéresse de plus près aux processus de transfert (Salanova, 2008b). Dans ce cadre, l’étape ancienne est forcément très courte, car elle regroupe des vases qui présentent, pour chacun des styles et dans chacune des régions, les mêmes caractéristiques techniques. Reste que l’origine de chacun de ces styles est toujours discutée. Les quelques véritables gobelets AOC du Bassin parisien montrent très clairement que les procédés techniques employés pour leur fabrication concordent exactement avec ceux observés en basse vallée du Rhin et divergent par rapport aux autres assemblages de la moitié nord de la France. Le décor des vases AOC est rapidement adapté à des gobelets trapus, du Bassin parisien à la Bretagne, et la cordelette est remplacée par des impressions de peigne ou de coquillage (étape 2). Cette version occidentale de la formule AOC connaît un large développement sur toute la façade atlantique de l’Europe. Certaines zones, comme la péninsule Ibérique, n’en connaîtront que la formule déjà réinterprétée. Ce type de décor y perdure d’ailleurs durant toute la séquence campaniforme et l’on retrouve une version incisée sur des gobelets tardifs espagnols (Salanova, 2009). Le style maritime, comme nous l’avons vu, évolue selon les mêmes modalités mais avec un itinéraire inverse, depuis l’ouest vers l’est. Le style mixte, quant à lui, naîtrait d’une fusion entre ces deux courants. Son origine géographique et sa place chronologique sont intimement liées au modèle de propagation du Campaniforme en Europe que l’on adopte. La question ne sera pas résolue ici, mais la durée de ce style est fatalement très courte. Par contre, nous sommes assez démunis pour estimer le temps nécessaire à l’adoption d’un style céramique et à sa transformation locale, tous ces processus sont regroupés généralement sous le terme de « régionalisation des styles » (Salanova, 2008b). C’est pour cette raison que l’étape 2 est plus étalée dans le temps (deux siècles et demi) : nous manquons d’arguments convaincants pour scinder en plusieurs étapes la période d’appropriation régionale du Campaniforme, d’autant que les scénarios varient considérablement d’une zone à l’autre. L’étape 3, en revanche, se distingue plus nettement, car les vestiges montrent déjà des caractéristiques propres à l’âge du Bronze. Les formules régionales n’en sont pas moins variées (Laporte et al., 2008), mais dans l’ensemble on assiste à une disparition des éléments céramiques emblématiques du Campaniforme (décor et forme des vases), voire à une absence totale de céramique en contexte funéraire. Ce schéma chronologique devra probablement être affiné, mais il est aujourd’hui suffisant pour cerner la chronologie des tombes.

33Soulignons enfin que l’insertion de contextes domestiques changerait sans doute la donne, mais brouillerait également les pistes. En effet, et aussi curieux que cela puisse paraître, les tombes campaniformes recèlent très souvent des vases totalement absents du répertoire domestique. L’étude de la sélection voire de la production des céramiques destinées au domaine funéraire montre que les critères ne sont pas uniquement liés au contexte chronoculturel, mais également à des représentations complexes de différenciation de statuts individuels ou collectifs (Salanova, 2009). Nous ne rejoignons cependant pas certaines approches (Lanting, 2008) qui écartent des associations de vases non conformes au modèle, sous prétexte de l’existence probable d’anachronismes en contexte funéraire. Le spectre céramique campaniforme présente certes des différences en contexte funéraire et en contexte domestique, mais il n’y a que deux solutions possibles pour expliquer la présence d’un vase dans une tombe : soit le vase est sélectionné dans le vaisselier du quotidien ou acquis dans un vaisselier voisin et, étant donné la durée de vie de ce type de vase, il est conforme aux traditions en usage au moment de l’inhumation ; soit le vase est produit pour le défunt, comme nous le supposons dans de nombreux cas (Salanova, 2002), et il est alors inconcevable que l’on emploie des techniques d’un siècle passé.

Le mobilier et les défunts

Les structures funéraires

34Les structures des tombes campaniformes sont d’un type totalement nouveau par rapport aux périodes précédentes. Elles sont toutefois difficiles à détecter en surface, et sont de ce fait rarement conservées en intégralité. Dans la moitié nord de la France, même la morphologie des fosses sépulcrales n’a pu être déterminée dans 40 % des cas. Dans les autres cas, les fosses sont majoritairement quadrangulaires, le plus souvent rectangulaires aux angles arrondis, dépassant rarement les 2,50 m de longueur (tabl. VIII-IX). Cette morphologie particulière tient à l’existence d’architectures en matériaux périssables que les fouilles actuelles mettent systématiquement en lumière : des traces de coffrage en bois ou poteaux implantés aux angles de la fosse témoignent d’aménagements complexes qui supplantent l’image ancienne des simples « tombes plates ». La morphologie quadrangulaire des fosses et les aménagements en bois sont identiques à ce qui est décrit aux Pays-Bas (Lanting, Waals, 1976) et en Écosse (Sheridan, 2008).

35Les structures externes à la tombe sont encore moins bien conservées. Généralement, elles sont plus superficielles, donc davantage soumises à l’érosion. À La Folie (Vienne) et à La Plaine de Poses (Eure), des vestiges de fossés, palissadés à La Folie (de 2,80 m à 3,70 m de diamètre), attestent pourtant bien de l’existence d’aménagements liés à un tumulus recouvrant la fosse centrale ou à un système d’enclos. Les traces de tumulus sont plus courantes aux Pays-Bas où, parmi les 105 sépultures campaniformes connues, 75 ont livré des fossés entourant la fosse sépulcrale (Drenthe, Lohof, 2005), fossés quelquefois palissadés comme à La Folie (Lanting, Waals, 1976, fig. 32, 33 et 37).

36Ces récurrences permettent désormais de discerner une norme commune au moins à tout le nord de l’Europe et qui se caractérise par des corps contenus dans des coffres en bois, parfois de véritables chambres funéraires construites. On n’observe par contre aucune évolution chronologique de ces architectures.

L’Agencement des corps

37En matière d’agencement des corps, il est plus difficile de saisir des normes. Les quarante-quatre tombes connues dans la moitié nord de la France ont livré cinquante-huit individus. Dans vingt et un cas, il s’agit de sépultures individuelles ; dans six cas, de tombes doubles (dont 4 cas d’association enfant-adulte) ; dans deux cas, les tombes sont triples, et dans douze cas, le ou les squelettes n’étaient pas conservés.

Tabl. VIII — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes attestées dans la moitié nord de la France.

Tabl. VIII — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes attestées dans la moitié nord de la France.

Les sépultures sont présentées par ordre géographique d’ouest en est, rangées en deux catégories : les sépultures avérées (tabl. VIII) pour lesquelles la structure funéraire et le mobilier sont documentés, et les sépultures probables (tabl. IX) pour lesquelles le mobilier (généralement un vase entier) et le contexte suggèrent l’existence d’une sépulture individuelle campaniforme. Pour l’Alsace et la Lorraine, l’inventaire est lacunaire, car les découvertes les plus récentes sont en cours de publication.
En outre, nous n’avons pas pris en compte les sépultures individuelles qui n’ont livré aucune céramique, mais qui contenaient certains éléments caractéristiques de l’assemblage campaniforme (V-boutons, brassards). Ces tombes, comme celle de Dijon « Les Bourroches », peuvent en effet aussi bien se rattacher au Bronze ancien. Le problème est identique pour un ensemble de sépultures collectives bourguignonnes fouillées anciennement qui ont livré des V-boutons ou des pointes de flèches à pédoncule et ailerons équarris mais aucune céramique campaniforme (Baise, 1996) : « tumulus 2 des Croconnets » à Bouze-lès-Beaune (Côte-d’Or), « Ciste des Collonges » à Colonges-lès-Bévy (Côte-d’Or), « Sur-les-Roches » à Fleury-sur-Ouche (Côte-d’Or), « Champ-du-Saule 1 » à Marcigny-Ogny (Côte-d’Or), « La Pierre-Brûlée » à Volnay (Côte-d’Or), « Mont-de-Sène » à Deize-les-Maranges (Saône-et-Loire). Nous ne les avons pas figurées sur la carte des sites (fig. 1). Une autre catégorie aurait pu être prise en compte, celle des sépultures individuelles dépourvues de mobilier, mais datées par le radiocarbone entre 2500 et 2100 av. J.-C. Faute de datations systématiques, il est difficile de dresser l’inventaire précis de ce type de tombes. Les numéros de sites renvoient à la carte générale des sites (fig. 73).

Tabl. IX — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes incertaines dans la moitié nord de la France.

Tabl. IX — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes incertaines dans la moitié nord de la France.

38En ce qui concerne la représentation des sexes et des âges, on n’observe pas de déséquilibre flagrant entre les hommes, les femmes et les enfants ; ces derniers sont même bien représentés par rapport à d’autres périodes du Néolithique (tabl. X). Cependant, le sexe n’a pu être déterminé pour un nombre non négligeable de tombes.

Tabl. X — Effectifs par sexe et âge des individus déposés dans les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.

Sexe et âge Nombre de corps
Homme 15
Femme 11
Enfant 9
Adulte de sexe indéterminé 15
Âge et sexe indéterminés 8
Total 58

39Concernant la position des sujets, celle-ci n’est pas toujours connue en raison du caractère ancien et fortuit de nombreuses découvertes. L’image du corps replié en « position fœtale » tend à s’estomper au profit d’observations plus précises témoignant d’une position assez récurrente du corps allongé sur le dos, membres inférieurs et supérieurs fléchis. Comme dans toute l’Europe, le côté droit est réservé aux femmes et le côté gauche aux hommes (fig. 76). Le côté gauche est également de règle pour les enfants.

40Les orientations, quant à elles, sont très variées. Cette grande diversité s’explique par la superposition de marqueurs sexuels, chronologiques et régionaux (Lanting, Waals, 1972 et 1976 ; Kim, 2005). Quant à la différentiation sexuelle, on ne peut noter que de légères préférences : les orientations est-ouest, ouest-est et sud-ouest - nord-est pour les hommes ; sud-est - nord-ouest et nord-ouest - sud-est pour les femmes (fig. 77). D’un point de vue chronologique, on observe une prédominance de l’axe nord-est - sud-ouest pour l’étape 1 (fig. 78). Dans l’étape 2, les orientations est-ouest dominent, excepté en Alsace où l’axe nord-sud est privilégié. Ce même axe, ainsi que l’axe sud-ouest - nord-est, sont bien représentés dans l’étape 3.

Fig. 76 — Position des corps fléchis par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).

Fig. 76 — Position des corps fléchis par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).

Fig. 77 — Orientation des corps par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).

Fig. 77 — Orientation des corps par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).

Fig. 78 — Orientation des corps par étape chronologique.

Fig. 78 — Orientation des corps par étape chronologique.

41L’orientation des corps, on le sait, n’est pas anodine dans les sépultures campaniformes. Dans les régions voisines, des préférences axiales ont déjà été soulignées. Ainsi, aux Pays-Bas, les tombes les plus anciennes (AOO) recèlent des corps orientés nord-ouest - sud-est, alors que, dans l’étape de régionalisation des styles, les corps sont orientés est-ouest (les hommes) ou ouest-est (les femmes) dans le centre du pays, et nord-ouest - sud-est ou nord-est - sud-ouest dans le nord-est de la Hollande (Lanting, Waals, 1976 ; Lanting, 2008). Dans le sud de l’Angleterre, l’axe nord-sud est de mise (Lanting, Waals, 1972), comme dans toute l’Europe centrale, et c’est également le cas en Bavière où les tombes plus récentes montrent toutefois une évolution vers des orientations est-ouest pour les hommes et ouest-est pour les femmes (Kim, 2005).

42Le choix des orientations sépulcrales est donc bien soumis à des critères à la fois régionaux et chronologiques. Ces orientations peuvent-elles nous aider, en plus des aspects stylistiques des objets déposés dans les tombes, à cerner les influences dans chaque région atteinte par le phénomène campaniforme ? Les deux sépultures contenant un gobelet AOC en Bassin parisien ne respectent pas l’orientation des tombes AOO aux Pays-Bas. Par contre, comme aux Pays-Bas, dans le nord de l’Angleterre, en Écosse et en Bavière, les orientations est-ouest sont privilégiées pour l’étape 2 du Campaniforme, mais sans distinction sexuelle. Dans la moitié nord de la France, et en l’état des données, il est donc difficile de montrer des préférences régionales en ce qui concerne l’orientation des corps (sauf pour l’Alsace qui se détache nettement des autres régions). En revanche, on perçoit une tendance chronologique commune aux autres régions du Campaniforme européen.

Les assemblages mobiliers

Tabl. XI — Effectifs par étape des éléments de l’assemblage campaniforme dans les sépultures individuelles de la moitié nord de la France.

Tabl. XI — Effectifs par étape des éléments de l’assemblage campaniforme dans les sépultures individuelles de la moitié nord de la France.

43Les assemblages mobiliers sont peu diversifiés, excepté dans le domaine de la parure. Les objets caractéristiques de l’assemblage campaniforme (pointes de flèche, brassards, poignards en cuivre, V-boutons) sont très rares dans la moitié nord de la France (tabl. XI). Ces faibles effectifs sont communs à toute l’Europe atlantique (Salanova, 2004), et même ailleurs. Seuls dix poignards en cuivre sont connus dans le centre de la Hollande et un seul dans le nord-est du pays (Lanting, 2008), et ils ne sont guère plus nombreux dans les îles Britanniques (Clarke, 1970). Quant aux poignards en silex, ils ne font pas partie de l’assemblage funéraire classique du Campaniforme français. Ils sont exclusifs aux sépultures qui ont livré des gobelets AOC ou AOO en Bassin parisien, comme aux Pays-Bas où les tombes individuelles PFB ou AOO ont livré trente-huit poignards (25 en silex du Grand-Pressigny et 13 en silex tertiaire [Mallet, 2006]).

44La datation des vases permet de caractériser ces assemblages par étape (fig. 79). Durant l’étape 1, le mobilier associé aux vases est rare, en dehors des tombes recélant un gobelet AOC. Durant l’étape 2, les assemblages funéraires sont plus diversifiés et comportent dans certains cas les objets emblématiques du Campaniforme européen (« l’équipement d’archer »), dans d’autres cas, une grande variété de parures ou d’outils en os et en silex. Enfin, les sépultures de l’étape 3 sont caractérisées, outre les vases, par des éléments de l’équipement d’archer (poignards métalliques et brassards essentiellement), ainsi que par des V-boutons qui apparaissent tardivement dans nos régions.

45Cette évolution de l’assemblage funéraire campaniforme dans la moitié nord de la France est conforme à l’évolution observée ailleurs : durant l’étape de régionalisation des styles, le mobilier est diversifié et exprime une pluralité de statuts, puis suit une étape d’appauvrissement du mobilier funéraire dont l’expression individuelle ne réapparaîtra qu’avec l’introduction des parures en bronze (Drenthe, Lohof, 2005 ; Kim, 2005 ; Needham, 2005).

Fig. 79 — Répartition des éléments de l’assemblage campaniforme par étape chronologique.

Fig. 79 — Répartition des éléments de l’assemblage campaniforme par étape chronologique.

46En Angleterre, aux Pays-Bas et en France, les sépultures d’enfants sont généralement peu fournies (contrairement à l’Europe centrale : Turek, 2000 ; Heyd, 2007). Les sépultures les plus riches, quantitativement et qualitativement, sont toujours masculines.

Facteurs d’évolution des sépultures campaniformes de la moitié Nord de la France

47Même si l’effectif est encore restreint, les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France, grâce à la qualité de la documentation livrée, donnent une certaine image des processus de diffusion et d’adoption du Campaniforme. Leur nombre est naturellement insuffisant pour expliquer tous ces mécanismes et l’on sait qu’elles ne reflètent qu’une des manifestations funéraires de la fin du Néolithique. Des dépôts sans mobilier, mais datés de la seconde moitié du iiie millénaire avant J.-C. par le radiocarbone, témoignent en effet de la diversité des formules en cours à cette époque (Salanova, 2007).

48Malgré ces restrictions, les sépultures individuelles campaniformes permettent de reconstituer quelques bribes de l’histoire qui conduisit du Néolithique à l’âge du Bronze.

49Vers 2500 av. J.-C., deux courants traversent la moitié nord de la France (fig. 80). Les deux tombes AOC du Bassin parisien (Jablines et Ciry-Salsogne) attestent de la présence de vases produits certes sur place, mais selon des techniques étrangères à la région. Elles livrent des lames et poignards en silex du Grand-Pressigny, comme les tombes contemporaines des Pays-Bas. Ces deux sépultures sont situées sur l’axe le plus direct entre la basse vallée du Rhin et le Grand-Pressigny (Salanova, 2002). À l’ouest de la Seine, nous n’avons pas d’autres jalons reliant fournisseurs et consommateurs. Cette situation pourrait refléter l’existence d’une zone de relais entre les ateliers d’Indre-et-Loire et ceux de la vallée du Rhin. L’impact du style AOC est à ce stade minime, même si les décors de lignes imprimées à la cordelette sont plus nombreux à l’est de la Seine.

50Le courant atlantique, que nous pensons ancien pour des raisons que nous avons exposées dans d’autres publications (Bailly, Salanova, 1999 ; Salanova, 2000 et 2008a), a déjà atteint la Bretagne. La datation absolue de ce courant tient surtout à des arguments externes à la zone armoricaine et nous ne voyons pas de solution pour améliorer cette situation, car les régions atlantiques de la France touchées en premier par la vague « maritime » ne fournissent que des sépultures collectives et démunies d’ossements humains qui ne peuvent livrer d’échantillons fiables à dater. L’impact maritime est très faible en dehors de la Bretagne ; en Normandie, comme dans le Bassin parisien, les vases sont rares, voire absents pour les modèles les plus anciens.

51Cependant, plusieurs tombes contiennent des vases de style mixte. Les tombes situées à l’est de la ligne Seine-Yonne ont fourni des dates très anciennes. Si ce style représente une fusion entre les décors AOC et maritimes, les contacts entre les deux courants ont déjà eu lieu à une date précoce, mais il est bien difficile de déterminer la zone de fusion. En effet, en Bretagne, les vases de style mixte sont techniquement comparables, hormis les impressions de cordelette, aux gobelets maritimes bretons les plus anciens. Outre les aspects stylistiques, ces vases sont assez différents de ceux découverts à l’est de la Seine, qui se caractérisent par des formes hautes ou carénées. Le style mixte ne renvoie donc pas à un groupe de vases homogènes et aucune donnée intrinsèque ne permet de saisir ce soit-disant mécanisme de fusion entre les vases AOC et maritimes.

52À ce stade, chacun des types céramiques présents dans la moitié nord de la France sont des copies conformes de modèles existant dans d’autres régions d’Europe. Ces différentes influences restent cantonnées à une zone géographique précise (le Maritime en Bretagne, l’AOC dans le Bassin parisien). Le gobelet de la tombe de La Folie est le seul vase à attester une interaction est-ouest : de facture AOC, il porte un décor maritime. Reste que la datation du squelette associé au vase pose un certain nombre de problèmes. Si on retient les dates radiocarbone, le vase est en effet à placer au début de l’étape 2. Cette position expliquerait la rareté des vases maritimes aux Pays-Bas qui ne seraient atteints que tardivement par le courant atlantique, essentiellement dans une étape épimaritime. Il faudrait alors admettre que le style maritime apparaît plus précocement à l’ouest et que son apparition modifie tout d’abord l’évolution céramique hollandaise en imposant un modèle de décor couvrant, puis un thème en bandes hachurées imprimées à la spatule dentée, deux traits inconnus aux périodes précédentes. Les quelques vases maritimes hollandais ne témoigneraient que de ces contacts, dans une étape finale du groupe AOO. Ce scénario n’est contredit ni par les cher cheurs hollandais qui placent le style AOO entre 2600 et 2500 av. J.-C., ni par les données ibériques qui datent de la même époque le début du style maritime.

Fig. 80 — Carte des influences détectables dans les sépultures campaniformes à partir du mobilier.

Fig. 80 — Carte des influences détectables dans les sépultures campaniformes à partir du mobilier.

53L’étape suivante montre essentiellement des phénomènes de recompositions locales et les influences, identifiables sur des vases très connotés d’un point de vue culturel, sont très diversifiées. La façade atlantique génère un style « épimaritime » qui ne franchit guère la Seine. En effet, à l’est de ce fleuve, le style prédominant est composé de lignes horizontales imprimées au peigne. Certains vases du Nord (Wallers, Arras) témoignent de relations avec le sud de l’Angleterre ; d’autres, dans le sud du Bassin parisien, montrent des liens avec la vallée du Rhin. L’Alsace suit, et suivra, une évolution propre à l’Europe centrale.

54La dernière étape annonce déjà l’âge du Bronze. Si les zones atlantiques abandonnent le décor campaniforme dans l’Est et en Normandie, les courants « Barbelé » et « Épicordé » sont perceptibles.

*
**

55Parmi les influences dont témoignent les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France, celles en provenance de la vallée du Rhin sont prépondérantes tout au long de la séquence. Le courant maritime et atlantique ne s’imposera pas autant que dans le sud de l’Europe. Reste à savoir ce que représentent réellement ces tombes individuelles dans le paysage du iiie millénaire avant J.-C.

56Les sépultures individuelles campaniformes ont fourni un cadre chronologique au Campaniforme de la moitié nord de la France. Elles livrent également de précieuses informations sur le traitement des morts, au moins de certains morts. Les assemblages mobiliers permettent de rattacher cette région à la trame chronoculturelle tissée dans d’autres zones du nord de l’Europe. Elles sont toutefois insuffisantes pour reconstituer plus en détail les scénarios propres à l’adoption locale du Campaniforme. D’autres pratiques funéraires sont en effet attestées à la même époque, mais l’absence de datation systématique des sépultures sans mobilier ne permet pas toujours d’estimer leur importance. Pourtant, la prise en compte de tous les dépôts funéraires datés entre 2500 et 2000 av. J.-C. changerait probablement la donne et montrerait sans nul doute à quel point les sépultures individuelles à dépôt campaniforme sont minoritaires. C’est une piste de recherche à considérer dans les années futures.

57Les tombes campaniformes recèlent en outre des objets, et notamment des vases, que l’on retrouve rarement à l’identique dans d’autres contextes. Ainsi donnent-elles une image déformée du Campaniforme de la France septentrionale et peut-être surestimons-nous les influences décelables seulement à travers ces tombes. En effet, la présence quasi systématique de vases d’obédience exogène dans les tombes du Bassin parisien ne reflète sans doute pas celle de « petits groupes de passage » (Treinen, 1970).

58À partir des données réunies, on peut concevoir deux scénarios : soit les défunts sont étrangers à la région et sont inhumés selon leurs coutumes natales, mais ils sont dans ce cas accompagnés par d’autres membres de leur communauté et suffisamment intégrés au tissu social local pour qu’ils soient autorisés à édifier un monument de style exogène ; soit la réalisation de sépultures d’un type nouveau, associées à des vases stylistiquement, et donc culturellement exotiques, renvoie à des signes distinctifs au sein des communautés locales, comme on le verra avec les tumulus armoricains. L’un ou l’autre de ces scénarios est envisageable, mais quel qu’il soit, dans le Bassin parisien, et contrairement à la Bretagne où le mobilier abonde, les tombes individuelles campaniformes ne sont pas à considérer comme la norme, mais comme des exceptions.

Notes

15 Dans la moitié nord de la France, tous les squelettes disponibles ont été datés grâce tout d’abord à J. N. Lanting (Institut d’archéologie de Groningen), que nous tenons à remercier pour son aide précieuse et désintéressée, puis grâce au travail collectif et aux aides financières obtenues dans le cadre du PCR sur « le iiie millénaire dans le centre-nord de la France » (R. Cottiaux et L. Salanova coord.).
Pour nous avoir permis d’utiliser des informations inédites sur le Campaniforme lorrain, nous remercions également chaleureusement V. Brunet (Inrap IDF) et X. Margarit (SRA-DRAC, Région PACA).

Table des illustrations

Titre Fig. 73 — Carte de répartition des sépultures individuelles campaniformes et des sépultures collectives à dépôts campaniformes (d’après Pétrequin et Pétrequin, 1978 ; Baise, 1996 ; Blouet, 1998 ; Salanova, 2000 et 2004 ; Salanova et Ducreux, 2005 ; Margarit et al., 2009). La numérotation des sites renvoie aux tableaux VIII-IX.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 61k
Titre Tabl. VI — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.
Légende * OxCal v4.0.5 (95,4 % de probabilité)
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 86k
Titre Fig. 74 — Datations absolues réalisées sur ossements humains dans les sépultures individuelles campaniformes de la moitié nord de la France.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 82k
Titre Tabl. VII — Inventaire des datations absolues fiables issues des sépultures individuelles campaniformes des Pays-Bas.
Légende * OxCal v4.0.5 (95,4 % de probabilité)
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 51k
Titre Fig. 75 — Périodisation du mobilier céramique campaniforme de la moitié nord de la France.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 99k
Titre Tabl. VIII — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes attestées dans la moitié nord de la France.
Légende Les sépultures sont présentées par ordre géographique d’ouest en est, rangées en deux catégories : les sépultures avérées (tabl. VIII) pour lesquelles la structure funéraire et le mobilier sont documentés, et les sépultures probables (tabl. IX) pour lesquelles le mobilier (généralement un vase entier) et le contexte suggèrent l’existence d’une sépulture individuelle campaniforme. Pour l’Alsace et la Lorraine, l’inventaire est lacunaire, car les découvertes les plus récentes sont en cours de publication.En outre, nous n’avons pas pris en compte les sépultures individuelles qui n’ont livré aucune céramique, mais qui contenaient certains éléments caractéristiques de l’assemblage campaniforme (V-boutons, brassards). Ces tombes, comme celle de Dijon « Les Bourroches », peuvent en effet aussi bien se rattacher au Bronze ancien. Le problème est identique pour un ensemble de sépultures collectives bourguignonnes fouillées anciennement qui ont livré des V-boutons ou des pointes de flèches à pédoncule et ailerons équarris mais aucune céramique campaniforme (Baise, 1996) : « tumulus 2 des Croconnets » à Bouze-lès-Beaune (Côte-d’Or), « Ciste des Collonges » à Colonges-lès-Bévy (Côte-d’Or), « Sur-les-Roches » à Fleury-sur-Ouche (Côte-d’Or), « Champ-du-Saule 1 » à Marcigny-Ogny (Côte-d’Or), « La Pierre-Brûlée » à Volnay (Côte-d’Or), « Mont-de-Sène » à Deize-les-Maranges (Saône-et-Loire). Nous ne les avons pas figurées sur la carte des sites (fig. 1). Une autre catégorie aurait pu être prise en compte, celle des sépultures individuelles dépourvues de mobilier, mais datées par le radiocarbone entre 2500 et 2100 av. J.-C. Faute de datations systématiques, il est difficile de dresser l’inventaire précis de ce type de tombes. Les numéros de sites renvoient à la carte générale des sites (fig. 73).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 441k
Titre Tabl. IX — Inventaire des sépultures individuelles campaniformes incertaines dans la moitié nord de la France.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 127k
Titre Fig. 76 — Position des corps fléchis par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 18k
Titre Fig. 77 — Orientation des corps par sexe et âge des défunts (en nbre de corps).
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-9.jpg
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Titre Fig. 78 — Orientation des corps par étape chronologique.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-10.jpg
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Titre Tabl. XI — Effectifs par étape des éléments de l’assemblage campaniforme dans les sépultures individuelles de la moitié nord de la France.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-11.jpg
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Titre Fig. 79 — Répartition des éléments de l’assemblage campaniforme par étape chronologique.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-12.jpg
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Titre Fig. 80 — Carte des influences détectables dans les sépultures campaniformes à partir du mobilier.
URL http://books.openedition.org/editionscnrs/docannexe/image/55110/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 127k

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